En dehors du Château Monde [En Cours] Spike Ryder

Elliot Blackburn , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 01/08/2124

Ça fait un bail qu'on leur en parle. Spike Ryder, le môme prodige. Elliot demande à voir. Enfin non. Il demande pas à voir. Il s'en bat proprement les reins, on peut dire. Ou en tous cas c'est ce qu'il fait savoir quand le nom est évoqué dans les couloirs du centre. C'est pas parce que c'est l'meilleur de l'école que c'est forcément un bon joueur les gars. Ça se trouve c'est tous les autres qui sont nazes. On lui rappelle régulièrement qu'il a été recruté de la même façon, alors ça doit bien vouloir dire quelque chose, mais il en démord pas. Tant qu'on a pas vu un mec sur le terrain, on sait vraiment pas ce qu'il vaut.

 

- Yo, il est dans l'bâtiment !

- De ?

- Ryder !

- Ah.

 

Affalé dans un large fauteuil rouge, Elliot a une serviette sur la nuque, et les cheveux encore trempés. Ils sortent de leur premier entrainement de la journée. Le second aura lieu plus tard, dans l'après-midi. Et le suivant dans deux jours, pour laisser le temps aux muscles de se reposer - aidés par des massages - et pour certains des séances de cryo. Un quotidien aussi intense que détente, auquel l'ensemble des joueurs s'est depuis longtemps habitué. Le salon, accolé aux vestiaires, est l'image même du chaos, des vêtements éparpillés partout, et des bouteilles distribuées par le coach Oakwood avant son départ pour une réunion importante. L'accueil de Ryder n'avait pas été évoqué.

 

- J'savais pas qu'il débarquait aujourd'hui. Il s'entraine avec nous c't'aprem ?

- Bah j'sais pas. J'ai juste croisé Hassin qui m'a dit que le mec venait de rencontrer la direction et tout.

 

Hassin était l'homme chargé du nettoyage de leurs maillots après chaque utilisation. Aussi connu comme homme à tout faire. Un type cool qui se prenait pas au sérieux. Un type pas bien important, mais un type qu'avait tendance à tout savoir de ce qui se déroulait à l'intérieur du centre.

 

- Bah c'est bien. Bon on s'la fait notre séance ou quoi ?

- Ah ouais, ouais, Quill t'viens pas ?

- Nan il vient pas, faut qu'il aille lécher la pomme de sa copine.

- J'vous emmerde.

- Jacks ?

- Yup.

 

Clac, la serviette qui claque sur le dos d'Hornette, juste parce qu'il peut. Elliot se lève en saisissant sa batte délaissée sur le côté, pour la faire tourner dans le vide deux trois fois avant de la balancer négligemment dans le fauteuil qu'il vient de quitter.

 

- Laissez tout l'bordel là ?

- C'est bon y a Hassin.

- Branques.

- Tapette.

 

Sont sept à prendre la direction de la salle de musculation. Ça braille fort dans les couloirs. Ça se tape dans le dos. C'est son genre d'ambiance. Les portes sont à peine ouvertes que la musique leur dégueule dessus. Elliot tarde pas à s'installer sur le premier banc devant lequel il passe. Comme par réflexe, Terrence s'installe derrière pour lui servir de soutien.

 

- Croyez qu'il va t'nir combien d'temps ?

- L'nouveau ? Bah ça dépend si c'est un bon ou une grosse arnaque.

- J'lui donne un mois, annonce Elliot en commençant à soulever.

- Nah ça c'est l'temps qu'on t'donne à toi avant que j'te remplace pour de bon.

- Si j'poussais pas j'te ferais un doigt Jacks.

- Fais moi rêver.

- Houuuu !


Spike Ryder , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 01/08/2124

C'est quand même beaucoup. Tu pourrais pas être plus heureux, mais tu pourrais pas non plus être plus paumé. Bordel, le coach Oakwood a beau tout faire pour que tu te sentes à l'aise, t'expliquer la façon dont tout va se passer, t'as un mal fou à enregistrer tout ça. C'est comme si tu te trouvais soudainement plongé dans un nouveau monde, qui n'a strictement rien à voir avec celui que tu connaissais jusque là. Suffit de voir la gueule de la structure sportive, c'est un foutu labyrinthe de luxe. Et toi, tu te retrouves à serrer des mains, en hochant la tête avec des sourires, en entendant le salaire promis qui ressemble carrément à un rêve. Quand tu raconteras tout ça à Flynn il va halluciner. Mais faut quand même que tu préviennes que tes parents doivent pas avoir accès à quoi que ce soit. Sinon c'est sûr que t'en verras jamais la couleur.

