Sam ne peut qu'approuver les propos d'Alison. Le tournoi n'est pas à prendre à la légère. Celles et ceux qui s'y inscrivent sans avoir réfléchi aux conséquences d'un tel acte manquent clairement de jugeote. Le truc, c'est que depuis l'installation de la coupe, beaucoup semblent plus enclins à suivre le mouvement plutôt que de passer pour trop peureux aux yeux des autres. Les professeurs n'ont pourtant pas manqué de tenir de longs discours quant aux responsabilités de chacun. À cela s'était ajouter la fameuse autorisation, qui comme beaucoup l'avaient compris, n'avaient de cela que le nom.

- Huh ? Alec ? Bah heu... ouais. Fin c'est mon père adoptif tu vois, alors ça m'ferait bizarre de l'appeler autrement quoi.

Il était rare que l'on reprenne Sam sur un tel sujet, et ça ne manquait jamais de lui rappeler l'étrangeté de sa situation. Dans sa tête, tout était pourtant clair. Alec était Alec. Elle portait son nom, l'admirait comme n'importe quelle fille peut admirer son père, et le considérait clairement comme telle. Peut-être se serait-elle mis à l'appeler Papa s'il l'avait récupéré plus tôt. Peut-être aurait-elle alors eu une Maman pour aller avec. Mais voilà. Sam n'avait eu ni l'un ni l'autre, elle avait simplement eu Alec, et ça valait pour elle bien plus que le reste.

La suggestion du sortilège du pisteur fait hausser un sourcil à Sam, et elle hoche la tête vivement, plutôt motivée par l'idée. Dans les circonstances potentielles d'épreuves évoquées par Alison, ce sortilège particulièrement faisait clairement écho. Son effet coulait plutôt de source, mais la batteuse devait bien admettre qu'elle n'en avait jamais entendu parler. Ne connaissant ni sa formule ni sa gestuelle, elle se contente donc d'observer Alison à l'œuvre. La Serpentard avait visiblement fait des recherches très approfondies sur le sujet.

- Trop cool. Tu l'as trouvé dans un bouquin ?

Ne s'étant majoritairement focalisée que sur les sortilèges d'attaque ou de défense, Sam était passé à côté de bien des possibilités parmi les manuels plus avancés à leur disposition en bibliothèque. L'utilité de celui-ci ne faisait pour elle aucun doute. Suivant le gant ensorcelée par Alison - qui ne s'arrête qu'au bout d'une bonne poignée de minutes -, Sam accorde un mouvement de tête impressionné en direction d'Alison.

- T'peux me remontrer vite fait ? Puis, lorsqu'elle semble tenir la gestuelle, elle prononce : Avenseguim !

Le gant s'anime de nouveau, brièvement, mais retombe de nouveau sans que le sortilège n'ait fait effet. Aux couleurs de l'objet, et surtout à sa dimension, Sam a largement eu le temps de comprendre qu'il s'agissait d'un gant appartenant à Charlie, la sœur d'Alison.

- Mh. Refais le pour voir ? J'dois pas l'faire comme il faut.

Un peu embêtée pour Alison, Sam se pince les lèvres sans trop savoir quoi répondre. Pour elle, la magie n'est jamais un coup de chance, et elle est plutôt certaine que l'autre sorcière la rejoindrait sur ce point. C'est l'entrainement, le niveau de motivation, l'épuisement et les circonstances environnantes qui font la différence entre deux niveaux de performance. À l'instar du Quidditch finalement.

- Ouais, nous trois. Comme on s'était dit l'an dernier, affirme Sam sur un ton joyeux en réponse à la question d'Alison. Balt et Jim sont pas du tout motivés. Dylan non plus j'crois pas.

Étonnée d'entendre qu'Alison n'a pas encore glissé son nom dans la coupe, elle secoue la tête histoire de la rassurer quant à ce qu'elle pourrait dire ou non aux gens. C'est-à-dire que ça la regarde pas vraiment. Sam avait un peu oublié les propos de la Serpentard qui, déjà l'année dernière, annonçait que son père était contre sa participation au tournoi.

- Mais tu crois qu'il viendrait genre... récupérer ton nom ? J'suis même pas sûre que ça s'fasse hein. Fin qu'ce soit possible quoi, Sam réfléchit à voix haute, les sourcils froncés et le regard qui se perd brièvement alentours.

L'école leur avait fait signer une autorisation, mais il paraissait évident que beaucoup passait outre ce parchemin que certains parents avaient simplement ignorés. Ferguson, par exemple, n'était clairement pas passé par ses tuteurs du moment. On sentait que c'était plus administratif qu'autre chose. Face à la magie antique d'un artefact vieux de plusieurs centaines d'années, ça ne représentait finalement pas grand chose.

- Alec était pas super chaud qu'je participe non plus en vrai. Il a quand même signé l'papier. J'pense que t'as raison d'lui tenir tête si c'est quelque chose auquel tu tiens.

Tel était l'argument majoritaire qui était ressortit de sa propre discussion avec son père adoptif. C'est ma vie, et c'est un choix qu'je fais pour moi, c'est pas comme si je faisais ça au hasard tu sais ! Même qu'elle était parvenu à le convaincre. Détermination et caractère, c'est ce qui lui permettait d'aboutir à la plupart des abdications d'Alec Chadwick. Aussi borné soit-il, elle l'était plus encore.

