En dehors du Château Pré-au-Lard [En Cours] Nikola Brutcell
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Elliot Blackburn , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

Si les courriers avaient commencé par un échange on-ne-peut-plus professionnel - il ne fallait pas s'en attendre à moins de la part de Freya Carter -, ils n'avaient pas tardé à retomber dans une certaine familiarité. Elliot n'était simplement pas capable de mettre de véritables formes à ses missives, qui commençaient rarement par ne serait-ce qu'un bonjour, et coupait directement dans le vif du sujet avant de s'arrêter abruptement, et presque absurdement, dans l'attente d'une réponse qu'il devrait attendre plusieurs heures ou plusieurs jours de rang. Il écrivait comme il parlait, et probablement que c'était là ce qui avait fait basculer les réponses de Freya du côté obscur de la force. Il s'en plaignait pas. Il détestait fondamentalement tout ce qui s'assimilait de près ou de loin aux courriers officiels qu'il recevait constamment du bureau lorsqu'il s'agissait de préparer des interviews ou autres évènements liés au pôle communication.

 

Ils s'étaient accordés sur un dimanche. Le dimanche qui suivait donc leur rencontre au centre Caerphilly, et qui présentait l'avantage net d'être un jour non-ouvré. Elliot s'était déplacé avec pour seule précaution quelques sortilèges d'illusions qui avaient permis de travestir son aspect, et ne les avait levé qu'une la porte de l'arrière boutique, par laquelle l'avait fait entrer Freya, verrouillée derrière lui. Sorti d'entrainement, il était vêtu pratiquement de la même façon que la dernière fois qu'ils s'étaient vus. La chaleur ambiante constratait de manière saisissante avec le froid glacial qui balayait les rues de Pré-Au-Lard, et il se secoua avant d'enfin lui adresser un sourire.

 

- Hello !

Les bras levés de part et d'autre de son corps, il fait mine de zieuter autour de lui avant d'ajouter :

- Mâte ça. Aucun fan dans les manches, et j'ai même pas rameuté d'paparazzi. J'fais ça bien hein ? Il avait pris un mal in plaisir à se présenter comme un gars perdu du coin avant d'enfin révéler son identité en lui soufflant à l'oreille que j'suis sous couverture Miss Carter, et vous êtes en état d'arrestation pour consommation illégale de guiness au cassis. Même que oui, il était fier de sa connerie. Bon tu m'fais visiter ?

Le premier shooting était prévu pour dans une semaine, et il avait été décidé qu'Elliot se familiariserait avec le décor en amont. Ou peut-être bien qu'Elliot avait simplement insisté très lourdement pour venir zieuter l'intégralité de l'atelier OCQ en avance, pressé qu'il était d'enfin découvrir ce qui l'attendait avec la nouvelle collection. C'est qu'elle lui avait mis l'eau à la bouche avec le 500, et il avait pas envie d'attendre deux semaines toute entière pour savoir à quoi allait ressembler le bordel.


Freya Carter , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

Il existe bien des raisons pour lesquelles Freya peut mettre Elliot en état d'arrestation à son tour, et sans attendre. Par exemple, sa façon d'être trop à l'aise, partout, tout de le temps, même alors qu'il incendie son hôte d'un simple chuchotement. Délit de charme, c'est dit. Elle l'accuserait volontiers d'avoir volé ses pensées dernièrement aussi, avec sa façon obsessionnelle de revenir dans sa tête, encore et encore, depuis leurs retrouvailles à Cardiff. Bien sûr, la sorcière s'est refait la partie de fléchettes improvisée mille fois, analysant le moindre geste et les paroles du sportif à son attention. Bien sûr, elle a détesté se rendre compte qu'elle est toujours amoureuse d'Elliot Blackburn, et qu'il faudrait enterrer ce sentiment au plus profond de ses entrailles, pour la survie d'Owen Carter Quidditch et sa propre santé mentale.

 

— Agent Brutcell, devine-t-elle immédiatement, rouge tomate, avant de couper son visiteur dans ses élans comiques en l'immobilisant. Attends, j'ai des pierres de runes anti-intrusion, bouge pas, prévient Freya qui commence à informuler des sortilèges en tournant autour d'Elliot afin de le rendre imperméable aux enchantements des artefacts. Elle porte son pantalon cargo habituel, kaki, et un pull beige difforme. Ça lui a pris 2 minutes ce matin de décider que puisqu'elle était bien décidée à résister au magnétisme de son ancien petit-ami, elle ne ferait aucun effort particulier pour "être fraîche" - dirait Alison. Allez viens.

