Poudlard Salles Communes Serpentard [Terminé] Darling [ft. Alison Carter]

Viviane Valcourt , Salle commune de Serpentard, le 22/09/2124

- Oh. My. God.

- J'te jure Vee. Nan mais faut voir le type, j'comprends même pas comment elle a pu...

- Cht.

 

L'empressement sur lit sur mon visage, et tu te tais brutalement en regardant autour de toi. Parfois ma pauvre Sarah, tu ressemble à une chouette effarouchée. Tu devrais arrêter de mettre autant d'eye-liner et te concentrer sur les kilos qui te ceinturent la taille. Par réflexe, je fais claquer la langue contre mon palais en attendant qu'Alison et sa troupe de copines ait entièrement disparu pour reprendre :

 

- Il l'a forcé c'est sûr.

- Quoi ? T'es dingue !

- Tu l'as dit toi-même, faut voir le type. C'est pas une bombe mais c'est quand même une jolie nana, tu pense bien qu'elle se serait pas contenté d'un gars qui parle qu'à moitié anglais si elle avait eu le choix !

- Tu crois vraiment ?

- Je suis prête à le parier, darling.

- C'est super grave Vee.

- Y a qu'un moyen de le savoir pour de bon.

 

Tu me regarde avec des yeux ronds. Quoi tu me crois incapable de lui demander en face ? Chérie, tu connais pas ma subtilité ou quoi ? Je lève les yeux au ciel avant de brièvement secouer la tête, et de m'éloigner d'un pas distingué. J'ai toujours le pas distingué. Je sais que tu m'envies, Sarah. C'est écrit sur ton expression à chaque fois que j'entre dans une pièce. Et j'adore ça.

 

- Alison ?

 

J'ai soudainement une voix différente. La voix de la sollicitude. Vous ne voyez pas ? C'est celle que l'on utilise lorsque l'on cherche à obtenir quelque chose de quelqu'un.

 

- Excuse-moi, t'as deux minutes ma chérie ?

 

C'est-à-dire que tu devrais m'en offrir autant que je veux si je te fais l'honneur de ma présence, tu crois pas ? Je papillonne, avec cette même sollicitude, mes cils parfaitement maquillés jugent sûrement les tiens que je considère grossiers. Je nous éloigne, bien sûr, je fais paraitre le mesage important. Il ne l'est pas tant, en vérité. Qu'est-ce que j'en ai à faire que tu te laisse rouler dessus par un russe couvert de cicatrices immondes ? Non moi je déteste qu'on me raconte les choses, j'ai besoin de les savoir. Je nous estime suffisamment éloignées pour discuter, probablement pas suffisamment pour nous couvrir de regards curieux qui voient peut-être pour la première fois Viviane Valcourt adresser la parole à une cinquième année.

 

- Écoute, je voulais te dire que je suis désolée. J'ai entendue pour l'autre taré là. Chechen. Tu sais il faut en parler aux professeurs s'il t'a forcé. Tu peux pas te laisser faire comme ça.

 

Cette même sollicitude me barre le visage, couvre mon mensonge. C'est en prêchant le faux que l'on finit par savoir le vrai.


Alison Carter , Salle commune de Serpentard, le 22/09/2124

Alison rejoint souvent la bibliothèque pour réviser en même temps qu'elle "complote" avec ses amies. N'imaginez pas des plans révolutionnaires de soulèvement contre le conservateurisme à Poudlard, mais plutôt la création de listes, comme celle des gosses de grandes familles à fréquenter avant d'avoir le diplôme. Selon Veralyn Moonstone, un bon relationnel fait 30% de la réussite d'une femme, et le relationnel, ça se travaille. Alors, quand Viviane Valcourt l'interpelle à son retour de la bibliothèque ce jour là, Alison se tourne, intriguée. Mh ?

