Harry Potter RPG

[En Cours]
Bouquet de Nerfs et Pelote de Bruyère Grand-Rue de Pré-au-Lard, mardi 10 juillet 2125

Accueil En dehors du Château Pré-au-Lard Bouquet de Nerfs et Pelote de Bruyère
Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 12/08/2025 à 21:54

Le 10 juillet était arrivé, et les prairies d'Ecosse étaient inondées d'un soleil frais.

 

Les parents de Fenella habitaient un peu plus vers l'Ouest de l'Ecosse par rapport à Pré-au-Lard - une ferme isolée, encadrée de montagnes marrons et rudes qui déchiraient le ciel de pointes aussi majestueuses que menaçantes. L'air y semblait éternellement frais, avec un vent qui venait de la côte et balayait sans cesse une végétation basse et fleurie. L'endroit donnait l'impression d'un isolement total - alors même qu'il n'était pas si loin ; mais la ferme semblait perchée sur l'une de ces collines comme une bâtisse seule au bout du monde. Le silence la nuit y était si parfait, si délicat, que même sous sa forme de panthère, Sasha devait faire de gros efforts pour y disparaître. Ici, pas de forêt pour le dissimuler parfaitement, et les veaudelunes pouvaient devenir nerveux s'ils percevaient la présence d'un prédateur. De plus, les nuits d'été étaient particulièrement courtes en Ecosse - mais Sasha s'échappait toujours chaque nuit.

 

S'échapper était pourtant un bien grand mot : les parents de Fenella ne le surveillaient pas du tout. Passés les premiers jours, pendant lesquels on lui avait bien expliqué le travail sur lequel il pouvait contribuer - creuser de nouveaux terriers, réparer ceux qui s'effondraient, ramasser la bouse argentée à l'aube pour la stocker, réparer des clôtures, nettoyer les abreuvoirs et mangeoirs, et enfin s'occuper un peu aussi des quelques moutons qui rendaient la ferme, de loin, non suspicieuse aux yeux des moldus qui randonnaient sur les montagnes - passés ces premiers jours où il avait dû s'acclimater, Alasdair et Fiona avaient approuvé qu'il s'investît aussi facilement dans ces activités manuelles que d'autres élèves de Poudlard auraient certainement détesté. Il avait pu expliquer, avec simplicité, qu'il venait aussi d'une ferme - plus petite, mais avec des animaux plus variés, et ç'avait été le début d'une confiance conviviale entre eux. Sasha mangeait le soir à leur table et le matin, Fiona préparait de gros petits déjeuners dont elle empaquetait les restes pour qu'ils puissent grignoter la journée quand ils le souhaitaient. Puis elle disparaissait - parfois pour aller en ville, parfois pour aller s'occuper des hôtes qui venaient séjourner dans la grande aile rénovée prévue à cet effet : des couples de sorciers étrangers ou simplement de l'autre bout du pays venaient ici se ressourcer au milieu de la campagne en payant certes une somme rondelette pour respirer l'air frais de l'endroit. Quant à Alasdair, il passait le plus clair de ses journées dans l'entrepôt de bouse, où celle-ci était stockée, traitée, transformée en fumier magique d'une part et en d'autres ingrédients dérivés qu'il empaquetait dans des bocaux destinés à la revente - sur le Chemin de Traverse ou ailleurs.

 

A peine dix jours s'étaient donc écoulés depuis la fin des cours, mais Sasha avait déjà le teint couvert de tâches couleur bronze que le soleil avait dessinés sur sa peau, en particulier sous ses yeux - et sa nuque et ses avant-bras avaient méchamment rougi avant de brunir à leur tour.

 

Fenella se montrait de temps à autre - elle s'isolait pour étudier, partait à Pré-au-lard, revenait avec une amie, passait de temps à autre un dîner avec eux en s'étonnant de la facilité avec laquelle Sasha s'était faite à la vie de la ferme.

 

- Il n'est pas très sociable mais c'est un gentil garçon, avait confié Fiona à sa fille à l'occasion, pendant qu'elles préparaient l'un des petits déjeuners - Sasha s'y montrait toujours affamé, comme aux autres repas d'ailleurs.

 

Les cernes sous ses yeux étaient toujours présentes, mais il pouvait s'octroyer l'après-midi un vrai temps de repos qu'il passait généralement étalé dans l'herbe à observer les nuages... et à penser.

 

Tu réfléchis trop.

 

Il se trouvait que réfléchir dans le lit à baldaquin du dortoir des Gryffondor et penser avec les mains fatiguées par le travail et le dos dans l'herbe en plein soleil n'avaient pour lui pas grand chose à voir. La première était une mine où l'on creusait sans jamais rien trouver - ni de joyau ni de fond. La seconde était une montagne à gravir avec la sensation d'acquérir, au moins, un peu plus de force pour porter le sac que l'on emportait avec soi.

 

 

 

 

- Och ! Càit a bheil thu a’ dol mar sin !

 

Quand il était sorti de la petite chambre pour aller signaler à Fiona qu'il ne dînerait pas là ce soir, cette dernière s'était exclamée avec surprise - et peut-être un tout petit peu d'admiration. Sasha n'avait pas compris un mot - le gaélique restait très difficile à apprendre, principalement à cause de l'accent - mais il devina à la tête de la femme au visage plein de bonhommie qu'elle avait remarqué sa tenue bien différente de d'habitude : il avait remis une chemise blanche de Poudlard et un pantalon propre, et avait comme il avait pu discipliné ses cheveux pour qu'ils restassent à peu près aplatis correctement sur son crâne. Il eut un sourire crispé.

 

- J'ai rendez-vous, il dit simplement, et Fiona se mit à rire à gorge déployée avant d'appeler son mari.

- Alas ! Coimhead air ! Regarde-le !

 

Alasdair était un homme massif, avec un cou aussi large que sa tête, et quand celle-ci apparut entre les rideaux de la porte de la cuisine, censés garder les insectes à l'extérieur, sa moustache frémit en une moue dubitative.

 

- Ah ! Sasha, mo ghille, seo far a bheil an trioblaid a’ tòiseachadh. Ca sent le début des ennuis ça !

 

Fiona se mit à râler, les poings sur les hanches, contre son mari, et les deux commencèrent à gentiment se disputer sur ce qu'il fallait ou non encourager chez un garçon de son âge et de son époque - conversation à laquelle Sasha ne comprit rien et parfaite diversion pour qu'il s'éclipsât en direction de Pré-au-Lard sur un balai de la ferme. Rien à voir avec les OCQ, à tel point qu'il prendrait sûrement soin de le cacher plutôt que de laisser voir Alison qu'il était venu sur un engin rudimentaire comme celui-ci, mais il fonctionnait suffisamment bien pour survoler tranquillement les plaines, par un passage à l'ombre d'une falaise - la route indiquée pour ne pas être aperçu des moldus.

 

 

 

 

Il se présenta à l'heure à la boutique OCQ. L'été, celle-ci ne désemplissait pas : en plus des clients habituels, des touristes venus de tout le Royaume-Uni passaient faire des emplettes ou simplement visiter l'un des plus jolis villages sorciers d'Ecosse, et la Grand Rue connaissait beaucoup de passage. En fin de journée, heureusement, les choses se calmaient un peu, les restaurants et pubs connaissaient à leur tour leur pic de fréquentation. Sasha avait caché son balai dans la ruelle qui jouxtait la boutique, derrière une poubelle, et il entra chez OCQ en faisant passer nerveusement d'une main à l'autre un bouquet de fleurs sauvages - des pétales blancs, violettes et jaunes se mélangeaient avec une odeur herbacée et légèrement amère - pas exactement le parfum délicat des Orchidées Explosives, certes. Derrière le comptoir, Fenella et Freya semblaient occupées à recompter quelque chose et quand Fenella releva le nez, il la vit arrondir les yeux.

 

- Oh, ouah, j'ai manqué un épisode. Qu'est-ce qui se passe ?

 

Sasha fit encore passer le bouquet dans son autre main, essuyant celle qu'il venait de libérer contre son pantalon pour en chasser la moiteur désagréable qui avait décidé de s'y insinuer.

 

- J'emmène Alison dîner, il dit un peu abruptement, ne sachant pas si Alison avait partagé cela avec Freya, notamment. Les fleurs, ça fait trop, nan ?

 

Fenella émit un son sceptique du fond de la gorge, peinant à se décider, pinçant les lèvres en un sourire crispé qui semblait trahir une subite envie de rire qu'elle tâchait de réprimer.

