Harry Potter RPG
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Et demain ? Boutique / arrière-boutique, samedi 05 mai 2125

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Freya Carter

Femme

25 ans

Sang-mêlé

Britannique

Maître du Pactole

Message publié le 11/07/2025 à 18:20

Le printemps mal dégrossi gratte la grisaille écossaise. L'herbe verte tâche les flancs du village de Pré-Au-Lard pour rappeler qu'ici, la nature s'obstine chaque mois de mai à revenir malgré la brume dense. Sur les toits d'ardoise Grand-Rue, et au coin des volets de bois, quelques rayons timides du soleil font briller la rosée en dentelle de perles. Il est quinze heures mais il pourrait être sept heures ou midi, que ça ne changerait rien ; le ciel est aquarelle. C'est une journée humide, délavée d'averses, et bientôt le visage des visiteurs s'élève. Un arc-en-ciel surplombe le village.

 

Chez Owen Carter Quidditch, l’air sent l'aube des examens et l'imminence des vacances scolaires. Certains étudiants espèrent se changer les idées entre deux révisions, d'autres clients prévoient de voyager en balai au mois de juillet et viennent chercher un équipement, ou améliorer leur monture. Côté sports volants, les clubs préparent le matériel des camps d'été, et toujours plus de curieux espèrent pouvoir essayer un OCQ500 après qu'Elliot Blackburn ait été la meilleure des égéries. En rayon, les gants légers ont remplacé ceux d'hiver, et des collections aux couleurs estivales ont pris place sur les portants à vêtements. Tête de gondoles, les kits de réparation express et les rangements extensibles sont les stars du fly-trip, à côté des nouveaux maillots d'équipes. 

 

Au-delà du quotidien de la boutique en cette saison, une ambiance pesante règne au-dessus du foyer Carter. Le courrier d'Owen a redonné à Freya l'espoir de voir son père rentrer. Sans le vouloir depuis la semaine dernière, elle surveille la rue, tourne la tête machinalement vers l'entrée à chaque tintement de clochette, ronge la peau du contour de ses ongles quand elle n'utilise pas ses mains pour jeter des sortilèges ou lire des parchemins. Peut-être arrivera-t-il cet après-midi ? Peut-être demain ? L'incertitude lui renverse les tripes de temps à autre. Elle serre les dents.

 

Au comptoir Fenella sifflote gaiement, au service des clients qui veulent passer en caisse, un balai miniature tournoyant au-dessus d'elle. La Serdaigle demeure pimpante en dépit de l'inquiétude creusant le front de Freya. En quelques mois, elle est devenue vendeuse référente du samedi en boutique, remplaçant souvent l'aînée Carter pour lui libérer du temps. Son sourire illumine le commerce et aide Sasha à gagner en confiance. "Travail d'équipe", répète-t-elle lorsqu'ils se divisent les tâches, l'élève en charge du réassort et des besognes plus simples, Fenella à la rescousse quand il s'agit de conseiller un visiteur aux questions pointues, ou pire, qui ne s'exprime qu'en Écossais. Au fil des weekends, le binôme a pris des marques solides, utiles pour survivre aux rushs de Pré-Au-Lard. 

 

Les deux jeunes femmes ont gardé un avis nuancé à propos du passé de l'Ukrainien. Si au début elles l'observaient de biais, conscientes du bagage lourd et invisible dans son dos, elles se sont toujours efforcées de rester bienveillantes, de penser avec compassion à l'égard de son histoire douloureuse, et surtout respect à l'égard de son courage. Cependant une part de l'aînée Carter surveille Sasha de loin, pas pour le piéger, pas pour le juger, mais pour veiller au bon déroulement des choses, au village comme à Poudlard.

 

Aujourd'hui d'ailleurs, il a demandé à lui parler. Alors qu'elle dépose une tasse de thé sur le comptoir à l'intention de Fenella, la rouquine interpelle le sixième année. Sasha ? Tu viens derrière du coup ? Après un coup d’œil vers l'entrée, sa tête disparaît de l'autre côté du rideau qui sépare le magasin de l'arrière-boutique. Elle a servi deux tasses de thé sur la table basse jouxtant trois fauteuils dépareillés au confort incontestable. Installe-toi, on va s'mettre là, dit-elle en désignant le Chesterfield abîmé. Près des boissons fumantes, quelques biscuits et une barquette de mûres attendent de rassasier l'appétit légendaire du Gryffondor. Sers-toi, indique Freya en prenant une baie noire qu'elle jette dans sa bouche. 

 

— Alors, tu voulais me dire quelque-chose ?

Sasha Shevchen

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Ukrainienne

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 14/07/2025 à 15:44

Depuis le dîner chez les Carter, Sasha avait soigneusement évité d'aborder les sujets liés à son passé et à ses origines lorsqu'il était à la boutique. En réalité, même en dehors d'OCQ, il avait évité d'évoquer le conflit et son pays avec quiconque, quand il l'avait pu, même s'il continuait à se faire livrer l'un des quotidiens dans sa langue qui lui permettait d'en avoir des nouvelles.

D'ailleurs, Fenella n'avait pas cherché à lui en reparler non plus et il lui en était reconnaissant : dans sa jovialité naturelle, elle évoquait plutôt ce qui se passait ici ; faisait remarquer les nouveautés de la Grand Rue, posait des questions sur les activités de Sasha à Poudlard, et bien sûr commentait l'actualité du Quidditch avec un humour qui faisait oublier au Gryffondor qu'il n'était que de passage. Bien qu'il restât réservé, Sasha avait peu à peu appris à partager avec elle des discussions au déjeuner quand Freya était absente, à commenter les dernières cartes à collectionner à l'effigie des joueurs célèbres, et se chamaillait même gentiment avec la jeune femme sur les équipes à soutenir pour la saison prochaine. Enfin, même en l'absence de Freya, ils arrivaient à se coordonner pour que la boutique fonctionnât correctement, et cela était principalement dû au leadership de Fenella, qui avait vite compris que Sasha avait des défauts, mais qu'il était bon à une chose : obéir aux ordres.

 

Début mai arrivait avec son lot d'éclaircies ensoleillées entrecoupées d'averses printannières, qui réveillaient les fleurs au bord du chemin qu'empruntait Sasha pour venir de Poudlard, les mains dans les poches, les yeux se promenant sur les poignées de coquelicots qui ouvraient leurs pétales carmines encore timides, annonciateurs d'une nouvelle saison - une dernière en Ecosse.

Sasha, lui, ne changeait pas beaucoup ; il avait simplement retiré ses pulls pour rester dans les chemises qu'on lui avait remises à son arrivée à Poudlard, veillant à ne pas en retrousser les manches. Fenella avait eu le tact d'éviter de poser des questions au sujet des cicatrices sur ses mains, mais il ne voulait pas rendre trop visibles ses avant-bras au risque de déclencher les regards des clients. Mais dès qu'il arrivait, de toutes les façons, chacun était pris dans le tourbillon des activités de la boutique qui ne désemplissait plus et il s'absorbait facilement dans le travail de réassort, de rangement, d'indications à donner aux clients.