- Hominum Revelio.

Une décharge unique la parcoure, et elle hausse les épaules :

- J'crois plus on l'fait, moins on a l'bon geste parce qu'on s'agace, elle théorise à l'intention d'Alison.

Le visage soudain fermé et la posture rigide, Sam n'a rien à répondre Alison. Non, elle ne voit pas. D'ailleurs, elle n'imaginait pas être la source telles conversations entre la Serpentard et d'autres élèves de l'école. En fait, l'idée la révulse assez profondément. Alors, lorsqu'Alison lui demande qui est son genre de gars - elle se contente de hausser les épaules et de l'observer, interdite. Un simple signe pour signer qu'elle sait pas quoi répondre.

D'abord, elle n'a pas de genre de gars. Ne s'est jamais posé une telle question. Elle sait qu'elle a un crush sur Ambrose, mais est-ce qu'Ambrose est un genre de gars ? Ambrose est juste... Ambrose. Quand bien même elle en aurait un, la Serpentard serait sans doute la dernière personne à savoir de quel genre il s'agit. Surtout si c'est pour s'empresser de la mettre en relation imaginaire avec un autre type de l'école en gloussant à leur propos avec toutes ses copines.

Finalement, Alison Carter est exactement ce que Sam s'imaginait d'elle, tous ces mois plus tôt. Une fille. Une fille comme toutes ces filles que Sam peine à comprendre, et avec lesquelles interagir devient rapidement lunaire. Sam la laisse donc parler, focalisée sur ses propres gestes alors qu'elle soigne chaque hématome avec rigueur et patience.

Plutôt étonnée d'entendre que Ferguson a amusé Alison au lieu de juste l'exaspérer, elle ne commente rien. Se demande vaguement si Ferguson s'est conduit différemment de d'habitude, pour obtenir de la Serpentard qu'elle ne l'envoie pas chier dans les dix premières minutes du rendez-vous. C'est-à-dire que Sam rit très souvent aux vannes débiles de Gus, mais Alison ? Alison semble abhorrer jusque sa présence dans leurs cours communs.

- Okay, elle répond alors que Sam se rhabille et se préparer à partir.

La séance aura été un échec des plus abominables, et Sam n'ose même pas réitérer ni ses excuses, ni la moindre proposition nouvelle quant aux exercices de vol. Ce dont Alison a besoin, c'est d'une véritable coach, c'est évident. Qui plus est, la batteuse n'est plus certaine de vouloir passer autant de temps avec une fille qui balance des rumeurs abracadabrantes sur Dylan et sur elle dès qu'elles ont le dos tournés.

- Bon courage pour la bota, Sam termine avec assurance alors qu'elle récupère son sac sur le banc et le passe par-dessus sa tête.

D'un geste mécanique, elle récupère son bonnet et l'enfonce sur le sommet de sa tête. Elle esquisse un simple geste pour inviter sa camarade à quitter la pièce. Marika compte sur elle pour tout verrouiller derrière elle, en l'absence d'autres entrainements.

À la question au sujet d'Alexandre, Sam s'était contenté d'écarquiller les yeux, les oreilles soudainement rouges pour aucune raison alors qu'elle secouait la tête pour assurer que non, pas du tout, en vrai j'vois même pas trop qui c'est en fait. S'éclipser s'était donc avéré la meilleure chose à faire, et le départ de Gus avait de nouveau laissé les sorcières en tête à tête au vestiaire. Quoi ? Bien sûr que si. Tout l'temps, avec le Quidditch. L'ambiance bon enfant voyait souvent garçons et filles s'emmerder mutuellement dans cette même tenue - chose que Sam ne faisait jamais. En dehors de ça, Gus avait passé de nombreuses semaines à crécher à la maison pendant les vacances, et il n'avait jamais eu ce genre de réaction le peu de fois où il l'avait vu elle.

Peut-être finalement que sa réaction avait tout à voir avec le fait qu'il n'aurait contre toute attente pas raconter de conneries au sujet d'Alison et de leur date de la Saint Valentin. Pas que la sorcière le confirme particulièrement, mais le simple fait de ne pas la voir grimacer à l'idée, ou renier toute proximité avec Ferguson, parle de lui-même. Elle a toujours été particulièrement véhémente avec lui, en classe comme en dehors, et s'amuser d'une rumeur que Gus chercherait à lancer sur un tel sujet ne lui ressemble simplement pas. Pas qu'il ait cherché à lancer la moindre rumeur d'ailleurs. Sam aurait jamais su, s'il avait pas été beaucoup trop investi à l'idée de filer un coup de main aujourd'hui.

