Harry Potter RPG

Liste des messages de Freya Carter

Freya Carter

Femme

25 ans

Sang-mêlé

Britannique

Burned out

Message publié le 09/09/2025 à 09:12

— Oh, tu crois déjà ? demande-t-elle en arrondissant les lèvres, car les deux premières pintes de bières sont passées vite, et qu'elle ne pensait pas être aussi soûle, aussi rapidement. Combien de Guinness boivent les gens qui fêtent, habituellement ? Elle n'en sait rien. Elle se laisse guider vers un siège et s'affale une seconde dedans. Ouais ça va ! répond-elle en souriant au brun. Sauf qu'assise, la tête lui tourne désagréablement. Freya se concentre sur Elliot, et décèle l'inquiétude au fond de son regard noir et scrutateur. Elle fronce les sourcils en mimétisme à son air soucieux. Toi ç'a pas l'air d'aller, si ? Ses doigts continuent d'aller remonter l'une, puis l'autre de ses manches de t-shirt, mécaniquement. Elle a envie de se remettre debout. À ton avis c'qui ? Attends. Attends, j'te fais deviner.

 

La rouquine se redresse, et grimpe sur la chaise en gonflant le torse. Miraculeusement, elle tient en équilibre, les mains contre les hanches. "T'as l'air à cran ma fille", déclare-t-elle d'une grosse voix, l'accent écossais prononcé. Nan tu crois ? se rétorque-t-elle à elle-même après avoir bondi au sol. Elle racle sa gorge, tire son t-shirt derrière son dos pour le cintrer, et rajuste ses cheveux. "Prends un peu d'temps pour toi Frey', nous on va gérer !" articule-t-elle en serrant la bouche comme le ferait Fenella. Puis d'un ton terriblement monotone et calme, elle termine par une caricature de Jun, les index et les pouces collés . "Mais oui chérie, à trois on arrivera bien à faire le travail d'une seule personne" et blablabla, et blablabla, termine-t-elle en donnant à ses mains des formes de becs bavards.

 

— BREF. Elle envoie ses mèches en arrière et se rassoie face au Gallois. Du coup, j'suis venue là, parce que sinon j'sais pas où aller. ET le gars du bar m'a dit qu'il était obligé de rester discret sur ses clients, elle cherche le comptoir des yeux, puis replonge soudain dans les yeux d'Elliot. T'aurais voulu que j't'invite ? Elle le dévisage étrangement avant de hausser les épaules. D'façon t'es là maint'nant. Ses phalanges attrapent la choppe de virginaubeurre, qu'elle porte à ses lèvres en remarquant à peine le changement de goût. Au contraire, le côté plus sucré et sans alcool lui fait du bien, et elle en avale deux grandes gorgées, après quoi elle heurte l'autre choppe. Bon, tu bois avec moi ou tu m'laisses boire toute seule alors ? Freya se relève à la fin de la question, incapable de rester en place. J'veux pas rester assise moi. Pourquoi on est assis ? 


Burned out

Message publié le 04/09/2025 à 19:56

Plantée dans son éternel cargo kaki et une paire de rangers abîmées, la Poufsouffle dévisage Elliot, dont elle avait visiblement oublié l'existence. Bah tiens. Sa main claque mollement contre sa cuisse tandis qu'elle essaye de comprendre sa propre décision de venir à Cardiff, la veille au matin. Une plaque rouge sur chaque joue pour les deux pintes de Guinness déjà bues, elle remonte la manche de son t-shirt noir, difforme, logoté d'une prune dirigeable et du nom d'un engrais magique garanti 100% fientes de veaudelune. Quoi ? Elle a toujours détesté avoir les manches tombantes. Toi aussi on t'a forcé à prendre du bon temps ? demande-t-elle en désignant la choppe qu'il tient entre les mains, avant de regarder autour d'eux, comme si elle s'attendait à voir débarquer les autres membres de l'équipe, ou quelques potes, ou même une fille.

 

Mais personne n'arrive, et la cible rappelle Freya à l'ordre. Bon chérie, j't'attends, tu la jettes cette fléchette ? Elle peine à décoller ses prunelles brillantes du batteur et balaye l'air en arrière à la recherche d'une fléchette. Sans dec', ils veulent que j'me détende, c'te blague, ajoute l'aînée Carter un brin amère, un brin au bout du rouleau. Fallait s'y attendre. Elle étire la moitié d'un sourire, du côté où sa bouche n'est pas encore anesthésiée par le litre de bière qui flotte dans son ventre, et rigole vaguement à la réaction du brun, puis se tourne en direction de la cible en bois. Quand j'vais rentrer, Alison aura un bodycount plus élevé qu'celui de l'équipe d'Écosse réunie et Charlie r'commencera à pisser au lit. Trois fois, elle rabat sa mèche rousse en arrière, et trois fois, la mèche retombe sur son front. 

 

— Enfin bref, dit-elle en tirant la fléchette ensorcelée au bord du cercle - peut mieux faire ! Ils vont gérer, nan ? Il a qu'ça à faire maintenant, gérer. Moi j'décompresse, hein ? La sorcière soulève sa troisième pinte et s'approche du joueur ébaubi pour trinquer avec lui. Son regard noisette oscille entre l'intensité et le vide. Elle se retient d'une paume contre son torse et engloutit plusieurs gorgées d'alcool. Puis elle recule, et s'essuie d'un revers de bras, à la limite de lâcher un rot. Heureusement qu't'es là finalement, j'aurai pas l'air d'une pauv' conne qui boit toute seule comme ça.


Burned out

Message publié le 04/09/2025 à 09:02

Et paf… raté, mais au moins ça défoule. Toujours 12 ma belle, avise la cible en bois magique de l'Alambro après que la dernière fléchette de Freya ne se soit brisée en mille morceaux au sol, transformée en sucre en plein vol par les enchantements aléatoires du jeu. Allez envoie-moi un vrai cognard cette fois, en plein dans le mille ! surenchérit-elle tandis que l'aînée s'arme d'une autre fléchette en soufflant sur l'une de ses grosses mèches rousses, qui s'envole vaguement et retombe devant ses yeux. Oh m'parle pas d'quidditch, rétorque la sorcière en rabattant ses cheveux d'un geste las. Elle vise, lance, et regarde la fléchette se planter sous la cible, avant de sautiller jusqu'à son centre. Elle est pour moi celle-là beauté, 72 points. Freya frotte son visage fatigué et boit une gorgée de bière noire aux fruits-rouges. Le pub est vide, les têtes connues du Monde Sorcier ont autre chose à foutre de mieux à cette heure. D'ailleurs, elle ne sait même pas quelle heure il est.

