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Jusqu'où nos pas peuvent nous porter

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Accueil Poudlard Le Château La Grande Salle [Terminé] Jusqu'où nos pas peuvent nous porter
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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

Un mois et demi s'était écoulé plus vite que Sasha ne s'y était attendu : entre les cours de 5ème année qu'il essayait de rattraper - péniblement - et ceux qu'il devait suivre en sixième année, et des nuits écourtées par des escapades nocturnes qui étaient devenues incontournables, Sasha occupait ses rares temps libres en trois activités essentielles : manger, dormir et... danser.

Contre toute attente, être guidé par Bartholomew Beckett avait rendu la première épreuve plus facile qu'il ne s'y était attendu, et la perspective du bal de Noël avait rendu à Sasha le goût d'atteindre un objectif : s'il devait se retrouver habillé comme un pingouin pour danser en guise de punition infligée pour avoir quelques fois abimé les beaux visages des Serpentards, autant qu'il ne se ridiculisât pas et dansât correctement. Alors, il s'était investi. Bouger sans trop réfléchir, c'était finalement quelque chose d'accessible. Il avait bientôt découvert que les autres danseurs du groupe, pour certains, n'étaient pas bien plus assurés que lui - et même, qu'au beaucoup d'un certain temps, il appréciait certaines répétitions : les mouvements simultanés réussis, la légèreté de la musique qui faisait oublier certains soucis, et l'humour sans cesse renouvelé des deux aînés qui menaient le cours de danse faisaient finalement une expérience hors du temps, légère, comme si ni la guerre, ni Poudlard, ni ces élèves qui le trouvaient pauvres ou sauvages n'avaient existé.

 

Il n'en restait pas moins que le jour du bal, il s'était senti nerveux comme à son tout premier jour d'école quand sa mère avait dû le pousser en avant pour qu'il suivît le troupeau d'enfants. Howard et Bartholomew avaient fait en sorte qu'ils aient chacun un costume qui leur allât correctement - aussi, au lieu de se retrouver en robe de soirée - tenue qu'il ne possédait pas de toute façon - s'était-il retrouvé engoncé dans une chemise blanche et une veste noire, avec un noeud papillon qui lui serrait le cou. Sa tête avec ses joues rougies et ses cheveux en bataille qui sortaient de ce costume lui paraissaient, dans le miroir, tout à fait déplacés et inappropriés, aussi avait-il essayé de mettre de l'ordre avec ses doigts dans ses mèches - sans grand succès : des épis se redressaient toujours automatiquement sur son crâne.

 

 

A cause de l'ouverture du bal, à laquelle il participait avec la fameuse carioca, Sasha fut à l'avance dans la Grande Salle, et passa de longues minutes ébahi devant les décors grandioses de l'école : si Poudlard l'avait impressionné lors d'Halloween, les décorations de Noël étaient plus sensationnelles encore, et la variété des mets battaient tous les records de ce qu'il avait jamais pu rêver dans ses périodes les plus affamées. Pourtant, une fois n'était pas coutume : Sasha n'avait pas faim. Son estomac lui donnait l'impression d'avoir avalé un boule de bowling au déjeuner sans avoir pu la digérer depuis. Alors il restait planté là, un jus de citrouille à la main, à côté d'une certaine Lina - troisième année, dans le groupe de danse, qui n'arrêtait pas de tirer sur sa robe en demandant à sa voisine si elle n'était pas trop courte.

Les élèves affluaient peu à peu. Pour Sasha, les filles étaient toutes belles : c'était un arc-en-ciel de robes et de chevelures, de parfums et de peau dévoilée qui lui aurait donné l'envie de les renifler l'une après l'autre s'il en avait eu le loisir - plus que jamais il aurait voulu que son animal d'animagus fut un chat pour pouvoir se promener entre elles et recueillir les caresses des unes et des autres - mais la panthère aurait fait fuir tout le monde, aussi chassa-t-il cette drôle d'idée de son esprit.

De toute façon, Alison était arrivée : à peine aperçut-il sa chevelure flamboyante qu'il détourna le regard, comme si cela aurait pu trahir quelque chose de lui-même.

 

 

Quelques instants plus tard, les lumières de la Grande Salle changèrent. Les arbres de Noël s'assombrirent, et des projecteurs illuminèrent le centre de la pièce. Bartholomew, puis Howard, ouvrirent le bal sous des applaudissements tonitruants. Et puis, c'était au tour de Lina et d'Alicia de les rejoindre. Quentin, Erik et Miles suivirent. Et alors, ce fut au tour de Sasha.

 

 

Ne pas réfléchir. Le corps sait mieux que l'esprit. C'était vrai pour la panthère, c'était vrai aussi pour la danse.

 

 

Il ne vit pas la foule : ses repères étaient les autres danseurs, le poids de son pas, l'air qui filait entre ses doigts, ses muscles qui réagissaient d'eux-mêmes, en rythme - à peu près. Sasha ne serait jamais le danseur parfait et léger qu'étaient les deux hommes aux cheveux gris qui semblaient tant dans leur élément, mais il croisa le regard de Lina qu'il devait soulever à la fin de la danse : elle s'était retournée vers lui, le regard plein de détresse et d'espoir, alors pour la rassurer, il lui sourit. Elle répondit d'un sourire et courut se jeter dans ses bras, comme le firent les autres filles avec leur porteur, et il la souleva pour la figure finale.