 

L'excitation frappe ses artères et fige le sang derrière ses pommettes alors qu'Elliot Blackburn en personne se trouve dans l'arrière-boutique de son magasin ; un endroit qu'elle chérit particulièrement. Une douce odeur de bois ancien, de cuir et de cire magique flotte sous leurs narines, que la sorcière ne sent plus. Comme beaucoup de bâtiments à Pré-Au-Lard, le local qui sert aussi d'habitation comporte de nombreux sortilèges d’agrandissement pour donner de l'espace aux clients, à l'équipe, mais aussi à la famille. Les Carter résident sur deux étages et un grenier étriqué, vendent au rez-de-chaussé, et travaillent à moitié derrière le magasin et à moitié en sous-sol.

 

— Ici le stock et le salon de repos, désigne la jeune femme devant l'étalage de balais et matériel magique qui surplombe un canapé confortable. Plusieurs affiches placardées au plafond retracent la carrière d'Owen Carter au fil de ses équipes, même si le sorcier manque sur la plupart d'entre elles aujourd'hui. Le portait du poursuiveur des années 2110 sourit à Elliot, puis pointe du doigt la table basse décorée d'une centaine d'anciennes cartes de Quidditch à collectionner, avant de disparaître vers le ciel sur son balai. Cette porte, c'est l'accès au magasin. Freya jette un œil à l'horloge enchantée qui fredonne soudain "N’oubliez pas de tester le sortilège anti-dérapage des repose-pieds du OCQ500 ! Personne ne veut glisser en pleine finale !". Elle sourit.

 

— Comme tu peux le voir, on est tous concernés par le nouveau modèle, y compris le mobilier. De l'autre côté, un petit escalier mène à une modeste poste dont le grincement ne tarde pas à retentir quand une fille de treize ans l'ouvre pour faire son apparition. Bonjour Elliot ! s'exclame joyeusement Charlie Carter, tout droit échappée du quartier familial où elle passe le week-end en compagnie de sa grande sœur Freya. Vêtue d'une cape de pyjama en matière duveteuse et les pieds nus, elle avance vers le brun qu'elle n'a pas revu depuis ses 7 ans. Tu viens prendre les photos ?

 

— Pas aujourd'hui Chacha. Elliot, tu t'souviens de ma dernière sœur Charlie ? L'aînée passe un bras autour de l'épaule de sa benjamine qui semble démêler des bijoux pris à son poignet. J't'ai fait un bracelet aux couleurs des Catapultes, annonce-t-elle en extirpant une breloque de perles verte et rouge des autres pour la tendre à Elliot. La ressemblance entre Charlie et Freya au même âge n'échappera pas au Gryffondor, pas moins que leurs proches restent souvent cois face à la version miniature de la jeune femme. 

 

— J'en ai fait un pour Spike Rider aussi. Il est dans la classe de ma sœur Alison, elle lui donnera. 

— T'as pas des prunes dirigeables à cueillir toi ?

— Si. Mais tu peux réchauffer ma cape s'te plaît ?

— Attends. Et mets des chaussures aussi, ça pourra aider à pas avoir froid. 

 

— Mais j'adore marcher pieds-nus au jardin ! Bye bye Elliot ! s'écrie la pré-adolescente qui disparaît joyeusement derrière la porte après que sa grande sœur ait ensorcelé le tissu de sa tenue pour la réchauffer. Freya se tourne vers Elliot, un sourire doux aux lèvres, qu'elle censure en montrant un dernier accès, barricadé d'une pancarte. En bas, le labo, et ici, derrière toi, l'espace de réparation ou de préparation. Dans le dos du sorcier, un établi s'étale, équipé d'outils et de fioles de vernis magiques soigneusement rangés sur les étagères du mur. Certaines brosses patientent en nettoyant leurs propres manches tandis que d'autres semblent profondément endormies. Une pince s'ajuste elle-même en silence, et plusieurs lanternes flottent au-dessus de la table, lui donnant une atmosphère studieuse.

 

— Bon, c'qui t’intéresse est en bas. T'as signé le contrat de confidentialité ? Elle sourit. 


Elliot Blackburn , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

- C'est presque mieux protégé que Caerphilly, il a échappé en seul commentaire pendant qu'elle le couvrait de sortilèges pour lui permettre de pénétrer la zone sans risque. T'caches des secrets d'état là-dedans en fait ?

