Assis confortablement dans l'un des vieux fauteuils bleus de la salle commune de Serdaigle, je jette un coup d'œil à la grande horloge accrochée au-dessus de la cheminée. Il est encore tôt, mais le jour pointe déjà à l'horizon, teintant les carreaux des grandes fenêtres d'un dégradé d'orange et de rose. La pièce, baignée dans cette lumière douce, me rappelle pourquoi j'aime tant cet endroit : il y règne une atmosphère de calme studieux, propice à la réflexion et à la contemplation. C'est ici que chaque année, j'accueille les nouveaux élèves de ma maison, les plus jeunes, souvent encore intimidés par l'immensité du château et l'exigence de ses couloirs.
Je me redresse légèrement dans mon fauteuil en entendant des pas hésitants derrière moi. Ils arrivent, les premières années, encore à moitié endormis, mais curieux. Ah, le regard écarquillé des nouveaux élèves... Cela me fait toujours sourire. J'ai moi-même ressenti cette même excitation lorsqu'on m'a envoyé, bien des années auparavant, dans cette maison. Un Serdaigle pour toujours.
Je me lève finalement, avec un geste lent mais assuré, et m'approche du groupe qui se rassemble timidement près de l'entrée de la salle commune. Ils sont là, une douzaine, leurs yeux scrutant chaque recoin, sans doute impressionnés par la hauteur des étagères chargées de vieux grimoires, ou par le calme majestueux des lieux.
"Bonjour à tous", dis-je, ma voix résonnant doucement dans la pièce encore silencieuse. "Je suis le professeur Pope, j'enseigne la métamorphose et suis également le directeur de cette maison. Bienvenue à Serdaigle !"
Un murmure d'approbation passe dans les rangs, certains me sourient avec timidité, d'autres semblent encore plus intimidés qu'ils ne l'étaient déjà. C'est toujours ainsi lors de la première rencontre, mais je sais que cela passera.
"J'espère que votre première nuit dans le château s'est bien passée." Je fais une pause, observant les expressions sur leurs visages. Quelques hochements de tête, quelques sourires hésitants... Le château peut être déroutant au début, avec ses escaliers capricieux et ses tableaux bavards. "Je me souviens que la mienne a été un véritable cauchemar", dis-je avec un sourire amusé, en essayant de détendre l'atmosphère. "Les escaliers n'arrêtaient pas de changer de direction, et je me suis retrouvé coincé plus d'une fois dans un couloir sombre sans retrouver mon chemin ! Mais rassurez-vous, vous vous y habituerez rapidement."
Je leur fais signe de me suivre vers les fauteuils disposés autour de la cheminée. Ils se placent en cercle, les yeux toujours rivés sur moi. Je suis conscient que ce moment est important pour eux. Cette première rencontre avec le directeur de leur maison, c'est un peu comme le moment où ils prennent pleinement conscience qu'ils appartiennent à un groupe, à une communauté.
"Serdaigle", je commence, ma voix légèrement plus posée, "c'est bien plus qu'un simple nom de maison. Nous avons ici une longue et fière tradition. La sagesse, l'intelligence, mais aussi la curiosité et la créativité sont nos valeurs fondamentales. Et croyez-moi, si vous êtes ici, c'est que vous avez toutes ces qualités."
Je les observe un par un, prenant soin de croiser leur regard, même furtivement. Il est important qu'ils se sentent vus, qu'ils comprennent qu'ici, ils auront leur place. Certains semblent plus sûrs d'eux que d'autres, mais tous méritent d'être là, cela ne fait aucun doute.
"Vous aurez probablement déjà remarqué que la salle commune de Serdaigle n'est pas la plus facile à atteindre", dis-je avec un léger sourire. "Notre porte n'a pas de poignée, ni de serrure. Pour entrer, il vous faudra répondre à une énigme. Croyez-moi, cela peut être frustrant au début. Mais c'est aussi une opportunité. Ici, nous valorisons le raisonnement, la réflexion. Ne vous précipitez pas pour trouver la réponse. Prenez le temps de réfléchir. C'est en essayant, en vous trompant parfois, que vous apprendrez le plus."
Un jeune garçon, à ma gauche, lève timidement la main. Je l'invite d'un geste à prendre la parole.
"Et si... on n'arrive jamais à répondre à l'énigme ? On reste dehors ?" demande-t-il d'une petite voix tremblante.
Je souris, amusé par sa crainte. "Ne t'inquiète pas. Cela arrive à tout le monde, même aux élèves les plus brillants. Et si tu n'y arrives vraiment pas, quelqu'un d'autre passera bien par là et pourra t'aider. La solidarité est aussi une valeur importante chez nous."
Je vois quelques sourires se dessiner sur leurs visages, l'ambiance semble se détendre progressivement. Le jeune garçon acquiesce, visiblement rassuré.
"Avant que nous descendions prendre le petit déjeuner, je veux que vous sachiez une chose importante." Ma voix devient plus grave, attirant à nouveau toute leur attention. "Ici, à Serdaigle, vous aurez la liberté d'explorer, d'apprendre, de poser des questions. Mais cette liberté s'accompagne d'une responsabilité. Le respect du règlement est essentiel. Nous sommes une maison qui valorise l'autonomie et la discipline intellectuelle, mais cela ne signifie pas que vous pouvez vous soustraire aux règles de l'école."
Je leur adresse un dernier regard, vérifiant que mon message est bien passé. Ils sont jeunes, pleins d'énergie et de rêves, et il est de mon devoir de les guider.
"Allez, maintenant, je pense que nous avons tous mérité un bon petit déjeuner. Les escaliers de Poudlard attendent de vous jouer quelques tours. Soyez prêts."
Je les laisse passer devant moi, chacun à son rythme, et, en les regardant descendre, je me dis que cette nouvelle promotion promet de belles choses. La salle commune retombe dans le silence, mais je sais que ce ne sera que pour un temps. Le calme de Serdaigle, c'est toujours avant la tempête des découvertes et des savoirs.