 

Sur un coin du comptoir, un exemplaire de la Gazette du Sorcier en date du début de semaine dernière annonce le retour d'Owen Carter et raconte brièvement son irruption au centre des Catapultes de Caerphilly, puis l'interview qu'il a accordée au journal pour officialiser la mort de sa femme, mais aussi son souhait de reprendre progressivement ses activités liées au sport volant, au coaching, et au développement de la marque OCQ.

 

L'Écossaise continue sa partie de fléchettes et la conversation sans queue ni tête qu'elles partagent, elle et la cible. 


Mais où est Charli ?

Message publié le 29/08/2025 à 12:51

"T'es aussi discret qu'un cognard dans un dortoir !" avait-elle rétorqué lorsqu'Elliot s'était étonné qu'elle se tourne avant qu'il ne puisse voler son chapeau pointu en plein banquet. Alors un soir après les cours, il avait foutu un cognard dans le dortoir de Serpentard sans se faire remarquer, pour prouver qu'elle avait tord, qu'il faisait moins de bruit que le bordel provoqué par le cognard lui-même. C'était leur rentrée de troisième année, la meilleure si vous demandez l'avis de Freya. Au milieu du hall après l'évacuation générale des élèves, elle avait remarqué la fierté du brun et ses trois potes et s'était fendue d'un rire incompréhensible pour les autres Poufsouffle autour d'elle. "Bon ok, t'es peut-être un peu plus discret qu'un cognard dans un dortoir" avait-elle dû admettre face au Gryffondor venu chercher le fin mot de l'histoire. Grisée par le souvenir vieux de onze ans, Freya étire un sourire con et hausse les épaules quand Elliot lâche son "putain d'balance". Ils peuvent bien essayer de s'éloigner, ils auront toujours un bout de chemin en commun. 

 

Au cœur du laboratoire, la spécialiste en balai observe curieusement le comportement de Charli. Tu le stresses, dit-elle à l'intention d'Elliot, ayant vu elle aussi la panique surprenante du 1er année. Elle balaye la salle d'un regard scrutateur. Cerisier ? Nan j'ai pas de cerisier là, désolée Charli. Mais le poirier est parfait pour les débutants, il est super docile tu verras. Essaye-le tu crains rien. L'aînée Carter adoucit sa voix comme elle le ferait avec Charlie. D'ailleurs, la Serdaigle s'empare d'un modèle non loin, beaucoup trop heureuse de pouvoir voler devant le batteur des Catapultes de Caerphilly.

 

— J'te montre ! déclare-t-elle, à peine le pied à l'étrier qu'elle frappe le sol pour s'élever. Attentive aux deux enfants, Freya sort sa baguette. Tranquille en haut avec les lanternes hein. 

 

La troisième année rejoint rapidement les voûtes de pierre. Viens Charli !

Mais Charli Blackburn ne bouge toujours pas.

 

Freya s'approche de lui et pose ses fesses sur un tabouret pour se mettre à sa hauteur. Hey, quand j'ai rencontré ton frère en première année, il était jamais monté sur un balai aussi. Tout le monde commence quelque part. Ton frère il était nul hein. La dernière phrase est teintée de plaisanterie, juste dans l'idée de dédramatiser. Elle jette un coup d’œil à son ancien camarade de classe, se rappelant brièvement les mines qu'elle lui mettait lorsqu'ils avaient onze ans.  


Mais où est Charli ?

Message publié le 24/08/2025 à 22:15

Ça pourrait faire trois mois comme deux ans qu'Owen a enfourché son balai de voyage et n'est jamais revenu à Pré-Au-Lard. Le temps est passé de manière décousue, entre les impératifs de l'OCQ500, le planning de la boutique, et les filles à gérer. L'aînée des Carter a rentré la tête dans les épaules, foncé, et n'a pas tellement regardé autour d'elle pendant toute cette année. Face à la grimace dubitative d'Elliot, elle avale une gorgée de whisky. Les gens vont causer, car bien sûr que les gens vont causer. La présence de Charlie l'empêche de parler à coeur ouvert. Elle acquiesce, et fait tourner l'alcool au fond de son verre. Soulagée, oui. En attente de réponses, aussi. La question principale serait "pourquoi ?". Pourquoi un an ? Pourquoi sans avoir donné de nouvelles ? Freya croise l'air sincèrement concerné du batteur, et étire un bref sourire. 

 

Qu'est-ce qu'il fout là déjà ? 

C'est lunaire. 

 

Le raclement de gorge retient la rouquine de trop cogiter sur ce qu'elle ressent à cet instant. D'un claquement de doigt elle ramène la bouteille dans sa main, et répond au jeune Gryffondor. Les ventes du nouveau balai. L'OCQ500. T'en a entendu parler j'espère Charli ? Elle lui jette un œil, ainsi qu'à sa soeur. Ça fait longtemps qu'elle sait que Charlie peut écouter une conversation en étant occupée à autre chose, mais la Serdaigle ne moufte pas, et tourne la page pour dévoiler sa prochaine tactique au benjamin Blackburn. 

 

— Le moineau frondeur. Le poursuiveur lance le souaffle en direction du terrain, tellement bas que les adversaires hésitent à descendre, mais son coéquipier plonge et récupère la balle au ras du sol. Risqué. S'il pleut c'est encore plus impressionnant. Ici, le croquis animé montre un sorcier qui pique en direction de l'herbe boueuse sous le regard surpris de l'équipe opposée. Entre temps, Freya s'est redressée pour servir elle-même le verre d'Elliot. Elle attend que la conversation reprenne du côté de la table, et s'appuie contre le mobilier de cuisine à son tour, en baissant la voix. J'en ai une qu'est soulagée. J'ai l'autre qui veut le renvoyer d'où il vient. Moi j'ai surtout des questions. J'espère qu'il aura avancé un peu au moins. Parce qu'il est trop souvent parti en revenant bredouille les fois d'avant. 

 

La Poufsouffle récupère son propre verre dans lequel deux bons centimètres d'alcool ambré lui renvoient son reflet. Son épaule à distance raisonnable de celle du Gallois, elle inspire, et souffle. J'ai hâte que ça s'finisse.

 

Devant eux, MicMac grimpe sur le bras de Charlie qui dégage aussitôt ses cheveux, et la laisse se nicher contre son cou. Celle-ci est inspirée de ton frère, commente l'adolescente en pointant le dessin d'un joueur tournoyant sur lui-même. Le batteur fait diversion en imitant une girouette folle, et les poursuiveurs peuvent se faire un passe discrète. Freya pince ses lèvres pour retenir un sourire, qu'elle noie en buvant la moitié de ce qu'il lui reste de Whisky. 