 

 

Tonnerre d'applaudissements. Sueur qui dégoulinait sous la chemise. Lumières aveuglantes. La main de Lina dans la sienne tandis qu'il saluait la foule en se penchant en avant avec les autres.

 

 

Et puis la musique et les lumières changèrent de nouveau, enchanteresses, pour illuminer la salle. Sasha fuit du regard tous ces élèves qui le regardaient, pour battre en retraite au milieu des autres danseurs, dans le fond de la pièce. Il entendit à peine, le coeur battant, les félicitations des adultes, et rendit seulement une bourrade de Miles qui clamait qu'ils avaient fait leur meilleure prestation : Sasha sentait ses genoux sauter sous son pantalon, et prétexta avoir besoin de boire pour s'éclipser vers les grandes tables chargées de mets et de boissons.

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Alison Carter

16 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

Le dortoir des filles de cinquième année avait été gagné par une effervescence presque électrique. La magie s’était mêlée au parfum des crèmes capillaires et aux étincelles des sortilèges esthétiques. Des baguettes avaient virevolté entre les lits, domptant les frisottis, ajustant les ourlets, resserrant les corsages. Les vitraux translucides avaient projeté des ombres mouvantes sur les visages déjà poudrés, et les voix des filles s’étaient croisées en vagues tantôt enthousiastes, tantôt acérées. " T’as vu la robe d'Ambre ? On dirait qu’elle l’a cousue elle-même pendant le cours de botanique ", avait sifflé Gwen, multipliant les efforts pour retrouver la considération d'Alison depuis leur soirée d'Halloween.

 

Car des rumeurs ont vite traversé la salle commune, que l'amie de la cadette Carter avait fait exprès d'accentuer le charme du laçage en l'aidant à mettre son corset, agacée par l'obsession d'Alison, souhaitant lui donner une bonne leçon. Mais Gwen persiste à démentir, et se montre plus que jamais lèche-botte avec la rouquine, effrayée de perdre les avantages de se déplacer en brochette.

 

Du noir sur ses grands cils, Alison a eu d'autres préoccupations cette fin d'année. Dans moins d'une semaine, elle fête ses 16 ans, et ne veut pas souffler ses bougies sans pouvoir se dire qu'elle a enfin couché avec un garçon, pour de vrai. Elle veut l'expérience, et si ça doit se passer avant les vacances d'hiver, alors ça doit arriver aujourd'hui, ce soir, pendant ou après le bal de Noël. Par facilité, elle vise Spike Ryder. Ils se tournent autour depuis trop longtemps, elle le connaît bien, ils ont déjà exploré quelques trucs ensemble.

 

Elle a choisi ses sous-vêtements en pensant au moment où il les verrait.

 

Au-dessus, la fille du Sponsor porte une robe verte, faite dans un velours qui capte la lumière. À peine le tissu avait-il touché sa peau qu'elle avait frissonné, comme s'il s'était éveillé à son contact pour s'adapter au galbe de ses hanches. Un enchantement léger - glissé par Freya à son insu lors de la réception du colis, donne tout le confort à l'adolescente. Devant son miroir, elle avait hésité et finalement sorti son rouge à lèvres carmin.

 

Une autre version d'elle-même semblait l'observer, moins naïve, plus mature, le sourire en coin.

Bientôt, elle aurait 16 ans

 

Puis le dortoir, s’était vidé peu à peu de ses cris et de ses rires, devenant un coquillage sans eau. Les filles sont parties en duo, en groupe, en brochettes, vers la Grande Salle transformée pour l’occasion en palais hivernal aux lueurs chaleureuses. Alison savoure les regards posés sur sa silhouette, parmi la multitude de vestons clinquants, de jupons vaporeux et de coiffures ambitieuses. Bien évidement, elle a soigneusement lissé sa frange. Entre les guirlandes de houx et de gui qui s'enroulent autour des piliers de pierre, elle aperçoit les fameuses Orchidées Explosives, rouge carmin, comme ses lèvres. 

 

Un bref discours ouvre les festivités et soudain, la musique change de ton - une sorte de carioca sautillante retentit, provoquant d'abord quelques rires étouffés. Sur la piste, le concierge et le bibliothécaire s'élancent, soutenus par les applaudissements. " Merlin on dirait un vieux couple les deux-là, j'te jure ! " souffle Gwen à l'oreille d'Alison. Mais le regard d’Alison s’est déjà attardé ailleurs. Sous le ciel enneigé de la Grande Salle, elle remarque Sasha parmi les étudiants qui participent à l'ouverture de bal. Elle sourit tandis qu'il tournoie en ignorant la foule d'élèves. Il est un peu ridicule, et aussi audacieux. Certains se moquent derrière Alison. Un rire plus fort que les autres la tire de son admiration. Le tonnerre d'acclamation fait trembler les murs du chateau et Sasha disparaît.

