Harry Potter RPG
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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Sur les marches qui mènent à la porte principale., Dimanche 08 Octobre 2124

Sasha avait fini par déposer son pull en boule sur les marches - quand bien même il était un peu déçu de s'être trompé de crapaud. Il ferait l'affaire quand même, s'était-il dit, avant d'assister, l'air désemparé, aux grosses larmes qui noyaient le visage de Charlie.

 

Mais le chagrin de la petite fille secouée par les sanglots était pour lui beaucoup moins impressionnant qu'Alison et ses remontrances glacées. Sasha afficha une simple grimace désolée, et il lui avait tendu un bras avant même qu'elle se pendît à son cou. Le geste lui semblait tout naturel, comme celui de refermer ses bras sur son corps de fille miniature, de l'accueillir même s'ils étaient tous les deux à moitié trempés. Au contraire de ces moments où il avait approché Alison, Sasha ne se sentait pas comme un ours hirsute au contact de Charlie, ou comme une créature odieuse dont les autres élèves de Poudlard ne voulaient pas s'approcher. Mais quand la petite fille gémit sur son épaule, mouillant sa joue de ses larmes salées, un flot brutal de souvenirs l'envahit - et il ne put rien faire d'autre que la serrer contre lui un peu plus fort.

 

Un instant, sous les lumières vacillantes des torches et les quelques gouttes qui fuyaient les rebords des fenêtres pour s'écraser autour d'eux, Sasha resta le souffle coupé, les yeux grand ouverts. Son coeur battait la chamade, à tel point qu'il lui semblait que les propos de Charlie ne voulaient plus rien dire.

 

Il hoqueta.

 

Aussitôt, comme elle s'écartait, se reprit. Fit mine de s'essuyer la joue d'une revers de manche, s'essuya le nez en même temps. Quelques gestes pour gagner quelques secondes, le temps que tous les mots prissent leur sens dans sa tête. Puis ses yeux verts croisèrent ceux, encore tous remplis de larmes, de la petite fille à la marque rouge sur la joue, et malgré la découverte piteuse que représentait la trace de la dispute, il s'efforça d'avoir un sourire rassurant.

 

- C'est pas ta faute Charlie, c'est moi qui lui ai dit que j'sortais la nuit, dit-il en haussant les épaules, l'air résigné.

 

Il passa le revers de l'index sur la joue de la petite fille, là où la trace rouge s'étendait, et son sourire se transforma en une grimace brève, comme s'il était pris d'un frisson.

 

- C'est moi qui suis désolé. Ca aurait pas dû retomber sur toi.

 

Il fronça les sourcils et sa main retomba sur la pierre froide et humide. Le silence les enveloppa tous les deux quelques secondes pendant lesquelles il pinça les lèvres. Le vent aux rafales discrètes secouait de temps à autre les grands arbres près de l'allée, donnant l'impression que les végétaux s'ébrouaient après la pluie, pour se débarrasser du surplus de gouttes laissées par l'averse. L'air était saturé des odeurs du gazon humide, et le château demeurait froid et silencieux. A être assis là, sur les grosses marches centenaires, Sasha avait l'impression que Charlie et lui étaient soudain aussi minuscules que des fourmis insignifiantes.

 

En réalité, la possibilité qu'on pût le virer de Poudlard ne lui était pas vraiment venue à l'esprit. Il avait imaginé bien des sanctions - d'une nuit passée pendu par les pieds dans les cachots du château au redoublement de sa sixième année, en passant par les odieux cours de danse du bibliothécaire en guise de retenue - mais il n'avait jamais réalisé qu'on pouvait tout aussi bien le mettre à la porte.

Ca ne pouvait pas être une bonne nouvelle. Un instant fugace, il s'était dit qu'il serait alors libre de s'envoler vers l'Ukraine - mais c'était une chimère et il le savait bien. S'il était viré de Poudlard, il serait envoyé, au mieux, dans un collège de moldus ; et au pire, dans une institution réservée aux sorciers délinquants. Ni l'une ni l'autre de ses alternatives n'étaient alléchantes, et aucune des deux ne lui permettrait probablement facilement de se transformer la nuit venue pour soulager ses drôles de pulsions animales.

Comment n'avait-il pas pu réaliser qu'on pouvait le virer ?

 

- T'es pas bête, il murmura comme pour lui-même. T'es même vachement plus intelligente que moi.

 

Sasha finit par secouer le tête, comme pour retrouver pied dans la réalité. Charlie était toujours là, à le regarder avec des yeux mi-interrogateurs, mi-désespérés, et il ne put s'empêcher de sourire de nouveau devant la naïveté de la petite fille. C'était étrange, de sourire sincèrement. Il lui semblait que ça n'était pas arrivé depuis des années. Les traits de son visage s'étiraient d'une façon qui lui était presque douloureuse.

Il frictionna ses mains contre les épaules de Charlie.

 

- T'inquiète, je vais aller lui parler. Avant qu'elle aille voir la direction demain. J'suis sûr que j'vais pouvoir la convaincre. Ou presque sûr. Ok ? Comment tu fais pour la voir, toi, tu vas dans la salle commune des Serpentards ?

 

Il jeta un coup d'oeil, instinctivement, vers les fenêtres basses qui faisaient office de puits de lumière pour les cachots et donc, s'imaginait-il, la salle commune des Serpentards. Son regard revint à la petite fille.

 

- Alison t'a donné le mot de passe ? il souffla à voix basse. Tu crois que tu pourrais me faire rentrer chez les Serpentards sous ma forme animale ? Ou bien on la fait venir dans un endroit isolé ?

 

Sasha fronça les sourcils, haussa les épaules.

 

- Si t'as un plan meilleur que le mien vas-y, c'est toi le cerveau de l'équipe ! Bon. Un gros câlin pour effacer cette mauvaise dispute et après on y va, ok ?

