Harry Potter RPG
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Mabel Rosier Sinclair

13 ans Sang-Mêlé·e Française Notoriété

Gryffondor
Fondateur.trice.s du Site, ayant participé à la construction d'Harry Potter RPG !
Kensington Garden, Mercredi 03 Juin 2122

Affalée sur mon lit. Comme une mandragore en pleine crise d'adolescence. Un pied sous mon oreiller. Une main qui pend. Le cou tordu. Je ressemble à une expérience ratée. Le plafond me fixe. Je fixe l'ennui. Si je gagne, il pleut des chocogrenouilles. Si je perds… bah, c’est juste un plafond. Vous croyez que je suis bête ou quoi ?!


Une phrase explose dans l’air. Une idée d’Adam. 
Insensée. 
Qui chatouille mes oreilles et mes petits petons poilus. 


Sortir ? Dans l’Angleterre ? Là où il pleut tout le temps et où les moldus parlent comme s’ils avaient un centaure coincé dans le c..la gorge ! Mon frère est-il possédé par Merlin ? S’est-il cogné la tête contre une bibliothèque magique ? A-t-il eu une révélation divine après avoir regardé trop longtemps un escargot traverser le trottoir ? Peut-être qu’il a fait un pacte avec un gobelin. Peut-être qu’un elfe de maison lui a soufflé une prophétie interdite. Peut-être MÊME qu’il a vu un sandwich lui faire un clin d'œil et qu’il a compris un truc sur l’univers.


Je roule. Tombe. Écrasée sur le sol comme une chaussette fatiguée. Mon cerveau fuse. 
Trop vite. 
Trop fort.
Sortir. 
Dehors. 
Danger. 
Opportunité ! 


Mais en fait, peut-être que c’est juste un piège. Peut-être qu’Adam a été remplacé par un sosie. Peut-être qu’il veut juste bouger. Peut-être qu’il s’ennuie vraiment. L’ennui, c’est une malédiction, vous savez. C’est comme les gants. Cette saleté de prison pour doigts. D’ailleurs, qui a inventé ça ? Qui s’est dit un jour Oh, mes doigts ont trop de liberté, emprisonnons-les dans du tissu. Un fou. C’est sûr !


C’est moi qui décide du jeu ! C’est une règle sacrée. Gravée dans la pierre. Je bondis sur mon manteau en même temps que lui. L’attrape. Me bats avec. Un bras dans la mauvaise manche. Une tête coincée. Me contorsionne pour l’enfiler à l’envers. Tente de le remettre à l’endroit. J’échoue lamentablement. Triste destin. Je renonce. C’est un style. En fait, je suis une vision de la mode incomprise. Un jour, les gens comprendront. Ils feront des statues de moi. Des tableaux. Des tapisseries médiévales où je poserai en manteau à l’envers. Et tout le monde dira Regardez, elle savait. Elle était avenu..andiste...gardisme. Elle était incroyable !


MAMAAAAAAN, ON VA JOUER AU PAAAAARC ! Sait-on jamais qu'elle ait pas entendu Adam deux secondes avant. Puis la réponse qui entre et ressort par une oreille. Un souffle. Une approbation ? Un bruit de chaise ? Une bénédiction céleste ? On s’en fiche. C’est validé. Il faut y aller avant qu’elle nous rattrape et que je finisse la tête dans un chaudron. 


J’ouvre la porte. Stop.


L’herbe anglaise. Les bancs anglais. Les arbres anglais. Les pigeons écureuils. Espions. Ils nous surveillent. Ils savent. Ils communiquent sûrement en clignant des yeux. En bougeant la tête. En faisant semblant d’être des pigeons normaux alors qu’en réalité, ce sont des maîtres de l’infiltration.


Je me tourne vers Adam. Regard perçant. Mission active. Il nous faut des noms de code. Identités secrètes. Camouflage. Stratégie. Je suis… Capitaine Chaussette du Chaos. Ça impose le respect. Ça terrifie les ennemis. Ça évoque une force incontrôlable, comme une chaussette qu’on perd toujours dans la machine à laver. Dramatique. Inoubliable. J’acquiesce comme si cette révélation avait été gravée dans la pierre par des sages millénaires.


Je l’observe. Je plisse les yeux, l’analyse avec toute la concentration d’un scroutt à pétard prêt à exploser. Il est mystérieux. Silencieux. Patient. Il a l’air normal, mais en vrai, il pourrait être une créature surnaturelle infiltrée. Toi… tu es… Grand Cornichon de l’Ombre ! Parce que les cornichons sont sournois. Ils attendent dans les bocaux, cachés dans le vinaigre, et puis BADABOUUUM, ils surgissent. Comme toi ! 


C’est parfait.


Avançons. Pas d’enfants. Pas d’jumeaux.


Des légendes en marche.


L’Angleterre n’est pas prête.

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Mabel Rosier Sinclair

13 ans Sang-Mêlé·e Française Notoriété

Gryffondor
Fondateur.trice.s du Site, ayant participé à la construction d'Harry Potter RPG !
Terrain de Quidditch, Samedi 14 Avril 2125

Charlie remonte comme un bouchon de jus de citrouille sous pression. Elle ressemble à un chat mouillé qui aurait goûté à l’aquarium… et elle sourit. La grande maboule ! 

 

Elle a adoré. Les branchies. La nage libre. Le fait de ne pas respirer comme une moldue lambada. Même si oui, détail technique : faut maintenir le sort. Petit oubli de ma part, bonjour. Zéro rancune de sa part d'ailleurs. Juste de la curiosité. Genre t’as vu un papillon magique et t’as zappé que j’étais sous l’eau ? Ce qui est… techniquement possible. Juste un peu. Beaucoup ?

 

...

 

Est-ce qu’une poussière de lumière a volé devant mes yeux ? Peut-être. Est-ce que j’ai été absorbée par l’idée de branchies roses fluo avec des petites perles ? Fort possible. Est-ce que j’ai pensé à un dauphin en gilet ? C’est dans le domaine du plausible. Bref. On n’est pas là pour juger. Enfin si, mais non.

