De la farine, du sucre, des pâtes. Et la prochaine fois ce sera quoi ? Du popcorn qui explose ? Ils n’étaient pas des elfes de maison emprisonnés dans les cuisines. Ça suffit cette histoire de bouffe ! La blonde serre les mâchoires, sentant son irritation grimper d’un cran. Elle essuie son visage d’un geste sec. Le rouge de ses joues se mêle à celui de la sauce. Une chaleur désagréable lui monte jusqu’aux oreilles. Elle sait qu’elle ne devrait pas laisser ce genre de chose l’atteindre. Si l’échec en lui-même ne la dérange pas autant que ça, le ridicule qui l’accompagne, lui, est loin d’être son meilleur ami.  

Elle termine de se nettoyer. Passe rapidement une main sur sa robe. Vérifie qu’elle n’a pas d’autres traces de cette averse culinaire. Puis redresse légèrement la tête pour observer autour d’elle. Les autres continuent. C’est devenu une course contre l’ego, un défi tacite où chacun refuse d’être le premier à abandonner. Elle les entend marmonner, tenter encore et encore, comme si répéter l’exercice suffisait à garantir une réussite. C’est à la fois beau et affligeant. Beau, parce qu’il y a une certaine ténacité à vouloir prouver qu’on peut réussir. Affligeant, parce que personne n’y arrivait. Et au fond, Julian n’est pas bien différente. Elle n’a pas envie de renoncer, l’échec on apprends à le dompter. Spécialement aujourd’hui, vu ses nombreuses galères de la journée. 

Le sort est très loin d’être facile, et tout le monde semble en avoir conscience. On pourrait même dire que le prof avait envie de voir, si l’impossible était possible avec eux. Une sorte de test grandeur nature pour jauger leur ténacité, peut-être ? Et ils ont presque tous répondu à l’appel. Julian est pareil, elle refuse d’en rester là. Surtout pas après ce qu’il vient de se passer. Elle prend une grande inspiration. Referme sa prise sur sa baguette, et laisse ses épaules se détendre légèrement. Elle chasse l’irritation, se force à ne plus penser aux échecs précédents. Ce n’est pas comme ça qu’elle progressera. Un battement de cils, un souffle lent. Un instant de calme. Puis, elle lève sa baguette et prononce à nouveau, d’une voix ferme et assurée. #[Mutante Clypeus] ! 

Encore une fois, le bouclier se forme. Sauf qu'il ne reste pas longtemps. Du moins, pas assez pour que les projectiles puissent passer au travers. 

Tel est pris qui croyait prendre. C'est ça qu'on dit, non ? Sam secoue la tête, même si dans le fond la proposition d'Ambrose fait que balancer du fuel sur la fausse compétition dans laquelle elle les a balancé. Même que c'est à double-sens, pas vrai ? Alors si c'est elle qui réussit, ce Ambrose le foutu majordome.

- Dans tes rêves, Rosendale, elle réplique du tac au tac alors qu'il se place pour contrer les projectiles.

L'échec la fait particulièrement marrer. Elle sait pas trop pourquoi le professeur Pope s'amuse à faire d'Ambrose un plan de travail de cuisine, mais elle a envie d'approuver.

- Bah faute de maîtriser la métamorphose avancée t'vas peut-être apprendre à faire des pancakes ! Ça te servira pour me faire mon petit-déjeuner quand tu seras à mon service.

L'insolence lui fait tirer la langue, dans une imitation d'un certain Ferguson Decker. C'est bon enfant, et ça fait un bien fou de retrouver ce genre d'ambiance après le bordel du début de cours. Sam voit Sasha tenter sa chance sans grande conviction, et s'approche alors qu'il affiche une gueule complètement dépitée pour prendre sa place, lui offrant un sourire compatissant.

- La prochaine s'ra la bonne ! Elle lui assure. Bon, Rosendale, mate ça.

Nan parce qu'on sait jamais, sur un malentendu elle réussi vraiment, et elle un Ambrose à son service pour vingt-quatre heures. Ce serait carrément le pied.

Les fragments de nouveau se désagrègent sur la protection du professeur Pope, retombant mollement aux pieds d'une Sam qui ne perd pas son enthousiasme malgré l'essoufflement.

- La prochaine sera la bonne pour moi aussi, elle indique à l'intention de Sasha, puis d'Ambrose.

Sans surprise, mais avec un large sourire aux lèvres, Edwin observe les visages tantôt enfarinés, tantôt emplumé des élèves. Tous semblent déterminés, mais aucun ne parvient à tirer son épingle du jeu. 

- Terminé ! Merci d'avoir essayé, vous avez visiblement encore besoin d'entrainement pour maitriser ce sortilège...

Son intervention fera sans doute grincer des dents, surtout les plus motivés d'entre eux, mais il faut savoir mettre fin aux bonnes choses.

- J'accorde 25 points à Gryffondor, 85 à Pousouffle et 150 pour Serpentard ! Nous nous retrouverons pour le prochain cours de soutien d'ici quelques semaines... gardez l'esprit ouvert et l'oeil vif. Bon week-end à tous.

Il leva les sortilèges de protection, tentant tant bien que mal de cacher son propre épuisement, mais ses jambes flageolent doucement. Quelle idée...

----- Notes HRPG -----

Merci pour votre participation et votre activité tout au long de ce cours ! Les sabliers seront rapidement mis à jour.

Bonne semaine à vous et à très vite !

