Tansy progresse dans l’eau avec une aisance surprenante. Elle s’essaie à des nages variées, comme sa camarade avant elle, en toute fluidité. Quant à Wendy, à sa propre stupéfaction, elle parvient à maintenir les branchies sans trop de difficultés. Le fait d’avoir pu les expérimenter en premier lieu l’aura sûrement aidée à les visualiser, tout comme le succès de son amie lui aura donné envie de se dépasser.

Maintenant qu’elle canalise son attention sur le sort, le temps lui paraît filer plus vite que lorsqu’elle a laissé ses pensées vagabonder dans le bassin. Au début de l’exercice, elle n’imaginait pas que les choses se dérouleraient ainsi. Mais le but du cours était bien de bousculer les certitudes, de se transformer soi-même. De son côté, elle reprend un peu confiance en ses capacités magiques, particulièrement dans le domaine de la métamorphose. Elle aussi, elle est capable de surmonter la complexité. Plus encore quand elle est bien entourée. La détermination et la motivation sont des clés à ne pas négliger, susceptibles de révéler son potentiel caché.

Bientôt, la petite Serdaigle atteint le bord du bassin. Rayonnante de fierté, la Gryffondor se précipite auprès d’elle à sa sortie de l’eau. Les branchies s’évaporent plus vite qu’elles ne sont apparues, comme si elles n’avaient été qu’un mirage. Sans lui laisser le temps de respirer, elle la prend dans ses bras pour partager un câlin humide et victorieux.

- Waouh, tu as réussi ! Ça s’est passé tellement vite… On forme une super équipe, pas vrai ?!
 

Elle se sépare de la cape de Tansy et la restitue à sa propriétaire – ce n’est pas avec ce vêtement imbibé d’eau qu’elle va se réchauffer, mais bon. Elles sont venues à bout du premier exercice, et avec brio ! Elles auraient bien mérité de s’allonger dans l’herbe, les doigts de pieds en éventail, à regarder les autres galérer… Mais, pour sa part, elle est plus exaltée que fatiguée et ne prévoit pas encore de se reposer sur ses lauriers. Elle pourrait profiter du temps qui lui reste pour se préparer à affronter la suite !

En attendant, la rouquine aimerait faire quelque chose pour ses vêtements trempés qui lui collent à la peau. Elle peut les supporter cinq minutes, surtout si elle est dans le feu de l’action, mais ce n’est pas la sensation la plus agréable qui soit. Nul doute que Tansy sera de son avis. C’est pourquoi elle accourt en direction de Mr Pope, occupé à surveiller la classe :

- Professeur, on a fini nos traversées ! annonce-t-elle avec un grand sourire. Il n’y aurait pas un sort pour nous sécher plus vite ? J’pense que ça pourrait être utile et nous ça nous éviterait d’attraper froid…

RP avec Idrisse Rose Adler

@Carrie 

Les pavés mouillés clapotaient doucement sous les bottes de Jessy qui parcourait la grand-rue de Pré-au-Lard d’un pas léger. L’air était frais mais s’adoucissait de jour en jour, petit à petit. La forêt qui s’endormait durant l’hiver n’allait pas tarder à se réveiller, à reprendre vie ; tout comme elle.

Depuis son retour au Royaume-Uni, une demi-douzaine de mois auparavant, la jeune femme se consacrait principalement à son nouveau travail de garde-chasse qui lui tenait à cœur. Elle s’y sentait dans son élément et s’y investissait du mieux qu’elle pouvait. Il lui avait fallu un certain temps d’adaptation, pour prendre ses marques dans cet environnement pourtant familier. Mais elle avait récemment songé à sortir un peu la tête de son quotidien. Avec le village voisin de Poudlard, les potentielles activités ne manquaient pas : profiter d’un repas réconfortant au pub, titiller ses papilles avec les sucreries de Honeydukes, se perdre dans les ruelles – ou, un peu plus loin, dans les montagnes…
 

En observant les groupes d’élèves, elle repensait souvent à ses jeunes années d’étudiante à l’école de sorcellerie. À cela s’était ajoutée une remarque de sa mère qui lui avait rappelé une ancienne amie. Elle avait donc tenté de lui envoyer une lettre pour prendre de ses nouvelles et, de fil en aiguille, avait fini par lui proposer de se revoir autour d’un verre, un de ces jours.

