En dehors du Château Monde [En Cours] L'égerie
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Freya Carter , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 11/10/2124

Elliot Blackburn. Parmi la quinzaine d'équipes en ligue d'Angleterre, il avait fallu que ça tombe sur lui. Sur Elliot Blackburn. La jeune femme relit plusieurs fois le paragraphe du contrat qui désigne son ancien camarade de classe comme la prochaine égérie des équipements Owen Carter Quidditch. À l'époque, il la faisait rougir d'un simple sourire. Freya se souvient avoir déjà bégayé devant Elliot, incapable de se concentrer sur une formule quand il était dans les parages. Elle secoue sa tête en sentant l'extrémité de ses oreilles chauffer et se décide enfin à signer le bas du parchemin qui conclue l'accord entre sa boutique et l'équipe des Catapultes de Caerphilly.

 

Huit années se sont écoulées depuis le départ d'Elliot pour Cardiff et les choses ont changé. De toute façon leur amourette n'avait duré qu'un temps, interrompue par la disparition de Kate Carter, la mère de Freya, qui avait plongé la famille entière dans une période sombre. Et maintenant qu'elle y repense, Elliot Blackburn s'en fichait un peu. Il passait son temps libre à s'entraîner pour devenir le joueur prodigieux qu'il est aujourd'hui, bien loin des préoccupations concernant les Carter. Depuis Freya avait eu d'autres responsabilités, comme celle de redresser la marque d'équipement créée par son père, Owen Carter, célèbre poursuiveur Écossais des années 80. Après une poignée de main pour sceller l'entrevue, on l'invite à longer le terrain en partant si elle souhaite regarder les joueurs à l'entraînement.

 

Familière au milieu du Quidditch qui a bercé son enfance, Freya connaît la plupart des visages sur les nombreux posters qui célèbrent différentes victoires dans le couloir menant à l'extérieur. Certains d'entre eux sont déjà venus chez elle, et tous connaissent son père. Mais Owen Carter n'est plus le capitaine charismatique de l'équipe nationale d'Écosse et sa dernière participation en Coupe du Monde remonte à plus de 30 ans. Un héritage affaibli que la jeune femme s'acharne à faire renaître depuis plusieurs années maintenant. Elle s'arrête au bord du périmètre de jeu où les sportifs de haut niveau s’exercent et remonte le col de sa veste kaki en levant les yeux vers les silhouettes en plein effort. Son regard fixe le batteur. Bien sûr, elle savait qu'Elliot Blackburn brillait chez les Catapultes de Caerphilly car elle avait suivi sa carrière, en grande fan de Quidditch et rien d'autre.


Elliot Blackburn , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 11/10/2124

L'entrainement est d'une intensité remarquable, les balais voltigeant à vive allure au milieu d'un terrain parfaitement entretenu. D'abord séparé par postes, remplaçants compris, l'équipe n'a pas tardé à s'affronter dans un match improvisé, sous l'œil acéré de leur entraineur. Les coups de sifflets retentissent à intervalle régulière, autant que les insultes ou les éclats de rire. Aucune clameur comme on peut les entendre pendant les matchs officiels cependant. Le centre n'est pas ouvert au public. Aussi lorsqu'une silhouette frêle s'aventure aux abords de la pelouse, il n'est pas facile de ne pas la remarquer. La batte frappe avec brutalité, déviant le cognard pour l'envoyer filer dans la direction de Jackson. Le type marque une esquive à la dernière seconde avant de lui présenter un doigt, auquel Elliot répond avec la même insolence.

 

- Blackburn, tu sors.

- Mais coach...

- J'avais dit dernier avertissement. Tu sors.

 

Un juron entre les dents, Elliot affaisse son balai, un OCQ 400, identique à ceux du reste de l'équipe, et se laisse brutalement atterrir sur la pelouse. Le pas rageur, il porte son attention sur la jeune femme, qu'il ne tarde bien sûr pas à reconnaitre. Bien sûr qu'il est au courant du dernier contrat qu'il a lui-même signé sous le regard appuyé d'Oakwood et du directeur du club lui même. Owen Carter est un nom qu'il connait depuis qu'il est môme. C'est d'abord un poster affiché dans sa chambre alors qu'il bave devant les vitrines du Chemin de Traverse, à la découverte d'un sport qui vient seulement de se révéler à lui. C'est aussi Freya Carter, ses tâches de rousseur, et sa tignasse de feu, planqué derrière un comptoir qui leur arrive aux épaules à tous les deux. Pas vu depuis Poudlard, Freya Carter. Alors ça lui fait bizarre un peu, de la voir planté là sur le côté du terrain.

 

- Yo.

