J'ai marqué un point, n'est-ce pas ? C'est écrit sur ta figure. Le doute est né dans tes veines, s'insinue dans ton sang comme un poison. J'en éprouve une fierté toute personnelle. Je n'en montre rien, pourtant.
- Je ne m'en fais pas, je te rassure immédiatement, darling, les rumeurs sont la seule raison de ma présence à tes côtés. Je laisse se suspendre pourtant ces quelques mots qui pourraient prétendre du contraire. Je ne m'en fais pas, tu es un grande fille, pourrais-je avoir l'air de dire, si je n'élabore pas le fond de ma pensée.
Mes yeux t'observent avec une intensité terrible alors que tu t'explique, comme si cela pouvait subitement taire ces vilaines choses que l'on dit à ton sujet. Je n'en demandais pas tant, Alison. Je plisse le nez avec dégoût, à la mention d'expérience. Que crois-tu, ma belle, que tu n'es pas aux yeux de Sasha, une expérience toi-aussi ? Plutôt mourir que d'être l'essai d'un garçon aux doigts rustres qui s'empressera de raconter qu'il m'a ploter dans des placards à balais, merci bien. Je suppose que tu as du y perdre ta dignité, en même temps que ta virginité. Il me parait évident à présent que tu n'as été forcé à rien, et si c'est un pari que j'aurais volontiers gagné, je ne suis guère déçue d'en constater l'échec.
- Oh, je me réserve pour quelqu'un qui en vaudra l'expérience, j'assène brutalement, avec assurance. Je ne suis pas une catin comme toi, Alison. Je n'ai aucune envie de voir se répandre les on-dits qui sont parvenus à mes oreilles te concernant, avec mon nom à la place du tien. Je suppose que nous n'avons pas les mêmes attentes, en ce qui concerne les garçons. J'ai eu tort de m'inquiéter pour ces rumeurs. Tu n'as visiblement rien subi de ce que l'on ne raconte pas.
Je joue le rôle de la vexation. Quoi d'autre ? Je me suis après tout inquiétée pour une camarade, alors que cette dernière ne faisait qu'utiliser un sorcier pour ses petites expériences. Terrible, non ? C'est presque mieux à raconter que d'affirmer ce que je n'étais sans doute pas seule à m'imaginer tout bas. Alison Carter est ouverte à l'expérience, elle veut essayer des choses. Elle se sert des garçons, même de ceux qui ne parlent qu'à peine anglais, pour s'affuter les lèvres et devenir la meilleure suceuse de tout Poudlard. Non, vraiment je n'en attendais pas tant. Redressé sur mes souliers parfaitement cirés, mes lèvres rouges d'un gloss hors de prix, je détend mon regard vers le reste de la salle commune. Certains visages semblent comme en suspend d'un verdict quelconque. J'en reviens au tien, blanc et maquillé d'une manière que je considère grossière.
- En tous cas si tu sais ce que tu fais, tant mieux pour toi. J'avais peur que tu... enfin, c'est mieux que tu saches ce qui se raconte plutôt que de l'entende d'un mec lourdeau dans un couloir tu vois. Fais gaffe à toi. Mon sourire est de nouveau étiré de cette sollicitude incarnée.