Ce jour était finalement arrivé. Poussant la porte des Trois Balais, Jessy inspira avec délice l’odeur sucrée de l’hydromel. Son regard balaya la pièce tandis qu’elle se demandait si sa vieille camarade était arrivée en avance. Apparemment non, puisqu’elle ne reconnut ni ses yeux gris pénétrants, ni ses mèches d’un blond cendré caractéristique. Elle choisit donc de se diriger vers le fond de la salle principale, à proximité du feu de cheminée qui crépitait joyeusement. Elle s’installa à une petite table et retira son épais manteau qu’elle posa sur le dossier de sa chaise. La chaleur l’enveloppa agréablement et elle se perdit dans la contemplation des flammes, comme si elle s’attendait à y trouver des salamandres.

Assise à la table de Gryffondor, Wendy est plongée dans un silence maussade alors qu’elle grignote une tranche de pain tartinée de confiture. Le lendemain, elle fêtera ses douze ans. Ce sera son premier anniversaire à Poudlard, et surtout son premier anniversaire loin de sa famille. Demain, elle ne sera pas couverte des baisers de ses parents, elle ne sera pas enlacée maladroitement par son frère… La mélancolie menace de la gagner, comme lors de ses premiers jours au château. Alors elle essaie d’occuper son esprit, de songer à ce qu’elle a plutôt qu’à ce qui lui manque ; même si ce n’est pas évident. Elle s’efforce de se rappeler le programme du week-end pour penser à autre chose.

Ce matin, un cours de soutien en métamorphose est prévu. Ça ne fera pas de mal à Wendy. La petite rouquine n’est généralement pas la plus concentrée lors des cours du professeur Pope. La matière est plutôt complexe et nécessite de bien comprendre la théorie avant de réussir la pratique des sortilèges. Jusqu’à présent, elle n’a pas excellé en lançant ses premiers sortilèges de transformation. D’ailleurs, elle n’aurait pas pris la peine de sacrifier son samedi pour ce cours facultatif si elle avait dû retourner s’ennuyer dans le fond d’une salle de classe. Mais l’annonce que le cours se déroulerait en extérieur, qui plus est sur le terrain de Quidditch de l’école, a immédiatement attisé sa curiosité. Elle adore être dehors, l’air frais éveille mieux ses neurones. Et, la Coupe de Quidditch étant annulée, elle n’a pas encore eu l’occasion de voir le stade de près !

Du coin de l’œil, Wendy aperçoit son amie Tansy qui s’éloigne de la table de Serdaigle. Elle avale son jus de citrouille d’une traite et se hâte de la rejoindre dans le hall d’entrée.

- Salut Tansy ! Prête pour le cours ?

Les deux fillettes se sont rencontrées lors de leur premier voyage à bord du Poudlard Express. Bien que leurs caractères soient diamétralement opposés, elles ont vite sympathisé. Elles sont comme une bulle de fraîcheur et d’évasion l’une pour l’autre. C’est tout naturellement qu’elles se sont mises à travailler ensemble au cours de l’année. Et, puisqu’on ne change pas une équipe qui gagne, elles se sont inscrites en binôme à cette occasion également.

Après avoir franchi les portes du château, Wendy découvre le parc de Poudlard baigné de lumière dorée. Elle s’imprègne de l’odeur de l’herbe humidifiée par la rosée. À mesure qu’elle chemine aux côtés de sa camarade, elle retrouve le sourire. Elle commence à émettre des théories sur le contenu du cours :

- Peut-être que le prof va nous montrer comment transformer des branches en balais volants ! Ou comment faire disparaître des cognards dans une pluie de paillettes…

La rouquine pouffe légèrement et se met à sautiller, comme pour s’échauffer en prévision d’un effort physique. Le professeur Pope n’a-t-il pas précisé qu’elles devaient revêtir une tenue adaptée au sport ? Elle a la forte impression que tout cela a un rapport avec le Quidditch, ou au moins avec le vol sur balais. Bon, d’accord, le fait que le professeur de vol ne semble pas de mèche lui met un petit doute, mais il est permis de rêver.

Une fois arrivée sur le gazon du terrain de Quidditch, Wendy est bouche bée. Son regard azur se promène au niveau des hauts gradins surplombés de nuages, et une part d’elle se prend à imaginer son entrée à l’aube d’un match dont elle serait la vedette. Mais ses rêveries s’interrompent lorsqu’elle remarque des détails pour le moins surprenants. Où sont passés les poteaux surmontés d’anneaux dorés ? Ils ont disparu et ont été remplacés par de larges zones circulaires. Un bassin rempli d’eau, un espace marécageux et un piton rocheux… Si l’idée est de leur apprendre à modifier leur environnement, c’est plutôt intéressant, mais sans doute beaucoup trop compliqué pour elle qui a déjà du mal avec de petits objets. Non, l’objectif du cours est sûrement plus accessible…

Wendy lance un regarde appuyé à sa copine et s’approche lentement du professeur entouré des premiers arrivés : deux filles un peu plus grandes et Flora, une Poufsouffle de leur année. Elle leur adresse un sourire et les salue avec enthousiasme :

- Bonjour !

