Poudlard Le Château [Terminé] Sais-tu danser la carioca ? [ft. Bartholomew Beckett]

Horace Milbourne , Bibliothèque de Poudlard, le 03/09/2124

- Bart !

Excessivement excité, Horace déboule dans la bibliothèque avec la vigueur d'un adolescent, les cheveux érigés en tous sens, la peau tannée d'avoir passé son été sous le soleil, une tenue - celle de droite évidemment - que l'on ne saurait qualifier autrement que de parfaitement excentrique. Bien évidemment, pas âme qui vive entre les rayonnages, ni même sur les tables de travail : seulement trois jours sont passés, et il n'existe pas un seul monde où quelque étudiant que ce soit irait se terrer brusquement dans la biblio... Ah. Certes. Un groupement de Serdaigles. L'œil ne les attrape qu'au vol, car ce n'est pas le genre de vision qui viendra arrêter notre légendaire gus, au contraire.

 

- Salut les gosses, il balance simplement avec le sourire avant de s'en revenir au principal concerné. Bart, donc. Suivez un peu.

 

Les mains appuyées sur le bureau, la silhouette se penche vers le congénère - ils fêtent cette année leur cinquantième année d'amitié, ce n'est pas rien n'est-ce pas ?

 

- Bart, va y avoir un bal de noël. Non, fais pas cette tête là ! T'as promis, j'veux rien savoir. On va l'faire.

 

Pour sûr que ce bougre de Bartholomew sait pertinemment où il veut en venir, pour sûr qu'il est déjà probablement en train de réfléchir aux centaines de raisons pour lesquelles il voudrait esquiver une promesse datée d'il y a presque dix ans. Mais. Un Horace est une bestiole obstinée, et s'il s'est armé de patience pendant aussi longtemps, c'est pour mieux s'ancrer brutalement dans le sol au moment venu, et ne pas céder un seul pouce de terrain.

 

- C'est l'moment où jamais hein. R'garde, on est en septembre, on a trois mois pour s'mettre au point !

 

Un poing, d'ailleurs, s'abat légèrement sur la table, avec suffisamment de force probablement pour provoquer une ou deux ratures. Le sourire éclatant s'accompagne d'un redressement de sa personne, qui guette son ami avec une lueur fière dans l'œil, et la posture de celui qui vient de se voir combler son plus brillant rêve d'enfant. Il se met à s'agiter, comme habité d'une musique absolument inexistance, sous le regard interdit des gamins de Serdaigle, dont certains se mettent à pouffer.

 

- La la la, la la la, la la la. Un bal, de, no-ël !

 

L'occasion ? Il l'a oublié. N'a perduré que ce fait, improbable, qui n'a plus été vécu à Poudlard depuis belle lurette. Est-ce un choix qui vient passer la crème sur la blessure de quelques joueurs dégoûtés par la perspective d'une année sans l'ombre du moindre match ? Probable. À moins que la direction ne se sente d'humeur à la fête.

 

- Riez pas vous, y en a un seul qui sait danser ici ? J'vais vous donner des classes moi attention. Anton, savez danser la carioca ? Mh ? Non, bah non, pourtant vous devriez, c'est un essentiel mon p'tit gars. La, la, la.

 

Les hanches s'agitent dans une bibliothèque qui n'a plus grand chose de silencieux, avec les éclats de rire des deux filles de la table, et les remarques puérils du reste des garçons. Ses mains attrapent celles de Jeanne, et il l'entraine au milieu des rayonnages avant de la relâcher soudainement pour se tourner de nouveau vers Bartholomew.

 

- Bon, alors, oui hein ? Mains sur les hanches, il attend. Faudrait pas mettre la charrue avant les bœufs quoi. 


Bartholomew Beckett , Bibliothèque de Poudlard, le 03/09/2124

Bartholomew n'avait jamais eu pour idée de faire de la bibliothèque un endroit trop calme. Il estimait qu'il s'agissait là, certes d'un endroit de travail, mais aussi d'un lieu convivial. Aussi avait-il séparé l'immense salle en deux parties bien distinctes : l'une, à l'écart, totalement insonorisée afin que les plus studieux des élèves puissent y travailler sans peine, l'autre bien plus animée, avec plusieurs coins fauteuils et poufs pour s'y installer confortablement et pouvoir s'y retrouver. Evidemment, il n'autorisait pas qu'on y hurle non plus, mais les élèves avaient totalement le droit d'y bavarder calmement entre eux, tout en lisant un bouquin pour leur propre plaisir. Il n'était pas rare d'y voir quelques expositions artistiques des élèves les plus créatifs, ou même quelques petites représentations pour les plus courageux. 

