Harry Potter RPG

Liste des messages de Anya Nikitovna

Anya Nikitovna

Femme

18 ans

Sang-mêlé

Russe

L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 05/11/2024 à 18:09

Anya l'observe étrangement, de biais, comme s'il venait de sortir quelque chose de particulièrement stupide.

 

- Мне нравятся остальные, я плачу подписку. Это не ракетостроение. Je fais comme les autres, je paye un abonnement. C'est pas sorcier.

 

L'expression n'avait rien d'humoristique, entre les lèvres implacables de la jeune russe. Elle ne s'était guère attendue à la réaction de Sasha, qui s'animait soudain, déballant davantage de mots qu'il n'en aura prononcé depuis leur première rencontre, ou presque. Elle crache par terre à la mention de l'Union Nocturne, ces traîtres kazakhs.

 

- Они испортили все, что могли. Мы потеряли Сызрань, говорит она. Не вдавались в подробности, но ОДИН принял это как данность на двух полных страницах, там все имена людей, которых надо убить за разрыв союза две тысячи сто три. Пусть сдохнут. Ils ont fait foirer tout ce qu'ils ont pu. On a perdu Syzran, elle énonce. Ils ont pas détaillé, mais l'UN en a pris pour son grade sur deux pages entières, y a tous les noms des hommes à abattre pour avoir rompu l'alliance de 2103. Qu'ils crèvent. 

 

L'excitation palpable de Sasha lui rappelle brièvement la vigueur de Pavel dès lors qu'il évoquait leur père, et la guerre à laquelle il participerait bientôt. La guerre de laquelle il ne reviendrait pas. Anya lève le menton, comme prise d'un élan patriotique, avant de placer une main presque solennel sur l'épaule de Sasha. Elle est retirée dans l'instant suivant, n'en laissant aucun souvenir tant le geste avait été rapide.

 

- Ну давай же. У нас есть время до завтрака. Viens. On a le temps avant le petit-déjeuner, elle l'invite d'un mouvement.

 

Le besoin qu'elle avait eu de se tenir éloigné de l'ensemble de ses camarades s'évanouit comme neige au soleil, alors que le regard de Sasha semble comme s'illuminer à la perspective d'avoir des nouvelles du conflit. Il avait été le seul, jusqu'ici, à l'évoquer. Les autres étaient trop jeunes, ou trop réservés. Certains n'en avaient même rien à faire, et se plaisaient dans cette nouvelle vie, à prétendre n'avoir rien à faire que des devoirs. Anya les abhorrait plus encore que tous les autres. Sasha lui, avait combattu. Il avait fait avancer le FMU, et massacré peut-être certains des membres du VAL. Sans doute n'avait-il pas combattu beaucoup, car il n'avait que seize ans, et qu'on ne pouvait guère combattre avant cet âge - comme Pavel s'en était souvent plaint. Mais il comprenait mieux que beaucoup d'autres ce qui importait réellement, même dans ce trou paumé d'une Écosse glaciale.

 

Le pas déterminé, Anya s'avance pour retrouver le sentier qui les mènera au château, et bientôt dans les cachots - loin des rayons paresseux du soleil qui continue de se déployer sur l'horizon.

 

- Я собираюсь отвести их в пустой класс перед общей комнатой, я не хочу, чтобы другие задавали вопросы. Люди здесь спрашивают, не желая знать, просто чтобы поговорить и сказать что-нибудь между занятиями. Je vais les apporter dans la classe vide en face de la salle commune, j'ai pas envie que d'autres posent des questions. Les gens d'ici ils demandent sans vouloir savoir, juste pour parler et raconter n'importe quoi entre les cours.

 

L'an dernier, Anya s'était confié à une élève de sa classe au sujet d'un article paru la veille. L'autre avait déformé tout ce qu'elle avait dit pour inventer que les russes utilisent des arbres entiers qu'ils affutent comme des lances, et qui transpercent des armées entières. Idiote.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 05/11/2024 à 17:08

De sa hauteur, Anya domine entièrement Sasha, et elle se contente de hocher la tête pour approuver une réponse qu'il crache aussi brutalement qu'elle a posé sa question. Bien. À la mention des filles, cependant, un poing se serre et se déserre involontairement tandis qu'elle secoue la tête imperceptiblement, un juron entre les lèvres pratiquemment inintelligible.

 

- Bullshit.

 

Elle n'en a jamais entendu parler. En fait, de son école, elles n'étaient qu'une poignée à avoir annoncé vouloir se battre, le reste se réfugiant derrière l'interdit gouvernemental pour se rassurer sur le fait qu'elle n'en avait guère ni l'ambition, ni l'envie.

 

- Samara.

 

C'est le seul nom qu'elle avait retenu. Le dernier où Pavel avait mis les pieds, avant qu'on le considère mort au combat. Avant cela ? Il y en avait eu d'autres, certainement. Probablement avait-il combattu à Rossoch, ou était mort leur père avant qu'il ne parte lui-même sur le front. La Division envoyait ses soldats partout où les tensions devenaient trop brûlantes, pour des missions toujours plus périlleuses dont la presse ne parlait pas toujours de manière très détaillée. Tout au plus les lieux du conflit, la liste des soldats tombés sur le front, les actes les plus héroïques dédiés à l'avancée du FMU. Anya détenait dans ses effets personnels une médaille du parti, décoration d'usage léguée à la famille lors du trépas d'un officier. Elle n'avait rien pour lui rappeler Pavel, cependant, que le nom d'une cité depuis longtemps détruite. Son seul honneur était encore de ne pas avoir été considéré déserteur.

 

Aucun des combattants de Samara n'avait été considéré comme déserteur : le point noir du pays avait exterminé trop de jeunes pour que l'on considère jeter la menace d'une trahison nationale à la tête des familles des victimes.

 

- Ça importe pas, , elle déclare subitement en dardant ses yeux noirs sur le visage du sorcier. Ça importe pour qui, et pour quoi.

 

Les raisons qui avaient poussé Pavel a quitté le foyer, à rejoindre les rangs de la milice pour imiter un père qui leur avait toujours appris à se battre pour les principes de leur immense pays, étaient ce qui déterminait son honneur dans la mort. Au-delà de ne pas être un déserteur, il avait été un soldat dévoué. Cela, rien ne pourrait le lui enlever, pas même Samara.

 

- Я читал, что мы ночью отбили Бровары. Скоро, Киев. Вы увидите. J'ai lu on a repris Brovary dans la nuit. Bientôt, Kiev. Tu verras, elle énonce avec une fermeté implacable, et une absurde fierté. Если хотите, я могу поделиться с вами газетой. Не тот, что здесь. Они ничего не говорят. Это страны. Si tu veux je peux partager la gazette avec toi. Pas celle d'ici. Ils racontent rien. Celle du pays.