 

Je hausse les épaules avec la grâce d’un chapeau mou. Il y avait une goutte d’eau qui ressemblait à un lama. Ou c'était une mouette ? Ou un souvenir de biscuits... J’ai paniqué. 

 

Puis Charlie veut replonger. Bien sûr qu’elle veut replonger. C’est génial là-dessous ! Elle écarte les bras comme une statue aquatique prête à retourner dans les profondeurs. Avec cette petite déclaration dramatique qui mérite franchement un rideau de scène et une musique de film. Et moi ? Moi je suis là, cerveau en surchauffe, cœur qui fait des claquettes, et doigts qui picotent comme des baguettes prêtes à déclamer un poème magique.

 

Je pourrais être stressée. Je devrais peut-être. Mais non. Je suis trop occupée à me demander si les branchies sont un organe temporaire ou un état d’esprit. Est-ce que ça a des sentiments, une branchie ? Est-ce qu’elles s’activent comme une soupe ? Est-ce qu’elles sont tristes quand on oublie de respirer avec ? Est-ce que je devrais leur donner un nom ? Ginette et Marcel, peut-être.

 

Je me concentre. Enfin… j’essaie. Et si je faisais apparaître des branchies en forme d’étoile ? Ou avec un petit air vintage, façon branchies des années 50 ? Ou un modèle luxe avec des lumières intégrées ? Est-ce que ça gênerait la nage ?

 

Non, Mabel. Reste simple. Efficace. Minimaliste. Une branchie utile est une branchie discrète. Mais avec un petit swag, quand même. De quoi faire dire à un hippocampe qui passe Stylé, ça.  

Branchia Ventosa 

 

Les branchies poppent comme deux petites fentes capricieuses, genre Salut, c’est nous maintenant

 

C’est moche, c’est parfait. Je me sens comme une coiffeuse pour poissons trop zélés.

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Mabel Rosier Sinclair

13 ans Sang-Mêlé·e Française Notoriété

Gryffondor
Fondateur.trice.s du Site, ayant participé à la construction d'Harry Potter RPG !
Entre le salon et la cuisine, Mercredi 27 Décembre 2124

L’air est chaud. Beaucoup trop chaud. J’ai l’impression de me liquéfier comme un bonhomme de neige sous un lance-flammes. De n’être qu’une tartine oubliée sous un grille-pain. Qui crépite doucement. Qui fume un peu. Je suis sûre que si quelqu’un appuie sur moi, je vais me transformer en miettes. Aaaargh. Affalée sur le tout nouveau canapé. Cadeau de l'oncle Bol…aldwin.. Baduin ? Baudin ? Babouin ? -peu importe. Il n’a qu’à avoir un nom plus simple. Il aurait pu s’appeler Bôtruc que ça changerait rien. 

 

Bref, les jours après Noël, je trouve que c’est l’entre-deux le plus inutile de l’univers. C’est comme si le monde entier était coincé dans un ralentissement temporel, incapable de décider s’il veut continuer la fête ou tomber en hibernation. Moi, je suis bloquée entre ces deux états. Soit je fusionne définitivement avec le canapé, soit je me lève et je révolutionne le monde. 

 

La maison est vide. Enfin, presque. Dylan est à l’étage, probablement en train de méditer sur le sens de la vie. Adam, Boldwin et les adultes sont partis faire des courses, ou je ne sais quoi d’aussi ennuyeux que regarder de la peinture sécher. Maman est partie en urgence au travail. Ce qui signifie une chose. 

 

Je suis seule. 

Et je suis libre. 

 

Je laisse ma tête tomber en arrière sur le coussin. J’observe le plafond. Plafond blanc. Rien d’excitant. Je plisse les yeux. Peut-être que si je le fixe assez longtemps, il va se passer quelque chose. Une révélation divine. Une faille spatio-temporelle. Un pigeon qui s’écrase sur la fenêtre. Rien. C’est décevant. Ô monde cruel ! 

 

Je me redresse en grognant. Il faut que je fasse quelque chose, sinon je vais me dissoudre dans le canapé et devenir un meuble à part entière. Dyl ? Pas de réponse. Dylan ?! Toujours rien. Soit elle est en train de faire une sieste tellement intense qu’elle a quitté son corps, soit elle m’ignore volontairement. Les deux probablement. 

 

Je roule hors du canapé avec la grâce d’un phoque échoué et j’atterris par terre. Sol froid. Je regrette instantanément mon choix. Je me redresse à moitié, me traîne jusqu’à la porte de la cuisine en rampant comme une limace dépressive. Une fois debout, j’ouvre le frigo avec l’excitation d’un lapin en rut. 

 

Déception absolue 

 

Constat n°1 : Il y a beaucoup trop de trucs sains ici. 

Constat n°2 : Rien n’est déjà préparé. 

Constat n°3 : Je vais mourir de faim dans les trois prochaines minutes. 

 

Je referme le frigo lentement. Trahison dans ma propre maison. J’ai besoin d’une alternative à ma faim. Je me hisse sur le plan de travail et tape du pied dans le vide, pensive. Il y a sûrement quelque chose à faire. 

 

Le four ? Non. Trop dangereux. Je tiens encore un peu à mes sourcils. 

Le micro-ondes ? Trop bruyant. 

Les placards ? Trop bien rangés. 

La boîte à biscuits ? Ah. Intéressant. 

 

Je saute du plan de travail et ouvre la boîte. Vide. Tragédie. Un drame en plusieurs actes. J’imagine déjà mon éloge funèbre. 

 

C’est à ce moment précis que mon regard tombe sur un paquet de farine. Brillant. Dylan ! T’es prête pour une expérience scientifique de haute voltige ?! Toujours aucune réponse. Elle est probablement en train de méditer sur la patience infinie qu’il lui faut pour survivre à mon génie ! Tant pis. La science ne s’arrête pas à un manque d’applaudissements. 

 

Je déchire le paquet de farine. Un nuage blanc explose dans l’air. Magnifique. Tel un pet de fou…ée. Ée. fée. De fée. Euuuuh. Donc. Magnifique on disait ! Aussi magnifique que moi-même, magicienne de la grandeur ! Légère. Fragile. Mystérieuse. Avec dans les mains, une poudre magique en attente d’être libérée. 

 

Et je la libère ! 