 

— Charli, il reste du gâteau si t'as encore faim, sers-toi, annonce-t-elle ensuite à l'intention du 1ère année, tandis que trois belles tranche de cake aux fruits confits trônent au centre de la table. Tu veux toujours rien d'autre ? demande-t-elle alors à Elliot avant de se rappeler qu'il est monté à cause d'un grincement de volet dans la rue, et qu'il repartira dès que possible, remettra Charli à l'école, et ne reviendra plus tant qu'il n'y sera pas obligé. Si t'as quoique ce soit avec ton frère, tu peux me demander tu sais hein, j'suis juste à côté, si jamais. Le ton de sa voix est sincère, emprunt d'un naturel dévoué. 


Mais où est Charli ?

Message publié le 22/08/2025 à 14:00

Ce masque d'Elliot, Freya commence à bien le connaître. C'est l'attitude qu'il arbore les quelques fois où ils sont obligés de se croiser ; chez les Catapultes, devant la presse magique, pour signer des documents. La distance est devenue familière, et aussi les regards évités. La rouquine serre les dents en comprenant que ce soir n'y changera rien. Elle préférait quand il était heureux qu'ils se voient. Quand elle sentait leur complicité se rallumer dès les premières secondes. À son tour, elle ignore le froid entre eux, et se concentre sur Charli.

 

L'enfant suspendu aux paroles de son grand frère bouillonne d'excitation, d'indignation, d'un mélange d'émotions qui le font ressembler à... un gnome de jardin. Freya jette un œil à Charlie. La Serdaigle soupire en niant de la tête face aux accusations du jeune Gryffondor. Mais très vite, le geste d'Elliot surprend les deux sœurs alors tournées vers la scène d'engueulade des Blackburn.

 

Freya retient Charli qui recule sans le vouloir vers un portant à robes de quidditch. Doucement. Le changement d'avis du benjamin l'interpelle. Elle fixe la silhouette nerveuse d'Elliot, et s'apprête à parler quand une sonnerie stridente les interrompt. Il lui faut quelques secondes pour réaliser qu'il s'agit d'un téléphone. Charlie tend le cou, intriguée par l'objet. Elle observe le batteur en pleine conversation tandis que la Poufsouffle se penche à hauteur de l'élève aux joues rouges. Charli ? Moi j'suis d'accord avec toi, c'est pas d'ta faute, ok ? J'aurais dû vérifier la malle. Je le ferai à partir de maintenant. Elle retient sa main d'aller dégager les mèches brunes du garçon en arrière, et se contente de caresser affectueusement son épaule. 

 

— Si tu veux rester ici ce soir, t'es le bienvenu, j'peux réchauffer ton assiette. Les posters aux alentours qui avaient été troublés par la sonnerie du téléphone reprennent leur activité. Derrière Freya, Charlie s'est rapprochée, décidée à enterrer la hache de guerre. J'pourrai te montrer mon cahier d'inventions de tactiques de quidditch si tu veux, propose-t-elle, un léger sourire aux lèvres. Au-dessus d'eux, plusieurs balais miniatures dessinent des lacets. L'aînée se redresse et rejoint Elliot qui termine son appel. C'est toi son responsable ? demande-t-elle, un mélange d'appréhension et d'empathie dans le regard. 

 

Appréhension, car ils n'ont pas tellement l'air de s'apprécier tous les deux.

Empathie, car Freya connaît bien la situation.

 

Les secondes suivantes paraissent longues. Elle sait qu'elle devrait se taire. Elle inspire. Elle ravale ses mots, étouffe le hurlement de son coeur. Mais c'est plus fort qu'elle. Tu veux monter le temps qu'il mange ? T'as mangé au moins ? s'entend dire la sorcière. Elle regrette aussitôt, l'écho des paroles du brun encore en tête. "Arrête de faire ça. Juste arrête. C'est chiant." -déso, se reprend-elle alors. 

 

— Tu peux partir, j'les accompagnerai demain à l'école. 


Mais où est Charli ?

Message publié le 22/08/2025 à 10:09

Ça fait plus de 4 mois qu'Elliot et Freya prétendent douloureusement qu'ils se connaissent à peine, que leur relation est strictement professionnelle, uniquement tenue par un contrat. L'Écossaise possède une triste faculté à verrouiller son coeur, se plonger entièrement dans le travail et sa vie de famille sans penser au reste, et mettre de côté son propre bien-être. C'est facile lorsque vous avez de quoi vous occuper.

 

Elle et Jun forment maintenant un couple ennuyeux mais stable. Il lui offre des fleurs, elle remplace l'ancien bouquet défraîchi par le nouveau. Il l'embrasse peu ; elle n'a jamais été très tactile paraît-il. Ils discutent beaucoup des balais ensemble, et sont complémentaires au laboratoire, alors ça suffit, non ? Freya ne ressent rien pour le Japonais. De la gratitude, au maximum. Tu voulais la sécurité, tu l'as, se blâme-t-elle intérieurement quand la voix d'Elliot martèle qu'elle ne pas sait ce qu'elle veut.

 

Enfin si. Si. " Tu veux pas avoir mal. "

 

Pourtant elle a mal, là, en regardant le visage de Charli devenir celui d'Elliot. Elle a mal de l'entendre dire qu'elle doit arrêter, que c'est chiant. Elle a mal au bide lorsqu'elle se retrouve seule le soir, sans son père, sans ses sœurs, sans distraction à sa douleur.

 

Elle préférait être la folle, fan d'un ancien petit-ami, que d'être perdue, les t-shirts du batteur en boule au fond de son armoire, à éviter mille fois par jour le regard des posters, à prendre toutes ses dispositions pour ne pas le croiser en allant au centre. Elle aurait préféré d'autres articles dans la presse que ceux évoquant l'histoire entre le synthétiste et la première fille d'Owen Carter.

 

Heureusement MicMac revient en voltigeant et en piaillant, et bientôt MacDuff pousse le cri qui annonce un visiteur. C'est Horace, prévient Freya à l'intention des deux gosses. Elle se lève, balaye la mélancolie de son visage, et dévale l'escalier jusqu'à la porte d'entrée du magasin, derrière laquelle attend.. Elliot Blackburn. Passé l'effet de surprise et le sursaut de son coeur, la Poufsouffle ouvre. Son salut se fait recouvrir par l'appel du Gryffondor. Elle recule pour laisser la place devant le seuil. 