 

Les numéros de l'Unificateur s'empilaient dans la malle de son dortoir, religieusement.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 05/11/2024 à 10:09

Des inferis. Bien sûr, Anya connait le terme. L'a lu dans les manuels de la bibliothèque de Koldostoretv alors qu'elle n'avait que douze ans. Elle s'était imaginé alors ce qui se passerait si tous les morts des cimetières se dressaient soudain de leur tombe, pour envahir les rues de Moscou. L'image ne s'était jamais vraiment éloignée de son esprit. Il ne lui était jamais venu à l'idée qu'on puisse éveiller les soldats tombés sur le champ de bataille. Un frisson lui remonta l'échine alors que le visage de son frère s'imposait à elle, décharné, extirpé de la terre. Demeurée silencieuse, figée comme un animal prit dans les feux d'une voiture, Anya ne se sentit pas soulagée d'entendre que l'on ensorcelait surtout des moldus. On eut dit le genre de réplique rassurante que lui murmurait sa mère lorsqu'elle demandait des nouvelles de son père, s'il rentrerait bientôt à la maison.

 

Il va rentrer Nikita, il rentre toujours, la guerre tue les faibles avant tout, et ton père est un homme fort. Parfois, les choses que l'on refusait de s'imaginer pour notre propre santé mentale devenait une terrible réalité, et elle l'avait appris de la pire des manières. Recroquevillée sur elle-même dans une position presque similaire à celle de Sasha, elle ne prit pas même une seconde pour lancer un sortilège au sol, et se retrouva léchée par l'humidité ambiante. Glaciale, elle eut le mérite de la rappeler à la question de Sasha, encore suspendue dans l'air. Sa tête demeura affaissée, son regard sur le sol tandis qu'elle admettait sourdement :

 

- Предположительно погиб на фронте. Présumé mort sur le front.

 

Cinq mots qui avaient tout fait basculer, un mercredi, serrés les uns contre les autres sur un morceau de parchemin bien trop blanc et bien trop lisse qu'elle avait depuis conservé. Son visage se redressa, d'une neutralité étrange, tandis que la silhouette frêle se repositionnait pour s'accroupir de nouveau, se lever d'un seul mouvement. Sa baguette s'extirpa de sa poche, et elle se sécha d'un informulé comme si l'instant qui venait de passer n'avait pas existé. Présumé mort sur le front, c'était mieux que mort au front. Longtemps, elle avait gardé l'espoir d'un autre parchemin blanc et lisse qui viendrait annoncer le retour de Pavel, infiltré depuis tout ce temps chez l'ennemi pour les avoir de l'intérieur. Les années étaient passées, et l'espoir était mort avec elles. Pour son père, il n'y avait eu aucun espoir.

 

Les yeux secs se posèrent de nouveau sur le paysage. Des élèves étaient venus entacher la carte postale, leurs rires se répercutant sur le lac, et sur les troncs hirsutes de la forêt juste derrière. Sasha avait combattu, des sorciers, des inferis, et il avait survécu. Les cicatrices à ses mains n'étaient-elles pas finalement la preuve d'un homme fort que la guerre n'avait pas tué ? À moins que l'injonction à rentrer n'en ait été l'unique raison. Il paraissait fort, cependant. Fort, et à la fois faible, au milieu de cette école dans laquelle il ne semblait pas avoir sa place. Elle reporta son attention sur lui, et questionna presque brutalement, comme un défi, ou une accusation :

 

- Si tu pouvais repartir , te battre, tu irais ?

 

Il était facile de rejeter la faute sur les ordres, lorsqu'ils couvraient une forme de lâcheté. Il a tort. Elle a tout manqué. C'est le ressenti qu'elle a toujours eu, qu'elle continue d'avoir. C'est ce qui la fait s'entrainer si dur. Elle n'a pas pu se battre, mais elle prouvera qu'elle aurait pu.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 04/11/2024 à 19:04

La rougeur qui l'avait gagné, discrète, sur la pointe des deux oreilles, avait fini par s'estomper. Non. Elle n'était pas intéressée. Merci bien. L'image, pourtant s'était englué dans la rétine. Anya n'avait guère la moindre expérience avec les garçons, et elle pouvait se montrer extrêmement prude sur le sujet. Les effets d'une éducation traditionnelle qui avait laissé ses marques. Des marques moins visibles que les abominables cicatrices couvrant les mains et certaines autres parties du corps de Sasha, qu'elle n'avait certainement pas remarqué. Au terme de créature, les yeux s'étrécirent, comme cherchant à comprendre précisément ce qu'il sous-entendait par là. Ni son père, ni son frère, ni même sa mère, n'avaient jamais évoqué la moindre créature dans les camps ennemis. Tant de choses ignorées sur les réalités de ce qui pouvait bien se dérouler loin du confort de la maison ou de l'école. Tant de choses qu'on lui refusait encore de comprendre.

 

La rétractation des mains sa Sasha, cependant, l'empêchèrent de le questionner plus avant. Ses lèvres se scellèrent en une ligne étroite. Elle demeurait là, comme incapable de bouger. Stupidement planté dans le sol à moins d'un mètre du sorcier, rigide dans des souliers imbibés de l'humidité ambiante, alors que lui restait au sol à la mater le cul dans la rosée. La question la voit attraper une mèche de cheveu au vol, par réflexe, comme pour en dissimuler les changements de couleur incontrôlés. Un grondement sourd s'extirpe d'entre ses lèvres en même temps qu'un défensif et ? qu'elle serait bien en mal de contrôler également. Pour finalement le fixer avec une hargne étrange, probablement incrédule. Utile sur le terrain ? Elle voudrait croire qu'il se fout de sa gueule, mais il en a pas l'air. Le nez retroussé, les iris écartelés, elle demeure silencieuse quelques secondes de trop avant de secouer la tête.

 

- Я не знаю, в какой пещере ты живешь, Саша, но метаморфомагов не тех, кого мы отправляем первыми на фронт, тем более, если это женщины. Je sais pas dans quelle grotte tu vis, Sasha, mais par chez les métamorphomages ne sont pas ceux que l'on envoie en priorité sur le front, encore moins si ce sont des femmes. 

 

C'est craché dans l'air comme une boule de mépris. Par chez elle, on appelait ça une malédiction. La malédiction des visibles. Ceux dont tout l'intérieur est étalé à tout vent, comme un livre ouvert. Anya n'était pas sans connaitre le concept d'espionnage, et de l'usage des métamorphomages dans ce domaine spécifique. Mais alors on ne les considérait jamais que comme des armes sensibles. Des armes imprévisibles. Personne n'avait de respect pour les gens de son espèce. À raison. C'était un combat de tous les jours que de conserver la surface lisse qu'elle délivrait au monde, encore plus ces derniers mois. Non, non les métamorphomages ne sont d'aucune utilité. Les métamorphomages sont des anomalies. L'essence d'une tare qui sévit sur le pays depuis des générations. Immobile, Anya parcourt l'expression de son vis-à-vis, dans l'espoir peut-être d'y trouver la moindre trace de moquerie, comme elle pouvait la trouver régulièrement chez son frère lorsqu'il évoquait sa malédiction. Elle n'en trouve aucune.