 

Elliot est pas sans connaitre les dimensions démesurées du business dans lequel il trempe depuis presque dix ans, mais par moment ça continue de le surprendre. Combien des gens sont prêts à mettre sur la table pour des produits qui feront pas deux ans avant de paraitre obsolètes aux yeux de tous les professionnels. Alors il charrie parce qu'il peut, mais la vérité c'est que les protections du centre sont bien plus drastiques, à la limite de l'absurde par moment. Pas moyen de se faire livrer sans avoir eu l'identité complète du visiteur, avec un badge attitré demandé des jours à l'avance. 

L'odeur est peut-être ce qui le marque en premier. C'est une odeur qu'il aime particulièrement. Celle du bois tout juste traité, mêlé au cuir de nouveaux équipements qu'attendent que d'être essayés. Ses yeux se posent un peu partout avec une curiosité mordante, et il reste étonnement sage derrière la silhouette frêle de la propriétaire, à garder ses mains dans ses poches. Y a des trucs de partout, rangés méticuleusement sur des étagères, et tout un panel d'affiches qui ne manquent pas d'attirer son attention. Il en connait la plupart, pour avoir été un vrai fanboy d'Owen Carter quand il était encore qu'un gosse. Il suit du regard la direction pointée par un poursuiveur dans l'une d'elle pour aviser des cartes étalées sur une table basse.

 

- Woah. P'tain la collec ! Il est comme un gosse, les mains retirées des poches alors qu'il s'en approche pour les mater à travers un dessus vitré, en pointe une de son index : Hey c'est moi qui t'aies filé celle-là ! Et celle-là aussi ! C'était un vrai délire à l'époque, de s'échanger ces cartes à Poudlard. Freya en avait toujours des inédites, via son père il avait toujours soupçonné même si elle le niait en bloc, et elle acceptait de lui échanger toutes celles qu'il avait en double ou tripe - il en avait un paquet en double ou triple, à croire que y avait qu'un lot commun à toutes les dragées qu'il achetait. J'paris ça vaut une blinde maintenant. On les trouve plus nulle part t'savais ? Pas les anciennes en tous cas. Les nouvelles n'intéressaient que moyennement les gamins, qui s'étaient tournés vers d'autres genre de collections.

 

Il se retourne brièvement vers l'horloge, un sourire aplati sur la gueule, déjà recentré sur la nouveauté qu'il va pas manquer de découvrir sous peu. Ses mains retrouvent ses poches alors qu'il s'éloigne de la table basse. L'apparition de Charlie Carter manque pas de le faire buguer légèrement tant sa ressemblance avec Freya est frappante. Un vrai clône version miniature. Pour avoir connue la sorcière à cet âge, ça lui saute carrément aux yeux. Il l'a pas vraiment connu, juste croisé ici ou là quand elle était encore môme. Faut dire elle était minuscule à l'époque, et il avait pas grand chose à raconter à une gosse de cette dimension.

 

- Carter junior ! Il l'appelait déjà comme ça à l'époque. N'empêche qu'elle a grave poussé. Oh... Il récupère le bracelet et le mate avant de redresser le regard vers Freya, puis de l'affaisser sur la gosse de nouveau. Bah merci c'est sympa. Il se retourne vers sa grande sœur avec un sourire insolent sur la gueule. Au temps pour moi j'ai p't-être quelques fans qui trainent encore ici ou là. On va pas s'mentir, Charlie a l'air d'être absurdement gentille, et Elliot les regarde discuter avec Freya en se demandant au juste à quel point elle doit gérer sa sœur depuis le départ de sa mère.

Une question qu'il s'était jamais posé quand il était adolescent, parce que ben... il était adolescent. C'est un peu comme si ça le frappait brusquement en pleine gueule, voyez. Ça le désarçonne pas pour autant, parce que y a pas grand chose qui le désarçonne. Juste il se demande s'il aurait pu gérer comme s'il avait du gérer les mômes Blackburn comme Freya avait du gérer ses deux sœurs. Vaguement quoi. La réponse est plutôt claire. Sa relation avec l'intégralité de ses frères et sœurs est nulle. Il saurait même pas dire ce qu'ils font de leur journée. Pas même Charli, qui suit pourtant des cours à Poudlard depuis l'année dernière. Tourné pour mater l'établi dans lequel roupillent une série d'outils à priori destiné au perfectionnement d'un matériel qu'il a davantage l'habitude d'utiliser que de voir créé, Elliot a la gueule d'un gamin auquel on aurait annoncé Noël en avance.

Approchant des brosses et des lanternes, il peut pas s'empêcher d'y foutre les doigts avant de mater Freya :

- Ouais ouais. J'vais voir l'OCQ500 alors ?