 

Il aurait pu dire une dernière minute du film avant d'aller se coucher, ou bien une dernière cuillère d'épinards avant le dessert que son encouragement n'aurait pas sonné différemment. Et d'un geste il l'entoura de nouveau de ses bras, pour l'étreindre contre son torse trapu.

Il la serra fort.

Aussitôt, la sensation qu'il avait ressenti plus tôt rejaillit presque comme si quelqu'un avait appuyé sur un interrupteur à l'intérieur de ses entrailles : son coeur qui se remettait à battre follement, sa poitrine qui s'écrasait d'une douleur sourde à lui en couper le souffle, à tel point que Sasha devait fermer les yeux pour ne pas oublier de respirer.

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Sasha Shevchen

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Sur les marches qui mènent à la porte principale., Dimanche 08 Octobre 2124

Sasha n'avait eu le temps que d'ouvrir les yeux pour voir en face de lui l'éclat lumineux qui jaillissait de la baguette magique d'Alison. Le sortilège le percuta en pleine poitrine et même si l'impact n'était pas douloureux, le choc le fit basculer brutalement en arrière et il s'étala dans les marches avec un glapissement de surprise. Il se hâta de rouler pour se remettre debout, comme pris d'un réflexe - ses sens lui hurlaient de se transformer et de courir, son coeur tambourinait à ses tempes, mais non, non, tu es à Poudlard, se raisonna-t-il, les joues rouges et la respiration haletante.

Les cris de Charlie le rappelaient à l'instant présent - saugrenu et étrange.

 

Un animal.

 

Voilà, elle savait. Et à la façon dont elle le disait, c'était évident : elle trouvait cela dégoûtant.

 

 

Dans les longues heures qu'il passait étendu dans le parc ou dans les arbres, à profiter du soleil sur son visage humain ou félin pour fermer les yeux indolemment comme il aimait le faire, il s'était parfois imaginé qu'un jour, il rencontrerait une fille, avec des belles formes comme celles d'Anya Niktalova, mais avec l'intelligence d'une ukrainienne, le sourire d'une chanteuse américaine et la gentillesse enveloppante de sa propre mère. Et cette fille-là s'étendrait dans l'herbe avec lui, et quand elle apprendrait qu'il était à demi une créature prédatrice et sanguinaire, elle le cajolerait quand même.

 

Mais quel con il était.

 

 

Sasha ne pensa pas à riposter - sa baguette était dans son pull de toute façon. Il serra les dents - ces coups-là, on ne pouvait que les encaisser. Il avait levé les mains - des paumes incrustées de petites égratignures héritées de sa chute dans les escaliers qui n'étaient rien à côté des balafres noires qu'elle avait déjà vu de toute façon. A quoi bon les cacher, maintenant qu'il savait ce qu'elle pensait de lui ?

 

- O-k, il articula lentement, et ces deux syllabes lui coupèrent les lèvres en passant la barrière de sa bouche.

 

Malgré les protestations de Charlie, il capitulait en soutenant le regard furieux d'Alison, en dépit aussi du gouffre noir qui semblait se creuser dans sa poitrine et menaçait d'anéantir ses entrailles. Il aurait peut-être réagi pareil, à sa place.

 

- Laisse, Charlie, ta soeur peut pas compr...

 

Il s'interrompit, ses yeux subitement attirés par une fenêtre qui venait de s'éclairer non loin de la grande porte.

 

- Chut ! souffla-t-il. Mais taisez-vous !

 

Une deuxième fenêtre s'alluma, un peu plus près. Le coeur de Sasha se remit à tambouriner dans sa poitrine. Alors soudain, il se jeta sur son pull pour en extraire sa baguette - puis il jeta le vêtement en boule dans les fourrés à côté de l'escalier.

 

- Collaporta ! s'écria-t-il.

 

 

Le sortilège frappa la grande porte de Poudlard et un léger bruit de succion se fit entendre - désagréable, mais caractéristique d'un sortilège de scellement qui avait à peu près fonctionné : le double-battant du château était particulièrement imposant et Sasha doutait que cela ne tînt plus de quelques secondes. Précieuses, malgré tout.

 

 

- Si on nous trouve ici, on aura tous des ennuis, ok ? Alors on se tire. J'connais d'autres endroits pour entrer dans le château en faisant le tour. Vite !

 

En deux enjambées, il grimpa les marches pour attraper la main de la petite fille - mais si l'on pouvait s'attendre à ce que Charlie coopérât, ce n'était pas le cas de la grande soeur.

 

- Alison !

 

Sasha la supplia du regard - une seule et unique seconde. Au-delà, il ne pouvait pas attendre. Alors il lâcha Charlie pour attraper la grande soeur par le coude - le bras qui tenait sa baguette - et l'embarquer brutalement en la poussant devant lui. Il plaqua son autre main sur la bouche de la jeune fille.

 

Ils dévalèrent les escaliers, trébuchèrent et manquèrent de tomber, mais se rétablirent dans les gravillons humides aux pieds des vieilles marches.

 

- Psst, par ici ! indiqua Sasha à Charlie.

 

Ils longèrent le grand mur froid. L'ombre d'une petite fille qui courait maladroitement à cause de ses chaussons s'étirait devant eux, ainsi que celle étrange d'un monstre à quatre pieds et deux têtes - dont l'une n'avait pas l'air de franchement apprécier le voyage. Ils coururent néanmoins jusqu'à l'angle, Sasha veillant à ce qu'ils marchassent tous dans les copeaux de bois qui couvraient les plates bandes, histoire de ne pas laisser la trace de leurs pas dans la boue. Puis ils contournèrent la courbe de la tour Est et cette fois, privés de la lumière des torches, ils furent engloutis par une obscurité presque totale.

Sasha progressait un peu à l'aveugle, peu dérangé par la noirceur fraîche de la nuit - mais il percuta vite la silhouette de Charlie qui s'était figée après quelques pas dans l'obscurité.

Il ne pouvait guère la réconforter : Alison résistait entre ses mains - mais Sasha avait bien derrière lui bien des entraînements qui rendaient les efforts de la jeune fille inutiles. La proximité de leurs corps, d'une nature si différente de leurs baisers factices, lui arracha un soupir.