 

- Я хотел драться. Je voulais me battre, elle prononce finalement comme une confession chuchotée dans le vent. Son corps s'affaisse pour s'accroupir, se placer à la hauteur de Sasha. Меня забанили. Мой брат смог поехать, а не я. Рассказывать. Что это были за существа ? On m'a interdit. Mon frère a pu aller, pas moi. Raconte. C'était quoi les créatures ? Elle réclame, se faisant brutalement l'effet d'une enfant alors que ses yeux questionnent, cerclés de lueurs étrangement aussi dorées que le soleil sur leurs deux visages.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 04/11/2024 à 17:06

Sa posture est rigide, son regard neutre, d'apparence presque blasé. Pourtant elle bouillonne, à l'intérieur, car bien sûr qu'il a raison. Ce sont ses boucles qui la trahissent, brutalement éclaircies sur les pointes, comme prises d'une angoisse propre. Anya n'en perçoit rien, naturellement. Sans doute que ça contraste particulièrement avec le rictus méprisant qu'elle offre à Sasha alors qu'il se défend d'être le toutou de Carter. Un sourcil haussé, elle ne peut s'empêcher de ressentir comme un soulagement au creux de la poitrine. Importun, vraiment. Fatalement que ça la fout sur la défensive, lui faisant claquer une réplique cinglante dont elle ne maîtrise rien.

 

- Ah ouais t'offre ce genre de service toi ?

 

Nan parce que ça sonne vraiment comme s'il faisait le tapin. Ça craint un peu. Ses pupilles sombres sont braqués sur le visage du russe, aussi abîmé qu'elle peut s'en rappeler. Parfois elle se demande si le visage de son frère s'était fait lacérer de la sorte, avant qu'il ne disparaisse complètement de la surface de la terre. Anya ne revient volontairement pas sur sa sous-entendu cécité, préférant de loin prétendre que rien de tout cela n'a d'importance. Ni les balafres de guerre de Shevchen, ni ses baisers volés à Freya Carter, ni sa présence en solitaire au milieu du parc comme s'il cherchait, lui aussi, la quiétude offerte loin d'un château auquel il ne pouvait et ne pourrait jamais se sentir attaché.

 

Pourquoi ne s'en va t-elle pas ? L'instant est brisé. Le russe importun. Sa métamorphomagie retournée à l'état sauvage, comme elle le constate brusquement en percevant dans son champ de vision, la teinte fushia d'une mèche rebelle. Agacée par son propre comportement incertain, Anya se détourne complètement du sorcier pour balayer du regard le paysage. Le lac est serti d'une brume légère qui forme comme un tapis sur sa surface. Si les volutes ne se déplaçaient pas sous les rayons du soleil, on pourrait croire une carte moldue, parfaitement figée tout autour d'eux. Ne perce le silence léger que le piaillement de quelques oiseaux perchés dans les hauteurs, profitant pleinement des quelques semaines de végétation qu'il leur reste.

 

Elle ne répond d'abord pas à la question qui surgit d'entre les lèvres rustres, comme s'il ne s'était agit quelque part que d'un insecte qui s'en irait aussitôt. Mais finalement son visage pâle se tourne vers Sasha, ses sourcils froncés, deux billes noires sondant son vis-à-vis avec intensité.

 

- Побеждают те, кто не выделяется. Ceux qui ne se font pas remarquer remportent la victoire. Вас этому в армии не учили? Мы видим тебя, ты мертв. Вот так оно и есть. Вам не кажется, что мы недостаточно видим себя такими? Оно говорит о нас только тогда, когда мы проходим по коридорам. On ne t'as pas appris ça, à l'armée ? On te voit, t'es mort. C'est comme ça. Tu crois pas qu'on nous voit pas assez comme ça ? Ça parle que de nous quand on passe dans les couloirs. Elle se penche en avant, imitant les pires de ceux dont elle a pu être témoin. Regarde, ce sont les élèves de Russie. Ce sont les élèves de l'école bombardée. Ce sont des orphelins. Leurs parents sont morts à la guerre. Ils sont bizarres, tu trouve pas ? Ils sont froids. Tu crois qu'ils sont morts à l'intérieur ? Il parait que là-bas on sépare leur âme de leur corps pour ne pas qu'ils ressentent leurs émotions pendant les duels. Послушай, о чем они говорят, Саша. Я скорее притворюсь невидимкой, чем притворюсь частью их лицемерного мира. Écoute ce qu'ils racontent, Sasha. Je préfère prétendre être invisible que prétendre faire partie de leur monde hypocrite.

 

Être invisible plutôt que rendre service au premier venu, dans l'espoir de faire partie d'une communauté qui de toute façon finira par se foutre de toi, sans essayer un seul instant de comprendre d'où tu viens, où tu vas.

 

- Они все громко говорят, но никуда не идут. Они боятся плохих оценок, некрасивой одежды, своей тени в коридорах. Они стоят там, где все на них смотрят, и боятся того, что о них подумают люди. Ils parlent forts eux tous, mais ils vont nulle part. Ils ont peur des mauvaises notes, des fringues moches, de leur ombre dans les couloirs. Ils se mettent où tout le monde les regarde, puis ils ont peur de ce qu'on va penser d'eux. Это смешно. C'est ridicule.

Sa verve est rapide, méprisante. Avant de s'éteindre complètement. Interdite, elle se demande encore plusieurs secondes pourquoi elle a pris le temps d'étirer une réponse aussi précise. Aussi franche. Son regard tombe sur les cicatrices qui parsèment les mains du sorcier. Anya a un mouvement de menton un peu sec.

 

- C'est quoi qui a fait ça ? Elle redresse la tête pour rencontrer le regard de Sasha, sincèrement curieuse.

La guerre, elle détestait entendre son père en parler. Son frère en rêver. Mais depuis qu'ils sont partis tous les deux, que sa mère n'est plus là pour lui rappeler les faits extirpés méthodiquement de chaque gazette, ça lui manque. Paradoxal. Importun. Le sentiment morbide de vouloir savoir, même si lorsqu'elle en aura l'image, elle préfèrera ne pas avoir su. Certainement.


L'insoutenable légèreté du silence

Message publié le 04/11/2024 à 14:32

Le domaine de Poudlard avait beaucoup à envier aux hectares entiers qui cerclaient Koldostoretv. L'enceinte ne laissait guère l'embarras du choix quant aux endroits où se poster pour ne pas être dérangé. Encore là, ce n'était qu'une question de temps avant qu'un élève ou qu'un groupe entier ne vienne dérober le silence. Anya prenait grand soin de chérir les maigres instants qui lui permettait, ponctuellement, de trouver la solitude. Sereine, elle ne manquait pas profiter de n'importe quel rayon de soleil venu courber l'horizon du matin, pour s'enhardir d'une promenade au milieu du parc. Le plus souvent, c'était le genre d'escapade qui s'échouait contre la rugosité d'un tronc imposant, à feuilleter quelque livre emprunté à la bibliothèque, ou à réviser pour un prochain examen.