Alison Carter

Femme

17 ans

Sang-mêlé

Britannique

Garde-Grains

Message publié le 13/08/2025 à 17:05

Face au miroir ancien de sa chambre, Alison trouve l'angle parfait. Elle s'observe minutieusement, jaugeant sa frange lisse, la courbe de ses cils couverts de mascara, le nombre de tâches rousses visibles à travers le sortilège anti défauts de peau, la touche de lumière délicate emprisonnée au bout de son nez, le dessin de ses lèvres rouges cerise. Elle profite d'apprécier son reflet, car c'est loin d'être toujours le cas. Le visage tourné trop à gauche, sa narine semble difforme. Le cou tendu, sa mâchoire paraît rectangulaire ; masculine. Le menton penché vers le bas, son front devient énorme. Alors la cadette fait glisser une goutte d'huile parfumée au centre de son décolleté sans bouger, le regard posé sur le trajet du liquide ambré aux essences fruitées. Elle porte un haut court, en jersey côtelé rose pâle agrémenté de motifs fleuris, et d'un lacet resserré à la poitrine. Elle l'a acheté spécialement pour sa soirée avec Sasha. Il devrait aimer, se dit-elle en appliquant deux autres gouttes d'huile parfumée derrière chacune de ses oreilles.

 

La perspective d'un rendez-vous avec l'Ukrainien résonne comme un doux challenge aux yeux d'Alison. Puisqu'il s'en va, autant en profiter. Foutu pour foutu, elle compte graver sa place dans la mémoire du garçon. Elle veut qu'il pense à elle depuis là-bas, même lorsqu'elle aura tourné la page de son côté. 

 

Enfin la sorcière ramène sa chevelure fauve autour de son visage et se redresse, appréciant l'éclat doré provoqué par son nouveau piercing au nombril à la lueur des bougies. Elle tire un peu sa jupe en jean, rajuste ses chaussettes sombres, arrange le nouage de ses larges Derbies vernies, et entend sa grande sœur l'appeler depuis l'escalier qui relie la boutique et le foyer Carter. "Ali ! Y'a Sasha qu'est arrivé !" Il lui reste un détail à régler ; Lolly Doll, sa baguette. Alison hésite. Elle n'est pas supposée faire de magie en dehors de l'école, mais l'avoir la rassurerait. "Alison !" À Pré-au-Lard, les étudiants ont l'habitude d'utiliser des sortilèges sans autorisation en profitant d'une faille du système de surveillance instauré par le Ministère. La jeune femme se décide et enfonce Lolly Doll dans sa chaussure, sous sa chaussette, au cas où elle en aurait besoin.

 

En bas, Fenella s'évertue à détendre Sasha grâce à sa bienveillance naturelle. Elles sont jolies tes fleurs, c'est mieux qu'un truc acheté impersonnel, ça fait authentique au moins, sourit-elle, à demi-confiante quant aux réelles chances du Slave face à l'Écossaise boudeuse. 

 

— Vous allez où ?
— J'sais pas. 
— Vous rentrez vers quand ?
— Bah, j'sais pas. 
— Vous restez à Pré-Au-Lard ?
— J'en sais rien putain, lâche-moi !

— Tu mettras une veste quand même Alison, c'est toujours l'Écosse ici.

 

L'été n'a rien arrangé entre les deux sœurs, surtout depuis que Freya a compris que sa cadette comptait lâcher son travail au magasin, sous prétexte de ne pas être la bonniche d'Owen et de l'OCQ500. Elle aurait désormais mieux à faire de son temps, comme de préparer son avenir, par exemple, avait-elle dit. -tu verras pas Charlipoupette aujourd'hui, elle dort chez une copine, reprend Fenella après avoir servi une cliente venue acheter une batte hurlante aux couleurs d'Elliot Blackburn pour l'anniversaire de son fils. 

 

Puis le rideau s'écarte et Alison apparaît, un sac à main discret - façon pochette - faisant écho à son vernis poudré, un gilet accroché au creux du bras. Mazette, siffle la Serdaigle, ses grands yeux s'empressant de fixer la réaction de Sasha. Salut. L'adolescente traverse le magasin et dévisage son prétendant à l'allure plus soignée que d'habitude. Une seconde, elle repense au bal de Noël, papillonne des cils, et prend le bouquet qu'il présente maladroitement. Merci, c'est gentil, prononce-t-elle sans effusion tandis que derrière le comptoir, Fenella chuchote quelque-chose à Freya. 

 

— On y va ?

— Vous allez où Sasha ?

— Bon, on y va-
— Attends, attends, donne-moi les fleurs Alouette, j'vais les mettre à sécher !

— T'as ta baguette Sasha ? insiste l'aînée, bien décidée à obtenir des informations. 

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 13/08/2025 à 22:31

De toute façon, même s'il n'avait pas voulu le garder, Alison arriva trop vite pour que Sasha se débarrassât du bouquet. Il le lui tendit un peu maladroitement, discrètement encouragé dans le dos de la jeune fille par une Fenella qui leva les pouces vers le plafond, alors que lui-même bredouillait un salut sans sourire, les yeux seulement bêtement posés sur Alison. La réaction de cette dernière à son bouquet couplée à la soudaine solennité de Sasha donnait fugacement l'impression qu'ils s'exerçaient à une simple formalité.

L'attention du Gryffondor fut détournée vers Freya et il acquiesça.

 

- Oui, oui, j'ai ma baguette bien sûr, assura-t-il. On va jusqu'à Little Hexley, au Grimoire Italien.

 

Alison sortait déjà d'un pas décidé de la boutique, aussi Sasha lui emboîta-t-il le pas.

 

- On rentre pas tard ! jeta-t-il par-dessus son épaule, puis le cliquetis de la porte de la boutique se referma sur eux.

 

 

 

 

Ils marchèrent quelques instants côte à côte, et Sasha jetait vers Alison de discrets regards. Elle était gracieusement parée bien sûr, mais même si elle était venue drapée d'un torchon sale, il l'aurait sûrement trouvée jolie. Les prunelles du Gryffondor descendaient de temps à autre vers les genoux clairs et découverts d'Alison, rappelant les atours qu'elle présentait sous ses jupes à Poudlard, et comme lui aussi avait revêtu une tenue qui rappelait davantage l'uniforme de l'école, il avait vaguement l'impression qu'ils étaient sur le chemin pour aller en cours - à ceci près que le soleil s'abaissait dans le ciel, déposant des tâches oranges sur les collines et les forêts environnantes. Des couleurs chaudes qui habillaient aussi les joues de Sasha.

 

Little Hexley était le hameau voisin de Pré-au-Lard, lui aussi majoritairement habité par des sorciers, mais il était plus petit, moins commerçant et moins connu. Situé à moins de deux kilomètres à vol d'oiseau, on l'apercevait niché sur la colline, creusant un nid de pierre dans la forêt écossaise.

 

- On va prendre par les sentiers, ça ira plus vite, annonça Sasha en bifurquant au bout de la Grand Rue dans un petit sentier baigné de la lumière du soir.

 

Non seulement c'était effectivement plus court, mais il trouvait aussi le chemin plus confidentiel, comme si cela avait importé qu'ils fussent à l'abri des regards. Les sous-bois offraient une intimité douce et feutrée, mais il fallait parfois gravir quelques passages accidentés. Quand le sentier s'étrécit, Sasha passa devant, les mains dans les poches - il n'aurait pas su quoi faire d'autre avec de toutes les manières.

 

- J'crois que j't'ai pas félicitée pour tes BUSES au fait, il lança, à court de sujets de discussion intéressants. Ca a dû rassurer ta soeur, elle a l'air de te surveiller comme une dragonne couve ses oeufs. 

 

Sous leurs pas, les branches et les gravillons qui jonchaient le chemin crissaient, et des rayons de soleil parvenaient à percer la forêt en se faufilant entre les troncs, striant le sol devant eux de longues ombres qui alternaient avec des traits de lumières, comme les touches d'un piano aussi immobile que ceux qu'utilisaient les moldus.

Après avoir gravi des marches naturelles en schiste un peu plus hautes que les précédentes, Sasha ralentit le pas pour jeter un regard par-dessus son épaule - pour vérifier, presque, qu'Alison ne s'était pas enfuie.

 

- T'as besoin d'aide ?