 

- J'vais t'lâcher, grogna-t-il à son oreille. Mais tu fais pas d'bruit, ok ? Parce qu'avec la trace de tes doigts sur ta soeur, t'es autant dans la merde que moi. Ok ? il répéta.

 

Il attendit un signe d'assentiment quelconque avant de la relâcher précautionneusement, prêt à l'empêcher de crier ou de s'enfuir si l'envie lui prenait.

Peu à peu, leurs yeux s'habituaient à l'obscurité : on devinait maintenant le contour des visages et des corps entre des arbustes qui les frôlaient de caresses iirégulières, poussés par le vent. Sasha scrutait Alison.

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Sasha Shevchen

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Sur les marches qui mènent à la porte principale., Dimanche 08 Octobre 2124

Les yeux de Sasha allaient de l'une à l'autre, tel le regard d'un chat suivant une balle de ping-pong. De temps à autre, il jetait quand même un regard en arrière : à ce moment, quelqu'un avait dû réussir à ouvrir la porte - en espérant que cette personne crût seulement que la porte avait gonflé avec la pluie, comme chez lui quand il faisait trop mauvais temps et qu'il fallait donner des coups de pied dans la porte du garage pour pouvoir sortir les balais. Avaient-ils laissé derrière eux des indices ? Que dirait-il si quelqu'un retrouvait son pull ?

La conversation étrange la ramena à écouter les propos des deux filles.

 

- Heu, c'est pas vrai hein, la plupart du temps j'suis tout seul, le parc est vide la n... essaya-t-il de caser, mais les filles parlaient vachement plus vite que lui et il laissa tomber. J'suis là, hein.

 

Mais quelles pipelettes. Enfin...

 

- Alison !

 

Il s'était insurgé, en essayant toutefois de garder la voix basse, les sourcils froncés en une expression exaspéré. Par réflexe, il avait ramené Charlie près de lui d'une main sur son épaule. Il faudrait quand même pas qu'Alison se mît à lui maquiller l'autre joue.

 

- Arrête de crier, tu veux vraiment qu'on nous trouve ou quoi ? Et puis, comment tu parles à ta soeur ? Elle a dit qu'elle sortirait plus le soir, ça te suffit pas ? Tu devrais déjà être contente que j'étais là pour m'occuper d'elle quand elle l'a fait, même si c'est vrai que j'aurais dû la ramener tout de suite plutôt que de jouer avec elle.

 

Il y eut un silence chargé d'accusations réciproques. Visiblement, Alison ne s'attendait pas à ce qu'il reconnût son erreur. Mais Sasha n'arrivait pas à décrypter l'expression de son visage : pourquoi n'était-elle pas toujours pas satisfaite ? A la place, il avait l'impression qu'elle avait eu un mouvement de recul dégoûté, même s'il avait peu d'indices dans l'obscurité quant à l'expression du visage de la jeune fille. Il comprenait qu'elle le trouvât repoussant, mais pourquoi se mettait-elle dans une colère pareille ?

 

- Charlie a rien fait de mal. Si elle sort la nuit, c'est probablement parce que personne d'autre s'occupe d'elle à ce moment-là, tu vois, grommela-t-il un peu vexé du mouvement de recul d'Alison, qui enfonçait dans sa poitrine les fléchettes qu'elle avait planté plutôt de ses mots accusateurs. Espèce d'animal. Au pire, j'pourrai surveiller moi-même le parc pour le vérifier et te tenir au courant si je l'ai vue elle ou un autre élève. De toute façon il faudra que je sorte, je pourrai pas faire autrement ! Je...

 

Il chercha ses mots un instant. Mais rien ne paraissait tout à fait approprié. D'une main, il balaya l'air en détournant le regard, puis son bras retomba le long de son corps. Il déglutit et sa main sur l'épaule de Charlie se serra un peu, involontairement, bien qu'il s'adressa à Alison.

 

- Je... J'en ai besoin, tu comprends ? C'est pas ma faute, c'est... C'est plus fort que moi, croassa-t-il d'une voix blême.

 

Mais il savait déjà qu'elle ne comprendrait pas. Pas vu la façon dont elle l'avait regardé, un peu plus tôt. Tes pulsions, là. Il scella ses lèvres en un pincement amer, à la pensée soudaine que même s'il se sortait de cette situation épineuse, il n'aurait plus jamais l'autorisation de s'approcher de Charlie. Ce n'était pas tout à fait juste. Et en même temps, c'était sûrement mieux pour la petite, se raisonna-t-il avec dépit. Mais quel deal accepterait Alison pour au moins ne pas le dénoncer ? Que pouvait-elle bien tirer de tout ça ?

Une drôle de pensée lui traversa tout à coup l'esprit.

 

Mais bien sûr. Il y avait un malentendu. Il comprenait, maintenant. Evidemment, les querelles entre soeurs. C'était parfaitement logique. Pourquoi ne l'avait-il pas compris plutôt ? Ca n'avait pas tant à voir avec sa forme animale, finalement. Une bouffée d'espoir lui emplit la poitrine.

 

- Attends...

 

Un voile de stupéfaction avait habillé le visage de Sasha, qui se vit même dans la nuit à ses yeux arrondis comme des soucoupes.

 

- T'es... T'es pas jalouse de ta soeur, quand même ?

 

Silence.

 

- Parce que si c'est ça, heu... Bon, j'peux... On peut sûrement trouver un arrangement, tu vois.