 

Il s'est approché sans trop y penser, le visage en sueur et le maillot qui lui colle à la peau. Elle a changé, et pas tant en même temps. De ce qu'il en sait, c'est plutôt elle qui tient la boutique, dernièrement. Alors sans doute qu'il devrait pas être tant surpris de la voir là. Est-ce que c'est elle qui gère le partenariat ? Sa main serrée autour du manche de son balai, il lui adresse un sourire avant de s'accouder à la barrière.

 

- Ça fait un bail. Comment tu vas ? T'viens constater la qualité de c'que tu vends, ou la qualité des sorciers qui montent dessus ?


Freya Carter , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 11/10/2124

Freya observe son ancien voisin d'étude des Moldus rejoindre la pelouse avec rudesse. C'est dans cette matière qu'elle a rencontré Elliot Blackburn en première année, lui qui savait déjà tout du monde non-magique et elle qui s'émerveillait d'un rien. C'était facile d'embobiner Freya à cet âge là. Un jour, Elliot lui a fait croire que l'encre utilisée dans les stylos Moldus était un jus de plante comestible, et même délicieux. Freya se rappelle parfaitement du rire d'Elliot quand ses lèvres sont devenues bleues et que l'encre n'avait aucun parfum. Avec elle, il était moqueur mais pas méchant. En dehors, le Gryffondor traînait déjà cette réputation d'élément perturbateur depuis son admission au chateau, jusqu'à sa signature du contrat chez les Catapultes de Caerphilly en milieu de sixième année. Perturbant, il l'était. D'ailleurs la jeune femme détourne un instant le regard tandis qu'Elliot la sort de ses pensées en approchant.

 

Elle ne s'attendait pas à ce que ça lui fasse encore cet effet. Surprise par les battements de son coeur, Freya serre la mâchoire et se retient de poser les yeux sur Elliot pour fixer plutôt le looping d'un jeune poursuiveur qui rattrape le souaffle au vol. Devant les pages de magazines étalant le charme du sportif, la sorcière avait essayé de croire que les choses seraient différentes maintenant. Qu'avait-il de si spécial en plus ? Rien, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ? Ok, un joli sourire. Alors Freya manque déjà de s'étouffer avec sa propre salive en saluant Elliot. Sa - koff koff - salut ! Puis c'était quoi ce ton enjoué tout sauf naturel ? Elle inspire pour reprendre ses esprits. 

 

— Ça va, ça va. Son regard glisse vers la silhouette du batteur qui reste attentif à l'entraînement de ses collègues. Bien sûr qu'elle collectionnait secrètement les premières parutions d'Elliot dans la presse. Bien sûr aussi qu'elle s'en fiche désormais, de cette vieille boîte probablement rangée sur la troisième étagère à gauche de son armoire. De toute façon Elliot s'adonne à une autre collection que suivent méticuleusement les tabloïds qu'elle lit : les femmes. Cette pensée a le mérite de protéger l'esprit de Freya derrière une carapace épaisse d'humour piquant. Elle sourit enfin. C'est trop tard pour le contrôle qualité, j'ai déjà signé. On m'avait pas parlé des doigts d'honneur par contre j'crois, faut que j'relise le contrat. Un coup de vent balaye ses mèches rousses qui ressemblent à un âtre bien chaud. Freya déporte son attention vers les joueurs en plein air, puis désigne le balai d'Elliot d'un geste du menton.

 

— T'en es content j'imagine ? Ils t'ont dit qu'on sort le 500 pour le premier trimestre 2125 ? Il sera un peu spécial...

 

Elle sonde la réaction du sportif, mais pas trop longtemps, car sa carapace pourrait se fendre. Alors, la sorcière remarque l'usure des protections en cuir qu'il porte et rebondit sur le sujet. Faut aussi que j'fasse renforcer ça. Vous les mangez ou quoi ?! 

 

 


Elliot Blackburn , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 11/10/2124

L'insolence est tatouée sur sa gueule. N'empêche qu'elle est toujours aussi jolie, Freya, qu'il se dit en la matant sans vraiment se cacher.

 

- C'est une marque de fabrique ça, t'as du sauter les p'tites lignes.

 

Dans les faits c'est même pas ce qui gonfle le plus Oakwood. Voire ça le fait marrer, certaines fois. Nan ce qui le gonfle c'est les tensions qui manquent pas de grandir entre ses batteurs, et qui sont probablement pas prêtes de s'arrêter. Ses yeux s'illuminent à la mention de la version 500 du balai, et il s'approche involontairement.

 

- Ah ouais ? Azy balance, y a quoi comme grande nouveauté ? Le 400 c'est l'feu ok, mais moi j'trouve qu'ils se trainent dans les virages des fois hein.

 

Comme si l'anti-gravité faisait la gueule dès qu'il s'agissait d'bifurquer violemment avec le manche, en même temps de grimper dans les hauteurs. Nan vraiment c'est chiant parfois, surtout pour un joueur impulsif comme lui, qui peut s'décider au dernier moment qu'il va envoyer son cognard dans la direction d'un collègue plutôt que dans celle d'un poursuiveur adverse. Juste parce qu'il a été casse-couille deux minutes avant.