Interdite, Sam n'a rien à répondre à la réplique d'Alison. Ça ferait quoi si c'était vrai ? Rien, sans doute. Juste, c'est une chose de l'entendre de son pote qui raconte vraiment de la merde un peu tous les jours, et s'en est une autre de l'entendre de la bouche d'Alison Carter, sur laquelle il a un crush depuis leur première année à Poudlard. Le fait qu'il en ait pas parlé une seule fois avant aujourd'hui doit vouloir dire qu'il comptait garder ça pour lui. Paradoxalement, Sam s'était imaginé que si un jour Fergus avait l'occasion d'embrasser Alison Carter, toute l'école serait fatalement au courant. Alors ça ferait quoi si c'était vrai ? Elle sait pas. Exactement comme ce matin quand il lui a balancé ça au milieu de rien, Sam sait pas quoi faire de l'information.

- J'sais pas.

C'est la seule chose qui lui vient alors qu'elle hausse les épaules, sourcils froncés, le regard accroché sans le vouloir aux gestes d'Alison. Elle n'a aucune pudeur, comme beaucoup d'autres filles qui n'ont aucun mal à se saper et se désaper devant toutes les autres. La brillance des piercings attire l'œil de Sam, et elle tourne la tête brusquement en grimaçant. Ça a l'air horrible comme truc. Elle s'attend vraiment pas à ce qu'Alison, tout à coup, lui balance les rumeurs qui courent à son sujet, et elle se crispe sur son banc. C'est pas quelque chose qu'elle sait pas ok ? Elle l'entend régulièrement. Certaines filles lui posent directement la question, entre deux couloirs, comme une accusation un peu étrange : t'es lesbienne ou quoi ? 

Parce qu'elle a du mal avec l'intimité entre filles.
Parce qu'elle est dix fois plus à l'aise avec les garçons.
Parce qu'elle a les cheveux courts, et une passion pour le sport.
Parce qu'elle est Sam, et que Sam est un prénom souvent porté par des garçons.

Insurgée malgré elle, Sam braque son regard sur Alison, défiante :

- Ça f'rait quoi si c'était vrai ?

Décontenancée par sa propre réaction, Sam se détourne, un peu mortifiée.

- J'le suis pas ok ? J'comprends juste pas qu'ce soit si important pour tout l'monde.

Pourquoi les gens se sentent tout le temps obligé d'avoir un avis sur elle ou sur ses amis. Redressée du banc, Sam approche de sa camarade :

- Ouais attends. J'vais t'aider. Elle récupère l'essence de Murlap et se place derrière Alison pour appliquer la mixture sur les hématomes. En fait j'pensais juste pas qu'il t'intéressait, elle admet finalement. Gus. Ça fait rien qu'c'est vrai, c'est juste... Gus. Comme si ça expliquait tout.

Sam échappe un rire à la réflexion d'Alison. Vrai que la plupart du temps, elle s'abstient de tout commentaire sur les gens. Genre, c'est de l'énergie perdue voyez ? Ce qui l'empêche pas d'avoir ses opinions et de les clamer haut et fort quand elle a l'impression que c'est important. Plus virulente gamine qu'elle ne l'est à présent, on peut sans doute remercier Alec de lui avoir rappelé quelques priorités dans la vie.

- Ça j'sais pas, elle énonce en jetant le regard vers le garçon, supporté par tous ses camarades de maison. Même le dernier des cons a ses supporters... juste, il mérite pas d'représenter Poudlard quoi.

Entre souhaiter que la coupe tire pas son nom et souhaiter que le type se plante au tournoi et finisse peut-être blessé, y a tout un monde, aussi Sam ne s'avance t-elle pas davantage. De nouveau tournée vers Alison, elle répond immédiatement ;

- On a fait ça samedi soir avec les gars.

La Poufsouffle ne réalise pas que sa camarade n'a guère répondu à la question, de son côté, focalisé sur le geste qu'elle réitère pour tenter de nouveau son sortilège. Dans une imitation naturelle, et inspirée par la détermination d'Alison, Sam cherche à faire de même à son côté. Cette fois, elle compte au préalable les élèves présents - de moins en moins nombreux -, puis prononce la formule :

- Hominum Revelio.

Une décharge encore, et une deuxième plus faible qui suit. Sam commence à se demander si ça ne compte pas juste sa présence et celle d'Alison. Elle grimace, tournée vers la sorcière :

- Décidément je l'ai pas. Retente le toi pour voir ?

- Arrête tu t'débrouillais très bien, c'était un accident, rétorque Sam à Alison.

Encore secouée par ce qui vient d'arriver, la batteuse cogite quant aux mesures qu'elle aurait pu - et aurait du - mettre en place. Mieux équiper Alison, d'abord. Mieux la prévenir des risques, aussi. Lui enseigner un ou deux réflexes à avoir en cas de chute. Rongée par la culpabilité, Sam estime que la mauvaise expérience d'Alison est entièrement de sa faute, et elle ne peut qu'espérer que la sorcière n'en restera pas là de ses aventures sur un balai.

- J'aurais du t'filer des bandages anti-chute, elle énonce à demi-mot. Un casque aussi. T'aurais rien pu faire de plus à part... tenter d'lancer un sort toi-même, mais en tombant c'est quasi impossible. J'suis désolée Alison.