Alison Carter

Femme

17 ans

Sang-mêlé

Britannique

Garde-Grains

Message publié le 14/08/2025 à 15:38

Gênance, voici ce qu'elle pense lorsqu'ils mettent trente secondes de trop à s'échapper du magasin pour disparaître du champ de vision des deux femmes intrusives. C'est la première fois qu'Alison se montre avec un garçon au 76 Grand-Rue, et elle regrette d'avoir accepté qu'il vienne la chercher ici. Est-ce que Fenella continuera de se mêler de leurs histoires jusqu'à la mi-août après ça ? Est-ce que Freya voudra un compte-rendu de la soirée ? Elles peuvent toujours rêver

 

Sur les pavés de Pré-Au-Lard, l'adolescente reste un moment silencieuse, comme s'ils devaient d'abord s'éloigner au maximum du foyer Carter pour démarrer une conversation. L'air qu'ils déplacent ramène aux narines de la sorcière le parfum de la ferme des Fowlis, chargé de souvenirs d'enfance en compagnie d'Alastair, Fen', Charlie et Fiona, et des veaudelunes. L'association entre Sasha et cette période lointaine lui donne un sentiment étrange de distortion du temps. Tu sens la ferme, se contente-t-elle de faire remarquer au garçon, un léger sourire au coin des lèvres. Il la dévisage en retour et la jeune fille ricane. J'dis pas qu'tu t'es pas lavé, ça pue pas. Juste, ça sent chez Fen' quoi. D'un haussement d'épaules, elle balaye la discussion tandis qu'ils s'engagent sur un sentier vers le village de Little Hexley. 

 

— Tu vas pas m'apprendre la route hein, continue l'Écossaise, plus railleuse que boudeuse, le visage moins fermé qu'à la boutique. Certes, l'Ukrainien sous sa forme animale connaît mieux les détours de Poudlard que quelconque étudiant du chateau, mais pour les sentiers du coin, elle se défend. On va vraiment là-bas d'ailleurs ou t'as un autre plan en tête ? ajoute Alison en évitant une branche couchée en travers de leur chemin. Elle espère secrètement qu'ils emprunterons un portoloin et fouleront l'une des capitales attenantes, peut-être même Paris. Derrière Sasha dans les parties étroites du sentier, la rouquine laisse ses prunelles glisser entre les tâches de lumière sur sa nuque bronzée, tâchée de soleil, et la naissance de ses cheveux plus cuivrés que d'habitude. Elle l'imagine prévoir ce dîner comme s'il ne lui restait qu'une seule chance de conclure avec elle, et qu'il devait mettre le paquet. Cette idée lui arrache un léger sourire. 

 

À l'évocation des BUSES et de Freya, elle souffle. Caporale Carter s'en fiche de mes notes, elle, t'sais, elle a peur que j'vive une adolescence. Elle sait pas c'que c'est. En vrai, elle veut que j'aie des Optimal, mais pour finir vendeuse au mag quoi. La blague ! Un corbeau croasse près d'eux, semblant confirmer les propos d'Alison. Cette dernière saisit la main tendue par Sasha. 

 

— Toi t'avais passé des BUSES en Ukraine ? demande-t-elle en réalisant soudain qu'elle ignore de quoi exactement était composée la vie du réfugié de guerre, mise à part sa participation aux combats. Leurs doigts se quittent alors que le chemin dessine des lacets plus doux à flan de colline.

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 01/09/2025 à 13:57

Sasha avait réprimé l'envie d'humer l'odeur de ses propres mains.

 

  • - Ah. Les veaudelunes sentent fort, bredouilla-t-il en guise d'explication, même s'il trouvait qu'il s'était bien lavé - même les cheveux ! - avant de venir chercher Alison, mais il reprit avec enthousiasme. En plus, à l'approche de la pleine lune comme ça, y'a plusieurs femelles qui vont mettre bas, alors avec Alas' on doit les aider un peu à regagner leurs terriers parfois, tellement elles sont grosses leur ventre touche par terre.

 

Il passa sous silence qu'il avait l'intention de se lever tôt le lendemain parce que l'une d'entre elles, sûrement, accoucherait enfin. Il était excité malgré lui. Un vague espoir qu'il ne serait pas disponible parce qu'affairé à s'occuper d'un autre genre de femelle lui traversa l'esprit mais il le chassa aussitôt - il ne fallait pas rêver.

 

Sasha jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule le temps de capter les yeux railleurs d'Alison.

 

  • - Err... Nan, on va vraiment à Little Hexley, annonça-t-il, avant de se remettre en chemin.

 

Il haussa les épaules, accorda un coup d'oeil suspicieux au corbeau qui frôlait les branches au-dessus d'eux. Il ne voyait pas vraiment le problème de devenir vendeuse à OCQ, de son côté, mais il ne commenta pas. A la place il accéléra subtilement l'allure.

 

  • - Nan. J'étais pas à l'école pour les BUSES, dit-il avec peut-être un ton un peu plus sec qu'il ne l'aurait souhaité. C'est justement pour ça que j'ai dû suivre des cours de cinquième cette année. Toi tu voudrais devenir quoi alors ?

 

Little Hexley avait disparu dans les feuillages quelques minutes plus tôt, mais à mesure qu'ils progressaient, on voyait réapparaître certaines grosses bâtisses, ainsi qu'un clocher qui pointait vers le ciel saturé d'une jolie lumière orange. Le corbeau qui les avait survolés filait résolument dans cette direction. Une rumeur de conversations légères et de tintements s'entendait au loin, et quand le chemin déboucha sur une route un peu plus large, ils passèrent sous une banderoles animées de fanions qui, en s'agitant à leur passage, firent pleuvoir des paillettes lumineuses dans leurs cheveux et sur leurs épaules.

 

  • - C'est la fête du village, expliqua Sasha, qui n'était pas peu fier d'avoir réussi à combiner la sortie avec un évènement local, ce qui lui offrirait certainement de petites opportunités pour rendre la soirée moins monotone. Avant d'aller au restau, on pourra sûrement tester des jeux et prendre à boire, qu'est-ce que t'en dis ?

 

On entendait déjà les cornemuses qui fanfaronnaient un air enjoué.

Alison Carter

Femme

17 ans

Sang-mêlé

Britannique

Garde-Grains

Message publié le 03/09/2025 à 18:25

L'intonation informelle de Sasha lorsqu'il raconte les derniers évènements de la ferme attire le regard d'Alison. Elle l'entend parfois discuter comme ça avec ses sœurs, ou aux côtés de Fenella, mais jamais avec elle. Ça donne au garçon un air détaché, plutôt intrigant, loin des échanges nerveux auxquels il l'a habituée. Les veaudelunes ça va, c'est leurs crottes qui puent. Ceux qu'en mettent en engrais là, ça m'dégoûte ! s'exclame l'adolescente sur le même ton détendu que son interlocuteur, un sourire aux lèvres. Cette nouvelle forme de conversation naturelle entre eux a le mérite de la sortir un peu du personnage qu'elle se donne à Poudlard. Un personnage qui aurait aimé raconter sa soirée à Londres ou Paris sous les prunelles jalouses de la brochette verte.

 

Ce sera Little Hexley, affirme l'Ukrainien en roulant les L du village contre ses dents, comme le ferait tout aussi bien un Russe, quoiqu'ils en disent. La cadette Carter fronce légèrement du nez face à la déception ; les alentours de Pré-Au-Lard n'ont rien d'excitants.

 

Quelques minutes plus tard, sans remarquer l'aigreur passagère de Sasha, elle hausse les épaules. Ouais c'est vrai, j'ai pas réfléchi, lâche-t-elle en se souvenant qu'Anya l'aurait probablement insultée pour ce genre de commentaire, car les Britanniques sont des petits cons favorisés, n'est-ce pas ? J'me suis dit, p't'être que vous aviez un moyen de rattraper, ajoute l'Écossaise, moins sûre d'elle, avant de répondre à la question du sixième année.

 

— Être riche et puissante, et diriger des hommes, prononce-t-elle d'abord sérieusement, jusqu'à ce que la réaction du blond vénitien ne la fasse rire. N'empêche, c'est seulement qu'à moitié faux. Elle mordille le bas de sa lèvre, rajuste sa frange et ses mots aussi. J'aimerais bien vivre ailleurs, comme en France, et travailler au Ministère, aux relations internationales par exemple. Dans un joli bureau où elle puisse porter des tenues élégantes, des tailleurs de working-girl, des chaussures hors de prix, et du maquillage de luxe. Sinon je monterai mon entreprise, j'sais pas encore dans quoi, ajoute la rouquine ambitieuse dont la bouche se retrousse alors qu'elle réalise que Sasha va sûrement rater le passage des ASPIC à cause du conflit agitant son pays. Et toi, ...t'as quand même prévu des trucs, ou t'attends de voir ? interroge-t-elle d'une voix incertaine, tandis que les contours de Little Hexley se précisent devant eux, enveloppé de lueurs orangées. 