Des contrats de confidentialités, il en avait signé des tas. Ça faisait longtemps qu'il lisait même plus les documents qu'Oakwood lui foutait sous le nez en lui demandant de parapher et de placarder sa griffe dans des petites cases prévues à cet effet. Il s'est décollé des établis en moins de deux secondes pour approcher de la sorcière, et de l'escalier descendant vers le laboratoire, avec la vigueur d'un type beaucoup trop excité pour l'occasion. Les pupilles illuminées comme des guirlandes, il a du mal à dissimuler son excitation. D'un geste il accroche le bracelet que lui a refilé Charlie avant de commenter brièvement :

 

- T'savais j'ai un frère qui s'appelle Charli ? Il est à Poudlard aussi. Mais en deuxième année.

 

S'il est une chose qui restait particulièrement opaque concernant la vie d'Elliot Blackburn, au grand damn des médias, c'était bien ses origines. Il ne parlait que très rarement, et très superficiellement, de ses parents ou de ses frères et sœurs. Jamais un seul nom n'avait fait couler l'encre de quelque journal ou magasine, et sa distance avec chacun des membres Blackburn empêchait probablement la moindre enquête de parvenir au moindre article potable. Certains y voyaient la volonté honorable d'une célébrité de laisser ses proches en paix, d'autres murmuraient que de sombres secrets se dissimulaient dans le passé de ce jeune homme brillant et talentueux qui raflait le meilleur salaire de Caerphilly. La vérité, c'est qu'Elliot n'avait guère envie que l'on apprenne qu'il était issu d'une famille de cas sociaux à moitié dégénérés. Même à l'époque de Poudlard, il n'en avait jamais dit grand chose.


Freya Carter , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

Le parfum d'Elliot Blackburn se mélange au bois et aux huiles, et Freya retrouve l'odorat. Ça l'électrise d'avoir le sportif dans l'arrière-boutique de son magasin. Comme à l'Alambro, ça lui rend ses 14 ans et cette façon idiote de croire aux belle histoires. Elle le regarde tripoter les outils magiques et grave sa présence chez Owen Carter Quidditch avant de croiser son regard enthousiaste. Hein ? Bah ouais. Viens ! Freya retient un rire beaucoup trop niais derrière sa main. On dirait des gamins. D'ailleurs, elle peine à croire Elliot qui parle de son prétendu petit frère à Poudlard tandis que s'ouvre la porte du sous-sol. 

 

— Tu t'fous d'moi ? Un deuxième Blackburn à l'école ? "Charli" en plus ? Elle nie avec une moue faussement désabusée, persuadée qu'il cherche juste à la faire tomber dans l'un de ses nombreux pièges, comme lorsqu'ils étaient jeunes. J't'ai connu meilleur pour inventer des persos Elliot ! ajoute la rousse face à l'escalier en colimaçon qu'elle éclaire d'un geste de la main. Les pierres de part et d'autre des marches sont semblables à celles des cachots du chateau situé non loin d'ici, rappelant le gris foncé des falaises écossaises. Pendant qu'ils descendent, le sportif pourra admirer les anciens t-shirts d'Owen accrochés au mur et deviner la présence d'encore quelques runes protectrices autour d'eux.

 

En bas, l'atelier principal s'étend dans une pièce voûtée soutenue par des arches assez hautes pour que plusieurs balais s'y promènent au milieu de nombreuses lanternes. Ouais, mon père s'est fait plais', commente Freya, consciente de la démesure du lieu qui reflète la richesse passée des Carter. Après la bibliothèque remplie d'ouvrages de recherche expérimentale sur le vol magique et divers grimoires, d'immenses tables de travail en bois massif disposent d'outils spécifiques à la création de balais sorciers. Une autre armoire nommée "Essences vivantes" contient des tubes opaques fermés et étiquetés, rangés alphabétiquement selon le composant qu'ils renferment. Partout, des grands tableaux à roulettes recto-verso exposent une multitude de croquis, de calculs, de listes presque entièrement cochées. 

 

— Ferme les yeux. J'te fais pas confiance en fait ! Elle lui laisse à peine le temps d'apercevoir le laboratoire qu'elle cache ses paupières avec sa main, pour le guider à travers l'allée. Freya exulte. J'suis trop contente de te montrer ça. Attends. Là, tourne. Attends. Tiens. 

 

Leurs phalanges se touchent, mais surtout, la Poufsouffle pose délicatement les doigts d'Elliot contre un manche de bois massif, gravé de runes. Quand elle lâche lentement le sportif, celui-ci peut sentir une connection énergétique entre lui et le balai, à la manière des baguettes magiques. D'ailleurs, l'accessoire s'anime, s'ébroue, et se positionne verticalement, prêt pour un vol. Bon déjà, tu le supportes, c'est bien. Freya scrute la moindre réaction d'Elliot, et du balai, un air béat aux lèvres. 