La vérité, c'est que Marika mettait un point d'honneur à leur faire un rappel sur la sécurité avant chaque entrainement, ou dès lors que l'équipe se gonflait d'un nouveau membre. C'était une priorité absolue que Sam avait balayé, imaginant que les choses ne pourraient pas si mal se passer vu qu'ils étaient deux. Alors oui, la sorcière s'en sortait miraculeusement indemne, mais il paraissait évident que le manque de jugeote dont elle avait fait preuve aurait pu coûter à sa camarade. Coûter cher.

Que disait Pope déjà ? Il y a une part de lumière et d'ombre en chacun de nous ? Quelque chose comme ça. La bêtise faisant probablement partie de la seconde catégorie. Elle n'en revient pas d'avoir été si bête. Assise sur les bancs du vestiaire, Sam guette les faits et gestes d'une Alison encore tremblante, qui ne tarde pas à disparaitre sous la douche. Sa tête se rabat en arrière pour se plaquer contre la paroi, et elle échappe un long soupir. Puis elle commence à se bouger pour retirer à son tour ses vêtements.

N'ayant jamais été à l'aise dans les douches communes, Sam reste en brassière et en culotte alors qu'elle rejoint Alison sous les douches, le dos tourné à sa camarade. Le jet brûlant est accueillit avec soulagement, mais Sam ne reste pas vraiment stagner dessous pour mieux en profiter. Active, elle récupère du savon dont elle se frotte hâtivement. Rapide et efficace, elle n'en a jamais que pour une poignée de minutes là-dessous.

- Ah ouais ?

L'information la fait hausser un sourcil tandis qu'elle essaie de se remémorer les français débarqués de Beauxbâtons. Elle ne s'était attardé sur aucun d'entre eux, ou alors très rapidement. Enfin, elle avait bien remarqué deux ou trois garçons, mais la pensée, presque honteuse, s'était enterrée dans la seconde suivante. Ses amis, eux ne s'étaient pas privé de faire l'inventaire des jolies filles des délégations étrangères, pour certaines pointées du doigt sans aucune gêne.

- Je... ouais, sans doute... très peu à l'aise car peu habitué à parler de ce genre de chose, encore moins avec une autre fille, Sam se mord un peu la lèvre en se focalisant sur ce qu'elle fait.

Puis de s'échapper, non sans avoir demandé, un peu innocemment et sans doute très maladroitement :

- Tu vas sortir avec ? Le français.

Alison ne semblait pas avoir le moindre problème pour accomplir ce qui paraissait tout à fait impossible pour elle : attirer l'attention d'un garçon autrement que pour jouer les bons potes. Elle s'éclipse dès lors que ses vêtements, nettoyés par un sort, sont remis. Ferguson, dans le couloir, a fini de ranger le matériel. Il semble également sortir de la douche - qu'il a toujours fait aussi rapidement qu'elle.

- T'peux y aller, j'vais rester l'temps de voir si elle besoin d'quoi que ce soit pis j'vous rejoins à la salle commune.

- Elle a rien ?
- Nope.
- Kep.
- T'as grave eu l'bon réflexe tu sais...

- Nah. On a grave merdé en vrai.
- J'sais. Bon, à t't l'heure ok ?

La voix d'Alison les coupe, et Sam réalise à retardement qu'elle a mal fermé la porte du vestiaire. Merde. Ça a pas l'air de déranger Alison plus que ça cela dit, parce que la sorcière se montre, enroulée dans une serviette, et s'adresse directement à un Ferguson qui la mate complètement ouvertement.
 

- ...
- Ok. Elle a dit tu pouvais y aller Gus, alors vas-y, le pousse gentiment Sam.

Les yeux du type s'accrochent à Alison, et pendant une seconde on croirait qu'il va dire un truc - probablement un truc très débile d'ailleurs. Mais malgré une bouche qui s'ouvre et se referme, aucun ne sort, et Sam le pousse encore, plus définitive.

- Dégage, Decker. Puis, une fois la silhouette éloignée et finalement disparue sur le terrain, Sam rentre dans le vestiaire à la suite d'Alison. Je jure on croirait qu'il a jamais vu une nana sortir d'la douche. La porte est claquée, puis la batteuse se laisse choir sur le même banc que tout à l'heure. Il m'a hum... il m'a dit que vous étiez sortis ensemble... pour la Saint Valentin ? Des conneries, probablement, maintenant qu'elle y pense. C'est que d'la merde hein ?

Après tout, Ferguson a un crush depuis si longtemps sur Alison que ça se tiendrait qu'il s'invente une vie avec. Même que ça craint quoi.

L'idée d'Alison est loin d'être con. Sam avait pas vraiment imaginé que les épreuves puissent consister à se planquer les uns des autres, mais on est clairement pas à l'abri de ce genre de concept. Le tournoi est, après tout, un affrontement entre les trois champions. Approuvant d'un hochement de tête, Sam se met à réfléchir aux meilleures façons de se camoufler, ou de détecter des personnes qui le seraient. La discrétion est loin d'être son fort, et il parait évident qu'elle devrait s'y entrainer. Sa baguette se dresse dans l'objectif d'une seconde tentative, qu'elle espère plus fructueuse que la première.

- Hominum Revelio !