 

Car Viviane Valcourt ne cause pas aux "anciens riches" comme Alison, normalement. Très bien placée sur la liste des gosses de grandes familles, la blonde choisit son entourage soigneusement. Alison jalouse le statut de Viviane, en même temps qu'elle se demande si elle pourrait l'assumer. Oui quoi ? Sa main éloigne les autres filles d'un geste distrait et la rousse suit son interlocutrice près d'un vitrail qui les sépare du lac immense. Machinalement, elle rajuste ses mèches autour de son visage, les lèvres serrées dans une moue attentive. Mais assez vite, l'expression d'Alison se décompose à mesure que les mots sortent en face d'elle. Quoi ?! Moins douée que Viviane pour cacher ses émotions, elle se force à fermer la bouche en réfléchissant trois secondes avant de reprendre contenance.

 

— Bah c'est n'importe quoi, qui t'a dit ça ? Le regard d'Alison parcourt la figure gracieuse de l'autre Serpentard à la recherche d'un rictus blagueur qu'elle ne trouve pas. Pourquoi il m'aurait forcée ? Des reflets verdâtres dansent sur leurs peaux. L'adolescente calcule rapidement l'enjeu d'une telle conversation et lèche le bord de ses lèvres en rassemblant les idées amassées ces derniers jours dans son esprit à propos d'elle et de Sasha. C'est parce qu'il est brute que les gens pensent ça, nan ? Nan mais ceux qui parlent sont juste dég' hein. Si y'a des meufs qui pensent ça, elles aimeraient sûrement qu'il vienne les forcer en fait. Elles prennent leurs rêves pour une réalité tu vois. Sa tête opine. 

— Sasha il a de l'expérience au moins. Alison avait tout de suite pensé que Sasha n'était plus puceau, sur le seul critère que son physique exprime un vécu évident. Depuis, elle nourrit son imaginaire en inventant leur vie sexuelle dans sa tête, histoire de paraître un minimum crédible. À bien y réfléchir, ils devraient sûrement se concerter pour la suite, question cohérence. 

 

La sorcière étire un léger sourire du coin de ses lèvres brillantes. C'est gentil que ça te préoccupe quand même Vivianne. 


Viviane Valcourt , Salle commune de Serpentard, le 22/09/2124

Tu sais ce qui transparait le plus chez toi, Alison ? Ton absence d'élégance. Tu mets tellement d'énergie à prendre soin de ton apparence que tu en oublies les plus basiques des manières. Sans doute est-ce cela qui creuse le gouffre béant entre le statut que tu as, et celui que tu voudrais atteindre. Tu ne dois ta notoriété qu'à la célébrité d'un père depuis longtemps disparu des revues de presse, et tu n'as jamais reçu l'éducation nécessaire à faire bonne figure au milieu de la bonne société. C'est si évident. Je me contente de lever les yeux au ciel alors que tu t'épanches maladroitement en familiarité, claquant finalement ma langue contre mon palais dans une dernier esbrouffe dramatique.

 

- Tssk. Aucune fille n'a ce genre de fantaisie. Ce sont les garçons qui se passent ce genre de rumeur, Ali-chérie. Ton Sasha n'a pas du lésiner sur les détails, je prononce avec acidité. Tu te traine une sale réputation par sa faute maintenant.

 

On me croirait outrée. La vérité c'est que je viens de comprendre que s'il s'est passé quelque chose, c'est certainement de ton plein gré. Tu dois sans doute mériter cette réputation. Je vais pouvoir renforcer ces tristes rumeurs, les arranger comme il m'en vient l'envie.

 

- Je sais pas c'que tu lui trouve à ce type, mais ça me rassure de savoir qu'il a rien fait de ce qu'on raconte. Tu devrais faire attention quand même. Tu sais parfois les garçons s'échangent des souvenirs entre eux. Ils peuvent être si immatures.

 

Je redresse le menton, guettant les autres élèves de la salle commune avant de m'affaisser à ton oreille comme pour délivrer un secret d'une éminente importance.

 

- Tu sais ton Sasha il traine avec d'autres quand tu tournes le dos. L'autre jour je l'ai vu qui trainait au parc avec cette fille de l'est. Anna Nikitofna. Si ça se trouve c'est elle qui raconte ça rien que pour vous emmerder.

 

De nouveau je t'observe avec ce qui semble être mon regard le plus sérieux, débordant d'une sollicitude que ne ressent guère. Que serait une bonne école si l'on ajoutait pas un peu de piquant, me demanderez-vous ? Je n'ai rien contre cette fille, ni contre Alison Carter, mais j'aime rester maîtresse de la cour et surplomber les drames qui ne manquent jamais de pousser d'une classe à l'autre. 