 

Je souffle dedans, comme un dragon cracheur de farine. BOUM. Un nuage blanc explose autour de moi, me recouvrant comme si j’avais traversé un blizzard. DYLAN ! VIENS VOIR ! J’AI INVENTÉ UN NOUVEAU CLIMAT ! Encore pas de réponse. Cette enfant est une déception. 

 

Je tousse, aveuglée par ma propre générosité. La farine se dépose sur mes cheveux, mes vêtements, mon âme. J’essaie de chasser le nuage en agitant les bras, mais ça empire la situation. Je viens de transformer la cuisine en champ de bataille enneigé. C’est parfait. Je m’essuie la joue, laissant une trace nette au milieu du blanc. Camouflage activé. Je repère une bouteille de lait. 

Farine + lait = pâte. 

Pâte = gâteau. 

Gâteau = œuvre d’art. 

 

Dylan ! Je vais cuisiner ! 

 

Je sors un saladier. Je jette de la farine dedans. Un peu de lait. Beaucoup de lait. Trop de lait. Erreur de calcul. Je mélange avec une cuillère en bois, mais la pâte ressemble plus à une soupe inquiétante qu’à quelque chose de comestible. Ça passe. Ça ira. Pas de soucis. Ne vous en faites pas ! 

Je compense avec du sucre. Beaucoup de sucre. Trop de sucre. Je goûte. Ça croque. Hum… Mitigée comme goût. Je rajoute du cacao. Puis du sel. Puis du miel. Ça va être incroyable. Ou immangeable. Mais l’important, c’est l’intention qu'il dise ! 

 

Je verse mon mélange dans un moule. Ou du moins à ce qui y ressemble. Le truc visqueux souffre. Je le regarde. Il me regarde. On se jauge

 

Je décide d’enfourner le tout sans réfléchir aux conséquences. 

 

Le vieux four magique couine. Il me supplie d’être un merlin venu du ciel. 

 

J’appuie sur un bouton au hasard. Rien. Un autre. Rien. Un troisième. Un BIP retentit. Victoire ! 

 

J’attends. Dix minutes. Ou vingt. Ou trente.

 

 Y’a un truc qui hurle. 

 

Y’a une odeur de brûlé qui commence à envahir la cuisine. Un soupçon de panique naît en moi. Petit rappel : Je tiens à mes sourcils. 

 

Problème : J’ai mis la pâte directement sur une plaque, par un moule. 

Deuxième problème : Ça a coulé. 

Troisième problème : J’ai oublié que la pâte cuit. 

 

Et là… fumée. OK, plan B. J’ouvre le four. Trop tard. Une odeur de chaos et de désespoir s’échappe, accompagnée d’un épais nuage sombre. 

Je viens d’ouvrir une brèche dimensionnelle vers l’Enfer. 

 

C’est ce moment que choisit Babouin pour rentrer avec Adam et les autres. 

 

Il s’arrête. Il me regarde. Il regarde la cuisine. Il regarde mes cheveux couverts de farine, mes mains collantes, ma tentative ratée de masquer l’odeur du crime. D’un coup de baguette de sa part, le four cesse de hurler et de fumer. Je lève mon torchon comme une magicienne dévoilant un tour raté. Tadaaa ? Silence. Long silence. Très long silence.  Mabel… Son ton est celui d’un homme qui vient de découvrir un cadavre sous son plan de travail. Le même que maman ! C'est celui qui regrette tout. 

 

Adam passe la tête dans la cuisine. Il fixe la scène. Me fixe. Soupire. J’aurais dû parier sur ça. Baldwin masse son front comme si cela pouvait annuler la réalité. Qu’est-ce que tu as fait ? Je jette un regard au moule noirci. Puis au sol farineux. Puis à mes mains. Une expérience culinaire révolutionnaire. Il souffle. Il se prépare mentalement. C’est un gâteau tonton ! Baldwin médite sur sa vie. Et il est où, ton gâteau ? Je désigne la plaque noire, la substance carbonisée qui a fusionné avec le métal. Et le résultat ? J’observe mon chef-d’œuvre raté. Je le tapote avec une cuillère. 

 

C’est dur. 

Très dur. 

 

Je pense qu’on peut le commercialiser comme un nouveau matériau de construction. Dylan passe la tête depuis l’étage. Pourquoi ça sent la catastrophe ?Parce que c’est une catastrophe. Adam soupire comme si sa vie venait de raccourcir de dix ans. Baldwin regarde l’état de sa cuisine et me regarde comme si j’étais une entité qu’il ne savait pas comment gérer. Tu vas nettoyer avant que ta mère rentreÉvidemmentToutÇa inclut la farine sur moi ou juste le sol ? Il me fusille du regard. Il pointe la salle du doigt, le fait tourner sur lui-même. T.o.u.t. Je claque des doigts. Dylan !!!! Il va falloir que tu descendes ! On va procéder à un nettoyage scientifique de grande envergure. Elle hésite. Me jauge. Tu te fiches de moi là ? Silence. Absolument pas. Un autre silence. 

 

Bon, peut-être un peu. 

 

Adam tourne les talons, Baldwin regrette d’exister. 

 

Moi, je souris. J’adore ça.

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Carrie
Message publié Mardi 13 Mai 2025 à 00:49

Plop ici,

 

"Ton cul, c'est comme un lutin de Cornouailles. L'est petit, mais il a un sacré pouvoir de perturbation quand il bouge."

 

Next : Patacitrouille

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Mabel Rosier Sinclair

13 ans Sang-Mêlé·e Française Notoriété

Gryffondor
Fondateur.trice.s du Site, ayant participé à la construction d'Harry Potter RPG !
Terrain de Quidditch, Samedi 14 Avril 2125

Je gigote. Je gigote de toutes mes forces. Je suis une grenouille, un têtard, une otarie échappée d’un cirque aquatique. Mes jambes moulinent comme si elles avaient des trucs à prouver. Mes bras se débattent dans l’eau avec toute la grâce d’un hippogriffe enrhumé. Mes cheveux dansent derrière moi comme des algues possédées. Et dans ma tête, un seul cri intérieur s’élève, plus puissant que le reste : Nage droit devant toi ! Nage droit devant toi ! Nage droit devant toi ! 