 

Ce jour-là pourtant, il avait été moins détendu que d'habitude. Sasha avait trouvé le courage de demander à Freya, en arrivant, une discussion en tête à tête - Fenella avait entendu la requête, mais s'était contentée d'un regard vers lui suivi d'un clin d'oeil encourageant, faisant mine l'instant suivant de n'avoir pas même entendu la brève conversation. En réalité, elle était déjà au courant du projet du garçon, et n'y était peut-être pas pour rien dans la démarche de celui-ci de vouloir s'adresser directement à Freya au cours d'un entretien.

 

Quand l'heure fut venue d'avoir ce moment de discussion, Sasha s'essuya machinalement les mains sur son jean pour suivre Freya dans le petit coin confortable qu'elle avait aménagé dans l'arrière-boutique - précisément où elle l'avait soigné, quelques mois plus tôt, quand il s'était montré avec des entailles disgracieuses au visage. Mais depuis, il n'était pas reparu avec de quelconques traces de bagarre.

Sasha s'installa où la jeune femme lui indiqua, évitant son regard - il avait beau avoir pris l'habitude de travailler avec elle, il lui semblait toujours que les yeux de Freya avait quelque chose d'intimidant, peut-être surtout depuis qu'ils avaient eu cette conversation après le dîner. Du thé émanait une odeur chaude et douce, mais pour une fois, Sasha ne se jeta pas sur la nourriture.

 

  • - Heu, oui, alors... C'est parce que...

 

Sasha cherchait ses mots autant que quelque chose dans ses poches avec des gestes maladroits. Il finit par en extirper un petit morceau de parchemin plusieurs fois plié sur lui-même, qu'il commença à ouvrir entre ses doigts un peu tremblants. Il se doutait que Freya se rendrait compte de sa fébrilité, mais tant pis. Qui ne tentait rien n'avait rien. Il prit une inspiration.

 

  • - Voilà, c'est parce que je prépare une lettre pour le Ministère. Mais c'est un brouillon, précisa-t-il rapidement en se rendant compte de l'allure froissée et tâchée du parchemin en question, qui avait visiblement été raturé plusieurs fois, plié et déplié, trimballé depuis un moment dans les poches du garçon. Fen' a dit qu'elle m'aiderait à la corriger.

 

Sasha s'humecta les lèvres en contemplant l'écriture en pattes de mouche qui couvrait le papier. Il la gardait entre ses mains, comme une preuve plus que pour la faire lire à Freya, avant d'oser affronter, donc, ce regard déterminé encadré de tâches de rousseur. Celui sur lequel reposait toute la famille Carter. Et peut-être un peu lui aussi, désormais.

 

  • - Je vais demander une autorisation spéciale, d'avancer ma majorité, ou au moins d'avoir un droit d'agir comme si j'étais majeur, le temps que j'aie vraiment dix-sept ans mi-août.

 

Trois mois et il serait, en quelque sorte, libre de faire ses propres choix. Une partie de ce temps serait couverte par sa scolarité à Poudlard. L'autre moitié de ce temps était ce qui posait réellement problème. Le cliquetis de l'horloge marqua un rythme qui sembla comme un compte à rebours, et rappela à Sasha qu'il faudrait peut-être donner plus d'explications que cela.

 

  • - Je veux dire, je vais demander à pouvoir rester à Pré-au-Lard ou pas loin. Je sais que le château ferme, et si je ne fais pas cette démarche, bon, hum...

 

Sasha se passa une main sur la mâchoire. Avec les rasages répétés, quand bien même magiques, elle était devenue un peu râpeuse, comme si le corps du garçon s'était précipité pour devenir celui d'un homme avant qu'il fut tout à fait prêt - en témoignait des attitudes et des regards plus juvéniles.

 

  • - Bon, ils nous ont pas encore dit où on allait aller fin juin. Quand je dis nous, je veux dire les réfugiés.

 

Le mot avait l'air de lui cisailler les lèvres, mais c'était celui qui était employé par le personnel de Poudlard, la Gazette des Sorciers et souvent l'administration du Ministère, qui préférait parfois employer le terme "déplacés", ce qui ne lui semblait pas beaucoup mieux.

 

  • - Mais sûrement qu'on va nous mettre dans un bus ou un train pour nous stocker quelque part. Tous ensemble, tout l'été. En attendant la rentrée prochaine.

 

Sasha eut une drôle de mimique, rentrant la tête dans les épaules, ouvrant la bouche pour la refermer sans que d'autres mots ne sortissent. Est-ce que Freya comprendrait le problème ? Il eut un bref mouvement négatif de la tête. Ce n'était pas vraiment important.

 

  • - Ce serait mieux si j'y allais pas, résuma-t-il. J'préfèrerais pas. Alors, j'ai écrit que comme je travaillais déjà un peu, et que j'étais vraiment pas loin de la majorité, j'pourrais peut-être rester dans le coin et passer mon été à travailler.

 

Sasha guettait les réactions de Freya avec une appréhension visible sur ses traits.

 

  • - J'veux dire, enchaîna-t-il un peu précipitamment, pas forcément à la boutique parce que j'sais que c'est pas prévu comme ça, j'trouverai d'autres trucs ailleurs pour la semaine, mais si quelqu'un pouvait dire aussi au Ministère que j'suis apte à travailler et que j'ai déjà un emploi, ce serait un genre de preuve que je me débrouille déjà de toute façon, tu vois ?

 

Il lui semblait que l'atmosphère était soudain lourde, chaude et humide dans la pièce que seul le rideau épais séparait de la boutique, d'une manière plus désagréable que d'ordinaire. Sasha fit courir son regard sur les grosses boîtes qui contenaient les articles qui n'avaient pas encore été mis en rayon, comme si l'une d'elles contenait un argument supplémentaire qu'il aurait pu utiliser.

 

  • - J'veux dire, je sais que j'étais pas prévu à la boutique cet été de toute façon, et peut-être que vous allez partir en vacances ou je sais pas. Même si j'y travaille plus du tout, c'est pas grave je me débrouillerai, mais si tu pouvais, heu, juste certifier par écrit que pour l'instant j'reste employé, ça aurait l'air plus sérieux, quoi.

 

Il y avait un hic et Sasha le savait très bien : Freya ne voudrait sûrement pas attirer l'attention du Ministère sur sa propre situation. Mais qui d'autre pouvait écrire quelque chose de bien à son sujet, sinon elle ?