À peine prononce-t-elle ces mots que l'enseignant interrompt l'exercice et empêche Spike de retenter une dernière fois sa chance. La cadette Carter hausse ses épaules et sourit silencieusement, amusée par la frustration du Serpentard. Elle-même aurait voulu réussir, mais la fatigue engourdit ses bras. Un peu en retrait, elle hoche la tête de manière satisfaite en écoutant le bilan des points pour cette matinée. Parfait, murmure la rouquine en imaginant déjà les félicitations de leur Directrice de Maison.

Quant à ses performances individuelles, elle les juge plutôt bonnes dans l'ensemble, et réalise avec contentement qu'elle n'est pas à la ramasse face à des sixièmes années, loin de là. Celle qui passe souvent pour une pimbêche aux yeux des autres balaye d'un regard songeur les différentes silhouettes muées du brouhaha de la fin du cours de soutien. Aurait-elle ses chances au Tournoi finalement ? Elle croise les iris aigris du Gryffondor et ravale sa salive, une boule soudaine à l'estomac. "Quoi ?", demande-t-elle sans parler tandis qu'ils sont séparés par l'entièreté de la salle. Le mouvement de Spike à côté d'elle détourne son attention. 

Alison récupère ses affaires posées près des siennes. Bon dommage, j'vais devoir réviser sagement c't'après-midi alors, lui murmure-t-elle, le coin de ses lèvres étirées pendant qu'elle enfile sa robe de sorcière pour affronter le froid des couloirs.

— Au-revoir Sir, bon weekend ! lance enfin la cinquième année au professeur en sortant.

T'as presque envie qu'elle réussisse avant toi. Juste pour voir ce qu'elle te demanderait. Y'a plein d'idées qui te passent par la tête, et franchement, toutes sont plutôt tentantes dès lors qu'elles incluent une absence totale de vêtements et des mains baladeuses. Alors tu acceptes le deal sans souci, persuadé que l'un de vous deux finira forcément par réussir ce foutu sortilège. Et désormais, tu te fous royalement que ce soit toi ou elle. Dans tous les cas, l'après-midi sera des plus intéressantes.

Et tandis que tu l'observes se foirer, et que tu t'apprêtes à retenter ta chance, Pope annonce la fin du cours, te laissant baguette brandie vers des projectiles disparus. Tu pensais pas que ça arriverait si vite, la fin du cours. Tu vois soudainement ton après-midi de rêve te passer sous le nez, tandis qu'Alison mentionne des révisions sages. Tu pinces les lèvres un instant, avant de ranger ta baguette dans ta poche d'un air renfrogné.

- J'vais m'entraîner alors.

C'est sûrement plus important pour ton avenir que d'améliorer tes performances sexuelles. N'empêche que le changement de programme t'emmerde profondément. Peut-être que tu devrais juste chercher une autre meuf qu'Alison qui serait prête à ce petit arrangement elle aussi. Histoire d'avoir toujours une meuf de libre quand t'as envie. Mais t'as un peu la flemme de chercher. Et puis, faut vraiment que tu t'entraînes si tu veux pas prendre du retard sur le reste de l'équipe. 

- Au r'voir M'sieur Pope.

C'est balancé sans réel entrain. Tu lui en veux toujours un peu pour la façon dont il t'a traité après l'excès de violence de Decker. Il aurait dû être clairement de ton côté. Au lieu de quoi, il t'a puni injustement, que ce soit en te forçant à aller à l'infirmerie, ou en te laissant gérer le mannequin seul par la suite. Sans ça, t'aurais probablement pas foiré ton sort au point qu'il se retourne contre toi. Tu t'es tapé la honte à cause de lui, et c'est pas près d'être oublié. Tous ces sorts... T'es carrément vidé de ton énergie lorsque tu te barres de la salle de classe. Et pourtant, t'es bien décidé à retrouver ton cher balai.

Ambrose éclata de rire à la réplique de Sam. Il se doutait qu'elle ne se laisserait pas faire si facilement et que la lutte serait acharnée entre eux pour parvenir à faire plier l'autre à sa volonté. Mais leurs duels étaient toujours faits dans la joie et la bonne humeur, et surtout, ils n'avaient pour but que de leur permettre de dépasser leurs limites dans un affrontement sain entre amis. 

- Mes pancakes sont déjà absolument délicieux, t'as juste jamais mérité de les goûter, voilà tout ! répondit-il en ayant bien du mal à faire taire son rire.

Il essaya cependant de reprendre son sérieux afin de ne pas déconcentrer sa camarade : une victoire n'avait de valeur que si elle était obtenue à la loyale, et il n'avait pas l'intention de voler la sienne. Malheureusement, il fallait croire que l'idée d'avoir Ambrose Rosendale à son service pendant vingt-quatre heures n'était pas suffisante pour se transformer en parfait petit génie de la métamorphose avancée. Mais avant que qui que ce soit puisse essayer de nouveau, le Professeur Pope mit fin au cours. Ambrose rangea sa baguette. Il eut une légère grimace en haussant les épaules.

- Dommage, j'aurais adoré un bon massage après l'entraînement de Quidditch, chuchota-t-il à Sam, en laissant volontairement un blanc avant d'ajouter avec un immense sourire Un massage des pieds, évidemment.

Le préfet donna une légère tape sur l'épaule de son amie afin de donner l'impulsion pour quitter la salle, non sans saluer chaleureusement le professeur Pope au passage, le remerciant pour son cours. Il aurait pu être pleinement satisfait de tout cela si seulement Gus n'avait pas été viré. Et qu'il n'avait pas fait perdre cinquante points à leur maison en cédant aux provocations de Ryder.