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Sasha Shevchen

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Bon, hé bien ce n'était visiblement pas ça. Au moment où il croyait enfin avoir une solution, la situation se montrait encore plus désespérée. Sasha avait pris la tête de la compagnie, en s'imaginant déjà toutes les conséquences de ce qu'il se passerait lorsqu'Alison annoncerait qu'il rôdait comme un prédateur autour du château toutes les nuits et qu'il n'avait pas ramené Charlie directement quand il l'avait rencontrée. Il avait entendu dire que l'un des élèves de Russie, lui aussi revenu de la guerre, avait été isolé dans une chambre à part en plus d'avoir été fait prisonnier d'un sceau magique. Serait-ce le sort que lui réserverait le Ministère, à lui aussi ? Est-ce qu'on pouvait l'empêcher à tout jamais d'être la bête qu'il devenait la nuit ?

 

Ces pensées lui donnaient le vertige, et il lui semblait que l'énergie le quittait. A quoi bon fuir les professeurs, maintenant qu'il était fichu ?

 

- Charlie, non !

 

Il n'avait eu d'autre choix que de suivre les deux soeurs quand la plus petite des deux avait pris la fuite. Pour une fois, il était d'accord avec Alison.

 

- Qu'est-ce qu'y te prend !

 

Sasha s'était courbé pour passer sous les branches, mais il jeta tout de même un regard en arrière. Aucune lumière ne s'approchait. Le couvert des arbres leur dissimulait maintenant une grande partie du château, et la boue noyait leurs chaussures. Il pesta à voix basse sur les traces qu'ils laissaient. Il faudrait repasser pour les effacer. Un petit sortilège d'oblitération suffirait, s'il avait le temps de s'appliquer pour ne laisser aucun indice. Mais pour l'heure, il ne fallait pas perdre Charlie de vue.

 

Heureusement, la petite avait enfin décidé de freiner des quatre fers et les deux autres adolescents en firent autant. Sasha attrapa le premier tronc venu pour s'y appuyer, prêt à repartir s'ils étaient poursuivis. Mais le silence répondit aux échanges de deux soeurs, charriant seulement les cliquetis des branches autour d'eux.

 

- Quoi ?

 

Le garçon les regarda tour à tour, puis ses yeux se fixèrent sur Alison et sa frange décoiffée.

 

- Tu croyais QUOI ?! répéta-t-il, outré.

 

C'était bien la première fois qu'il était si en colère contre Alison. Sur l'instant, il lui semblait que c'était pire que d'être intolérante envers les animagus.

 

- Quel genre de type est-ce que tu crois que je suis ? Pour toi les Ukrainiens sont des pédophiles, c'est ça ?! Tu crois la propagande russe maintenant ?

 

Il s'efforçait de ne pas crier, mais il avait pointé un index dans une direction aléatoire, censée désigner la Russie et ses méchants dirigeants qui tordaient la vérité pour les faire passer pour des sauvages. Mais Charlie le pressait encore, et il sentait bien, à la voix tremblante de celle-ci, que des trois, c'était elle qui vivait le plus mal la dispute. Alors il laissa retomber sa main le long de son corps, non sans un dernier regard déçu pour Alison.

 

Sasha soupira.

 

Il lui suffisait de se transformer.

 

Un instant, Sasha se sentit comme quand il devait faire pipi dans les toilettes lors de sa toute première année à l'école : s'il y avait un autre petit garçon à côté de lui, il n'arrivait pas à faire pipi. C'était idiot.

 

Alors il préféra regarder ailleurs histoire d'échapper à leurs yeux rivés sur lui. Il fit quelques pas en fermant les paupières - le processus était devenu simple, avec le temps. Il lui suffisait de se rappeler les sensations qu'il avait lorsqu'il était félin : le sol froid et dur sous ses coussinets, les milles odeurs qui chatouillaient son museau, l'air qui flattait agréablement sa fourrure...

 

... subitement ses vêtements fusionnèrent avec sa peau tandis qu'il se courbait en avant, des poils apparaissant sur toute la surface de son corps quand ses pattes avant touchèrent le sol. Sa poitrine enfla et s'arrondit, des griffes poussèrent et s'ancrèrent dans le sol en même temps que son visage s'allongeait bizarrement...

 

Pour laisser place à un léopard énorme, plus gros qu'un chien, aux pattes massives. Pourtant, en hauteur, il ne dépassait pas le coude de Charlie derrière laquelle, pris d'une pudeur subite, il était parti se cacher. Il frotta son corps à ses jambes sans réfléchir, à la recherche d'une forme de protection maintenant qu'il ne pouvait plus rien dire pour sa défense. Sa tête apparut derrière la petite rousse - une gueule massive surmontée d'oreilles tâchetées de noir.

 

De Sasha l'adolescent, il ne restait plus que deux yeux verts dont les pupilles fixaient Alison, guettant sa réaction.

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Soudain, les voix des deux filles le surplombaient. Se mélangeaient à des sons parasites, plus aigus et discrets, que l'oreille humaine ne pouvait pas détecter. Il remua d'ailleurs une oreille, la tournant légèrement vers le château, lorsqu'il capta un bruit lointain - mais ce n'était qu'une fenêtre au troisième étage dont l'espagnolette grinçait quand quelqu'un avait dû l'ouvrir pour aérer une pièce. L'attention de la panthère revint à Alison et Charlie. Sasha avait fini par s'asseoir, et son corps trapu avait cette posture tranquille qui tranchait avec son allure intimidante : il était une masse de muscles dotée de griffes et de dents si tranchantes que les pointes de ses longues canines se dévoilaient lorsqu'il bougeait le museau. Et de la créature émanait un grondement régulier, des vibrations gutturales et profondes : Sasha ronronnait depuis que Charlie s'était mis à le caresser entre les oreilles.

 

Il n'aurait certainement pu décrire cette sensation une fois redevenu humain : son crâne, son museau, ses moustaches et ses babines étaient extrêmement sensibles lorsqu'il était sous cette forme, et leur stimulation provoquait une sensation relaxante qu'il ne maîtrisait pas vraiment. Cela lui déclencha un baillement bref mais terrible : il dévoila des dents et énormes et une longue langue qui s'enroula avant de refermer sa gueule avec un claquement sonore.