 

Ce matin ne faisait guère exception à la règle. Une chaleur timide s'était immiscée entre les habituels nuages grisonnants de l'écosse, berçant le paysage de splendides couleurs automnale qui l'avait poussé à s'extirper du cachot. Anya n'avait mis que quelques minutes à trouver refuge entre les racines imposantes d'un figuier sauvage particulièrement dense. Un simple sortilège la protégeait bien sûr de la rosée glaciale qui n'aurait pas manqué, sinon, tremper son uniforme. Dissimulée en grande partie par les larges branches encore garnies en ce début de saison, la sorcière s'était sentie, sereine, en sécurité. La tranquillité, au château, était une chose rare dont il fallait savoir profiter dès lors qu'elle se présentait. Prise par les lignes manuscrites rédigées de sa propre main, elle n'avait pas tardé à relever la tête pour retracer de ses pupilles noires le trajet d'une lumière orangée nappant la pelouse alentour.

 

Moscou n'avait jamais su offrir de tel spectacle, mais Kodostoretv, si. Entre ses immenses pins, aube comme aurore étaient capables d'apaiser n'importe quelle âme, ses lueurs déployées entre les troncs de la forêt privée dans laquelle pouvaient courir les élèves le matin, ou miroitées sans fin sur la rivière qui la scindait en deux. Combien d'heure y avait-elle passé, avec ses amies, à discuter de rêves interdits ? Les éclats de rire lointain de ces poignées de souvenir semblait faire écho dans le silence assourdissant de cet instant précis, alors qu'elle observait un parc désert à des lieues et des lieues de son pays d'origine. Bientôt la jeune femme s'était redressée pour s'avancer, presque timidement, jusque baigner dans la lumière. Les paupières closes dressées vers le ciel, elle sent la chaleur lui caresser la peau, à la manière d'une mère qui aurait embrassé son enfant.

 

Une fois n'est pas coutume. Anya s'était installée là, en tailleur, déployant un nouvel enchantement pour la maintenir au sec, avant de reprendre sa lecture. 

 

Ce n'est que plusieurs longues minutes plus tard que sa tête se tourne, brusquement, comme prise d'un sixième sens étrange, dans la direction de l'est. Ses iris, virés à l'ambre presque flamboyant, croisent ceux d'un autre élève, tapi là comme un prédateur. Une angoisse fugace la prend aux tripes alors que tout son corps réagit à la présence qu'elle n'a pas entendu arriver, et elle s'en détourne la seconde suivante pour retrouver une composition. Voilà. L'instant est gâché. Comme des centaines d'autres auparavant. Les longues boucles sont agités alors que de nouveau son attention se porte sur le fourrée, ou elle perçoit maintenant qu'elle y regarde plus attentivement, la pointe d'une chaussure, et bientôt ce qui semble être le corps allongé d'un étudiant aux traits finalement familier.

 

- чудак weirdo, elle siffle entre ses dents en refermant son manuel d'un claquement sec pour prendre de la hauteur. Qu'est-ce que tu fous planqué là ? T'as arrêté de jouer les chiens chiens de Carter ? Elle balance en s'avançant d'un pas déterminé.

 

L'égo a pris un coup. Anya déteste être prise par surprise. Encore plus par un type aux manières aussi rustre, qui saurait pas passer inaperçu même en essayant. Alors forcément. Forcément, elle mord. L'observer de tout là-haut a quelque chose de sécurisant qui lui fait oublier momentanément qu'elle n'avait plus aucune idée de ce qui l'entourait pendant plusieurs longues minutes. Son père n'aurait pas été fier d'un tel fait. Son père aurait eu honte.

 

- Tss. J't'ai dis de te fondre dans le décor, Sasha, pas de tremper ton cul dans la rosée.

 

Il perd pas de temps pour les filles, mais pour le reste il est visiblement à chier. Déjà qu'apparemment il suit les cours des cinquième année. Pas qu'elle se soit renseigné. C'est le genre d'information qui circule. Son égo à lui aussi, doit prendre un coup, de se retrouver au milieu d'adolescents plus jeunes que lui, à embrasser une pimbêche qui pense qu'a sa frange.


Comité d'accueil

Message publié le 02/11/2024 à 20:18

Un seul sourcil se hausse alors que le russe s'emballe contre la communauté britannique toute entière. Un animal sauvage. Voilà à quoi ressemble Sasha Shevchen. Une créature extirpée d'une guerre pour être projetée dans le confort d'une école, l'arme à la main. Anya a un mouvement de recul lorsqu'il s'avance, involontaire, ainsi qu'un juron qui s'extirpe d'entre ses dents serrées. Elle n'a plus guère suivi le conflit comme elle l'aurait voulu, depuis qu'elle a été éjectée du pays. La presse ne traverse pas les frontières. Ou alors sous la forme de mensonges. Apparemment, il y aurait eu une mission d'envergure déployée sur le terrain. Un mouvement politique qui annonçait la couleur : l'Europe ne tolèrerait pas que l'on laisse des sorciers n'ayant pas atteint la majorité se battre dans une guerre qu'ils ne sont pas en mesure de comprendre, où dans laquelle leur position est imposée. Systématiquement, tout combattant trouvé n'ayant pas dix-sept ans s'est vu forcé de battre en retraite, et d'être expatrié comme tous les autres.

 

Elle le savait avant d'avoir posé la question.

 

- XОРОШИЙ. Bien, elle se contente de répondre en prétendant n'avoir pas eu ce réflexe de recul, n'avoir pas eu peur face au russe, alors qu'il s'emportait au milieu du couloir.

 

Le regard noir demeura fixé sur la silhouette massive du garçon, et quelques instants elle sembla peser le pour et le contre de s'en aller sans demander son reste. Mais pour une raison ignorée, elle resta. Dans un silence étrange qui sembla les envelopper et les isoler du reste du château. Les mains à ses poches, Anya guettait, bien qu'elle ne sache pas quoi exactement. Le profil taciturne d'un élève qui ne brillerait probablement pas en cours, tant il serait la cible de sa propre impatience, ou de son impérieuse impulsivité. Les poings serrés dont il semblait ne pas vouloir se départir. La courbure d'un dos qui semblait ployer sous une étrange culpabilité, à moins que ce ne fut sa manière d'être sur ses gardes. Il semblait à la fois calme, et dangereux, dans cette poignée de secondes éloignées du bruit. La sorcière jeta une œillade vers le bout du couloir, parée à s'en aller, le laissant isolé au sommet de l'école pour mieux rejoindre la fraîcheur de son cachot. Mais il parla, alors, et elle resta donc le guetter.

 

Aussitôt que la réplique fusa, ses lèvres se scellèrent en une ligne étroite.

 

- Pré-Au-Lard, elle corrigea dans un anglais parfait. Eсли у вас есть принимающая семья, дом, именно они должны подписать разрешение. Вы отправляете им письмо, они вам присылают подпись, это хорошо. Si t'as une famille d'accueil, un foyer, ce sont eux qui doivent signer l'autorisation. Tu leur envoie un courrier, ils te renvoient une signature, c'est bon.