 

Par chance, t'es pas le premier joueur mineur à débarquer. Et pas le premier avec des problèmes familiaux. Ils gèrent tout, et le contrat prévoit bien que c'est au coach Oakwood que revient la charge de gérer tes finances. Franchement, tout a l'air carrément réglo. Et puis, c'est des pros. Et alors qu'il te finit la visite, voilà qu'il te dit de te changer en passant par les vestiaires. Tu cherches pas à comprendre, laisses tes fringues civiles pour la tenue d'entraînement des Catapultes. Première fois que tu portes un maillot d'entraînement avec des sponsors. La classe.

 

Tu peux pas t'empêcher de te mater dans le miroir, les cheveux arborant soudainement les couleurs de ton équipe tandis qu'un sourire béat illumine ton visage. C'est trop stylé. T'es trop stylé. Tu fais partie des meilleurs. Tu vas rencontrer tous tes idoles. Mieux que ça, tu vas jouer avec eux, d'égal à égal. Pourtant, lorsque le coach t'embarques vers la salle de musculation pour que tu te joignes à l'entraînement de l'équipe et enfin te présenter à tout le monde, quelques propos se font entendre, par la porte mal fermée. Aussitôt, tu te renfrognes. Y'en a un qui veut clairement pas de toi. 

 

Le coach cherche pas tellement à comprendre. Il ouvre la porte en entier d'un geste sec en te faisant signe de le suivre, frappe dans ses mains avec un sourire.

 

- Allez les filles ! J'vous présente Spike Ryder, notre nouveau poursuiveur ! J'vous laisse l'accueillir comme il se doit, et lui expliquer pour les appareils de la salle, j'ai quelques trucs administratifs à régler. Le faites pas fuir. Compris Elliot ? Sinon tu te bouffes le nettoyage du salon sans Hassin.

 

Le naturel du mec est désarmant. T'as limite l'impression qu'il s'agit plus d'une famille recomposée que d'une équipe de pros. Et quand il se barre, t'as la moitié des joueurs qui débarque sur toi pour te serrer la main, ou te foutre une tape sur l'épaule. Ils se présentent, mais tu les connais déjà. T'es vraiment en train de vivre un putain de rêve éveillé. Y'en a un qui se bouge pas par contre. Elliot Blackburn. Pas besoin de réfléchir bien longtemps pour comprendre que c'est lui qui assurait que t'allais tenir qu'un mois. Tu t'avances vers lui, sourire insolent aux lèvres.

 

- J'vais t'nir plus longtemps qu'toi mon pote. Bientôt la r'traite nan ?

- Houuuuu !

- L'nouveau va t'faire d'l'ombre !

- Va y'avoir d'l'ambiance !

 

Si y'a bien une chose que t'as pas l'intention de faire, c'est de te laisser marcher dessus sous prétexte que t'es le petit nouveau. Et ça, faut le faire comprendre dès le début. Comme à Poudlard.


Elliot Blackburn , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 01/08/2124

 

- Coach, c'est le salut générale de tous les gars à l'entrée de Cliff.

 

Elliot s'est naturellement joint au reste de l'équipe, sans pouvoir vraiment lui jeter un œil de sa position. Terrence lui file un coup de main pour remettre en place les poids qu'il a peine eu le temps de soulever deux fois, et il reste à cheval sur son banc à zieuter le nouvel arrivant. Tout le monde est parti lui serrer la main, mais lui reste à le mater de loin, prétendant resserrer les lanières de protection qu'il est forcé de mettre sur ses mains. Un sourcil se hausse à l'approche de Ryder, et Elliot secoue la tête en dressant un sourire tout aussi insolent que celui de l'adolescent.

 

- L'entrainement nous l'dira. Faudra faire gaffe de pas t'prendre trop d'cognards, ça peut ruiner une carrière.