 

La pluie de paillettes n'étonne qu'à peine la cadette. Ah, j'savais pas que c'était ce soir, on y allait quand j'étais petite. Ses prunelles quittent les éclats brillants autour d'eux pour heurter l'air fier de l'Ukrainien, auquel elle répond d'un sourire amusé. Tant qu'tu me gagnes pas un Nettoie-Tout ou des assiettes Félin-Fringant, sinon j'vais mal le prendre. Lorsqu'ils se remettent en route, elle fait glisser sa main contre le biceps de Sasha, et prend son avant-bras.

 

Assez rapidement, il comprendra grâce à des "tiens, t'es pas la p'tite Carter ?", et des "comment vont tes sœurs ?", ou encore des "j'ai toujours tes fondants au chaudron préférés, qu'est-ce que tu pouvais en dévorer de ceux-là par Merlin !", qu'ils seront loin d'avoir une intimité à Little Hexley...

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 07/11/2025 à 19:45

Sasha avait subitement tourné la tête vers Alison, de la surprise dans le regard. Diriger des hommes ?

 

Un instant, il l'imagina vêtue d'une robe noire solennelle de sorcière haut gradée, avec des insignes épinglées à sa poitrine et un sceptre symbolique en guise de baguette, le regard farouche et les cheveux soufflés par un violent orage sur une colline lointaine où s'amassaient les soldats. Ses jambes restaient nues et reposaient de part et d'autre d'un hippogriffe majestueux.

Pour sûr qu'il l'aurait suivie, et pas que lui. Mais l'instant suivant il réalisait qu'elle n'avait probablement pas du tout la même idée en tête. L'image se mit à se dissoudre dans son esprit et il ne tenta pas de la maintenir.

De toute façon, la légère pression qu'il sentit sur son bras lui fit détourner la tête et il se concentra sur leur entrée dans le village, éludant la question sur son propre avenir.

 

  • - J'verrai bien, se contenta-t-il de dire d'une voix absente. Probablement un truc physique et dehors, si possible.

 

Avant même qu'ils pussent voir les musiciens dont on entendait les cornemuses, des odeurs sucrées leur parvinrent - miel, bièraubeurre et barbe à papa se mêlaient dans une atmosphère réchauffée par les derniers rayons du soleil. Et soudain apparut la foule - bien modeste en comparaison d'une foule parisienne ou londonienne. Des groupes de sorciers trinquaient à des comptoirs, d'autres se regroupaient près de stands de jeux, des enfants se couraient après, manquant de renverser un serveur avec son plateau surchargé de crabes pyroclastiques encore frémissants. Les devantures des quelques magasins, plus modestes qu'à Pré-au-Lard, rivalisaient toutefois de vitrines aux décorations loufoques. Les teintes de bleu et de blanc, couleurs du drapeau écossais, se déclinaient en petites banderoles, en jets lumineux, en paillettes animées qui tombaient comme des rideaux éternels à intervalles réguliers dans la rue. Les paillettes se déposaient sur les épaules et les cheveux des passants, et Sasha se retrouva bientôt parsemé d'autant de tâches de rousseur qu'Alison - à l'exception de ces couleurs différentes qui lui donnaient soudain l'allure d'un garçon grimé pour un match de Quidditch.

 

  • - T'en as plein les cheveux, sourit-il quand ils s'approchèrent du premier stand.

 

La visite du coeur du village fut brève, et pour cause : même si les habitants avaient mis les plats dans les grands, le village restait minuscule et on en avait vite traversé le centre. Sasha commanda des bièraubeurres pour eux deux, renonça à tenter de gagner une fouine en peluche au stand de pêche aux niffleurs enchantés - à cause de la concurrence âgée d'en moyenne six ans et demie qui avait trop de difficultés à attraper les fausses créatures avec leurs baguettes aimantées, à qui Sasha ne voulait donc bravement pas voler la vedette.

Mais surtout, tous les commerçants, car c'étaient surtout eux qui animaient la rue, sans exception, semblaient connaître Alison. A bien y réfléchir, OCQ devait être un modèle de réussite pour les boutiques de Little Hexley, et Sasha ne put qu'être le témoin de conversations redondantes - comment vont tes soeurs ? La saison a été bonne chez OCQ malgré l'annulation de la coupe du monde ? Mais qu'est-ce que tu as grandi !

 

Si bien que Sasha accéléra l'allure, un peu bougon d'avoir l'impression qu'à Little Hexley, tout le monde connaissait mieux Alison que lui.

 

Au bout d'une impasse, ils parvinrent enfin au restaurant. Devant une vieille bâtisse en pierre grise, des tables couvertes de nappes rouges et blanches, recouvertes de pétales de roses (bleues et blanches, pour rappeler le thème) attendaient les premiers visiteurs de la soirée. Sasha avait réservé et on les invita à s'installer sur l'une de ces petites tables. Dès qu'ils furent assis, une drôle de sensation les bouscula : la table et les chaises s'envolèrent subitement, les emmenant plusieurs mètres au-dessus du sol.

 

Veuillez utiliser votre baguette pour appeler le service, disait un petit écriteau doré aux lettres défilantes au début de la carte des plats. Merci de ne pas tenter de descendre de votre chaise. Les enfants de moins de douze ans doivent être maintenus avec un sortilège de fixation.

 

La vue était exceptionnelle. En plus de voir les rues du village d'en haut, où les formes des toits d'ardoise s'entrechoquaient comme sur une toile de Picasso, on se retrouvait flottant au-dessus d'un océan de végétation écossaise. Poudlard n'était pas visible en raison des sortilèges qui dérobaient le château à la vue des regards, mais on reconnaissait l'épaisse forêt interdite et même Pré-au-Lard d'où convergeaient bien des chemins pour s'enfoncer vers la campagne. Pour Sasha, qui n'avait guère beaucoup volé en balai dans la Région, le spectacle était si beau qu'il l'apaisait.

 

  • - Regarde, là-bas, c'est la falaise qui cache la ferme d'Alasdair, commenta-t-il, comme attiré par ce lieu qui lui avait offert un refuge temporaire.

 

Ses yeux revinrent à Alison, guettant les réactions de la jeune femme.

 

  • - J'ai pas pensé qu'tu connaitrais tout l'monde, en fait, bredouilla-t-il.

 

Penser n'avait pas toujours été son fort de toute façon. Il rougit et baissa la tête pour mieux fouiller ses poches. Il en sortit un petit coffret en verre qu'il déposa sur la table entre eux.

 

  • - Hum. C'est un petit cadeau, erh, avant de partir ?

 

L'intonation n'allait pas du tout. Sasha déglutit. Il s'essuya les mains - pourtant sèches - sur son pantalon.

 

  • - En fait voilà, tu vois, c'est pour dire, heu...

 

Catastrophe. Mais il ne la reverrait jamais, n'est-ce pas ? Que perdait-il ?

 

  • - Y'a des gens qui disent que t'es pas très généreuse, comme fille - pas moi hein, je veux dire, pas grand monde non plus, mais bon heu...

 

Bravo, de pire en pire.

 

  • - BREF. Je trouve que les gens te connaissent pas bien parce que personne avait l'intention de faire équipe avec moi quand je suis arrivé à Poudlard à part toi. T'as plus de coeur que tu veux bien le faire croire. Enfin j'crois. Et donc ce cadeau c'est pour te remercier, et pour dire : même si je pars, je me rappellerai toujours de ça.

 

De ça plutôt que des autres choses plus orageuses qui les avaient unis cette année scolaire.

 

  • - Et si un jour on se recroisait dans un monde où tu es seule, je te rendrai la pareille comme si j'étais jamais parti. C'est pour la preuve que c'est une vraie promesse.

 

Il poussa le petit coffret vers Alison pour qu'elle put voir ce qu'il y avait à l'intérieur.

Une fleur, au coeur jaune et aux pétales bleues, semblait se mouvoir avec lenteur, comme si elle flottait dans un écrin d'eau. Sasha sourit.

 

  • - C'est une fleur éternelle. Elle se fânera seulement le jour où je t'aurai oubliée. Ce sera la preuve.

 

Sasha se pencha pour revoir la fleur.

 

  • - J'ai choisi un myosotis. Enfin, je crois que vous les écossais, vous appelez ça un forget-me-not.

 

Ca tombait bien. 

 

Sasha s'absorba dans la contemplation de la carte. Les mots dansaient sous ses yeux sans qu'il ne parvînt à enregistrer ce qui était écrit.

