Harry Potter RPG
Décoration ligne gauche
Décoration ligne centrale

De plumes et d'encre La Chambre de Morgane, samedi 17 février 2125

Décoration ligne centrale
Décoration ligne droite
Accueil En dehors du Château Londres De plumes et d'encre
Elliot Blackburn

Homme

25 ans

Né-moldu

Britannique

Avatar de Deb

Modération

Inconscient de Service

Message publié le 31/07/2025 à 19:03

Londres est couvert d'un manteau épais, humide, qui vient rythmer le pas de centaine de badauds affairés. L'on peut parfois apercevoir l'étrange présence d'hommes et de femmes affublés d'étranges accoutrements, qui disparaissent toujours dans la même bouche de métro. Inscrit en lettres fades sur un mur de béton envahit par la végétation : Aldwych. Peu d'habitants se prennent à emprunter le tunnel qui relie pourtant le centre commercial au parking. Pas seulement parce que la station est entièrement désaffectée. On la sait mal famée. Cela ne semble pas arrêter pourtant, ce bonhomme jovial à l'écharpe violette, cette femme au chapeau large agrémenté d'une plume de rapace, ce garçon aux joues roses et légèrement potelées.

Aucun d'eux ne parait dans le parking, des dizaines de mètres plus bas.
Aucun d'eux ne ressort non plus de l'autre côté.

Pour cause. Voilà bien des années que la station réserve son vaste secret. Un antique distributeur de tickets, plus d'une fois vandalisé. Un gallion poussé dans une fente latérale. Des mécanismes enchantés pour laisser aller et venir celles et ceux qui sont capables de voir ce qu'aucun moldu ne saura jamais repérer. L'entrée étroite et poussiéreuse d'un couloir de pierre aux décors effacés par le temps, qui mène tout droit à l'intérieur d'une vaste salle évènementielle sorcière de Londres : la Chambre de Morgane.

Creusée à même la roche, soutenue par des arches noires striées de runes enchantées capables de transformer son apparence au gré des besoins, la pièce est manœuvré par un technicien hautement qualifié - un vieux type bougon nommé Borgin Tallow, toujours sur place pour activer, désactiver ou réparer les circuits magiques complexes qui animent les lieux. Aujourd’hui, l’illusion déployée n’a rien de fantaisiste. Elle a été pensée pour impressionner un public trié sur le volet : journalistes, passionnés, paparazzis - tous réunis autour d’un seul mot : révolution.

L'occasion est unique. Rien moins que le lancement de l'OCQ 500, rassemblant pour l'occasion plusieurs membres éminents du monde journalistique. Spécifiquement du monde sportif. Se retrouvent bien sûr une poignée de reporters de la Gazette du Sorcier - pour le public mainstream -, mais également des recrues du Souafle Libre, du Vol Enflammé, ou encore du controversé Gringalet Sportif. Ça et là, des intrus du monde people bien sûr, armés de Mekapteur usés aux objectifs capables de zoomer sur plusieurs centaines de mètres. Des plumes voltigent déjà au-dessus de parchemins déroulés, parées à prendre note de la moindre anecdote croustillante.

La conférence ne va pas tarder à commencer.

Les gradins, composés d'autant de reporters que de sorciers et sorcières férus de Quidditch, semble un peu en ébullition. La plupart sont présents pour l'héritage laissé par Owen Carter, ou pour un aperçu de l'égérie de la marque pour son nouveau modèle : Elliot Blackburn. Certains espèrent sans doute apercevoir le gigantesque joueur, mystérieusement disparu aux yeux du public depuis déjà de nombreux mois ; quelques sorciers chuchotent qu’il serait temps de reparler du père-fondateur qu’on ne voit plus, et qui manque cruellement à l’appel. D'autres ne sont venus que pour obtenir un cliché avec le célèbre batteur des Catapultes, peut-être même un autographe.