 

Sasha se sentait soudain beaucoup plus détaché de la situation. Alison lui semblait beaucoup moins méprisante et insultante - mais c'était peut-être parce que malgré la nuit, il la voyait désormais beaucoup mieux. Il distinguait les traits fins de son visage, son expression contenue malgré ses bras croisés. Les yeux de Sasha continuaient de la fixer même pendant que Charlie s'adressait à lui : la voix de la benjamine était une musique douce à ses oreilles, et pour tout signe d'acquiescement, il se contenta de cligner doucement des yeux.

 

La panthère se leva lourdement pour repartir, non sans frôler une dernière fois les jambes frêles de Charlie : pas trop fort ; avec sa carrure, il l'aurait aisément renversée. Puis il se faufila doucement dans les ronces, ses pattes étonnamment silencieuses tandis qu'il quittait le chemin - et leur champ de vision. La seconde suivante, il n'y avait plus aucune trace d'une telle créature, si bien qu'on eût pu croire qu'elle n'avait jamais existé.

 

 

 

Sasha, lui, se laissait fondre dans son environnement minéral et végétal. Se glissait entre les racines à pas de fauve, contournait les troncs en résistant à l'envie d'y planter ses griffes pour soulager ses bouillonnements intérieurs. 

Alison pouvait bien ramener Charlie. Il y veillerait de loin, certainement, avant de contourner le château dans l'espoir de récupérer le vêtement laissé à proximité du grand escalier.

 

Mais pour cette nuit, il avait eu son lot de confrontations humaines. Il serait bien mieux dans sa peau de félin, à tout oublier sinon les mouvements et les odeurs de la forêt.

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Serre de préparation, Dimanche 15 Octobre 2124

Il avait bien entendu le balbutiement d'Alison. Elle était gênée et il en profita pour la regarder d'autant plus - comme s'il avait voulu pousser à bout cet embarrassement qu'il faisait naître en elle très visiblement - un peu en miroir de ce qu'elle produisait chez lui en cet instant. Elle voulait jouer ? Il pouvait jouer.

Ainsi donc, Mademoiselle voulait avoir tout l'air d'une fille qui se faisait sauter tous les soirs, mais elle devenait toute hésitante à l'approche d'un garçon comme lui. Il avait du mal à décider si c'était toute la gente masculine qui lui faisait cet effet, ou bien lui personnellement.

 

Sasha la regarda néanmoins s'éloigner sans insister, restant une main appuyée sur l'établi avec une frustration qu'il ressentait de ses mâchoires serrées à son pantalon encombré, mais il ne regretta pas un instant son geste : maintenant Alison savait. S'il trouvait qu'elle se faisait trop remarquer, il pouvait donc tout à fait entrer dans son jeu et elle se rétractait presque instantanément. Ca commençait à être trop compliqué pour lui.

 

Il tâcha d'inspirer et d'expirer lentement. Il avait soudain tant de mal à se concentrer. Alison avait resserré la cravate, enfermant son col près de sa peau suintante. Elle avait aussi frôlé son pantalon, et il était presque sûr qu'elle avait senti la protubérance qu'il ne maîtrisait guère. Il s'en sentait à demi-honteux. Pour l'autre moitié, il ne savait pas ce que c'était : une espèce d'espoir, de revendication, peut-être, qu'elle avait décidé de laisser lettre morte.

 

Pourtant, malgré la chaleur ambiante, les derniers mots d'Alison lui firent l'effet d'une douche glacée.

 

- Quoi ?

 

Il fronça les sourcils et son visage se peignit d'une grimace désabusée.

 

- J'aime pas Anya Nikitovna ! rétorqua-t-il d'une voix qu'il aurait voulu plus nonchalante, moins alarmée, mais c'était trop tard.

 

Certes, il avait passé des moments étranges auprès d'elle. Elle était russe, mais elle avait une attitude mature, qui la montrait sous un jour profondément féminin à ses yeux et qu'il ne s'expliquait pas. Elle avait beau représenter tout ce qu'elle détestait, il avait le souvenir de ses poils qui s'étaient dressés sur ses bras quand elle l'avait frôlé en ouvrant les pages de son dossier remplis de journaux. Il voulait pourtant s'appliquer à la détester, maintenant plus que jamais ; mais quand il pensait à elle, c'était son regard profond et sévère, devant lequel il se sentait minuscule, et ses courbes suggestives qu'elle arborait sans même y penser qui s'imposaient à son esprit. Il se morigéna intérieurement : c'était comme si son corps le trahissait avec ces sensations de désir pour une femme du camp adverse.

 

- J'l'ai manipulée, il décréta sur un ton vindicatif. J'lui ai fait croire que j'étais russe et j'l'ai faite sortir tous les matins pour qu'elle m'apporte ses petites coupures de journal. Ses journaux russes dans lesquels il y a les nouvelles du front, et j'ai même vu les membres de sa famille sur ses petites photos idiotes, des gens laids qui sont morts à la guerre et c'est bien fait pour eux !

 

Il avait persiflé plus qu'il avait parlé, comme si de la bile avait envahi sa bouche, et il s'en voulait de vomir ces paroles-là subitement, dont il savait très bien qu'elles n'étaient pas tout à fait raisonnable. Surtout, il savait parfaitement qu'Alison ne pouvait pas comprendre. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. C'était comme si ces mots avaient tourné en pensée comme en vase clos dans sa tête depuis des jours, et qu'enfin quelqu'un avait ouvert une valve : désormais, ils s'échappaient comme une fuite irréparable.

 

- Et j'l'ai pas baisée, si c'est que tu t'demandes. Si j'l'avais fait ça aurait été pour me soulager comme un chien.

 

Dans sa main s'écrasa subitement une motte de terre et de plastique et il baissa les yeux : sans s'en rendre compte, il avait saisi un pot dans lequel une plante naissante peinait à sortir du terreau noir. Le pot avait été littéralement broyé par sa poigne furieuse, et fâché, Sasha s'en débarrassa d'un geste rageur sur l'établi. Il renfonça ses mains dans ses poches et s'éloigna de quelques pas.

