Elle n’était pas ici pour prendre du bon temps et profiter comme 80 % des gens ici. Sinon, elle ne serait simplement pas là, préférant le confort de sa maison à l’ambiance anxiogène des matchs de Quidditch de manière générale. Les supporters ne semblaient pas tous être des causes perdues cependant, comme ce Monsieur qui avait pris sa défense un peu plus tôt. Elle a des yeux absents, rivés sur le terrain sans réellement prêter attention à ce qu’il s'y passe. Elle ne réagit pas, n’applaudit pas lorsqu’un joueur marque, ne hurle pas contre les règles lorsque l’équipe a l’avantage. Ses deux mains liées devant elle, elle a enfin rejoint Kaelen et Noah et reste l’oreille tendue, prête à bondir au moindre débordement. Autant tirer l’avantage de son poste pour rendre sa soirée un peu plus intéressante. Elle scrute les spectateurs du coin des yeux, observatrice, comme elle le fait si bien. Elle remarque cependant qu’elle n’est pas la seule. Son supérieur est sur le qui-vive également, l’air peut-être un peu trop pessimiste, ce qui a le don d’alerter assez rapidement la jeune femme. La boule au ventre, un mélange d’adrénaline et d’appréhension à l’idée qu’il se passe quelque chose avec autant de monde aux alentours. Et elle ne croit pas si bien dire puisque quelques secondes suffisent pour remarquer ce qui ressemblait fortement à des étincelles rouges qui illuminent le ciel de manière éphémère. Elle acquiesce à la remarque de Noah et s’exécute, bien décidée à vérifier que personne n’est en danger et à questionner les supporters sur la raison de leur présence ici alors que je le match n’est pas terminé.

Ni une ni deux, baguette en main, il est l’heure de quitter le terrain, non-mécontente de se sortir de cet endroit. Le résultat final importait peu pour elle. Le bruit de la foule s’intensifie un instant, mais peu à peu, le brouhaha s’éloigne, laissant place à l’obscurité de la nuit et à une ambiance encore plus pesante pour l’Auror. 
Son instinct ne lui jouait pas des tours ce soir. Arrivant sur les lieux où se déroulait une séquence dramatique, elle ne peut s’empêcher d’avoir un mouvement de recul, le temps de se rendre compte que bien trop de personnes étaient déjà à terre. Pourquoi ne pas avoir mis davantage d’Aurors sur le terrain pour surveiller absolument partout. Pourquoi fallait-il constamment qu’ils baisse leur garde ? Arpentant rapidement la scène du regard, elle remarque que le Directeur des Jeux et Sports Magiques ainsi que la Directrice de la Justice Magique sont à terre, morts, pour sûr.
Il n’y a plus de temps à perdre. Puisqu’elle n’a pas encore été remarquée, elle ne tarde pas à lancer un Confringo en plein sur l'un des Mages Noirs, pour venir en aide au Directeur du Département des Mystère. Immédiatement, un Periculum pour avertir le Chef que quelque chose est bel et bien en train de se tramer ici. Il faut qu’il rapplique, vite. Elle prend une micro-seconde pour regarder sa victime qui, sans aucun doute, ne poserait plus aucun problème. Et d'un. 

-    Nos renforts arrivent, on est bien plus nombreux. Toi et tes acolytes n’avez aucune chance.

Du bluff ? Peut-être un peu, mais il valait mieux tout tenter pour gagner du temps, le distraire, faire en sorte qu’il n’y ait plus de victimes. Les Méchants avaient parfois cette tendance à bien trop user la parole. Autant essayer de lui faire sortir quelques phrases en attendant les renforts. Chaque petite perte d’attention peut être bénéfique aux Aurors. Mais les Feudeymons fusent en même temps que la foule s’exclame, signalant la fin du match. Un minuteur au-dessus de leur tête, les alarmant que chaque seconde compte. Un Deprimo lancé à la voler pour gagner du temps, tenter d’affaiblir l’Adversaire, qu’il n’y ait désormais plus de victimes. Bien qu’elle savait pertinemment que la foule allait débarquer d’une seconde à l’autre.