 

C’est ma devise. Mon plan d’action. Mon GPS intérieur. Bon, je sais pas ce que c’est un GPS, mais ça sonne bien, alors on garde.

 

Mais au bout d’un moment, faut être honnête : je commence à douter.

 

Mes yeux sont plein d’eau et de mystère, donc je vois pas grand chose. Mais je le sens, dans mon âme d’exploratrice des fonds de mare : je ne vais pas du tout droit. Je tourne peut-être. Je flotte peut-être. Peut-être que j’ai juste fait un cercle autour d’un gros caillou gluant depuis dix minutes. Peut-être que ce gros caillou gluant c’est moi. Mais j’abandonne pas. Non. Parce qu’à la surface, y’a Charlie.

Je l’imagine. Je la vois pas, mais j’la vois quand même, avec ma tête. Elle est là-haut, toute sérieuse, concentrée, baguette levée comme une guerrière mystique, en train de maintenir le sort. Pour moi. Pour mes branchies. Pour ma gloire aquatique. Et moi, qu’est-ce que je fais ? J’agite mes bras comme un spaghetti flippé. C’est pas digne. Alors je redouble d’efforts.

 

Je pense à Charlie. À son regard, à sa voix, au compliment qu’elle m’a fait sur mes yeux. Je souris, sauf que sourire avec des branchies, ça fait rentrer de l’eau dans la bouche. Mauvaise idée. Blurp. Mais je continue d’avancer. Droit devant moi. Même si j’suis pas sûre que ce soit vraiment devant. Y’a pas de panneaux sous l’eau. Pas de flèches. Pas de sens. Juste du froid, du silence, et un peu de boue qui colle aux genoux. Mais j’ai pas peur. Ou si, un peu, mais genre du courage qui pique. Celui qui donne envie de crier des trucs du style : JE SUIS PEUT-ÊTRE PERDUE, MAIS J’SUIS HYDRATÉE ! Même si personne entend. Même si y’a que moi et mes pensées qui se cognent dans mon crâne, comme des crabes bourrés dans un seau.

 

Mes bras fatiguent. Mes jambes aussi. Tout mon corps est en mode battements désespérés et mousse dramatique. Mais j’suis toujours là. Toujours vivante. Toujours avec mes branchies. Et tant que Charlie est là-haut à croire en moi, je vais continuer de nager. Même si je finis par traverser la mare en diagonale. Ou en boucle. Ou en zigzag. L’important, c’est de continuer.

 

Et puis, si je me perds… au moins, je le fais avec panache.

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Mabel Rosier Sinclair

13 ans Sang-Mêlé·e Française Notoriété

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Terrain de Quidditch, Samedi 14 Avril 2125

Je flotte. Enfin, non, je nage. Enfin… techniquement, je m’agite. C’est une sorte de danse aquatique improvisée, quelque part entre un poulpe enrhumé et les convulsions d’un rideau pris dans un courant d’air. J’avance. Enfin, je crois. Parce que c’est difficile à dire, dans ce truc qui sent la vase et les secrets humides.

 

Je suis toujours sous l’eau, toujours avec des branchies grâce à Charlie. Et toujours équipée de mes membres qui, malgré leur motivation, n’ont pas signé pour ce genre de sport. Mes bras brassent l’eau avec l’énergie d’un pigeon désorienté. Mes jambes tentent des trucs. C’est pas toujours cohérent, mais c’est vivant. Et dans ma tête ? C’est un cirque.

 

J’imagine que je suis une crevette diplomate, en mission secrète dans les tréfonds d’un royaume englouti. Ou alors une loutre détective, à la recherche de l’ultime biscuit perdu. Ou peut-être une serviette oubliée dans les égouts, revenue à la vie pour accomplir sa vengeance. C’est confus, mais ça m’aide.

 

Je passe devant une choses qui me regarde de travers -enfin, c’est sûrement une illusion d’optique, mais il avait l’air suspicieux. Je le dépasse dignement, en me disant que je devrais peut-être lui présenter mes papiers, si j’en avais. Je n’en ai pas. Je suis en tenue de combat aquatique : une jupe collées aux cuisses comme de la pâte à crêpe, une chemise devenu algue, et plus de veste, merci bien. Elle flottait comme une méduse dépressive, je l’ai laissée partir vivre sa vie.

 

J’avance dans ce couloir mouillé comme dans une salade trop vinaigrée : en fermant les yeux, et en espérant ne pas croiser un cornichon géant. Je pense à Charlie. Elle doit avoir les bras qui tremblent et les pieds dans l’herbe froide. Et moi, pendant ce temps, je fais la planche nerveuse dans une flaque géante. Il faudrait que je sois digne. Mais bon. Ce serait pas très moi. Alors je continue, en grinçant des coudes et en songeant que je suis peut-être, au fond, un peu comme une soupe. Une soupe courageuse. Une soupe en mission. Et au bout, dans la brume de l’eau, il y a… quelque chose. Une lumière ? Non. Une densité différente. Un changement d’odeur. Le silence qui frémit.

 

C’est là.

Je ne sais pas encore quoi, ni comment, ni pourquoi.

Mais j’y arrive.

Et j’espère juste que personne ne me verra sortir, parce que j’ai probablement une algue collée au front, un air hébété, et la grâce d’un chat mouillé.

Mais bon. J’aurai survécu.

 

Et je pourrai dire : j’ai vu le fond, et il m’a regardée bizarrement.

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Terrain de Quidditch, Samedi 14 Avril 2125

Je crache un peu d’eau, un peu d’algue, et peut-être aussi une vieille émotion mal conservée dans un coin de mon estomac. Et soudain : la lumière du jour. La vraie ! Celle qui chauffe les joues, fait cligner les yeux, et te rappelle que les lunettes de plongée, c’est pour les faibles. Puis y a Charlie. Charlie qui déboule vers moi comme une tornade émotionnelle montée sur ressorts. Elle parle, elle rayonne comme si elle avait gagné à un concours de bonheur.