 

La serre n'était pas très grande ; mais suffisamment pour qu'on pût y arranger plusieurs établis les uns à la suite des autres, pour pouvoir travailler à la chaîne, avec de grandes surfaces. La plupart des plantes matures étaient proprement organisées le long des parois de verre, là où elles bénéficieraient d'un maximum de lumière. Sasha circula, laissant le lierre lui caresser parfois les épaules tandis que ses yeux ne voyaient rien des gros bourgeons qui menaçaient d'éclore, odieusement indifférents à ses tracas.

 

Ce n'était pas bien, ce qu'il avait dit. Puis Alison n'avait rien à voir là-dedans. Oui mais c'était elle qui amenait une russe dans la conversation.

Des voix dans la tête de Sasha se disputaient. L'une d'entre elles faisait sournoisement la liste des choses obscènes qu'il pouvait faire à Anya pour la punir s'il la trouvait isolée. Mais c'était son érection qui le faisait penser comme ça. Il le savait bien. Il revint sur ses pas, bougons. Alison était toujours là, avec ses jambes nues, ses bras nus. Il fallait qu'il pensât à autre chose. Pourquoi était-il venu ici, déjà ?

 

- Tu sais mieux c'que tu veux pour le deal, maintenant ? il gronda. Si tu veux qu'je parle à un mec en particulier pour lui dire que t'es un bon coup, je peux.

 

Oui, Alison Carter. Qui est le type pour qui tu fais tout ça ?

Car si elle ne voulait pas aller plus loin avec lui, c'était qu'il y en avait un autre. Non ?

Dis-nous qui.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Serre de préparation, Dimanche 15 Octobre 2124

Sasha expira un soupir, ses épaules semblèrent s'affasser. Elle savait pas mieux. C'était sûr qu'il venait de tout gâcher, en même temps. A peine s'était-il mis en colère qu'il le regrettait aussitôt. Le regard sombre, il se tourna vers l'établi. Ses doigts jouèrent pensivement avec une bille d'engrais. Il la faisait rouler sous son index. Dans un sens, dans l'autre, en l'observant sans la voir, la mine déconfite.

Il n'avait pas eu un coup d'oeil pour les fleurs et il haussa les épaules. Clairement, les orchidées étaient le cadet de ses soucis. Alison les aimait et il aurait pu en prendre soin juste pour cette raison-là, mais à quoi servait d'être loyal à Alison si elle décidait de rompre le deal ? Il lui jeta un regard vexé.

 

- J'raconterai jamais un truc pareil à Charlie, rétorqua-t-il sombrement, sur la défensive. En même temps moi j'l'aurais jamais giflée non plus.

 

Il avait parlé tout bas, comme à lui-même, incertain qu'elle eût pu ou non entendre ce dernier commentaire.

 

Se raccrocher à l'image de la petite fille aux cheveux sauvages l'apaisait au moins un peu. S'il n'avait aucune idée de ce qui se tramait chez les Carter, il sentait que la tension entre les deux soeurs ne datait clairement pas de la sortie de Charlie dans la Forêt Interdite. Ce qui voulait dire qu'elles avaient leurs propres histoires, desquelles il restait étranger. Comme une peluche neutre, témoin privilégié sur une étagère des disputes familiales. Paradoxalement, cette faille qu'il percevait était comme une preuve que, tout sauvage qu'il était, Alison ne pouvait pas l'empêcher de voir Charlie à l'occasion : parce que parfaite, elle ne l'était pas. Alors comment aurait-elle pu interdire cela au prétexte que lui ne correspondait pas à l'idéal qu'elle se faisait d'une fréquentation pour elle ou pour Charlie ?

Sasha étira ses lèvres en une moue lasse, abandonna la bille sur le plan de travail en la faisant rouler une dernière fois, un peu plus loin. La bille percuta un pot encore intact avant de s'immobiliser, et le garçon releva les yeux.

 

- Si je m'assure qu'ils y croient, sans que t'aies rien à faire. Ca fonctionne ou ça fonctionne pas ?

 

Ses yeux étaient redevenus neutres. Malgré la chaleur qui gardait ses joues rouges et la lisière de ses cheveux vaguement suintante, la colère ne semblait plus l'animer. Ses jambes lui semblaient engourdies, et il demeurait dans son corps un vague écho de la convoitise que lui avait inspiré la proximité du corps féminin d'Alison.

 

Ce serait probablement sa dernière proposition. Il n'avait plus d'autres cartes en main. N'avait-il pas déjà assez supplié ?

 

- Si tu veux tu peux réfléchir. Je peux m'en aller, si tu préfères ça, et tu me dis plus tard.

 

Il ne savait, lui, où il irait. Peut-être se perdre aléatoirement vers le fond du parc, puis la forêt. Guetter les crapaux un à un au bord du ruisseau, en espérant que l'un d'entre eux lui rappelât quelque chose. Alors il pourrait aller voir Charlie pour lui montrer sa trouvaille.

 

Histoire de rencontrer quelqu'un qui serait content de le voir, pour une fois.

 

Comme elle tardait à répondre, il prit de lui-même la direction de la sortie. Mais une fois la poignée sur la porte, il jeta un coup d'oeil en arrière.

 

- J'fais pas ça aux filles. J'ai dit ça comme ça.

 

Une vague de fraîcheur s'engouffra dans la serre lorsqu'il ouvrit la porte.

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Katherine Dennison

Auror 62 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Au fond du couloir du troisième étage, à droite après la salle d'Histoire de la Magie, Lundi 18 Septembre 2124

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Torture magique.