Une poignée s'est déplacé par simple curiosité pour ce balai que l'on dit révolutionnaire.

En coulisse, l'agitation fait écho aux murmures grandissants des sorciers et sorcières déplacés ce jour. Certains marchent avec empressement. D'autres se hèlent à voix basse. Un type particulièrement, dénote. Campé sur deux jambes solides, les cheveux blanchis par l'âge, deux yeux noirs cerclés de lunettes rondes et épaisses, il semble au maximum de son stress. Beugle des ordres dans des murmures précipités. Arrête quiconque passe devant lui pour leur demander où se trouve Blackburn bordel, il aurait du arriver y a une heure. C'est pas possible. Jarvis Burrow, soixante-huit ans, a décidément passé l'âge de toutes ces conneries.

Freya Carter

Femme

25 ans

Sang-mêlé

Britannique

Maître du Pactole

Message publié le 03/08/2025 à 22:05

Derrière l'immense rideau qui sépare la scène du public, une estrade métallique se prépare à accueillir les intervenants dont Freya Carter, l'héritière improvisée d'Owen, et son assistant : le synthétiste japonais aux compétences encore méconnues du monde sorcier. D'un calme olympien, ce dernier seconde la rouquine aux réglages des OCQ500 choisis pour l'occasion. Trois bois et trois cœurs différents témoigneront aujourd'hui de l'adaptabilité totale du nouveau balai de la gamme mythique créée par le capitaine de l'équipe d'Écosse. J'aurais dû prendre le prunellier, ils vont trouver le sapin trop banal, s'inquiète Freya, vêtue d'un inhabituel pantalon à pinces beige et d'une élégante veste sorcière aux allures sportives, décorée de tartan écossais.

 

Une main posée délicatement dans son dos, Jun la rassure. Elliot va venir avec le coeur en plume d'oiseau-tonnerre, ils trouveront rien banal, c'est impossible, affirme-t-il, arrachant une moue guère convaincue à la Poufsouffle. Elle souffle nerveusement sur une mèche sortie de sa masse rousse attachée en chignon lâche, et qui revient devant son front. Ses doigts balayent des poussières minuscules accrochées au manche du premier modèle en exposition à l'arrière de l'estrade, au centre d'un faux terrain de quidditch prévu pour mettre en valeur la démonstration d'Elliot, même s'il sera autorisé à survoler la salle entière au moment venu. 

 

À chaque fois que Jun évoque le batteur, Freya sent son coeur déraper. Cent fois depuis sa dernière visite à la boutique, la sorcière a imaginé ce qu'il aurait pu se passer entre eux, si elle avait tourné la tête et cherché les lèvres d'Elliot pendant leur câlin, si lui avait décidé d'en faire autant. Mille fois, elle a repensé aux paroles du brun, à ses regrets, à cette impression désagréable d'être passé à côté de tout, et qu'il semble partager.

 

— Miss Carter, Sir Saito, il faut sortir de scène, la conférence va bientôt commencer, annonce une élégante régisseuse en tunique noire décorée de deux grands sélénophores dorés brodés dessus. D'un geste de la main, Freya renvoie les trois OCQ500 en lévitation au milieu du terrain avant de croiser la route d'un sexagénaire qui cherche l'égérie du jour. Je suis sûr qu'il va arriver d'une seconde à l'autre Monsieur, répond poliment Jun à l'homme furibond, puis d'entraîner la rouquine plus loin en voyant son regard paniqué. Il effectue doucement quelques points de pression le long de ses épaules. Inspire, expire, on bosse depuis deux ans, tu connais ton sujet. Souviens-toi, d'abord ils vont introduire la conférence, après c'est l'ouverture du rideau avec la démonstration, et ils seront déjà convaincus, crois-moi. Je suis là pour la technique, il te restera les questions commerciales, les délais, l'avenir d'Owen Carter Quidditch, rien de bien compliqué, mh ? Elle acquiesce, fébrile. 