Freya Carter

Femme

25 ans

Sang-mêlé

Britannique

Maître du Pactole

Message publié le 17/07/2025 à 20:02

Alors que l'horloge de l'arrière boutique indique Charlie et Alison "En route" grâce à deux aiguilles semblables à des cuillères ornées de leurs prénoms, celle d'Owen est revenue sur "En déplacement" plutôt qu'"Inconnu". Quant à l'aiguille de Kate, elle n'apparaît que sur la pendule familiale du salon depuis que les Carter ont opté pour la discrétion à propos de sa disparition. Assise en face du tic tac familier et des consignes chantonnées irrégulièrement, Freya surveille l'aiguille de son père, espérant la voir glisser vers "En route" à son tour. Ainsi, elle jette parfois des coups d’œil à l'horloge pendant les silences de Sasha, mais reste attentive aux explications de ce dernier.

 

La mention du Ministère l'interpelle, puis de Fenella, puis l'idée même d'avancer sa majorité. Fronçant les sourcils, l'aînée fixe le parchemin torturé entre les mains de l'Ukrainien prête à lui couper la parole au moment où il reprend. Le manque de confiance de Sasha se heurte souvent au manque de temps de Freya. Celle-ci termine les phrases qu'il peine à articuler, ou le pousse à aller droit au centre de la marmite, l'esprit déjà ailleurs. Aujourd'hui, elle retient sa question, suspendue au bout de ses lèvres tâchées de rousseurs, tandis qu'il évoque les réfugiés, et donc les Russes. An-anh, je vois, acquiesce la sorcière, consciente des tensions qui peuvent gronder sourdement d'un côté ou de l'autre des deux camps, surtout après avoir appris que Sasha est le seul réfugié d'origine ukrainienne à l'école. Elle récupère quelques baies noires au creux de sa paume et les fait rouler distraitement en imaginant les possibilités du Gryffondor. 

 

— Alison m'a dit qu'tu pars en août ? révèle-t-elle, l'information gardée secrète tant qu'il ne se décidait pas à en parler lui-même. Ses yeux noisette sondent ceux du garçon. Elle y lit une volonté d'être honnête, en dépit du bagage sombre et mystérieux qu'il porte en permanence sur les épaules. Freya pense mieux cerner Sasha depuis les dernières semaines, certainement grâce aux échos positifs de Fenella. Quoiqu'il en soit, c'est noble de vouloir travailler jusqu'à la fin. Certains se seraient juste planqués. La rouquine croque les trois mûres qu'elle tenait dans sa main, et opine du chef, comme pour souligner la bravoure de l'étudiant. En tant que fille Carter, elle apprécie ce genre d'attitude. Moi je peux te faire un courrier, et j'peux même te faire bosser, c'est pas le problème ça. Elle quitte le regard de son interlocuteur et saisit sa tasse chaude, dont le contour est décoré d'une aquarelle représentant les boutiques du Chemin de Traverse à Londres, à l'époque où OCQ y avait pignon sur rue. Ses prunelles retrouvent Sasha. Détends-toi, j'ai l'impression d'être une harpie des fois quand on discute ensemble, plaisante Freya pour lui arracher un sourire soulagé.

 

— Je comprends ta situation, répète-t-elle plus sérieusement, j'peux te prolonger ton contrat, il y aura de quoi faire de toute façon. Sans certitudes de la présence d'Alison cet été en boutique, ni du retour de son père, la gérante préfère miser sur la motivation de l'adolescent. Les parents de Fen' ont transformé d'anciennes étables en chambres qu'ils louent occasionnellement contre des services rendus à la ferme, tu devrais voir avec eux pour te loger et compléter tes occupations la semaine. Confiante, elle termine sa phrase d'un hochement du menton satisfait. Chaque problème doit rapidement rencontrer sa solution lorsqu'on dirige un commerce, et Freya s'enfonce un peu mieux dans son fauteuil en savourant l'unique gorgée de thé qu'elle boira chaude cette fin de journée, elle le sait pertinent. De l'autre côté du rideau, le brouhaha des clients sonne comme un compte-à-rebours vers la fin de leur courte pause. La jeune femme revêt à nouveau une expression préoccupée. Alison m'a aussi dit que Charlie est pas au courant de ton retour en Ukraine. Enfin, elle lui a pas dit. Je sais pas si toi tu lui as dis, mais Sasha, ça risque d'être difficile pour elle avec la situation familiale, donc- Coucou ! s'écrie justement la troisième année, fraîchement débarquée de l'extérieur, la cape couverte de gouttelettes. 

 

Depuis que Sasha et elle ont discuté sous le saule cogneur, Charlie a continué de se renseigner à propos du conflit entre l'Ukraine et la Russie, affinant ses connaissances sur le sujet. Tandis qu'elle essaye d'arriver quelques heures avant la fermeture du magasin les samedis pour passer du temps aux côtés de Fenella et Sasha, ce dernier a retrouvé une place de choix dans son coeur d'artichaut, et Freya l'a bien compris. Elle interrompt immédiatement sa mise en garde et se lève, sa petite sœur déjà collée contre elle. 

 

— Salut toi. Ta sœur est pas là ?

— Elle discute devant, on a croisé le fils du brasseur en arrivant. Alors, t'as des nouvelles de Papa ? s'empresse de questionner la plus jeune des Carter en posant son sac au sol tandis que Freya la sèche d'un sortilège jeté du bout des doigts.

 

— Nan j'suis déso -Freya j'ai besoin de toi- j'arrive ! Toi t'as pas oublié de dire bonjour à Sasha par hasard ? Un ballet s'opère donc, entre l'aînée qui oublie sa tasse dans l'arrière-boutique pour rejoindre Fenella, et la benjamine qui attrape une poignée de mûres avant de s’asseoir sur l'accoudoir aux côtés du sixième année. Ch'alut Ch'asha, marmonne-t-elle, la bouche pleine de fruits, les prunelles attrapant au vol le parchemin brouillon qu'il tente de dissimuler. C'est quooooi ?! C'est une lettre d'amour ? Elle ricane et se penche afin de prendre un biscuit.

— C'est une lettre pour Kalina ? OH ! s'exclame-t-elle finalement en pinçant le gâteau avec ses lèvres, le temps de fouiller parmi ses bracelets. Charlie en extirpe un confectionné de perles jaunes et de perles bleues, et le tend à Sasha. J't'ai fait un bracelet aux couleurs de l'Ukraine ! Tiens, mets-le !

Sasha Shevchen

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Ukrainienne

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 19/07/2025 à 20:47

Sasha parut pris de cours par la question de Freya, mais il acquiesça bientôt d'un mouvement de tête pudique en la fixant d'un regard franc : oui, il repartirait en août.