- Il a pas tort pour la r'traite Blackburn...

 

Un doigt est levé dans la direction d'Hornette tandis que ça siffle d'un côté et d'un autre de la pièce. Elliot se recouche sans plus de cérémonie.

 

- Terrence, coup d'main.

- T'fais l'entrainement avec nous cet après-midi du coup ?

 

Les poids sont de nouveau soulevés, Terrence de retour à sa position de soutien, même si comme tout le reste de l'équipe son attention est pratiquement exclusivement sur le nouveau poursuiveur. Les questions fusent dans tous les sens. C'est vrai que t'as déjà marqué à vingt-sept mètres ? T'vas continuer les cours ? Il t'a montré quoi Oakwood, t'as d'jà ton maillot ? T'bois hein ? P'tain il va pas pouvoir avant l'année prochaine le con, et ton balai c'est quoi ? Elliot se focus juste sur son entrainement, même s'il écoute d'une oreille attentive un peu tout ce que peut raconter Ryder. Le môme a l'air de vivre sa meilleure vie. Rien d'étonnant franchement. On fait pas beaucoup mieux que débarquer dans les locaux du centre de Caerphilly a seize piges. Il se souvient parfaitement de la sensation. Faut quand même s'accrocher. Si le gars veut en prime décrocher son diplôme, c'est sûr qu'il tiendra pas l'coup.

 

- Quill nous attend à la cafet les gars.

- Dis moi que sa nana s'est pas encore ramenée.

- Chais pas. Viens Ryder on va t'montrer t'vas kiffer.

- Faut j'passe au deuxième, j'ai mon exam avec Kylie, il lève son bras droit qu'il agite brièvement.

- Bah tu nous r'joins.

- Ouais, ouais, à toutes.

 

Elliot les check tous, se contente de saluer Ryder de deux doigts sur la tempe, et se tire sans demander son reste. Kylie est sensée checker que sa main s'est complètement remise de sa dernière fracture pendant le match contre Falmouth. Officiellement. Officieusement, c'est surtout lui qui va examiner Kylie, si vous voyez le délire. C'est-à-dire que son mari est en déplacement professionnel depuis quand même une semaine, faut bien l'occuper. Elliot tarde pas à grimper les escaliers pour venir se planter directement devant la porte de l'infirmerie, toquer sur un rythme aléatoire avant d'entrer sans même attendre d'y être invité.

 

- Yo.


Spike Ryder , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 01/08/2124

C'est quand même l'endroit le plus stylé du monde. D'autant plus que les gars de l'équipe sont grave cool avec toi. Tu te fais pas prier pour répondre à leurs questions, sans oublier de bien mettre en avant les exploits que t'as pu réaliser jusqu'ici avec un souafle entre les mains. Les matchs que t'as sauvé à la dernière minute avec une action qui aurait pu très mal finir pour toi, mais que t'as réussi. Le tout sur l'un des plus vieux balais de l'école, uniquement parce que tous les autres étaient déjà pris, et que t'es pas du genre à dire que c'est de la faute du balai si tu n'y arrives pas, mais que ça aide clairement à se la péter quand t'y arrives malgré un matos plus que moyen. Et ça fait son petit effet. T'as l'impression d'être le centre de l'attention, les gars te foutent régulièrement des tapes dans le dos pour approuver tes exploits, et tu peux pas t'empêcher de sourire comme le dernier des débiles, l'ego gonflé à bloc.

 

Et tandis que tu suis quasiment toute l'équipe jusqu'à la cafet, t'as même pas le temps de t'asseoir pour manger un bout que Terrence te demande si t'as eu ton check up médical avant l'entraînement de l'après-midi. Ta matinée a clairement été occupée à signer des papiers et à te présenter le centre, alors tu secoues négativement la tête. Aussitôt, il semble inquiet. Te fait remarquer que tu peux pas jouer sans avoir l'autorisation du médecin de l'équipe. Et que t'as plutôt intérêt à y aller direct si tu veux pas louper l'entraînement du jour. Alors tu chopes juste un pauvre sandwich pour te diriger vers le cabinet médical.

