Je dois l'avouer : celle-là, je ne l'ai pas vue venir ! Travailler à Sainte-Mangouste pour entretenir et perfectionner mes compétences, c’est une chose. Mais être sélectionnée pour rejoindre l’équipe mobile de soins de la Coupe du Monde de Quidditch, c’en est une autre ! Bien évidemment, ma première réaction a été d’éclater de rire avant de refuser poliment. Il n’était pas question que je me retrouve, encore une fois, à soigner fractures, commotions et autres blessures. J'avais déjà donné bien assez à la fin de l’année scolaire. Pourtant, il faut bien l’admettre, après mûre réflexion : il faudrait être complètement folle pour refuser une telle somme pour lancer quelques sortilèges de soin.
Et me voilà donc, comme je m’y attendais, en plein cœur de l’action ! Enfin, si on peut parler d’action. Depuis le début de la compétition, j’ai à mon actif quatre fémurs cassés, six omoplates disloquées et douze crânes fêlés. Sans compter les sortilèges de désaoulement pour les supporters trop enthousiastes, ainsi que les furoncles et autres infections cutanées causées par les rixes. Remarquez, j’ai tout de même eu droit à un ou deux accidents magiques dans le lot ! Ça change agréablement, il faut l’avouer.
Le côté Quidditch en lui-même m’ennuie profondément. Par contre, voir ces athlètes musclés souffrir sous mes soins a ses avantages, ne serait-ce que pour le plaisir des yeux. Et pour les mains aussi, d’ailleurs... Bah, quoi ? Il faut bien palper pour localiser précisément l’origine de la douleur ! D’ici quelques jours, je serai de retour dans mon infirmerie à Poudlard, face aux cris de mes petits braillards et leurs bobos ridicules. Alors, autant profiter des plaisirs qui s’offrent à moi tant que j’en ai encore l’occasion, non ?
Mais au fond, c'est amusant de voir à quel point les supporter sont imprévisibles et créatifs quand il s'agit de faire adopter leur point de vue. Un instant, vous êtes en train de lancer un simple Episkey pour soigner une petite coupure ; l’instant d’après, vous devez faire face à un supporter transformé en canari géant par un sortilège perdu. Je commence à me dire que ce travail n'est pas si ennuyeux que ça, finalement. Entre la magie qui fuse de partout, les sorts qui dérapent, et l’adrénaline de la compétition, il y a toujours de quoi s’occuper.
Et puis, si je suis honnête, ce petit séjour me fait du bien. C’est un peu comme des vacances, en plus mouvementé. Pas de paperasse interminable ni d'élèves pleurnichards qui se plaignent d’une simple piqûre de doxy. Ici, c’est du concret, du vif ! Bref, une pause bien méritée avant de replonger dans la routine poudlarienne.