A aucun moment il ne s'était attendu, en réalité, à ce que Freya fusse déjà au courant. De son côté, il vivait des instants avec chacune des soeurs dans des espaces-temps séparés qui lui donnaient l'impression de relations uniques ; tout se passait comme s'il oubliait, tout simplement, que les soeurs se parlaient entre elles et l'idée même qu'elles pussent parler de lui le laissait relativement pantois.

 

  • - Merci - désolé, balbutia-t-il, loin de se détendre malgré le poids qu'il sentait subitement quitter sa poitrine en entendant que Freya le soutenait dans sa démarche. C'est une super idée, pour la chambre à la ferme.

 

La suite fut interrompue par l'arrivée subite d'une Charlie enthousiaste - et Sasha resta un bref instant interdit, jetant un coup d'oeil à Freya qui passait déjà à autre chose : que voulait-elle dire ? Qu'il devait le lui dire pour la préparer, ou ne devait rien dire pour la préserver ? Trop tard.

 

  • - Sa... lut-Charlie, l'accueillit-il, et il profita de la conversation entre les deux soeurs pour replier sa lettre à la hâte, même si la Serdaigle l'avait bien sûr déjà vue. Naaan, protesta-t-il en la faisant disparaître dans sa poche. C'est un truc d'administration que je dois écrire pour continuer à travailler un peu cet été. Au cas où tu croyais pouvoir te débarrasser de moi bientôt !

 

Il donna un léger coup de coude à la gamine tandis qu'elle grimpait sur l'accoudoir, pour marquer sa taquinerie tant que, en réalité, son plaisir de la voir. En attendant, Alison était dehors (avec un autre garçon, bien sûr), et si son coeur lui avait semblé manquer un battement de sa poitrine, il retint sa curiosité envers la cadette pour se concentrer sur le cadeau de Charlie.

 

  • - Oooh, c'est... C'est vraiment gentil Charlie, merci beaucoup.

 

Il essaya de l'attacher autour de son poignet, profitant de pouvoir baisser la tête pour masquer qu'il était un peu ému que la petite fille s'intéressât toujours, même très discrètement, au sort de son peuple. Elle semblait être la seule pour qui cette guerre lointaine comptait, et malgré la culpabilité qu'il en tirait d'attirer une petite fille sur des sujets si violents et complexes, il trouvait aussi dans cet intérêt de Charlie un certain réconfort. Comme un secret qu'il ne partageait plus qu'avec elle, depuis qu'il avait décidé d'essayer d'être un élève normal à Poudlard. 

Le silence se prolongea, un peu étrange, tandis qu'il se concentrait sur les deux fils - comme s'il avait oublié qu'il aurait suffi d'un coup de baguette pour les nouer.

 

  • - Faut qu'tu m'aides à le mettre, j'suis pas doué avec mes gros doigts d'une seule main, maugréa-t-il avant de lever le poignet pour que Charlie pût lui attacher le bracelet.

 

Derrière eux, au-delà du rideau, des éclats de voix joyeux trahissaient l'enthousiasme d'une discussion entre Fenella et une paire de clients, tandis que Freya accueillait quelqu'un d'autre. Sasha jeta un coup d'oeil en direction du rideau, mais décida que la boutique n'avait pas urgemment besoin de lui à cet instant. Son attention retourna à la petite fille - qui changeait vite, malgré tout, en une jeune femme. Bientôt, elle rattraperait Alison en taille et en formes, peut-être un peu au regret du garçon.

 

  • - Pourquoi t'attends des nouvelles de ton père soudain, il s'est passé un truc ? demanda-t-il à voix basse - non sans tendre la main vers les baies et les biscuits, l'appétit ouvert par le regain soudain d'espoir que lui procurait l'assurance de Freya d'agir en sa faveur.

 

Même les fruits avaient un goût plus sucré et doux que d'ordinaire. Par réflexe, il leva les yeux vers la pendule - Owen Carter était effectivement en déplacement. Est-ce que ce n'était pas le cas depuis longtemps ? Il avait un doute, son souvenir de la première fois qu'il avait observé l'horloge était flou, et il fronça les sourcils.

 

  • - S'il revient, c'est lui qui reprend la boutique, tu crois ?

 

On entendit la clochette de la porte d'entrée. Un client qui venait de sortir ou bien quelqu'un entrait ? Sasha plissa les yeux, se pencha vaguement vers l'épaule de Charlie.

 

  • - Dis-moi qu'il est moche et bête comme un chaudron le fils du brasseur s't'euh plaît, plaisanta-t-il à voix très basse, la voix faussement sombre.

Charlie Carter

Femme

14 ans

Sang-mêlé

Britannique

Maître du Pactole

Message publié le 21/07/2025 à 16:47

À vrai dire, la benjamine Carter s'est sentie tellement concernée par l'histoire entre les peuples russes et ukrainiens qu'elle a demandé à Freya de faire un don aux enfants victimes de cette guerre à la place d'avoir un cadeau d'anniversaire le 21 avril dernier. Bien sûr, Fenella s'était empressée d'en toucher deux mots à Sasha, et lui-même de remercier Charlie lorsqu'il l'a croisée la semaine suivante dans les couloirs de l'école.

 

Le bracelet en main qu'elle noue correctement autour du poignet de l'adolescent, la rouquine en profite pour donner des nouvelles de cette épopée. Au fait on a reçu les livres sterling, on a fait une enveloppe à Londres avec un vrai timbre moldu, ET on a eu la réponse au courrier, c'est bien à l'association maintenant, chantonne-t-elle, heureuse d'apprendre que l'animagus passera l'été à leurs côtés. Ses doigts précis exécutent un nœud solide. Eux ils s'occupent de préparer des chambres et le suivi d'école et tout ce qu'il faut aux enfants réfugiés en Angleterre, des moldus mais bon, ça compte aussi, ajoute-t-elle en haussant les épaules, une fois le bracelet de perles correctement attaché. 

 

À la mention de son père, Charlie change de place, saisissant une deuxième poignée de mûres avant de s'enfoncer dans le fauteuil d'à côté. Ouais, c'est un secret, répond la Serdaigle en fixant d'abord le rideau, puis le sixième année. Vêtue d'un short d'uniforme au lieu de la jupe que portent souvent les filles du chateau, elle replie ses jambes en tailleur et parle moins fort. On a reçu un parchemin où il dit qu'on doit lui faire suivre du courrier, et qu'on doit pas essayer de le trouver. Et ensuite, plus rien. Elle cache son désarrois derrière une bouchée de fruits-rouges, ressassant intérieurement la dispute de dimanche dernier. Alison croit qu'il s'en fiche de nous, mais j'suis pas d'accord, j'pense qu'il va revenir. Ses prunelles semblent interroger celles du Gryffondor dans un bref silence. 

