Femme
31 ans
Sang-mêlé
Britannique
Identité
-
- Diplômé·e
- Surnoms : --
- Nationalité : Britannique
Capacités & Statuts
Groupes
Message publié le 27/08/2025 à 21:45
- Moi qui pensais que tous les fantômes du secteur avaient démissionné, je suis surprise de te trouver là.
Eileen avait remarqué qu'elle n'était pas seule. Elle avait espérer que, en gardant son visage entre ses mains, on ne la reconnaisse pas - ou du moins on ne l'embête pas. Cependant, elle aurait reconnu cette voix entre mille. C'était une belle voix, teintée, ou carrément trempée, d'ironie. Il n'y avait qu'une seule personne pour se payer sa tête de cette manière, et ça faisait du bien de savoir qu'elle n'avait rien perdu de son mordant.
- T’as une sale gueule, Eileen. Arrête de chialer, tu vas finir par faire peur aux strangulots du labo.
Eileen avait déjà séché une bonne partie de ses larmes à présent, et elle ne comptait pas repartir sur un nouvel éclat. Au contraire, elle afficha un sourire tordu, préparant déjà sa réplique.
- D’ailleurs, Gérard sera ravi de te revoir. Il s’ennuie dans son bocal depuis ta disparition.
- Je savais pas que la mamie d'Alhena Peverell travaillait aussi au Ministère. C'est fou, vous lui ressemblez comme deux gouttes d'eau, mais avec vachement plus de rides.
Le fait qu'Alhena n'avait en réalité guère changé en cinq ans ne diminuait qu'un petit peu sa pique. La Peverell était toujours en parfaite maitrise d'elle-même, alors il aurait été étonnant qu'elle se retrouve soudain avec dix rides ou dix kilos de plus. Mais malgré toute sa maitrise, le temps s'écoulait pour tout le monde de la même façon. Sauf pour Eileen, bien entendu.
- Sans blague, je crois qu'à part Gérard, personne veut de moi ici.
On pouvait retirer la blague d'Eileen mais on ne pouvait pas tirer Eileen de la blague. Même déprimée elle ne pouvait s'en empêcher. Surtout déprimée, elle ne pouvait s'en empêcher. Sinon, elle devait faire face à l'inutilité de son existence. Ou pire, être honnête avec elle-même.
- On m'a déjà retirer mon bureau...
Mesures quantitative du flux magiques: cas appliqué, sujet numéro 6
Message publié le 19/08/2025 à 00:04
Eileen ne s’attendait à personne en particulier mais elle fut quand même surprise. Ce n’était pas une, ni deux, mais trois personnes qui entrèrent dans son bureau. D’abord un géant roux, qui lui rappelait définitivement quelque chose. Soit elle l'avait connu il fut un temps (mais elle en doutait), soit il fut connu. Puis entra une jeune fille, et enfin un garçon. Roux tous les deux. Il n’y avait pas besoin d’être très physionomiste pour comprendre qu’ils étaient tous de la même famille.
Elle serra la main du géant (ou presque), craignant un peu qu’il lui broie les doigts.
- On est là pour lui dit-il, désignant le garçon.
Que faisait la jeune fille ici, dans ce cas là ? Mais Eileen garda sa remarque dans sa tête. Elle ne pouvait pas manquer de professionnalisme dès la première phrase. Du coup, elle se contenta d’un “Bienvenus.”
- Ils vous ont dit ? Ils voulaient un dernier avis à Sainte Mangouste, pour être sûr qu'il a pas le don de magie
- Oui c’est ce que j'ai pu entendre.
D’ailleurs c’était là que commençait et finissait ce qu’elle avait pu entendre. Ça et un nom, M. Carter.
Elle fit apparaître deux nouvelles chaises derrière son bureau.
- Je vous en prie, asseyez-vous. Avant de commencer le test, il faut juste s'occuper d'un peu de paperasse.
Elle sortit de son bureau un morceau de parchemin, intitulé “formulaire de consentement, inférence des flux magiques” et le tourna vers le géant pour qu'il puisse le lire en même temps qu’elle présentait les points les plus importants.