 

- J'aurais l'droit à une avant-première ?

 

Ça l'excite grave. Nan parce qu'en tant qu'égérie, c'est sûr qu'on va lui proposer des shooting photo avec du matos un peu neuf, qu'a pas vu l'ombre d'une seule vitrine encore. Le genre sortie d'usine, secret défense, pas vrai ? Une main vient passer dans ses mèches désordonnées par pur réflexe alors qu'il se tourne vers les joueurs qui continuent de s'entrainer là-haut.

 

- De ?

 

Les yeux noirs s'affaissent sur les fameuses protections, et il hausse les épaules.

 

- Des protections niquées, c'est des batteurs qui font trop bien leur travail. Tu d'vrais voir celles des autres. Il est l'archétype du mec fier de lui à cet instant, tourné pleinement vers la sorcière. J'peux faire les crash tests pour les prochaines s'tu veux.

 

En quelques gestes il retire les lacets desdites protections, pour les assembler dans sa main. L'équipement entier des Catapultes est tamponné d'OCQ depuis déjà un moment, mais maintenant c'est clairement celle qui prend le plus de place. Elliot a du mal à réaliser qu'aujourd'hui, il représente une marque d'un tel nom. Owen Carter a certes perdu de sa superbe depuis des années, mais il reste à son esprit un joueur hors paire qui aura grandement participé à sa passion pour le sport.

 

- Comment vas ton père ? Il demande soudain, l'air de rien. Parait que c'est toi qui tient la baraque maintenant. Ça se trouve on aura du FCQ sur nos fringues dans quelques années.


Freya Carter , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 11/10/2124

Insolent. Insolent même dans la manière dont il avait embrassé Freya pour la première fois, Elliot avait gravé ce souvenir dans l'esprit de la sorcière jusqu'à encore aujourd'hui. Treize ans. Ils s'ennuyaient en cours d'astronomie. Les observations nocturnes avaient ce don d'insuffler l'espoir d'une veillée exceptionnelle alors qu'elles s'avéraient inconfortables, interminables. Assis sur des couvertures posées dans le parc avec des cartes du ciel devant eux, les élèves attendaient de repérer les planètes pour noter leur position. À côté du Gryffondor, Freya se concentrait difficilement, détournée de son travail toutes les dix secondes par n'importe quelle occasion qu'il saisissait pour perturber la classe. Mais ça la faisait rire. "Yaya ?" "-Mh?" Elle a tourné la tête, il a collé ses lèvres aux siennes, comme ça, sans prévenir, fier de sa surprise. Freya n'oublie pas le chaos provoqué par Elliot ce jour à l'intérieur de son coeur, même alors qu'elle feint le détachement quand il s'approche pour en savoir plus sur l'OCQ 500.

 

— J'vais pas te l'dire ici, j'veux vraiment garder l'exclusivité pendant les prochaines semaines parce qu'on risque d'être copiés après de toute façon. C'est un peu révolutionnaire.

 

Elle soutient son regard avec un feu qui brille au fond du sien. Freya touche du doigt la renaissance d'Owen Carter Quidditch, elle le sent. Les opérations combinées du sponsoring et de la recherche et développement d'un balai entièrement repensé ne peuvent être que favorables à la marque créée par son père. Si tu passes à la boutique d'ici un petit mois, on aura reçu le dernier prototype. Faudra rien dire hein. Difficile de résister à l'envie d'impressionner Elliot Blackburn, même huit ans après.

 

Les protections en mains, la rousse inspecte rapidement les coutures des points d'impact avec une moue concentrée. Ses connaissances en assemblage de matériaux magiques sont devenues considérables. Elle qui suivait déjà les conseils de son père à Poudlard pour améliorer la façon de porter les protections n'a cessé d'apprendre en reprenant l'affaire familiale. Ses doigts bougent au-dessus des œillets qu'elle répare d'un sortilège informulé. J'peux pas prendre le risque d'abîmer mon égérie, t'es le visage d'OCQ maintenant. Le dire à haute voix lui fait réaliser et Freya pince ses lèvres pour retenir un sourire bête qui dépasse au coin de sa bouche. Elle préfère rendre les protection à Elliot. Ça tiendra encore jusqu'à l'automne. J'vous fais ça vite. 

