En dehors du Château Pré-au-Lard Les Trois Balais [En Cours] À la plus belle auberge du pays [ft. Isaya Bergame]

Leo Bloodworth , Auberge des Trois-Balais, salle principale, le 28/06/2124

C'est une belle auberge. Sa préférée, dans tout le quartier. Pour peu que le quartier fasse les dimensions des Royaumes-Unis. Il a l'habitude de s'y rendre depuis qu'il est môme. Faut dire c'est un incontournable. Au même titre que la Tête-de-Sanglier. M'enfin la Tête-de-Sanglier, c'est dirigé par un vieux type qui manque des avantages notoires de Miss Bergame, voyez. Leo il a noté la différence très tôt. Quinze ans il avait. La nouvelle serveuse s'est dirigée vers la table qu'il occupait avec les copains pour prendre leur commande, et il a su immédiatement que c'était celle-là son auberge préférée. Alors pour sûr qu'il est plus revenu qu'à celle-là. Histoire de profiter de l'endroit un tout petit peu plus longtemps. Jusqu'au diplôme. Pis après le diplôme, il est revenu encore. Y a pas tant d'bars qui tienne la concurrence, alors il aime pas venir ailleurs. Même si ça implique de prendre le train parce qu'il a pas son permis de transplanage, quand les réseaux de cheminette sont bouchés - ils sont souvent bouchés, c'est quand même pas d'bol, il faudrait qu'il en parle à son père. Peut-être bien que Pré-Au-Lard a un rhume.

 

- Hello !

 

Toujours il s'annonce, quand il débarque aux Trois-Balais. Fort bruyamment et avec tout l'enthousiasme qu'un jeune homme de sa carrure peut avoir. Il se sent presque maître des lieux, à force d'y mettre les pieds. Il n'a pas l'habitude de venir seul. En fait il a plutôt l'habitude d'y donner rendez-vous à Newton. Newton, c'est le seul type avec lequel il est resté en contact depuis Poudlard. Un gars bien, Newton. Gryffondor, comme lui, redoublant, aussi. Le truc c'est que Newton il a trouvé des boulots pas bien nets ces dernières années, et il refuse un peu de se montrer en public. Je t'expliquerais il dit toujours dans ses lettres. Mais comme il explique jamais, Leo sait pas bien de quoi il s'agit. Il sait juste que c'est pas bien nets, parce que Summer l'a dit plusieurs fois : ton pote il trempe dans des trucs pas nets. Ça a pas voulu dire grand chose sur le coup. Pis Summer a ajouté qu'il va s'attirer des ennuis, et là Leo a pas mieux compris, et il a fermé sa gueule, et il a attendu d'en savoir plus. Ça fait deux mois qu'il attends. Il en sait pas plus. Juste que le type est bien mouillé, pis qu'il laisse les gens dans l'flou à force de tremper dans des trucs pas nets, et que c'est pas forcément cool.

 

Bref, il est venu quand même, Leo, parce que c'est pas un jour comme un autre, pis qu'il l'aime bien l'auberge, alors il va pas s'priver.

 

- Miss Bergame - Leo n'avait jamais appelé Miss Bergame autrement que Miss Bergame, parce qu'il aimait la façon dont ça sonnait. Joyeux anniversaire !

 

Le pas rapide l'avait vu rejoindre le comptoir en quelques enjambées seulement, et c'est un sourire ravageur sur les lèvres qu'il s'était accoudé au devant de celle qui n'était plus serveuse mais gérante - ou en tous cas ça y ressemblait, il était pas bien certain d'avoir compris, toujours est-il qu'elle avait accompli l'impossible pour lui. Tenir un job non pas une semaine, ni un mois, mais bien dix années toute entière. Alors d'un ton important, et alors même qu'il n'avait qu'un portefeuille à moitié rempli, Leo annonça : 

 

- Tournée générale !

 

 


Isaya Bergame , Auberge des Trois-Balais, salle principale, le 28/06/2124

Lorsque le tonitruant "Hello" est lancé d'un ton enthousiaste, Isaya se détourne des bouteilles qu'elle était en train de compter et d'inventorier sur l'étagère derrière le comptoir.

Elle voit un jeune homme entrer. Qu'elle connaît bien parce que ça doit faire... presque dix ans qu'il vient régulièrement. Il venait ado, du temps où les sorties à Pré-au-lard étaient un moyen efficace de couper avec Poudlard le temps d'un après-midi. Oublier les cours et les examens. Se ressourcer entre amis. Puis il a continué à venir après les études. Isaya s'est toujours demandé s'il habitait le village mais n'a jamais osé poser la question. Toujours est-il que parmi les clients fidèles, Leo tient une belle médaille. 