 

— Il a un coeur en fait. Lui c'est une plume d'oiseau tonnerre mais l'idée c'est de personnaliser en fonction de l'utilisateur, comme une baguette. 


Elliot Blackburn , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

Ça le fait froncer la gueule qu'elle le croit pas. Genre pourquoi il mentirait sur l'fait d'avoir un frère en fait ? Il veut bien il raconte beaucoup de connerie, mais pas à ce point. Bah ouais, il s'était contenté de balancer. S'il devait s'inventer une famille ce serait carrément pas celle-là. Pis ce serait vraiment une vanne pétée en fait. Elliot précède Freya dans l'escalier, les yeux sur la main avec laquelle elle éclaire l'endroit. C'est stylé un peu. C'est pas la première sorcière qu'il croise capable de ce genre de prouesse, mais c'est pas non plus le genre un truc qu'il voit tous les jours. Quand est-ce que Carter a appris à faire ça ? Woh. Le sous-sol dévoile une démesure à laquelle il s'attendait pas - et on parle d'un mec dont l'appartement fait peut-être trois fois la taille dont il aurait vraiment besoin. Tu m'étonnes.

 

Les mains ont quittées les poches alors qu'il fait le tour du bordel, et ses yeux se posent sur les nombreuses tranches de bouquins rangés dans les étagères. Elliot est pas un grand lecteur, mais tout ce qui se rapproche de près ou de loin au vol le rend curieux par nature. Les bouquins du genre font probablement partie des rares qu'il feuilleterait bien pendant quelques heures sans même voir le temps passer. Certains du moins. Il grimace devant certaines couvertures qu'ont l'air vachement moins avenantes que d'autres, avec des runes enchevêtrées, ou d'autres arborant des titres à base d'arithmancie obscure. Mais il a pas franchement le temps de s'imprégner pleinement du décor que Freya lui fout une main devant les yeux. He ! S'il râle c'est que pour la forme, parce qu'il suit docilement la sorcière.

 

- C'était pas écrit dans l'contrat ça, ou alors j'ai raté des p'tites lignes.

 

Même qu'il lui chope une épaule étant donné qu'il voit rien comprenez, se met à faire le con comme c'est pas permis juste parce qu'il peut.

 

- Ainsi Elliot Blackburn s'enfonça dans les ténèbres, houuuuuu.

Il a pas bien le temps de continuer sur sa lancée cela dit, parce que son autre main rencontre subitement le manche d'un balai, qui réagit subitement à sa présence. Elliot lui-même se sent impulsé d'une énergie nouvelle, comme si sa magie s'était mise à ruer à l'intérieur de lui. Une sensation plus ou moins similaire à celle qu'il avait eu la première fois qu'il avait empoigné sa baguette magique. Un juron lui échappe sous la surprise, et ses yeux, libérés, courent sur l'engin qui vient de se dresser à la verticale à côté de lui.

 

- Bordel il est canon.

 

Y avait des rumeurs qu'existaient sur la possibilité que des fabricants travaillent sur ce genre de projet, mais c'était jamais que des rumeurs. Le genre qu'on se soufflait dans les vestiaires en s'imaginant des dingueries, sans trop espérer non plus que la recherche fasse un tel bond vers l'avant - ou en tous cas pas de leur vivant. Jusque là, le bois n'était travaillé dans le genre que dans deux domaines : celui des baguettes, depuis à peu près la nuit des temps, et celui de la musique - ça c'était plus récent, du genre siècle dernier, aux prémices de ce que ça pourrait rendre dans plusieurs années sans doute. Elliot était pas bien certain de ce que ça pouvait bien inclure en terme technique, mais il avait la chance d'avoir sous les yeux la personne la plus à-même de le lui révéler.

 

- Ça marche comme les baguettes ? Genre ils se lient aux joueurs et tout ?

 

Il a un air de vrai gamin alors qu'il observe le balai sous toutes ses coutures, repérant ici et là quelques similarités avec le modèle précédent, sans que celui-ci ne parvienne à véritablement lui ressembler. OCQ prenait visiblement une direction nouvelle.

- Ils sortent quand ? J'en veux un putain. C'est toi qu'a eu l'idée ? C'est trop la classe hein. Raconte vas-y j'veux tout savoir.

Elliot avait trouvé place sur un siège et manœuvrait le bijou pour en zieuter absolument tous les détails.