 

Aussi, le fait qu'un Horace survolté débarque ne pouvait pas gêner grand monde, bien au contraire. Il s'agissait là d'une animation bienvenue pour les plus détendus, et totalement ignorée par les plus studieux. Evidemment, Horace se trouvait ici pour une très bonne raison, et bien que Bartholomew s'en voulait un peu d'avoir promis une telle chose, l'idée de danser avec son ami de toujours avait quelque chose de très tentant, qui réveillait en lui quelques regrets laissés à sa vie passée. Et voir son ami danser avec les élèves présents lui tira un rire amusé.

 

- Je n'allais pas me défiler, enfin, pour qui me prends-tu ! Je n'ai qu'une parole, foi de Beckett !, s'exclama-t-il avec une motivation évidente.

 

Aussi sortit-il de derrière son bureau sans se faire davantage prié, son costume impeccablement blanc lui donnant l'impression d'illuminer plus encore la pièce, mais semblant pourtant terriblement terne aux côtés de l'accoutrement de son ami. 

 

- Tu t'es surpassé, ton sens de la mode finira par traverser les frontières, s'amusa-t-il gentiment en lui époussetant faussement son costume coloré comme pour le relisser. 

 

Il agita la main en direction d'un placard duquel sortit aussitôt un gramophone magique qu'il utilisait régulièrement. Aussitôt, la musique envahit l'endroit, et le bibliothécaire prit simplement le temps de se débarrasser de sa veste afin d'être plus à l'aise.

 

- Allez les enfants, tous en ligne, et on suit le rythme !

 

Il n'avait jamais oublié sa promesse. Et avait sans aucun doute prit un peu d'avance sur les répétitions. Il voulait être parfait pour ce bal. Aussitôt, il balança ses hanches en rythme, avant de se lancer dans le début de la chorégraphie, entraînant Horace avec lui tandis que les Serdaigle présents essayaient de suivre en les observant, non sans rire aux éclats. Et alors qu'ils se rapprochaient toujours plus l'un de l'autre, il se sentait irrésistiblement bien.


Horace Milbourne , Bibliothèque de Poudlard, le 03/09/2124

Le visage éclairé, Horace passe les mains sur son propre col en réflexe miroir du geste produit par Bartholomew. Involontairement, il fait claquer ses talons puis ses mains alors qu'est sorti le gramophone, et il ne fait aucun doute que l'homme tout entier se prépare au spectacle. Le groupe d'élèves présents aussi, par ailleurs, puisqu'aucun ne s'est rapatrié dans la section d'études pour fuir l'inévitable, s'amusant plutôt de voir la paire de sorciers se placer au cœur de la bibliothèque. Le mobilier gênant est écarté de quelques coups de baguette magique, organisant une place sommaire suffisamment spacieuse pour organiser, déjà, une première répétition.

 

Le nœud papillon est brièvement remonté, les bras agités d'un mouvement que l'on pourrait presque qualifier d'échauffement, de même que les jambes qui murmurent déjà la promesse d'une chorégraphie peut-être déjà envisagée. Et un, deux, trois, et quatre. Le haut-parleur du gramophone beugle déjà les premières notes de cuivres prometteurs, laissant leurs deux silhouettes immobiles. Leurs regards se croisent, complice de toujours, avant que brusquement les corps ne se mettent en mouvement, en balancier. Une poignée d'élèves restent les regarder, hilare. D'autres sont victime d'un mouvement générale, et, poussés les uns par les autres, quelques timides se placent derrière Horace et Bartholomew pour tenter de les imiter.

 

Les hanches agitées provoques des rires, mais Horace se laisse simplement porter par la partition d'une musique qu'il aime tendrement, agripe soudainement les mains d'un Bartholomew au moins aussi sérieux que lui, pour les faire partir en diagonale à travers la pièce.