 

— J'en sais rien, même quand il était là c'était Freya qui s'occupait du magasin, déclare finalement l'élève de troisième année, suivant la trajectoire des yeux de Sasha jusqu'à l'aiguille d'Owen, une boule lourde au creux du ventre. 

 

Ignorant le bruit familier de la porte d'entrée, elle ricane aux paroles chuchotées par l'Ukrainien. Bah l'fils du brasseur, tu l'as déjà vu, c'est celui qui nous livre l'huile pour le bois. Un brun plus proche de l'âge de Freya que de celui d'Alison si l'on devait faire une moyenne. Un type travailleur la semaine, festif le weekend, habitué aux allers-retours Pré-Au-Lard/Londres où sa famille possède une seconde brasserie. 

 

— Tu cours encore après Alison ? demande soudain la benjamine, un sourire au coin des lèvres, les cheveux en pagaille. 

Sasha Shevchen

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Ukrainienne

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 21/07/2025 à 18:07

Sasha avait levé le poignet à hauteur de ses yeux pour l'admirer avec une satisfaction certaine : il trouvait que le bijou décontracté donnait à son bras une allure d'un garçon branché sortant d'un festival de musique avec un souvenir, comme ces jeunes perçus comme cools à Poudlard car ils arboraient les couleurs de la Jamaïque - des idéalistes aux yeux de Sasha, certes, mais auquel il ressemblait un tout petit peu plus grâce à Charlie, et en même temps il conservait ce lien avec ses propres combats. Un sourire aux lèvres pincés lui creusa un bref instant des fossettes que l'on voyait rarement.

 

- T'es l'anglaise avec le plus grand coeur, Charlie, confia-t-il. Et ta soeur la deuxième avec le plus grand coeur d'Angleterre.

 

Il parlait de Freya, évidemment. Peut-être en troisième position viendraient Fenella avec ses parents. Sasha sentait son coeur bondir dans sa poitrine de quelque chose de nouveau, qui le remplissait d'une manière rarement vécue. Il suivit du regard les mouvements de la jeune fille en laissant son bras retomber sur ses genoux, puis il se pencha pour refaire le plein de munitions rondes et juteuses à son tour - bon prétexte pour détourner le regard et masquer ce qu'il en pensait, d'Owen et ses consignes brèves passées à ses filles par écrit, et qui laissait Freya tout gérer même quand il était là.

Pour une fois qu'il était sur la même longueur d'onde avec Alison.

Il prit le temps de déguster une mûre avec lenteur, histoire de choisir ses mots. Il haussa les épaules, baissant les yeux sur le creux de sa main, où les baies étaient sagement entassées, tâchant sa paume et ses doigts, délivrant leur odeur doucereuse.

 

- Tu sais, à chaque fois que mon père promettait quelque chose, ma mère disait toujours : mieux vaut un chaudron fumant que les promesses d'un sorcier !

 

Il la visualisait parfaitement : les poings sur les hanches devant son chaudron, spatule dans une main baguette dans une autre (il n'était pas rare que lorsqu'elle rouspétait, elle tournât le ragoût avec sa baguette et tentât un sortilège avec sa spatule tout en vociférant), son visage rond trahissant une espèce d'agacement, au fond bienveillant, envers son époux.

 

- Comme ça, Kalina et moi on n'était jamais déçus, parce qu'on savait que l'important c'était d'être contents de ce qu'on avait déjà, et que tout ce qu'on pouvait nous promettre par ailleurs, c'étaient que des hypothèses auxquelles il valait mieux pas trop penser... mais je sais, c'est pas si simple que ça, ajouta-t-il d'une voix éteinte.

 

Sasha fit tourner une mûre entre son index et son pouce. L'animation se poursuivait dans la boutique, et le garçon se remémorait parfaitement le fils du brasseur, finalement. Un type plus vieux que lui. Assez séducteur dans le genre. Sûrement qu'il tenterait sa chance avec Alison s'il en avait l'occasion ; mais sûrement qu'elle était trop jeune pour oser sortir avec lui. Sûrement qu'elle flirterait volontiers néanmoins.

Sasha prit une mine faussement offensée.

 

- Je lui cours pas après, d'abord, ronchonna-t-il, veillant à ne pas parler trop fort, malgré sa voix grave qui couvait facilement comme un grondement au fond du brouhaha. Simplement, j'aime pas perdre, et j'ai pas encore abattu toutes mes cartes, voilà tout.

 

Enigmatique, Sasha fit sauter la mûre vers le plafond avant de lever la tête : le fruit retomba dans sa bouche.

 

- Mmh, reprit-il en la dégustant. Je l'ai invitée à dîner avant la fin de l'année scolaire, mais elle m'a pas encore dit oui. Elle a l'air de préférer traîner avec des crâneurs qui pensent qu'à son c-

 

Sasha s'étouffa avec la mûre suivante. Il toussota.

 

- Hem, qui pensent qu'à des choses sales, je veux dire, corrigea-t-il, l'air sombre. Et moi ça m'énerve qu'elle tombe entre ces mains-là.

 

Oh oui, bien sûr, chevalier servant, c'est uniquement pour la tirer des griffes des méchants que toi tu l'invites à dîner, lui souffla une petite voix intérieure, sarcastique, qu'il fit taire en lançant la mûre suivante - le fruit monta en cloche et retomba droit dans son gosier.

 

- A toi, il dit, et il lança une mûre vers le plafond, qui retomberait bientôt sur le crâne de Charlie.

Charlie Carter

Femme

14 ans

Sang-mêlé

Britannique

Maître du Pactole

Message publié le 23/07/2025 à 17:26

Le compliment de Sasha dessine un sourire fier sur le visage de Charlie. Posséder le plus grand coeur des îles d'Angleterre lui importe, et résonne en elle comme une force au milieu du chaos d'actualités négatives qu'elle absorbe chaque jour. L'adolescence a surgit dans la vie de la benjamine avec son lot de déconvenues, et rend plus précieux encore les moments de gentillesse. Naïvement, elle a l'impression que les adultes oublient cette part d'eux-mêmes, émerveillée de rien, empathique au sens primitif. De son côté, elle refuse de s'en séparer, et s'accroche à tout prix aux émotions enfantines dont elle se rappelle, déterminée à grandir sans s'oublier. Merci, je m'demande bien laquelle, de sœurs, rétorque-t-elle en pinçant ses lèvres amusées par sa propre répartie. C'est pas qu'Alison soit méchante, c'est qu'elle porte une armure de piques et de pointes pour cacher sa sensibilité. Au moins personne pourra croire qu't'es Russe maintenant, ajoute Charlie en désignant le bracelet aux couleurs explicites d'un geste du menton, satisfaite de l'utilité qu'il pourrait avoir. 