Carillon - Vent

Les rires, les cris, les exclamations, tout était là. Le sourire sur les lèvres, les cheveux au vent, je me fonds dans l’ambiance et scande des paroles que j’entends. Le match se déroule sans encombre. Deux équipes professionnelles qui savent ce qu’elles font sans le moindre doute. Néanmoins, dans une compétition, il faut un gagnant et un perdant et sous une acclamation à faire trembler tout le stade entier, c’est le Japon qui s’impose. Les hurlements sont tels que je m’en boucherais presque les oreilles.
Mais l’univers ne semblait pas d’accord avec le déroulé de la soirée. À peine sortie du stade, je perçois une différence dans les cris. Ce ne sont plus des cris de joie, mais des cris de terreur, voire même de souffrance. Je me hisse dans la foule, me faufile en écarquillant les yeux face au feudeymon.

D’abord fascinée par ce tableau, ma tête réfléchit à toute vitesse. Que faire ? Partir ? Certainement pas. Aider les Aurors ou se décider à tenter de protéger le maximum de personnes en stoppant la magie noire menaçante ? La décision n’est pas longue à prendre. Si jouer à l’héroïne ne me déplairait pas, l’urgence était de faire en sorte qu’il y ait le moins de victimes possibles prenait le dessus. Que cette coupe, cet endroit, jusqu’alors un lieu de fête, ne se transforme pas en un véritable cimetière. Même si au fond de moi, je savais pertinemment que ça l’était déjà un peu.

Les bras soudain pris de picotements d’adrénaline, j’accélère le pas, poussant le moindre obstacle sur mon passage – mieux vaut être bousculé que mort – et finalement, je me mets à courir à mesure que je me rapproche de la créature artificiellement dangereuse. La baguette en main, je me dépêche de faire le vide dans ma tête pour retrouver le sort. Juste au moment de prononcer l’incantation, un homme débarque, apeuré, dans un état de transe hystérique qui ne semble pas contrôler – une peur panique. Mais casse-toi de là !!! Le bougre allait crever s’il continuait à gesticuler comme ça. De nouveau centrée sur le feudeymon, je tends une main déterminée vers ce dernier et lance un Finite Terribilis, le regard dur, les iris couleur feu, la volonté de vaincre.
 

Le sort fonctionne, mais il semblerait qu'il soit bien trop faible pour contrer le feudeymon.

La célébration ne fut que de courte durée. Derrière les acclamations majoritaires et les quelques déceptions, se cache une atrocité que l'on ne voit pas encore, mais qui peut déjà s'entendre et se ressentir. Lesley ne traîne pas pour quitter le stade dans le but d'évacuer, comme tout le monde, avant qu'il n'y ait des blessés, voire pire. Mais ce qui s'offre à lui est bien pire que ce qu'il attendait. Lui qui pensait qu'une menace proférait sans action, il avait eu tort. L'attaque était déjà bien entamée, des sorcières et sorciers à terre, morts ou vivants, il n'en savait rien, mais son instinct lui intimait d'aider.
À quelques pas de lui, des membres du ministère et quelques supporters se dépêchaient de tenter de dissiper le feudeymon qui menacer du tout brûler sur son passage. Pendant un court instant, Lesley hésite à prendre part au sortilège, mais il fallait prendre soin de ceux qui avaient été touchés. Il s'approche, s'agenouille, vérifie que le pouls bat encore sur les personnes à proximité de lui.

Il entame son aide pour l'évacuation en relevant ceux qui semblaient hâte à se déplacer en premier lieu. Des hommes, des femmes, des enfants qui voulaient simplement profiter d'un événement tant attendu en cette belle soirée d'été. Allez, venez avec moi, il ne faut pas rester ici. Avec sa voix dure mais rassurante, il ne lui faut pas attendre longtemps pour que les pauvres blessés s'exécutent et s'accrochent à lui, et entre eux. La marche est difficile, mettre un pied devant l'autre n'a jamais parut si compliqué. Se faufiler entre les sorciers qui tentent - en vain souvent - de lancer le contre-sort du Feudeymon, éviter les sorciers paniqués qui ont perdu la tête, tout devient un véritable capharnaüm. Au loin, le jeune professeur aperçoit un autre groupe de sorciers en train d'en évacuer d'autres. Des médicomages sont déjà sur place pour aider ceux qui ne peuvent pas se déplacer, qui sont inconscients ou même pire encore. Parce que oui, bien que dotée d'un optimisme sans précédent, Lesley sait pertinemment qu'il y a des pertes ce soir, il ne veut même pas savoir le nombre exact. Pour le moment, sa seule préoccupation, c'est les autres.