 

Comment va Owen Carter ? La sorcière jette un œil au match d'entraînement. Elle sait que l'opinion publique a rabaissé son père à plusieurs reprises pendant les dix dernières années. Elle sait aussi que certains supporters, dont Elliot, ont gardé cette ferveur bienveillante pour lui, peu importe son comportement avec les médias. Écoute j'l'ai pas vu depuis juillet. Il est rentré un peu voir mes sœurs à la fin de l'année scolaire, et il est reparti. Mais, "ça allait", j'suppose. C'est juste qu'il pense qu'à ça quoi. "Ça" : la disparition mystérieuse de Kate qu'Owen refuse d'accepter. Freya prend sur elle, consciente d'avoir un rôle central à jouer dans cette situation. Elle étire un faible sourire aux paroles du batteur des Catapultes de Caerphilly. Ouais, enfin nan. J'ai rien fait moi, c'est quand même lui la marque. Puis c'est mieux, car qui est-elle pour prétendre broder son prénom sur l'équipement ?


Elliot Blackburn , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 11/10/2124

Révolutionnaire, hein ? La curiosité d'Elliot est définitivement hameçonnée. Il se passe pince deux doigts qu'il se passe sur les lèvres avant de jeter une clé imaginaire par-dessus son épaule. Ça l'emballait pas tant de base, de jouer ce genre de rôle, mais y a pas à dire : ça vient avec ses privilèges. Comme celui de se faire personnellement réparer son matériel par les mains de la créatrice.

 

- L'visage d'OCQ use son équipement comme tout l'monde, si c'est trop flambant neuf on va croire qu'c'est pas les miennes, tu t'rends bien compte.

 

Mieux que de dire merci, voyez.

 

- Ah ouais.

 

Ça. Elliot a pas zappé, ok ? C'est juste que dans sa tête, Owen c'est l'joueur avant d'être quoi que ce soit d'autre. À l'époque où il tenait la main à Freya dans les couloirs, ça avait pas pu lui passer à côté pourtant. L'adolescent qu'il était à l'époque avait pas vraiment trouvé les mots, quand elle s'était mis à chialer sans raison apparente alors qu'il essayait juste de la bécoter. Il est pas bien sûr d'en avoir aujourd'hui non plus. Vrai que la presse est pas soft avec le père Carter et sa quête absurde pour retrouver sa femme disparue. Peut-être bien que c'est pas le genre de chose dont elle a envie de parler. Mais plutôt que de s'excuser d'être con, il préfère jouer la nonchalance avant de brusquement s'insurger.

 

- D'où ? T'vas m'faire que c'est pas toi l'OCQ 500 ? Parait qu'il est putain d'révolutionnaire quand même.

 

La vérité voyez, c'est que Freya Carter est quand même impressionnante. Il l'a toujours pensé. Gamin, il faisait l'con pour attirer son attention, plus fort que tout l'monde. Ça a marché. Enfin. Il a fait en sorte que ça marche. Il a porté ses couilles un peu. L'truc c'est que gamin, on est pas prêts pour de vraies relations sérieuses. En tous cas Elliot l'était pas. L'a jamais été depuis non plus.

 

- Mais t'as raison, OCQ ça doit rester OCQ. Toi si tu t'lances ça sera plus un truc genre Yaya Quidditch.

 

Il se fout définitivement de sa gueule. Elle a toujours détesté ce surnom. Mais ça le fait marrer de voir sa tête devant la piqûre de rappel.

 

- Faut j'aille me changer. Tu t'tires là ? T'as d'jà vu le grand patron ? Il demande tranquillement sans vraiment faire mine de bouger. Genre on s'revoit quand ?

 

Genre s'il est l'égérie de la marque, fatalement que va y avoir des photoshoots ou quoi. Est-ce que c'est elle qui va prendre les clichés ? Vaguement il se demande si elle va se mettre à beaucoup trainer dans les parages. Des coups de sifflet retentissent à répétition, et plusieurs joueurs se mettent à gueuler sur le terrain, attirant l'attention d'Elliot. Il tire une grimace en voyant un cognard prendre Terrence de plein fouet, peut pas s'empêcher de beugler :

 

- FAIS TON TAFF HORNETT !

 

Le regard du coach vient directement se poser sur lui, et Elliot balance son menton vers le haut avec insolence histoire de lui demander ce qu'il veut. Cliff lui fait signe de se tirer. Un autre doigt est dressé dans la direction d'Hornett, qu'agite sa batte comme un crétin, et le sorcier secoue la tête avant de commencer à se tirer dans la direction des vestiaires, en marchant en arrière.

 

- S't'es encore là quand j'reviens on s'fait un café Carter, en souvenir du bon vieux temps.


Freya Carter , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 11/10/2124

En voyant Elliot faire le pitre devant elle, Freya se rappelle leurs années d'école. Il l'amusait et c'est visiblement toujours le cas. Elle n'a jamais su d'où lui venait son goût pour les petits rigolos, ceux qui défient l'autorité au bénéfice du divertissement, les gentils perturbateurs. Ce genre de gars capables d'interrompre un cours car "M'dame c'pas d'ma faute j'ai mangé une pastille Polka, j'suis obligé de danser maintenant !". Leur défaut ? Ils ne prennent rien au sérieux. Ils sont décevants quand il s'agit d'affronter le côté difficile des choses. Elliot avait été le premier de plusieurs petits rigolos dans la vie de Freya et le bilan était toujours le même ; ils finissent par disparaître pour éviter d'être trop impliqués. Elle ravale une certaine amertume face à la réaction du sportif qui adulait autrefois son père.