- Tout d’abord sachez que, évidemment, rien ne vous oblige à passer ce test. Vous et votre tutelle - votre fils, j’imagine - avez la possibilité de vous retirer à n’importe quel moment, et pour n’importe quelle raison. En disant cela, elle pointa du doigt la section où était écrit “j’ai compris que je pouvais partir à tout moment”, à la fin de laquelle il y avait deux carrés vides surmontés de “oui” et “non”, qui attendaient d'être cochés. Ce test fait partie d’un programme du Ministère qui à pour objectif de détecter, suivre et soutenir les individus qui n’ont pas hérité de la magie de leurs parents. Ce programme ne dépend pas du Département des Mystères mais du Département de la Justice Magique. Cela signifie que les données qui seront récoltée ici, à savoir le nom, l’âge, le sexe et le statut de votre enfant sont protégées par la justice magique. Concrètement, cela signifie que je ne suis évidemment pas autorisé à parler de vous et de votre fils à qui que ce soit d’extérieur au programme mais que, si je venais à être questionnée sous Veritaserum, ces informations pourraient m’être arrachées. Non pas que ça ait la moindre chance d'arriver, je préfère juste être claire sur le fait que le sortilège de Langue de Plomb auquel je suis soumis à un domaine d'application... qui ne couvre que les sujets sensibles.
Les yeux de la jeune femme glissèrent vers les deux enfants et elle se demanda si à quelle point ils avaient compris son jargon administratif. Ce n’était pas qu'elle voulait rendre les choses compliquées pour eux. Au contraire, elle aurait aimé que le garçon comprenne qu'est ce qui allait lui arriver. Elle ne savait juste pas comment expliquer cela avec des mots simples.
- De votre côté, vous n’êtes tenus à rien, puisque ce programme est public et peut-être accédé par n'importe qui en ayant le besoin. Des questions, jusque là ?
Message publié le 18/08/2025 à 23:14
Avoir Leslie devant les yeux fut comme un coup de poing à l'estomac. Elle avait changé, des légères rides étaient apparues là où avant il n'y en avait pas. Dans ses cheveux, des mèches blanches étaient apparues. Il était indéniable que le temps avait laissé ses marques. Impossible de prétendre que juste quelques semaines s'étaient écoulée depuis la dernière fois qu'elles s'étaient vues, quand bien même cela était le cas pour Eileen. En silence, elle contempla la mortalité de son amie, et de tous ceux qui l'entouraient. Qu'est-ce qui avait pu se passer en cinq ans...?
Elles restèrent ainsi à se regarder jusqu'à ce que Leslie ne finisse par briser le silence. Sa surprise était certaine. En même temps, à quoi Eileen s'attendait-elle ? "Salut, comment tu vas, on se la boit cette Bièreauberre ?" Elle n'opérait toujours pas dans la bonne réalité.
– Tu sais que j’ai essayé de te retrouver ? Au début. J’ai contacté le Ministère. Envoyé des courriers. Un ou deux hiboux sont revenus sans réponse. Les autres jamais.
Ouais, elle savait. D'ailleurs c'était bien pour ça qu'elle avait décidé de revoir Leslie en premier. Elle savait qu'elle pouvait compter sur elle, sans que la blonde n'ait jamais été mise au courant de ce qu'il se passait vraiment.
- J’crois que j’ai fini par me dire que tu voulais qu’on t’oublie. Que tu voulais tout couper. T’as pas idée de ce que ça me fait de te revoir.
Sa poitrine se serra. Elle n'avait jamais voulu que ses actions aient de telles conséquences.
- Je suis désolée...
-J’vais te laisser expliquer ça à ton rythme. Mais j’te préviens, Eileen. Si tu me dis que t’étais simplement partie à l’étranger pour un stage, j’te renverse ta Bierraubeurre direct sur la tête.
Eileen releva ses lèvres dans un sourire qui ressemblait plus à une grimace.
- Autant que le Ministère est concerné, je suis partie à l'étranger. C'est ce qu'ils ont dit à ma famille, et c'est ce qu'ils auraient dû te dire s'ils s'étaient donné la peine de répondre à tes lettres. Mais la véritée c'est que...
Eileen avait longuement cherché comment expliquer ce qui lui été arrivé. Une explication détaillée était bien sûr impossible. D'ailleurs, rien qu'à l'idée de mentionner la Salle du Temps, une déformation temporelle ou bien un saut dans le futur, sa langue devenait lourde. Il fallait qu'elle trouve autre chose. Qui explique bien que rien de ce qui ne s'était passé n'avait été de sa volontée.
- J'ai eu un accident.
C'était probablement le plus qu'elle pouvait s'approcher des faits. En tout cas, cela n'était pas un mensonge.
