Femme
18 ans
Sang-mêlé
Russe

Modération






Identité
-
- Septième année
- Surnoms : Nikita
- Nationalité : Russe
Capacités & Statuts

Groupes

Message publié le 14/06/2025 à 14:13
Le mouvement de recul est inévitable, involontaire. Anya se force à l'inertie. Son corps se tends absurdement sous une volonté qui va clairement à l'encontre de sa survie. Le temps de récupérer sa baguette. Le temps pour Shevchen de lui glisser quelques mots. Le temps de percevoir, dans la périphérie d'une vision encore trouble, deux ombres se profiler, agrémenté de rires adolescents.
- Shht ! Elle l'imite en levant une main pour le faire taire brutalement.
Anya se tourne, plus que jamais consciente de l'état déplorable dans lequel elle se trouve. Elle reste droite et fière, pourtant, silencieuse. Jauge la situation du mieux qu'elle peut, malgré les circonstances. Voudrait frapper Lucian Alistair à la mâchoire pour ce qu'il sous-entend impudiquement devant elle. Ce n'est pas le pire, pourtant. Le pire vient de nulle autre que Shevchen, qui ne se gêne pas pour indiquer aux deux autres qu'elle ne va pas bien. Immédiatement, les poings d'Anya se serrent, et elle tourne la tête vers lui avec brutalité pour le fusiller du regard. Poussée vers l'avant, elle se maintient fermement sur ses jambes pour ne pas flancher, sans le lâcher des yeux.
- Vos gueules, elle prononce finalement, sèchement, en reportant son attention vers l'avant avant de replonger le regard dans celui de Shevchen. Fermez là tous.
Elle empoche sa baguette, d'un geste, agitant les pans d'une chemise aux tâches sombres, rouge métallique.
- Laissez moi passer.
- Nan mais on va t'ramener au dortoir, Anya ! Elle a du sang sur sa ch'mise Lucian !
- Dégage de mon ch'min.
Gvendolin ? Gwendolyn ? Qu'importe. Elle n'a cure ni de cette blonde, ni de son camarade. Ivre, la sorcière est très facile à repousser alors qu'elle essaie vainement de placer un bras autour d'Anya. Le geste, brutal, est accompagné d'un claquement agacé de sa langue contre son palais. Le garçon, pourtant, n'a pas l'air de saisir le message, car il prend la posture défensive d'un véritable chevalier en se tournant vers la russe, les yeux accrochés sur la silhouette de Sasha :
- C'est Shevchen qui t'as fait ça ?
- Nan, il m'a juste trouvé et raccompagné, c'est comme il a dit. Изгоните стервятников ! Dégagez les vautours. Ты мне больше не нужен, Shevchen. J'ai plus b'soin de toi Shevchen. Если я увижу тебя снова, ты труп. Si j'te revois, t'es mort.
Le vertige est toujours là. Amoindri par les quelques minutes d'inconscience de tout à l'heure, mais bien présent. De même que la sensation étrange d'avancer comme dans un rêve, les gestes d'une lenteur morne, le corps faible, la vision restreinte. Elle ignore tout ça, au profit d'un détournement complet du groupement qui commence à échanger des insultes au milieu du couloir. Elle marche, et marche encore, se force à être toujours plus rapide pour mettre une distance entre elle et Shevchen. Jamais elle n'a autant haï quelqu'un de toute sa vie. Jamais elle n'a autant ressenti la honte, la peur, la défaite. Le fait qu'on les ai vus n'arrange rien. Anya lève le menton pourtant, les yeux secs, le visage pâle, et elle marche encore. La lumière est trop blanche. Elle brûle comme un mauvais souvenir. Les pas sur la pierre ne résonnent pas comme ceux de Moscou. Rien n’est familier ici. Elle dévale les escaliers qui mènent au rez-de-chaussée, ceux du sous-sols, atteint sa salle commune, les mains contre les flancs de sa chemise pour dissimuler le sang.
Dans le dortoir, elle n'accorde d'attention à aucune des filles qui se prépare, et personne ne prête attention à elle si ce n'est pour lever les yeux au ciel ou chuchoter quelques mots qu'elles croient discrets. Anya tire les rideaux de son lit d'un geste sec, informule un sortilège de camouflage sonore, et se replie entièrement sur elle-même. Le cœur battant, elle reste là, sans bouger d'un millimètre. Les bras enlacés autour de ses genoux, elle se refait le film de la matinée, encore et encore. Ses ongles s'enfoncent dans sa peau. Aucune larme ne coule. Pas un son ne s'extirpe de sa gorge pourtant nouée. Elle ne se déploie qu'au bout de longues minutes, retire sa chemise et la replie soigneusement pour la placer devant elle. Voudrait la brûler. Son corps la lance, mais elle prétend ne rien ressentir alors qu'elle récupère un large sweat sur le côté de son lit, et l'enfile dans des gestes mécaniques sans prendre la moindre précaution.
Allongée, elle réalise que ses jambes tremblent encore. Qu'une sueur moite et froide lui parsème la peau. Elle cherche le sommeil, en vain.