Les Catapultes avaient remporté leur match, l'avant-veille de Noël. Une victoire brutale dont les plus belles actions n'avaient pas manquées d'être commentées par tous les journaux du pays, et quelques magasines sportifs dont Elliot recevait gratuitement les numéros. Il les avait fait parvenir à Charli en guise de cadeau, avec un mot simple griffonné à la va-vite : joyeux noël mec. Charli, comme Elliot avant lui, restait à Poudlard pour les vacances, plus emballé par l'idée de célébrer Noël à Poudlard comme un vrai sorcier plutôt que de rentrer à la maison. Kayla s'en était suffisamment plainte lorsqu'il était passé le neuf décembre souhaiter son anniversaire à Liam.
- J'en r'viens pas qu'il rentre pas. Ça c'est juste parce qu'on lui a raconté que t'étais pas rentré l'Noël de ta première année tu l'sais ça ? C'est ta faute Elliot.
- Naaaan, tu crois j'devrais lui envoyer une personnalité pour son anniversaire ? Ça pourrait lui servir !
- Ta gueule, crétin. Tu lui as envoyé un truc au moins ou tu t'contente toujours de lui r'filer tes goodies gratos.
- J'lui ai envoyé un truc.
- Gratos.
- T'sais que si j'le pourrissais il en d'viendrait con.
- À peu près comme toi alors ! Écris lui et dis lui d'rentrer pour Noël s'te plait.
- Pourquoi j'ferais ça ? Même moi j'serais pas là pour Noël.
- Tu s'ras pas là ?
- J'ai un match !
- C'est l'vingt-trois connard. Charli m'écrit.
- Balance. Mais comme on va gagner on va célébrer comme des tarés, j'aurais la gueule de bois, nan vraiment j'vous épargne.
- Tu pètes les couilles.
- Ouais, allez faut j'tailles !
Ils avaient célébrés. Assez pour qu'Elliot s'enferme toute la journée du vingt-quatre pour graille des trucs immondes en matant la rediffusion du match. Pas assez pour pas s'emmerder sec le vingt-cinq. Les autres types de l'équipe s'était tous tirés pour rejoindre leurs familles évidemment, mais Elliot avait pu compter sur Travis pour venir squatter son canapé avec une console - qui plante une fois sur deux à cause des ondes magiques.
- Mec t'savais que Colt s'était tapé Freya ? À Poudlard.
- Hein ? Mais nan. T'sais ça comment ?
- Bah c'est elle qui m'l'a dit.
- À Poudlard ?
- P'tain t'es con. Nan, j'la vois au Centre d'puis qu'OCQ sponso.
- Freya ?
- Nan, Merlin ! Tu suis qu'dalle. Et dégage de ma route là !
- Alors elle est toujours aussi bonne ?
- J'ai dis dégage !
- Tu triches p'tain d'bâtard !
- J'gagne surtout. Allez. Baisé mon gaaaars.
- Quand ça Colt s'est tapé Freya mec ?
- La vierge de fin d'année mec. T'souviens ?
- Mais naaaaaaan !
- Jure.
- Dur.
- Ça va ça date, tranquille.
Assez tranquille pour faire l'objet d'une conversation un vingt-cinq décembre entre couilles quoi. Pas qu'Elliot en ai discuté avec Colt depuis qu'il l'a appris. En fait, Elliot a plus vu Colt depuis un bail. L'mec est en voyage. L'genre long voyage improvisé dont il a pas l'air d'vouloir revenir. Il écrit quand il a l'temps. Bref. Noël passe. Mais l'cadeau ? L'cadeau arrive après Noël. Pas qu'Elliot ait pas reçu d'cadeaux pour Noël. Des tas, qu'il en a reçu. Des cadeaux d'fans épluchés par sa sécurité avant d'atterrir dans son appartement le lendemain de Noël, remballés comme de rien. Il a eu la flemme de les ouvrir. Un seul courrier a retenu son attention, un courrier qu'il avait demandé à mettre en évidence s'il était reçu. Un courrier d'OCQ qu'annonce que son balai est prêt et qu'il peut venir le chercher à la boutique.
Moins de vingt-quatre heures plus tard, Elliot a retrouvé son costume de Nikola Brutcell, dissimulant son apparence aux yeux du monde pour se rendre sur Pré-Au-Lard. Y a foule. Genre il s'attend pas vraiment à ce que y ait foule, mais y a foule. Probablement parce que c'est les vacances. Probablement parce que les gens se ruent toujours sur les commercent après Noël, et avant Nouvel An. Pas qu'Elliot ait vraiment conscience d'un truc pareil. Il peut seulement constater, alors qu'on le bouscule sur le chemin de la boutique. Ça l'empêche pas de s'emballer pour le balai qu'il aura bientôt entre les doigts. Il passe la porte comme n'importe quel autre client, les illusions lui donnant l'aspect d'un gars comme tous les autres, qui regarde ses propres posters le saluer avec nonchalance.