- Je ne pouvais pas... alors qu'elle veut dire "partir du Ministère", sa langue devint plomb. Alors, elle n'avait pas la possibilité de dire où elle était. Elle prit une gorgée de bièreaubeurre, réfléchissant à ce qui pourrait passer la barrière du sortilège. L'accident a duré cinq ans. Je sais que ça n'a pas vraiment de sens dit comme ça, mais je ne peux pas élaborer. En plus d'être top secret, mon travail est vraiment dangereux. Je n'ai vu personne, je n'ai parlé à personne, et personne n'a pu me contacter. Elle haussa les épaules, fataliste. Du coup je suis complètement paumée en ce moment.
Message publié le 15/08/2025 à 00:46
- Le quoi ?
- Le stagiaire, Miss, le stagiaire.
- Pour quoi faire ?
- Pour vous assister.
- Pour quoi faire ?
Ce n'était pas qu'elle n'était pas familière avec ce qu'était un stagiaire, il s'agissait simplement d'une notion théorique plutôt qu'appliquée. Jusqu'alors, elle avait réussi à les éviter partout, sauf dans la salle café. En règle générale, plus ils prenaient de l'ancienneté au Département, plus ils consommaient de café et dormaient dans le sofa.
La secrétaire soupira discrètement, comme si elle parlait à un enfant particulièrement obtu.
- Eh bien, après votre mésaventure, il...
...fallait absolument te mettre quelqu'un dans les pattes pour que tu ne fourres pas ton nez instable dans les projets sensibles.
-... vous sera utile d'avoir quelqu'un pour vous aider. Reprendre vos rapports, les compléter, vous savez bien.
Non.
- Et donc, là, il est où, ce stagiaire ?
- Il vient d'arriver. Whitecombe l'emmène dans votre bureau.
- Mon bureau ?
Cette fois-ci, elle vit clairement la secrétaire rouler ses yeux vers le plafond. Mais personne ne lui disait jamais rien, à Eileen, alors elle n'avait aucun scrupule à faire de son manque de connaissance le problème de quelqu'un d'autre.
- Votre nouveau bureau, au fond du couloir. L'ancienne salle où on stockait les formulaires.
- Vous voulez pas y mettre Whitecombe, plutôt ?
- Ca n'est pas moi qui m'occupe de ça. (mensonge.) Maintenant dépêchez-vous, vous allez le faire attendre.
Elle n'avait pas vraiment le choix. Plus vite elle aurait repris ses marques dans le Département, plus vite ils accepteraient de lui redonner les accès à la Salle du Temps. Eileen n'en avait pas fini avec son projet. Elle se mit un marcher d'un pas vif vers l'endroit indiqué.
- ET N'OUBLIEZ PAS SA CONVENTION DE STAGE.
Au moins, au fond du couloir, elle ne serait plus à portée de voix de Marie. C'était cela à prendre. Eileen finit de traverser le couloir et arriva enfin à son nouveau bureau. Le stagiaire, un jeune blond aux allures de Malefoy, avait déjà pris ses aises en déposant son sac sur son espace de travail. On aurait presque pu croire que c'était son bureau à lui, étant donné qu'il était bien mieux habillé qu'elle.
- Su-per... Ahemmmm... boulet du département.
Il l'entendit un instant trop tard et se retourna vers elle.
- Ah, heu, Miss Hilswood ?
- Ms Hilswood.
La plupart des gens qui travaillaient au Ministère étaient vieux jeux et mentionnaient dans son titre son statut marital. Sauf que ça ne servait à rien de corriger le stagiaire parce que de toute manière...
- Enfin... Eileen. Je préfère qu'on se tutoie.
Elle décida de ne pas relever sa remarque précédente, parce que la journée venait de commencer et elle n'avait pas l'énergie pour cela. A la place, elle se posa son sac au pied de son bureau. Ouvrit un tiroir, par curiosité. Ils avaient bien travaillé, parce qu'à l'intérieur se trouvaient des feuilles de papier, ainsi que ses stylos et ses crayons, qui étaient bien plus pratiques que le parchemin et l'encre que la plupart des sorciers utilisaient. Plus bas se trouvait son tourne-disque, qui lui permettait de travailler en musique lorsque le reste du Département allait dormir. Elle fit une moue appréciative. Tout avait été conservé et remis à sa disposition. Elle reporta son attention sur le jeune homme.
- On commence par quoi ? Café ? Visite ? Tu as des questions ?