 

Comme il le faisait à l'époque, Elliot évince la conversation d'un coup de batte humoristique et change de sujet. Son compliment à propos du nouveau balai arrache un sourire involontaire à Freya qui s'en veut de craquer si facilement. Ouais c'est moi, 'fin c'est mon idée, mais je travaille avec un synthétiste pour choisir les matériaux. Un mec diplômé de Mahoutokoro. Un mec sérieux, introverti, vraiment tout le contraire d'Elliot.

 

Puis l'évocation de Yaya Quidditch donne un sourire stupéfait à la rousse qui ne s'attendait pas à entendre son vieux surnom. Elle secoue la tête de gauche à droite et cache les rougeurs de ses pommettes en remontant le col de sa veste kaki. Tu dis n'imp'. C'est exactement le même schéma qu'il y a 10 ans. Elliot n'a pas tellement changé au fond. Elle inspire profondément pour calmer les battements de son coeur idiot.

 

— Mh ? Oui faut- le sifflet lui coupe la parole. Freya connaît déjà l'impulsivité d'Elliot, et sa courtoisie légendaire aussi. Elle le fixe en se répétant qu'il n'a pas tellement changé. Qu'il pourrait l'anéantir sans s'en rendre compte, comme lorsqu'ils avaient quinze ans.

 

- - -

 

Occupée à observer la collection d'anciens balais du Centre des Catapultes de Caerphilly, Freya tourne la tête quand Elliot arrive vers elle dans sa tenue civile. Ç'lui là était à Jackie Jernigan mais elle l'a filé à son batteur Darren Floyd, juste avant la Coupe du Monde 2014, à cause d'une prophétie. Elle aurait jamais pu mettre son but de 45 mètres avec ça. Il est beaucoup trop souple. Mon père m'avait dit qu'ils consultaient vachement les voyants pour préparer des gros matchs à l'époque. Son doigt désignant la plaque gravée "Darren Floyd", Freya laisse parler sa passion pour les anecdotes de Quidditch. Déjà petite, elle absorbait les récits d'Owen Carter avec avidité. Ses yeux noisette auscultent une dernière fois le bois centenaire, puis la sorcière se souvient de l'invitation à boire un café.

 

— Au fait j'ai attendu mais j'voulais profiter d'être à Cardiff pour choisir un nouveau jeu de runes à ma sœur chez Arcane. Elle passe ses BUSES à la fin de l'année et elle a toujours mon vieux jeu depuis le début. Du coup, tu veux quand même venir avec moi ? Oui ? Non ? Freya n'est pas sûre de savoir ce qu'elle souhaite. 

 


Elliot Blackburn , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 11/10/2124

Après une douche brûlante, le troc d'un maillot d'entrainement pour l'un de ses éternels joggings bordés de lignes blanches enfoncé dans des chaussettes hautes qui le garderont du froid extérieur. Chaque bijou retrouve sa place, dans une chorégraphie de gestes quotidiens parfaitement exécutés, jusqu'aux bagues ornant des poings tatoués. D'un mouvement Elliot enfile sa veste énorme avant de s'enfoncer un bonnet sur la tête, et de quitter l'endroit. Il n'a pas un regard pour ses équipiers encore en plein effort alors qu'il longe le terrain pour prendre la direction du centre, les mains enfoncées dans les poches.

 

Carter est encore là, dans le hall, les yeux enfoncés sur le contenu des vitrines qui font la fierté du club.

 

Tranquillement, le joueur la rejoint pour mater avec elle le fameux balai qui avait marqué une série de victoire historique pour les Catapultes à l'époque. Elliot était pas franchement fan de cette anecdote en particulier. Gagner grace à une prophétie, ça sonne un peu comme si Floyd avait triché. Le mec est globalement connu pour avoir bénéficié d'une chatte monstrueuse. Le bon voyant, le bon endroit. Un exploit volé par les putains d'étoiles. La presse s'en était régalé des mois durant avant de lui accorder que ses statistiques étaient bonnes, et que sans doute que c'était mérité. La réputation de Jernigan était resté parfaitement intact. Ça l'avait même fait décoller, parce que ça lui avait permis de prouver ses talents sur du matériel flambant neuf.

 

- Ça s'fait plus, il commente en haussant les épaules.