Puis elle se tourne à nouveau vers Tansy pour partager ses réflexions :

- C’est cool, ce que le prof a préparé. Tu penses que c’est une sorte de parcours d’obstacles ?

Même si ça ne ressemble pas à du Quidditch, ça paraît amusant, tout compte fait.

Pour la première fois en trois ans, Jessy était présente auprès de ses parents pour célébrer les fêtes de fin d’année. Cela faisait désormais cinq mois que la demoiselle était de retour au Royaume-Uni, sa terre natale. Elle avait retrouvé sa chambre d’enfant inchangée ; les murs tapissés de photographies animées représentant des créatures magiques ou des joueurs de Quidditch du Club de Flaquemare, la bibliothèque remplie de vieux manuels scolaires et le placard encombré de matériel oublié. Un sourire apaisé éclairait son visage à mesure qu’elle replongeait dans la nostalgie de ses souvenirs heureux.
 

Le modeste appartement londonien s’était illuminé aux couleurs de Noël ; on y entendait résonner des mélodies familières grâce aux chants des fées et au ronronnement des Boursoufs. La famille s’était réunie dans une ambiance chaleureuse et conviviale où les effusions d’affection ne manquaient pas. Chacun avait beaucoup de choses à raconter ; Mr Brown détaillait ses derniers travaux au Ministère tandis que Mrs Brown évoquait l’actualité du monde sorcier – entre les débats au sujet du Code du Secret Magique et les récents événements à la Coupe du Monde de Quidditch. De son côté, Jessy ne manquait pas de raconter de nouvelles anecdotes au sujet de ses derniers voyages. L’elfe de maison Poppy avait quant à elle préparé de délicieux repas de fête qu’ils eurent le plaisir de partager tous ensemble.
 

Le matin de Noël, Jessy et ses parents se réveillèrent de bonne heure pour échanger leurs cadeaux. La jeune femme reçut un roman intitulé Yara et le Dernier Dragon ; une histoire qui, semblait-il, avait tout pour lui plaire. Son Fléreur Flocon se vit offrir un jouet qui tournoyait et s’envolait à la façon d’un Vivet Doré et son hibou Choco put profiter d’un appétissant paquet de Miamhibou. Jessy avait réservé pour ses parents des objets qu’elle avait acquis au cours de son périple : un croc de Nundu pour son père et un éventail en plumes d’Oiseau-Tonnerre pour sa mère. Quand elle pouvait lire l’émerveillement dans les yeux de ses proches, elle songeait que les moments comme ceux-là valaient tous les gallions du monde.
 

Le cœur léger, elle eut l’idée d’acheter un cadeau de dernière minute pour Poppy. Pourquoi ne recevrait-elle pas un petit présent, elle aussi ? Tout le monde devrait pouvoir bénéficier de la magie de Noël ! La jeune femme enfila ses bottes, s’emmitoufla dans un manteau épais, saisit son sac à main ainsi que sa baguette magique. Elle embrassa ses parents et, face à leur regard interrogateur, elle annonça :
 

- Je vais faire une petite course, je reviens vite.

Une seconde plus tard, Jessy transplana pour apparaître directement dans le Chemin de Traverse. La fraîcheur de l’hiver l’enlaça immédiatement et elle se mit à frotter ses mains l’une contre l’autre pour se réchauffer un peu. Elle resta immobile un instant, près du mur en pierre du Chaudron Baveur, et observa les alentours. Rares étaient les personnes qui avaient décidé de braver le froid à cette heure, un lendemain de réveillon. Enfonçant ses mains dans les poches de son manteau, elle commença à se promener et à balayer les vitrines du regard, en quête d’inspiration. Elle constata un peu tard qu’une bonne partie des boutiques étaient fermées. Son idée n’était peut-être pas si bonne que cela, finalement…

Soudain, une voix masculine brisa le silence. Jessy leva la tête pour en chercher l’origine. Un peu plus loin, un homme s’était placé au beau milieu du chemin et avait commencé une déclaration. Elle perçut quelques mots dans une langue étrangère ; pour le reste, elle comprit qu’il souhaitait célébrer Noël en proposant un petit spectacle. Cette jolie perspective fit revenir un sourire sur les lèvres de la demoiselle. Un peu de gaieté pour éclairer le visage des passants dont certains devaient se sentir seuls et oubliés pendant les fêtes. C’était très généreux de sa part. Elle le vit ensorceler une guitare qui s’éleva et s’anima pour jouer un air dynamique et entraînant. Le sorcier souffla dans une étrange flûte une mélodie lointaine et se mit à danser comme il le pouvait.