 

Elle déteste être au centre de l'attention. 

Elle a de mauvais souvenirs de la presse.

 

De l'autre côté du rideau, la rumeur grandit. La foule s'impatiente. 

 

Jun dépose un doux baiser d'encouragement sur les lèvres de Freya. Elle regarde autour d'eux, gênée qu'on puisse les voir. Qu'il puisse les voir. Ce 14 février a joué son rôle d'entremetteur pour les deux partenaires de travail.

 

Soudain, un tonnerre d'applaudissement retentit et résonne dans la poitrine de Freya.

La conférence commence.

Elliot Blackburn

Homme

25 ans

Né-moldu

Britannique

Avatar de Deb

Modération

Inconscient de Service

Message publié le 04/08/2025 à 14:52

Enfoncé dans l'fond de son canapé, le regard d'Elliot balaye les cadavres de bouteilles éparpillés dans tout l'appartement. La plupart des gens se sont tirés. Certains sont encore étalés ici et là. Il est l'seul réveillé. Il termine son verre d'une traite et le repose bruyamment contre la table basse. La nana planquée contre lui s'étire à moitié mais s'contente de se retourner sans faire mine d'ouvrir un œil. Il est pas certain d'où elle a débarqué là. Encore moins d'son nom. Juste qu'il voulait la pécho, pis que c'était bien parti avant qu'elle se décide à tomber comme une masse au milieu d'son salon.

Reste personne d'autre.

Une main s'enfonce dans le pli du canapé, et il en extirpe mollement sa baguette magique pour balancer un tempus. C'est même plus l'matin. C'est tellement plus l'matin qu'il est en retard. Putain.  Pas à un genre d'évènement qui s'annule. Pas non plus l'genre où il peut juste oublier d'se pointer. Techniquement il pourrait demander à s'faire remplacer. Ça s'fait. Ça s'est fait une fois. L'truc c'est qu'Elliot aime pas vraiment l'idée que quiconque l'incarne où qu'ce soit. L'polynectar a ses limites. Faut qu'il se bouge. Redressé du canapé d'un mouvement las, il s'étire en matant autour de lui sans trop savoir ce qu'il cherche.

Tout lui prend des plombes. Il a carrément pas décuvé, et la douche y fait rien. La nana s'est réveillée quelque part pendant qu'il faisait ses allers retours et a pris la tangente sans demander son reste. Quitte à être arraché, Elliot se ressert un verre de pur-feu qu'il s'envoie d'une traite, juste histoire de se donner un coup de fouet. Il a fait zéro effort. Un jogging de marque enfoncé dans des chaussettes noires. Une énorme veste aux couleurs des Catapultes sans rien dessous. Les cheveux à moitié en bordel. Des lunettes de soleil enfoncées sur le nez pour cacher des yeux éclatés.

C'est plus du retard à ce stade. Il a envie d's'en taper. Mais comme tous les évènements où il sait qu'il va croiser Freya, il reste incapable de s'en taper. Il a pris soin d'esquiver le centre d'entrainement chaque fois qu'il a su qu'elle risquait de s'y pointer. C'est simple, il l'a plus revu depuis l'jour où il est venu à la boutique récupéré son balai. Pas faute d'avoir envie. Mais retrouver un semblant d'proximité pour se faire recaler dans la foulée lui a suffit à s'dire qu'il valait mieux tenir ses distances. Freya Carter est pas le genre de fille avec laquelle il pourrait être juste pote. Pas l'genre de fille avec laquelle il pourrait jouer.

Nan, Freya c'est l'genre de fille qu'il a envie d'savoir heureuse sans en être forcément témoin.