 

Ça se fait plus ouvertement, du moins. Ça peut ternir l'image d'un club que d'admettre qu'on a demandé l'avis de sorciers capables de lire l'avenir avant d'investir dans un joueur. Ça fait partie du jeu, mais c'est caché. De l'ordre du business bien crade dont personne entend pas trop parler dans les couloirs du centre ou ailleurs. Ça la foutrait mal, voyez, d'entendre qu'on va fatalement perdre le match déterminant de l'année. Ça niquerait tous les paris. Ça saperait le moral des joueurs. Ça plomberait tout ce qui fait que ce sport est un sport. Elliot préfère largement faire partie de cette génération qui vole sans la crainte d'un putain de voyant qui viendrait lui niquer sa carrière en énonçant une prophétie morbide à son sujet.

 

- Si j't'accompagne c'est toi qui paye le café, il négocie en s'en battant pourtant profondément les couilles de devoir ou non le payer, ledit café.

 

Ça tient du réflexe à ce stade, de faire le mec un peu chiant qui dit jamais oui du premier coup. Avec les meufs en tous cas. Ça les fait mariner. Plus elles marinent et plus elles sont susceptibles de pousser elles-mêmes pour plus. Sauf que bon. Il a pas prévu de prendre plus qu'un café avec Freya Carter. Peut-être bien qu'il aime bien l'idée qu'elle continue de rougir à ses vannes, et qu'il est curieux de voir jusqu'où ça peut aller comme retrouvailles. Évidemment, c'est à peine s'il attend son approbation pour commencer à marcher dans la direction de la sortie, saluant brièvement Mathilda, derrière son comptoir d'accueil.

 

Le centre de Caerphilly est planqué en évidence. Entre des plaines pas franchement verdoyantes de la banlieue de Cardiff, ponctuées d'arbres imposants qui viennent sporadiquement briser la vue sur l'immense bâtiment. Ses alentours ensorcelés jusqu'aux abords du terrain d'entrainement en font une vision miséreuse pour les moldus, qui n'y voit qu'une large usine un brin inquiétante dont ne sort jamais aucun camion. Il arrive occasionnellement que quelques groupes d'adolescents s'aventurent dans l'espoir d'explorer, mais ils sont systématiquement pris d'un sentiment d'urgence qui les pousse à quitter le périmètre sans avoir pu y pénétrer même une seconde.

 

La zone de transplanage est située à quelques pas de l'entrée à peine, et leur permet à tous les deux, en un simple craquement sonore, de se retrouver dans une ruelle déserte du cœur de la capitale galloise. À leur côté, le dégeuli de poubelles aux couvercles béants, pleines à craquer, et le corps étendu d'un sans-abri sur un matelas rapiécé, enseveli sous une couverture épaisse. Arcanes était l'une des quelques rares enseignes sorcières de Cardiff, chacune dissimulée derrière des bâtiments soi-disant désaffectés. Elliot était davantage un habitué du bar du Dragon Enivré que de la boutique de jeux magiques, dans laquelle il n'avait mis les pieds qu'une poignée de fois par le passé.

 

D'un geste, Elliot poste une paire de lunettes de soleil sur son nez, tiré de son immense poche. Il est qu'à moitié sérieux quand il prévient vaguement :

 

- C'est à tes risques et périls par contre, Carter. À tout moment j'me fais kidnapper par des fans entre un jeu d'bavbouvles et une boîte de barbapoudre.


Freya Carter , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 11/10/2124

La notoriété d'Elliot n'est pas nouvelle. Au chateau déjà, l'adolescent brillait d'une aura renforcée par chaque match remporté grâce à son talent. Freya se rappelle de la période où il n'avait plus de temps pour elle, invité ici et là, partout, alors qu'elle devait se rendre à Pré-Au-Lard pour soutenir son père et s'occuper de ses sœurs aussi souvent que possible. C'est comme ça qu'ils ont rompu, sans vraiment se le dire. Elle l'a vu avec une autre fille et ils n'en ont jamais franchement parlé. Freya s'était sentie vide quand Elliot ne passait plus ses bras autour de ses épaules et qu'il n'essayait plus de la faire rire, ou rougir. Pour oublier, elle n'a rien trouvé de mieux que de s'épuiser à multiplier les tâches : scolaires, domestiques, puis professionnelles dès ses 15 ans au comptoir du magasin le week-end. De toute façon Elliot enchaînait les conquêtes de son côté, et la jeune femme a fini par comprendre qu'elle n'avait été qu'une parmi d'autres.

 

Alors aujourd'hui son charme a des limites, et Freya jette à Elliot un regard désabusé en arrivant dans la ruelle galloise. Ah c'est pour ça que t'as cette dégaine ? Pour faire fuir ta horde de fans ? Elle se moque gentiment, vêtue d'un simple grand manteau kaki à capuche molletonnée et d'un pantalon cargo marron, confortable et pratique. Elle n'a jamais cherché à séduire par son physique. Elle n'est pas ce genre de personne tandis qu'Elliot porte des vêtements de grandes marques sur les photos de magazines.