 

- Si c'est ton petit-copain, j'élabore comme s'il s'agissait d'une information essentielle, tu devrais sans doute lui apprendre à ne pas trainer avec n'importe qui ou raconter n'importe quoi. Prends ça comme un conseil d'une sorcière à une autre. Je détesterais qu'on s'imagine n'importe quoi sur toi. Les gens peuvent être si horribles avec les rumeurs.

 

Mais quelle bienveillance. Accordez-moi un oscar.


Alison Carter , Salle commune de Serpentard, le 22/09/2124

Contrairement à la plupart des adolescents de sa classe, Viviane semble maîtriser ses émotions et son langage à travers toutes les situations. Parfois, Alison observe la blonde avec envie, et d'autres fois, elle se fait la réflexion que Viviane a déjà l'air d'être une vieille femme de 30 ans enfermée dans le corps d'une élève. Y'a pas à être aussi impeccable, tssss. En plus, c'est sa meilleure amie qui l'appelle chérie normalement, c'est leur truc à elles, alors de quel droit Viviane se permet d'utiliser son surnom comme ça ? Contrarié par la conversation, Alison croise ses bras sous sa poitrine et relève de temps à autre une main pour lisser sa chevelure rousse. 

 

— J'lui dirai, t'inquiètes pas. Bien sûr, elle aurait préféré que Viviane se pâme devant ses exploits d'avoir un mec dès la rentrée, et parmi les étudiants plus âgés ! Bien sûr, elle aperçoit rapidement les limites de son plan quand elle entend parler d'Anna Nikitofa (un truc dans le genre), en sachant vaguement qui est cette "fille de l'est" dont cause Viviane. De quoi ? Baah, ils sont de là-bas tous les deux, donc ils doivent sûrement discuter de ça. Cependant Alison note mentalement cette faille en resserrant ses lèvres dans une moue concentrée. Faire semblant d'être en couple, oui, mais vivre une infidélité imaginaire, non merci ! Elle écoute Viviane poursuivre ses recommandations sans vraiment savoir s'il s'agit de vrais conseils ou d'une piqûre lente infligée par la vipère en face d'elle.

 

— J'savais pas qu'tu te faisais du souci pour moi. Interrogation réelle. La Carter dissèque l'expression de son interlocutrice avec méticulosité. Elle déteste qu'on se moque d'elle. Elle sait très bien que sa réputation oscille dernièrement et qu'elle pourrait en perdre le contrôle à force de jouer. Mais Alison s'entête. Les gens peuvent s'imaginer c'qu'ils veulent, moi je sais c'que je fais. Et je sais pourquoi je le fais. Difficile à suivre, la jeune femme jette un œil au vitrail bercé de lueurs vertes, cherchant les mots pour convaincre Viviane. 

 

— C'est pas comme si j'allais passer ma vie avec Sasha. C'est juste pour essayer tu vois. Et après quand j'aurai trouvé le bon gars, j'saurai. J'aurai l'expérience. Elle hausse les épaules, convaincue par sa propre explication. Alison enterre loin dans son esprit le fait qu'elle n'a, en réalité, aucune expérience, et qu'elle aurait l'air bien bête face au Prince Charmant. Et toi Viviane, tu sais comment t'y prendre avec les garçons ? Demande-t-elle, mi-curieuse, mi-impertinente.


Viviane Valcourt , Salle commune de Serpentard, le 22/09/2124

J'ai marqué un point, n'est-ce pas ? C'est écrit sur ta figure. Le doute est né dans tes veines, s'insinue dans ton sang comme un poison. J'en éprouve une fierté toute personnelle. Je n'en montre rien, pourtant.

 

- Je ne m'en fais pas, je te rassure immédiatement, darling, les rumeurs sont la seule raison de ma présence à tes côtés. Je laisse se suspendre pourtant ces quelques mots qui pourraient prétendre du contraire. Je ne m'en fais pas, tu es un grande fille, pourrais-je avoir l'air de dire, si je n'élabore pas le fond de ma pensée.