 

— En Écossais on dit "Gie me steam an’ stink afore ony fancy spell-chatter" et en Anglais, "Donne-moi la vapeur et la puanteur avant n’importe quel beau discours enchanteur." Alors bien sûr, elle ne risquerait jamais d'être déçue en évitant de penser au meilleur, mais la Serdaigle secoue son nez de gauche à droite le temps d'avaler sa bouchée de biscuit et mûres mélangés, et de donner son avis au sixième année. J'préfère imaginer qu'il va revenir. Et s'il revient pas, et qu'il me reste que l'imagination pour le retrouver, c'est toujours ça de pris, explique-t-elle, dégageant les mèches rousses du coin de ses babines collantes. Sans espoir, à quoi bon ? Les prunelles bleues de Charlie croisent les iris verts de Sasha, une lueur triste au fond de chacun d'eux. L'hiver a gelé beaucoup de perspectives, et l'absence d'Owen continue de hanter les filles Carter. Lorsqu'elle essaye de prendre du recul, Charlie pense à Sasha, à son départ chez les Veilleurs, à son éloignement de la famille. Elle se dit qu'elle est au moins avec ses deux sœurs, à Pré-Au-Lard, dans sa maison natale, et que ça pourrait être pire. Je comprends pourquoi ta mère disait ça, conclue la benjamine, consciente du bouleversement vécu par les réfugiés de guerre.

 

Et tandis que leur conversation s'éteint un peu bizarrement, le brouhaha du magasin reprend le dessus.

 

---

 

Au début, Charlie ricane face à l'attitude ronchonne du Gryffondor lorsqu'elle lui parle d'Alison. La fin du deal entre les deux adolescents date d'il y a plusieurs mois maintenant, mais il continue d'être attentif aux fréquentations de la cinquième année, comme s'il était directement concerné. Quand Sasha évoque l'invitation au dîner en jetant des baies dans sa bouche, la jeune fille l'observe. Anh. Visiblement, elle n'avait pas eu l'information. Dubitative un court instant, elle se demande ce que répondra sa sœur, les yeux soudain écarquillés. -qu'à son quoi ?!! pouffe-t-elle, en réalité habituée à entendre le vocabulaire cru d'Alison et des autres élèves de l'école. Ça fait longtemps que Charlie n'espère plus préserver la Serpentard des garçons. J'sais, moi aussi ça m'énerve. Son regard dévie vers le rideau fendu au centre par la tête de Freya. Sasha ? La Serdaigle reçoit le fruit sur le nez, éclaboussant son arrête et ses pommettes de mûre fraîche. 

 

— Oh nan mais Freya ! Tu m'as déconcentrée ! s'amuse-t-elle en provoquant le sourire de son aînée tandis qu'elle essuie son visage. Bah bravo. Sasha tu peux nettoyer l'établi et l'arrière-boutique pendant que Fen' gère la fermeture ? Ça sera fait comme ça. La Poufsouffle désigne d'un geste rapide l'accumulation d'outils sortis au fur et à mesure de la journée, et qui s'ébrouent, roupillent, chahutent ou virevoltent autour de l'établi magique situé non loin de l'espace de pause. Dans le reste de la pièce, certaines étagères réclament aussi un peu d'ordre, leurs cartons déballés à la hâte entre deux clients, ou leurs badges éparpillés à cause d'une maladresse. J'vais l'aider ! s'écrie joyeusement Charlie, déjà debout, la joue encore violacée. 

 

— Qu'est-c't'as foutu toi ? questionne soudain Alison, apparue à la place de Freya. Elle croise les bras sous sa poitrine et fixe tour à tour Charlie puis Sasha, ses cils frôlant sa frange, une moue critique déformant sa bouche. Euh, c'est lui qui m'a lancé une mûre ! dénonce la benjamine, déjà affairée à balayer les copeaux valsant au sol. 

 

— Et pourquoi ?

— On rigolait, rôh, détends-toi !

— Bah c'est pas drôle en fait.

— Mais SI, c'était drôle y'a deux secondes, c'est toi qui rends le truc pas drôle !

 

Le regard marron glacé d'Alison cherche l'aiguille de son père, et revient vers Charlie et Sasha. 

Sasha Shevchen

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Ukrainienne

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Modération

Maître du Pactole

Message publié le 29/07/2025 à 19:13

La conversation à propos du père de famille s'était éteinte dans un drôle de silence, que Sasha ne brisa pas. Il trouvait Charlie très forte, à s'obstiner à imaginer le retour d'Owen sans désespérer, mais il ne voulait pas vraiment alimenter ces espoirs-là. Que se passerait-il pour lui, si Owen débarquait ? Il ne savait pourquoi il nourrissait ce pressentiment négatif, que cela déséquilibrerait les Carter, qu'il n'aurait plus sa place à la boutique.

 

Sasha sursauta à l'apparition de Freya - et quand il tourna la tête vers Charlie de nouveau, c'était pour la découvrir avec traces toutes roses sur le visage, façon rouge à lèvres fichu au milieu de la figure. Il se mit à rire en se levant.

 

  • - Ok j'm'en occupe ! il lança à l'aînée des Carter.

 

Sasha se hâta de se baisser pour ramasser des balais miniatures qui s'étaient enfuis de leurs cartons, les entassant contre sa poitrine, progressant à demi-accroupi à travers la pièce. Lorsqu'il se redressa, ce fut pour se retrouver nez à nez avec une Alison qui avait croisé les bras sur sa poitrine. Il eut un mouvement de recul.

 

  • - Ah tiens, salut Alison.

 

Parfaitement détaché, comme s'il ne s'attendait pas du tout à la voir là, ok ?

Sasha alla verser les balais fuyards dans leur boîte qu'il se dépêcha de refermer, coinçant les pans du carton les uns dans les autres avant de se redresser pour ranger des badges renversés, aux couleurs d'équipes célèbres. Il en profita pour les recompter - odin, dva, try, chotyry, p'yat - murmura-t-il un bref instant avant de jeter un coup d'oeil en direction de Charlie.

 

  • - Dis, tu sais parler en Ecossais plus que ça ? Ca m'intéresse d'apprendre, tu saurais me dire les chiffres ? Ca impressionnera Fen' la prochaine fois si j'les connais par coeur ! s'enthousiasma-t-il avant de reprendre ses comptes.

 

Des bruits d'animation venaient de la boutique - les clients devaient parfois être gentiment mis dehors et le succès d'OCQ était alors rassurant pour tout le monde, ces jours-là : sans en parler, Fenella et Sasha s'en trouvaient rassérénés et plus joyeux - peut-être parce qu'ils savaient, au fond, qu'ils étaient les premières ressources dont OCQ devrait se séparer en cas de coup dur d'un point de vue financier, mais aussi et certainement parce qu'ils voyaient Freya travailler dur chaque jour et qu'il y aurait eu une forme d'injustice à ce que ça ne fonctionnât pas comme prévu.