 

Bien sûr qu'elle n'avait aucune famille. Aucun de ceux qui s'étaient vus exportés de Russie n'en avait, sur ces terres. Que croyait-il ? Anya ne daigne pas même répondre à la question, insolente, irrespectueuse. Si on l'avait laissé se battre... Peut-être aurait-elle tiré son frère du mauvais pas qui avait mis fin à ses jours. Peut-être aurait-elle fait la fierté de son père. De sa mère. Mais non. Non, les femmes ne se battent pas. Les femmes s'éduquent pour ne rien faire d'autres que servir les hommes, ces mêmes hommes qui les accusent de manière menaçante de ne pas comprendre ce qu'ils vivent, eux, dans leur existence d'homme. Sa haine envers Sasha lui fait soudain l'effet d'une chape de plomb. Il aurait pu être son frère. Il aurait pu être son frère, en vie, ramené de force au sein de Poudlard pour terminé une scolarité dont il ne voulait rien. Pourquoi Sasha Shevchen, et pas Pavel Nikitovitch, mh ?

 

- Визит окончен. La visite est terminée. Bye, Sasha Shevchen.

 

Menton dressée, Anya le plante là, au milieu du couloir. 


Comité d'accueil

Message publié le 01/11/2024 à 21:34

Anya ne pouvait s'empêcher, discrètement, de zieuter Sasha comme s'il s'était agit d'un insecte particulièrement captivant. Sa posture était rigide. Militaire. Son faciès abîmé. Ses yeux froids. Sa verve brutale. Il avait fait la guerre, exactement comme son frère. Avait-il tué ? Ça ne faisait pas l'ombre d'un doute. Il n'avait que seize ans, aussi l'école n'était pas un si lointain souvenir pour lui. Était-ce seulement quelque chose qui continuait de l'intéresser, à présent ? Elle en doutait. Elle se souvenait parfaitement des lettres de Pavel, avant qu'il ne disparaisse complètement de la surface de la terre. Ce qu'on nous enseigne n'est rien à côté de ce que l'on vit sur le terrain. Je suis fier d'être un soldat. J'apprends chaque jour dix fois plus que ce qu'on a pu m'apprendre en une année.

 

- Eto zapreshcheno, vot i vse. Obitayemyy, navernoye. Oni ne govoryat, no eto slukhi. Vam prosto pridetsya poyti posmotret' i rasskazat'. Elle est interdite c'est tout. Habitée, probablement. Ils disent pas mais c'est la rumeur. T'auras qu'à aller voir et raconter.

 

La question suivante lui fait hausser un sourcil, et Anya se mure dans le silence. Il l'a pris pour quoi, une agence de renseignement ? Elle a que dix-sept ans. C'est pas comme si on lui avait expliqué beaucoup plus que voilà ton nouveau foyer, et ta nouvelle école. Sous-entendu, en attendant que les choses se tassent. Ses yeux noirs demeurent fixés sur la silhouette du russe. Il n'a qu'un an de moins qu'elle. Il a l'air plus vieux, pourtant. Étrange comme l'interrogation le fait brusquement paraitre pour un enfant. Un enfant qu'il n'est plus. Un enfant qu'elle n'est plus. Les enfants sont morts, en Russie, vous ne le saviez pas ? Un sifflement la traverse finalement, la langue serrée contre son palais, et elle secoue la tête en détournant le regard. Que répondre, vraiment ? Ça fait pas partie de la visite, garçon.

- Я сделаю все возможное, чтобы пройти через это с высоко поднятой головой. Вы сделаете то же самое. Если вы достаточно гармонируете с окружающими, они не всегда могут воспринимать вас как чужака. J'vais faire ce que je pourrais pour m'en sortir la tête haute. Tu f'ras pareil. Si tu te fonds suffisamment dans la masse, ils te verront peut-être pas toujours comme un étranger.

 

Elle en doute, Anya, que Sasha Shevchen et son corps étrangement voûté puisse un jour représenter autre chose aux yeux de ce petit monde britannique qu'un expatrié étrange tiré d'une guerre dont ils n'ont lu que de vagues articles dans quelques coupures de presse. S'il demeure tel qu'il l'est à l'instant, probablement que ça n'arrivera jamais.

 

- Не имеет значения, останусь я или нет. я в любом случае кем-то стану. Ça changera rien que je reste ou non. J'deviendrai quelqu'un dans tous les cas, elle termine avec fermeté en se redressant légèrement. Скажи, Саша, а зачем ты вернулся ? Почему ты не остался и не сражался со всеми остальными ? Dis, Sasha, pourquoi t'es revenu hein ? Pourquoi t'es pas resté te battre avec tous les autres ? Elle demande finalement.


Comité d'accueil

Message publié le 30/10/2024 à 00:51

Ses yeux levés vers le ciel, Anya pousse comme un sifflement agacé. Le gars est pas qu'à moitié con. Elle ne daigna pas répondre à ladite question, parce qu'elle estimait que sa réponse avait été parfaitement claire la première fois. À la référence du conflit, elle se figea brusquement, et elle planta son regard dans celui de son camarade avec une ardeur renouvelée. Voilà pourquoi elle ne s'était pas portée volontaire.

 

- Они ничего не говорят. Никто в этом не заинтересован. Они знают, что пишут в газетах, и все. Ils ne disent rien. Personne ne s'y intéresse. Ils savent ce qui est écrit dans les journaux, et voilà.

 

On les avait regardé de travers les premiers jours, tous autant qu'ils étaient. Les expatriés russes. Les victimes de la guerre. Une guerre qui n'avait de réalité que des phrases romanisées dans des coupures de presse. Ici, le conflit n'avait pas le moindre impact. Ici, il n'avait pas de sens. Ici, on leur prêtait des œillades appuyés, de pitié, de curiosité, mais on ne comprenait pas ce que c'était vraiment, que de grandir dans un pays nuancé par la terreur et la mort. C'était aussi bien. Anya louait cette atmosphère légère dans laquelle tous étaient baignés. Ne désirait en aucun cas redresser le tableau morbide d'un passé auquel elle tâchait de ne jamais penser.

 

On va de l'avant, où on ne va nulle part, Nikita.

 

- Есть комендантский час. Выезды разрешены по выходным, под наблюдением учителей и при условии, что вы подписали разрешение от своей семьи. Il y a un couvre-feu. Les sorties sont autorisées le weekend, sous la surveillance des professeurs, et à condition d'avoir une autorisation signée de ta famille. Quelque soit ce qui remplaçait ladite famille. Если вы хотите бросить вызов правилам, это ваша проблема. Si tu veux braver le règlement, c'est ton problème.

 

Elle se garde de lui parler des rondes. Il est possible bien sûr, de passer outre le couvre-feu. Beaucoup d'étudiants connaissent des façons de détourner le règlement en leur faveur. C'est un internat, et il est impensable d'imaginer qu'une poignée de professeurs puissent imposer la surveillance de plus de trois-cent adolescents plein de rébellion, dont l'imagination semble n'avoir aucune limite. Quant à partager de telles astuces avec un camarade qui se montre plus rude qu'une pierre, et qui ne fait que lui rappeler sa supériorité par son simple regard sur elle ? Certainement pas.

 

- Многие картины предают. Некоторые призраки тоже. И есть полтергейст. Beaucoup de tableaux trahissent. Certains fantômes aussi. Et il y a un esprit frappeur, elle prévient tout de même. Если вы хотите отправиться в ночные поездки, лучше не будьте последним идиотом. Si tu veux faire des virées nocturnes, t'as intérêt de pas être le dernier des crétins.