 

— Entre, tu vas t'faire repérer. J'sais pas s'il t'entend, il- mais des bruits de pas frappent l'escalier, et Freya devine que Charli va débouler d'une seconde à l'autre. On croyait que c'était Horace, il voulait pas s'faire engueuler, ajoute-t-elle en jetant un coup d’œil vers la fente du rideau séparant la boutique et l'arrière-boutique. Et comme l'expression d'Elliot reste sévère, et que l'aînée Carter s'est engagée auprès du petit Charli, elle répète, tandis que ce dernier arrive. C'est pas d'sa faute, c'est moi. 

 

Immédiatement après, une quatrième personne arrive dans la pièce. Salut Elliot. La Serdaigle s'arrête au comptoir, observant curieusement la scène avec distance. Elle s'assoit sur le tabouret haut qui sert aux pauses du personnel en caisse, et tourne de gauche à droite, lentement. Elle a perdu la vivacité de leur rencontre en octobre.

 

Terre à terre, maternelle avant l'heure, Freya passe une main affectueuse dans la longue tignasse désordonnée du jeune Gryffondor. Il a rien mangé par contre. Il a pas touché son assiette.


Mais où est Charli ?

Message publié le 21/08/2025 à 09:39

Plusieurs fois par semestre en fonction des saisons, Freya se rend à Poudlard où l'attend une flotte d'OCQ400 maltraités lors de l'entraînement des étudiants. Malgré plus d'une dizaine d'années d'existence, le dernier modèle reste une référence dans son domaine, et conjugue facilement sécurité, performance, stabilité et maniabilité. Créé en 2113 sous la direction d'Owen Carter, l'engin répond simplement aux attentes d'un père vis-à-vis de sa fille passionnée de vol. C'est d'ailleurs à cette même époque que l'ancien capitaine de quidditch a équipé l'école gracieusement avec des OCQ400 flambants neufs, gage de remerciement à l'ancienne direction pour lui avoir permis de pratiquer son sport entre les mailles d'un planning scolaire disloqué, et aussi en support à la découverte de nouveaux talents.

 

Parmi les opérations d'entretien des balais, l'aînée Carter s'occupe d'égaliser et regarnir les queues de brindilles effilochées, de colmater les craquelures grâce à une pâte résineuse et un sortilège de consolidation, de resserrer les diverses fixations de ferronnerie, de réajuster les trajectoires défectueuses ou problèmes d'altitude, et encore bien d'autres étapes souvent négligées par les collectivités, petits clubs, et même certains clubs moyens, dont elle taira le nom.

 

Rodée à l'exercice, il suffit en général d'une heure et demi ou deux heures pour venir à bout de la corvée, sauf lorsqu'elle s'autorise un détour nostalgique à Poudlard. Ici, sur le terrain, dans le parc, autour des gradins, chaque odeur et chaque élément du paysage lui évoque un souvenir lointain.

 

Elle se rappelle les matchs passés à brandir une écharpe, tantôt jaune et noire, tantôt rouge et dorée, les mains engourdies de ferveur, la gorge enrouée d'avoir trop chanté, en attendant son tour d'avoir l'âge de pouvoir rejoindre l'équipe. Elle se rappelle le crépuscule, les moments interdits à se faire la course pour frôler les sensations d'un match. Elle se rappelle d'être venue encourager Elliot lors des sélections, alors qu'elle-même n'aurait plus eu le temps de participer au moindre entraînement. Elle se rappelle l'avoir longuement admiré, suivant chacun de ses mouvements, le coeur battant.

 

Aujourd'hui Freya évite les appels de sa mémoire. Elle retourne à sa grosse malle magique dès le travail terminé, et la referme d'un claquement sonore, pressée de rentré à Pré-Au-Lard où l'espoir de revoir Owen Carter occupe une grande partie de ses pensées. Son bagage en lévitation devant elle, la rouquine quitte le chateau et prend le sentier en direction du village quand soudain, la voix familière de Charlie retentit. Frey', attends moi !

 

— Salut toi. Comment ça va ?

— Y'a des nouvelles de Papa ?

— Pas de nouvelles de Papa ma Friselune

— Oh... 

 

Les deux sœurs terminent la route ensemble. La malle est abandonnée dans l'arrière-boutique, près de l'établi en bois. Elle n'est plus scellée car Freya y a plongé un bras afin de récupérer une huile dont elle avait besoin avec un client de dernière minute. Fenella et Charlie l'aident à nettoyer puis ranger la boutique, et Fenella s'en va. Comme chaque soir après la fermeture du magasin, la Poufsouffle active les runes et charmes de protection qui se déclencheront pour prévenir d'une intrusion, avant de monter à l'étage. Elle et la Serdaigle ne tarderont plus à s'attabler, enfin.

 

L'horloge indique bientôt 19h. 

 

Au moment où du bruit retentit à l'étage inférieur alors qu'elles sont en plein repas, Freya se tourne vers leur petite chouette aux yeux grands ouverts, à l'air effrayé, puis vers Charlie qui tend l'oreille aussi.

 

— T'as entendu du bruit en bas ?

— Tu crois que c'est Papa ?

— Tu crois qu'on a une goule ?

— Les alarmes ont pas sonné.

 

L'aînée prend son courage à deux mains et descend prudemment l'escalier, suivi par la benjamine, quelques marches derrière elle. Papa ?- shhht, interrompt Freya en arrivant sur le seuil de la vieille porte tordue, qu'elle ouvre lentement, avant d'allumer les lanternes de la pièce à l'aide d'un sortilège de manumagie. Oh non, c'est pas une goule, c'est un gnome de jardin.

 

— Quoi ? Qu'est-ce. C'est Charli Blackburn, le frère d'Elliot, continue la Serdaigle en mâchant le bout de pain qu'elle avait coincé dans sa joue. Qu'est-ce que tu fais là ?


De plumes et d'encre

Message publié le 20/08/2025 à 09:32

Cette conversation ressemble à un cauchemar. L'agacement d'Elliot résonne dans la station désaffectée et ramène Freya au démon des filles Carter ; la peur de l'abandon. Elle aurait préféré qu'il soit plus compréhensif, plus patient, qu'il lise sa détresse à travers son comportement désarticulé, qu'il ne renvoie pas à coup de batte la faute sur elle, car elle le sait bien, qu'elle est fautive. Qu'elle a merdé. Grave merdé.

 

Immobile face à son ancien petit-ami, elle encaisse difficilement. Elle enfonce les émotions loin derrière son estomac, contient son envie idiote de chialer comme une gosse de quinze ans, puisqu'ils n'ont plus quinze ans, il parait

 

Ils vont garder une relation pro.

N'était-ce pas ce qu'elle comptait faire au départ ? 