 

Une décharge unique, de nouveau, qui fait grimacer Sam alors qu'elle ne peut que constater son échec. Va vraiment falloir travailler ça. L'opacité quant à ce qui attend les participants du tournoi participe à l'ambiance étrange qui règne au château depuis déjà de nombreux jours. Les rumeurs vont bon train, et les commentaires des uns et des autres laisse présager de beaucoup d'admiration et d'attentes pour celles et ceux qui affronteront les épreuves. Comme ça doit être fabuleux de savoir qu'on est l'élu ! S'était exclamé une fille de troisième entre deux cours, clairement jalouse de ne pas pouvoir glisser son nom dans la coupe.

- J'avais pas du tout pensé à c'que tu dis, mais ça s'tient tellement. Ça s'trouve il va falloir jouer les ninja et tout. Putain j'suis nulle en sortilèges d'illusion, Sam réalise soudain en fronçant les yeux.

Autour d'elle, les élèves continuent d'aller et venir sans qu'elles n'y prêtent grande attention. Mais au bout de quelques secondes, d clameurs provenant de l'intérieur du château sous-entendent qu'un nouveau parchemin vient d'être déposé dans la coupe, et plusieurs garçons s'extirpent des portes en beuglant. L'un deux semblent plus excité qu'un grapcorne en rut.

- J'vois que Georges s'est décidé. Franchement j'espère qu'il sera pas pris, annonce Sam en plissant le nez.

Il est rare d'entendre la batteuse dire du mal de qui que ce soit, mais ce type là lui est particulièrement antipathique.
 

- Au fait t'as déjà mis ton nom ça y est ? Elle finit par demander en reportant son attention sur Alison.

L'échange aura été bref, mais productif. Les garçons sont retrouvés non loin de serres, et Sam les informe qu'elle rejoindra Alison tout à l'heure, pour des révisions. Une nouvelle qui ne manque pas de s'accompagner d'une série de commentaires peu impliqués, ou complètement stupides.

- T'as un crush Chadwick ?
- C'est ça Ferguson, l'début d'une grande histoire. Sois pas jaloux !

Un pétard est roulé du côté de Jimmy, tarde pas à tourner d'une main à l'autre. Sam hésite longuement avant de se décider de secouer la tête à la négative, trop consciente des risques à partir du moment où elle a prévu de faire de la magie juste après :
 

- Sérieux ? T'es pas fun c'tte année je jure !
- Ça va elle a raison.

- Grave, au moins une de raisonnable ! Ça en fait plus pour nous.

- Heureusement que t'es là pour rel'ver l'niveau du groupe Sam !
- Envoies l'pétard là.

- Bientôt elle va s'convertir et tout.
- M'convertir en quoi ?
- Bah j'sais pas, t'convertir quoi !
- Waw. Profond ça.
- D'main on s'entraine ensemble ok ?

Un sourire accueille l'offre d'Ambrose, et Ferguson lève les yeux au ciel :

- Ça veut dire on est privé d'quatre heures demain ?

- Déjà il est plus d'cinq heures, mais sinon ouais, vaut mieux, sinon on risque juste de s'blesser, genius.
- J'aurais jamais du foutre mon nom dans cette foutue coupe de feu !
- Arrête de dramatiser. Rappelle toi : c'est pour la gloire et la postérité !
- Ouais, les fucking posters Gus ! Depuis qu'il a prouvé qu'il savait pas c'que ça voulait dire, elle saisit toutes les opportunités de se foutre de sa gueule.
- En tous cas nous on est pas privés d'quatre heures, hein Jim ?

- Huh ?

- Dude. Ouvre les yeux des fois je jure.

Rapidement, les conversations partent dans tous les sens, et au terme de plusieurs longues minutes, Sam s'extirpe du groupe. Alison n'a pas bougé de son muret, visiblement happée par ses parchemins. Sa baguette en main, elle vient apparemment de manquer son dernier sortilège : celui du révélateur de présence. Amusée, Sam hausse les épaules en se perchant à côté de la Serpentard. Très vite, la batteuse opte pour une position en tailleur, sa baguette retirée de sa poche pour être simplement laissée en suspens entre les doigts de sa main droite :

- Mh. J'crois c'est une histoire de rayon. Tu sais genre plus c'est réussi, plus tu captes des présences sur un gros périmètre. J'l'ai jamais testé en vrai... Sam poursuit en redressant Babsi. Hominum Revelio !

Une décharge, unique, remonte de sa baguette magique jusque dans son bras, révélant probablement la présence d'Alison à côté d'elle. On est loin de la quantité d'élèves présents alentours. En tous cas...

- C'est grave chelou comme sensation. T'crois ça peut être utile au tournoi ?

On peut pas dire que Sam soit particulièrement sereine. Alison se démerde bien depuis le départ, mais ça reste une sorcière qui, jusque là, se contentait de cours de vol très basiques. Des cours qui n'incluent pas la présence d'une balle de fer ensorcelée, dédiée à la faire tomber de son balai. Les protections sont mineures. Coudières. Genouillères. Paire de gants qui vient renforcer le poignet. Rien de vraiment suffisant lorsqu'il s'agit de parer l'attaque, virulente, d'un cognard chargeant à pleine vitesse, mais les joueurs ont l'habitude de reposer sur les talents de leurs batteurs, ou leur propre capacité à l'esquive.