Une fois les badges rangés et recomptés - Sasha inscrivit rapidement avec une plume presque sèche qu'il ne restait plus que 24 badges à l'effigie des Baroudeurs de Ballymena, une petite équipe irlandaise de troisième division qui avait joui d'une petite renommée cette année à cause d'une mascotte-spectre qui avait hanté les tribunes des grands matchs - Sasha alla ensuite débarrasser ce qui faisait office de petite table pour le ramener près des escaliers, car les vivres repartaient toujours à l'étage quand il y en avait, pour éviter que les petits rongeurs fussent attirés la nuit et le dimanche par des vivres laissées dans l'arrière-boutique. Sasha passa devant Alison et s'arrêta à sa hauteur. Il coinça une boîte sous son bras pour se libérer une main. Il put ainsi récupérer l'un des fruits dans le bol que tenait son main pour l'élever à hauteur de leur visage.

 

  • - Une mûre, Princesse, ou tu veux un délai de réflexion ?

 

La remarque avait beau être sarcastique, les yeux de Sasha étaient joueurs et ses fossettes étaient restées visibles depuis que Charlie l'avait fait rire - une bonne humeur si rare qui avait probablement à voir avec le soulagement d'avoir obtenu le soutien de Freya et le bracelet de Charlie : celui-ci d'ailleurs cernait le poignet avec lequel il tenait toujours la mûre, la tête inclinée en attendant la réponse d'Alison.

Alison Carter

Femme

16 ans

Sang-mêlé

Britannique

Maître du Pactole

Message publié le 02/08/2025 à 08:55

— Gàidhlig ? demande Charlie, déjà ravie de pouvoir s'improviser professeure pour l'Ukrainien. Tout en rangeant une étagère d'huiles stockées par fréquence de vente dont les pots ont été mélangés pendant la semaine, elle explique avec le plus grand des plaisirs. Je dis Gàidhlig parce qu'on l'appelle jamais vraiment Écossais en fait, sauf si tu dis Gaélique écossais. Ce faisant, elle jette des coups d’œil à Sasha, et continue de trier les produits situés devant elle. Près du rideau, Alison écoute, préférant suivre la scène plutôt que de ressasser encore la vague d'amertume laissée par le courrier de son père. Pour compter, "un" c'est "a h-aon", et si tu comptes quelque-chose de précis, comme des maisons, c'est juste aon, sans le "a" et le "h". S'il y a un mot après en fait, c'est juste la version simple, et si tu fais une liste des nombres, c'est avec un "a" et donc un "h" avec la voyelle aussi. A h-aon, a dhà, a trì, a ceithir, a coig, a sia, a seachd, a h-ochd. Et aon taigh, dà thaigh, trì taighean. Le pluriel des mots on verra plus tard, ajoute-t-elle malicieusement en remarquant la confusion du Gryffondor. Charlie répète une fois les chiffres de 1 à 8 lentement et s'amuse à entendre Sasha répéter après elle. Tu roules bien les "r" au moins, conclue la Serdaigle, un sourire reliant ses deux oreilles, la déception de pas avoir eu des nouvelles d'Owen oubliée pendant ce court instant. Charlipoupette, viens-voir devant, j'ai un truc à te montrer, interrompt Fenella. Et tandis que l'averse reprend de plus belle au-dessus du toit de la bâtisse Carter, les deux adolescents sont seuls dans l'arrière-boutique.

 

Alison s’apprêtait à monter lorsque le sixième année lui propose un fruit, et une conversation. Elle cille légèrement, sa frange toujours un peu mouillée malgré le sortilège d'imperméabilité protégeant sa cape de pluie. Ses prunelles fixent Sasha, le bracelet et la mûre, puis le bol, puis encore les yeux verts du garçon. Princesse ? reprend-elle avec un certain mépris pour l'appellation. J'suis pas une princesse. Qu'est-ce qu'ils ont tous ? Ses bras se décroisent, et la rouquine saisit le bol plutôt que la mûre tendue par Sasha. Elle goûte un fruit.

 

— Pourquoi je prendrais la tienne en particulier quand je peux avoir tout ça ? continue-t-elle sur la même pente que l'animagus. Alison récupère une autre mûre qu'elle prend le temps de faire rouler contre ses lèvres avant de la laisser tomber dans sa bouche et de l'écraser entre son palais et sa langue, bien consciente des pensées dévorantes de Sasha. T'essayes d'impressionner Fen' alors ? ajoute-t-elle, une pointe de jalousie difficile à camoufler malgré sa volonté de paraître détachée. 

Sasha Shevchen

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Ukrainienne

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 02/08/2025 à 16:32

- A-h-aon ? A-da, a-tri, a-seï... Seïtir ? Seït-hir ?

 

Sasha s'appliquait mais butait sur certaines lettres. L'anglais qu'il avait appris était un anglais international, où se mêlait son accent mais sans problème de prononciation particulier. Depuis qu'il était arrivé à Poudlard, il avait pourtant bien noté que certains accents locaux étaient si étranges qu'ils utilisaient des sons que sa bouche et sa gorge n'étaient pas capable de former : et le gaélique écossais, donc, était plein de ceux-ci.

Fenella interrompit le moment d'apprentissage, mais sur le passage de Charlie, Sasha chuchota, avec un clin d'oeil complice, pour ne pas que Fenella l'entendît :

 

- Tu m'feras répéter !

 

Le sourire de Charlie et son enthousiasme à partager ses connaissances faisaient chaud au coeur. La pluie avait beau s'abattre avec une certaine détermination sur le toit, comme si autant de dieux gaéliques tapotaient de leurs doigts impatients la demeure des Carter, il régnait à l'intérieur une chaleur et une bonne humeur qui seraient probablement, pour Sasha, l'une des choses les plus difficiles à quitter quelques mois plus tard, loin devant les dortoirs des Gryffondor ou les salles de classe où les heures s'allongeaient tant qu'elles en devenaient des tunnels aux contours déformés aux yeux de l'ukrainien. Le samedi était devenu, plus encore aujourd'hui, un cocon soyeux où l'on pouvait avoir un peu de répit, et où les intrusions d'Alison, peut-être, lui faisaient moins d'effet dramatique qu'ailleurs.

 

Sasha observa un moment la mûre pressée entre les lèvres d'Alison, qui disparut soudain, puis il releva le regard vers les yeux boudeurs de la jeune fille. Le garçon s'humecta les lèvres à son tour, puis se détourna en avalant lui-même la mûre qu'elle avait laissé dans sa main - just aon blackbelly, murmura-t-il pour lui-même, dans un mélange d'écossais et d'anglais aux r roulés comme dans sa langue, pour toute réponse à la provocation de la jeune fille. Il tourna le dos à Alison pour aller finir de ranger l'endroit que Charlie avait commencé, s'accroupissant, prenant pendant ce temps quelques instants pour choisir ses mots.