Mesures quantitative du flux magiques: cas appliqué, sujet numéro 6
Message publié le 13/08/2025 à 23:28
Enfin on lui mettait quelque chose sous la dent. Jusque là, ça avait été "repose-toi et va donc t'occuper de ce stagiaire-là, puisque tu y tiens" (elle n'y tenait pas). Non, cette fois-ci c'était une vraie mission. On la gardait éloignée de la salle du Temps, bien sûr, mais elle allait tout de même pouvoir reprendre une de ses expériences. C'était au sujet de son précédent projet, "Mesures quantitative du flux magiques: De la théorie à l'observation empirique." Ca avait l'air barbant comme cela, mais cela avait passionné le Départment il fut un temps. McBrown avait eut besoin de mesures précises avant de se mettre à la conception de son régulateur. A l'époque, Eileen n'avait pas bien compris l'utilitée directe de ses avancées, mais à présent elle en voyait bien l'intérêt. Elle aurait passé des années à se vanter de sa contribution initiale au projet dantesque de McBrown, si elle avait su. Enfin, si elle avait pu.
Elle installa ses instruments dans son bureau. Elle les avait créé elle-même, alors ils laissant un peu à désirer niveau esthétique. D'abord, il y avait le triangulateur de flux magiques. C'était juste trois piquets en argent, gravée de runes presque lisibles. Puis il y avait un polarisateur, une boule d'argent parfaitement lisse au bout d'une baguette en orme. Et, enfin, un petit morceau applati de métal gobelin qui traînait, qui était en réalité la partie essentielle de cette installation. Quiconque n'étant pas suffisament regardant aurait pu croire qu'elle avait fait les poubelles du Département.
L'objectif de sa réunion d'aujourd'hui était simple: utiliser son invention pour déterminer si la personne qu'elle allait accueillir d'ici peu était un Cracmol ou un sorcier. Elle ne savait rien de plus et, comme l'aurait dit ses supérieurs, elle n'avait besoin de savoir rien de plus. En tant que Langue-de-Plomb, on s'habituait vite à ne pas suivre un ordre par une question. Ce qui était assez ironique, car tout le reste de son travail consistait à poser un milliard de questions, fouillant recoins de bibliothèques et d'esprits afin de mettre bout à bout des esquisses de réponses jusqu'à former une gnose expérimentale. Du coup, elle connaissait en détail l'utilisation de ses instruments mais ignorait sur qui elle allait les utiliser. Pourquoi le Ministère avait-il fait appelle à elle plutôt que de simplement regarder dans le registre de Poudlard ? Il y avait une liste d'explication possible, mais elle n'en apprendrait pas plus en se parlant à elle-même. Elle s'assit dans sa chaise, et attendit que les réponses arrivent enfin par la porte de son bureau.
Message publié le 12/08/2025 à 00:24
Le Départment lui avait donné deux semaines. Du coup, dès le mercredi, Eileen était revenue au travail. Elle tournait en rond, et nous trouvait rien qui stimulait son esprit suffisament pour arrêter de penser à sa situation. Alors, dans son petit appartement, elle se levait, attrapait un livre, décidait d'aller faire un tour, retirait ses chaussures et allait prendre une douche. Elle ne devait parler à personne de ce qu'il s'était passé. Elle ne pouvait parler à personne de ce qu'il s'était passé. Même si on la torturait ou on lui faisait boire du Véritaserum, elle ne parlerait jamais à personne de ce qu'il s'était passé. Il était plus simple de faire semblait. D'ailleurs, elle ne faisait pas semblant. Son transpla-boulot-dodo avait à peine été chamboulé. C'était tout le monde autour d'elle qui devrait faire semblant.
Après un repas prit sur le pouce - elle n'avait aucun apétit depuis quand elle ne faisait rien - Eileen décida qu'il était temps de reprendre là où elle en était. Elle avait encore du travail. Tout allait continuer à tourner. Tout le monde allait faire semblant.
Elle entra au Ministère par l'entrée des employés. A cette heure-là, quelques personnes sortaient pour leur pause de midi, mais personne ne la reconnu. Il fallait dire qu'elle ne passait guère de temps dans les apéros entre collègues... et aucun des nouveaux employés ne t'a encore recontré. Elle fit comme-ci de rien était, parce qu'il n'en était rien. Elle allait juste travailler. Comme d'habitude. L'ascenceur la mena droit au niveau neuf. La petite voix de l'annonce était la même qu'à l'accoutumée. Elle se dirigea vers son bureau. Les yeux de ses collègues Langue-de-Plomb la suivaient. Même ceux qui ne la connaissaient pas savait très bien qui elle était. Tout était parfaitement normal. Elle allait s'assoir sur sa chaise, ouvrir les tiroirs de son bureau, et reprendre là où elle en était. Tout allait parfaitement bien.