Habituellement, elle aimait être appelée en mission. On le lui avait toujours dit : elle n’était pas devenue Auror pour rien. Les déplacements, les missions excitantes étaient ce qui la rendait vivante. Elle en gardait souvent des séquelles mentales durant quelques semaines, quelques moins, mais ça finissait toujours par se dissiper afin qu’elle se concentre pleinement sur tout autre chose. Aujourd’hui était un jour où elle était là, prête. Pourtant, quelque chose dans son estomac lui faisait comprendre qu’elle était nerveuse, inquiète.
Alaska resserre sa veste autour d’elle alors qu’elle transplanait aux abords du village sorcier de Blackmill. La brume s’accrochait aux toits, le ciel couvert donnait l’impression que quelque chose menaçait. Elle ne peut s’empêcher de ressentir un frisson la traverse face à cette ambiance morose. L’endroit avait quelque chose d’étrangement silencieux, comme si le village retenait son souffle. Elle n’aimait pas ça. Elle arborre tout de même une expression neutre pour ne pas montrer son inquiétude face à la raison de sa venue ici.

D’un pas rapide, elle rejoint le lieu de rendez-vous, une place étroite bordée de maisons. Le chef de la brigade de police magique l’attendait déjà, Kaelen était déjà sur place. Bonjour à vous deux, lance-t-elle sans abandonner son expression facial. Elle savait parfaitement taire ses émotions. Elle écoute les informations d’une oreille à la fois attentive et distraite. En fixant Harrington, elle n’avait pas besoin de détails pour comprendre son état. Son visage parlait pour lui : traits tirés, mâchoire crispée, un pli soucieux entre les sourcils.

Le regard d’Alaska glisse sur l’atmosphère pesante qui pesait sur Blackmill. Elle connaissait ce genre de silence – celui qui précède les tempêtes, celui qui suit les disparitions inexpliquées. Les traces de violence, demande-t-elle en croisant les bras, elles semblent avoir été causées par un sorcier ? Ou devons-nous envisager une autre menace ? Pour compléter les dires de son collègues concernant les autopsies.
La situation ne réclamait rien de bon, ils allaient devoir batailler pour espérer que les murs parlent et leur disent tout ce qu’ils savaient. 
 

Le cours venait tout juste de s’achever, marquant la fin de la matinée. Lesley allait enfin pouvoir profiter d’une pause bien méritée avant d’attaquer ses leçons de l’après-midi. Il savait que capter l’attention des élèves en fin de journée relevait souvent du défi, mais cela ne l’empêchait pas de redoubler d’efforts pour éveiller leur curiosité. Pour lui, l’apprentissage devait rester un plaisir, jamais une corvée. La leçon du matin, consacrée aux hippogriffes, avait visiblement suscité de l’intérêt. Certes, la partie théorique n’était jamais la plus palpitante - ça, il l'avait bien compris - mais elle restait essentielle pour préparer les élèves au jour où ils se retrouveraient face à l’une de ces créatures majestueuses.

Un léger soupir s’échappe de ses lèvres alors qu’il rassemblait ses affaires, déjà projeté vers le reste de la journée. Pourtant, un détail lui échappait encore. Une élève, restée discrètement en retrait, n’avait pas quitté la classe. Ce n’est que lorsqu’elle prend la parole qu’il s’aperçoit de sa présence. Son cœur a un sursaut, une légère accélération qu’il s’efforce de masquer pour ne pas la mettre mal à l’aise. À la place, il lui offre un sourire chaleureux, prêt à écouter ce qu’elle avait à lui dire. Et sa question accentue son sourire. Il y discerne une réelle curiosité, exactement ce qu’il recherchait lorsqu’il avait passé la porte de la salle de classe.

Intéressant. Il laisse quelques secondes dans le vent, le temps de ranger ses dernières affaires dans son sac. Amanda n’était pas l’élève la plus loquace de ses cours, mais elle avait le don d’attiser sa curiosité. Ses camarades étaient sans doute déjà passés à autre chose, mais elle, étirait encore les minutes pour satisfaire sa curiosité.
Il se tourne ensuite complètement vers elle, s’appuyant sur le bureau d’un geste détendu. D’un mouvement machinal, il relève les manches de sa chemise jaune avant de croiser les bras. Puisque vous en parlez, Amanda, je vous retourne la question : pensez-vous pouvoir grimper sur le dos d’un hippogriffe qui n’a aucune idée de qui vous êtes ? Il comprenait parfaitement cette impatience, cette envie de brûler les étapes. Comment vous vous y prendrez ? Après tout, lorsqu’une passion s’emparait d’eux, les jeunes sorciers faisaient souvent preuve d’un courage et d’une détermination remarquable. Mais face à une créature aussi fière et imprévisible qu’un hippogriffe, l’audace seule ne suffisait pas. Aussi, il attend une réponse concrète de la part de son élève, observant ses réactions avec curiosité. Comment comptait-elle s’y prendre, la prochaine fois, pour approcher et monter sur le dos de l’animal sans risquer de froisser son orgueil ?
 