Katherine Dennison avait posé sa plume sur le porte-plume d'un geste tranquille, avant de refermer le dossier devant elle, tandis que l'adolescent se déshabillait. Elle se leva pour contourner le bureau, afin de voir de plus près ce torse jeune et marqué d'un sceau magique - ce n'était pas la première fois qu'elle voyait ce type de dispositif, à dire vrai, mais une curiosité certaine marquait ses traits : cela se devinait au léger froncement de ses sourcils clairs et sévères, à la précision et à la clarté de ses prunelles fixées sur le tatouage étrange. Pendant un long moment, ils restèrent ainsi tous les deux en silence : Katherine s'était penchée, pour mieux y voir, mais bientôt elle se redressa. Elle saisit la baguette restée sur son bureau, et désigna avec elle un petit pot en verre qui aurait dû contenir une quelconque fleur mais qui était restée vide.

 

- Mutatio Lupa, prononça-t-elle d'une voix tranquille, et aussitôt le vase s'aplatit en un cercle plein et épais doté d'un manche.

 

Katherine prit la loupe improvisée pour regarder de plus près le sceau. Elle pouvait désormais voir les lignes qui formaient les runes de très près. Elle en observa les pointes avec un intérêt soutenu ; comme un professionnel de l'art était capable de reconnaître la signature d'un maître et d'authentifier un tableau, madame Dennison étudiait les moindres détails - non pour en vérifier l'authenticité, car elle savait bien qui avait mis ce sceau, mais pour contrôler qu'il n'y eût aucune faille. Et cela nécessitait un soin tout particulier. Il lui fallut plusieurs minutes à l'ausculter par le devant, avant de faire le tour du garçon pour vérifier, dans son dos, chaque ligne du verso du tatouage. Nikolaï avait peut-être froid dans cette atmosphère dénudée - peu lui importait. Elle se doutait qu'il avait dû vivre des épreuves bien plus difficiles de toutes les manières.

 

Katherine finit par faire une moue en se redressant, sa grimace froissant ses lèvres que l'âge avait rendu de plus en plus fine.

 

- Ce n'est pas un travail très fin, soupira-t-elle avec une pointe d'insatisfaction. Ce Rogers n'a pas lésiné sur les trames harmoniques, c'est solide, c'est sûr. Mais cela manque de délicatesse, et les nexus runiques sont redondants.

 

Elle secoua la tête en un geste négatif, et le carré blond de ses cheveux dansa autour de sa mâchoire sévère tandis qu'elle reposait la loupe.

 

- Il faudra que j'en touche un mot au Ministère, mais il devra peut-être être raffiné, expliqua-t-elle à l'attention de l'enfant, dont elle ne savait guère ce qu'il connaissait de la nature du sceau qui contenait sa nature profonde. Histoire d'être moins facile à briser. En l'état, des sorciers méticuleux pourrait très bien le démanteler.

 

Katherine plongea ses yeux dans celui de l'adolescent.

 

- Pas vous, bien sûr, quelque fois que l'idée vous vienne, ni aucun de vos camarades de classe à Poudlard. Il faudrait plusieurs sorciers très expérimentés qui y passeraient des jours. Aucune possibilité donc à Poudlard. Mais, sait-on jamais. Il pourrait vous arriver des choses en dehors. Mieux vaut être prudent.

 

L'Auror s'en retourna chercher sa baguette, et cette fois, pour le moment fatidique :

 

- Allons-y pour une recompression, annonça-t-elle. Je ne le ferai pas tous les jours, Nikolaï, mais seulement quand ce sera nécessaire. Une fois par semaine. Peut-être plus, peut-être moins. Cela dépendra du comportement du sceau... Et du vôtre, bien entendu.

 

Elle ponctua sa phrase d'un sourire qui se voulait poli, mais qui semblait étrangement menaçant : certainement, Nikolaï savait bien ce qu'elle voulait dire par là. L'avantage d'un resserrage moins fréquent était qu'il passerait moins souvent cette épreuve douloureuse. L'inconvénient était que ce serait chaque fois plus long et plus douloureux.

 

Katherine agita doucement sa baguette pour cibler l'un des angles du tatouage ; à l'endroit précis où une chaîne rejoignait l'un des cercles noirs doté de runes ; étrangement, sur la peau de Nikolaï, cet endroit du tatouage se mit à tourner sur lui-même et la chaîne, lentement, se raccourcit, tirant sur son torse qui, elle le savait, devait l'écraser douloureusement à l'intérieur, en son "for magique", comme disaient les premiers sorciers qu'elle avait rencontrés quelques années plus tôt et qui travaillaient sur ce type de sceau à Kaboul - à l'époque pour une optique de neutralisation de sorciers ennemis... ainsi que pour leur torture.

 

Elle se souvenait encore du premier sorcier sur lequel elle avait dû appliquer une telle mesure. C'était un jeune homme, d'une vingtaine d'années, aux cheveux noirs et aux yeux d'encre - dont elle se souvenait encore le regard. Il se superposa étrangement à celui de Nikolaï dont la souffrance commençait à poindre, avant de s'intensifier.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les couloirs, Mardi 31 Octobre 2124

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Langage cru

- Mais j'ai rien fait ! rétorqua vertement le Gryffondor, même si plus il le martelait, plus il se sentait coupable. Et toi c'est les points qui t'inquiètent là maintenant, sérieusement ? MAIS NAN elle est pas morte !

 

Déjà qu'il n'avait pas une grande estime de certaines des filles de la Brochette, Sasha décréta cette fois intérieurement qu'il s'agissait de la pire sorte d'élèves du château - peut-être même après les russes, c'est pour dire.

 

- Je lui ai RIEN donné, gronda-t-il encore en se redressant, emportant avec lui le corps d'Alison dans un mouvement de recul - mais il décida bientôt d'ignorer la baguette de Gwen pointée sur lui.

 

Malgré tout, il décida d'obéir. Peut-être plus pour prouver aux deux autres que lui pouvait parfaitement la soulever, mince ou pas. Sasha eut quand même un grognement en se remettant sur ses jambes. Il avait passé un bras sous les genoux d'Alison pour la soulever et suivit sans un mot les deux Serpentards. Ils réussirent à dénicher une petite pièce qui, vu le décor, avait dû être plusieurs fois occupé par des élèves en vadrouille clandestine au vu des mégots et autres fioles qui traînaient au sol. Gwen avait utilisé un sortilège pour allumer quelques bougies, qui jetaient sur l'endroit des lueurs tremblotantes, vaguement inquiétantes. Sasha jeta un coup d'oeil derrière lui, mais les couloirs assombris restaient désespérément silencieux.