 

Elle le voit arriver vers elle et l'accueille avec un sourire chaleureux.

Il a l'air en forme. Heureux, tout ça tout ça. Après, elle a l'impression qu'il est souvent en forme. Il ne fait pas tellement partie de ces clients qui viennent aux Trois Balais pour diluer leur malheur dans l'alcool. Non. Leo a toujours cette belle énergie contagieuse qui fait rayonner l'ambiance des Trois Balais.

Elle va lui demander ce qui lui ferait plaisir mais le jeune homme ne lui en laisse pas l'occasion. Il commence avec son fameux Miss Bergame -pourtant, elle est persuadée qu'il connaît son prénom. Et continue avec une formulation qui la surprend.

S'est-il trompé de personne en lui souhaitant un joyeux anniversaire ?

Non, il a explicitement dit "Miss Bergame"

C'est sur la date, alors, qu'il s'est trompé. Mais d'abord, comment pourrait-il la connaître ? Ce n'est pas le genre de sujet dont elle discute avec les clients, aussi fidèles soient-ils. Par exemple Noah, qui a pourtant ses habitudes ici et avec qui elle aime papoter, n'en sait rien. 

Leo n'attend pas sa réponse avant de déclarer ouverte la tournée générale.

La salle est loin d'être pleine à craquer. Mais la quelque douzaine de clients présents s'exclame et s'esclaffe. Une tournée générale, ça ravit toujours les coeurs. 

 

-Ca c'est un bon p'tit, approuve un homme en levant sa chopine de bièraubeurre encore aux trois quarts pleine.

 

Isaya se penche au-dessus de son comptoir en direction de Leo, comme si elle allait lui confier un super secret. D'un sourire amical, elle lui répond :

 

-Ne te serais-tu pas trompé de personne ? Ce n'est pas mon anniversaire aujourd'hui.


Leo Bloodworth , Auberge des Trois-Balais, salle principale, le 28/06/2124

Leo reste observer Miss Bergame d'un air interdit, une seconde, deux peut-être - ou cinq. Le visage affaissé sur ses mains, il semble subitement compter ses doigts, dans des gestes rapides et distraits, qu'il reprend à deux fois - trois fois, cinq peut-être.

 

- Ben si ! Si si c'est bien aujourd'hui !

 

Joyeux, il passe une main dans ses mèches déjà terriblement désordonnées, quelques billets sortis de son porte-monnaie dans le même temps pour s'étaler entre lui et Miss Bergame.

 

- Dix ans, jour pour jour que j'vous ai rencontré pour la première fois derrière ce même comptoir. Dix ans ! Ça fait un bail que vous garder la maison voyez, alors ça s'fête ! AUX DIX ANS D'MISS BERGAME DERRIÈRE LE COMPTOIR ! Il annonce à la cantonade, se prenant une rincée d'exclamations contentes tandis que certains s'approchent pour récolter leur verre offert par le jeune sorcier.

 

Il en a un souvenir parfaitement clair, si on lui d'mande. Il était entré comme à son habitude, s'était attendu à rien. Faut dire qu'on venait pas aux Trois-Balais pour la vue, avant Miss Bergame. Juste pour la bièraubeurre, une place au coin du feu, un jeu de cartes explosives. Quinze ans qu'il avait, et de l'acné qui lui ravageait la moitié du visage. Des mèches un brin plus claires, presque blondes, et des notes toujours étalées sur plusieurs parcelles de sa peau - les anti-sèches à l'encre invisible qui finissaient par ressortir au grand jour quelques heures à peine après les examens, et pour lesquelles il s'était plusieurs fois pris des retenues terribles.

 

- J'ai entendu des rumeurs comme quoi que vous alliez racheter l'auberge à M'sieur Deer, c'est vrai ? Z'allez devenir la patronne et tout ?

 

Il est tout excité à l'idée, bien qu'il sache pas vraiment pourquoi. Probablement que ça changera pas grand chose, ou alors peut-être que ça changera tout. Ça signifie surtout qu'il saura toujours où trouver Miss Bergame, parce qu'elle sera là derrière son comptoir. Si elle achète l'endroit, ça veut dire qu'elle va pas subitement s'échapper pour changer de carrière, voyez ? Pis peut-être qu'elle pourra l'embaucher, et alors ils se verront tous les jours, et Leo pourra lui rappeler ses anniversaires - puisque apparemment elle tient pas les comptes.

 

- C'est fort si vous faites ça. Moi j'ai acheté un appartement, savez, ben déjà c'est quelque chose, alors j'imagine même pas une auberge !