 

Je souris, mais avec la bouche pâteuse d’un escargot qui aurait survécu à un ouragan. Mon souffle fait le bruit d’un flan battu à la louche. Et mon cœur tape contre mes côtes comme un hibou enfermé dans un tiroir trop petit. Elle me demande si j’ai eu mal, d’un ton doux comme une crème tiède. Pendant que ses doigts ultra professionnels retirent une algue de mes cheveux. Une algue qui s’était clairement proclamée coiffeuse personnelle et propriétaire de mon cuir chevelu. Je voudrais lui répondre un truc profond, genre la douleur est une illusion du mental, mais j’ai encore des bulles dans le cerveau. Nan. Je tousse à la place, comme une théière mal réglée.

 

Et là, quand elle parle du calamar, mes yeux s’ouvrent comme deux hublots en panique. Mais c’est lui qui m’a évité ! Je suis une menace crédible, Charlie. Une sirène vénère. Je crois qu’il m’a reconnue. D’âme de la mer à mollusque géant, on a eu… une connexion muette. C’est totalement faux. J’ai rien vu du tout. Mais faut pas laisser la vérité gâcher une belle histoire.

 

Charlie scrute les alentours, concentrée. Moi, je la regarde comme si elle avait volé un bout de la lumière pour le coller dans ses pupilles. Ses mots flottent autour de moi, légers comme des petits pains invisibles, et j’ai pas encore tout capté que déjà : elle me sèche.

 

Littéralement.

 

Ma chemise, qui ressemblait à une méduse affalée, reprend vaguement forme humaine. Ma jupe arrête de me faire un câlin désespéré. Je frissonne un peu, mais avec panache. Je suis une créature de feu devenue vase et redevenue feu. Ça sonne comme un poème raté, mais dans ma tête, c’est très puissant. Merci, Charlie. Je sais pas si je suis un poisson, un sandwich ou un mythe maintenant, mais au moins, je suis propre !

 

Et voilà qu’elle veut y aller. Direct. Même pas un biscuit entre deux aventures. Elle se tient là, bras écartés, comme un oiseau qui s’apprête à plonger dans un aquarium pour affronter son destin et quelques têtards. Et mon cœur fait des claquettes. Elle est belle, comme ça. Une sorte d’héroïne absurde, prête à en découdre avec la flotte. Alors moi, je me redresse, encore un peu vaseuse -dans le style, pas dans l’odeur oh-, et je tends la main comme une grande prêtresse de l’étrange. T’es sûre ? Une fois que t’as goûté au royaume du dessous, y’a plus de retour. Les branchies, ça gratouille dans le cou, mais c’est stylé. Et l’eau… l’eau, c’est comme un grand secret qui essaie de t’étouffer en te faisant un câlin humide.

 

Je hausse un sourcil, très dramatique, et je brandis ma baguette comme une brochette magique. Tiens-toi prête. T’es sur le point d’être très très humide. Je ferme un œil pour mieux viser -ça aide pas, mais ça fait genre. Je vide mon esprit -facile. Branchia Ventosa 

Des branchies apparaissent bien comme il faut, pile là où il faut. Mabel la pro !

 

Mais bon... Pas de paillettes, pas d'effets spéciaux, mais ça fait le job. Dommage, monde cruel. Elle ressemble juste à une humaine-poisson-pas-trop-mal-foutue. Ça fait très truite des beaux quartiers.

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Les ronflements de ma camarade me tapent sur le nez avant même que mon cerveau ait eu le temps d’émerger. J'essaie de grogner contre la responsable, mais elle s’en fiche royalement. L’insolente ! Je me retourne dans mon lit pour lui montrer mon mépris, mais je me prends la rambarde dans les côtes. Super. Très classe. Bravo, Mabel. 

 

J'ouvre un œil. Puis l'autre. Je suis en vie. À peu près… Je crois. 


Ma cervelle fait une tentative de reconnexion. On fait quoi aujourd’hui ? Ah oui. Métamorphose. Terrain de Quidditch. Prof avec des idées cheloues. Et moi au milieu de tout ça. Flemme.

Je roule hors du lit en mode boule de pâte à crêpes. J’atterris sur le tapis avec un URGGG bien sonore. La journée commence sous le signe de la grâce. J’attrape au vol mon uniforme froissé au pied du lit, passe une main dans mes cheveux dans un geste de coiffure approximatif, et hop-là, en avant le chocolat !


Pas le temps pour le luxe aujourd'hui. À peine un morceau de pain volé hier qui traîne, engloutie en traversant la salle commune. Encore chaud de la bougie avec laquelle je l’ai cramé. Enfin… je crois. Ça avait un goût de brûlé. Ou de magie noire. Tant pis.


Je dévale les escaliers quatre à quatre, manquant de me vautrer une bonne douzaine de fois. Faites attention aux escaliers, Mabel !  Bah ouais, comme si c'était moi qui décidais où mes pieds vont. Ridicule ceux-là. Pfff.


Je sors du château. L’air frais me gifle gentiment la figure. Y'a une odeur d’herbe mouillée et de ciel pas sec. Et puis y a des nuages qui complotent au-dessus de nos têtes. J’adore ! Ça sent l’aventure, le désastre potentiel, et un peu le Patmol mouillé aussi, mais bon -Hein ? Patmol c’est qui ? J’sais pas. 


Je vois au loin la silhouette du terrain. Je cours droit devant. Puis en arrivant, je vois plein de trucs bizarres. Super. Pourquoi faire simple quand on peut foutre tout et n’importe quoi en pleine pelouse hein ? Les profs de Métamorphose sont tous un peu cinglés, c'est officiel. 


Je fonce près des autres élèves, la baguette dans une main, le cœur dans l'autre, métaphoriquement, sinon ce serait bizarre, prête à affronter tout ce que le prof va nous balancer à la figure.


COUCOU ! C’EST MOI ! LA LUMIÈRE DE VOTRE VIE !


Mains sur les hanches, fière de mon arrivée avec magnificence -ça veut dire quoi ?-.

Prête à tout pour leur montrer que je suis la reine des temps boueux.


OUUUUAISS ! C’est une chasse au trésor ce matin ! Hein M’sieur ?!


Même quand j'ai encore qu’une chaussette sur deux.

