Kalina Shevchen

Histoire

J'ai grandi dans un petit village loin d'ici, où se côtoient les moldus et les sorciers - chez moi, la frontière entre les deux mondes est bien plus floue que pour vous : les moldus y sont superstitieux et les sorciers ne se gênent pas pour encourager ces croyances qui leur permettent de vaquer plus ou moins à leurs occupations magiques sans être trop inquiétés. De toute façon, quand le Ministère de la Magie est occupé à marcher sur la fine ligne qui consiste à dire à la communauté internationale qu'ils désapprouvent l'engagement des sorciers ukrainiens dans la guerre tout en les soutenant sur le terrain, il n'y a plus grand monde pour s'occuper de bien garder le secret magique.

Enfin, moi je dis ça, mais je n'y comprends pas grand chose : je vous répète ce que Papa dit.

Mon père aime beaucoup commenter la guerre, depuis toujours. Enfin, il s'est beaucoup calmé depuis que mon frère y est parti. Maman dit que c'est à cause de Papa. Papa dit que c'est à cause des russes. Et moi, je me suis demandée si ce n'est pas à cause de moi.

Je sais, c'est idiot. Mais j'ai pensé qu'il en avait marre de s'occuper de moi.

Il faut dire que mes parents travaillent beaucoup. Entre les animaux, les machines des moldus et Sasha et moi, il y avait beaucoup à faire. Alors c'est Sasha qui m'amenait à l'école, puis c'est lui aussi qui faisait mon assiette du petit déjeuner. Et la nuit, quand on entendait des bruits bizarres au loin, je me réfugiais dans son lit.

Enfin, jusqu'à ce qu'il s'en aille, donc.

Quand il est revenu, c'est comme si la maison avait soudain basculé sur le toit. Maman a pleuré et Papa ne parlait plus de la guerre. Et surtout, ce qui a été si étrange, c'était que mon frère...

... n'était plus vraiment mon frère. Il n'avait plus le même regard, plus la même voix, même plus la même silhouette.

Il n'a pas voulu dire grand chose. Au début, tout le monde était content. Et puis après, quand il a dit qu'il était revenu pour retourner se battre, tout le monde s'est fâché. Ma mère a crié et mon père a mis la tête dans ses mains et Sasha a argumenté. Ma mère a dit que les Veilleurs lui avaient mis du savon dans le cerveau, ou quelque chose dans le genre.

La nuit qui a suivi, chacun est allé dormir dans son lit.

Le lendemain matin, je me suis levée tôt. J'étais sûre qu'il allait repartir à la guerre, aussi vite que la première fois, sans réfléchir. Et quand je suis descendue dans la cuisine, il était déjà là, habillé, avec son sac prêt. J'étais contente d'être arrivée à temps pour lui dire au revoir, mais je savais pas quoi dire. J'ai dit qu'il allait me manquer.

Et lui, il a répondu :

- Va préparer tes affaires.

On dirait que Maman a gagné.

Physique et Caractère

J'ai les yeux bleus et les cheveux sombres de mon père. Je suis plutôt petite pour mon âge, mais on n'est pas très grands dans la famille de toute façon. Avant d'arriver à Poudlard, je ne m'étais jamais vraiment posé la question d'à quoi je ressemblais, avec mes bottines usées et les vêtements que ma mère rajustait chaque année à ma taille à l'aide de sortilèges de Mailles Supplémentaires, pour éviter d'avoir à en acheter des nouveaux. C'est pas tant qu'on est si pauvres, en réalité. C'est juste qu'il n'y a pas de grande ville à côté, et puis ma famille ne s'est jamais trop intéressée à aller faire du shopping. Dans le village, on ne se juge pas sur l'apparence : on se connaît trop bien pour ça. 

Mais à Poudlard, je me rends bien compte que les autres élèves ont l'air mieux habillés. J'essaie de brosser souvent mes cheveux, pour qu'au moins ils soient bien ordonnés, mais je ne sais pas vraiment faire des coiffures comme les autres. Alors, je les attache avec une queue de cheval. Pourtant ça ne me déprime pas de ne pas être aussi apprêtée que les autres : je suis bien trop occupée par mes études. 

Il faut dire que je suis consciencieuse. Je n'ai pas forcément beaucoup de facilités à l'école, encore moins depuis qu'il faut parler anglais, mais je compense en restant concentrée. Ma mère n'aurait pas aimé que je devienne comme ces filles qui pensent plus aux garçons qu'à leurs devoirs de toute façon. Je ne me suis pas encore fait beaucoup d'amies, mais je me dis que je n'en ai pas forcément besoin. Je fais comme si j'avais peur de rien. C'est faux, évidemment. Quand j'ai vu tous les fantômes qu'il y avait à Poudlard, je n'ai pas pu dormir les premières nuits. Ne vous moquez pas : il n'y avait qu'un seul fantôme dans mon village et il passait le plus clair de son temps à dormir au fond du puits, alors je ne savais pas que des fantômes pouvaient être aussi actifs. Je sais que je devrais être aussi fière que mon frère de là on nous venons, mais en réalité, je préfère rêvasser à autre chose.