Tandis que Leo essayait désespérément de changer de sujet, Alaric le fixait, les bras croisés sur sa poitrine, le poing toujours fermement refermés autour de sa cuillère en bois, attendant patiemment que l'autre se rende compte de lui-même qu'aucune technique de diversion ne saurait le détourner de son objectif du moment. Par chance, cela prend moins de temps que ce qu'il ne pensait. Il fallait dire que Leo n'était pas toujours constant dans sa lenteur de compréhension, et aujourd'hui, il se trouvait dans sa lenteur rapide.
Quoi que peut-être pas. Parce que même s'il revenait sur le sujet qui intéressait Alaric, il s'enfonçait dans un mensonge qui n'avait rien de crédible. Et il commençait à jouer sérieusement avec la patience très limitée de son père, qui commençait à présent à tapoter son bras de la cuillère en bois, signe qu'elle risquait de voler en direction de Leo à tout moment s'il ne se mettait pas à table - et il ne parlait pas de s'attabler devant les pâtes fantômes.
Et malgré les divagations évidents de son fils qui refusait de tout balancer d'une trait, il put réunir quelques informations par-ci par-là. Victor, dans l'armée. Et le gars raconte des histoires. S'il racontait des histoires à sa fille, il allait vite le regretter, pour sûr. Alaric plissa légèrement les yeux en observant Leo, et prit quelques secondes avant de lui répondre, d'une voix lente.
- Si tu veux que je garde le secret tu me dis tout ce que tu sais. Armée moldue ou sorcière ? Quel genre d'histoires il raconte ? Tu crois que c'est un mythomane ? T'as son nom de famille ? Me mens pas, Leo, je sais quand tu mens, tu sais que je sais ! Et j'fais aucune tête, ok ? J'm'inquiète pour ma fille, comme n'importe quel père digne de ce nom !
Ou peut-être comme n'importe quel père carrément trop protecteur. N'empêche qu'il ferait pareil pour Leo. Parce qu'il est bien trop vulnérable pour être laissé à la portée de n'importe qui, bien qu'il doute fort que quiconque puisse supporter son fils suffisamment longtemps pour se mettre en couple avec.
- Raaaah pis laisse ces oignons dans la poubelles, tu vas pas les remettre dans la poêle ! Touche à rien, je gère le repas !