Alison Carter , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

erreur de personnage

 


Freya Carter , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

Questionnée sur les balais, Freya dévoile à Elliot une partie d'elle totalement mordue par le vol et l’ingénierie magique. Un sourire emprunt de passion se grave sur les lèvres de la sorcière qui attire à eux différents tableaux pour pointer plusieurs croquis. Bon, bah ouais ça marche vraiment comme les baguettes. T'as le bois et ses propriété d'un côté, et t'as les composants du coeur d'un autre côté, tu vois ? Emportée dans sa présentation du concept de l'OCQ500, elle oublie l’œil dévorant du sportif et se transforme en conférencière calée sur son sujet. Les dessins enchantés bougent quand la rousse les désigne d'un index énergique. Alors on peut pas utiliser le même bois que pour les baguettes, à cause du poids et de la résistance aux chocs. Il a fallu définir un panel d'essences assez robustes et avec une bonne longueur de coupe. Personne ne veut d'un balai volant réalisé en patchwork de petits morceaux.

 

— Pareil, y'a des composants incapables de prendre en charge le volume d'un balai, et par contre ça nous a ouvert la porte à d'autres matériaux que tu pourrais jamais mettre dans une baguette, ajoute-t-elle sans révéler lesquels, bien que ses phalanges agitent des feuilles remplies de créatures et plantes différentes. Puis j'voulais travailler éthiquement, donc on a supprimé tout ce qui s'obtient avec la traque, l'élevage intensif, ou le braconnage sauvage. J'ai rencontré des éleveurs incroyables dans leur domaine. La complexité des problèmes rencontrés par la jeune femme et son collaborateur transparaît au fil des croquis qu'elle montre en expliquant pourquoi ils se sont heurtés à des conflits d'usure rapide, d'interférences énergétiques, et de fragilité des cœurs. Les prunelles pétillantes de Freya croisent celles d'Elliot assis sur son siège, le balai en mains. Pour celui-ci par exemple, on avait un transfert d'émotions entre l'oiseau Tonnerre qui donne la plume et l'utilisateur. En gros, sans sortilège stabilisateur, tu te retrouvais avec l'impulsivité de l'oiseau à gérer, en plus de la tienne.

 

Elle s'approche et fixe pensivement le balai volant aux courbes agréablement robustes. Un mélange de matières brutes et d'alliages complexes lui donne une apparence alliant l'expérience et la solidité de l'ancien à l'expertise et l’innovation du neuf. Profilé pour le sport magique, il est pourvu d'une poignée en cuir de dragon mat cousue de fil d'argent et renforcé par plusieurs anneaux en métal brossé. J'ai plusieurs déclinaisons qui seront livrées avant le shooting. Puis on va bosser sur le tien hein. Jun s'occupera de toi ; c'est le meilleur synthétiste que j'ai jamais rencontré. Il m'a aidé à développer tout ça. Son bras désigne l'ensemble des recherches confidentielles du sous-sol d'Owen Carter Quidditch, et son regard retrouve la silhouette d'Elliot Blackburn.

 

— Bon tu l'essayes ? sourit-elle en saisissant à son tour un prototype sans runes ni ornements. Freya l'enfourche et prépare sa baguette. J'vais t'assurer, il te fera rien. C'est que la moindre blessure coûte chère pour les sportifs de haut niveau, la rousse le sait. 


Elliot Blackburn , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

Fatalement qu'il capte pas tout ce qu'elle raconte. C'est loin d'être un ingénieur. N'empêche qu'il écoute tout pareil, parce que Freya a cette façon de balancer les infos avec un genre de passion qui donne juste envie de l'écouter, peu importe ce qu'elle raconte. Pis bon. Ça l'intéresse en vrai. Même s'il capte pas tout. C'est carrément révolutionnaire, des balais reliés à leurs joueurs comme des baguettes magiques. C'est pas de comprendre le concept qui va changer ça. C'est excitant en fait. Vachement plus qu'un simple nouveau modèle, le bordel deviendrait une partie d'eux, complètement rattaché à leur propre expérience de vol, et à leurs préférences dans le domaine. Alors évidemment il a des yeux grands ouverts, Elliot, pis il balance des ah ouais ? ici et là, et des han ! et des nice ou des putain trop stylé parce qu'en fait ça l'est, juste. Trop stylé.

 

- Jun ? C'est pas toi qui va m'faire mon balai ?

 

Il sait pas c'est quoi un synthétiste, ni c'est qui Jun, mais il a eu un smile énorme à la perspective d'avoir sa version bien à lui. Un truc taillé pour appartenir à Elliot Blackburn. Ça en jette à peu près autant que le premier maillot qu'on lui a tendu avec son blaze dessus. N'empêche que le smile s'est métamorphosé en rictus à l'idée que ce soit pas Freya Carter elle-même qui lui taille le balai. 

