Katherine a toujours été une très belle femme, à l'apparence soignée et cheveux si pâles et translucides que nul ne sait s'ils sont encore blonds ou si la blancheur de l'âge a déjà conquis toute sa chevelure. L'âge certes lui donne un air sévère, mais il aurait faux de croire qu'elle semblât douce par le passé : Kate a toujours eu ce regard perçant et assassin, des allures rigides et des vêtements sobres mais beaucoup trop chers pour votre porte-monnaie.
Son attitude est assurée, ses talons claquent dans les couloirs du Ministère comme pour s'assurer que chacun s'écartera bien à son passage - et c'est ce qu'il se passe en effet.
Caractère
Malgré ses allures sévères, l'on a rarement vu Katherine s'énerver : si colère il y a, alors elle est nourrie froidement au coeur de cette cervelle de vipère qui a toujours été la sienne : calculatrice, orientée vers des objectifs et diablement efficace, Katherine sait pourtant entretenir quelques amitiés, surtout si celles-ci sont intéressées. Une grande partie de son métier revient en effet à entretenir un bon réseau qui saura lui donner les informations clés et lui ouvrir les portes nécessaires à la poursuite de ses enquêtes.
Sûre d'elle, Katherine est indépendante et le fait savoir : elle n'a pas besoin de vous, et encore moins à son âge où elle n'a plus grand chose à perdre.
Histoire
D'aussi loin que l'on puisse se souvenir, Katherine Dennison était brillante : première de sa promotion à Poudlard, mais aussi majore de son entraînement d'Auror. Formée par les meilleurs - notamment par un certain Oswald Sorensen, un pionner de son temps dans les techniques de profilage - Katherine, ou Kate comme on l'appelle depuis longtemps au bureau des Aurors a dédié sa vie à la traque des mages noirs et au démantèlement des réseaux sectaires d'Angleterre et d'ailleurs. Après de nombreuses années sur le terrain, elle fut envoyée à des postes à responsabilité - correspondante du réseau magique d'informations secrètes à Kaboul puis à Washington, avant de revenir comme adjointe à la Direction des Aurors, où elle fut en contact direct et régulier avec le Ministre de la Magie.
Une telle carrière ne pouvait conduire qu'à une apogée : la direction des Aurors, voire même, certains spéculaient, Ministre de la Magie.
De tels titres étaient à portée de ses doigts. Elle les caressait en pensée, un verre de whisky à la main, après de longues journées difficiles.
Jusqu'au jour où cette vieille affaire éclata dans les journaux : un Auror anglais disparu en Afghanistan depuis de nombreuses années, autour duquel l'enquête avait finie par être abandonnée, aurait été assassiné par les propres mains du service des Aurors britanniques. Il avait fallu des mois pour réussir à faire taire la polémique ; on parlait d'accident, de trahisons qui avaient conduit à une exécution, de manquements aux droits humains. L'affaire finit par être conclue par le Ministre de la Magie lui-même qui ordonna que des têtes tombassent. Au moins une, en réalité : qui était en charge de l'équipe de renseignements en Afghanistan, à cette époque-là, et avait pu permettre une telle bavure, 15 ans plus tôt ?
Katherine Dennison, bien entendu.
Kate fut démise de ses fonctions d'adjointe, passablement critiquée par la presse. Un long procès s'en suivit, dont elle finit par se tirer en prouvant, à l'aide des documents de l'époque, qu'elle n'était pas au courant de ce qui s'était réellement passé, et qu'elle avait toujours cru à un accident. Qui la croyait vraiment ? Il y avait les partisans de l'ancien Ministre de la Magie, qui étaient ravis qu'une tête fusse tombée, et ceux qui pensaient que clairement, c'était le Ministre de la Magie lui-même qui avait ordonné cette exécution, faisant porter la responsabilité ensuite à celle qui ne faisait qu'exécuter les ordres.
Kate, elle, s'en tint à la version de l'accident, bornée jusqu'au bout.
Cette stratégie donna ses fruits : si elle était brouillée avec la frange dirigeante du Ministère, ses anciens collègues restèrent solidaires, et elle fut innocentée ; gardant au moins son titre d'Auror. Elle savait que désormais, on l'affecterait à des missions sans grande importance, mais elle resterait Auror, elle garderait sa dignité.
D'un point de vue personnel, Kate a donné sa vie à sa carrière professionnelle. Un mari et des enfants n'auraient été que trop encombrants, aussi ne s'est-elle jamais donné la peine de bâtir quoique ce fut de ce point de vue-là.