 

Anya n'avait elle-même pas tenté l'expérience. N'en avait guère trouvé l'intérêt. Ceux qui sortaient en dehors du couvre-feu le faisaient pour le plaisir de braver l'interdit, et n'avaient pas beaucoup d'endroits où se rendre autre que de longs couloirs de pierre, ou peut-être le parc pour s'en griller une sous la lueur de la lune. Pour passer les insomnies, elle s'ouvrait un manuel, ou se plongeait dans le travail. Une activité autrement plus productive qu'une balade en extérieur qui risquait plus certainement de lui attirer des ennuis que de lui faire passer la sensation opressante qui venait parfois lui serrer la poitrine.


Perdre prisme

Message publié le 29/10/2024 à 18:10

Comme souvent, le professeur Pope démontre d'une précision redoutable dans l'emploi de ces mots. Anya demeure stoïque, bien que chacune des répliques ne trouvent en elle un écho. Il parait évident que les méthodes employées jusque là ne suffisent plus. Le professeur a raison. Ses lèvres se courbent cependant d'un rictus bref à la mention d'émotions et de souvenirs à revisiter, et relâcher. Imperceptiblement, le visage est secoué de gauche à droite, comme un refus catégorique qu'elle ne formule pourtant pas. Rigide, son regard se perd sur les bordures écaillées de la large fenêtre, sur le paysage immobile du parc, sur les rangées de livres qui comblent les nombreuses étagères de bibliothèque. Lorsqu'enfin elle en revient au professeur Pope, Anya a un regard d'acier, et des mèches qui se sont comme assombries.

 

- Si vous me dites comment je dois faire, je préfère le faire seule.

 

Le ton employé est implacable. Venir dans ce bureau réclamer de l'aide a déjà été un pas assez éprouvant comme cela. Hors de question de partager émotions et souvenir avec quiconque. Elle est déjà réticente à l'idée de les revivre elle-même. Mais s'il le faut ? S'il le faut elle en trouvera la force, bien sûr. Ceux qui se couchent devant l'adversité sont ceux qui sont faibles. Brusquement, elle se fait l'image d'une pensine énorme dans laquelle elle pourrait entreposer certains aspects de sa mémoire, afin qu'ils ne répandent plus le chaos. Serait-ce un chemin de traverse envisageable, si elle ne parvenait pas à travailler avec eux ? Un instant distraite, elle lève une main pour replacer une mèche libre derrière son oreille, et s'humecte des lèvres bien trop sèches.

 

- Professeur, je sais ma métamorphomagie est pas une magie que je peux vraiment contrôler. C'est comme la nature. C'est дикий, sauvage. Mais les souvenirs, les émotions, on peut contrôler. Avec les potions, les pensines. C'est pas soumettre, professeur, c'est canaliser. Je sais faire, canaliser. Si je relâche tout, là ? Ça déborde. C'est pire, je pense.

 

Comme si Канал имени Москвы le canal de Moscou entrait en crue, et venait déborder dans toutes les rues de la capitale. Anya n'a jamais vu le canal déborder, mais elle a déjà entendu sa mère parler d'une époque où c'est arrivé. Elle a vu les images, dans les gazettes de l'époque méthodiquement conservées. Elle sait à quoi ressemble la ville inondée. Elle sait le désastre. Elle sait la perte. La peur lui fait fermer ses lèvres subitement, comme si l'équivalent d'un tsunami venait de la traverser. Les yeux de son frère se reflètent dans ses pupilles de nouveau métamorphosées, et elle redresse le menton. Chez elle, la métamorphomagie n'était pas vu comme une force, mais comme une faiblesse. Une anomalie sorcière. L'étalage d'émotions indiscrètement étalées au grand jour, des émotions que personne ne voulait voir. Utile dans certains domaines, mais dénigrés par les plus puissants.


Comité d'accueil

Message publié le 29/10/2024 à 14:06

Le regard d'Anya se plante sur le visage du russe tandis que d'un geste sec elle récupère sa cigarette pour expirer sa fumée. Un sourcil haussé, la réponse évidente dans le silence étiré, elle lâche quand même sa réponse. Abrasive.

 

- По вашему? D'après toi ?

 

Terminée, la clope est balancée avant que d'un simple sortilège, elle ne la fasse disparaitre dans le néant. D'un autre, elle fait de même pour le mégot voisin.

 

- Курение разрешено, нет. Если ты не знаешь заклинания, то это Эванеско. Fumer c'est autorisé, ça non. Si tu connais pas le sort c'est evanesco.  

 

Sans transition aucune, Anya se met en marche. Désigne les larges gradins, plus loin, pour annoncer qu'il s'agit du поле для квиддича terrain de Quidditch, avant de s'engager sur les marches menant au château. Les règlements s'extirpent d'entre ses lèvres avec monotonie, alors qu'ils évoluent des cachots aux différents étages. Sasha n'essaie pas de faire la conversation. Ne pose aucune question. Anya se contente de remplir son rôle à la perfection, indiquant ici les sabliers, là les salles de classe, là l'entrée des diverses salles communes. Le fonctionnement demeure similaire à celui de Koldostoretv. Respect des aînés, professeurs que l'on doit vouvoyer, ponctualité en cours, rigueur et discipline dans les devoirs. Черная магия запрещена. La magie noire est interdite. Personne n'avait pensé à le lui souligner, à son arrivée.

 

Le septième étage est atteint au bout d'une demie-heure seulement.

 

- Вон твоя башня, на другой стороне Рейвенкло. На этой стороне находится вольер, а там башни Астрономии и Гадания. Là-bas, c'est ta tour, de l'autre côté c'est Serdaigle. De ce côté, c'est la volière, et par là les tours d'Astronomie et de Divination.

 

Du haut de l'escalier, les embranchements se ressemblent tous.

 

- Вот и все. У вас есть вопросы? Есть какие-нибудь серьезные вопросы, не о моей заднице ? C'est tout. Tu as des questions ? Des vraies questions qui sont pas à propos de mon cul ?

 

Les iris impeccablement noirs semblent le défier, sa voix aussi ferme que ce qu'elle a été tout le reste de la visite. Anya est une habituée des garçons russes. Tous ont cette façade rustre, cette façon menaçante de s'adresser aux filles. C'est une manière de prouver leur force. Involontairement ou non, elle a toujours calqué son propre comportement sur eux. Plus précisément sur celui de son frère.


Une nouvelle année commence

Message publié le 26/10/2024 à 14:43

Le brouhaha ne lui avait guère manqué. Anya, installé sur le banc rigide qui jouxte la paroi nord de la Grande Salle, se contente d'observer l'ensemble de ses camarades sans esquisser la moindre réplique - en dehors de quelques salut courtois à l'intention de ses voisins les plus proches. Si l'an dernier n'a pas marqué la moindre volonté de sa part de nouer des liens avec le reste de l'école, ce n'est visiblement pas cette année que cela va changer. Frêles, ses mains sont sagement postées sur la table, l'ongle de l'index passé le long du pouce de manière absente. Le directeur Woodcraft ne tarde pas à prendre la parole, pour un discours qui n'a plus grand chose à voir avec celui de l'année dernière. Anya ne s'était pas grandement intéressé aux évènements qui avaient entaché la coupe de Quidditch, s'étant fondamentalement noyée dans le travail et le perfectionnement d'un anglais qu'elle commençait à véritablement maîtriser.