Alison Carter

Femme

17 ans

Sang-mêlé

Britannique

Garde-Grains

Message publié le 10/11/2025 à 15:52

— Grave, avait rétorqué Alison, incapable d'imaginer Sasha ailleurs que dehors, à travailler les mains dans la merde d'une créature quelconque, ses cheveux collés par la sueur, l'air beaucoup trop sérieux. Un instant, elle le voit vêtu d'une chapka, traversant la steppe ukrainienne pour recenser les derniers dragons du territoire avant qu'ils ne disparaissent, victimes du traffic de guerre. À moins qu'il ne finisse fermier comme ses parents et ceux de Fenella ? Son esprit s'est interrompu quand ils sont arrivés au village, et que le Gryffondor a commandé des bièraubeurres, le visage constellé de paillettes aux couleurs de l'Écosse. T'en a partout aussi, ça te va bien, avait répondu la cadette Carter, une fossette au coin de ses lèvres bientôt plongées dans la mousse blanche et caramélisée de la boisson réconfortante. 

 

— Tu veux jouer ? avait-elle demandé à Sasha par simple goût de la provocation devant un stand de pêche aux niffleurs, tandis qu'une petite sorcière hésitait entre une peluche licorne ou griffon. Il avait renoncé sous son rire à demi-moqueur et sincèrement amusée d'être ici avec lui, et ils avaient terminé leurs chopes en traversant la rue principale de Little Hexley, jusqu'au restaurant. 

 

- - -

 

Assise en apesanteur face au jeune homme, la Serpentard admire la vue après avoir enfilé son gilet. J'suis jamais v'nue manger ici, c'est joli, consent-elle avant de fixer la falaise qui cache la ferme de Fenella et ses parents. Son index tripote distraitement la bordure du haut rose pâle qu'elle porte spécialement pour l'occasion, resserré d'un lacet à la poitrine. Elle bat des cils en retrouvant le regard de Sasha. Bah j'ai grandi là, en fait, sourit-elle devant l'évidence qu'il n'avait - en effet - pas pensé, et devant ses pommettes soudain empourprées. 

 

Ses pieds posés sur le barreau de chaise, elle rajuste machinalement chacune de ses chaussettes en observant le manège de Sasha, et la boîte qu'il dépose entre eux. 

 

L'Ukrainien peine à venir au bout de ses phrases, et Alison l'écoute dire maladroitement qu'elle semble probablement égoïste aux yeux des élèves du chateau, et plus elle l'écoute, et moins elle comprend où il veut en venir, jusqu'à ce qu'il la remercie.

 

Pudique, d'abord muette, elle tend le nez en direction de la fleur aux pétales bleus, étonnée que Sasha veuille prouver qu'il pensera à elle lorsqu'il partira, et encore plus étonnée qu'il se soit renseigné sur la signification du myosotis, qu'elle connaît à peine elle-même. Forget-me-not, finit-elle par affirmer en tirant le coffret sous ses yeux pour mieux détailler la fleur.

 

— T'es sûr qu'ça marche ? demande-t-elle, dubitative, incapable de croire qu'on puisse s'attacher à elle de manière générale, et consciente du nombre impressionnant d'arnaques parmi les gadgets sorciers. 

 

La rouquine fait tourner la boîte entre ses doigts. C'est beau, approuve-t-elle, résolue à rester détachée de la véritable signification du cadeau. C'est beau et c'est triste en même temps, parce que si tu m'oublies super vite, bah j'le saurai, conclue-t-elle d'un léger sourire à l'intention du garçon caché derrière la carte du Grimoire italien. Elle n'a pas très faim, contrairement à Sasha qui doit être affamé à cette heure-ci, comme souvent. Les mots du menu défilent sous ses prunelles marron, sans qu'elle n'arrive réellement à choisir. Et puisqu'il faudra se décider, l'Écossaise opte pour la légèreté d'une mousse sucrée-salée présentée en nuage sur un velouté de légumes, histoire de conserver son ventre plat jusqu'au bout de la soirée. 

 

— Moi aussi j'ai un truc pour toi, annonce-t-elle finalement alors que les apéritifs viennent d'être amenés entre eux grâce à des sortilèges de lévitation. Saisissant le petit chardon écossais en sucre cristallisé ornant son verre, elle le croque. Mais j'sais pas encore si j'vais te l'donner. J'verrai bien. 

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 25/11/2025 à 10:56

Sasha haussa les épaules, un petit sourire se dessinant sur ses lèvres. Voilà, le pire était passé.

 

- J'sais pas. J'l'ai pas achetée deux mornilles, alors j'espère bien quand même !

 

Après avoir hésité avec un steack de chupacabra, Sasha commanda une pizza à la Mozzarella Stridente - Charlie n'aurait pas apprécié qu'il mange un morceau de créature magique - ainsi qu'une coupe de feu incandescente à partager. Les antipasti qu'on leur avaient apporté diffusaient une odeur succulente, et Sacha ne pouvait s'empêcher de piocher dedans. Il y avait un petit plateau d'Olives Farfelues, et de petits piques permettaient de les embrocher pour les manger, mais les olives ne cessaient de bondir dès qu'on approchait la main, ce qui rendait la tâche difficile. Il s'acharna quelques instants, songeant qu'avec l'agilité de ses griffes il les auraient toutes eues immédiatement.

 

- Ah bon ? prononça-t-il, hébété. Ah bon. Et c'est quoi ?

 

Sasha avait relevé le nez de son assiette, abandonnant la chasse aux olives quelques secondes. Une coupe énorme venait aussi d'arriver par lévitation : c'était une sorte de vin pétillant italien, à la robe rouge, dont la surface semblait brûler et chauffer comme la surface d'un volcan.

Evidemment, Alison jouait les mystérieuses. Il l'observa - elle touchait peu aux antipasti, rajustait son petit haut rose et Sasha détourna de nouveau le regard. La table et les chaises en lévitation lui donnaient une drôle d'impression de flotter sur une mer calme.

 

- T'attends de voir si je vais te foutre la honte en ayant le mal de lévitation ? plaisanta-t-il.

 

En vrai, il n'était pas sûr d'apprécier fort longtemps cette sensation d'apesanteur.

 

Lorsque leurs plats arrivèrent, apportés sur un plateau par un enchantement magique, l'estomac de Sasha se mit à gronder, mais il s'efforça de ne pas se jeter sur sa pizza et de bien utiliser les couverts. A chaque fois qu'il en coupait un morceau, le fromage poussait un soupir aigu de satisfaction en se distandant, étouffé subitement quand Sasha l'engloutissait. Lentement. Est-ce qu'Alison pouvait savoir le genre d'efforts que ça lui demandait d'avoir l'air civilisé ?!

 

A côté d'eux, les tables s'étaient remplies, et il se demanda combien de couples ou de familles l'avaient reconnue et les épiaient, mais tous ssmblaient pourtant se comporter de façon extraordinairement normale lorsqu'il les épiait. Un peu plus tôt, lors de leur promenade entre les stands, une femme d'une trentaine d'années avait demandé, moqueuse, s'ils étaient en couple. Sasha avait profité d'une annonce au stand voisin pour s'éclipser. Il poussa un soupir, et une olive vint le narguer en effectuant un plongeon dans la sauce tomate de sa pizza, provocatrice. Elle fut embrochée sauvagement d'un coup de fourchette, pour sa peine. Sasha releva les yeux, guetta les expressions d'Alison.

Elle s'était maquillée. Avec légèreté, une certaine délicatesse. Sa beauté est toute différente de celle de Freya, et pourtant on y retrouvait des douceurs similaires ; les couleurs chaudes de l'automne, les formes généreuses des lèvres, et un contour du visage fin. Alors que lui sentait la crotte de veaudelune. Bon, il avait eu son dîner, il se considérait plutôt chanceux.

 

- J'pense pas que je vais oublier super vite cette année en Ecosse, dit-il pour reprendre le fil de la conversation. J'ai pas tout aimé, mais le château est quand même exceptionnel.

 

Y compris la forêt interdite - terrain de jeu et d'entraînement à qui il devait de ne pas avoir complètement perdu la tête.

 

- J'suis content d'avoir vu autre chose que mon pays, même si j'étais dégoûté d'être arrivé ici au début de l'année. Maintenant qu'il faut repartir...

 

Il s'interrompit, fit un sort au tout dernier morceau de sa pizza. Est-ce qu'il était content ou non de partir ? Il n'arrivait pas à le dire.

 

- Y'a plein d'odeurs qui vont me manquer, il dit subitement, comme un cri du coeur.

 

Ses couverts - chaque goutte de sauce en avait disparu grâce à un discret léchage efficace - retrouvèrent leur place à côté de l'assiette immaculée.