 

Mais le sportif, loin de repousser les fans, suscite des chuchotements dès leur arrivée dans la boutique d'artefacts magiques. Quelques clients observent discrètement Elliot Blackburn comme s'il était une bête curieuse, et deux employées gloussent entre elles, ravie d'avoir la star locale chez Arcane. 

 

— Vas-y, demande-lui de signer un truc sinon !

— Arrête j'vais rien lui demander, toi vas-y ! En plus il est pas tout seul.

— Attends sinon j'vais chercher Jo, il lui demandera. On s'en fout, on le voit jamais !

— Mais laisse-le avoir une vie normale aussi. Il a le droit de faire les magasins tranquille.

 

Déjà au milieu des rayons d'accessoires de divination, Freya retient difficilement un sourire face à la situation. Elle s'imagine l'enfer quotidien d'Elliot en sachant pertinemment qu'il aime ça. Ou du moins, qu'il semble aimer ça. Très peu pour elle. Effacée, la rousse étudie l'offre des jeux de runes disponibles à la vente même si ses oreilles traînent sur les conversations éveillées par la présence de son ancien camarade d'école dans le commerce.

 

— C'est impossible, j'ai vu qu'il était avec Petra Frostwell en ce moment.

— Bah p't'être qu'ils sont plus ensemble.

— Bah p't'être que c'est juste sa sœur, ou j'sais pas.

— Euh il a dit dans Charmer’s Chronicle qu'il avait plus de contacts avec sa famille donc ça m'étonnerait.

 

Elle savait pour Petra Frostwell, une mannequin aperçue en compagnie d'Elliot pendant l'été. Elle connaît aussi l'interview de Charmer's Chronicle, qui retrace l'enfance galloise du joueur, sans évoquer Freya, malgré que Travis, Colt et Alan y soient cités. Mais Freya se fiche d'être devenue un fantôme du passé dans la vie d'Elliot. Étant donné leurs quotidiens diamétralement opposés, c'est sûrement mieux comme ça. Et ça lui permet de garder le contrôle, voyez. Une boîte gravée de runes dorées entre les mains, elle aperçoit le jeune homme qui signe finalement des autographes à "sa horde de fans" et se demande comment ils vont réussir à boire un café ensemble s'il soulève autant de réaction à chaque déplacement. 

 

Plus tard, Freya sursaute quand Elliot revient vers elle silencieusement tandis qu'elle termine de comparer deux coffrets assez coûteux de runes en améthyste. Tu m'as fait peur. Ils ont fini par te libérer. Au moins j'vois qu'on m'a proposé la bonne égérie. Leurs regards se croisent et la sorcière préfère ramener son attention aux coffrets dont elle repose l'un des modèles en gardant l'autre avec elle. Bon Alison a intérêt d'avoir ses BUSES avec ça, c'est deux semaines de salaire pour une boîte. Bien sûr, sa sœur s'en ficherait, comme elle se fiche des efforts fournis par Freya depuis la disparition de Kate Carter. La rousse balaye cette pensée et propose un détour dans le rayon des jeux de sociétés magiques qui devrait leur rappeler quelques souvenirs. Alchemist's Quest sans cartes manquantes, c'est un peu un mythe, comme le Wizards' Wager avec 6 dés et pas les 4 qu'il restait à Poudlard.   


Elliot Blackburn , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 11/10/2124

- Crois moi, y a rien qui fait vraiment fuir une horde de fans, chérie.

 

D'un geste, Elliot a redressé le col de sa veste, réflexe étrange qui pourrait ou non signifier d'une étrange atteinte à sa fierté. La vérité c'est qu'il s'en branle plutôt royalement. Il s'est jamais habillé ni pour ses fans, ni pour personne. Il prête attention à son apparence cependant. Pour lui. Celui qu'aime pas il peut bien aller se faire enculer en ce qui le concerne. Pis bon. Il a franchement pas à se plaindre. Les meufs ont pas l'air de se plaindre. Au contraire. Celles qui s'appellent pas Freya Carter, en tous cas.

 

Ça se passe précisément comme prédit, ou presque. Y a pas vraiment de barbapoudre, ni de jeu de bavboules dans les parages, mais y a bien une poignée de meufs qui chuchotent et pouffent comme des dindes en toute indiscrétion. Le décompte est déjà lancé dans sa tête, bien qu'il prétendre pas les avoir vu, zieutant les étagères avec un intérêt feint. Ça le dérange pas tant, d'être une célébrité locale. La plupart du temps, c'est même plutôt plaisant. Être reconnu par son talent dans un sport pour lequel il a sacrifié à peu près tout le reste, c'est le pied. Y a des avantages carrément non-négligeables à tout ça.