Quelqu'un était assis dans sa chaise. Quelqu'un utilisait son bureau. Son collègue, Whitecombe, la dévisagea.
- Ah. Hilswood. Euh... Je ne pensais pas que tu serais déjà de retour.
Déjà de retour ? Elle était à peine partie cinq jours.
- Je pensais reprendre ce que j'avais laisser sur place. Ah et j'aurais besoin de mon carnet de note surtout.
- C'est à dire que... C'est mon bureau maintenant. Depuis au moins deux ans. Tes affaires sont... euh... il faudrait voir avec McBrown.
- ...Oh.
"Oh", effectivement. Ils n'avaient pas gardé son bureau au chaud, à quoi s'attendait-elle ? Elle fit semblant de sourire à Whitecombe, et se dirigea vers les toilettes. Son visage brûlait sous l'émotion. Elle posa ses mains sur une des vasques de lavabo, et laissa échapper un sanglot honteux. Rien n'était comme avant.
Message publié le 06/08/2025 à 15:59
Après avoir passé la plus étrange nuit de sa vie, peuplée de rêves bizarres, suivie d'une période éveillée qui n'avait guère plus de sens, Eileen dû doucement se mettre à affronter la réalité. Le plus étrange c'était que, de son point de vue, rien n'avait changé. Dans le Chamin de Traverse, les boutiques et l'ambience générales étaient exactement les mêmes qu'avant. Enfin pas exactement, exactement, mais si personne ne lui avait dit qu'aujourd'hui elle était en 2125, elle se serait juste dit que les commerces avaient simplement changer leur déco pour les vacances d'été. Peut-être aurait-il était plus facile de s'ajuster si beaucoup de choses avaient changée. Si, dès qu'elle jetait un coup d'oeil autour d'elle, un élément venait toujours lui rappeler que 5 ans venaient de défiler en un clingnement d'oeil. Faire semblant que rien ne s'était passé était beaucoup trop facile.
Elle n'avait parlé à presque personne depuis l'évènement. Juste un court briefing avec ses supérieurs du Département des Mystères. Un briefing pour elle, pas pour eux. Ils savaient tous ce qui lui était arrivé à elle, bien que les détails s'étaient perdus dans ses gribouillis illisibles qui passaient pour des schémas explicatifs du prossessus de transposition du flux magique en flux temporel. Ils savaient que son expérience avait marché, ils en avaient eu la preuve observable pendant des années entières. Tout ce qu'ils voulaient, c'était qu'elle ne fasse pas de bêtise en revenant dans le monde extérieur. Evidemment, elle ne pouvait pas parler de ses expériences. Mais surtout, il fallait qu'elle soit au courant de quelques petites choses importantes sur ce qu'il s'était passé durant ses cinq années d'absence. Comme l'aboutissement de l'assimilation entre magie et technologie moldue, par exemple. Et puis, on avait indiqué à sa famille qu'elle était partie à l'étranger, et qu'elle ne pourrait être contactée. Mission top secrète. La vie top secrète que lui avait inventé le Ministère était bien plus excitante que la réalité.
Mais Eileen ne savait rien de ce qui était arrivée à sa famille, ni à ses amis. S'ils étaient morts, mariés, parents, toujours payés au lance-pierre par un boutique un peu louche. Pour elle, rien ne pouvait avoir changé. Elle les avaient vu quelques mois auparavant, tout au plus, et maintenant elle devait faire comme-ci elle les avaient perdu de vue depuis des années ? C'était simplement impensable. Pourtant, en fouillant dans la montagne de lettres qui l'attendait chez elles, elle du se rendre à l'évidence: pour la plupart de ses amis, elle avait été absente et, pire, malpolie. Elle avait décider de contacter Leslie en premier. Cela faisait un bout de temps qu'elles se connaissaient et, plus important, Leslie connaissait son emploi au Département des Mystères (bien qu'elle n'en connaissait évidemment pas les détails). Elle comprendrait, du moins l'espérait-elle.
Eileen arriva la première à leur lieu de rendez-vous. Elle commanda une Bièreaubeurre, la même qu'ils servaient depuis bien des années. Puis elle alla s'asseoir dans un coin, espérant que personne - mis à part Leslie - ne la reconnaitrait.
Les calculs sont pas bons, Eileen
Message publié le 05/08/2025 à 16:08
- Cette fois-ci, c'est la bonne.