 

L'instant semble avoir glissé du fun au solennel en quelques instants seulement, mais bien sûr, bien sûr ils ne sont pas au point, et bien sûr les jambes se plantent brutalement de direction, et bien sûr Horace se marre mais ne se démonte en rien. Reparti de lui-même sur la musique, il se met à attraper des élèves au hasard pour leur montrer précisément les pas qu'il cherche à leur apprendre, tandis que de l'autre côté Bartholomew en fait de même. Chantonnant dans une barbe imaginaire, chacun des hommes semble globalement très pris par la situation, comme s'il s'était agit finalement d'un évènement des plus sérieux de leur existence, et de l'existence de chacun de ces étudiants. Étudiants qui se prennent par ailleurs tous au jeu, dans de grands éclats de rire.

 

- Bien sûr le jour J vous devrez tous porter un costume au moins aussi cool que le mien, Horace annonce, parfaitement sérieux, près de cinq minutes plus tard. Pas vrai Bart ? J'ai le look, coco, clin d'œil.


Bartholomew Beckett , Bibliothèque de Poudlard, le 03/09/2124

Les corps s'agitaient dans un bazar joyeux bien loin de toute synchronisation. Mais il fallait reconnaître une chose aux élèves présents, tout comme aux deux hommes qui menaient la danse : chacun faisait de son mieux. C'était bien suffisant pour Bartholomew qui estimait que les plus sérieux viendraient à toutes les répétitions, et qu'il lui faudrait mettre en place une liste des inscrits afin que tout soit parfaitement clair pour ce qu'il se passerait le jour J. L'improvisation, c'était le travail de Horace. De son côté, Lord Beckett avait besoin que tout soit carré, bien qu'il arrondissait très souvent les angles jusqu'à en faire un cercle. Il avait simplement besoin d'une bonne base.

 

- Je dirai même plus, t'as le look qui te colle à la peau ! surenchérit le bibliothécaire tout en entraînant une jeune élève dans ses pas afin qu'elle comprenne mieux ce qu'elle devait faire.

 

De longues minutes s'écoulèrent ainsi, entre rires et pas de danse plus ou moins réussis, jusqu'à ce que tout ce petit monde ne finisse totalement à bout de souffle. Bart tapa alors dans ses mains. D'un côté pour applaudir ces petites têtes blondes décidément fort enjouées, de l'autre pour attirer l'attention de tout le monde.

 

- Merci pour votre enthousiasme, les enfants ! Je laisserai un parchemin devant la bibliothèque pour ceux qui veulent s'inscrire pour ouvrir le bal de Noël avec nous. Parlez-en à vos amis. Mais attention, tout le monde ne pourra pas être sélectionné, on ne gardera que les meilleurs !, précisa-t-il avec une lueur malicieuse dans les yeux. Alors à vos entraînements, et pour ceux qui s'inscriront, répétition toutes les semaines ! 

 

C'était le genre d'arrondissage des angles qu'il faisait. C'est-à-dire qu'il venait de décider de faire une liste d'inscription : carré. Et le voilà qui décidait en plein discours d'ajouter des répétitions hebdomadaires : arrondi. En ce qui concernait la sélection finale, on se trouvait carrément dans un polissage complet. Bref, Horace déteignait clairement sur son ami, mais c'était sans doute pour le mieux. Alors que les élèves quittaient un à un la bibliothèque afin d'aller se servir quelques rafraichissement après tout ce sport, Bartholomew adressa un immense sourire à Horace.

 

- On a du travail. Je crois que je suis encore plus excité qu'eux à l'idée de ce bal. Vraiment, Horace, des fois je me demande quel âge j'ai réellement. Soixante-six, c'est sûr que non ! 


Horace Milbourne , Bibliothèque de Poudlard, le 03/09/2124

Ça le rend tout chose, Horace, de voir que le délire qu'aura germé dans leurs deux crânes imbéciles va finalement prendre forme. Ça a toujours été, en réalité. L'un comme l'autre se complimentent parfaitement quand il s'agit de faire avancer une idée. Que ce soit lui ou Bart, il y en a toujours un pour prendre les choses en main, l'autre suivant sans même chercher à discuter. Une danse chorégraphiée avec la précision d'une horloge, qu'ils mènent depuis déjà cinquante années.

 

- J't'ai toujours dit. On est des éternels adolescents. C'est c'qui fait tout notre charme !

 

C'est même une promesse qu'ils se sont faites. Prendre des rides oui, mais c'est tout. Le cœur lui, doit rester celui d'un enfant toujours prêt à tout pour vivre de nouvelles aventures. Le silence de la bibliothèque les cerne à présent que les étudiants sont partis, mais cela ne semble guère les gêner outre mesure. Horace se perche d'ailleurs sur le bureau de son ami, empruntant l'ouvrage sur lequel il avait été penché avant leur petite séance de carioca. Il ne le zieute que d'un air distrait, ne tardant pas à redresser la tête vers le sorcier.