 

La brochette d’amies s’est réorganisée autour de la cadette comme un essaim, l’une évoquant le cavalier de Gryffondor qui a trébuché, une autre raillant la coiffure d’une Poufsouffle un peu trop "explosive". Alison saisit une coupe de limonade de sureau qu'elle ne boit pas.

 

Dans son dos, parmi la foule grouillante, la benjamine Carter traverse la salle à l'image d'une étoile filante, les bras agités d'enthousiasme, ses mèches rousses chargées de faux flocons, sa robe bleue sortie d'un rêve hivernal DIY. Pardon, pardonpardonpardon, pardon ! Elle zigzague pour venir à la rencontre de Sasha, les yeux pétillants. Elle ira complimenter ses deux "tontons" juste après. C'était incroyable ! s'exclame-t-elle, félicitant très sincèrement le sixième année. Elle raconte que c’était génial, qu'elle aurait voulu participer aussi mais qu'avec toutes les options qu'elle a choisi cette année, elle n'a pas pu venir aux entraînements. T’aurais dû voir la tête d’Alison, elle t’a regardé comme si t’étais devenu une salamandre géante ! ajoute joyeusement la plus jeune tandis que sa grande sœur est allée s’asseoir sur une banquette avec les autres filles.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

Pour détendre l'atmosphère, et inviter plus facilement les élèves à s'approprier la piste de danse, une musique de rock'n'roll aux sonorités magiques, pleine de clochettes et autres choeurs de Noël, emplissait maintenant la Grande Salle. Des élèves se massaient autour des buffets ; les plus téméraires se lançaient déjà au milieu pour se déhancher en gloussant comme autant de dindons paniqués, les plus timides frôlaient les murs et disparaissaient presque derrière les hauts sapins qui décoraient les quatre coins de l'immense pièce.

Sasha s'était posté près de l'un d'eux, un énième jus de citrouille à la main, maudissant intérieurement l'administration de Poudlard qu'ils n'eussent pas accès à de l'alcool : il en aurait eu bien besoin. Des filles passèrent devant lui en lui jetant quelques regards et il se tint raide, prêt à rétorquer à la moindre attaque ou moquerie, mais aucune ne vînt. Malgré tout, il capta un groupe de Serpentards discuter à voix basse, des sourires mauvais aux lèvres, et décida que c'étaient sûrement eux qui se moquaient le plus.

Aussi, quand une boule bleue et rousse apparut subitement devant lui, Sasha sursauta, manquant de s'étouffer avec son jus de citrouille, qu'il se hâta de reposer. La petite fille s'était faite aussi belle que les grandes, et les tissus vaporeux de sa robe rappelaient son caractère doux et rêveur. Sasha mit les poings sur les hanches pour mimer l'admiration surprise.

 

- Oh, wahou, ben t'es drôlement jolie toi, on dirait une fée !

 

Charlie parlait bien plus vite que lui. Elle avait déjà raconté tout un tas de choses quand il réussit à se sentir un peu moins brûlant et essouflé. Son coeur avait ralenti, et il acquiesçait en écoutant d'une oreille, intérieurement reconnaissant envers Charlie de lui donner l'occasion de ne pas avoir l'air du vilain petit canard qui ne faisait que se goinfrer seul à une table.

Il se laissa tomber sur une chaise en l'écoutant. Charlie s'était retournée vers la foule, prête à profiter de la soirée en bourdonnant d'un groupe à l'autre, tandis que Sasha s'occupait les mains en triturant une serviette en papier bleue pailletée entre ses doigts. La couleur lui faisait penser à celle arborée par Charlie.

 

Au commentaire concernant Alison, Sasha s'était contenté de grimacer un sourire gêné. Il avait essayé de ne plus penser à elle, ces dernières semaines : il estimait qu'il avait fait ce qu'il avait pu pour le deal ; être le petit ami parfait, ce n'était sûrement pas dans ses cordes pour les standards de la jeune Carter. Et pourtant, il avait du mal à abandonner et accepter la défaite : ce n'était pas tant pour la fille en question, se convainquait-il, que parce qu'il n'aimait pas ne pas parvenir à ses fins. Et puis, ses notes avaient plongé depuis qu'ils ne travaillaient plus ensemble, alors, il caressait encore de temps à autre l'idée d'avoir un binôme, une équipe, peu importe. Quelque chose qui lui permît de surmonter les épreuves. A la guerre, il avait appris quelque chose : face à un ennemi, seul, on ne vaut pas grand chose. Notre vie repose sur nos camarades. Ici, Alison était la forme la plus proche de cette sensation de faire partie d'une escouade qu'il avait pu connaître à Poudlard.

Alors, il décida, comme ça, sur un coup de tête : ce soir, il jouerait sa dernière carte pour tenter de sauver l'équipe. Et si ça ne fonctionnait pas... Il faudrait sûrement apprendre à faire cavalier seul, finalement.

 

Juste avant que Charlie ne disparût, Sasha lui tendit ce qui restait de sa serviette en papier : il l'avait plusieurs fois replié ; humidifié la base du pliage et déchiqueté les bouts de feuillets qui s'ouvraient désormais comme une fleur bleue et ronde, en forme de cloche.