Les pas de Jessy, comme ceux d’autres curieux, furent attirés par la musique. Elle s’approcha suffisamment près pour distinguer les traits de l’étranger. Il avait des boucles brunes et un talent certain pour partager sa bonne humeur. La jeune femme tapa dans ses mains en rythme et commença à se mouvoir légèrement. Songeant à s’approcher pour déposer une pièce comme il l’avait suggéré, elle écrasa par mégarde un accordéon resté au sol à proximité du sorcier…

- Oups !
 

Le rose lui monta aux joues lorsqu’elle comprit qu’il s’agissait sans doute de l’un des instruments de cet artiste. Il fallait qu’elle essaie de réparer sa bourde au plus vite – et le plus discrètement possible ! Elle espérait qu’il n’aurait pas le temps de constater les dégâts qu’elle avait causés. Il serait très gênant qu’il interrompît son spectacle à cause d’elle… Jessy tira sa baguette magique de sa botte et tenta un Reparo informulé.

L’accordéon se reconstitua mais il conserva la trace de la semelle de Jessy. Au moins, cela lui donnait un certain style ! Plutôt satisfaite, elle tira de sa bourse deux gallions qu’elle déposa devant le sorcier.

Bonjour !

Il me semble que personne n'a encore ce poste, alors serait-il possible que mon personnage Jessy Brown obtienne l'emploi RPG de garde-chasse de Poudlard ? 😊 Merci d'avance !

Belle journée ✨

Mission réussie ! Wendy réalise que sa traversée est terminée à l’instant où sa main heurte une surface dure. Soulagée, elle lève la tête et accélère pour remonter à la surface. La soudaine clarté du jour l’éblouit. Elle s’appuie sur le bord du bassin pour regagner la terre ferme et se remettre sur pied. Dégoulinante d’eau, elle chancelle, trop habituée à la flottaison aquatique. Le souffle discret du vent la fait frissonner. Elle agite sa chevelure de feu pour l’alléger de l’humidité dont elle est imbibée. Sentant ses branchies disparaître, elle inspire une grande bouffée d’air frais – et pas d’eau, cette fois.
 

Très vite, Tansy la rejoint. Elle l’applaudit et l’enveloppe de sa propre cape pour la réchauffer. Un geste prévenant qui la touche.
 

- Bien joué, Wendy ! Tu vas bien ?

- Oui, ça va, répond-elle d’une voix un peu rauque avant de se racler la gorge. C’était amusant de nager, je n’y voyais pas grand-chose, mais bon… J’avais l’impression que j’allais finir par rester vivre là-dedans et me mêler à une troupe de sirènes !

La petite écossaise plante ses prunelles dans celles de sa meilleure amie et lui adresse un sourire rayonnant.

- Mais, surtout, bravo à toi. Ce sort avait l’air difficile et pourtant tu l’as maîtrisé tout de suite. Tu es la meilleure !

- Tu veux te reposer un peu, avant qu’on échange ?

- Non, ça ira, ne t’inquiète pas. Je vais chercher ma baguette.

La rouquine resserre la cape de Tansy autour d’elle et se dirige vers ses affaires où elle a laissé sa baguette magique. Elle en profite pour jeter un regard aux autres binômes. Franchement, tout le monde a l’air de bien s’en sortir. Le professeur Pope doit être content. Seuls Flora et son coéquipier, au torse orné d’étranges motifs, semblent avoir du mal. Wendy est interloquée en les observant. Tout n’a pas l’air de se passer comme prévu. Elle finit par détacher son regard du tatouage qui émet une sorte de lueur bleutée, trouve son Étincelle entre les plis de sa cape et retourne auprès de Tansy.

Bon, fini de jouer les cobayes ! C’est maintenant que la magie de Wendy entre en scène. Elle jette un regard hésitant autour d’elle, écoute les autres prononcer l’incantation pour se la remettre en mémoire. Elle se rappelle les fines stries le long de son cou, les sensations de la respiration aquatique. Puis elle dirige sa baguette sur la brunette :

- Allez, j’y vais… Branchia Ventosa !

Quelques secondes de doute, de flottement. Finalement, des branchies discrètes se forment sous les oreilles de Tansy. Wendy soupire de soulagement puis reprend contenance. Il va lui falloir rester concentrée pour maintenir le sortilège.

- Voilà ! Ça devrait faire l’affaire. Bon courage !

Bonsoir,

La fiche de mon personnage Jessy Brown peut être supprimée, j'ai copié le texte sur son profil. :)

Belle soirée !