 

- Et pourquoi pas ? Fenella est super gentille et toujours de bonne humeur. Elle m'a vraiment bien accueilli ici, dit-il finalement. Elle m'aide même parfois avec certains sortilèges que j'connais pas en anglais.

 

Sasha leva à hauteur d'yeux une gourde à l'effigie de la marque OCQ, vérifiant que les animations magiques sur le métal ne soient pas coincées, comme cela arrivait parfois avec ce modèle. Il suffisait alors de la secouer pour les remettre en ordre de marche, mais c'était toujours mieux quand on n'avait pas à faire ça devant le client.

 

- En plus, je voudrais faire bonne impression auprès de ses parents, je vais les rencontrer bientôt, ajouta Sasha sur le ton de la conversation, comme si c'était une formalité évidente.

 

La petite voix à l'intérieur de lui lui fit les gros yeux. Il lui répondit tout aussi intérieurement d'un regard vindicatif. Pendant ce temps, comme pour appuyer ses précédents propos, la voix de Fenella se fit entendre depuis la boutique, rieuse, se mêlant au rire de Charlie. Sasha reposa la dernière gourde dans son carton, avant de se lever pour attraper un chiffon avec lequel il s'essuya les mains, son regard se reportant vers Alison, attentif, peut-être. Les tâches de mûre avaient déjà séché, toutefois, et le bout de ses doigts restèrent roses.

 

Le souvenir de leur dernière conversation était encore frais dans l'esprit de Sasha. Ils tentent des trucs, eux. Il se demandait bien ce que lui n'avait pas tenté : la danse, le rapprochement dans la serre et les cachots, le dîner, les deals. Quel genre de choses tentaient Ferguson et Spike qu'il n'avait pas osé ? Des propositions salaces, des sifflements suggestifs devant tout le monde dans les cachots et des mains baladeuses ? Certes. Alison voulait de drôles de choses, lui semblait-il. Ses prunelles percutaient toujours celles de la jeune fille, frontales.

 

- Et toi, y'a quelqu'un qui t'aide à réviser, pour les BUSES ?

 

Il s'imagina un bref instant Alison penchée au-dessus d'un livre, ses cheveux roux tombant devant son profil, et la superposition troublante d'un garçon brun qui lui passait un bras par-dessus les épaules et une main sur la cuisse sous la table. Ce tableau involontairement dessiné dans son esprit lui fit détourner le regard sans sourire pour jeter le chiffon sur la table avec nonchalance.

Alison Carter

Femme

16 ans

Sang-mêlé

Britannique

Maître du Pactole

Message publié le 06/08/2025 à 12:08

La manière dont Sasha porte la nourriture à ses lèvres, dévore les brioches du buffet, lèche ses doigts couverts de sauce grasse, a toujours étrangement fasciné Alison. La pornfood, comme ils l'appellent dans les magazines, est d'un autre niveau avec l'appétit animal de l'Ukrainien. Plus elle se retient de manger, plus elle le fixe pendant les repas, perdant parfois le fil de certaines conversations à force d'admiration. C'est ce qui pousse les filles à croire qu'Alison craque pour Sasha depuis leur danse le soir du bal de Noël. "T'es folle -anh, il est trop gênant", se ment-elle à haute voix, perturbée d'avoir des sentiments contradictoires en direction d'un probable meurtrier de guerre, peut-être hypocrite, et très certainement absent définitivement dès ce milieu d'été.

 

Les yeux fixés sur Sasha qui engloutit sa mûre, elle grimace légèrement à l'entendre parler un mélange d'Anglais et de Gaélique écossais, loin de trouver son accent détestable, au contraire. Aon smeuran, se contente-t-elle de rectifier plus froidement que prévu en continuant d'observer l'Ukrainien.

 

Pourquoi fallait-il qu'il joue lui aussi à disparaître du jour au lendemain ?

 

— T'as raison, répond la cadette Carter qui se sent soudain en opposition avec la description de Fenella. Gentille, de bonne humeur, l'inverse d'Alison quoi. Ça cristallise la moue boudeuse déformant ses lèvres de poupée mal lunée. La suite hausse un sourcil sous sa frange rousse. Mais genre, ses parents ? demande-t-elle abruptement en posant le bol pour recroiser ses bras. Deux rires retentissent et l'adolescente soupire, déjà soûlée d'être rentrée chez elle ce weekend. Elle s'assoit sur un accoudoir face au Gryffondor et l'observe se nettoyer les mains. Elle repense à la texture de ses phalanges lors du bal de Noël. C'est quoi le projet en fait ? questionne-t-elle alors à propos des parents de Fenella, une amertume vissée aux lèvres.

 

La dernière interrogation de Sasha retrousse sa bouche. T'es sérieux ? Au silence pesant qui résonne derrière son indignation s'ajoute le clapotement incessant des gouttes lourdes d'Écosse sur le toit, le borborygme écœuré de la gouttière, et le claquement vif des quelques drapeaux entourant l'enseigne. Tu m'prends pour qui ? Tu crois que j'ai besoin de quelqu'un ?! invective-t-elle en se redressant. 

— Alison, moins fort, on t'entend dans le magasin.

— Ouais bah t'as qu'à m'dire de retourner à Poudlard aussi.
— Ali, soupire Freya, en cherchant à comprendre la situation, son regard oscillant entre les deux adolescents.

— Nan mais c'bon, j'me casse, tu voulais que j'vienne pour lui d'façon et tu vois, il est pas là. Il en a rien à foutre j'te dis, RIEN À FOUTRE !

— What ?

— Oh ta gueule toi. 
— ALISON ! Ta sœur !

— C'est bon vous m'soulez. Y'a pas à nourrir des espoirs comme ça, arrêtez de la mettre dans une bulle, s'écrie la Serpentard en rassemblant ses affaires sous l'incompréhension de Charlie et l'exaspération de Freya.

 

— Il se casse Charlie. Il se casse en août c'est ok ?! lâche-t-elle soudain en désignant Sasha.
— Alison, sort ! 
— Oui j'sors, j'suis venue réviser les BUSES moi à la base, pas pour qu'on m'traite de pute ou qu'on me demande de prétendre que tout va bien, RIEN ne va bien, ET j'ai mes règles, ET j'vous emmerde.

 

Le bras de Fenella attire la petite Serdaigle au comptoir tandis qu'elle referme le rideau en lançant un œil peiné à la scène. Dans l'arrière boutique, Alison claque la porte menant au jardin. Seule face à Sasha, Freya reste un moment muette. L'horloge annonce la fin de journée imminente. Tu peux rentrer si tu veux, on va se débrouiller avec Fen', j'expliquerai à Charlie pour ton retour en Ukraine, souffle-t-elle, fatiguée.