 

- Tiens, c'est pour aller avec ta tenue. C'est une... Er, une dzvonyky, fit-il en haussant les épaules : je connais pas le nom en anglais. Mais elle porte chance chez moi.

 

Sur ce, Charlie disparut, et il se mit à scruter la salle. A l'autre bout, sur un banc, la brochette entière s'était constituée - le vert et l'argent l'emportaient de loin sur les couleurs favorites des Serpentards, et on voyait les filles s'échanger des messes basses. Il ne fallait pas qu'il se fît d'illusion : à Halloween, il avait attendu toute la soirée qu'elle fut seule, et finalement, il avait gaspillé son temps. Alison ne quitterait probablement pas sa brochette. Il prit la serviette suivante, pour faire une autre fleur, puis une autre. Il les aligna sur la table.

Trois, et Alison ne se levait toujours pas.

Quatre : aucun garçon pour l'inviter n'avait commencé à se battre.

Cinq : s'il tardait trop, le slow qui débutait pouvait peut-être la convaincre.

 

 

Sasha se leva, un peu raide, et délaissa la sixième fleur à demie fabriquée, qui se déplia sur le coin de la table, tâchée de jus de citrouille.

Les clochettes de Noël résonnaient dans la musique, mais il ne les entendait pas. Il avait décidé de traverser la salle sans tergiverser : qu'elle dît oui ou non, le résultat serait le même : il serait fixé, il pourrait décider s'il l'ignorerait ensuite, elle ne pourrait pas dire qu'il n'avait pas été galant, qu'il n'avait pas joué le jeu du deal. Et qu'importait les jugements de la brochette ? Il avait trop souvent affronté leurs regards pour savoir que les amies d'Alison ne lui étaient pas favorables de toute façon. Qu'elles se moquassent un peu plus ou un peu moins ne changerait rien.

 

Malheureusement, la Grande Salle n'était pas si grande : en quelques secondes à peine, il l'avait traversée, pour se retrouver planté devant la brochette, et il se maudit de ne pas avoir préparé exactement ce qu'il allait dire. Il se trouva subitement à l'étroit dans son costume, comme si de nouveau il était un ours en uniforme - une allure absurde, probablement hilarante. Trop tard, de toute façon.

 

- Tu veux danser, il dit à Alison.

 

Ca aurait dû être une question, mais ça ne sonnait pas vraiment comme tel ; c'était un genre de constat pas très assuré qu'il lançait, à mi-chemin entre un ordre et une hypothèse. Il tendit la main vers elle, le coeur battant, sentant sur sa nuque et ses joues les regards des élèves alentours qui observaient la scène, certains cachant derrière leurs mains leurs sourires goguenards.

 

You could be happy, s'était mise à chanter la voix dans la musique, et Sasha se prépara à recevoir le refus qui mettrait, enfin et définitivement, un terme à ce combat stupide qui consistait à sauver un deal qui n'avait pas de sens.

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Alison Carter

16 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

Sous la neige duveteuse qui tombe lentement du plafond magique, une poignée de fantômes élégants se joignent au bal, nostalgiques des cérémonies de leur vivant. Ils impressionnent par la façon dont ils glissent sur l'air, valsant dans des tenues d'époque, la silhouette bleutée comme le givre qui décore les murs. Nick-Quasi-Sans-Tête salut les jeunes Gryffondor qui hurlent de rire en le voyant exécuter son tour favori. Les première année traversent la piste en tous sens, excités à l’idée d'être en vacances demain. Au milieu de ce joyeux chaos, les élèves plus âgés se tiennent par groupes, affublés de vêtements inhabituels, arborant des comportements différents en fonction de leur caractère. Certains prétendent s’en foutre, mais leurs regards effleurent régulièrement la piste, suivant les épaules dénudées, les mains liées, les échanges de sourires. Ils mangent, commentent, jugent à voix basse, en espérant peut-être qu’on les invite, ou au contraire, qu’on les laisse tranquilles.

 

Au milieu de tout ça, Charlie fend la foule avec l’enthousiasme d’un flocon surfant sur la brise. Elle a coincée fièrement la fleur en papier bleu derrière son oreille et virevolte auprès de ses amis sans se soucier du reste.

 

Sur les banquettes, Alison tient toujours une coupe pleine de limonade entre ses doigts vernis de rouge. Autour d’elle, ses amies chuchotent, jaugent les couples, gloussent, jettent des piques. L'une parle fort, s'invente des histoires. L'autre prétend avoir été courtisée par trois garçons. Alison les écoute à peine. Une légère angoisse au creux du ventre, elle pense à la manière dont elle abordera Spike pour le convaincre tout à l'heure. Elle sait quoi faire au début, mais ensuite il faudra improviser avec les récits de magazines et plonger dans l'inconnu, pour de vrai.

 

— Ali ! Il se pointe vraiment là ! insiste Gwen en dissipant de sa voix aiguë les scénarios de la rouquine. Ses prunelles fixent soudain Sasha et son air ahuri. Elle attend qu'il parle. Elle aurait été incapable de prédire son invitation tant elle semble sortie de nulle part.

