Poudlard Le Château [En Cours] Celui qui se tenait plus droit qu'une Tour Eiffel [ft. Nikolaï Polyanski]
Deb

Basil Banks

13 ans

Basil Banks , Un couloir du château, le 05/09/2124

Ils sont tous un peu étranges vous savez. Les expatriés. Les premiers sont arrivés l'année dernière, et cette année encore on en retrouve. Basil les a tous photographié, y compris la plus âgée. Anya Nikitovna. Ça lui avait pris des jours avant qu'elle n'accepte enfin, parce qu'il avait lourdement insisté, et qu'il avait fini par lui offrir en échange des gouttes de son propre sang. Étranges, tous autant qu'ils étaient. Certains moins que d'autres, sans doute, mais ils semblaient tous provenir d'une autre planète, plutôt que d'un autre pays. Ils arboraient une mine sombre, des yeux froids, portaient leur uniforme comme les elfes faisaient leurs lits : au carré. Aucun n'étaient jamais en retard en cours, ni ne bronchaient lors des demandes parfois incongrus ou même injustes de certains professeurs.

 

Ils avaient tous l'air presque militaire, comme sur les vieilles illustrations de grand-père.

 

Nikolaï n'était pas en reste. Basil était davantage intrigué par lui que par tous les autres ; peut-être parce qu'ils avaient le même âge, et que le garçon faisait partie de la même maison. À moins que ce fut la posture du sorcier qui le fascinait tellement. Il semblait par instant qu'il n'était même pas humain, tant il se tenait droit, le regard droit dans le vide, ses bras flanqués d'un côté et d'un autre comme deux éléments détachés de son propre corps. Quelques jours seulement étaient passés depuis la rentrée, mais déjà Basil s'était fixé sur un objectif simple : photographier Nikolaï pour le glisser dans les pages d'un carnet justement nommé Les expatriés. Il rédigeait un article, avait-il annoncé à certains élèves. Comme un vrai reporter. Basil avait entendu ce mot de la bouche de la professeure d'Études des moldus, et l'avait rabattu aux oreilles de sa mère absolument tout l'été.

 

- Salut Nikolaï, il se présente simplement alors qu'il approche le garçon au milieu du couloir, à la sortie du cours de métamorphose.

 

Basil avait appris de ses erreurs. Approcher sans le Mekapteur était fichtrement plus efficace que le brandir à la face des gens qu'il souhaitait photographier. Ses yeux bleus plantés sur ceux, tout aussi bleus, de son vis-à-vis, il étire un sourire peut-être un peu incertain devant la mine patibulaire qui lui fait face. Il n'a pas souvent l'occasion de le voir d'aussi près, en réalité, car le sorcier ne partage pas leur salle commune - bien que la raison soit inconnu de tous ceux à qui il avait demandé. La raison de sa venue semble tourner à l'intérieur dans son crâne, souligné d'un rouge alarmant qui le pousse à bifurquer brutalement pour plutôt annoncer :

 

- C'était pas mal comme cours hein ?

 

S'il est une autre chose à noter sur Nikolaï, c'est peut-être l'absence d'élèves autour de lui. À l'instar de Basil, se faire des amis ne semble pas être parmi ses compétences les plus fortes. Alors sans doute qu'un brin de sympathie saura évei...

 

- Attention !

 

Un bras s'élève pour écarter Nikolaï d'un projectile qui n'arrive jamais, et Basil reste le regarder comme un idiot, à jeter sa tête vers le bout du couloir, et son camarade de maison.

 

- Hum. Pardon. J'ai cru voir un truc, il annonce en passant une main sur sa nuque, gênée.


Nikolaï Polyanski , Un couloir du château, le 05/09/2124

En entendant son nom prononcé derrière lui par une voix d'élève, Nikolaï se figea. Il se tourna vers le garçon, posa son regard glacé sur lui. C'était sans doute là ce qui pouvait le plus passer pour de l'intérêt venant de lui. Par politesse, alors même qu'il gardait cette posture digne des meilleurs garde-à-vous, il répondit du tac-au-tac.

 

- Bonjour, Basil, et l'accent russe transparaissait à chaque syllabe qu'il prononçait. Il connaissait le nom du garçon, tout comme il connaissait les noms de tous les autres élèves de sa classe. Déformation professionnelle, sans aucun doute. Mais si jamais il obtenait des informations, il saurait de qui ça vient, et qui ça concernait - le fait qu'il n'avait plus le moindre supérieur à qui rapporter lesdites informations ne semblait pas lui poser problème pour le moment.