Il était difficile de trouver un fil conducteur dans ce capharnaüm. Les marques sous le banc constituaient une provocation évidente, mais elles indiquaient aussi que ce banc en particulier pouvait revêtir une importance capitale. Alaska n’avait pas hésité à dégainer son appareil photo pour capturer chaque angle, ne laissant aucun détail lui échapper. Ses mains avaient d’abord légèrement tremblé, par crainte de ne pas savoir manipuler l’appareil correctement. Mais après quelques essais, la confiance avait repris le dessus, et les clichés s’enchaînaient, afin d’être certaine que chaque détail était bien immortalisé.

Le sort suivant lancé par Kaelen leur avait permis de faire un grand pas en avant. De nombreuses informations se présentaient désormais à eux, à tel point que la jeune Auror était devenue incapable de savoir par où commencer les recherches. Magie complexe, noire, traînée de fumée, chemins empruntés… chaque indice semblait porteur de sens, mais il leur fallait se hâter pour remettre chaque pièce du puzzle en place, dans l’espoir de trouver une réponse concrète. Alaska scrutait les deux options qui se présentaient à elle, les sourcils froncés, le cerveau en ébullition. Cette personne était intelligente, peut-être même trop, et malgré les indices évidents, elle semblait prendre plaisir à les mener en bateau – c’était du moins ce qu’elle préférait croire, pour ne pas se laisser embarquer dans un piège trop évident. Le sentier secondaire. Après tout, s’il ne menait à rien, ils pourraient toujours faire demi-tour pour explorer le reste. Si les pas ont soudainement changé leur trajectoire, ce n’est pas pour rien ou alors pour brouiller les pistes, mais dans ce cas, pourquoi ne changer qu’une fois de chemin ?

Sans un mot de plus, elle s’avance vers le sentier, mais, au milieu de la trajectoire, elle s’arrête brusquement. Elle lève sa baguette et lance :

Occulo Cati. 

Lesley sourit. L’enthousiasme de ces trois collègues faisait sur bien à voir. Depuis son arrivée à Poudlard, il avait ressenti ce mélange étrange de nostalgie et de lassitude chez certains enseignants plus anciens. Mais là, aujourd’hui… il y avait quelque chose dans l’air. Une étincelle. Un espoir, peut-être. 

Il jette un regard circulaire à ses collègues. Les discussions allaient bon train : idées nouvelles, projets de théâtre, de musique... Cette volonté commune de faire de l’école un lieu vivant, joyeux, à nouveau. Mais aussi de ramener d'autres personnes car on ne serait jamais trop pour ce genre de changements.

Il accepte volontiers, la gourmandise proposé par Horace, non sans un clin d'œil à ce dernier, suivi d'un merci poli. Il croque dedans, et son sourire s’agrandit. Rien de mieux que les gâteaux pour faire croître sa bonne humeur. Il écoute ensuite Aingeal, concernant le voyage qui ne devait pas être vide de sens. Un séjour où les élèves pourraient découvrir des lieux, des choses qu'ils n'avaient jamais vu auparavant, de quoi fermer le clapet aux plus vantards d'entre-eux. Lesley hoche vivement la tête. Evidemment, que je serais ravi d'accompagner. Il faudrait néanmoins ne pas oublier de les lier aussi, prévoir un temps où ils seront ensemble. Il voulait qu'en rentrant à Poudlard, ils aient encore des choses à se dire, des souvenirs à partager. Evidemment, il ne vivait pas dans une utopie et savait que tous ne pourraient pas être amis. Mais appaiser les tensions serait déjà une belle victoire.

Il se dirige ensuite, un reste de gâteau à la main, vers les tableaux fraîchement accrochés au mur. Il les observe avec une intensité presque comique, les sourcils froncés, les bras croisés. Honnêtement… j’y connais pas grand-chose, qu'il murmure en penchant la tête devant l'un d'eux. 

Et malgré son ignorance artistique, il reste là un moment, pensif, le regard perdu dans les coups de pinceau.