Sam n'a aucun doute quant aux capacités de Ferguson, mais elle sait aussi que le but de l'exercice n'est pas de tester ses capacités de protecteur. Il devra laisser le cognard suivre sa course jusque la sorcière, et espérer, comme elle, qu'Alison est aussi prête qu'elle le dit. Les coups sont brutaux. D'une précision redoutable. Les batteurs semblent presque se faire des échanges, à ceci près que chaque assaut de Sam a Alison en visée directe, tandis que Ferguson se contente de venir jouer son rôle d'allié et lui renvoie le boulet de canon sans relâche.

La première fois qu'il laisse le cognard filer droit sur elle, il la prévient. Comme toutes les fois suivantes, avant d'arrêter et de la laisser analyser par elle-même la situation. Sam, comme lui, ne manque pas balancer quelques conseils à travers le stade, lorsqu'elle estime la posture de la Serpentard mauvaise, ou ses réflexes trop lents. Dans les gradins, quelques élèves retiennent leur souffle chaque fois qu'Alison se retrouve livrée à elle-même. Une poignée applaudissent lorsqu'elle parvient à esquiver le cognard, ou que Ferguson remplit son rôle de défenseur au dernier instant.

Les actions sont rapides, intenses, et ni Sam ni Ferguson ne voient arriver le drame : Alison parvient à éviter l'impact avec le cognard d'un mouvement brusque de balai, mais ce dernier vient heurter la structure de métal et la propulse vers l'avant avec une force brutale. Un cri perce le silence. Sam n'a pas le temps de réfléchir que, déjà, le cognard revient sur elle. Ferguson, lui, a déjà laissé tomber sa batte pour foncer dans la direction d'Alison, se débattant avec sa tenue pour récupérer sa baguette. Brandie devant lui, il l'agite dans une gestuelle maîtrisée par des années de pratique, la formule beuglée dans le vent :

- Elasticus !

Le corps d'Alison rencontre une terre meuble, ramollie dans la seconde précédente - in extremis. Sam renvoie le cognard de façon hasardeuse avant de foncer dans la direction des deux autres. Ferguson s'est arrêté en catastrophe pour se précipiter vers Alison : visiblement, et miraculeusement, elle n'a rien. Le réflexe de Gus l'aura probablement empêché de se broyer les os. Elle a quand même complètement secouée. Sam atterrit à son tour, mais le cognard file de nouveau vers eux, et elle est forcée de se concentrer sur lui, troquant sa batte pour sa baguette magique.

- Finite Incantatem !

La balle de fer s'échoue au sol, inerte, et enfin elle se précipite vers Gus et Alison.

- Ça va ?
- Putain d'bordel de merde.
- Assieds toi Alison. J'crois que c'est mieux. Putain l'angoisse.

Trop loin. Elle est juste beaucoup trop loin pour empêcher quoi que ce soit. Sam a beau sprinter avec l'énergie du désespoir, elle ne peut qu'assister à la victoire de l'équipe adverse, au loin. Les deux drapeaux sont plantés fièrement, partagés entre Fergus et Alison, le cri du Poufsouffle résonnant dans tout le stade. Sa course s'arrête en milieu de terrain, et elle lève les bras au ciel un court instant. Compétitrice, elle ne peut pas s'empêcher de pousser un grognement.

- Fais chier.

Son regard accroche cependant rapidement celui de ses coéquipiers, et elle leur adresse à tous un sourire comme pour dire tant pis, une prochaine. Le petit Banks a l'air particulièrement touché par la défaite, et elle l'approche histoire de le rassurer un minimum :

- Hey, on a tout donné hein ? Pis ça a failli être toi qui nous offre la victoire, elle assure en le bousculant légèrement, le faisant étirer un sourire timide. Bordel j'ai soif.

Ferguson se la pète beaucoup trop, et elle tarde pas à lui balancer un regard amusé.

- T'as fini Decker ? T'vas t'remettre ?

Sa baguette toujours fermement tenue, Sam se décide à s'abreuver sur place, encore essoufflée de la course.

- Aguamenti.

Un mince filet d'eau s'écoule en continu, et lui permet d'étancher sa soif, en plus de s'asperger pour essayer de faire redescendre la température. Elle peut même en faire profiter les autres.

- J'y crois pas qu'il l'a vraiment fait !
- Les gars c'est pas drôle, imaginez il est pris...

- C'est Eddie, Sam, il va pas être pris !

- Mais imagine ! La coupe on sait pas comment elle choisit hein !

- Nan mais c'est Eddie...

- J'y crois pas qu'il l'a fait !

- Tu t'répète Jimmy Boi.
- Mais quand même !

- J'pense qu'on l'a forcé.

- Forcé d'quoi ? Personne lui a tenu l'poignet pour écrire son nom et l'foutre dans la coupe !

- Nan mais les gens... r'garde comment tout l'monde est, je jure c'est grave la pression.

- Tu t'sens sous pression Sam ?

- Ben pas toi ?

- La pression qu'Fergus il r'ssent c'est entre ses jambes.

- C'est pas faux.