 

Tu te perds un peu en route, mais tu finis par trouver le bon endroit. Aussitôt, tu toques à la porte avant d'entrer, sans attendre de réponse, clairement angoissé à l'idée de louper ton premier entraînement avec ton équipe professionnelle. Et tu tombes sur la vision d'une docteure relativement dévêtue, plaquée contre un mur par Elliot Blackburn dont le jogging baissé ne laisse aucun doute. Et tu restes là, comme un con, à les regarder.

 

- Merde. Merde. P'tain, désolé. C'juste... Terrence m'a dit que... Merde. J'repass'rai ok.

 

Et pourtant, tu bouges pas d'un pouce, comme paralysé. Bordel, Blackburn se tape le médecin de l'équipe. La classe.


Elliot Blackburn , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 01/08/2124

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C'est un examen bref, mais intense. Les plis d'une jupe tardent pas à être relevées, le dos de Kylie plaqué contre un mur tandis qu'Elliot se défait d'un geste de son jogging et de son caleçon, pour mieux lui passer entre les cuisses. Y a rien de franchement délicat dans la manière dont il s'insère en elle, rien de passionné dans leur ébat pratiquement silencieux, ponctué seulement de murmures étouffés derrière des mains fermement serrées contre la bouche de l'autre. Elliot gronde le sentiment brutal qui l'anime, vient presque le faire basculer tout entier. Il entend pas les coups à la porte, pas plus que Kylie d'ailleurs, jusqu'à ce que l'infirmerie ne s'ouvre en grand, et que la voix d'un type ne le sorte de sa transe.

 

- Bloody fucking hell !

 

Un cri de la blonde alors qu'il s'arrache à elle prestement pour remonter d'un seul mouvement son jogging, approcher d'un pas carrément énervé ce putain de Ryder.

 

- T'mates quoi, ferme la p'tain de porte mate !

- Oh la la... fuck, fuck, fuck. Elliot...

- C'est bon. Rhabille toi.

 

Elliot entraine ce débile de Spike dehors, parce qu'il a visiblement perdu l'usage de son cerveau.

 

- Dude, what the fuck, t'entres pas dans une pièce sans frapper, bordel. Il est rustre dans ses mouvements, s'éloigne à grands pas de l'endroit, comme si ce simple fait pouvait effacer la vision qu'il vient d'offrir à l'adolescent. T'as rien vu ok ? T'as rien vu. Dégage.

 

D'un mouvement il le pousse avant de repartir dans la direction de l'infirmerie avec le même pas déterminé, un peu chaloupé. Les jurons lui poussent d'entre les dents en continue. Il rentre dans la pièce avant de refermer derrière lui, s'attirant le regard paniqué de Kylie.

 

- C'est bon il dira rien ok ?

- J'pourrais perdre mon job Elliot, ça craint, pourquoi t'as pas verrouillé ?

- Pourquoi j'ai pas... bordel j'étais occupé ok ? Bon. Faut qu'j'y aille.

- Il dira rien ?

- Il dira rien.

- Merde.

- Ça va j'te dis il dira rien.

 

Elliot rajuste le col de son maillot avant de l'approcher pour lui embrasser la joue, et se barrer sans plus de cérémonie.

 

- Ta main.

- Quoi ma main, elle va bien ma main, t'as bien vu...

- L'essence dessus tous les soirs j't'ai dit.

- Ah, ouais, ouais. T'inquiète.

 

D'un geste il chope le flacon jaunâtre qui trône sur le bureau avant de partir en claquant la porte, pour se retrouver de nouveau nez à nez avec Ryder. Il reste le mater une seconde de trop, silencieux, avant de cracher un juron en gallois en se barrant.


Spike Ryder , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 01/08/2124

C'est dans ce genre de situation que tu te rends compte que, même si t'essaies de faire comme si c'était pas le cas, t'es encore un gosse vis-à-vis de la majorité des gens. Elliot Blackburn se tape le médecin de l'équipe au calme pendant que toi t'es toujours puceau. Enfin, ta main te rend bien des services, mais ça reste quand même vachement moins stylé qu'une vraie meuf. Faudrait peut-être que tu te penches sur le sujet un peu plus sérieusement. En attendant, c'est tellement juste un fantasme de ton côté que tu te le fais pas répéter deux fois et que tu te tires sans demander ton reste. Evidemment que tu vas rien dire, t'es pas une balance.