Elliot croise brièvement son reflet dans l'miroir. Se recoiffe vaguement. Se foire sur la moitié de ses illusions avant d'quitter l'appartement. Sa capuche rabattue sur la tête, les mains enfoncées dans les poches, il est plutôt confiant que personne ira le reconnaitre malgré tout. Faudrait déjà que y ait des gens qui sachent où chercher, en plus de le calculer au milieu d'une foule sapée plus ou moins comme lui. Son balai est déjà sur place. Bien gardé par un Jarvis qui doit être sur le point de péter un boulon. Elliot presse pas le pas pour autant. Il traverse Londres de sa démarche un peu arquée, un peu paumée.

Ça lui prend trente minutes de rejoindre l'entrée. Trente autres de convaincre la sécurité de le laisser passer. Visiblement engagée sur le tas, aucun n'a l'moindre rapport de près ou de loin avec le monde de Quidditch, et n'ont pas la moindre foutue idée de qui il est. Quand il se pointe enfin en coulisse, il se fait immédiatement charger par son agent. Le type est rouge comme une écrevisse, les poings serrés autour du balai qu'il force contre la poitrine d'Elliot avant de commencer à lui rappeler les termes de leur contrat, et l'argent en jeu autour de sa présence ici.

 

- Ouais. Ouais. C'est bon. J'ai pas vu l'heure.

- R'tire tes lunettes.

- Quoi ?

- Tes lunettes.

- Nah. J'suis éclaté.
- Super. Elliot, j'te signale qu'on est sur un évènement d'envergure, tu fais capoter l'bordel c'est sur moi qu'ça retombe, et aussi sur ta carrière. 

- Eh, oh, ça va Jarvis. Je gère.
- Tu gères mon cul. Cinquante minutes de retard. Tout l'monde essaie d'meubler.
- J'y vais maintenant ?
- Oui ! Putain oui. Mais t'mets ton maillot. Tout est là-bas. Bouge.

La foule s'agite, là derrière. Sans doute qu'on a annoncé son arrivée. Il en sait trop rien. Y a tout un tas d'gens qui courent dans tous les sens. Pas d'trace de Freya, ou de Jun, ou même de qui que ce soit qu'il connait. Il a entendu des rumeurs. Des rumeurs comme quoi la fille Carter serait sortie pour la Saint Valentin avec ce type. Les journalistes s'en donnent autant à cœur joie que quand ils essaient d'lui inventer une vie qu'il a pas. Mais ça s'tient. Ça l'emmerde mais ça s'tient. Jun est un type bien. L'genre gentil et prévenant. Elle bosse avec. Ça s'tient parfaitement.

Il enfourche son OCQ500. L'annonce est faite. Il déboule comme un boulet de canon directement dans la foule, pour commencer la démonstration, armé de son jersey au numéro fétiche, des lunettes de vol autour de la gueule. Les clameurs s'élèvent rapidement. Des exclamations impressionnées. Le grattement intempestif de centaine de plumes qui tentent de décrire avec fidélité ce qui se déroule sous leurs yeux. Il termine par une figure qui vient le faire atterrir directement au milieu de l'estrade, entre la team d'OCQ et les animateurs au sourire crispé.

Il leur serre la main, sa propre gueule ornée par des fossettes travaillées avec le temps, pour les milliers de photographies qu'on a pu lui faire prendre pour tant d'autres évènements. Les flashes se succèdent. Le murmure des conversations évolue en véritable brouhaha, jusqu'à ce que le silence soit fait de nouveau, et qu'on l'invite à s'assoir avec les autres, pour participer à son tour au lot de questions qui, il le sait déjà, vont le gaver plus fort qu'un Oiseau Tonnerre de Thanksgiving. La paire de lunette de vol se métamorphose pour reprendre leur forme initiale, celles de lunettes de soleil qu'il a déjà porté pour maintes interviews.