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Terrain de Quidditch, Samedi 14 Avril 2125

Le professeur Pope se met à parler. Longtemps. Trop longtemps. Il parle de choses, de trucs, de machins, de bidules, de je sais pas quoi... Moi, j’écoute que d’une oreille, comme un escargot sourd. Et encore, c’est une oreille du fond. Parce qu’en vrai, moi je me demande : les branchies, ça gratte ou pas ? Est-ce que ça veut aussi dire que je vais devoir renoncer aux cookies pour toujours ?
Pendant ce temps-là, mes yeux bavardent entre eux pour regarder les autres. Je vois la petite Charlie, elle a une bouille que j’aime bien. Elle sent la lavande et les accidents doux, enfin je crois. Genre comme tomber dans un gâteau. J’aime bien l’idée et le projet. 


Puis, hop, j’sais pas comment on a décidé, mais voilà que moi et Charlie, Destiny, baby, on est ensemble -enfin pour l'exercice, pas pour la vie, ça se décide pas avec des paroles mais avec le regard toussa, hum, voyez.
Je saute en première ! C’est tout naturel après tout, je suis une aventurière intergalactique en mission confidentielle. Moi, j’ai pas peur de l’eau. Ni des méduses. Ni des flaques. Ni de rien, sauf peut-être des rideaux de douche qui collent.
Charlie parle de bestioles dans la flotte. Genre des bestioles moches. Genre "des trucs" pas cools. Je rigole. Amusée. Un peu apeurée… T’as peur des bestioles ? Moi aussi j’ai peur des bestioles… Mais pas dans l’eau ! Mais dans les placards. Les placards, c’est sournois !


Et puis voilà qu’elle me dit un truc gentil. Un compliment. Sur mes yeux.
Mes yeux ? Mes yeux !
AH.
Mon cœur fait une pirouette. Mon estomac tombe dans mes chaussettes.
Ohlala… Charlie elle est troooop gentille. Elle est mignonne, elle mérite même un petit bisou sur la joue, ou sur la narine peut-être !
Mais ça se fait pas. Pas tout de suite. Faudrait pas qu’elle s’évanouisse de bonheur.


Je lui fais un clin d’oeil, avec un sourire digne d’une pub pour les licornes. Tes yeux à toi aussi ils sont pas moches ! Ils brillent comme… comme… un sortilège de lumière lancé dans un seau de grenadine. C’est magnifique !


Et puis elle me jette le sort. Bam. Branchies activées. Je sens un truc dans mon corps qui se transforme, et là… C’est le moment. LE MOMENT.
Je saute dans l’eau. En BOMBE.
POUR LE FROMAGE ET LA SCIENCE ! 
Petit cri intérieur. 
Un gros SPLASH ensuite.  
Enfin, ça ferait splash si j’avais des oreilles normales. Là, j’ai des branchies, alors j’entends juste un glouglou très intense. Ou peut-être que je confonds mes oreilles et d'autres choses. C’est possible aussi. 
J’aurais aimé crier très fort un POUR L’HONNEUUUUR ou un À MOI LA GLOIIIIIRE ou un QUE LA SOUPE ME SOIT FAVORABLE mais bon, branchies obligent, je me retiens. La classe silencieuse, version sous-marine.


Je commence à nager. Nage de chien, bien sûr, comme toute personne sérieuse.


Tout droit.
Tout droit.
Tout droit.


Puis…


Attends. C’est encore droit ça ? Ou j’ai tourné ? Est-ce que je fais une boucle ? Est-ce que les poissons ont un sens de l’orientation ?


Je remonte un peu, juste un p’tit coup d’œil, pour vérifier que j’suis pas en train de nager vers le Pays Imaginaire ou le lac de la cantine.


Et là.
Je le vois, au loin.


Poule en Ski. Torse nu. Tatouage magique en plein milieu de la poitrine, genre je suis une énigme à moi tout seul. Pfff il se la pète. 
Et je me fige. Comme un poisson devant un hameçon doré.


Attendez… il fallait se déshabiller ?!

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Mabel Rosier Sinclair

13 ans Sang-Mêlé·e Française Notoriété

Gryffondor
Fondateur.trice.s du Site, ayant participé à la construction d'Harry Potter RPG !
Terrain de Quidditch, Samedi 14 Avril 2125

Bon. Alors voilà. Mon sort, il fait rien. 
Nada, niet, que dalle. 
C’est pas qu’il se rate. Non non. Il s’absente. Comme une chaussette après lavage. Pouf, évaporé dans le néant de l’incompétence magique. 


Je baisse ma baguette, fière malgré tout. Le menton levé comme si j’étais une grande magicienne. 
C’est l’attitude qui compte, pas le résultat. 

Je fronce les sourcils, genre concentration absolue. J’avais pourtant bien visualisé les branchies… avec les petits plis et tout. Peut-être qu’elles étaient trop jolies pour apparaître. Et j’y crois à moitié, ce qui est déjà bien plus qu’un quart. 

Charlie semble amusée de la situation, c’est l’essentiel ! Elle me dit même que c’est moi le poisson-chat. Alors là, ça mérite un clin d’œil, un vrai de vrai, bien appuyé comme une tartine de confiture. 
Miaou. C’est probablement la chose la plus bizarre que j’ai jamais dite à quelqu’un. Je suis fière !


Charlie me balance le sort. Et là, here we go again ! 
Les branchies réapparaissent comme si elles n’avaient jamais eu envie de me quitter. Ça chatouille un peu, mais j’adore. J’suis à moitié sirène, à moitié bête de foire, à moitié… bon, ça fait trop de moitiés. Je vous laisse faire les maths.


Je claque des doigts. Vire ma veste avec panache. Ou alors je la coince dans un rocher, on verra plus tard. Et je bondis. 
Littéralement ! 
Une bombe digne des plus grands marécages magiques. 
Y a des éclaboussures, une chaussette qui s’échappe. Encore une ?! 
Et moi, qui coule avec l’élégance d’un potiron dépressif. 

Sous l’eau, c’est calme. Humide, mais calme. Je nage. 
Enfin… nage c’est un grand mot. Je remue tout, un peu comme un chiot qui apprend à danser. Ça fait des bulles, des remous, des mouvements flous, mais moi, j’suis à fond. J’avance, ou je recule ? Aucune idée. Mais je bouge. 
C’est déjà pas mal. 