RP avec Tansy Graves

@Antelys 

C'est le grand jour ! Wendy est tellement excitée qu'elle a l'impression que son petit cœur va exploser dans sa poitrine. Elle s'avance dans la gare King's Cross, la cage de sa chouette Pirouette à la main, son père tirant sa lourde malle à ses côtés. Ses yeux émerveillés papillonnent sur les visages des voyageurs fatigués. Les bruits de pas pressés, les discussions essoufflées et les annonces sonores résonnent à ses oreilles. Elle est encore dans le monde des Moldus, mais plus pour longtemps. Bien que son père lui ait expliqué beaucoup de choses sur Poudlard, elle a l'impression de ne pas savoir à quoi s'attendre. Et elle a tout de même hâte d'y être.

Seul son père a souhaité l'accompagner pour sa première rentrée au collège. Son frère et sa mère n'étaient pas tentés par l'idée d'entrer dans un feu de cheminée pour se téléporter à Londres. Maintenant qu'elle l'a vécu deux fois, elle peut les comprendre. La sensation de tourbillonner dans des conduits à une vitesse affolante est très étrange. Mais il faut reconnaître que les moyens de transports sorciers sont très pratiques. C'est ainsi que Wendy s'est rendue dans la capitale, au Chaudron Baveur plus précisément, comme la fois où elle est venue acheter ses fournitures scolaires. Cette fois, cependant, ils ne se sont pas attardés sur le Chemin de Traverse et ont poursuivi leur route en taxi jusqu'à la gare.

- Devoir se rendre à Londres pour que tu prennes le train et reviennes en Écosse... Il aurait sûrement été plus rapide de t'emmener en balai directement, mais bon, c'est la tradition.

- Oh oui, ça aurait été trop cool d'arriver en balai !

La fillette rit franchement à cette idée. Elle aurait été comme une de ces stars de Quidditch qui entrent sur le terrain sous les yeux ébahis des spectateurs. Quand elle y pense, l'idée de faire le trajet sur un balai avec sa valise et sa chouette lui paraît inconfortable. Le train est sûrement plus agréable quand on prévoit de partir pour un long voyage. Elle réfléchit un peu à la question et hausse les épaules, un sourire accroché à ses lèvres.

Son père s'arrête enfin et lui présente un mur en briques situé entre les voies 9 et 10. Il lui indique qu'il suffit de marcher en direction de ce mur pour se retrouver sur la voie 9 ¾ d'où part le Poudlard Express. Wendy croise le regard de son père avec une certaine appréhension. Elle songe que, après être entrée dans les flammes de sa cheminée, traverser un mur ne devrait pas être trop difficile. Elle finit pas hocher la tête et, sur l'invitation de son père, passe la première. Elle se dirige donc vers le mur et accélère, baissant les yeux dans crainte de ressentir un choc à tout moment. Mais le choc ne survient pas. Elle lève donc les yeux sur le quai et a le soulagement de se retrouver face à la majestueuse locomotive rouge fumante du Poudlard Express.

- Impressionnant, n'est-ce pas ? Viens, tu devrais commencer à t'installer. Il ne reste plus beaucoup de temps avant le départ.

Le père de Wendy est apparu derrière elle et lui a posé une main sur l'épaule. Il lui laisse un instant pour admirer le véhicule qui surplombe les familles venues se dire au revoir. Ensuite, il la conduit plus loin sur la voie, vers les derniers wagons, là où la foule se fait moins dense. Tous deux s'arrêtent, s'observent dans le blanc des yeux puis la fillette se jette dans ses bras. Elle est un peu émue de se dire qu'elle ne va pas revoir sa famille pendant plusieurs semaines. Certes, de nouvelles aventures l'attendent, et tous les enfants sorciers passent par là, mais cela lui fait un petit pincement au cœur. Son père lui dit quelques mots pour l'encourager, lui promet qu'ils se reverront aux prochaines vacances, et celui lui remonte un peu le moral.

Il aide sa fille à hisser sa malle dans un filet à bagages avant de l'embrasser sur le front une dernière fois. Wendy le prend dans ses bras et lui garantit qu'elle lui écrira dès le lendemain pour lui raconter sa Répartition ainsi que son premier jour. Après quoi, son père redescend sur le quai et elle s'engage seule dans le couloir vibrant d'agitation. Elle choisit un compartiment qui n'est pas encore rempli et y entre. Celui-ci n'est pas vide, mais presque. Seule une petite fille brune y est installée, et à première vue elle ne semble pas attendre de la compagnie. La rouquine se présente donc, tout sourire :

- Salut, moi c'est Wendy ! Je peux m'installer ?