 

Alison et Sasha sont officiellement séparés depuis le mois d'octobre, un peu avant Halloween. Ils ont continué de se voir en classe, mais sans travailler en binôme, et sans se parler. Entre eux, ce n'est plus qu'une histoire de regards échangés au détour d'un plan de travail de botanique, au coin d'une étagère d'ingrédients de potion, ou au milieu du couloir devant les salles. 

 

Il est loin des garçons de magazine, et n'attire aucune bonne concurrence. 

Le deal ne fonctionne pas. Alors, si Alison écoute la raison, c'est mieux comme ça.

 

Pourtant ce soir, quand le Gryffondor propose maladroitement une danse à la cadette Carter, il réalise sans le savoir l'un de ses rêves d'adolescente, et probablement de la brochette entière. Sasha tend sa main, là où les camarades idiots d'Alison pensent qu'il vaut mieux heurter de plein fouet l'épaule d'une fille pour attirer son attention.

 

Et puis Gwen ricane, et Alison donne sa coupe à cette dernière, et se lève. Ok, répond-elle en posant ses phalanges sur la paume rugueuse du sixième année, sous le regard à moitié envieux et surpris de ses amies. De sa main libre, elle se lisse machinalement la frange, jetant un œil regonflé de confiance à Sasha, avant d'interpeler la blonde. Ma pauvre Gwen, Lucian devrait bientôt arriver, j'l'ai vu discuter avec l'autre Serdaigle au buffet tout à l'heure, prononce-t-elle, faussement innocente, dosant savamment sa cruauté. Sans attendre de réaction, son pas emboîte celui du cavalier impromptu qui l'entraîne vers la piste. Étrangement, l'irruption du Russe l'arrange. Le temps d'une danse, elle oubliera Spike, et ses plans de fin de soirée. 

 

Au coeur de la foule, l'ancien faux-couple se rapproche, juste assez pour qu'Alison sente la chaleur de Sasha à travers sa robe en velours, juste assez pour qu'il puisse lire l'ironie au fond de ses yeux. Tu sais qu't’as plus besoin de faire semblant maintenant, suggère la jeune femme, les doigts enroulés contre l'épaule de son partenaire, son autre main toujours dans celle de Sasha. Et tandis qu'elle sent la paume libre de Sasha se poser au creux de son dos, elle sourit, presque timidement. Au-dessus d’eux, les fantômes continuent de valser entre les lustres et les flocons légers. 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

D'abord, un regard noir pour Gwen. Et puis, Sasha s'était éloigné sur la piste de danse, avec l'impression subite d'avoir des jambes en coton. Il s'était imaginé un refus sec, ou bien un refus moqueur, un refus outré, un refus froid, voire pourquoi pas une absence même de réponse. Et de tous les scénarios possibles, Alison avait opté pour l'impossible : elle avait accepté.

Le Gryffondor sentait son coeur se réveiller subitement, faisant battre à ses tempes un sang chaud au rythme inapproprié pour un slow, et il se demanda un instant s'il ne venait pas de faire une erreur capitale. Mais s'éloigner de la brochette le soulageait déjà, et il se concentra pour éviter de marcher sur les pieds d'Alison. Les odeurs de la jeune fille étaient pleinement perceptibles de nouveau. Elle s'était apprêtée, avec une robe mettant en valeur ses formes nouvellement acquises, mais Sasha évitait de trop baisser les yeux sur le corps en question. Il soutenait parfois son regard, parfois trouvait un point d'ancrage au loin, derrière elle - une absence de vision, réellement, puisqu'il n'y avait rien à voir au-delà.

 

- Toi non plus, t'es pas obligée de faire semblant.

 

Il avait mis une main sur la robe, au creux des reins d'Alison, espérant ne pas trop transpirer de ses paumes. Leur danse était quelque peu maladroite : ils étaient un peu raides, et les mouvements lents à laquelle la musique incitait n'étaient qu'une copie des autres couples, tout aussi peu habiles qu'eux, mais Sasha ne savait pas faire mieux. Il fronça les sourcils pour lui-même. Pourquoi était-il si empoté dès lors qu'il s'agissait d'Alison ?

 

- On manque un peu d'entraînement, tâcha-t-il de plaisanter en grimaçant un sourire pas très engageant. Tu rentres chez toi pour Noël ?

 

Il fallait bien qu'il posât une question, n'importe laquelle. Danser en silence était hautement embarrassant. Il réalisa qu'elle habitait à Pré-au-Lard. Elle rentrait n'importe quel week-end, si elle le voulait. Il s'humecta les lèvres.

 

- 'Fin j'veux dire, vous partez pas pour Noël ou quoi ?

 

Parce que moi je s'rai là, mais pourvu qu'elle pose pas la question. De ce qu'il avait entendu, les familles riches de Poudlard fêtaient Noël en Egypte, à New York ou à Tokyo. Les classes moyennes rentraient chez eux. Sasha était partagé entre la hâte d'être quelques temps libéré des cours et du regard des autres élèves, et la gêne que lui causait le fait que lui, comme les autres réfugiés, resteraient au château.