 

Il fixait l'autre avec une immobilité profonde, incapable de comprendre pourquoi il lui adressait la parole alors même qu'aucun autre avant lui n'avait jugé bon de le faire. Ceci dit, la menace représentée par Basil Banks semblait parfaitement contrôlable, aussi ne prit-il même pas la peine de chercher une posture défensive, se contentant de ne pas dévier son regard de celui de ce petit garçon. Bien qu'ils avaient sans doute le même âge, tous les enfants ici semblaient être plus jeunes aux yeux de Nikolaï, de par leur façon de se tenir et de parler, comme s'ils n'avaient jamais eu les bases d'une véritable éducation. 

 

- Pas mal, répéta-t-il simplement. Il n'avait strictement aucune affinité avec la métamorphose. C'était sans aucun doute la forme de magie la plus complexe à maîtriser, et la subtilité de cette matière semblait échapper totalement à Nikolaï qui ne réussissait que quelques transformations grossières et incomplètes, qui n'avaient parfois rien à voir avec celles demandées par l'enseignant. 

 

Cependant, lorsque Basil commence à l'écarter vers le mur, les sens de Nikolaï se mirent en alerte. La posture défensive fut immédiate, mais le seul danger semblait être la mauvaise vue de son camarade. Jusqu'à ce qu'un frisbee à dents de serpent ne vienne quelques secondes plus tard. Aussitôt, le bras fut tendu pour attraper l'objet en plein vol, objet qu'il tendit à Basil dans la foulée.

 

- Toi croire voir ça ? Toi voir choses avant ? demanda-t-il, suspicieux.


Deb

Basil Banks

13 ans

Basil Banks , Un couloir du château, le 05/09/2124

Si Basil avait été surpris que l'autre garçon ne connaisse son nom, il n'en avait rien montré. Du moins s'était-il acharné à ne rien montrer. Son regard s'était quelque peu écarquillé, tandis que ses lèvres s'étaient entrouvertes à demi. Il n'était pas très doué pour cacher ses émotions, en vérité. Ce ne fut rien bien sûr à côté de l'air de stupéfaction qu'il prit lorsque Nikolaï attrapa un frisbee au vol juste avant que ce dernier ne le percute avec brutalité. Basil resta bêtement silencieux à l'observer avec deux yeux ronds.

 

- Woah. T'es rapide.

 

Il n'avait bien sûr pas répondu à la question de l'autre Gryffondor, et il n'hésita qu'un bref instant avant d'hausser les épaules.

 

- Ouais.

 

Le problème voyez, c'est que les autres élèves n'étaient pas tellement fans de cet état de fait. Que Basil voit des choses avant. La plupart du temps, ils ne le croyaient simplement pas. Parfois, ils s'imaginaient que cela faisait de lui un fouineur. Quelqu'un qui se mêlait de ce qui ne le regardait pas.

 

- J'fais pas exprès. C'est comme ça, il se contenta de vaguement expliquer en récupérant le frisbee tendu par Nikolaï.

- EH BASILIC !
- Uh ?
- Renvoi l'bordel. P'tain j'vous dit ce gars est allumé. Renvoi !
- Oh.

 

Basil affaissa le regard sur le frisbee avant de le balancer au travers du couloir, dans la direction du petit groupe de serpentard. L'object échoua bêtement à moins d'un mètre de lui.

 

- Oh la la mais t'es naze hein.

 

L'autre garçon récupéra le frisbee en secouant la tête, sous les rires de ses copains. Basil rougit jusque la pointe des oreilles, murmurant un vague désolé. Les élèves l'ignorèrent complètement, s'éloignant vers les escaliers.

 

- J'avais une question, il se décide finalement à énoncer en reportant son attention sur Nikolaï. Enfin ça va t'paraitre bizarre peut-être hein, t'as l'droit de dire non et tout mais enfin... j'fais ce truc... c'est comme un article tu sais, comme un truc de journaliste quoi, avec les élèves qui sont arrivés l'année dernière et cette année, à cause de la guerre. Il sait pas si la rigidité du garçon qui lui fait face, ou son regard complètement froid, mais il a beaucoup de mal à en venir au fait, bizarrement. Bien plus encore que lorsqu'il avait posé la question à Anya, et pourtant Anya était une septième année. Enfin j'me demandais si t'accepterais que je te prenne en photo ? Pour mon article.

 

Ses yeux bleus fixent Nikolaï avec espoir. Parfois, il aimerait avoir des visions sur commande. Pour savoir par exemple si on allait répondre favorablement à ses demandes étranges, avant même qu'il n'ait posé la moindre question. Malheureusement les visions n'arrivaient que dans l'anarchie et le chaos, bien souvent pour des choses qui n'avaient pas grande importance.