Sans vraiment attendre de réponse, elle dépose la cage de Pirouette sur la banquette, côté couloir, et prend place du côté de la fenêtre face à la fille. Elle lui jette un coup d’œil puis se tourne vers le quai où elle cherche son père des yeux. Elle finit par le trouver et lui fait de grands signes de la main. C'est alors que sonne l'heure du départ.

Le sorcier musicien, qui se mouvait auparavant de manière si délicate, se lança dans de larges bonds et dans des gestes expansifs. Les instruments suivirent l’accélération de son rythme et délivrèrent une mélodie tout aussi débridée. Il ne semblait pas avoir remarqué la bourde de Jessy – ou, du moins, cela n’avait pas perturbé sa représentation – à son grand soulagement. Un coup d’œil à l’accordéon qui gisait sur les pavés lui confirma que la déchirure n’était plus qu’un mauvais souvenir.

Lorsque la jeune femme déposa deux pièces d’or à ses pieds, il la remercia d’une voix chaleureuse aux accents ensoleillés, dans une langue qu’elle reconnut comme étant de l’espagnol. Peu après, à sa grande surprise, il s’inclina et tendit la main dans sa direction pour l’inviter à se joindre à lui.

- Oh ! Euh…

Le regard chocolat de Jessy fut traversé par un éclair d’hésitation : elle ne savait pas vraiment danser et ne se sentait pas en mesure d’apporter quoi que ce fût à un spectacle aussi éblouissant. Elle savait jouer quelques morceaux à la guitare, à la limite, mais la place était déjà prise… Ses iris, posés sur la main tendue, se relevèrent et croisèrent ceux de l’artiste. La bienveillance et la franche jovialité qu’elle y lut finirent par la convaincre.

Allez, c’est Noël ! Si l’idée était de propager de belles ondes, ils pouvaient bien le faire ensemble ! Elle devait simplement relâcher la pression et profiter de l’instant. Prendre exemple sur l’étranger, sur son insouciance rayonnante et ses pas de danse impeccables. Un sourire se redessina sur ses lèvres lorsqu’elle attrapa la main assurée du sorcier et se laissa embarquer à sa suite.

- Avec plaisir, sénior, répondit-elle sans l’accent qui convenait.

La jeune anglaise leva le bras et tourna sur elle-même, ses cheveux fouettant l’air. Ensuite, elle se laissa happer par le rythme enjoué de la guitare enchantée. Ses mouvements suivirent précisément ceux du danseur, comme si elle était devenue son ombre. Ses pieds tapaient les pavés et rebondissaient, emportant son corps dans des chorégraphies légères.

En fait, elle s’amusait bien ! Elle ne distinguait plus la petite foule de spectateurs rassemblée autour d’eux. Elle ne se souciait plus que de la musique, de la danse de son partenaire du jour. Le corps comme le cœur réchauffés, elle en oubliait le froid mordant de l’air. Les minutes semblaient s’envoler aussi vite que les secondes. Elle essaya de capter à nouveau le regard du sorcier pour lui souffler ses pensées :

- Vous êtes vraiment doué ! Et vous avez eu une belle idée avec ce spectacle, monsieur… ?

Dobby -> Libre

Trois élèves plus âgés arrivent encore au compte-goutte avant que la classe ne soit complète. Le professeur attire alors l’attention sur le sujet du jour. Il affirme qu’il ne souhaite pas que la classe quitte le cours dans le même état d’esprit qu’en y étant entrée. Wendy, pas même certaine de pouvoir définir son état d’esprit actuel, est un peu perplexe. Elle écoute la suite avec une certaine curiosité, car il faut dire que le professeur Pope sait manier le suspense.

Elle est ravie d’apprendre qu’elle a visé juste – pas en supposant que le cours aurait un rapport avec les balais volants, mais en pensant à un parcours d’obstacles. C’est bien ça ! Et la première étape sera le bassin. La petite écossaise croit dans un premier temps qu’il va leur falloir nager en apnée, mais non… Ils vont utiliser un sortilège pour se doter de branchies qui leur permettront de respirer sous l’eau ! C’est fou !

Après son petit tour, Wendy voit Tansy revenir auprès d’elle. Sa copine paraît intimidée par la première épreuve mais lui offre tout de même un grand sourire. Wendy le lui rend avec un regard qui se veut déterminé et encourageant. Elle sait qu’elles forment un bon duo alors, même si l’exercice semble difficile, elles feront de leur mieux ! Avant de s’approcher du bassin, elles se mettent d’accord sur leur organisation :

- Je vais lancer le sort. Toi, tu vas plonger. Ça te convient ?

- Oui, ça me va parfaitement !