 

Mes yeux t'observent avec une intensité terrible alors que tu t'explique, comme si cela pouvait subitement taire ces vilaines choses que l'on dit à ton sujet. Je n'en demandais pas tant, Alison. Je plisse le nez avec dégoût, à la mention d'expérience. Que crois-tu, ma belle, que tu n'es pas aux yeux de Sasha, une expérience toi-aussi ? Plutôt mourir que d'être l'essai d'un garçon aux doigts rustres qui s'empressera de raconter qu'il m'a ploter dans des placards à balais, merci bien. Je suppose que tu as du y perdre ta dignité, en même temps que ta virginité. Il me parait évident à présent que tu n'as été forcé à rien, et si c'est un pari que j'aurais volontiers gagné, je ne suis guère déçue d'en constater l'échec.

 

- Oh, je me réserve pour quelqu'un qui en vaudra l'expérience, j'assène brutalement, avec assurance. Je ne suis pas une catin comme toi, Alison. Je n'ai aucune envie de voir se répandre les on-dits qui sont parvenus à mes oreilles te concernant, avec mon nom à la place du tien. Je suppose que nous n'avons pas les mêmes attentes, en ce qui concerne les garçons. J'ai eu tort de m'inquiéter pour ces rumeurs. Tu n'as visiblement rien subi de ce que l'on ne raconte pas.

 

Je joue le rôle de la vexation. Quoi d'autre ? Je me suis après tout inquiétée pour une camarade, alors que cette dernière ne faisait qu'utiliser un sorcier pour ses petites expériences. Terrible, non ? C'est presque mieux à raconter que d'affirmer ce que je n'étais sans doute pas seule à m'imaginer tout bas. Alison Carter est ouverte à l'expérience, elle veut essayer des choses. Elle se sert des garçons, même de ceux qui ne parlent qu'à peine anglais, pour s'affuter les lèvres et devenir la meilleure suceuse de tout Poudlard. Non, vraiment je n'en attendais pas tant. Redressé sur mes souliers parfaitement cirés, mes lèvres rouges d'un gloss hors de prix, je détend mon regard vers le reste de la salle commune. Certains visages semblent comme en suspend d'un verdict quelconque. J'en reviens au tien, blanc et maquillé d'une manière que je considère grossière.

 

- En tous cas si tu sais ce que tu fais, tant mieux pour toi. J'avais peur que tu... enfin, c'est mieux que tu saches ce qui se raconte plutôt que de l'entende d'un mec lourdeau dans un couloir tu vois. Fais gaffe à toi. Mon sourire est de nouveau étiré de cette sollicitude incarnée.


Alison Carter , Salle commune de Serpentard, le 22/09/2124

Alison aurait dû mieux préparer son argumentaire pour affronter des personnalités comme celle de Viviane. Les bras croisés, le menton droit, elle se sent rabaissée mais feint l'assurance qui lui manque. Veralyn Moonstone rangerait son interlocutrice dans la case des femmes bien nées, qui attendent que tout leur tombe sous le nez sans faire avancer les mentalités.

 

— Ça existe plus "le corps sacré" des filles. C'est un truc inventé par les hommes pour nous garder sagement à la maison pendant qu'ils se félicitent entre eux, si tu veux mon avis, rétorque-t-elle avec sérieux en reprenant des paroles qui appartiennent aux magazines mais résonnent en elle depuis l'été. Maintenant il faut réussir à les faire comprendre, et les appliquer. C'est gentil, t'inquiète pas pour moi Vee. Cherchant du réconfort, Alison lisse sa frange entre deux doigts mécaniques, puis sort son gloss de sa poche, qu'elle agite de haut en bas.

 

— J'sais bien que les mecs parlent. J'sais que tout le monde parle sur les filles, quoi qu'elles fassent d'ailleurs. Mais c'est pas une raison pour s'enterrer et rien oser. J'tente des trucs au moins. Elle fixe le tube brillant de gloss parfumé aux fruits avant d'affronter les yeux acerbes de la blonde. Alison pense avoir raison, quand bien même les limites de sa théorie semblent proches. Elle veut croire qu'elle va réussir comme ça à devenir une femme forte, sûre d'elle, qui ne laissera personne se mettre en travers de ses ambitions. Les gens parlent dans ton dos alors que tu t'habilles bien et qu't'es toute sage, c'est triste, mais c'est la vie.