Freya Carter

Femme

25 ans

Sang-mêlé

Britannique

Maître du Pactole

Message publié le 06/08/2025 à 19:56

— À vous. L'entrée en scène tétanise Freya. La fille d'Owen Carter est habituée à éviter les journalistes depuis son enfance, cachée sous une cape dès ses premières heures en sortant de l'hôpital Ste Mangouste, ou affublée de sortilèges de camouflage pour se déplacer avec son père qui refusait de lui imposer une vie médiatique aussi toxique que la sienne. Sauf que voilà, son père n'est plus là. Dans son dos, la main de Jun remplace celle du célèbre joueur de Quidditch en retraite, et l'entraîne vers l'estrade sous les acclamations chaleureuses du public et une centaine de flashs retentissants. Choquée, elle entend la voix des animateurs résonner. Le col de sa veste lui donne des sueurs froides. Les projecteurs magiques l'éblouissent. "Freya Carter, quel nom ! Quel nom monumental, n'est-ce pas ? Miss Carter, alors on vous a très peu vue jusqu'à maintenant, mais- regardez cet accueil ; l'accueil du public est fantastique, je crois que tout le monde ici est très impatient !" Baguette contre leurs gorges, les deux sorciers chargés de rythmer la conférence enchaînent quelques banalités tandis que de longues bannières se déroulent bruyamment depuis plafond, dans lesquelles défilent des images d'Elliot en vol sur l'OCQ500. 

 

— ...un léger contretemps, et je vais en profiter pour donner la parole aux journalistes. Andrew, du Souafle Libre. "On peut le faire sans lui", chuchote Jun à Freya qui jette des coups d’œil inquiets vers le fond de la scène. Elle a envisagé toutes sortes de déconvenues aujourd'hui, sauf l'absence de l'égérie. "-c’est un petit con", disait Owen Carter en parlant du jeune Gryffondor lorsqu'il voyait sa fille rentrer de Poudlard couverte d'encre indélébile, sourire bête aux lèvres. Son père se serait méfié d'Elliot ; son père a jamais aimé l'idée qu'on puisse embêter sa descendance à l'école, et même après. Quand le prodige a grandi chez les Catapultes, et que Freya collectionnait chaque actualité le concernant, Owen a continué de l'appeler "le p'tit con", sûrement car il prenait la place qu'aurait dû occuper sa fille dans le milieu du Quidditch, peut-être car Owen Carter devenait un vieux con. La Poufsouffle sait plus bien s'il y avait une once d'affection ou juste de la lucidité maintenant qu'elle se trouve face au public, seule.

 

Les premières questions des chroniqueurs estompent le trac de la rouquine et répondent aux interrogations rudimentaires à propos de l'OCQ500. Oui, l'utilisation du balai en compétition officielle entraînera une réglementation spécifique, oui, la provenance des matières premières est gérée durablement et en accord avec le respect de la faune et la flore, oui, les amateurs peuvent déjà précommander leur propre modèle, non, la taille pour enfant n'arrivera pas cette saison.

 

L'intérêt porté par la foule de professionnels au dernier né de la gamme OCQ fait prendre soudainement conscience à Freya des répercussions que cela pourrait avoir sur sa vie, sur la boutique, la réputation des balais Carter, et l'équilibre de la famille entière. Peut-être, même, que cela pourrait ramener son père. "-est-ce qu'on peut s'attendre à vous voir faire une démonstration ? Vous avez ça dans le sang." Euh- "En parlant de démonstration !"

 

Soudain, Elliot surgit et interrompt la série de questions-réponses en déclenchant une nouvelle vague d'euphorie parmi les spectateurs. L'Écossaise retient son souffle, suivant des yeux la progression du brun, surveillant les réactions des reporters sportifs. Enfin, se dit-elle, rassurée qu'il soit là. Mais quand son ex-petit ami atterrit et lui serre la main, c'est Elliot Blackburn, la star du ciel, l'insolence incarnée, qui se trouve devant elle. Il fait le show, ça paraît logique, se convainc-t-elle en voyant les lunettes de vol devenir des lunettes de soleil sombres sur le nez d'Elliot.

 

Et l'odeur d'alcool qu'il dégage, elle évite d'y penser, trop anxieuse pour s'ajouter ça.

