



Langue-de-plomb 31 ans Sang-Pur Britannique Notoriété
Elle déteste ce genre de gens. Ceux qui pensent que mourir en héros vaut le coup. Ce n’est pas la guerre, ce n’est plus la guerre ici. Il y a des millions de solutions pour parvenir à une fin qui convient à tout le monde. Mais non. Au lieu de réfléchir, il est préférable d’enfoncer la porte. Les conséquences ? Ce sont les autres qui feront avec. Ceux qui sont restés derrière. Ceux qui sont censés être fiers. Ceux qui feront face à la perte. Ceux qu’on n’a pas choisis.
Il est comme lui. Il est pareil.
Alhena soutient son regard, un instant de trop. Elle le laisse parler, même si chaque mot est une écharde dans sa patience. Ce ton qu’elle trouve trop assuré, ces airs de je fais ce qu’il faut, elle les connaît. Elle les déteste. Elle les a vus, souvent. Trop. Ces gens ont toujours les mêmes discours, les mêmes silences plein d’évidence, comme si la simple présence dans l’instant suffisait à tout justifier.
Tu ne sais pas ce que tu fais, Chadwick. Tu crois savoir. Tu t’agites dans un monde qui te dépasse, avec tes certitudes plaquées comme une armure sur du vide.
Elle n’a pas envie de hausser la voix. Elle n’a pas envie de se justifier, ni d’expliquer pourquoi son esprit ne cesse jamais de tourner. Pourquoi elle a besoin d’analyser, de décortiquer, de comprendre. C’est comme ça qu’elle a survécu. C’est comme ça qu’elle continue. Alors non, elle ne va pas s’excuser.
Elle approche d’un pas, calme, presque doux. Son ton est bas, détaché, mais l’amertume gronde en dessous comme un orage prêt à éclater. Vous croyez que votre fille comprendra ? Je vous le souhaite. Mais j’espère surtout qu’elle n’aura jamais à regarder, un jour, quelqu’un dans les yeux, et à se demander pourquoi vous n’êtes pas rentré. Elle le fixe. Sans colère. Sans rage. Juste une morsure froide, douloureusement sincère. Parce que ceux qui restent ne comprennent jamais tout à fait. Ils recollent les morceaux qu’ils peuvent, ils inventent des raisons, ils glorifient ce qu’ils ne peuvent pas changer. Et un jour, ils deviendront des adultes qui auront encore beaucoup de questions. Elle ne rajoute pas un, comme moi, mais c’est assez simple à comprendre dans son discours. La brune ne sourit pas. Pas de moquerie. Juste un coin de lèvres qui se baisse avec lassitude.
Alec Chadwick, essayez de rester en vie. Car j’espère que vous n’êtes pas aussi inconscient le reste de la semaine. Parce qu’un jour, ce genre de pari, vous le perdrez. Et ce ne sera pas vous qui paierez l’addition. Elle s’éloigne enfin. Elle n’a plus rien à dire. Elle n’a pas besoin d’un au revoir. Plus besoin de réponse. Il n’y a rien à comprendre. Pas cette fois.
Elle en a assez vu.