Il lui semble tout naturel d’être la première à se jeter à l’eau. En vérité, elle n’est pas encore prête à lancer un sortilège sur Tansy qui risque de la mettre en danger… Peut-être qu’en commençant par ressentir les effets du sort, elle parviendra mieux à se le représenter et aura plus de facilité à le reproduire. Vu ses difficultés en métamorphose, cette mise en pratique ne pourra que l’aider. Et puis, reconnaissons qu’elle est plus sportive que sa camarade, qu’elle a plus tendance à se lancer dans ce genre d’expériences à la limite de l’imprudence…

Une fois arrivée aux abords du bassin, Wendy se débarrasse de sa cape qu’elle balance en tas sur le sol. Son pull la rejoint bientôt, ainsi que ses baskets. L’air frais la fait presque frissonner. Elle entreprend donc de s’échauffer avec de larges mouvements, tandis que Tansy se prépare mentalement. Autour d’elles, les autres élèves s’agitent, se jettent des sortilèges plus ou moins réussis. De belles catastrophes la font éclater de rire, comme cette fille transformée en licorne.

Bref, revenons à nos citrouilles. La plus jeune équipe est finalement prête à se lancer dans la course. C’est le moment décisif. La rouquine appréhende un peu le sortilège. Et si elle devenait une licorne, elle aussi ? Ce serait amusant, c’est sûr… Mais ce n’est pas comme ça qu’elle pourrait respirer sous l’eau. Elle fixe Tansy qui la pointe de sa baguette, et lorsque la formule est prononcée, elle sent sa peau remuer au niveau de son cou. Elle tâte du bout des doigts et sent des sillons découper sa peau finement.

Bravooo, tu as réussi ! a-t-elle envie de crier à Tansy. Mais elle s’en révèle étrangement incapable. Pas grave, sa fierté se lit sans doute dans ses yeux bleus pétillants.

Wendy commence à avoir du mal à respirer. Il n’y a pas de temps à perdre ! Elle se hâte de plonger dans l’eau froide qui imprègne rapidement son jogging et son t-shirt. Il n’est pas agréable de nager toute habillée, mais ce n’est pas le plus bizarre. Le plus bizarre, c’est de se sentir comme un poisson dans cette eau sombre et mouvante. Elle a l’impression d’être tombée au fond du lac de Poudlard, avec moins de plantes aquatiques et sans le calmar géant. Et pourtant, elle y remplit ses poumons à nouveau normalement.

Après ce court temps d’adaptation, Wendy s’élance en battant des jambes. C’est parti ! Elle compte bien atteindre l’autre extrémité du bassin en un seul trajet. Il suffit d’y mettre son énergie habituelle, non ?

L’eau sombre et opaque tourbillonne autour de Wendy, lui faisant perdre tous ses repères. Elle ne discerne pas les autres nageurs, seulement des ombres dansantes qui n’existent peut-être que dans son imagination. Elle progresse lentement, prudemment, dans cet environnement obscur et inadapté. Ses bras font des moulinets désordonnés et ses jambes remuent activement pour tenter de la propulser. Peut-être que la natation n’est pas son point fort, finalement. Elle se promet d’aller faire trempette dans le lac de Poudlard, quand les beaux jours reviendront, pour essayer d’améliorer son niveau. Sans la crainte de perdre ses branchies et de ne pas pouvoir remonter à la surface…

Sa façon de nager n’étant pas encore au point, Wendy s’amuse à changer de technique. Elle se voit à nouveau dans les profondeurs du loch, naviguant entre les algues et les rochers mousseux. Elle se demande quels genres de créatures pourraient vivre dans un tel environnement – à part elle en cet instant. Y aurait-il des poissons aux écailles nacrées ou argentées, doux comme la brise ou piquants comme le givre ? Y aurait-il une foule de magnifiques sirènes colorées, progressant en banc tel un arc-en-ciel ? Cette idée lui plaît beaucoup, alors elle décide de s’en inspirer. Les bras collés le long de son corps, elle se met à onduler telle une sirène… Si des êtres de l’eau se déplacent ainsi, c’est que ce doit être efficace, non ? En fait, elle n’en a jamais vu. Elle ne sait même pas s’ils nagent réellement de cette façon. Mais elle aime se les représenter ainsi, et rêver d’être une jolie sirène, seulement un moment. 

Tiens bon, Tansy, je pense qu’on n’est plus très loin du but… Il ne peut pas être si grand que ça, ce bassin !

