Non binaire
31 ans
Sang pur
Britannique






Identité
-
- Diplômé•e
- Surnoms : --
- Nationalité : Britannique
Capacités & Statuts




Groupes


Message publié le 13/02/2025 à 18:53
Lorsqu’iel poussa la porte d’Ollivanders, un tintement cristallin s’éleva, fragile, suspendu dans l’air comme un écho du passé. Le bruit se répercuta un instant entre les rayonnages serrés avant de mourir dans un silence feutré, presque respectueux. Une odeur épaisse l’enveloppa aussitôt, mélange de bois ancien, de cire oubliée et de quelque chose d’indéfinissable – une trace de magie figée dans le grain des étagères, incrustée dans la poussière qui s’accrochait aux boîtes empilées. L’air lui-même paraissait dense, alourdi par des siècles de chuchotements et d’attente.
Rowan hésita sur le seuil, sa silhouette encadrée par la lumière grise de l’extérieur. Un frisson imperceptible lui remonta l’échine, mais ce n’était pas le froid. C’était ce poids étrange, cette impression de vacillement intérieur qui le suivait depuis des semaines. Iel avança d’un pas, et le plancher grinça sous ses bottes en cuir, protestation discrète d’un lieu qui avait appris à reconnaître ses visiteurs.
Aon reposait dans sa paume, inerte. Un vestige familier devenu étranger. Le bois de sorbier, autrefois vibrant sous ses doigts, était désormais tiède, comme assoupi. Plus d’écho rassurant, plus de frisson discret courant le long de son bras. Seulement un silence creux, un vide entre elle et lui. Rowan la fit rouler entre ses doigts, et le tintement de ses bagues contre le manche résonna comme une note fausse dans le sanctuaire des baguettes.
Iel ferma brièvement les yeux. Longtemps, cette baguette avait été une évidence, une extension naturelle de son être. Un fil invisible les liait, un murmure entrelacé à sa magie. Et maintenant ? Le fil s’effilochait, ténu, fragile.
Les premiers signes avaient été subtils – un Lumos hésitant, un sort de soin vacillant au moment critique. Des détails que l’on met sur le compte de la fatigue. Puis étaient venues les hésitations, les sortilèges qui semblaient réticents, qui réclamaient une volonté plus farouche pour s’exécuter. Et hier… Hier, à Sainte-Mangouste, lorsqu’iel avait voulu stabiliser un patient, iel avait senti la résistance. Comme si la baguette s’ancrait dans sa paume au lieu de couler avec lui. Comme si elle exigeait un effort conscient pour un geste autrefois instinctif.
Rowan rouvrit les yeux. Devant lui, les ombres s’étiraient entre les rayonnages, et les boîtes empilées semblaient le scruter en silence. Chaque baguette ici portait une histoire, une résonance unique avec celui ou celle qui la maniait. La sienne… Était-elle en train de lui échapper ?
Un soupir lui échappa, léger comme un fil de fumée. Ses pensées dérivèrent vers Castelobruxo, la moiteur verte de la forêt, la pulsation de la magie qui s’insinuait jusque dans l’air et les os. Là-bas, iel n’avait jamais douté. La magie se déployait comme un fleuve, fluide et indomptable, et son Aon s’accordait à ce flot sans effort. Ici, tout était plus rigide, taillé dans la pierre et la tradition.
Et si elle aussi avait le mal du pays ?
Ou bien… était-ce lui ?
L’idée lui serra la gorge. Iel repensa à l’Occlumencie, à cette muraille intérieure patiemment construite au fil des années. Protection nécessaire, oui, mais aussi isolement. À force de verrouiller son esprit, avait-iel fini par s’éloigner d’elle ? Avait-iel trop coupé le lien ?
Ses doigts se crispèrent sur le bois poli. L’espace d’un instant, iel crut percevoir un écho, infime, une résistance qui n’était ni acceptation ni rejet, juste une attente muette.
Un craquement discret s’éleva de l’arrière-boutique, mais Rowan ne détourna pas le regard de sa baguette.
Iel n’était pas venu.e chercher une nouvelle baguette.
Iel était venu.e retrouver la sienne.