 

Le pire dans tout ça, c'est que même sans ta visite médicale, tu peux participer à l'entraînement sans problème. En fait, le coach te file même ton rendez-vous officiel pour le lendemain, et tu te sens deux fois plus con. Terrence se marre comme un con quand tu lui balances un regard noir. Au fond, t'es juste un peu vexé de t'être fait avoir comme un bleu. C'était évident qu'il t'envoyait là-bas juste pour foutre le malaise entre toi et Blackburn. Ou alors peut-être que c'était juste un test. T'en sais trop rien, mais tu te sens vraiment comme un gamin qui se fait bully pendant son premier jour d'école.

 

Alors t'essaies de garder la tête haute quand même. T'as pas trop l'habitude. Normalement, c'est toi qui fout les autres dans des situations de merde, pas l'inverse. Mais là, entouré de tous ces joueurs plus âgés, t'as un peu perdu de ta superbe, même si tu fais genre l'air de rien, et que t'es plutôt bon durant l'entraînement. Deux ou trois fois, t'en fais qu'à ta tête, malgré les ordres du coach. Et à chaque fois, ça tourne en ta faveur sur le terrain, alors ça te redonne un peu confiance en toi quand même.

 

Quand l'entraînement se termine, l'ambiance dans les vestiaires est aux rires et aux joyeuses chamailleries. Mais tandis que tu te rhabilles après la douche, tu te rends compte qu'il n'y a plus que toi et Blackburn dans les vestiaires. La scène du début d'après-midi te revient à l'esprit, et tu rougis légèrement, vraiment mal à l'aise. Blackburn te prête à peine attention, mais toi, t'arrives pas à laisser les choses comme ça. Le type est le joueur que tu admires le plus, tu peux pas le laisser sur une mauvaise impression de toi.

 

- Hé, mec, pour tout à l'heure, j'suis désolé. J'pensais pas que tu s'rais... Enfin t'vois quoi. J'dirai rien, j'jure.


Elliot Blackburn , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 01/08/2124

Faut pas s'appeler Sherlock pour capter que Ryder a pas trouvé le chemin de l'infirmerie tout seul. Même que le rire de Terrence, à moitié étranglé dans son maillot quand Elliot se pointe au vestiaire, laisse franchement peu de place à l'imagination. Il se mange un coup qui l'envoie directement dans les casiers, mais s'arrête pas de se marrer pour autant.

 

- Ta gueule p'tain j'suis mort.

- T'es débile j'te jure.

- Mec ça va.

- S'il cause j'te fais bouffer ma batte jusqu'à ce qu'elle te ressorte par le cul.

- Tranquille, s'il cause on lui tombe tous dessus j'pense qu'il est pas assez con pour pas l'comprendre.

- Nique toi.

 

Il fait pas la gueule bien longtemps. Parce que c'est plutôt vrai que Ryder causera sans doute pas. Ne serait-ce que pour pas se foutre l'ensemble de l'équipe à dos. Elliot aurait quand même préféré pas faire partie du bizutage du petit nouveau,. Il le fait bien comprendre sur le terrain, d'ailleurs. Envoie quasiment tous ses cognards dans la direction d'un Terrence qui continue de se fendre en deux comme un crétin à chaque fois que leurs regards se croise. Ça tarde pas à le détendre. Pis bon. Ryder vole bien. C'est déjà ça. Même si clairement il a pas la moindre conception de jeu en équipe, parce qu'à la moindre occasion il ignore complètement les autres poursuiveurs pour filer en direction des anneaux. Il se tape des putains de délire en solo, quand même, en plus de marquer des buts assez exceptionnels pour se récupérer les sifflements de quelques joueurs. Y a pas à chier. Il est bon.