 

- Là ?

 

C'est large comme espace, faut dire. Mais il avait imaginé qu'ils iraient tester ça quelque part dehors, histoire de tester de la vraie voltige. Cela dit c'est clair que ce serait le genre de truc qu'attirerait un peu l'attention, alors c'est peut-être mieux comme ça. Il va pas s'faire prier en tous cas. Il enfourche le bordel :

 

- J'espère ça fait comme les baguettes si c'est pas l'bon, il balance juste avant de s'élancer, sans plus sembler s'en inquiéter que ça.

Très vite, il s'avère que le balai est caractériel. Elliot a aucun problème pour esquiver le mobilier - qui semble par moment se déplacer de lui-même pour le laisser voler comme bon lui semble -, et il enfonce les talons sur les étriers pour chercher la pleine vitesse du modèle. Y a du fuel à revendre. Ça le balance vers l'avant avec puissance, et il pousse un hurlement joyeux avant de tenter une bifurcation serrer entre deux étagères. Le virage est net, aussi fluide que brutal. Alors il s'essaie vite à d'autres trucs, cherchant les limites de l'objet. C'est pas comme s'il en avait jamais crashé. Elliot a toujours aimé les phases de tests de nouveau balai, parce que c'est à peu près le seul moment où on les laisse faire ce qu'ils veulent s'en inquiéter qu'ils niquent l'équipement. C'est presque le but.

La seule différence c'est qu'habituellement y a des types payés pour mater ces entrainements délirants et s'imposer dès que ça commençait à sembler dangereux pour les joueurs.

1. Au bout d'un moment, le balai a l'air de complètement fusionner avec tout ce qu'il décide de faire, comme s'il avait qu'à penser vouloir faire un truc pour qu'il le fasse. C'est carrément galvanisant, et Elliot a du mal à s'arrêter tellement il prend son pied. Mais quand enfin il le fait, il a un sourire d'une oreille sur l'autre, les mèches en bordel sur le dessus de la tête, et les yeux brillants. Putain c'est génial.
2. Le vol est plus qu'agréable. Clairement plus fluide que tout ce qu'il a pu expérimenter sur le modèle précédent. Mais il a pas l'impression que ce soit si différent d'un balai normal. Pas comme ce à quoi il s'attendait en entendant Freya parler du lien entre un sorcier et son balai. Comme si finalement y avait pas de lien entre lui et ce balai. Ça reste un bon balai, mais c'est à peu près tout. Alors dès qu'il en redescend, Elliot réclame : Bon le mien on s'met dessus quand ?
3. Elliot fond sur un obstacle, dans le but de braquer au dernier moment, mais le balai se met à bifurquer tout seul sans demander son avis bien avant qu'il atteigne la cible. Alors commence un véritable match entre Elliot et le modèle, qui semblent complètement se disputer l'itinéraire de vol. De loin c'est possiblement très fun. De près ça le frustre complètement, et il finit par redescendre avec un air boudeur de vrai gamin. Putain bah ça s'voit c'est pas l'mien hein. 
4. Franchement ça va super bien. Jusqu'à ce que subitement le balai se mette à vouloir le désarçonner pour absolument aucune raison. En plein rodéo  à plusieurs mètres du sol, Elliot s'accroche des deux mains en poussant un juron, mais l'objet se met carrément à se balancer avec brutalité d'un bord à l'autre de la pièce dans le but de l'éjecter de la selle. Ce qui finit par arriver en quelques secondes à peine, quand le balai freine brusquement sans prévenir, envoyant Elliot directement dans le mur d'en face. Il a tout juste le réflexe de jeter ses bras vers l'avant pour pas se fracasser dessus la tête la première.


Système

Maître du Jeu

Maître du Jeu , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

Résultats des différents lancés de dés :

Dés à 4 faces :

  • 1

Freya Carter , Owen Carter Quidditch, le 20/10/2124

La gueule d'Elliot vaut toutes les nuits passées à perfectionner son concept de balai organique viable. Freya étire un sourire fier, puis ramène ses cheveux en arrière d'un geste machinal tandis qu'elle explique avec professionnalisme la raison pour laquelle Jun confectionnera le balai du grand sportif. Nan, moi j'apprends encore. Lui il est bien plus calé. J'vais pouvoir l'orienter parce que j'connais ton jeu, mais il trouvera de meilleures associations que moi. On doit pas se planter. Ce serait honteux d'échouer sur le modèle de l’égérie, le modèle d'Elliot Blackburn en personne. Freya place davantage sa confiance en son collègue qu'en elle-même, s'estimant trop concernée par l'enjeu pour avoir un œil objectif. J'bosserai sur le design, ajoute-t-elle, persuadé de connaître les goûts du batteur en matière d'équipement. 