Le regard dévie vers le reste de la cour tandis que le groupe se marre, et Sam croise celui d'Alison, à quelques mètres. Perchée sur un muret, elle semble prise dans la lecture d'un paquet de parchemins impeccablement reliés : des fiches de révision. Par réflexe, Sam lève une main pour lui faire signe, comme chaque fois depuis que les deux filles ont eu l'occasion de passer près de deux heures en tête à tête à s'entrainer. C'était il y a moins d'une semaine, et Sam en garde le souvenir d'une ambiance particulièrement studieuse qu'elle n'a pas réussi à reproduire avec les garçons.

- Eh, j'reviens ok ?

Détachée du groupe sans attendre la moindre réponse de leur part, Sam s'avance en direction de sa camarade. Derrière elle, le regard notable d'un Ferguson Decker qui vient d'aviser Alison sur son muret, tandis que les autres continuent de brailler joyeusement entre eux.

- Salut ! Ça va bien ?

Souriante, les mains dans les poches de sa veste de Quidditch - Sam ne tarde jamais à troquer l'uniforme pour des vêtements plus confortables dès qu'ils sortent des cours -, la Poufsouffle jette un œil rapide aux fiches d'Alison.

- Hoy, Sam ! On s'tire nous hein !

Visiblement agacé de se retrouver à poireauter au milieu de la cour qu'ils étaient juste partis pour traverser et se rendre dans un lieu plus discret, Ferguson se fait bousculer par Balthazar, tandis qu'Ambrose secoue la tête. Ce dernier se tourne toutefois vers Sam pour lui jeter un regard, menton vers l'avant :

- Tu nous r'joins ? Salut Alison !
- Ouais ouais ouais, allez go là.
- Mais t'as quoi dans l'cul Decker ?

- J'aimerais bien avoir l'temps d'me détendre avant l'dîner si c'est encore possible.

- Parce que t'es tendu ? T'veux un massage ?

- T'pose la main sur moi j'te démonte.

- Des promesses, des promesses.

Sam secoue la tête, exaspérée, avant d'en revenir à Alison, arrangeant son bonnet d'un geste mécanique.

- Ces branques... Bon sinon j'voulais juste te demander si t'aurais pas envie qu'on s'refasse une session, dans la semaine genre. Comme l'autre fois ? Fin c'était vraiment cool, et puis je t'avoue qu'Ambrose et Ferguson sont vachement moins... motivés et tout, alors... Genre l'entrainement c'est pas tellement leur priorité. Haussement d'épaules agrémenté d'une légère grimace : t'vois bien.

Bien qu'ils aient tous mis leur nom dès samedi soir, leur quotidien restait presque inchangé. Sam aurait voulu instaurer un entrainement quotidien, et Ambrose l'aurait peut-être suivi si Ferguson était pas si... Ferguson. Le type a la fâcheuse tendance à être relativement convaincant quand il s'agit de pas faire ce qui devrait être fait. Y aura grave le temps, faut qu'on profite un peu tant qu'il fait pas nuit en sortant des cours là. Bref.

L'exercice reprend, chacun revigoré par la pause, même minime, effectuée plus tôt. L'entrainement, calqué sur les leur, ne manque pas faire une nouvelle fois ses preuves, et le vol d'Alison présente une nette amélioration à mesure que les minutes passent. Sam ne manque pas la féliciter à chaque réussite, égrenant ses conseils entre les lancers pour l'aider à comprendre ses erreurs, et ne pas les reproduire.

Un quart d'heure passe, intense et particulièrement éprouvant. La batteuse surveille la posture d'Alison, inquiète de voir se reproduire l'incident de tout à l'heure, et plus prompte à y réagir si cela survenait. Ferguson semble faire de même de son côté, bien qu'il n'ait visiblement plus le moindre conseil à donner. À moins qu'il n'ait décidé de s'effacer au profit de Sam, vexé de n'avoir pas son mot à dire quant à la façon dont elle dirige l'entrainement.

- T'es sûre ?

- Alleeeez !

Enthousiaste, Fergus s'envole déjà en direction des vestiaires tandis que Sam reste flotter dans l'air près d'Alison.

- Bon, le cognard va être carrément plus rapide et plus violent qu'le souaffle. Tu t'en doutes. C'qu'on va faire, c'est que l'un de nous va jouer le batteur adverse, et l'autre un batteur qui serait dans ton équipe. C'qui veut pas dire qu'il pourra toujours te défendre, donc tu dois avoir l'œil sur le cognard et être prête à l'esquiver à tout moment.

C'était ainsi que se déroulait les préparations de match, si l'on omettait le fait qu'en plus de ça, les poursuiveurs devaient se focaliser sur un souaffle qui se passait de main en main. Les batteurs devaient, volontairement, démontrer de failles défensives afin que les joueurs ne soient pas surpris lorsque cela arrivait en situation réelle.

- Si à un moment c'est too much et que tu veux stopper, tu dis temps mort et tu lèves une main. Ça compte même si tu veux juste faire une pause pour boire de l'eau ou quoi. C'est vachement important qu'tu restes toujours concentrée alors t'hésite pas à tout arrêter si tu sens que c'est pas l'cas.

