Machinalement, Basil a porté une main à son visage pour vérifier qu'il n'avait pas en effet reçu un coup de soleil. Ou alors pour vérifier qu'il n'était pas en train d'entrer en combustion spontané. Car voyez-vous, plus difficile encore que de rougir pour un oui ou pour un non, c'est encore quand on vous fait remarquer que vous avez rougi. Basil a chaud. terriblement chaud. C'est donc volontiers qu'il suit Charlie à l'ombre.
- Ouais je sais, il commente au sujet des Poufsouffles.
Une fois, Basil avait pris un cliché du groupe, comme s'il cherchait à capturer l'essence même de ce qui semblait les relier si naturellement. Leurs rires éclataient en boucle sur le papier glacé, leurs regards complices échangés au-dessus de nuages de fumée blanche dont l'odeur semblait différente, parfois, des cigarettes. Basil s'installe auprès de sa camarade, sa sacoche déposée dans l'herbe, le Mekapteur coincé entre des cahiers emplis de notes diverses et plusieurs manuels épais. Il est inerte, et pourtant il est persuadé souvent d'encore entendre ses rouages cliqueter à l'intérieur.
- Mh. Nan, pas trop, Basil admet alors que ses yeux se posent sur le joueur de Quidditch que lui montre Charlie. Pas du tout serait une réponse plus appropriée. S'il est un domaine dans lequel Basil patauge, c'est bien celui du sport. C'est plutôt cool ! Il le pense bien sûr, même s'il ne partage pas l'enthousiasme de Charlie pour les figures sur balai.
Le garçon s'intéresse malgré lui de très près au carnet ouvert par Charlie, ne peut pas s'empêcher d'observer tout ce qu'il voit passer sur des pages entières. Là quelques dessins. Ici des notes. Là encore, ce qui ressemble à des cartes. Ses propres cahiers sont remplis de ce genre de choses, et il se prend à avoir envie de les partager. La timidité cependant, le fige dans sa posture, et c'est sagement qu'il attend que Charlie lui montre son costume.
- Oh.
Il approche pour mieux voir. La mère de Charlie Carter est très classe. Impressionnante même. Une véritable aventurière. À bien des égards, le déguisement lui rappelle celui du capitaine Brooks. Personne ne se moquerait de Charlie en capitaine Brooks cependant, pas plus que dans les vêtements de sa mère.
- C'est top, il commente sincèrement avec un sourire. Sourire qui se fane à la mention de Lord Ribbit, fait place à une moue. J'le cherche tu sais quand j'suis au parc. J'suis sûr qu'il finira par revenir. Il aimerait avoir une vision pour le lui confirmer. Pour le confirmer a Charlie. Mais rien. Tu devrais avoir un serpent. Pour aller avec ton costume. L'annonce est balancée au milieu de rien, alors que son regard est de nouveau tombé sur le dessin. Enfin je sais pas trop où est-ce que tu trouverais un serpent. Mais ça ferait super... exploratrice. Il se tait comme s'il était persuadé d'avoir dit quelque chose de particulièrement stupide.
Il a une pensée pour sa mère, bien sûr. Sa mère qui ne s'habille pas comme une exploratrice, mais pour laquelle il a beaucoup d'admiration. Comme Charlie, il n'a pas vraiment connu son père, mais il a de nombreuses photos de lui accrochées dans sa chambre, à la maison. Une également glissée dans sa malle, à l'abri des autres garçons. Son père était un soldat, et la plupart des photos le montre dans sa tenue militaire, avec d'énormes bottes noires qui lui remonte presque jusqu'aux genoux. S'il s'habillait comme ça, sans doute qu'on se moquerait encore plus de lui que lorsqu'il s'était déguisé en reporter, puis en capitaine.
- Il lui est arrivé quoi, à ta mère ? Il demande finalement, timidement, les yeux tournés vers Charlie Carter.