 

Pourquoi son coeur se déchire alors ? Tu m'rappelles pas mes pires souvenirs, refuse d'entendre Freya. Ou peut-être, les pires et les meilleurs réunis. Elle détourne les yeux, incapable d'affronter la suite de leur discussion. C'est quoi maintenant ? La fin définitive ? L'Adieu d'une deuxième chance ? Le silence effroyable entre eux parle, et l'écho des mots d'Elliot lui martèle la tête. "Arrête de faire ça. Juste arrête. C'est chiant." Elle veut disparaître. Il est loin de réaliser à quel point l'Écossaise regrette les derniers mois. À quel point elle se retient depuis leurs retrouvailles, effrayée de tout gâcher. 

 

 

— Mais, d'accord, se contente d'articuler la rouquine sans réussir à développer tellement elle a peur de pleurer devant le Gryffondor. Ses lèvres se serrent. C'est un échec. Elle n'est pas aussi combative qu'il le pense, pas dans tous les domaines, visiblement, ou pas à cet instant.

 

Elle aimerait retourner sur l'OCQ500 avec lui, au-dessus des Highlands, laisser son dos s'enfoncer contre son torse et ses bras l'envelopper tendrement. Elle aimerait revenir au câlin, à la question du verre. Elle a envie de l'embrasser et lui dire qu'il a le droit de lui faire un peu mal, pour beaucoup de bien. Qu'ils prendront le risque. Mais elle reste muette, Freya

 

Elle recule. On reste pro alors. De le prononcer, le couteau s'enfonce dans la plaie. 

 

Une grimace douloureuse traverse le visage de l'aînée Carter qui préfère se tourner. Elle a quinze ans. Elle a quinze ans et elle se barre, sans dire au-revoir, sans donner d'autres explications. Le bruit des chaussures résonne en même temps que le sang à ses tempes. Le couloir semble interminable. Le reste de sa vie sans l'espoir de retourner un jour dans les bras d'Elliot semble déjà interminable aussi. Elle se bouche les oreilles pour ne pas entendre l'écho de sa frustration, là-bas, au milieu de la carcasse métallique. Elle accélère. Elle fuit.


De plumes et d'encre

Message publié le 19/08/2025 à 09:19

— Jun est cool, j'ai rien à lui reprocher, défend l'aînée Carter aux joues plaquées de rouge et au coeur battant. Elle sent le vent qui s'engouffre par la porte que vient d'enfoncer Elliot. Comme l'autre jour à l'atelier, elle se sent terriblement vulnérable, loin de l'image qu'il a d'elle, d'une meuf qui gère. Elle gère rien. La preuve, d'ailleurs, qu'elle gère rien.

 

Leurs regards se harponnent, se jaugent, se fuient, se cherchent, reviennent, et la sorcière entrouvre ses lèvres, les referme. Elliot Blackburn lui a effectivement proposé d'aller boire un verre ensemble, et elle a refusé. Pas directement, certes, mais elle a refusé. J'sais, confie-t-elle, incapable de cacher à quel point la conversation noue ses tripes. C'est la dixième fois déjà que Freya remet ses grosses mèches rousse en arrière, et la onzième qu'elles retombent ici et là autour de son visage. J'sais qu'ça peut être dur à suivre, moi-même j'me suis pas. Son rire nerveux résonne brièvement au centre de la carcasse de métal et de pierre. L'OCQ500 dessine des lacets au-dessus des rails, impatient de retourner voler avec son maître. Le problème c'est que j'pensais avoir grandi, avoir mûri, être assez solide pour tout assumer, ...mais dans tes bras à Noël, j'ai eu l'impression de retourner en 5ème année et- c'pas d'ta faute, y'a eu le quiproquo, y'a eu ma mère, y'a eu plein de trucs pour lesquels j'peux pas t'en vouloir, mais, ça m'a fait trop mal la 5ème année Elliot, prononce l'Écossaise, la gorge serrée. Elle était pourtant persuadée d'avoir pris du recul. 

 

— Tu dis qu'j'ai le droit d'être casse-couilles, mais là en fait, j'y arrive pas, j'ai peur que ça gâche tout. J'ai l'impression que j'ai déjà tout gâché. Une pression monstre aux tempes, elle frotte ses yeux rougis et rabat encore ses cheveux vers l'arrière en soufflant. J'aurais aimé être à nouveau naïve tu vois, pas flipper de dire ou faire un truc qui va pas et qu'tu disparaisses. Au bar à Cardiff, ça allait, j'ai cru qu'on allait être potes, c'est mieux que rien. 

 

Un silence s'étire face à l'évidence. Mais en fait, on peut pas être potes, ça se voit, ça se sent. Fin, j'sais pas c'que toi t'en penses, mais moi j'peux pas être pote, j'ai envie de. Elle se coupe. Elle en a trop dit. Il va la prendre pour une folle cette fois. Ses prunelles suivent les lacets du balai le temps qu'elle reprenne ses esprits. 


De plumes et d'encre

Message publié le 18/08/2025 à 17:21

Lorsqu'il recule, Freya enfonce les mains dans les poches de sa veste pour s'empêcher d'encore le toucher. C'est normal qu'Elliot soit distant, mais ça suffit à lui envoyer une décharge douloureuse au coeur qui froisse un instant ses sourcils. Elle a fait une connerie. Elle le voit au regard fuyant du brun. Moi-même j'voulais pas la faire cette conférence, j'savais très bien c'qu'ils demanderaient, souffle la sorcière avec honnêteté. Sauf que le monde du sport étant le monde du sport, un balai issu de la lignée OCQ doit avoir un lancement digne de ce nom, et elle a eu beau repousser en espérant voir Owen revenir, il a fallu se lancer sans lui. Au-dessus d'eux, une ambulance passe, sirène hurlante, et attire l’œil ignorant de la sorcière. Elle fréquente très peu le côté moldu du monde, souvent enfermée entre les 4 murs de la boutique, ou en pleine nature.

 

Cool, répète Freya à demi-mot quand Elliot donne sa bénédiction au couple qu'elle forme avec Jun, après avoir parlé d'excuses publiques. L'amertume remonte jusqu'à sa gorge et déforme brièvement ses lèvres. Cool, cool, cool, murmure-t-elle encore dans son dos tandis qu'il s'éloigne le long du quai. Sa chaussure heurte un morceau de carrelage rouge qu'elle envoie sur les rails et qui résonne longuement. C'est p't'être moi qu'ai tout niqué au final, se renfrogne la rousse, poitrine tambourinante. Mais c'était mieux comme ça, C'EST mieux comme ça, n'est-ce pas ? D'un geste nerveux, elle rabat ses cheveux en arrière, ignorant le klaxon des Black Cabs qu'elle n'a jamais eu l'occasion d'emprunter. J'aurais bien aimé qu'ça s'passe autrement, j't'assure. 