 

Peu concernée, elle se contente d'un regard en diagonale qui traversa une horde d'élèves pour le moins révoltés, et dont les cris de protestations se veulent plus élevés de seconde en seconde. Ils ne se calment en rien tandis que s'additionne une nouvelle qui, elle, a le mérite de lui faire hausser les sourcils avec intérêts, toute son attention reportée sur Woodcraft. Un intérêt dissipé à la seconde même où elle comprend qu'il ne se tiendra pas avant l'année prochaine, soit après son départ de Poudlard. De nouveau, son visage se ferme, et elle s'en retourne à l'observation de camarades qui se sont mis à chuchoter enter eux avec énergie. L'excitation de la gagne pas. Vaguement, Anya ne manque pas relever le manque flagrant de sanctions à l'intention des élèves les plus vocaux, dont les répliques frisent pour la plupart l'irrespect le plus pur, doublé d'une afable insolence. De tels comportements ne savaient être tolérés, à Koldostoretv.

 

En fait, personne n'aurait même émit le moindre murmure de protestation. Les élèves se seraient contentés d'organiser leur propre tournoi en interne, loin du regard des professeurs. Un rictus méprisant la traverse tandis que, non loin, elle entend Ryder prévoir de jouer les balances dans l'espoir de changer la décision du corps professoral. Son regard se plante invariablement sur lui, et elle est peut-être la première surprise lorsque ses lèvres s'ouvrent pour lui partager le fond de sa pensée.

 

- La coupe c'est un artifice, t'en as pas besoin pour monter sur un balai, genius.

Anya n'aurait su dire pourquoi elle était si agacée. Peut-être était-ce le comportement général des élèves britanniques, qui s'insurgeaient d'un tout et d'un rien. Ou peut-être entendre Ryder parler de balancer quelqu'un juste pour l'idée d'une récompense un peu brillante et parfaitement inutile lui rappelait combien certains principes pouvaient se perdre. Ce genre de comportement, infantile, elle l'abhorrait. Résoudre un conflit, à Koldostoretv, se faisait par la confrontation directe, à armes égales. Pas en dénonçant son prochain auprès d'un professeur comme un enfant de quatre ans. La nourriture apparaissant dans les assiettes, elle se met à récupérer distraitement quelques portions, qui ne prennent finalement qu'une moitié de l'assiette. Parfaitement rangés, comme compartimentalisés. 


Un matin de rentrée

Message publié le 26/10/2024 à 13:23

Ah. La rentrée. Anya l'avait certes attendu avec une certaine impatience. Poudlard ne reflétait rien de l'élégance du palais de Koldostoretv, mais il avait le mérite de lui permettre ce qui lui était absolument impossible au foyer St Claire. Se fondre parfaitement le décor, jusque s'en faire oublier. Aucun Preston ne pouvait l'approcher ici. La sorcière avait donc retrouvé l'internat avec soulagement, et sitôt le banquet de rentrée terminé, s'était rapatriée dans le dortoir qu'elle partageait avec cinq autres filles de Serpentard. Aucune relation ne s'était tissée entre elle et ces adolescentes purement britanniques, qui elles se connaissaient déjà depuis leur première année. Elles avaient cessé d'amorcer des conversations avec la jeune russe dès les premières répliques échangées, comprenant sans doute qu'elles n'auraient jamais rien à voir ensemble.

 

Ses affaires sagement rangées dans la large malle au pied de son lit, ce dernier fait à la militaire avant même que les elfes n'aient le loisir d'en toucher le moindre drap, Anya était comme à son habitude levée bien avant l'aurore. Bientôt les alarmes viendraient secouer la chambrée pour éveiller ses camarades de dortoir. En attendant, la sorcière était plongé dans l'un des manuels de sixième année. Le planning n'avait pas encore été distribué, mais cela ne l'empêcherait guère de continuer de se préparer pour ses premiers cours. Comme prédis, plusieurs musiques s'élevèrent brutalement d'un côté et d'un autre de la pièce, les sortilèges d'Éveil-moi s'enclenchant en série. Anya se met immédiatement en branle, optant pour une retraite dans la salle de bain tandis que les filles émergeaient. 

 

Son reflet lui présenta un visage amaigri, et un teint plus pâle encore que celui de l'année dernière. Ses yeux étaient cernés. Ses mèches ponctuées d'étranges reflets d'une blondeur qui tiraient vers le blanc. Occasionnellement, l'aperçu de cheveux qui semblaient s'iriser sous la lumière. Les sourcils froncés, elle resta les fixer avec agacement, tâchant de reprendre le contrôle sur un évènement qui semblait de plus en plus récurrent. Il était inutile de l'espérer ponctuel, ou que personne ne puisse le remarquer. Elle ne pouvait qu'espérer qu'il ne s'aggrave pas dans la journée, ou qu'elle puisse au moins prétendre qu'aucune de ces métamorphoses ne se passaient à son insu. Elle inspira profondément avant de se passer de l'eau sur le visage, et d'entamer une toilette sommaire.

 

Quelques minutes suffirent à la voir échanger sa place avec une autre. Elle troqua sa tenue initiale pour un uniforme parfaitement ajusté, avant de descendre avec le reste des Serpentards dans la salle commune. Vraisemblablement, la directrice de leur maison, Miss Aisling, tiendrait un discours peut-être similaire à celui de l'année dernière avant de les laisser rejoindre la Grande Salle, aussi Anya se contenta d'elle de se tenir là, les mains croisées devant elle, les jambes parfaitement droites. Plongée dans l'observation des élèves, elle ne prêta qu'une oreille apparemment distraite à la professeure. Cette dernière était charismatique, et douée dans son enseignement. Ses cours plaisaient à la sorcière, bien que ceux de Koldostoretv lui manquent absurdement dans ce genre de domaine. À la question de Ryder, Anya eut un rictus méprisant.

 

- Ser'yezno ? Sérieusement ? Craché entre ses dents, le murmure ne pouvait être audible de quiconque.


Ça vole sur des brindilles

Message publié le 22/10/2024 à 11:07

Pas une semaine n'est passée depuis la rentrée, mais déjà des clameurs se font entendre sur le terrain de Quidditch. Distraitement, Anya lève la tête de son bouquin pour jeter un œil aux silhouettes déployées à plusieurs mètres de là, entre les immenses gradins. Ça n'a pas l'allure du stade de Koldostoretv. Il faut dire que pour jouer au Quidditch comme ils le font là-bas, il faut davantage d'espace, des tribunes mieux protégées. Bien sûr, les élèves connaissent et pratiquent la version édulcorée de ce sport magique, mais c'est davantage considéré comme une version enfantine qu'autre chose. Anya n'aurait jamais admis, là-bas, sa préférence pour cette dernière. Impressionnnante, la chevauchée de troncs entiers déracinés à la terre avait quelque chose de rustre, tandis que la chevauchée sur balai dénotait d'une certaine agilité, et d'une élégance autrement impossible.