 

- Tu finis pas ta mousse ?

 

Ok, il y avait peut-être un brin d'espoir dans cette question.

Alison Carter

Femme

17 ans

Sang-mêlé

Britannique

Garde-Grains

Message publié le 28/11/2025 à 19:05

Elle avait fait tourner la boîte entre ses doigts distraitement en essayant d'estimer la valeur d'une telle fleur ensorcelée, jaugeant d'un battement de paupières l'Ukrainien fébrile attablé en face d'elle, suspendu à sa réaction. J'aime bien, merci, s'était-elle contenté de répondre, une fossette au bout de son sourire retenu, puisqu'il fallait qu'elle reste mystérieuse, juste pour le renverser. Tu verras, avait donc soufflé la cadette Carter en passant machinalement son index sur le lacet serré au milieu de sa poitrine. Elle avait laissé sa plaisanterie de côté, pas qu'elle manquait de répartie, mais plutôt qu'elle a préféré la coincer en mordant sa lèvre inférieure, histoire d'éviter de parler trop vite avant que ses joues ne deviennent aussi incandescentes que l'apéritif. 

 

- -

 

Deux olives, un feuilleté au fromage, trois chardons cristallisés, se récite intérieurement Alison pour tenir la liste de ce qu'elle avale ; une habitude qui lui donne l'impression de ne pas succomber à la boulimie lorsqu'elle mange. Quatre gorgées de vin pétillant. La boisson, aussi inédite que délicieuse, donne un léger étourdissement à l'adolescente. Cinq, six, gorgées de vin pétillant. Y'a de l'alcool dedans ? se demande-t-elle en fixant la coupe bien entamée au moment où leurs plats arrivent sur la table. La dernière fois qu'elle bu, c'était lors de sa Saint Valentin improvisée avec Ferguson. Elle se rappelle parfaitement de l'effet désinhibant du whisky, et d'avoir frôlé les limites du jeu entre elle et le Poufsouffle.

 

Le soupir expiré par la pizza de Sasha interrompt ses pensées. Elle le voit batailler et rigole, la main devant sa bouche, à moitié moqueuse, à moitié amusée. C'est étrange de manger face à lui. Il a l'air moins gourmand qu'à l'école ici.

 

Sa cuillère plonge dans la mousse brillante du plat qu'elle a commandé. Un nuage parfumé aux herbes grillées s'en échappe, et l'Écossaise ne remarque pas le regard de Sasha, tout comme elle ignore les autres clients, probablement grâce à l'intimité provoquée par les tables en lévitation, ou la pénombre, ou car à cet instant, la nourriture qu'elle s'apprête à goûter balaye le reste de son champ de vision. D'ailleurs c'est excellent.

 

Les paroles du blond vénitien peinent presque à rattraper son attention, et quand elle s'en rend compte après avoir même oublié de compter ses bouchées, elle s'arrête net, et pose sa cuillère pour s'essuyer la bouche en l'écoutant. Elle a trop mangé, et trop vite. Elle raccroche les mots de Sasha les uns aux autres, consciente qu'il a eu une année assez moyenne en terme d'accueil, surtout de la part des élèves, et certains professeurs. Faudrait qu't'oublies le négatif, tente-t-elle, sûrement maladroite puisqu'il s'agit de parler du départ définitif de l'Ukrainien. 

 

— C'est normal de penser comme ça, mais j'pense que là-bas, tu vas retrouver ta famille, et.. avec tous les évènements, toute l'actualité, ça aura pas l'temps d'te manquer, ajoute l'Écossaise de seize ans, bien immature par rapport au lourd sujet de la guerre qui déchire actuellement l'Europe de l'Est. Des odeurs ? questionne-t-elle sans réaliser l'importance de l'olfaction pour l'animagus. Elle fait glisser vers lui son assiette creuse où subsiste un bon quart de velouté et un petit nuage de mousse, récupérant au passage la coupe de vin pétillant. Dix gorgées. Alison regarde Sasha terminer son plat, lécher - discrètement - sa vaisselle aussi. Elle n'a rien loupé du premier nettoyage, et conserve un sourire au coin de ses lèvres toujours bien maquillées. Nan mais t'inquiètes, rétorque-t-elle aux yeux interrogateurs du garçon. J't'ai déjà vu l'faire plein de fois dans la Grande Salle. Un aveux suivi d'une ultime gorgée de vin pétillant. Elle repose le verre vide. 

 

Le balancement de son esprit s'ajoute à celui des chaises. On prend le dessert en bas ? suggère alors la cadette Carter, honteuse à l'idée d'avoir le mal de lévitation au lieu de Sasha. Elle enfouit le coffret de verre à l'intérieur de sa pochette avant qu'ils ne descendent.

 

Une fois l'addition payée et leurs deux glaces à emporter prêtes, ils quittent le Grimoire Italien en prenant une route pavée désignée par la rouquine. Tu verras c'est beau, dit-elle, oubliant définitivement qu'elle aurait voulu être à Londres ou Paris au départ de ce rendez-vous. Même la crème glacée au chocolat la fait moins culpabiliser qu'en temps normal. Elle savoure chaque bouchée, ramenée à sa bouche par un petit bâtonnet de bois, jusqu'à ce qu'ils arrivent peu après devant un kiosque posé au bord d'un étang. Des fées et des lucioles s'occupent de l'éclairage tandis que la musique retentit depuis le cœur du village où tout le monde est attroupé. Sous le reflet de la lune, on distingue des nénuphars habités de créatures phosphorescentes. 

 

Alison s'adosse contre la rambarde du kiosque et termine de vider le pot de sa glace. Alors ? demande-t-elle pour s'enquérir de l'avis de Sasha. Elle croise ses jambes en sondant les prunelles de l'Ukrainien. Tu sais mon cadeau ? En fait j'attends de voir si j'ai toujours envie à la fin de la soirée, ajoute la rouquine avant de mettre l'extrémité du bâtonnet dans sa bouche, mystérieuse.

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 11/12/2025 à 18:03

Le geste suggestif d'Alison ne lui avait pas échappé. Sasha avait senti des tambours battre dans ses tempes, incertain. Avait-elle fait cela consciemment ? Il s'était intéressé de nouveap^)à à son plat, concentré subitement sur les détails de la table. Il haussa les épaules avec nonchalance.

 

- Ouais. Les odeurs de Poudlard, de la Forêt Interdite. Les odeurs de cire à balai de chez OCQ. Et même celles des veaudelunes, pour être honnête.

 

Ainsi que les odeurs interdites qu'il avait glanées dans leur appartement au-dessus de la boutique. Celles qu'il avait senti sur les vêtements et les cheveux d'Alison. Des effluves retrouvées en partie dans les étreintes de Charlie. Sasha laissa vagabonder son esprit dans l'inventaire détaillé des parfums glanés dans la famille Carter - même celles plus distantes de Freya, au fond, faisait partie d'un tableau sensoriel dans lequel il aurait se rouler et s'oublier.

 

 

 

 

Le reste du dîner était passé vite malgré finalement une conversation plutôt superficielle. Sasha avait surveillé du coin de l'oeil les faits et gestes d'Alison, indifférent désormais aux autres tables ou à l'effet de lévitation. Il l'avait imitée sur le choix du parfum de la glace : un chocolat intense, à la couleur brune profonde, et l'avait suivie le long d'une allée qui s'éloignait du centre du village, laissant derrière la rumeur des conversations, de la musique, et un petit peu de cette lumière pailletée qui illuminait les visages des enfants qui jouaient bruyamment.

 

Une légère fraîcheur commençait à tomber sur leurs épaules à mesure que le soleil déclinait lentement. En Ecosse, il se couchait tard en plein été - bien plus tard que Sasha y était habitué dans son pays. Cela lui donnait l'impression d'avoir un permis de sortie un peu spéciale, qui tombait à pic pour prolonger cette soirée. Le coin du village où Alison l'avait conduit était tout aussi charmant que celui d'une carte postale et Sasha se demanda si toutes les lucioles étaient là naturellement ou bien si c'était une manifestation sorcière - une façon pour le village de manifester un peu de sa magie dans l'aménagement des lieux. Il suçotait tranquillement sa glace lui aussi, laissant ses yeux parcourir l'étang - revenir à Alison aux épaules dénudées - parcourir l'étang, donc, et observer les lucioles qui virevoltaient, certaines si proches d'eux qu'elles leur passaient près du visage, des jambes dénudées d'Alison. Et sur l'étang, donc.

 

- Ch'est chuper beau, approuva Sasha, un morceau de glace fondant sur la langue tandis qu'Alison se retournait et s'adossait à la barrière - l'étang, l'é-tang.