Ils tournèrent sur eux-mêmes, un peu plus tranquillement, se laissant porter. La robe d'Alison flottait, frôlait parfois les jambes de Sasha. Au détour d'une circonvolution, Sasha capta les regards d'un groupe de Serpentards goguenards - Lucian se tenait là, avec d'autres, et le Gryffondor leur réserva, à eux aussi, un regard dissuasif. Il finissait par les détester, ces Serpentards. Peut-être pour les provoquer, Sasha resserra sa prise, se rapprochant sensiblement d'Alison - leurs corps se touchaient maintenant, et c'était plus facile de suivre le mouvement, de guider la jeune fille - la forçant, en accélérant légèrement le mouvement, à s'accrocher davantage à lui. Ne pas réfléchir, ne pas réfléchir. Pour danser, pour se transformer.

Leurs souffles se percutaient presque, mais s'humectant les lèvres, Sasha préféra orienter son regard vers le main, prétextant se concentrer sur leur danse.

 

- Tu cherches toujours quelqu'un pour faire semblant ? Ou c'est pour de vrai maintenant qu'tu veux un prétendant ?

 

Il tâchait de garder un ton détaché, comme s'il prenait de ses nouvelles. Comme ça, pour savoir. De la part d'une vieille connaissance.

Mais au fond, il voyait bien, depuis leur séparation, comment Alison se comportait. Il avait beau ne pas vouloir l'observer, il avait vu le soin qu'elle mettait à plaire, à arranger sa frange, à serrer ses vêtements autour de ses formes, à mettre ce soir du rouge à lèvres, à lisser ses cheveux qui n'étaient pas comme ça quand on enlevait les enchantements, à rire aux blagues immatures de Ryder le fameux joueur de Quidditch pendant les cours de potions.

Son coeur battait fort, il n'aurait pas dû poser la question. C'était bien trop évident. Mais le mal était fait.

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Alison Carter

16 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

— Je sais, se contente-t-elle de répondre à Sasha en relevant un peu le menton, une pointe d'amusement au coin des lèvres. La vérité dissimulée derrière ce léger sourire, c'est qu'Alison aime l'initiative du Gryffondor, tombée à point nommé. Et tandis qu'ils commencent à se balancer doucement au rythme lent du slow, il continue de la surprendre en faisant la conversation. Amusée par sa maladresse, elle-même aussi à l'aise que peut l'être une adolescente qui danse (sobre) au milieu de ses camarades, elle se retient de pouffer en pinçant sa bouche et croise le regard sérieux d'un autre garçon sur la piste. Les élèves sont tous raides, on dirait des balais. Heureusement qu'Horace et Bartholomew détendent l'atmosphère en virevoltant avec autant de grâce que les fantômes expérimentés. T'as appris à danser en Ukraine ? demande alors Alison, sincèrement intéressée par la réponse de son partenaire, étonnée ce soir de le voir fouler la piste.

 

Ensuite elle tarde à comprendre sa question et l'observe, le temps qu'il précise ses pensées. Le nœud papillon lui donne des airs entre un jeune majordome et un employé stagiaire de Gringotts. Elle repense à la cravate dans les serres et sent ses jugulaires frapper quelques grands coups contre sa gorge. Elle a choisi de ne pas mettre de collier pour allonger son cou et ses épaules, et valoriser ses clavicules qu'elle trouve particulièrement fines en comparaison à ses kilos qu'elle estime "de trop", mais qu'elle essaye d'assumer tout de même.

 

Est-ce que les Carter partiront à Noël ? Cette fois, son coeur se serre. Alison n'en montre rien, sauf peut-être sa main devenue moite dans celle de Sasha. Ou alors c'est lui ? Elle l'essuie d'un geste rapide sur le velours vert et reprend ses doigts démesurés par rapport aux siens. Mh, mon père est pas mal occupé en ce moment, enrobe l'apprentie sorcière, consciente que Sasha et Charlie discutent ensemble, et qu'il sait sûrement des choses à propos de la situation, mais quoi ? De son côté elle n'évoque jamais le sujet, elle préfère prétendre que tout est normal, et tandis que son regard évite celui du Gryffondor, elle ment à moitié. On doit lancer un nouveau modèle de balai en janvier, ça prend du temps. On fera plutôt un grand voyage cet été. Alison ne questionne pas Sasha en retour ; les réfugiés restent au chateau, tout le monde est déjà au courant. 

 

Soudain leurs corps se rapprochent et elle se sent petite entre les bras du sixième année. Elle se rappelle Halloween, leur rencontre dans les couloirs, le corset, le noir total, la fuite. Gwen et Lucian ont tellement rabâché à la cadette Carter que Sasha allait profiter d'elle quand ils les ont trouvés qu'elle n'est pas certaine que ses souvenirs soient justes. Troublée, elle bafouille. Hein ? Sa poitrine heurte le torse du garçon et lui donne la sensation d'être à nouveau trop serrée dans la robe- c'est impossible grâce au sortilège de Freya. Bah- nan j'cherche pas, rétorque-t-elle en regardant parfois le nœud papillon un peu de travers, parfois la mâchoire de Sasha, parfois les autres élèves - flous - en arrière-plan. Nan, j'ai des demandes, mais je choisis personne pour le moment. Alison se rattrape, inspire, et ignore les paroles romantiques de la musique qui touche à sa fin.

 

— T'étais mon deal exclusif si tu veux tout savoir, reprend la rouquine en cherchant à déstabiliser Sasha. 