Je continue d’avancer en ligne droite. Enfin, ma version de la ligne droite. C’est-à-dire une sorte de spirale gauche qui pense à droite, mais qui finit dans un virage. Chaque battement de jambe m’éloigne un peu plus de la réalité et m’avance un peu plus près de… de quoi déjà ? 
Ah oui. De l’objectif. Le but. Le trésor ? 
Non. La mission. 
Enfin bref, un truc. 


Je vois pas de poissons. Ils doivent avoir peur. Ou alors ils sont morts de rire. Peut-être que je suis en train de devenir une légende aquatique. 
Mabel, la sirène bancale. 

J’suis bien là, dans mon monde liquide, dans mes pensées étranges, dans ma nage désorganisée mais motivée. 
J’ai froid, j’ai faim, j’ai perdu toute notion du haut et du bas, mais j’ai des branchies et j’suis vivante. 
C’est beau. Et j’avance. Droit devant. Ou pas. Mais j’y vais.

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Mabel Rosier Sinclair

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Grosse prise de conscience.

 

Genre moi je suis là. Trempée comme un escargot en plein concert, avec mon uniforme collé au corps. Pendant que d’autres font les beaux version pub sorcière pour crème solaire magique. Mais c’est pas grave. Parce que j’ai mes branchies. Et ma dignité. Enfin non, j’ai que les branchies. 

Je secoue la tête, avec la grâce d’un rocher motivé, et je continue d’avancer. Nage de chien activée, mode turbo. Si je me perds, au pire, je fonderai une civilisation sous-marine. Et je serai leur reine. Reine Mabel Premier du Nom, des Profondeurs Baveuses ! 

Je pousse un POUR LA CONFITURE DE MA MAMIE mental qui résonne dans mon crâne comme une casserole qu’on tape à la louche. Puis je m’élance. Enfin… j’essaie. Parce que même si j’ai des branchies et que je respire l’eau comme une championne olympique du gobe-tout -c’est comme ça que ça marche non ? Mes bras font toujours la nage du chien. Et pas un chien classe, genre lévrier aquatique. Non. Un petit teckel paniqué qui essaie d’atteindre une bouée en mousse. 

Mais bon, j’ai de la volonté. Et ça, c’est plus fort que les bras. Enfin, je crois. 

J’avance. Tout droit tout droit tout droit. Je me le répète comme une formule magique. Tout droit tout droit tout droit. Ça va créer une carte magique dans ma tête, je vous dit. 

Mais au bout d’un moment… eh bah je me rends compte que… c’est toujours flou là-dessous. Genre, je vois rien. De l’eau. Encore de l’eau. Un peu plus d’eau. Peut-être un poisson. Ou un vieux gant ? Je suis pas sûre. 

Le doute frappe à nouveau, comme un petit coup de pelle : est-ce que je vais vraiment tout droit encore, là ? Parce que dans ma tête je vais tout droit. Mais dans la vraie vie ? Peut-être que je fais des cercles comme une toupie hydratée. 

Je commence à penser à des trucs graves, genre les grenouilles borgnes, et ça m’aide pas. Alors je me remet à gigoter des pieds, rapide comme un bouchon de potion mal rebouché. 

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Que dit une noisette dans l’eau ?

Au secours, je me noix

 

J’ai beaucoup de points communs avec les noisettes, visiblement...

 

Je me débats vaillamment. Je pédale avec les bras, je tourne des jambes, je fais des brasses dignes d’un crapaud épileptique. Mes branchies vibrent au rythme de ma panique tranquille. C’est beau. C’est poétique. C’est nul. Très, très nul...

 

Je pense à Adam. Ça ne m’aide pas spécialement, mais ça me réchauffe le cœur. Puis… plus rien. Plus d’eau dans les poumons. Plus de branchies. Plus de glouglous rigolos. Juste de l’air. De l’air tout sec, tout simple. Et du sable dans les chaussettes. Hein ?

 

Je cligne des yeux. La terre ferme ! J’suis revenue sur la rive. Comment ? Je toussais trop pour comprendre. Peut-être qu’une grenouille m’a téléportée ? Peut-être que j’ai été recrachée par une algue géante ? Mystère et boule d’hippocampe -enfin pas trop, tout le monde sait comment je suis remontée, mais j'aime bien faire des mystères. Pas vous ?

 

Bref, je suis vivante. Trempée, dégoulinante, dégoulinifiante, mais vivante. Et toujours aussi jolie, c’est fou ça.

 

Je m’ébroue comme un chien heureux, balance un peu d’eau sur mes camarades sans faire exprès, presque pas exprès. Puis je me tourne vers Charlie avec un sourire aussi éclatant que mes dents pas lavées du matin. Allez, à toi maintenant, mon poisson-chat. Baguette pointée sur elle. Amuse-toi bien là-dedans, j’ai rencontrée un calamar qui aimait faire des bisous aux Serdaigles ! Petit clin d'oeil. Branchia Ventosa !

 

Je cligne des yeux. Je cligne encore. 

Puis je penche la tête. 

Y a… rien. Genre RIEN. 

 

Charlie a exactement la même tête qu’avant. Tu crois qu’il faut attendre que la pleine lune se reflète sur l’eau ? Je plisse des yeux. Je la regarde, perplexe. Un visage de patate molle. Bon… Tu veux pas réessayer, j’imagine ? 

 

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Les vieilles bubulles me chatouillent les joues. Y’en a une qui passe devant mon nez. Elle est jolie. Je la suis du regard, puis je la perds. Zut. Elle avait un petit potentiel cette bulle.

 

Je continue d’avancer. Enfin, mon corps avance. Ma tête, elle, est partie faire un tour. Je pense à des choses très importantes, comme : Est-ce qu’un hippocampe, ça peut aller au galop ? Si j’ouvre la bouche sous l’eau, est-ce que je peux chanter ? Est-ce que les branchies, ça gratte si on éternue ? Si je rigole trop fort, est-ce que je vais aspirer le lac ?