Cela faisait 48h qu'Eileen travaillait - dans un état second induit par une consommation excessive de caféine - accroupie dans un recoin de la Salle du Temps. A intervalle régulier, sa paupière droite se mettait à trembler de manière incontrôlable. Elle le remarquait à peine, couvrant de pattes de mouches son carnet de travail. Si elle rédirigeait le flux magique vers cette petite bille de cristal, il lui faudrait environ 0.0002 fois.... non 0.00025 la puissance de la cloche de cristal pour créer un ralentissement suffisant pour qu'il dure 5 heures. Elle observa ses chiffres, qui semblaient avoir de plus en plus de sens à mesure qu'elle les regardait.
- Oui... C'est forcément ça...
Elle sortit sa baguette avec lenteur. En fermant les yeux, elle pouvait sentir les crépitements discret de la magie qui l'entourait. C'était doux et rassurant. Ou bien, c'était l'absence de discussion avec quelconque âme humaine depuis presque une semaine de travail intensif qui la rendait plus sensible. En tout cas, elle avait oublié le son de toutes les voix mis à part la sienne. Se concentra sur la formule, qu'elle prononça lentement, avec délibération.
- Aresto... Aresto... Aresto... Momentum.
Elle força le sortilège à toucher la bille et l'arrêta immédiatement. Il fallait en faire le moins possible, mais le mieux possible. Elle répéta ainsi l'opération plusieurs fois. D'ici peu, elle aurait emmagasinée dans cette bille un flux temporelle capable d'arrêter le temps pendant plusieurs heures.
- Cinq. Cinq. Cinq. Pas plus.
Elle se saisit de la bille. En son coeur voletait une brume grise, qui tournoyait doucement. C'était là l'accomplissement de mois et de mois de travail. Elle avait perdu plus que du sommeil sur ce projet, au point qu'elle était proche des larmes en voyant enfin la lumière au bout du tunnel. Une fois qu'elle aurait confirmer l'efficacité de sa bille temporelle, elle irait.... chez elle d'abord. Dormir. Puis prendre des vacances.... Ah mais elle devrait prévenir McBrown d'abord. Un bon petit rapport, avec un résumé et une trentaine de pages de calculs. Et puis il y avait son projet de transformation animale qui n'avançait pas. Sans parler du reste.... Non, n'en parlons pas. Les vacances allaient devoir attendre
Sûre de son coup, Eileen laissa tomber la bille sur le sol et l'écrasa du talon de sa botte. Puis tout devint flou.
******************
Ca n’avait pas marché. Non, l’horloge de la Salle du Temps marquait encore 5h du matin. Elle avait encore du se tromper sur la manière d’incorporer la magie à l’objet.
- Eh m*rde…
Elle se voyait déjà tout reprendre depuis zéro. Rien n'avait fonctionné… Eileen ne remarqua pas la chaise devant elle. Elle ne remarqua pas que l’étagère à sa droite avait été poussée contre le mur. Par contre, elle remarqua que son carnet de travail avait disparu. Elle se tapota les poches, vérifia s'il n’avait pas glissé quelque part. Elle hésita à rentrer chez elle sans lui, mais laisser son carnet de travail traîner ici aurait été une brèche de protocole impensable. Les autres n’étaient pas sensés savoir sur quoi elle travaillait. Elle se mit à faire de plus en plus de bruit, fouillant tous les recoins de la pièce. Puis elle s’assit, se tenant le visage dans les mains. C’était une terrible soirée. Elle avait raté son expérience et ces notes étaient perdues. Son cerveau embrumé ne voyait aucune issue.
La porte s’ouvrit. Une femme, qu’elle ne connaissait pas, la regardait avec des yeux ronds.
- Ms Hilswood ?
- Désolée, je ne retrouve plus mes notes, j’ai juste besoin d’un peu plus de temps pour…
- Vous… Vous vous sentez bien ?
Avait-elle donc l’air si fatiguée que cela ? Elle haussa les épaules, philosophe.
- J’ai juste besoin d’un peu de repos. J'arriverais bien au bout de cette expérience à un moment.
La femme se tordit les mains. Sur son visage se lisait une expression qu’Eileen n’avait presque jamais vu. Un mélange de 100% de surprise, 100% d’inquiétude, et 200% d’incompréhension.
- Votre invention a fonctionnée mais... vous vous étiez trompée dans vos calculs
Eileen ne bougea pas, un sourire perdu flottant sur son visage.
- Cela fait 5 ans, Ms ! Vous êtes restée ici 5 ans !
Et le dernier nerf caféiné qui tenait Eileen debout lâcha.