La décharge subtile dans sa baguette le figea. Une seule présence. Stable. Silencieuse.

Il échangea un regard bref avec Alaska, puis un autre avec Katherine. Pas besoin de mots. Ils avaient tous compris.

Il s’approcha de la porte, doucement, dos au mur. Ses gestes étaient précis, mesurés, comme s’il dansait avec l’ombre. Il pointa sa baguette sur la serrure, prêt à intervenir si besoin.

— Une personne. Pas en mouvement, dit-il à voix basse. Soit elle attend, soit elle ne peut plus bouger.

Il désigna les fenêtres opaques d’un signe de tête.

— On contourne. Discretement. Une entrée à l’arrière, peut-être.

Puis, à voix encore plus basse, presque imperceptible :

— Gardez les yeux ouverts. Rien n’est jamais simple avec ce genre de mise en scène.

Et sans bruit, il s’enfonça dans le flanc de la bâtisse, prêt à en faire le tour.

Un bruit de pas résonne à l’intérieur de la maison, suivi d’un grincement métallique, puis d’un claquement sec. La porte d’entrée s’ouvre en grand, laissant passer une bouffée de fumée plus épaisse. Un homme d'une cinquantaine d’années en sort précipitamment, toussant à pleins poumons. Il agite la main devant son visage, comme pour chasser l’air vicié.

Il s'éloigne d’un pas pressé et se plante à bonne distance de la porte. Penché en avant, les mains sur les genoux. Son visage est rougi par la chaleur, ses yeux plissés. Ses vêtements sentent le brûlé. Il porte une chemise tachée, un pantalon usé et des bottes de travail couvertes de terre.

Il reste là quelques secondes sans remarquer le reste. Il respire profondément l’air extérieur, encore chargé de brume mais plus frais. Puis, il se redresse. Ses traits sont fatigués, mais il ne semble pas inquiet. Plutôt agacé.

Alaska écoutait les indications de Kaelen en gardant le silence et en acquiesçant, un air sérieux se dessinant sur son visage. Elle s’avance d’un pas mesuré, les yeux plissés pour discerner les détails à travers la fumée persistante. Elle observe l’homme avec attention : ses vêtements brûlés, ses bottes couvertes de terre, sa posture à la fois fatiguée et légèrement agacée.

Monsieur… sa voix est ferme mais calme, reculez un peu et restez là. Tout va bien ? Sa main serre instinctivement sa baguette, prête à intervenir. Vous venez de sortir d’une bâtisse en feu. Étiez-vous seul, ou quelqu’un d’autre se trouvait-il à l’intérieur ? 

Elle jaugea rapidement la situation en se posant une question : était-il victime ou un potentiel coupable voulant dissimuler son crime ?  Elle scrute chaque petit détail de son visage, le moindre haussement de sourcil, la moindre goutte de sueur, le moindre tremblement à la commissure des lèvres.