 

- Miss Aisling prévoit de fonder un club. T'as su ? Le WAC. La prononciation est semblable à un aboiement, qu'il joue bien sûr en faisant mine de mordre l'air à pleine dents. Wizard Adventure Club. Tu peux me dire pourquoi on a jamais pensé à faire ça nous hein ? Il a l'air outré, même s'il n'en est rien. L'expression est d'ailleurs aussitôt remplacée par une autre, rêveuse : peut-être que je vais pouvoir donner un second souffle à Molière, suffirait de trouver une demi-douzaine d'étudiants assez motivés à l'idée de monter sur scène et hop !

 

Molière avait représenté les plus beaux moments de son collège. C'est sur les planches qu'il avait mis un terme au b... bégayant Horace Milb... bourne, pour faire place à l'intrépide personnage qu'il jouait depuis lors. Le rôle s'était fondu peu à peu en lui pour qu'ils ne fassent plus qu'un.

- On va en être hein ? C'est même pas une question. Pas plus que le fait d'en être tous les deux. Depuis quand font-ils des choses séparément de toutes façons ? Apparemment il y aura une première réunion dans une semaine. J'trouve tout ça très excitant. Le sourire est large, l'éclat dans les pupilles pétillant. Adventure Club, Bart, adventure. J'ai déjà dix mille idées de ce qu'on pourrait y faire. Je n'imaginais pas Miss Aisling lancer ce genre d'initiative, mais il faut croire qu'on a jamais fini de se faire surprendre par les nouvelles générations !

Horace se détacha du bureau, finalement, reposant le bouquin là où il l'avait trouvé avant de balayer la pièce du regard.

 

- Bon, si t'as fini ici, j'propose qu'on aille à Pré-Au-Lard terminer la journée. C'est soirée quiz ce soir aux Trois-Balais. On peut pas manquer ça.


Bartholomew Beckett , Bibliothèque de Poudlard, le 03/09/2124

Si vraiment Bartholomew devait être sincère, il dirait que, des deux, Horace était sans aucun doute celui avec le plus de charme. En tous cas, il était totalement sous ce dernier dès lors que son ami entrait dans son champ de vision. Il n'était peut-être pas le plus objectif, mais c'était quelque chose contre lequel il ne pouvait pas lutter. Partager toute sa vie avec Horace Milbourne avait fait de lui le plus heureux des hommes, bien qu'il n'eût jamais été capable de lui dire ce qu'il pouvait réellement ressentir à son égard. Le perdre serait sans aucun doute la pire chose qui pourrait lui arriver, aussi le statu quo lui convenait finalement plutôt bien. 

 

A la mention du WAC, le bibliothécaire se fendit d'un sourire bienveillant. Il aimait que les nouveaux professeurs s'investissent à ce point dans leur travail auprès des élèves. 

 

- Je me disais bien que Molière reviendrait dans l'affaire ! Mais oui, je me demande bien ce qu'on attendait pour faire un truc pareil... Faut croire que la flemme nous gagne parfois, éluda-t-il la question rapidement. Bien sûr qu'on en sera ! Après tout, c'est encore nous qui connaissons le mieux les élèves !

 

C'était effectivement une évidence. Depuis qu'ils étaient entre ces murs, ils avaient vu défilé tellement de générations qu'ils seraient bien incapables de les compter. Et pourtant, une chose demeurait : Bartholomew ne pouvait s'empêcher de s'investir au plus près avec ces petits fripons en quête de connaissances et d'idées farfelues.

 

- Miss Aisling... Je me souviens d'elle quand elle était encore élève. Y'a pas si longtemps d'ailleurs. Brillante, véritablement brillante ! 

 

Et sûrement un peu trop charmante pour son propre bien. Quoiqu'elle avait l'air de bien le vivre, de s'en servir, même, lorsque cela pouvait aller dans son sens. Elle savait se servir de son plein potentiel, voilà ce que cela disait à Bartholomew.

 

- Va pour la soirée quiz. Avec un bon vieux burger de dragon.

 

Rien ne valait les soirées Burger-quiz de l'auberge. D'autant plus, qu'encore une fois, les deux faisaient partie de la même équipe.