 

Ses yeux accrochèrent pourtant finalement les prunelles d'Alison. Elle suçotait son morceau de bois d'une manière qui lui parut tout aussi subjective que le geste qu'elle avait eu vers son décolleté et Sasha avala la glace fondue sans la moindre pensée pour le goût du chocolat sur sa propre langue.

 

Un instant, il se demanda si ce qu'il avait entendu d'elle était vrai : certains disaient à Poudlard qu'Alison était du genre débridée, en particulier avec Spike. Il n'avait pas besoin de se remémorer ni les mots ni les pratiques auxquelles il avait entendu quelques garçons associer la Serpentard. Quand il avait été le témoin indiscret de ces conversations de voisins de bureau, il s'était automatiquement rassuré en se disant qu'Alison faisait courir cette réputation à dessein - réputation à laquelle il avait lui-même contribué en début d'année - mais que, comme avec lui, elle jouait surtout sur son image plus qu'avec les organes de ses petits amis. Mais il se leurrait et une part de lui-même, qui le savait bien, se chargeait simplement à cet instant de le lui rappeler, de lui montrer toute l'évidence : Alison n'était plus innocente, avait sûrement fait un paquet de fois ce que son père n'aurait pas aimé qu'elle fît, et il ne savait plus exactement ce que cela provoquait chez lui. Il fronça les sourcils, délaissant son propre morceau de bois - la glace était terminée peut-être un peu trop tôt, ne lui permettant plus le répit d'une contenance. Son air sérieux habillait ses traits soudain comme lorsqu'il se concentrait sur un ouvrage aux termes un peu techniques pour lui. Il avança d'un pas, chassant entre l'espace de convenance qu'il avait observé jusqu'ici : désormais, il se trouvait à quelques centimètres à peine, si près qu'il pouvait de nouveau sentir ces effluves avec lesquelles il avait autrefois flirté, et il porta les doigts de sa main libre sur le morceau de bâton qui effleurait les lèvres d'Alison.

 

Non pour le lui retirer, mais pour mieux accompagner la main de la jeune fille. Il fit glisser le morceau de bois le long de sa lèvre inférieure, pensif.

 

Et puis soudain il eut un demi-sourire, comme à contre-coeur.

 

- J'suis sûr que t'en as toujours eu envie, tu sais juste bien faire semblant, lâcha-t-il comme une taquinerie.

 

Il se pencha soudain pour l'embrasser - certes, sans guère lui laisser le choix. Le morceau de bois entre eux s'échappa, et Sasha goûta les lèvres qui l'avaient mordu à l'automne dernier avec une résolution qui sentait la revanche.

Alison Carter

Femme

17 ans

Sang-mêlé

Britannique

Garde-Grains

Message publié le 15/12/2025 à 18:10

La sorcière se rappelle une fin d'été en particulier à cet endroit précis. Elle était venue plusieurs fois s'amuser à construire des cabanes et des jardins miniatures pour les fées peuplant l'étang, pendant que Kate Carter donnait son goûter à la jeune Charlie sous ce même kiosque en bois. Aujourd'hui rien n'évoque ici l'enfance de l'Écossaise qui se demande de temps à autre si cette période a réellement existé. Elle rêve parfois d'une pensine remplie de souvenirs d'avant la disparition de sa mère sans réaliser qu'il vaut mieux souvent éviter de toucher au travail méticuleux de la mémoire.

 

- -

 

Adossée, Alison fixe Sasha tandis qu'il s'approche et rejoint son geste, et son jeu . Elle sourit car cette fois, elle s'est préparée précisément pour ça. Elle a couché avec Spike Ryder pendant les six derniers mois, mais elle ne peut pas se contenter d'une seule expérience, et en compagnie d'un camarade de classe qu'elle connaît depuis la première année en plus. Sa prochaine rentrée scolaire sera synonyme d'une majorité imminente, alors la rouquine compte bien s'essayer sur un autre garçon avant d'avoir dix-sept ans. Face à elle, Sasha, prêt à quitter le sol anglais d'ici quelques jours, et potentiellement attirant si on oublie qu'il nettoie l'écurie des veaudelunes toute la journée. Elle ne peut pas mentir, elle en a eu envie dès le mois d'octobre, en même temps qu'elle était effrayée. 

 

Ce soir, elle laisse tomber le bâtonnet, ses bras en arrière, ses propres mains posées sur la rambarde contre laquelle le Gryffondor la pousse pendant qu'ils s'embrassent. Sa bouche a le goût du chocolat, mais aussi la douceur du bal de Noël. Elle expire et attrape brièvement la lèvre inférieure de Sasha avec ses incisives, comme pour reprendre exactement où ils en étaient, sauf qu'au lieu de fermer les yeux, elle observe un instant sa réaction, son visage mi-sérieux/mi-fiévreux. Aucun d'eux ne fait semblant, Alison le sent. Elle passe une main derrière la nuque du Slave, les joues déjà rouges, ses paupières finalement closes, le temps qu'ils approfondissent quelque-chose qui pourrait ressembler aux faux baisers du deal, donnés aux détours des couloirs à l'automne dernier et devant les autres élèves de Poudlard, mais qui n'en a pas la saveur. Car ils sont seuls. Car ça fait une éternité qu'elle ne l'a plus aidé en classe. Pourtant, le souffle un peu court et la bouche humide, elle s'arrête après que les grenouilles aient coassé un chant entier.

 

Elle recule son visage, et jette un œil à l'étang, une fossette au coin des lèvres. Voilà. C'était ça mon cadeau, c'est fini, annonce Alison brutalement, en laissant deux interminables secondes s'écouler avant de replonger ses yeux dans ceux de Sasha. Elle caresse les cheveux en bas de sa nuque, distraitement. T'as pas mis de nœud papillon ce soir ? demande l'adolescente en cillant légèrement tandis qu'elle rajuste le col de la chemise qu'il porte, et fait glisser ses doigts contre son cou. 

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 15/12/2025 à 19:49

Sasha s'était empressé de goûter la saveur des lèvres d'Alison. Comme un carnassier qui aurait fait attention à ne pas éviscirer trop vite sa proie pour la faire durer le plaisir de la savourer le plus longtemps possible, il retenait ses crocs. Il aurait pu la dévorer.

 

Animal ! criait la petite voix révoltée.

 

Mais il ne l'écoutait plus guère. Ses mains avaient glissé sur les hanches d'Alison. L'une d'entre elles s'aventura dans son dos, épousa la cambrure de ses reins. Alison lui paraissait soudain si fragile, si atteignable. Le reste de ses formes féminines étaient littéralement à portée de ses doigts, sur lesquelles il aurait glissé avec appétit - mais un reste de raison le retenait. Peut-être aussi craignait-il qu'elle ne perçût le léger tremblement de ses mains. Son coeur tambourinait contre ses tempes et dans sa poitrine, un chant de guerre et de conquête qui oblitérait totalement les crapauds, la rumeur de la fête et le vent dans les arbres écossais.

 

Si les nuits d'été en Ecosse étaient fraîches, Sasha l'avait depuis longtemps oublié. Sous les doigts d'Alison, sa nuque s'était embrasée.

 

 

 

 

Le baiser s'arrêta plus tard qu'il ne s'y était attendu - il avait eu le temps de s'enivrer quelques instants. Il avait anticipé qu'elle le repousserait - vexée par son manque de manières, mais que son assaut lui suffirait de toute façon. Or, Alison ne réagissait jamais comme il le prévoyait.

 

Il rouvrit les yeux. Les lucioles flottaient toujours autour d'eux, se reflétaient dans les prunelles de la jeune fille. L'avait-il jamais vue de si près ? Ses lèvres brillaient, et il aurait juré que ses joues avaient un peu rougi, même si la luminosité ne permettait guère d'en être certain. Il grimaça un sourire. Il l'aurait voulu moqueur, mais une part de lui était trop satisfaite pour ne pas trahir une fierté évidente.

 

- C'était pas mal, mais je pensais que tu savais offrir plus qu'un échantillon, répliqua-t-il avec une nonchalance feinte, puis il secoua la tête négativement. Han-han.

 

Il y eut un instant de silence - ou plutôt, les grillons, le murmure de la fête et même le coassement d'un crapaud tout proche se rappelèrent à ses oreilles, mais il avait une proie plus intéressante entre ses griffes pour le moment. Ses mains étaient en effet restées sur les hanches d'Alison.

 

- Trop compliqué à retirer, un noeud papillon, expliqua-t-il à voix basse, son sourire devenant cette fois vraiment frondeur. Faudrait pas mettre un obstacle insurmontable à une Serpentard...