 

La voix serrée de l'Écossaise trahit son mouvement. Elle marche vers le balai qu'elle ramasse, pour le remettre en lévitation. J'ai essayé de- 'fin. Un soupir coupe sa phrase. L'OCQ500 d'Elliot flotte, visiblement irritable à son tour. Freya l'observe, incapable de poser les yeux sur le Gallois. J'crois que tout est pas aussi facile à réparer qu'un mug, conclue-t-elle tristement. Que leur relation ne l'est pas. Ses mains retournent dans ses poches, l'image de la station désaffectée et de cette conversation désormais en tête, qu'elle aura tout le temps de retourner dans tous les sens. 

 

— Merci d'avoir pris la parole avec les journalistes. J'sais qu'tu l'as fait pour me défendre, ajoute enfin l'aînée Carter en cherchant la silhouette d'Elliot. Il a souvent été là pour la défendre en vérité, sauf quand elle se défendait d'abord. Bon, j'vais dire à Jarvis que tu r'viens.


De plumes et d'encre

Message publié le 18/08/2025 à 12:24

Elle écarquille les yeux face à l'intervention du Gryffondor. Tous se taisent, et Freya sent son coeur cogner en rythme avec le discours qui aurait pu suffire à détourner l'attention- qui aurait suffire à détourner l'attention. Car voilà, une seconde plus tard, l'auditoire s'indigne devant la colère soudaine d'Elliot. Ils l'ont poussé à bout, une fois encore. Là où l'aînée Carter avait baissé la tête, résiliente, le batteur avait gonflé le torse, combatif. Prise d'une montée d'adrénaline, elle s'est levée pour le retenir - Elliot arrête ! Mais June a préféré laisser faire les gros bras de la Chambre Morgane et empêcher l'Écossaise de se mêler à ça. Dans un chaos sans nom, les anciens amants de Poudlard ont été séparés, attirés vers les coulisses chacun d'un côté, le public sorti, et les OCQ500 mis à l'abri.

 

— Miss Carter, Sir Saito, ça va ? demande la régisseuse aux sourcils arqués par l'inquiétude. Malgré sa prévenance et la gentillesse du Japonais, Freya ne trouve pas le calme. Vous avez vu Elliot ? - il est bien entouré, ils l'ont ramené en loge. Oui en effet, il est avec son agent. Rien n'y fait, elle connaît assez le parallèle entre les parcours médiatiques d'Elliot et de son père. Elle l'a vu vriller, elle est incapable d'ignorer ça, tout comme elle a croisé son regard harponné à sa main couverte de celle du synthétiste. J'dois le voir. Tu devr - j'dois l'voir, Jun, répète fermement la sorcière sous pression. Dans ces cas là, il capitule, car Freya peu parfois être bornée. 

 

La voici en quête de l'égérie OCQ500 parmi le brouhaha des coulisses. Certains réclament qu'on rouvre les grilles au public pour au moins conclure la présentation, d'autres s'enquièrent de l'état du journaliste brutalisé, quant à Jarvis Burrow, il fulmine, et s'excuse auprès de la cadette Carter dès qu'elle surgit aux alentours de la loge Blackburn. Je comprends, affirme-t-elle prestement en balayant le couloir d'un regard scrutateur. Il est là ? L'homme lui indique la route empruntée par Elliot quelques secondes plus tôt, celle des sorties de secours de la chambre Morgane. Freya disparaît à son tour, très vite seule l'une des nombreuses coursives de l'ancienne station de métro moldue. 

 

— Elliot ? Elle accélère le pas entre les parois couvertes de carreaux fissurés et d'alternance de néons grésillants et d'obscurité épaisse. La rouquine allume précautionneusement sa baguette.

 

L’air est froid, saturé d’odeur métallique mêlée à celle de la poussière et du béton humide. Les chaussures de la sorcière résonnent étrangement et chaque souffle venu des tunnels semble transporter des murmures indistincts. Elliot ?! Après une cinquantaine de mètres, la station s’ouvre en une carcasse béante. Les rails envahis de rouille et de gravats, les bancs de pierre vandalisés de graffitis effacés, et les panneaux indiquant des directions oubliées lui donnent un frisson. Elle interrompt le sortilège lumineux, son bras retombant contre sa cuisse. La voûte découpée d'une série de bouches d'aération amène le soleil et les bruits lointains de Londres dans le lieu désaffecté. Sur le quai vide, Elliot contient une colère sourde, invisible.

 

L'Écossaise s'approche, une boule au ventre. Eh, j'sais qu'ils sont doués pour nous faire péter la fiole, tranche-t-elle d'une voix adoucie. Ils ont fait pareil avec son père à de multiples reprises. Derrière le sportif, sa main se pose entre ses omoplates. Elle se rappelle de l'étreinte inoubliable de la fin décembre. Elle a regretté de n'avoir pas eu le courage d'affronter sa peur d'être abandonnée une deuxième fois par le Gryffondor, au profit d'une sécurité morne. Je- hésite Freya.

 

Ses lèvres se ferment. Son coeur hurle.

 

J't'ai pas trimballé, y'avait rien de réfléchi ok ?


De plumes et d'encre

Message publié le 06/08/2025 à 19:56

— À vous. L'entrée en scène tétanise Freya. La fille d'Owen Carter est habituée à éviter les journalistes depuis son enfance, cachée sous une cape dès ses premières heures en sortant de l'hôpital Ste Mangouste, ou affublée de sortilèges de camouflage pour se déplacer avec son père qui refusait de lui imposer une vie médiatique aussi toxique que la sienne. Sauf que voilà, son père n'est plus là. Dans son dos, la main de Jun remplace celle du célèbre joueur de Quidditch en retraite, et l'entraîne vers l'estrade sous les acclamations chaleureuses du public et une centaine de flashs retentissants. Choquée, elle entend la voix des animateurs résonner. Le col de sa veste lui donne des sueurs froides. Les projecteurs magiques l'éblouissent. "Freya Carter, quel nom ! Quel nom monumental, n'est-ce pas ? Miss Carter, alors on vous a très peu vue jusqu'à maintenant, mais- regardez cet accueil ; l'accueil du public est fantastique, je crois que tout le monde ici est très impatient !" Baguette contre leurs gorges, les deux sorciers chargés de rythmer la conférence enchaînent quelques banalités tandis que de longues bannières se déroulent bruyamment depuis plafond, dans lesquelles défilent des images d'Elliot en vol sur l'OCQ500. 