 

Alors globalement ça reste un bon entrainement, qui se termine dans une bonne ambiance - une fois qu'Oakwood a lâché ses derniers avertissements à l'intention de sa nouvelle recrue, et de tout le reste de l'équipe. T'es pas là pour ta p'tite gueule, t'es là pour bosser avec toutes celles-là aussi mon gars. T'auras pas d'la chance à tous tes lancers à tous les matchs, faut qu't'apprenne à bosser avec tout l'monde pour gagner. En parlant d'vos gueules de cons les gars, j'veux plus les voir dans la putain de Brève comme j'ai vu ce matin. Passez plus de temps à astiquer vos manches dans les bars de la ville qu'à lustrer vos putains d'balai, vous me cassez les couilles. On a pas besoin de ce genre de presse c'est compris ? Surtout pas toi Blackburn. J'te rappelle qu'on a un contrat avec OCQ, et que personne a besoin de voir la nouvelle égérie de la marque en train de vomir dans un caniveau. Nan l'ambiance était bonne vraiment qu'après ça. C'est comme souvent d'ailleurs. Oakwood se tire avec ses grandes remontrances, et les joueurs retrouvent leur esprit de grands gamins, à se foutre sur la gueule pour un oui ou pour un non, sans réelle rancœur.

 

Elliot a pas trop fait gaffe qu'il se retrouvait solo avec le petit nouveau avant de l'entendre sur sa droite, pendant qu'il se lace les pompes. La tête redressé, il darde sur lui un regard un peu long qui laisse la place à n'importe quelle interprétation, avant d'hausser les épaules.

 

- J'sais. Qu'il est désolé. Qu'il dira rien. C'est évident pour tout le monde à ce stade nan ? Elliot l'approche en balançant une main vers l'avant, avec une nonchalance extrême, histoire de le checker comme il vient de le faire avec tous les autres. T'façon tu dis quelque chose j'te démonte, il annonce sur le ton de la conversation avec un sourire au coin d'la gueule. Pis les autres te terminent et on t'renvoie à l'école en tellement d'morceaux que tu tiendras à peine dans l'fond d'un chaudron. L'image est assez parlante, c'est ça qu'est bien. T'es bon mais si tu t'la joues solo t'vas pas rester longtemps, il ajoute en s'écartant, vachement plus sérieux. Les Catapultes c'est une famille c'est tout. Sauf Kylie, Kylie c'est pas la famille. Sinon ça deviendrait super chelou un peu. J'te donne quand même qu'un mois, looser.

 

C'est dit sans méchanceté. Sur le même ton que quand il envoie chier l'reste de l'équipe, en leur envoyant des doigts. Spike a pas encore tout à fait gagné sa place dans l'équipe à ses yeux, mais il a visiblement gagné son respect. Ne serait-ce qu'en montrant qu'il sait se servir d'un balai, pis surtout en s'excusant d'avoir niqué son coup tout à l'heure.


Spike Ryder , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 01/08/2124

T'es pas plus impressionné que ça par la menace de Blackburn. Faut dire que, vu que t'as pas l'intention d'ouvrir ta gueule, tu le prends pas vraiment au sérieux. Tu te contentes de lui balancer un sourire en coin, l'air de dire que tu te sens pas plus concerné que ça. N'empêche que tu dois quand même mettre deux-trois petites choses au clair.

 

- Ouais, ben vaut mieux qu't'appelles les autres direct, parc'qu'en 1V1 j'vous défonce.

 

Le plus beau dans cette histoire, c'est sûrement que t'y crois. En tous cas, tu fais vachement bien semblant d'y croire. Au fond, ça n'a pas grande importance. T'es pas une putain de balance. Enfin, sauf quand tu montes tout un plan pour détruire quelqu'un, genre Crescent. Mais là c'est différent. Pis tu rougis un peu, quand il te balance que t'es bon. Tu le sais. Mais c'est quand même quelque chose que d'entendre le type que t'admires le plus te le dire. Sûrement que tu peux faire un effort pour jouer un peu plus en équipe. T'avais juste besoin de montrer ce que tu sais faire pour qu'ils arrêtent de te prendre pour le dernier des manches. 

 

- Ah ouais ? P'tain t'vas vraiment la prendre tôt ta r'traite, papy !

 

Comme si t'allais te barrer au bout d'un mois alors que tu viens de décrocher un contrat pro des plus intéressants. Tu finis pas hausser les épaules, d'un air un peu blasé.

 

- Dommage pour la famille. J'pensais qu'tu voudrais t'venger d'Terrence. Mais on s'venge pas d'la famille, pas vrai ?