 

La sorcière hausse les épaules, plutôt satisfaite d'avoir glissé cette remarque à Viviane Valcourt. Elle dévisse son maquillage et l'applique d'un geste maîtrisé en quelques secondes seulement. Les lourdeaux vont pas attendre qu'tu fasses de la merde pour causer. Donc trace ta route, puis on verra bien. Finalement Alison se parle un peu à elle-même avec ces derniers mots. C'est vrai que la tournure des évènements pourrait l'effrayer. Elle refuse de céder si vite.  


Viviane Valcourt , Salle commune de Serpentard, le 22/09/2124

L'incrédulité se lit dans la courbure de mes sourcils parfaitement épilés alors qu'un rire manque de m'échapper devant ta réplique absurde. Le corps sacré des filles ? T'imagines-tu que je sors directement du siècle dernier ? Que, parce que je ne me suis pas offerte au premier venu, je n'ai pas la moindre expérience avec les garçons ? Grossière erreur. La différence entre toi et moi, c'est que mes expériences à moi se terrent dans des corridors luxueux desquelles elles ne s'échapperont jamais. L'on ne me prendrait pas à me laisser sauter par un garçon de Poudlard qui viendrait directement s'en féliciter haut et fort devant le reste de ses camarades. L'on ne me prendrait pas à devenir la source des rumeurs qui s'agitent autour de toi. Une grimace me fait plisser le nez de dégoût alors que tu me nommes par un surnom qui n'appartient jamais qu'à une catégorie de personnes. Celle qui s'enroule bêtement autour de mon petit doigt. J'ai pourtant un sourire de courtoisie qui s'étire pour laisser paraitre des dents immaculés.

 

- Oh. Je vois. Je n'avais pas vu les choses comme ça.

 

J'ai l'air de m'interroger sérieusement sur la question ? Regarde bien mon visage, Alison. Je suis Viviane Valcourt, je ne m'inquiète pas de telles trivialités à mon sujet. Le premier qui parle de moi d'une façon qui ne me plait guère se retrouve enterré sous un talon qui vaut le prix de sa garde-robe toute entière. Tu ne le savais pas ? Ma route est tracée devant moi avec des pavés d'or sur lesquels personne ne viendra porter son ombre. Ce doit être complexe d'évoluer dans les souliers d'une Carter. Ancienne riche. Fille d'une ancienne célébrité. Vouée à se contenter d'esquisser de vagues sentiers boueux dans le parc mal famé d'un Poudlard envahit depuis peu par une racaille de l'est sur laquelle se portent les pires rumeurs. J'ai un reniflement méprisant, que l'on pourrait aisément confondre avec un gloussement si l'on n'y prêtait pas attention. Je me penche un peu. Légèrement. Subtilement. Pour t'accorder quelques dernières secondes de ma précieuse attention.

 

- Je te rassure tout de même. Personne ne parle dans mon dos. Mais si un jour ça devait arriver, je suis sûre que tu aurais la gentillesse de m'en parler comme je viens de le faire.

 

Mon clin d'œil est absolument ravissant, mon sourire tragiquement étiré avec la sollicitude revenue au galop, que je viens d'élever au rang de monnaie d'échange. Sans plus de cérémonie, je claque deux baisers dans l'air, contre une joue puis l'autre, avant de t'abandonner là, mes souliers claquant derrière moi avec la fermeté d'une femme dont le corps serait, en fait, sacré, si on le regarde sous un certain angle. Mes cheveux rejetés vers l'arrière d'un simple geste alors que je passe devant quelques garçons qui semblent occupés à nous jeter des regards curieux, je plante mon regard sur Sarah en faisant mine d'oublier tout ce qui se passe autour de moi, lui intime d'un seul geste du menton de me suivre pour que nous montions dans les dortoirs. Je n'aurais plus un regard pour toi, Alison Carter, mais tu feras bientôt l'objet de rumeurs sans doute plus incisive que tu n'aurais pu l'imaginer. Peut-être aurait-il mieux fallu que ce Sasha te force la main pour que tu passe au moins pour la pauvre victime, tu ne crois pas ?