 

Leur maison d'appartenance n'avait en réalité pas grande importance pour lui - à ceci près que cela avait été un repère à Poudlard. Mais il était déjà un étranger pour cette école, désormais.

 

Sasha se rapprocha d'Alison - supprimant entre eux toute distance, s'il en restait encore : leurs vêtements se pressèrent, laissant deviner leurs formes au travers, et la prise de Sasha autour d'Alison se resserra. Il était un peu plus grand qu'elle, et dominait désormais aisément son visage : il y avait une Lune aux trois-quarts qui éclairaient ces tâches de rousseur, ce regard rebelle, cette frange que leur baiser avait dérangé sans qu'elle s'en rendît compte. Le sourire de Sasha s'était évanoui et il était sérieux de nouveau.

 

- Tu sais que personne ne viendra à ta rescousse ici, dit-il, comme un constat anodin - ou peut-être un avertissement.

 

L'une de ses mains glissa plus bas, aventurière. Finalement, il s'en fichait si elle se rendait compte qu'il tremblait. Ses doigts glissèrent sur la jupe, épousèrent le rebondi d'une fesse, et finalement ses doigts chauds rencontrèrent la fraîcheur d'une cuisse dénudée. Il remonta sous le tissu - son propre souffle saccadé, son visage à quelques centimètres de celui d'Alison. Il rencontra les fibres d'un sous-vêtement et il lui sembla qu'il faisait beaucoup trop chaud, mais ça n'importait guère. Ses doigts s'enfoncèrent à travers le tissu, épousèrent la ligne qui menait vers l'intérieur de la cuisse d'une pression insistante. Il approcha ses lèvres du visage d'Alison mais finalement, glissa le long de la ligne de sa mâchoire, et son souffle brûla contre la peau de la jeune fille, dans son cou, juste sous son oreille.

 

- J'crois que j'ai pas assez mangé, il souffla. Et que j'ai encore faim.

 

Il s'en fichait qu'on pût les apercevoir : bientôt, l'Ecosse appartiendrait au passé. Et Alison, au lieu d'être un souvenir cuisant, serait une preuve qu'il pouvait aussi en gagner, des batailles.

Alison Carter

Femme

17 ans

Sang-mêlé

Britannique

Garde-Grains

Message publié le 16/12/2025 à 09:34

Ce message fait l'objet d'un avertissement de contenu :

Gestes explicites sans consentement

Les garçons lui parlent de bien des manières depuis l'année dernière. Alison se défend, et défend le droit des filles à, elles aussi, vouloir prendre la place du sexe fort. Elle n'évite pas le regard des cinquièmes et sixièmes années, et en général, ça les surprend, ça suffit à faire taire leurs sifflements. Ça lui coûte une montée d'adrénaline, mais à chaque fois que l'un d'entre eux comprend qu'elle est au-dessus de ses provocations, la cadette Carter gagne une bataille, et devient moins fragile à Poudlard. 

 

Ce soir à l'étang, c'est différent. 

Elle perd le contrôle

 

Sasha n'a rien à voir avec Spike au début, ou Lucian, ou même avec Ferguson. Sasha ne se laisse pas surprendre, il ne perd pas ses moyens, au contraire, il domine très vite la situation et il retourne le jeu contre Alison. En croisant son regard frondeur, elle sent sa propre assurance se dissiper, mais tente de ne rien montrer en voilant ses yeux d'une insolence habituelle - protectrice

 

En quelques secondes, elle retrouve les sensations du mois d'octobre, de couloir froid, de danger. Sasha aligne les red flags, mot après mot, geste après geste, et la rouquine peine à respirer normalement, sa poitrine écrasée par l'impression qu'elle prend une mauvaise décision. Sasha, arrête, souffle-t-elle d'abord, figée entre la rambarde et le Slave, les cuisses serrées autour de sa main pour l'empêcher d'aller plus loin. Arrête de faire ça, continue la sorcière en glissant ses doigts depuis le col de sa chemise jusqu'à son bras, qu'elle essaye de repousser lentement, les joues écarlates, la nuque un peu moite.

 

Elle détourne le regard, ses lèvres entrouvertes, la gorge sèche. 

Elle pensait être prête mais elle était loin d'imaginer qu'il réagirait comme ça. Le problème maintenant, c'est qu'Alison ne sait plus si Sasha joue, ou si Sasha est sérieux. L'alcool et l'angoisse lui donnent un vertige, alors elle ferme un peu les yeux. Tu m'fais peur, pense-t-elle, sans lui dire. Puis la façon dont il parlait d'Anya revient à l'esprit de l'Écossaise, et elle tourne la tête vers Sasha. 

 

— Le seul obstacle là c'est ton forcing. Ça m'excite pas, prononce-t-elle subitement en affrontant ses iris verts à moitié plongés dans la pénombre. 

Sasha Shevchen

Homme

17 ans

Sang-mêlé

Ukrainien

Avatar de Saï Don

Modération

Maître du Pactole

Message publié le 16/12/2025 à 11:23

Sasha sentit la respiration d'Alison s'accélérer. Un peu trop. Pas comme une jeune femme excitée, mais comme une vraie proie. Il se figea, glacé subitement lui aussi, aux paroles de la jeune fille, comprenant que son audace allait trop loin. Ses pulsions l'auraient emporté et il le savait parfaitement. Pas seulement les pulsions d'un adolescent de seize ans ; il y avait quelque chose qui prenait le dessus, au-delà de la simple attirance physique et sexuelle.

 

Mal à l'aise, il retira ses mains, s'écarta d'un pas en arrière. Le trouble peignit son visage même si ses joues et sa nuque demeuraient rouge vif d'un mélange d'émotions contradictoires. Il haussa les épaules, tâchant de récupérer une attitude nonchalante. Se hâta de ranger ses mains balafrées dans ses poches.

 

- Ok, ok, répondit-il sur un ton léger.

 

Il se détourna pour s'éloigner, laissant courir son regard sur l'étang silencieux, se mordant la lèvre inférieure. Les crapauds s'étaient tus définitivement pour la nuit - le ciel s'épaississait, rendant la forêt plus sombre et le village plus invisible. Seuls leur parvenaient toujours les éclats de voix et de musique, indiquant que la fête se poursuivait, qu'elle prenait un tour plus festif, certainement plus alcoolisé.

 

Sasha prit le temps de retrouver sa respiration lui-même. Il écouta ses tempes s'éteindre, son coeur se calmer, ses mains s'engourdir. Il y avait un léger froid qui tombait, humide, sur leurs épaules, qu'il sentait à travers sa chemise. Ses pensées s'entrechoquaient, mais elles aussi finirent par déposer les armes, et il ne resta bientôt plus à leur surface que les mêmes débris qui flottaient sur l'étang : des morceaux de nature dérivant en paix, preuves que toute vie finissait en lambeaux, puis en poussière qui se décanterait au fond de l'eau, quelqu'en soit l'origine.

 

Probablement de longues secondes s'écoulèrent, il avait perdu notion du temps lorsqu'il se retourna vers Alison. Il n'arrivait pas vraiment à déchiffrer son expression : peut-être à cause de l'obscurité. Il lui grimaça un sourire, qu'il espérait gentil et sincère. Mais il ne savait pas exactement comment elle le percevait. Ou plutôt, il le comprenait maintenant trop bien.

 

- Ecoute, j'crois qu'on est juste pas trop compatibles à ce niveau-là, d'accord ? fit-il avec un nouveau haussement d'épaules. On a essayé, ça fonctionne pas, c'est pas grave. On est cool juste à se connaître comme ça, non ?

 

Sasha revint vers elle en quelques pas tranquilles, consentit à sortir finalement de nouveau un main de sa poche, pour la tendre vers elle. Non pour lui prendre la main comme un amoureux, mais plutôt pour lui proposer son bras pour s'abriter, le passer autour de ses épaules.

 

- Allez viens, j'te raccompagne chez toi, souffla-t-il. Tu vas avoir froid.

 

Sasha sentit une hésitation. Malgré son sourire, il avait reprit un air sérieux, qui le vieillissait. Il y avait un décalage entre eux, qui subitement lui sautait aux yeux.

 

Moi aussi j'ai dû grandir trop vite, Sasha.

 

Alison était une petite soeur, se rappela-t-il à l'ordre, confus.

 

- Je voulais pas te brusquer. Désolé si j't'ai effrayée. Ca va ?

 

Accueil En dehors du Château Pré-au-Lard Bouquet de Nerfs et Pelote de Bruyère