 

Des entrées gratos dans des clubs selects. Des lettres et des lettres lui rappelant combien il est beau et fort et exceptionnel voire historique. Des cadeaux, de toutes les tailles et de toutes les formes, qu'il entasse sans plus vraiment y penser dans son large appartement sur les sommets de la ville. Ça vous fait facilement vous sentir comme un roi, même quand les revues de presse vous descendent parce que vous avez fait de la merde à une sortie de boîte, ou violenté un paparazzi un peu trop collant. Pis surtout, les nanas. Les nanas s'en tapent vraiment de ces revues de presse là, du moment qu'il est prêt à signer leur batte acheté spécialement pour l'occasion de sa rencontre et tu veux pas que je signe la tienne Elliot ? Où tu veux quand tu veux...

 

Le pied quoi.

 

Le problème, voyez, c'est quand on veut se déplacer incognito. Là faut quand même se lever tôt, prévoir ses déplacements bien à l'avance, se couvrir de sortilèges d'illusion dans le plus extrême des cas. C'est quasi-impossible d'avoir une vie privée, finalement. Ça fait partie du business. Ça fait tellement partie du business qu'il a développé tout un personnage qui prend sa place à chaque fois qu'il se fait alpaguer par des fans pour signer des autographes et prendre des photos. Un personnage qui sourit jusqu'aux yeux comme s'il vivait sa meilleure vie. Un personnage qu'a un petit mot gentil pour chaque môme qui veut devenir un batteur comme toi quand j'serais grand et chaque meuf qui papillonne devant un nom dont elles savent jamais rien de plus que ce qui parait dans la presse, et chaque journaliste qui vient lui tirer l'interview du siècle, Monsieur Blackburn, un véritable tournant dans votre carrière !

 

-Parce que les BUSE ça s'joue au jeu de runes près ? C'est pour ça j'ai autant galéré putain... il se fout d'elle une fois qu'il s'est enfin débarrassé de la foule, esquivant proprement toute question personne relative à sa compagnie du jour Owen Carter Quidditch, les amis, vous faites pas des idées, on est là pour le boulot. J'ai pas l'temps désolé. Juste un dernier et j'suis parti. S'tu reçois du courrier de fans hystériques qui te disent d'aller te pendre parce que tu me mérite pas j'suis vraiment navré. J'ai aucun contrôle sur ces meufs, il ajoute avec nonchalance.

 

C'est dit sur le ton de la rigolade, mais le disclaimer est sérieux. Il en a des vraies, des hystériques dans son entourage de fans. Assez pour avoir engagé un type qui profile chacun des employés qui rentrent et sortent de chez lui.

 

- Suffisait d'dupliquer les premiers dés, on était juste trop cons à l'époque. Mais ils s'renouvellent pas r'garde, y a rien d'nouveau depuis qu'on a quitté Poudlard, Elliot se plaint en matant les étagères pleines à craquer de jeux vus et revus. P'tain, l'bombastix. J'ai plus joué à ça d'puis ma deuxième année j'crois. Tu t'rappelles ? Vicky s'était mangé l'mur comme une merde, avec tout l'mucus sur la gueule.

 

Le bombastix était principalement un jeu de réflexe, et la pauvre Victoire Dennison n'en avait eu aucun. Elle avait été la risée de la promo pendant tout le reste de l'année, avec le surnom de Stinky Vicky qui lui avait collé à peau jusque le milieu de sa troisième année - ses boobs avait poussé, et ça avait fait brusquement taire les garçons. Les soirées jeux de société ont été depuis longtemps troquées par des soirées beuverie intense qui le voit régulièrement sortir en titubant des fameux clubs selects cités plus haut.

 

- Bon t'as tes runes, et j'sais pas combien d'temps j'ai avant la prochaine vague, alors j'propose qu'on s'tire. J'connais un endroit tranquille où on pourra s'boire un café sans que j'doive poser toutes les trois secondes, il ajoute avant de se diriger vers la sortie de cette même démarche nonchalante, les mains dans le fond des poches.

 

Deux semaines de salaire pour Freya représentait une minute de jeu pour Elliot, comme il peut aisément le constater au passage en caisse. Il ne commente pas. C'est sans prévenir qu'il l'entraine presque brusquement dès leur sortie du magasin,  pour mieux bifurquer sur le boulevard principal et semer les quelques personnes qui attendaient encore leur tour pour lui causer.

 

- C'est tout en haut d'cette rue. L'Alambro.

 

Le genre d'endroit privé avec un type qui surveille la porte et qui laisse rentrer que des têtes bien connues du monde sorcier. Un peu comme le Dragon Enivré, mais en mieux, parce qu'au Dragon Enivré y a clairement d'énormes laissez-passer qui font de n'importe quelle soirée un chaos monumental passé une certaine heure.

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