Nikolaï Polyanski , Un couloir du château, le 05/09/2124

Nikolaï n'était pas réellement rapide. Il avait simplement eu l'occasion de développer ses réflexes durant de nombreuses années. Sans cela, il serait probablement mort et enterré. Aussi ne répondit-il pas à l'étonnement de son camarade, se contentant de froncer un peu plus les sourcils lorsque l'autre admit qu'il avait vu le frisbee arriver avant qu'il ne soit réellement là. Il avait rencontré quelques personnes comme Basil en Russie. Des enfants, comme lui, recrutés précisément pour ce genre d'aptitudes qui pouvaient s'avérer plus qu'utiles durant une guerre. Et pourtant, le gamin qu'il avait devant lui n'avait visiblement jamais vécu cela. Il n'avait même pas la moindre idée du pouvoir qu'il renfermait, c'était évident.

 

Il suffisait de le voir se laisser marcher dessus par les autres pour le comprendre. Jamais aucun enfant de chez lui n'accepterait de se faire traiter de la sorte. Et même sans comprendre tous les mots utilisés, Nikolaï comprenait parfaitement au ton employé qu'il n'y avait rien de très respectueux. Pourtant, Basil ne semblait pas s'en préoccuper, puisqu'il reprenait l'échange là où ils l'avaient laissé. Nikolaï mit bien quelques secondes à la fin de la phrase du garçon pour comprendre réellement ce qu'il lui demandait. 

 

- Photo ? Non, trancha-t-il aussitôt.

 

Il était une arme secrète. Jamais sa photo ne devait être divulguée. Ni chez lui, ni ici. Pourtant, les autorités anglaises l'avaient pris en photo. Mais il n'avait alors pas eu le choix. En ce qui concernait un garçon de son âge, il l'avait, et il était hors de question de désobéir davantage encore à sa chère patrie. Mais s'il ne prit pas la peine d'expliquer son refus - à quoi bon, il n'avait pas ce genre de temps à perdre - il revint tout de même sur les événements précédents.

 

- Toi trop gentil. Les autres rient de toi. Il faut se défendre. 

 

Comment pouvait-il se montrer aussi faible et être toujours en vie ? Voilà qui relevait du miracle.


Deb

Basil Banks

13 ans

Basil Banks , Un couloir du château, le 05/09/2124

La réponse, tranchée, ne laisse aucune place à la négociation. Basil a les épaules qui s'affaissent, et son regard se perd quelque part derrière la silhouette parfaitement rigide de son camarade de classe. Il s'attend presque à le voir partir, de sa démarche militaire, mais Nikolaï ne s'en va pas. De nouveau il lui parle, aussi durement que pour son refus précédent, mais étonnamment pour balancer une observation qui n'a strictement rien à voir avec l'article que Basil souhaite écrire. Les yeux bleus se sont perchés en hauteur - le jeune russe fait peut-être une tête de plus que lui -, et les lèvres s'ouvrent et se referment alors que la pointe des oreilles rougissent. D'avoir été étudié et jugé ainsi, peut-être. Basil n'est pas du genre à s'inquiéter beaucoup de ce qu'on pense de lui, ou de quelque première impression qu'il ferait à un camarade. Celle qu'il vient de faire à Nikolaï cependant, lui importe, bien qu'il ne sache pas en déterminer la raison.

 

Un simple haussement d'épaules fait office de réponse, cependant, et Basil se détache du regard incisif du sorcier russe pour braquer ses prunelles contre la pierre derrière lui.

 

- Pour quoi faire ? Il réplique en toute simplicité.

 

L'ignorance, c'est encore ce qui marche le mieux. Plus jeune, Basil avait tenté de se défendre. Ça ne rendait jamais la situation que pire que ce qu'elle était avant. Au moins maintenant on ne faisait que lui donner des surnoms idiots. C'est à peine si on le bousculait dans les couloirs. On ne le voyait pratiquement pas. Il était devenu ce gamin invisible dont on ne se rappelait que pendant les cours, lorsque les professeurs l'interrogeaient directement malgré sa manière de s'enterrer sur son siège.

 

- Ça va ils font que rire. C'est pas si grave.