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

Sasha peinait à rester calme. Il s'agrippait un peu trop à la taille d'Alison, comme si elle avait pu lui échapper avant la fin de la musique ; il sentait ses joues chauffer - heureusement les lumières sans cesse changeantes provenant des enchantements de la Grande Salle dissimulaient un peu son teint qui, en plein jour, aurait donné l'impression qu'il venait de courir un marathon. Ses yeux captèrent Charlie, à quelques pas de là - la petite fille lui sourit, et il étira ses propres lèvres en les pinçant, façon sourire contrit. La petite fille était encourageante ; ils avaient beau ne pas se voir souvent, c'était probablement la personne la plus innocente que Sasha connaissait ici, et donc, celle à qui il pouvait peut-être faire un peu confiance.

Il s'intéressa de nouveau à Alison, surpris par le fait qu'elle lui posait une question personnelle, sur lui, en Ukraine. Ca, c'était nouveau. Alison ne s'était jamais intéressée à lui autrement que lorsque ça avait un lien direct avec elle-même. Il chercha une réponse adéquate, des souvenirs désordonnés affluant dans son esprit.

 

- Un peu. On danse pas mal dans les fêtes de village, là-bas, mais y'a moins de... De cérémonie, quoi.

 

En somme, chez lui, c'était viens comme tu es, danse comme ça te chante, et le résultat était beaucoup plus chaotique que ce que l'on pouvait voir ce soir à Poudlard. Il craignit un instant que sa réponse trahît ses origines : la campagne profonde de son pays, qui mélangeait moldus et sorciers, animaux et humains, le tout secoués, dans un grand panier vert de forêts et de plaines, par une histoire de frontières mouvantes, de langues et de cultures obsédées par leur survie au milieu de celles des autres. Sasha avait l'impression que dans sa main, Alison avait des doigts blancs et délicats, qui appartenaient à une autre caste que la sienne. Sa mère aurait sûrement pensé que la rousse était trop propre sur elle pour les comprendre, et il se rangeait de cet avis.

Il acquiesça en silence. Un grand voyage cet été. Lui aussi en ferait peut-être un, d'un autre genre. Il ne savait pas.

 

Cela faisait un moment qu'ils tournoyaient. Une éternité. Une poignée de secondes. Trois fois qu'il entendait la même phrase dans la chanson : ça allait être la fin. Il y avait des filles qui se dévissaient le cou sur la piste de danse pour se lancer des clins d'oeil ou pour trouver le partenaire suivant. Il ne pouvait pas garder Alison. Mais ses derniers propos le troublaient étrangement. Elle cherchait pas.

C'était pas l'impression qu'elle donnait. Ni même qu'il avait été son deal exclusif, aux dires de Lucian. Alison se tapait une réputation sulfureuse, en partie à cause de lui. Est-ce qu'elle n'en était pas consciente ? Lui seul savait qu'en réalité, quand les choses devenaient sérieuses, elle se dérobait. Jusqu'ici en tout cas. Quel garçon ivre trouverait un de ces jours qu'elle ne pouvait pas l'allumer puis s'en aller comme ça ? La pousserait à l'action même si ce n'était pas ce qu'elle voulait vraiment ? Sasha eut un drôle de frisson, un souvenir des paroles de Charlie, à propos de ce que le père d'Alison n'aimerait pas qu'elle fît. Il s'imaginait des situations catastrophes. Mais est-ce qu'il y pouvait quelque chose, sans deal ?

 

- Je sais.

 

Elle ne mentait pas. Alison pouvait être peste, mais il savait qu'elle ne mentait pas sur le deal exclusif, tout simplement parce qu'il avait compris qu'il était un genre de bouclier humain, précisément pour ne pas avoir à passer aux actes. Pourquoi n'avait-elle plus besoin de lui, alors ? Les mecs continueraient à la harceler jusqu'à ce qu'elle cédât. Il le savait : il avait fréquenté des adolescents en rût de très près, en particulier pendant qu'il était engagé chez les Veilleurs. Ils pouvaient être prêts à promettre n'importe quoi à une fille pour des faveurs charnelles. Ca le faisait rire, à l'époque. Il avait participé à ces jeux stupides. Et puis maintenant, ça n'avait plus la même saveur.

Il haussa les épaules en baissant les yeux, fataliste. La musique avait ralenti. C'étaient cette fois les dernières notes. Des couples s'étaient déjà séparés, des filles couraient dans leurs jupons pour traverser la piste et rejoindre leurs groupes d'amies comme autant de bourdons colorés. Mais Sasha ne lâchait pas Alison. Sa main ne voulait pas se détacher de sa robe, comme si elle y était collée. Il ne savait plus pourquoi. Le deal c'était fini. Deux mois pour comprendre, qu'en fait, elle n'en voulait vraiment plus. Il se sentait idiot d'avoir voulu sauver ce qui était déjà mort.

 

- En même temps, tu mérites sûrement mieux qu'un deal, même exclusif. T'as eu raison d'arrêter.