 

C'est la puissance de la chose qui galvanisaient les jeunes garçons russes lorsqu'on les élançaient sur des chênes immenses.

 

Adossée à un tronc de bonne envergure, la sorcière se perd quelques instants à observer les figures gracieuses opérées par les joueurs. Il lui prend parfois de les envier. À Koldostoretv, les filles ne pouvaient se mesurer aux duels qu'entre elles, et il en allait de même pour le Quidditch. Ici, tout le monde se mélangeait sans arrêt, y compris sur le terrain. Anya n'avait jamais eu l'occasion de monter sur l'un de ces énormes troncs volants, mais elle avait toujours apprécié les compétitions sur balais avec ses camarades. Elle se trouvait même douée pour ça. C'était sans doute sa volonté de se tenir à l'écart de tous qui la bornait à ne voler que lors des cours. À moins qu'elle n'eut peur du regard que les autres slaves pourraient bien porter sur elle, si elle se présentait aux essais de Quidditch.

 

Ont-ils déjà commencés, ou n'est-ce que l'aperçu d'un entrainement improvisé entre quelques uns des membres de l'équipe ? Y aura t-il seulement des essais, alors que la compétition inter-maisons a été annulée à cause du chaos de l'année dernière ?

 

Anya plisse les yeux, tâchant de reconnaitre les figures qui continuent de se mouvoir, mais bientôt toutes fondent vers le sol, et s'éparpillent sur une pelouse fraîchement tondue. Quoi qu'il se soit joué, c'est terminé. Reportant son attention sur son livre, la sorcière est traversée d'un rictus bref, avant d'être pleinement concentrée sur sa lecture. L'art méditatif, par Youssef Hassan. L'ongle de son index se remet à gratter son pouce alors qu'elle avance entre des pages qui ne semblent vouloir lui apporter qu'une solution temporaire, peut-être parfaitement infertile. Aujourd'hui, le don est calme. Son uniforme lâchement desserré au niveau du col laisse paraitre une peau d'une pâleur significative, qui conserve sa texture habituelle. Ses mèches demeurent sagement brunes. Ses yeux parfaitement noirs. Aujourd'hui, tout est sous contrôle.

 

Plusieurs minutes passent, Anya se perdant toujours plus entre des lignes qu'il lui est chaque jour plus facile de déchiffrer. Ses premiers mois en Grande-Bretagne ont représenté un calvaire. Aujourd'hui, elle ne bute qu'un mot sur vingt. Elle s'entraine dure, pour parvenir à l'excellence. Ses notes sont inhabituellement hautes, comparées à celles de ses camarades de Koldostoretv. Elle en est fière. Accaparée comme elle l'est, elle n'entend guère le bruits de pas qui se rapprochent, le murmure de conversations. Jusqu'à ce que les présences ne soient trop proches. La surprise la fait se redresser avec vigueur, brutalement, et elle jette un œil au groupe d'élèves qui remontent l'allée à quelques mètres à peine comme s'ils avaient subitement envahi son territoire. Ses mèches ont pris une teinte orangées sur les pointes.

 

Un juron lui pousse derrière les dents, qu'elle refuse de laisser sortir. Elle déteste se faire remarquer. Alors prétendant s'être levée pour quelque chose, elle glisse son livre sous le bras et commence à marcher, ne saluant que discrètement les élèves, d'un simple hochement de tête, avant de se mettre à remonter le chemin d'un bon pas.


Perdre prisme

Message publié le 22/10/2024 à 01:19

Ce n'est pas un sentiment particulièrement agréable. L'admission d'une défaite. La quête d'une solution chez les autres. Ce n'est pas naturel, chez elle. Mais la perte de contrôle sur sa métamorphomagie n'a rien de naturel non plus. Jamais elle n'a aimé ce don. Un don ? Une malédiction. Ses plus vives émotions, présentées comme un livre ouvert aux yeux du monde, pour peu qu'elle ne parvienne pas à les sceller. Probablement ferait-elle une brillantte occlumens, à force de s'exercer à tout compartimentaliser. C'est son professeur de métamorphose de Koldostoretv qui lui avait dit cela, fasciné. Elle avait douze ans alors, douze d'expérience à dissimuler les effets d'une magie qui modifiait son corps à mesure d'émotions toujours plus tassées.

Paraitre aussi imprenable qu'une forteresse, c'est la force d'un soldat, disait toujours son père. Ferme et impassible, il représentait une force de la nature à laquelle elle aurait tant voulu ressembler. Un idéal qu'elle ne pourrait jamais atteindre, car Nikita, tu es une fille toi, pas un soldat. Son frère se plaisait souvent à le lui rappeler, lorsqu'elle essayait de s'y mesurer. Bien sûr le don avait continué de grandir, et la fille avec. L'adolescence l'a rapidement fait subir les aléas d'une guerre intérieure, pour laquelle elle s'imagine parfois avoir été le soldat le plus imprenable qui soit. À présent ? À présent Anya se sent adulte, écartée de tous ces souvenirs d'enfant, confus, abstraits. Plus que jamais elle compartimentalise, plus que jamais elle maîtrise.

 

Alors pourquoi ?

 

- Deux mois, professeur. Ça a commencé début de l'été.

 

Le regard posté sur le visage de son interlocuteur, Anya ne se lance pas dans la moindre explication supplémentaire. Pas sur ce point, du moins. L'origine du problème n'est pas une solution. Ne voit-il pas ? Elle ne serait pas là, sinon.

 

- J'ai tenté des sortilèges, des potions, la méditation. Rien ne marche. C'est xaoc. Le chaos, Monsieur. Ça déconcentre pour les cours, pour les devoirs, pour tout. Vous êtes professeur de métamorphose. Vous avez déjà rencontré ce problème ? Vous connaissez des exercices pour... canaliser ?

 

Le dernier mot avait demandé un instant de réflexion à Anya, dont le regard sembla brutalement opter pour des nuances bleutées qui juraient parfaitement avec ses mèches de cheveux. Pour l'instant, ce n'était que des teintes, mais Anya savait pertinemment de quoi sa métamorphomagie était capable. Des milliards de minuscules portions de magie, juste là, sous sa peau, la dévoraient jusqu'aux os, prêtes à faire d'elle quelque chose, quelqu'un qu'elle n'était pas. Deux semaines plus tôt, un sentiment d'horreur l'avait envahit alors qu'elle s'était retrouvé à faire face à une parfaite inconnue dans le miroir. Deux semaines avant encore, ça avait été les traits trop familiers de son frère, comme elle se l'imaginait parfois en rêve s'il avait eu une année de plus.

 

- Je dois me concentrer pour ne pas que ça arrive. Tout le temps, elle déclare finalement en abaissant définitivement la tête, les sourcils froncés. Comme si je suis... déréglée.

 

Déréglée, cassée, fatiguée. Anya inspire, expire, redresse la tête.

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