 

De nouveau ce haussement d'épaules alors qu'il ose de nouveau affronter le regard de Nikolaï.  Anya non plus n'avait pas voulu, pour la photo. Mais il avait pu la convaincre. Est-ce qu'il pourrait convaincre Nikolaï ? Un flash lui passa brutalement devant le regard, et un instant il paru complètement absent. Il avait vu le garçon dans cette même posture militaire. Il était dans un portrait. Un portrait dont le cadre était identique à tous ceux qu'il avait fait jusqu'alors pour les autres élèves expatriés de la zone de guerre. Un sourire se glissa sur son visage, et il sembla être extrêmement soulagé soudainement.

 

- Tu diras oui ! Il annonce sans réfléchir.

Grimace dans la seconde suivante en réalisant que si le garçon n'est pas convaincu dans la seconde, c'est qu'il n'a probablement pas envie d'entendre qu'il le sera dans les jours suivants pour une raison ignorée à ce jour. Personne ne veut savoir ce qui va arriver, Basil. Sa tête s'affaisse, et c'est à peine s'il sent le coup d'épaule qu'il se prend alors qu'un groupe de Serpentard remonte le couloir dans l'autre sens.

- S'tu veux on peut marcher ensemble jusqu'au prochain cours, il offre dans un murmure, les yeux braqués sur le bout de ses chaussures.

Peut-être qu'à côté de Nikolaï Polyanski, on rirait moins de Basil Banks et de ses manières étranges.


Nikolaï Polyanski , Un couloir du château, le 05/09/2124

Pourquoi devait-il se défendre, lui posait-il vraiment cette question ? Nikolaï avait bien compris depuis son arrivée que les anglais étaient des gens bien différents des russes. Qu'ils n'avaient même probablement strictement rien en commun, mais le sens de l'honneur devait tout de même exister chez eux également, non ? Cela venait avec l'amour de la patrie et la loyauté. Quiconque bafouait l'honneur d'un russe bafouait l'ensemble de la nation. Voilà pourquoi chacun chérissait son honneur avec la plus grande des attentions. 

 

Mais Basil Banks ne semblait pas se rendre compte qu'en réagissant ainsi, il jetait le déshonneur non seulement sur lui-même, mais aussi sur sa famille, et donc sur sa maison. Nikolaï le fixa un instant avant de répondre.

 

- Si, très grave. Eux rient, alors toi faible. Et les faibles meurent, expliqua-t-il avec une rudesse étrangement pédagogique. 

 

Cela paraissait pourtant évident. C'était comme d'expliquer les choses à un tout petit enfant. Ils avaient pourtant le même âge. Mais l'étrangeté de Basil Banks ne résidait pas uniquement dans cette étrange apathie qui semblait le prendre dès lors qu'on le bousculait, puisqu'il annonça quelque chose qui fit froncer les sourcils à Nikolaï.

 

- Non pas être oui. Toi voir mal les choses, affirma-t-il d'un ton sec qui mettait fin à toute possible conversation à ce sujet. 

 

Mais à la question suivante de Basil, Nikolaï haussa un sourcil. C'était sans doute la première fois qu'il laissait paraître un quelconque étonnement, mais il fallait dire qu'il n'y avait pas beaucoup d'élèves qui acceptaient de le côtoyer. Il leur faisait peur, et cela ne le dérangeait pas outre mesure : il préférait sa tranquillité aux piaillements bruyants d'enfants qui ne connaissaient rien à la vie. Mais il savait que Basil ne lui demandait pas de venir avec lui par bonté d'âme, uniquement pour le protéger. Et ce ne serait pas lui rendre service.

 

- Si toi garder tête haute, pas baisser les yeux, et répondre fort quand on te parle, pas besoin de te battre pour te défendre, lui dit-il très sérieusement.

 

Il suffisait souvent de les regarder avec insistance pour que les anglais finissent par baisser les yeux. Nikolaï l'avait vite remarquer : ils faisaient beaucoup de bruit, prenaient beaucoup de place, mais n'avaient strictement rien de réellement impressionnant. Ils n'étaient que de la poudre aux yeux.


Deb

Basil Banks

13 ans

Basil Banks , Un couloir du château, le 05/09/2124

Un instant, Basil reste observer Nikolaï avec des yeux ronds, la bouche un peu entrouverte. Il n'est pas bien certain du lien étiré par le russe entre les autres garçons se moquant ouvertement de lui, et sa mort. Il faut dire cependant qu'extirpé de la guerre, l'on tire souvent une mentalité dure comme celle-ci. Il l'a lu dans diverses archives d'articles de presse, et même dans plusieurs romans. Sa fascination pour ce genre de phénomène est loin de dater d'hier. Pratiquement incollable sur la première guerre mondiale qui a ravagé le monde moldu, ainsi que sur celle qui a suivi, Basil est au fait de nombre de leurs conséquences désastreuses sur les populations. Alors, sa bouche se referme bientôt, et il se contente d'un simple mmh qui n'approuve ni ne désapprouve les dires de son camarade slave.