 

— ...un léger contretemps, et je vais en profiter pour donner la parole aux journalistes. Andrew, du Souafle Libre. "On peut le faire sans lui", chuchote Jun à Freya qui jette des coups d’œil inquiets vers le fond de la scène. Elle a envisagé toutes sortes de déconvenues aujourd'hui, sauf l'absence de l'égérie. "-c’est un petit con", disait Owen Carter en parlant du jeune Gryffondor lorsqu'il voyait sa fille rentrer de Poudlard couverte d'encre indélébile, sourire bête aux lèvres. Son père se serait méfié d'Elliot ; son père a jamais aimé l'idée qu'on puisse embêter sa descendance à l'école, et même après. Quand le prodige a grandi chez les Catapultes, et que Freya collectionnait chaque actualité le concernant, Owen a continué de l'appeler "le p'tit con", sûrement car il prenait la place qu'aurait dû occuper sa fille dans le milieu du Quidditch, peut-être car Owen Carter devenait un vieux con. La Poufsouffle sait plus bien s'il y avait une once d'affection ou juste de la lucidité maintenant qu'elle se trouve face au public, seule.

 

Les premières questions des chroniqueurs estompent le trac de la rouquine et répondent aux interrogations rudimentaires à propos de l'OCQ500. Oui, l'utilisation du balai en compétition officielle entraînera une réglementation spécifique, oui, la provenance des matières premières est gérée durablement et en accord avec le respect de la faune et la flore, oui, les amateurs peuvent déjà précommander leur propre modèle, non, la taille pour enfant n'arrivera pas cette saison.

 

L'intérêt porté par la foule de professionnels au dernier né de la gamme OCQ fait prendre soudainement conscience à Freya des répercussions que cela pourrait avoir sur sa vie, sur la boutique, la réputation des balais Carter, et l'équilibre de la famille entière. Peut-être, même, que cela pourrait ramener son père. "-est-ce qu'on peut s'attendre à vous voir faire une démonstration ? Vous avez ça dans le sang." Euh- "En parlant de démonstration !"

 

Soudain, Elliot surgit et interrompt la série de questions-réponses en déclenchant une nouvelle vague d'euphorie parmi les spectateurs. L'Écossaise retient son souffle, suivant des yeux la progression du brun, surveillant les réactions des reporters sportifs. Enfin, se dit-elle, rassurée qu'il soit là. Mais quand son ex-petit ami atterrit et lui serre la main, c'est Elliot Blackburn, la star du ciel, l'insolence incarnée, qui se trouve devant elle. Il fait le show, ça paraît logique, se convainc-t-elle en voyant les lunettes de vol devenir des lunettes de soleil sombres sur le nez d'Elliot.

 

Et l'odeur d'alcool qu'il dégage, elle évite d'y penser, trop anxieuse pour s'ajouter ça.

 

En présence du célèbre batteur gallois, l'interview dérive vers l'utilisation concrète du balai. Avec un sourire digne de ses meilleurs posters, il évoque son fanatisme d'Owen, il appuie l'idée selon laquelle l'OCQ500 va révolutionner le sport volant en expliquant la relation unique qui s'est déjà créée entre lui et l'engin. Il gère, tout simplement. Les sorciers venus des Îles britanniques et plus loin boivent ses paroles sous l’œil admiratif de Freya. Elle a du mal à retenir sa propre ferveur en l'entendant chanter encore les louanges du fruit de son travail des deux dernières années. Même lorsque les statisticiens piquent l'égo d'Elliot en diminuant ses performances, il répond proprement et fait rire la foule. L'ambiance prend une tournure différente alors que se mêlent aux chroniqueurs sportifs, les rédacteurs de presse-people, venus pour obtenir des scoops privés. 

 

On vous a vu quitter la boutique OCQ tard dans la nuit il y a quelques semaines… vous êtes restés proches de la famille Carter ? [...] Avec qui avez-vous passé la Saint-Valentin, Elliot ? On murmure que ce n’était pas une inconnue… Le Gryffondor ignore l'inconfort de Freya et renvoie les interrogations à coups d'humour caustique, comme il le ferait face à un vulgaire cognard. J'sais pas qui vous a raconté ça mais z'avez du m'confondre avec quelqu'un d'autre. Tard dans la nuit j'suis aux putes -exclamations choquées, rires, grattements de plumes. Sans déconner ça r'garde personne. Mais ouais, j'connais bien Freya Carter, on a été à Poudlard ensemble, aujourd'hui on bosse ensemble. Ça s'arrête là. Le journaliste insiste. J'fête pas la Saint Valentin, j'l'ai passé en tête à tête avec ma console. Très connue. Chez les moldus. Voulez la marque ?

 

À côté de Jun, la rouquine blanchit. Les animateurs, eux, se gaussent, convaincus du succès de la conférence. Et puis les plumes se braquent sur la sorcière. "-quelles sont vos armes dans ce milieu d'hommes ?"

 

— Je n'ai pas d'armes, je ne crois pas qu'il faille se battre et- elle est redoutable, elle est vraiment brillante, s'empresse d'ajouter le Japonais à qui l'on demande s'il a trouvé plus qu'un terrain de mise en pratique de ses connaissances en Écosse, et plus qu'une collaboratrice en la personne de Freya. Je ne joue pas à la console, et je fête la Saint Valentin, si c'est votre inquiétude, répond-il sans chichis dans la voix, suscitant un grattement émoustillé de plumes pendant que la Poufsouffle tourne la tête pour "vérifier" que les balais d'exposition soient toujours là, et cacher les rougeurs de ses joues. "On va passer aux dernières questions ! Par ici, Monsieur, allez-y." D'un sujet à l'autre, arrive celui qu'elle redoute : son père, le colosse disparu, le géant silencieux, le patriarche absent. L'aînée a préparé cette intervention et racle sa gorge avant de prendre la parole. Il n'y a rien à dire sur mon père. "Est-ce qu'il va bien Miss Carter ?" "Est-ce qu'Owen Carter a disparu ?!" Ses oreilles bourdonnent. 

 

Les journalistes ont arrêté de suivre les instructions des animateurs et réclament d'en savoir plus, chacun y allant de son interrogation ou son inquiétude, dans ce qui commence à s'apparenter à une cacophonie géante. "Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ?" "Est-ce qu'il a fait le deuil de votre mère ?" Arrêtez, allons, s'il-vous-plaît, laissez-la parler ! Freya semble clouée sur place, incapable de se sortir seule de cette situation. 

 

— Tu veux sortir ? murmure Jun en touchant sa main.