 

Tu demandes l'air de rien, les mains au fond des poches, mais l'oeil un peu brillant d'excitation. C'est que, ça te tente bien de te foutre Blackburn dans la poche pour de bon. Alors tu modifies peu à peu les traits de ton visage pour prendre ceux de Terrence, avant de revenir à ta forme initiale.

 

- T'sais que j'peux faire une meuf aussi. Nah ? T'vas l'laisser s'en tirer comme ça ?

 

Un sourire en coin, t'es pas discret une seule seconde dans ta tentative de manipulation. Faut dire que tu doutes sérieusement de devoir vraiment insister pour qu'il soit d'accord avec toi.


Elliot Blackburn , Cardiff, centre d'entrainement des Catapultes de Caerphilly, le 01/08/2124

L'mec a le mérite d'avoir des couilles. Elliot doute fort que Ryder défonce qui que ce soit de l'équipe en 1V1 cela dit. À part Hornettes peut-être bien. Franchement le type tu lui enlèves la batte il sait plus rien faire c'est ridicule. L'reste ? Sont tous plus grands et plus baraqués que ce gars là, en plus de pas être les derniers à chercher à s'foutre sur la gueule à la sortie des bars. Au grand damn de Oakwood. La surprise s'affiche clairement sur le visage d'Elliot en voyant les traits du poursuiveur se modifier devant lui, et il a un mouvement de recul. Les sourcils en l'air, les lèvres un peu redressées dans un sourire en coin un peu incrédule, il a l'air d'un type auquel on viendrait d'offrir un cadeau de noël en avance.

 

- T'es méta ?

 

Elliot a jamais croisé de méta. Genre il sait c'est quoi. Mais il en a jamais croisé. C'est stylé un peu. Bon clairement l'mec a pas intérêt de prendre sa gueule à lui pour faire n'importe quoi, mais dans l'idée ça reste un pouvoir vachement stylé. Pour faire tourner en bourrique le reste de l'équipe y a pas mieux. Tant que ça s'retourne pas contre lui.

 

- T'as pas d'frère et sœur Ryder ? La famille c'est encore ce dont on s'venge le mieux.

Les yeux sont cerclé d'un éclat d'insolence, et il rajuste la sangle de son sac sur son épaule avant de balancer l'plan.

 

- T'peux l'apparence de n'importe quelle meuf ? Le menton est relevé, et de son autre main il a récupéré le vieux téléphone moldu qu'il se trimballe pour contacter des potes qui font absolument pas partie du monde sorcier. Nan parce que si tu peux emprunter la gueule de cette meuf là c'est gold ok. Malika apparait sur l'écran pixellisé, présenté devant la gueule de Ryder. Mate bien cette nana. Elliot était l'genre à prendre un paquet de photos pendant ses soirées, et c'est peut-être la première fois que ça allait servir à autre chose que rester pourrir dans la pellicule blindée du bordel. C'est Malika. Elle est du centre, t'l'as p't-être déjà croisé. C'est la meuf de la cantine ok ? Terrence veut s'la faire d'puis l'départ, sauf qu'elle veut jamais. T'veux lui foutre à l'envers ? Tu lui fais croire qu'elle lui fait d'l'œil. Des signes au milieu d'un couloir, des sourires à la con entre deux portes, ce genre de délire. Elliot les lui joue. Les signes. Les sourires. Une vraie meuf avec les traits du plus célèbre des batteurs des Catapultes. Gold un peu. Il va s'mettre tout seul dans la merde en allant retenter son coup parce qu'il sera chaud comme un lapin. J'serai là pour prendre une belle photo d'sa gueule quand il va capter qu'elle lui refout le rateau d'sa vie. Là, j'estimerai qu'on est quitte. Faut comprendre, c'est un frère pour moi tu vois. Il est pleinement satisfait du délire. Fait claquer le téléphone pour le refermer avant de le refoutre dans sa poche, un sourcil arqué. Deal ?

Démoniaque sa gueule ? Peut-être bien. C'est juste qu'il prend son pied d'se dire qu'il a même pas besoin de fort réfléchir pour renvoyer la balle dans l'camp de Terrence, pour une fois. La solution lui est tombé dessus sous la forme de Spike Ryder, et il a comme la furieuse envie de s'le foutre dans la poche pour pouvoir profiter de ce qu'il vient de découvrir à la moindre putain d'occasion.