 

— Il sera à la hauteur de ton égo, t'inquiète pas, plaisante Freya. Son ancien camarade aime impressionner l'équipe adverse avant le coup d'envoi, rien qu'à porter des cuirasses brutes et patinées par les matchs précédents, ou des battes massives et caractérielles. À son hésitation, elle tend un bras. Owen Carter t'a fait une cathédrale d'entraînement, alors oui, là. On attendra ton vrai modèle pour les tests extérieurs. Faut dire qu'elle lui a donné un passe-droit, mais qu'il devrait pas être ici normalement, pas sur ce balai. 

 

Freya suit donc attentivement la progression du joueur entre les bougies et le mobilier flottant, sa baguette prête à intervenir au cas où l'expérience capoterait. Ses yeux oscillent de l'inquiétude à l'admiration quand la star des Catapultes slalome d'un bout à l'autre du grand plafond, puis s'amuse à raser le sol en faisant siffler une bourrasque parmi les étagères et les panneaux outrés. Juchée sur un prototype peu esthétique mais fonctionnel, elle flotte au centre de la pièce, presque étourdie de réaliser que son crush de toujours apprécie l'essai. Bon, tu veux pousser encore un peu ? défie-t-elle Elliot en sachant pertinemment qu'il va accepter.

 

— Suis-moi. L'aînée Carter dévoile deux canines brillantes d'entrain et range sa baguette pour saisir le manche du balai à deux mains. Elle virevolte en effectuant quelques lacets, le temps de s'assurer d'avoir bien Elliot dans son sillage. Leurs regards se croisent au milieu d'une boucle, le sien rayonnant, et la sorcière prend de la hauteur avant de fondre à toute allure vers une armoire ouverte dont les rayonnages sont cachés par un rideau de perles. Son corps se penche, ses cheveux roux semblables à une flamme vacillant sous l'effet de la vitesse. Elle disparaît soudain derrière les perles, absorbée complètement par l'armoire ouverte.

 

De l'autre côté, le monde souterrain de Pré-Au-Lard s'ouvre à Elliot. Des tunnels interminables de pierres brutes ou taillées dessinent un labyrinthe dans lequel son ancienne petite-amie s'engouffre et le guide avec aisance. Elle fonce parmi les couloirs qui relient les caves et les réserves des différents commerces du village, déployant toutes sortes d'odeurs alimentaires, ou de bois humide, de poussière, et d'herbes séchées. Parfois, des lanternes les éclairent, et parfois, elle siffle pour avertir le capitaine d'équipe d'un changement de direction tellement il fait sombre. De temps en temps, des murmures ou des rires lointains surgissent des bouches d'aération, rappelant à quel point Pré-Au-Lard est vivant. Toujours génial ?!

 

1. Sans prévenir, la sorcière ouvre une trappe à distance d'un geste de la main et se glisse à l'intérieur pour s'enfoncer plus loin encore dans les sous-sols d'Écosse. Après une descente vertigineuse qui lui donne un haut-le-cœur, ils arrivent au milieu d'une grotte immense tapissée de cristaux lumineux où grandit un jardin secret alimenté  par une cascade magnifique. 

 

— Bienvenue dans mon Paradis !

 

 

2. Sans prévenir, la sorcière ouvre une trappe à distance d'un geste de la main et se glisse à l'intérieur pour rejoindre d'autres couloirs qui passent de la pierre à la terre, et bientôt à des racines épaisses. Ils sont forcés de quitter leurs balais au dernier passage entre deux grosses racines. Elliot reconnaîtra alors aisément le tunnel du saule cogneur.

 

— Cap d'aller dans l'école incognito ?!

 

 

3. Malheureusement, des runes protectrices s'activent au passage d'Elliot et un filet du diable retient sa jambe. Freya s'arrête et libère le Gryffondor d'une formule jetée à la main mais déjà le propriétaire du commerce arrive, alerté par son sortilège protection. Vite, ils s'enferment tous les deux derrière la porte de la cave d'en face, le souffle coupé. Bien sûr, l'endroit est bien trop étroit. 

 

 

4. Malheureusement, des runes protectrices s'activent au passage d'Elliot et un filet du diable emprisonnent sans prévenir les deux sorciers. Rapidement, ils sont retenus au sol, empêtrés l'un à l'autre dans les lianes étouffantes et étrangleuses.

 

— Oh merde. C'était pas prévu ça.

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