La progression dans les eaux sombres du bassin magique se poursuit, lentement mais sûrement. Wendy ne sait plus depuis combien de temps elle est immergée, depuis combien de temps elle n’a plus inspiré l’air frais de cette matinée de printemps. Elle ne saurait certifier qu’elle avance bien en ligne droite. Peut-être sa direction a-t-elle fini par dévier, d’un côté ou de l’autre. Peut-être même qu’elle tourne en rond depuis tout à l’heure ! Ceci expliquerait bien des choses…

Même si la petite écossaise n’est pas sûre d’où elle en est, elle a le sentiment que Tansy se débrouille bien de son côté. Trop forte, elle a réussi un sortilège de métamorphose humaine que d’autres élèves plus âgés ont eu du mal à exécuter. Par ailleurs, elle parvient à le maintenir en état depuis ce qui lui semble être un bon moment. Elle espère que le sort tiendra jusqu’au bout parce que, de son côté, bien qu’elle soit un peu perdue dans cette nage sans fin, elle n’est pas non plus pressée de le tenter. Quand ce sera son tour, elle est sûre de ne pas s’en sortir aussi bien que sa coéquipière ; mais, au moins, elle connaîtra précisément la transformation à reproduire.

M’enfin, avant de songer à la suite de l’exercice, il faudrait déjà qu’elle atteigne l’autre rive. Wendy redirige alors ses pensées sur sa nage délicate. Elle n’a pas l’impression d’avancer plus vite qu’avant. En fait, elle se sent comme une sirène en pleine promenade digestive. Heureusement que l’épreuve n’est pas vraiment une course, parce qu’elle ne tient sans doute pas là un record de vitesse. Le problème, c'est que ses branchies ne sont pas éternelles, le but n’est donc pas de trop traîner non plus. Lassée de sa nouvelle technique, elle finit par opter pour une brasse. Classique mais fiable.

Toujours pas arrivée ? Wendy se demande si le bassin n’a pas été enchanté afin de paraître interminable. C’est fort probable. Le professeur Pope n’aura sans doute pas voulu leur simplifier la tâche. S’il faut une certaine endurance pour parcourir la zone aquatique, maintenir le sortilège le plus longtemps possible doit aussi requérir un effort intense.

Quand le temps d’inverser les rôles sera venu, sera-t-elle capable de canaliser son attention aussi bien que Tansy ? Cette petite baignade matinale aura-t-elle éveillé son esprit, ou au contraire l’aura-t-elle déjà épuisée ? En temps normal, il en faut plus pour venir à bout de son énergie. Espérons que sa vigueur perdurera jusqu’à la fin du cours, car elle n’en est encore qu’au début. Deux autres épreuves, sûrement pas moins rudes, l’attendent ensuite…

La première année s’est essayée à différentes nages au cours de son voyage immergé. La technique anarchique, l’ondulation d’une sirène sereine, et maintenant la brasse résignée d’une grenouille blasée. Finalement, elle s’est bien amusée à expérimenter et à laisser son esprit vagabonder en toute liberté. Mais elle espère tout de même approcher du but. Toutes les bonnes choses ont une fin, n’est-ce pas !

Peu à peu, des ombres indistinctes se dessinent plus nettement sous les yeux plissés de Wendy. Va-t-elle entrer en collision avec l’un de ses camarades ? Ou aurait-elle enfin atteint l’autre rive du bassin ?

Son amie ouvre et ferme la bouche à la façon d’un poisson déshydraté. Wendy l’observe, médusée ; elle était persuadée que sa première tentative serait infructueuse. Et pourtant… elle la voit se précipiter dans l’eau comme si sa vie en dépendait. Une fois immergée, la Serdaigle se laisse flotter, immobile. Est-elle en train de se noyer ? Ou prend-elle simplement le temps de se remettre de ses émotions ? L’inquiétude commence à remonter. Finalement, elle est rassurée de voir sa silhouette remuer vaguement.

Tansy a dit que sa réussite était un coup de chance, qu’elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Wendy comprend ce qu’elle voulait dire. C’est souvent comme ça, quand on s’exerce à pratiquer un nouveau sortilège. On s’efforce de rassembler ses pensées autour d’une idée précise. Et on se lance. On a l’impression de sauter dans le vide. On ne sait pas vraiment à quoi s’attendre au moment de la chute. On espère simplement que tout va bien se passer. Que l’enchantement va porter ses fruits. Mais il y a toujours une part d’incertitude. C’est ce qu’elle a ressenti à son tour. Pour l’instant, la chance est aussi de son côté. Mais pour combien de temps ?

La première année plisse les yeux, tend les mains devant elle, dans une posture censée favoriser sa concentration. Son regard suit son amie qui file droit, tel un poisson ayant repéré un appât. Elle essaie de ne songer à rien d’autre qu’à ses branchies, pour lui permettre de respirer en toute sérénité. Elle a envie de lui assurer une belle et longue expédition sous-marine.