 

Il fallait qu'il se rendît à l'évidence : Alison était destinée à danser au bras d'un type de la même caste qu'elle. Lui n'était qu'un outil sur son chemin. C'était logique. Le deal, ça n'aurait que renforcé son idée stupide qu'il se passait quelque chose entre eux, alors que tout était clair depuis le début : il n'était là que pour faire semblant.

 

- C'était... C'était agréable, mais j'suis pas un très bon acteur.

 

Sasha se pencha en avant. La musique s'était arrêtée. Les lumières s'étaient tamisées, le temps que la suivante débutât - deux secondes où les murmures de la pièce se firent de nouveau entendre. Le Gryffondor avait approché brièvement son nez du cou dégagé d'Alison. Deux secondes pour fermer les yeux et sentir cette odeur de près. Deux secondes pour déposer, avec un effleurement discret, à peine humide, un baiser à la naissance de son épaule dénudée, dans le creux formé par une clavicule habituellement dissimulée.

 

- J'aurais pas pu faire semblant longtemps, il chuchota à son oreille, avant de se redresser pour la libérer.

 

Définitivement.

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Alison Carter

16 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

L'espace d'une seconde, Alison revoit les figurines de sa vieille boîte à musique, figées dans le temps, à l'arrêt depuis la disparition de Kate Carter. Le couple attend un sortilège de l'aventurière pour recommencer à danser. Mais sa mère ne reviendra plus, elle le sait. L'homme et la femme se regardent, immobiles, poussiéreux, coincés entre une tirelire vidée à plusieurs reprises et un ancien flacon de parfum. Ils ont la même position qu'Alison et Sasha, éternellement. Ils ont des tenues de soirée, comme eux aussi. Ils n'entendront jamais la musique d'après.

 

Définitivement.

 

Elle écoute le Gryffondor déclarer qu'elle mérite mieux que leur deal, et resserre légèrement ses doigts autour de son épaule, un sourire bizarre aux lèvres. C'est clair, souffle-t-elle en détournant le regard pour humidifier sa bouche sèche avec l'impression étrange que Sasha essaye de lui dire autre chose à travers ses mots.

 

Lentement, leurs mains liées retombent, et Alison enroule son index à celui de Sasha. Elle reste de marbre lorsqu'il prétend être un mauvais acteur et se contente de murmurer un vague "ouais", avalé par le battement de son coeur quand il se penche vers la constellation de tâches rousses dévalant sa clavicule. Elle n'avait jamais vraiment prêté attention à l'odeur du garçon et parmi les effluves étrangères des vêtements prêtés, elle reconnaît pourtant le parfum familier de la mi-septembre à la mi-octobre, leur rencontre, et leur rapprochement. Elle retrouve aussi sur lui l'empreinte fauve d'une sortie en Forêt Interdite, et la chaleur qui se dégage entre sa nuque et le col blanc. À peine réalise-t-elle l'effet procuré par cette simple inspiration, qu'il dépose un baiser au creux de sa clavicule, puis lui chuchote une phrase inoubliable, et s'éloigne.

 

" J'aurais pas pu faire semblant longtemps "

 

" t’as plus besoin de faire semblant " aurait-elle pu répéter, au lieu de le fixer en luttant pour garder sa ligne directrice, celle de la raison, car elle mérite mieux, vous savez.

 

Au-dessus d'eux, les fantômes gloussent, spectateurs interdits des histoires adolescentes. Soudain, silencieusement depuis le ciel rempli de flocons magiques, une fine branche de gui descend en spirales et s'arrête à quelques centimètres des mèches cuivrées de Sasha et de la frange rousse d'Alison.

 

C'est ce qu'on appelle la Magie du Bal de Noël.

La cadette Carter lève les yeux et sourit tandis que le brouhaha continue sur la piste.

 

Sans réfléchir, elle s'approche et glisse une main derrière la nuque de Sasha pour l'inciter à se pencher encore vers elle. Ses incisives attrapent doucement la lèvre inférieure du Slave pendant qu'elle l'embrasse. Qu'il goûte à la morsure du Serpent. Elle le retient proche d'elle après ça, le temps de murmurer à son tour. Peut-être que t'es pas si sauvage, mais j'ai du mal à te cerner, certaines phrases prononcées par Sasha dans les serres n'ont jamais quitté l'esprit d'Alison. Tu l'as dis toi-même, j'ai eu raison d'arrêter, ajoute-t-elle, comme pour se convaincre un peu plus fort.

 

Les premières notes du prochain slow retentissent et la jeune femme recule en lâchant Sasha. Elle laisse la foule passer entre eux, aperçoit encore son visage, ses yeux verts bercés d'autres lumières, et se tourne en direction du sofa où sont assises les quelques filles qui ne dansent pas. Alison hésite à les rejoindre. Alison hésite à faire demi-tour. Alison veut prendre sa vie en mains. 

 

Elle remarque Spike, un peu plus loin, en pleine discussion avec des joueurs de Quidditch.

Parfait.

 

Décidée, la sorcière le rejoint et le tire légèrement à l'écart par le poignet. J'ai envie de toi, maintenant, chuchote-t-elle à l'oreille de celui qui n'attendra pas une seconde pour l'emmener vers les cachots. Ce soir, elle veut maîtriser quelque-chose et ce sera ça, l'heure de sa première fois. 

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