Son petit speech terminé, Sam avise le retour de Gus, en bas du terrain, qui s'extirpe des vestiaires avec deux battes dans une seule main, un cognard au bout d'une chaîne dans l'autre. Il a tôt fait de les rejoindre, visiblement peu gêné par son barda, et plutôt motivé à démarrer rapidement la session. Son regard porté sur Sam, il lui balance l'une des battes qu'elle récupère au vol, et lève le menton dans la direction d'Alison :

- T'fais gaffe hein ?

- J'l'ai briefé c'est bon, t'arrives après la guerre. On fait comme à l'entrainement.
- J'attaque, tu protèges ou l'inverse ?

- J'attaque, tu protèges.

- Kep.

Le cognard s'énerve à l'intérieur de son carcan, et Sam commence à s'éloigner, batte en main.

- Ok. J'vais le relâcher plus loin. Tu voles comme tu veux, il est ensorcelé pour chercher les joueurs et les dégommer alors sa trajectoire à lui s'ra complètement random. Donc essaies d'le garder à l'œil. Moi mon rôle c'est d'faire en sorte que tu prennes pas trop cher, mais j'vais être forcé d'le laisser v'nir sur toi de temps en temps. T'fais tout pareil qu'avec le souaffle, essaie d'pas trop réfléchir.

Gus s'éloigne à son tour, et d'un mouvement il libère le cognard, laissant tomber la chaîne jusqu'en bas du terrain.

- GO !
- Tu l'quittes pas des yeux Alison, pour l'instant t'as pas d'distraction donc tu focus dessus, on verra plus tard pour le reste !

Tête relevée vers sa camarade, Sam lui adresse un sourire amusé avant de se délester de la masse en la déposant contre une table. Elle-même s'installe sur l'une des autres, les jambes en balancement dans l'air tandis qu'elle observe l'ultime tentative d'Alison de créer le scorpion parfait. Si on lui demande, chacune des créations de la Serpentard aura été un réel succès, mais il parait évident que ce n'est pas le résultat exact qu'elle attend : sinon, elle serait déjà passé à autre chose.

La dernière bestiole est tout aussi réussie que les autres, et Sam approuve d'un hochement de tête répété, et suit du regard sa camarade, en train de rassembler ses affaires. Au-delà du fait qu'Alison est présente depuis plus longtemps qu'elle - elle se trouvait déjà dans la pièce lorsque Sam est arrivée -, elle ne s'est pas octroyée la moindre pause, pas même pour manger. Si Sam se sent plutôt fatiguée par toutes les démonstrations de magie réalisée depuis plus de deux heures, elle n'imagine pas ce qu'il en est pour la Serpentard.

- C'était cool. On d'vrait remettre ça, elle énonce avec un sourire. Moi j'reste encore un peu. À plus !

Elle tend un poing en guise de proposition de check, force d'habitude, et laisse partir Alison dans les couloirs. Son regard avise les parchemins impeccables recopiés sur ceux de sa camarade, et elle en saisit un entre ses doigts pour le relire avec attention. Puis un second. Et un autre encore. Le calme aide Sam à rester concentrée, là où la présence de n'importe qui l'aurait distraite en quelques secondes. Finalement, elle se décide à se redresser pour un ultime sortilège avant de plier les gaules pour rejoindre ses amis :

- Gemino !

Baguette pointée sur la chaise qu'elle vient de replacer contre l'une des tables, Sam la voit se dissocier, péniblement, avant de revenir sur elle-même dans une série de craquements : bon. C'est décidément l'heure d'arrêter. Elle hausse les épaules, range sa baguette, et quitte la pièce.

Une batte. Une batte, ce n'est pas une mauvaise idée, mais Sam n'avait pas en tête des objets aussi simples. Après tout, n'importe quel monceau de bois suffisamment imposant et solide pourrait faire l'affaire, s'il s'avérait qu'elle a besoin d'une batte. La prise de vitesse magique est, cependant, notée dans un coin de son esprit.

- Ouais alors j'pense plutôt à des outils, une batte j'suis à peu près sûre j'peux la remplacer par n'importe quoi d'assez lourd tu vois ? Mais c'est pas con l'charme de célérité. Mobilité ? J'confonds tout l'temps. J'testerais ça à l'occaz.

Peut-être pas dans une pièce fermée comme celle-ci, au risque de devenir carrément dangereuse. Tandis qu'Alison continue de s'essayer à faire paraitre le scorpion le plus parfait qui soit, Sam brandie Babsi pour s'attenter une énième fois au sortilège de modelage :

- Plasticinum !

Sa précédente création, informe, est de nouveau manipulée : cette fois pas à dessein d'en faire un pied-de-biche pourvu d'un quelconque sabot, mais plutôt de l'outil le plus basique qui soit. Une masse. On est pas loin de l'usage d'une batte, à ceci près que l'embout de métal viendra en faire une arme brute, quelque chose capable d'abattre un mur si le besoin s'en fait sentir. Sam aurait bien tenté un marteau, mais avec autant de matière, impossible de faire quelque chose d'aussi petit : la masse en est l'outil le plus approchant. Plutôt assez réussie, elle offre un sourire satisfait à la batteuse, qui l'empoigne pour en tester l'équilibre.