Profitant de la solitude momentanée offerte par un ascenseur vide, Noah avait poussé un long soupir tout en époussetant son costume - pourpre, pour changer - des quelques poussières qui s'y étaient déposées. Le regard presque aussi vide que celui d'un merlan frit, il avait passé en revue ses rendez-vous de la journée tout en tentant de relativiser ceux qui avaient déjà eu lieu. Les secondes s'étaient étirées lentement tandis que ses épaules s'affaissaient peu à peu.
Non, décidément, rien de bon ne pouvait lui arriver tant qu'il garderait ce poste. Certes, le salaire était plus confortable que celui d'un Auror standard. Toutefois, avait-il vraiment besoin de cet argent ? Son bonheur et son épanouissement ne valaient-ils pas la peine de faire quelques sacrifices financiers ? Le problème qui se présentait à lui était simple : depuis qu'il avait accédé au poste de Chef du Bureau des Aurors, non seulement son emploi du temps était plus chargé que jamais, mais en plus la majorité des tâches qui lui incombaient désormais l'ennuyaient au plus haut point.
Des projets ? Il en avait eu... plein sa musette même ! Il avait voulu depuis plusieurs années déjà s'adonner à l'apprentissage de la manumagie. Mais avec un emploi du temps comme le sien ? Impossible. Il aurait également souhaité reprendre un poste sous couverture dans les milieux de la pègre. Mais avec autant de travail administratif à réaliser ? Impossible. Enfin, il aurait tout donné pour avoir le temps de retaper ce vieux chalet qu'il avait acquis du côté de Conic Hill. Mais... bref, vous avez compris l'idée.
Approchant de la quarantaine, il n'avait jamais trouvé personne qui lui convenait vraiment et avait récemment décidé d'acquérir un logement ; une épave en attente de travaux. En dehors de son boulot, il fallait bien le dire, Noah n'avait pas grand-chose qui comptait. Relevant la tête, les yeux fixés sur le cadran à aiguille affichant l'étage en cours, il avait poussé un énième soupir et pris une décision... un an. Si dans un an, il ne s'était toujours pas habitué à son poste et aux responsabilités qui allaient avec, il passerait la main à un autre et reprendrait son ancien poste.
Rasséréné par cette décision, il avait redressé le dos et affiché un sourire de circonstance lorsque l'ascenseur s'était arrêté à l'étage demandé : "Bureau du Ministre de la Magie". Ses dossiers dans les bras, il était sorti de l'espace confiné de ses pensées et avait avancé dans le long couloir qui le mènerait à une nouvelle entrevue insipide.
Un an...