 

En présence du célèbre batteur gallois, l'interview dérive vers l'utilisation concrète du balai. Avec un sourire digne de ses meilleurs posters, il évoque son fanatisme d'Owen, il appuie l'idée selon laquelle l'OCQ500 va révolutionner le sport volant en expliquant la relation unique qui s'est déjà créée entre lui et l'engin. Il gère, tout simplement. Les sorciers venus des Îles britanniques et plus loin boivent ses paroles sous l’œil admiratif de Freya. Elle a du mal à retenir sa propre ferveur en l'entendant chanter encore les louanges du fruit de son travail des deux dernières années. Même lorsque les statisticiens piquent l'égo d'Elliot en diminuant ses performances, il répond proprement et fait rire la foule. L'ambiance prend une tournure différente alors que se mêlent aux chroniqueurs sportifs, les rédacteurs de presse-people, venus pour obtenir des scoops privés. 

 

On vous a vu quitter la boutique OCQ tard dans la nuit il y a quelques semaines… vous êtes restés proches de la famille Carter ? [...] Avec qui avez-vous passé la Saint-Valentin, Elliot ? On murmure que ce n’était pas une inconnue… Le Gryffondor ignore l'inconfort de Freya et renvoie les interrogations à coups d'humour caustique, comme il le ferait face à un vulgaire cognard. J'sais pas qui vous a raconté ça mais z'avez du m'confondre avec quelqu'un d'autre. Tard dans la nuit j'suis aux putes -exclamations choquées, rires, grattements de plumes. Sans déconner ça r'garde personne. Mais ouais, j'connais bien Freya Carter, on a été à Poudlard ensemble, aujourd'hui on bosse ensemble. Ça s'arrête là. Le journaliste insiste. J'fête pas la Saint Valentin, j'l'ai passé en tête à tête avec ma console. Très connue. Chez les moldus. Voulez la marque ?

 

À côté de Jun, la rouquine blanchit. Les animateurs, eux, se gaussent, convaincus du succès de la conférence. Et puis les plumes se braquent sur la sorcière. "-quelles sont vos armes dans ce milieu d'hommes ?"

 

— Je n'ai pas d'armes, je ne crois pas qu'il faille se battre et- elle est redoutable, elle est vraiment brillante, s'empresse d'ajouter le Japonais à qui l'on demande s'il a trouvé plus qu'un terrain de mise en pratique de ses connaissances en Écosse, et plus qu'une collaboratrice en la personne de Freya. Je ne joue pas à la console, et je fête la Saint Valentin, si c'est votre inquiétude, répond-il sans chichis dans la voix, suscitant un grattement émoustillé de plumes pendant que la Poufsouffle tourne la tête pour "vérifier" que les balais d'exposition soient toujours là, et cacher les rougeurs de ses joues. "On va passer aux dernières questions ! Par ici, Monsieur, allez-y." D'un sujet à l'autre, arrive celui qu'elle redoute : son père, le colosse disparu, le géant silencieux, le patriarche absent. L'aînée a préparé cette intervention et racle sa gorge avant de prendre la parole. Il n'y a rien à dire sur mon père. "Est-ce qu'il va bien Miss Carter ?" "Est-ce qu'Owen Carter a disparu ?!" Ses oreilles bourdonnent. 

 

Les journalistes ont arrêté de suivre les instructions des animateurs et réclament d'en savoir plus, chacun y allant de son interrogation ou son inquiétude, dans ce qui commence à s'apparenter à une cacophonie géante. "Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ?" "Est-ce qu'il a fait le deuil de votre mère ?" Arrêtez, allons, s'il-vous-plaît, laissez-la parler ! Freya semble clouée sur place, incapable de se sortir seule de cette situation. 

 

— Tu veux sortir ? murmure Jun en touchant sa main.

Accueil En dehors du Château Londres De plumes et d'encre