 

Mais je me reconcentre. Je remue mes bras comme une magicienne qui danse mal. Je gigote des jambes, j’essaie d’éviter les trucs gluants qui flottent comme des cheveux oubliés par une sirène négligente. Je suis concentrée. Une vraie flèche. Une flèche qui tourne un peu sur elle-même, mais flèche quand même. Je pense à mon objectif. Mon but. Mon destin. Et j’me dis : Allez Mabel, t’es un missile aquatique, un têtard de guerre, une anguille motivée ! Sauf que je me cogne et fais une petite roulade sous-marine. Bon. Pas grave

 

Nouvelle stratégie : la nage de l'étoile de mer paniquée. Beaucoup de bras. Beaucoup de jambes. Zéro direction.

 

J’esquisse une roulade pour le style, je claque de la jambe en mode sirène, et je me dis, très solennellement dans ma tête : C’est maintenant. C’est l’instant. Je suis la vague, je suis la tempête, je suis… AIE ! Je me reprends un truc en pleine cuisse. Je couine. Dans ma tête, heureusement. Sous l’eau, pas de son. Juste ma dignité qui se dissout lentement. 

Mais je ne renonce pas. J’avance, je glisse, je flotte, je me redresse, je me prends à rêver. Et aussi à m’embrouiller un peu avec le sens de l’orientation, parce que tout se ressemble ici.  Je tends la main. Vers quoi ? Aucune idée. 

C’est le mystère. Mais c’est beau. Il n’y a rien autour, juste moi et mon envie de découvrir. D’aller au bout. De trouver un machin. N’importe quoi. Une lueur, une boîte, un objet magique ou un vieux soulier abandonné par un professeur distrait.

 

J’ai froid. Mais j’ai chaud aussi. C’est bizarre.

 

Je reprends mon sérieux. Enfin, mon genre de sérieux. Le type de sérieux qu’on trouve dans une boîte de céréales, entre deux surprises. J’enchaîne les mouvements, mes branchies fonctionnent à merveille, j’ai presque l’impression d’être née ici. Dans cette eau un peu trouble, un peu froide, un peu pleine de machins. J’aime bien. C’est doux. Et ça me fait des guilis derrière les oreilles.

 

Des formes sombres dansent au loin. Peut-être un rocher. Peut-être un trésor. Peut-être juste ma vision qui décide de faire une pause. Mais j’y vais. Je continue. Je suis Mabel. L’exploratrice des fonds flous. La nageuse sans boussole. La terreur des algues. Et je vais au bout du monde. Ou de l'exercice. C’est pareil, non ?

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L’eau s’ouvre comme une tarte surprise.

Et elle disparaît.

 

Mon cœur fait un triple looping. J’ai pas eu le temps de vérifier si elle savait nager avec des branchies. Est-ce que j’aurais dû lui expliquer ? Est-ce qu’elle nage avec les bras ou est-ce qu’elle ondule maintenant ?! Est-ce qu’il faut qu'elle pense très fort comme un poisson pour ne pas couler ?!

 

Je me rapproche du bord, tendue comme une baguette prête à se casser. Rien. Pas une bulle. Pas un remous. Pas même un couac dramatique de calamar. Juste un grand miroir liquide, lisse et impénétrable. Charlie a disparu, comme un secret qu’on enferme dans une boîte sans étiquette.

Mon sort a bien marché. Ou alors elle s’est évaporée dans une autre dimension aquatique. J’hésite. Je tends l'oreille vers la surface comme si j’allais entendre sa voix déformée par les profondeurs. Mais non. Rien. Pas de bulles en morse, pas de nageoire affolée. Juste de l’eau. Et moi. Et une espèce de silence solennel, un peu moite.

 

Pendant ce temps, je tiens. Mon bras reste levé, baguette en main, concentrée comme une louche au-dessus d’une potion fragile. C’est pas un sort autonome, faut le nourrir. Le maintenir. Une goutte de volonté, un soupçon d’équilibre mental, et voilà des branchies opérationnelles. Si je flanche, elle tousse. Si je me déconcentre, elle redevient une Charlie-bien-hydratée.

 

Je reste là. Frissonnante d’orgueil, de bêtise. Mon amie est devenue poisson. Et je l’ai aidée. Moi. Mabel. J’ai lancé un sort, et elle l’a pris comme on saute dans un train en marche. Sans poser de questions., Sans regarder s’il y avait un wagon restaurant. Et maintenant, elle fend l’eau quelque part, seule comme une championne, dans le silence abyssal.

 

Et moi, Mabel, je reste au bord. Je garde la rive. Prêtresse de surface, guetteuse de bulles, gardienne de l’essuie-tout mental. Je suis légèrement tremblotante, un peu ridicule, fière comme une huître élue reine du bal. C’est peut-être ça, la magie. Faire quelque chose de bizarre, puis attendre bêtement en espérant que ça se transforme en miracle.

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Je pense très fort, reste branchies, reste branchies. Restez là mes petites copines gélatineuses. Comme si c’était des chatons aquatiques qu’il fallait convaincre de ne pas s’enfuir. Parce que si elles se barrent, Charlie redevient un mammifère complétement classique. Et on n’a pas exactement le temps de commander un tuba.

 

Maintenir un sort, c’est pas sorcier, qu’ils disent. Haha. Très drôle. C’est comme essayer de retenir un pet magique en pleine messe. Faut de la grâce, de la discrétion, et surtout ne penser à rien d’autre. Tu te concentres, tu plisses les yeux, tu fais genre t’as l’air sage et puissant. Alors qu'on dirait que tu essaies de garder une flaque en place avec la force du regard. Mais en vrai t’es juste là à te dire surtout pense à rien d’autre, surtout pas à des cornichons. Et évidemment, maintenant j’ai envie de cornichons, des cornichons en tutu. Super.

 

Je visualise. Branchies branchies branchies. Comme un mot magique. Comme un mot de passe pour entrer dans le club très privé des poissons distingués. Allez, Charlie. Nage. Je tiens le coup. Même si mon cerveau commence à faire des galipettes. 

Est-ce qu’on peut transpirer de la concentration ? Est-ce que ça se voit si je commence à loucher ?

 

Non !

 

Je suis la gardienne des branchies. La bergère des ouïes. L’architecte de la respiration piscicole.

 

Merde, faut pas que je me gratte le nez.