De plumes et d'encre

Message publié le 03/08/2025 à 22:05

Derrière l'immense rideau qui sépare la scène du public, une estrade métallique se prépare à accueillir les intervenants dont Freya Carter, l'héritière improvisée d'Owen, et son assistant : le synthétiste japonais aux compétences encore méconnues du monde sorcier. D'un calme olympien, ce dernier seconde la rouquine aux réglages des OCQ500 choisis pour l'occasion. Trois bois et trois cœurs différents témoigneront aujourd'hui de l'adaptabilité totale du nouveau balai de la gamme mythique créée par le capitaine de l'équipe d'Écosse. J'aurais dû prendre le prunellier, ils vont trouver le sapin trop banal, s'inquiète Freya, vêtue d'un inhabituel pantalon à pinces beige et d'une élégante veste sorcière aux allures sportives, décorée de tartan écossais.

 

Une main posée délicatement dans son dos, Jun la rassure. Elliot va venir avec le coeur en plume d'oiseau-tonnerre, ils trouveront rien banal, c'est impossible, affirme-t-il, arrachant une moue guère convaincue à la Poufsouffle. Elle souffle nerveusement sur une mèche sortie de sa masse rousse attachée en chignon lâche, et qui revient devant son front. Ses doigts balayent des poussières minuscules accrochées au manche du premier modèle en exposition à l'arrière de l'estrade, au centre d'un faux terrain de quidditch prévu pour mettre en valeur la démonstration d'Elliot, même s'il sera autorisé à survoler la salle entière au moment venu. 

 

À chaque fois que Jun évoque le batteur, Freya sent son coeur déraper. Cent fois depuis sa dernière visite à la boutique, la sorcière a imaginé ce qu'il aurait pu se passer entre eux, si elle avait tourné la tête et cherché les lèvres d'Elliot pendant leur câlin, si lui avait décidé d'en faire autant. Mille fois, elle a repensé aux paroles du brun, à ses regrets, à cette impression désagréable d'être passé à côté de tout, et qu'il semble partager.

 

— Miss Carter, Sir Saito, il faut sortir de scène, la conférence va bientôt commencer, annonce une élégante régisseuse en tunique noire décorée de deux grands sélénophores dorés brodés dessus. D'un geste de la main, Freya renvoie les trois OCQ500 en lévitation au milieu du terrain avant de croiser la route d'un sexagénaire qui cherche l'égérie du jour. Je suis sûr qu'il va arriver d'une seconde à l'autre Monsieur, répond poliment Jun à l'homme furibond, puis d'entraîner la rouquine plus loin en voyant son regard paniqué. Il effectue doucement quelques points de pression le long de ses épaules. Inspire, expire, on bosse depuis deux ans, tu connais ton sujet. Souviens-toi, d'abord ils vont introduire la conférence, après c'est l'ouverture du rideau avec la démonstration, et ils seront déjà convaincus, crois-moi. Je suis là pour la technique, il te restera les questions commerciales, les délais, l'avenir d'Owen Carter Quidditch, rien de bien compliqué, mh ? Elle acquiesce, fébrile. 

 

Elle déteste être au centre de l'attention. 

Elle a de mauvais souvenirs de la presse.

 

De l'autre côté du rideau, la rumeur grandit. La foule s'impatiente. 

 

Jun dépose un doux baiser d'encouragement sur les lèvres de Freya. Elle regarde autour d'eux, gênée qu'on puisse les voir. Qu'il puisse les voir. Ce 14 février a joué son rôle d'entremetteur pour les deux partenaires de travail.

 

Soudain, un tonnerre d'applaudissement retentit et résonne dans la poitrine de Freya.

La conférence commence.


Le grand emballement

Message publié le 31/07/2025 à 09:56

— Pourquoi il vaudrait cher ? demande Freya en ignorant le bourdonnement de ses tempes alors qu'elle rajuste son pull et suit des yeux le batteur au comportement étrange. Ils sont cons tous les deux, avec cet air de ne plus savoir quoi faire de leur corps, et d'avoir besoin d'encaisser un simple câlin. C'est cher que si c'est Elliot Blackburn, star des Catapultes de Caerphilly, qui me l'a donné, explique l'aînée Carter, reprenant un vieux réflexe de son père, de toujours différencier la personne et le personnage, essentiellement en famille. Si c'était juste Elliot, alors ça aura la valeur qu'on décide. D'après son visage écarlate, on approche l'inestimable quand même. Loin des rencontres organisées entre supporters et membres d'équipes, où le moindre autographe est monnayé, photo à l'appui, et si vous avez de la chance, une main sur l'épaule, voire une bise, Freya s'est sentie dans les bras d'Elliot comme lorsqu'ils s'étreignaient parfois à l'aube de leur séparation silencieuse. Quand le silence taisait les pitreries du Gryffondor pour quelques secondes seulement. 

 

Elle regarde le brun aux oreilles rouges, et se demande s'il ressent la même chose. S'il a replongé, férocement, déjà accro au bout d'une seule prise ; un shot court, mais intense. Ouais bah là, j'avoue qu'c'est pas trop la période, s'entend dire Freya, sourire contrit aux lèvres. Ils vont se croiser professionnellement à cause du lancement de l'OCQ500, sauf qu'elle et Jun ont de longues sessions de travail devant eux avec la préparation des autres balais.

 

— Janvier/février, ça risque d'être chaud en vrai, elle se défile malgré elle, effrayée à l'idée d'être encore déçue, de se retrouver seule à pleurer dans sa chambre. Elle commence à fermer la porte, doucement, sûrement, protégeant l'ado de quinze ans qui pourrait prendre une décision hâtive. Elle s'en mordra les doigts, elle le sait. Déstabilisée, la rouquine a besoin de se mettre en mouvement et range soudainement un peu de matériel, rassemblant ses affaires pour remonter, et ce qu'Elliot va devoir emporter en partant. Bientôt, il ne sera plus là, et après ? Elle rouvre la porte. D'façon on va se croiser là. Rien n'empêche de faire un truc spontané au pire. Ça n'existe pas au milieu de leurs plannings, un truc spontané, mais ça veut dire à son ex-petit-ami qu'elle rejoint son idée de le revoir, et c'est important. S'il en a tellement envie, il reviendra défoncer une porte ou deux à l'occasion, c'est un batteur ou non ? "Frey, tu viens ?" Elle lève les yeux au plafond. Bon.

 

Cette fois, la Poufsouffle siffle l'OCQ500 du joueur, et clôt leur moment. Allez, tiens, ton bébé. J'vais t'ouvrir la zone de transplanage du jardin, ce sera plus pratique. Comme si elle s'était retranchée derrière l'une des carapaces d'Alison, Freya perd un peu son sourire en accompagnant le brun jusqu'à la cabane d'enfants qui sert de départ et d'arrivée pour les voyages lointains. C'est impossible, réveille-toi, se martèle-t-elle. 

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