Il hausse par ailleurs les épaules lorsque l'autre refuse de comprendre que ses visions se produisent systématiquement, que ce soit ou non de la volonté de ses protagonistes. Nikolaï le verrait bien par lui-même, comme tous ceux qui ne l'avaient pas cru auparavant.

- Ok...

Peu certain des conseils prodigués - même la tête haute, il en faisait bien une de moins que l'ensemble de ses camarades -, Basil se contente de froncer les yeux en s'imaginant les suivre : parler fort n'est pas dans sa nature, et il serait probablement tétanisé rien que d'entendre le son de sa propre voix faire écho dans les couloirs en réponse aux provocations. Nikolaï n'avait, qui plus est, pas répondu à sa question. Alors, un instant passe. Pas tant gênant que silencieux. Étrange. Peut-être absurdement long, à moins qu'il ne dure qu'une poignée de secondes. Basil n'est sûr de rien. Simplement qu'il reste observer Nikolaï, puis le couloir, Nikolaï de nouveau, avant d'émettre un genre de raclement de gorge, et d'élaborer un geste flou qui se veut peut-être illustrer un salut.

Quelque chose comme ça.

Mais alors qu'il commence à s'en aller, pensant planter là le russe et sa posture militaire, Nikolaï commence à le suivre. Les yeux ronds de nouveau, Basil se sent étrangement soulagé de le constater, et il se pince brièvement les lèvres en ce qui ressemble peut-être vaguement à un sourire. Pour lui-même, pour le monde. Un garçon marche à ses côtés, un garçon dont personne n'oserait se moquer. Nikolaï Polyanski. Le garçon qui se tient plus droit que la tour Eiffel. Sans vraiment s'en rendre compte, Basil se redresse, les épaules vers l'arrière, le menton haut, les yeux non plus vissés sur la pointe de ses souliers, mais vers le bout du couloir. Son pas s'adapte à celui, plus rapide et plus assuré, de Nikolaï. Le silence se prolonge, et aucun d'eux ne semble vouloir le briser.

Quelques regards les suivent, lui semble t-il. Planqués dans les alcôves, entre deux armures. Sur le palier des escaliers de l'étage suivant. Dans le recoin d'un couloir. Mais la magie opère, car personne ne lui adresse la parole, ni ne tente de lui lancer le moindre croque-jambe, ni ne lui lance de boulette de papier, ni ne l'asperge d'encre, ni rien. Basil se sent comme une confiance terrible qui le pousse vers l'avant avec davantage de vigueur, jusque bifurquer vers l'escalier qui s'enfonce dans les sous-sols, les mènera en salle de potions. C'est-là, dans la semie obscurité d'un couloir sombre, que parait un groupe de serpentards, visiblement décidés à lui barrer la route. Ils n'ont pas l'air de même calculer la présence du russe à ses côtés, peut-être persuadé qu'ils ne font que marcher côte à côte, et non ensemble.

C'est là que le doute survient, dans l'esprit de Basil. Marchaient-ils seulement côte à côté depuis tout ce temps ? Ou simplement dans la même direction...

- Basilic...
- T'as zappé tes manières ou quoi ?
- T'as pas un truc à nous donner ?
- De quoi ? N... Nan.

La seconde qui suit le voit dresser le menton, tâchant de faire face tandis que les trois garçons, de son année, forment une véritable barrière entre lui et le reste du couloir. Déjà-vu. Des dizaines de fois, en réalité. Il sait pertinemment ce qu'ils veulent. Comme chaque lundi : les sous que lui envoie sa mère par courrier pour profiter de Pré-Au-Lard.

- Bah si Basil. On t'apprend rien qu'tu sais pas déjà quand même.
- L'mec voit que ce qu'il veut en fait.
- Laissez-moi passer ! Il s'exclame subitement, d'une voix forte, le menton toujours relevé.

Sauf que ça le surprend plus que les autres, qui se mettent plutôt à rire bêtement, se balançant des coups de coude.

- Laissez-moi passer ! L'imite Foley d'une voix aigüe.

- T'vas faire quoi si on t'laisse pas passer, nous photographier ?
- J... Nan...
- N... Nan...
- P'tain mais quelle grosse victime. Bon file c'que t'as là, on a pas qu'ça à foutre.