 

Sasha obéit une nouvelle fois ; mais au lieu de déposer Alison simplement, il s'assit avec, la gardant contre lui en laissant les jambes nues de la Serpentard reposer sur le reste de la banquette - il avait suffisamment connu des situations dangereuses pour savoir que garder un otage avec soi était toujours sage quand on n'avait pas l'avantage numérique. Gwen gardait tendue sa baguette vers lui, pas encore consciente qu'il lui serait difficile de lancer le moindre sortilège sans risquer de toucher Alison. Il régnait une odeur de tabac froid, peu agréable, et le Gryffondor regardait les deux Serpentards qui lui faisaient face, tour à tour. Le garçon sembla réfléchir un instant - ses yeux coulèrent sur les jambes d'Alison, dont les genoux blancs, sans conscience, gisaient vaguement écartés. Sasha les rassembla d'une main, sans quitter des yeux le Serpentard.

 

- Finis ce que t'avais commencé, il dit.

- Quoi donc ?

- Défais-lui la robe.

- Je vois pas trop à quoi...

- Il faut qu'on vérifie qu'il lui a rien fait, coupa le Serpentard vertement. Tu peux lui faire confiance toi ?!

- Nan, nan, minauda Gwen timidement.

 

Sasha refusa d'un mouvement de tête négatif gardant ses mains sur le corps d'Alison. Le silence se tendit. Le serpentard sourit.

 

- Regarde, il veut la garder pour lui. Dommage qu'on n'a pas de quoi faire une photo pour prouver à tout le monde.

- On a nos souvenirs ! fit Gwen. On pourra toujours les extraire. Ca se fait.

- Bien vu, fit le garçon, même s'il ne connaissait pas le sortilège pour récolter sa propre mémoire, et son sourire s'élargit. Soit tu la déshabilles, Shevchen, soit Gwen te raccompagne à ton dortoir. Dans les deux cas, on a des souvenirs de toi avec elle inconsciente sur les genoux, et on pourra les partager aux profs pour t'accuser si t'obéis pas. Tu pourras rien nier.

 

Sasha serra les poings et les mâchoires, un moment paralysé. Il tourna son regard vers Gwen.

 

- Le laisse pas faire, c'est lui qui veut en profiter !

- Moi ?! s'offusqua l'autre. J'suis de sa maison !

 

Mais Gwen avait tourné vers lui un regard incertain. Le serpentard afficha une moue dépitée en retour.

 

- Tu vas quand même pas croire ce qu'il dit ! Alison est le genre de fille qui suce sur demande, elle attend que ça, tous les mecs le disent et tu l'sais très bien, j'vois pas pourquoi j'aurais besoin de profiter d'elle quand elle est inconsciente s'il m'avait suffi de lui demander dans les toilettes !

- Quoi ?!

- Ben oui Shevchen, y'a des gens qu'ont pas besoin d'empoisonner les filles pour pouvoir les tripoter ! T'sais quand t'es un mec propre les filles sont naturellement d'accord pour s'laisser sauter !

- Connard !

 

Tout se passa très vite. Sasha s'était levé brutalement, laissant glisser Alison sur le sofa mollement tandis qu'il se jetait sur le Serpentard. Gwen s'était mise à émettre des petits bruits paniqués, n'osant d'abord pas intervenir.

 

- Ah ! A-Arrêtez ! fit-elle en agitant sa baguette sans sortilège, comme une menace inutile.

 

Les deux garçons ne la regardaient pas : Sasha avait fait basculer le Serpentard au sol dans un crissement de fioles écrasées, et celui-ci avait perdu sa baguette tombée par terre, insuffisamment réactif pour s'en servir. Il tâcha de se défendre avec ses pieds et poings, mais en vain - le poids du Gryffondor empêchait tout coup puissant tandis que Sasha écrasa son poing large sur la pommette du garçon, lui arrachant un cri de douleur - tirant Gwen hors de sa torpeur.

 

- Stupéfix ! cria-t-elle.

 

Le sort frappa le dos de l'ukrainien - il fut projeté contre le mur avec une grimace de colère et de confusion. Le Serpentard se hâta de se libérer en gémissant, et Gwen se précipita sur lui pour l'aider à se relever.

 

- Oh my God, Lucian, ça va ?! Tu as mal ?

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Bibliothèque, Mercredi 27 Septembre 2124

Tu réfléchis trop.

 

Sasha fronça les sourcils, mais tâcha de balancer ses bras en rythme en refaisant les pas indiqués, l'esprit un peu perturbé.

 

Tu réfléchis trop, c'était ce qu'on lui disait lorsqu'il peinait à prendre sa forme animale. Avec le temps, le processus était devenu parfaitement naturel : il se remémorait les sensations d'être félin et aussitôt, son corps suivait son esprit pour prendre cette forme animale. Mais les premiers jours après avoir réussi tout le procédé pour devenir animagus, les transformations, en plus d'être douloureuses, n'étaient pas aussi fluides : il pensait à l'animal, serrait les poings et tendait son corps pour encaisser la soufffrance induite, mais rien ne se produisait la plupart du temps. Il lui avait fallu du temps avant d'accepter de ne pas contrôler parfaitement le processus, de laisser faire quelque chose en lui de plus spontané, plus instinctif.

Ce devait être pareil avec la musique, supposa-t-il donc, mais ce constat ne lui permit néanmoins pas de devenir instantanément un bon danseur. Il soupira, jeta un oeil circonspect vers le vieil homme que semblait être le bibliothécaire.

 

  • - Peut-être, admit Sasha du bout des lèvres, peu désireux de prendre un engagement ferme pour avoir d'autres leçons de danse - et en même temps, mieux valait s'infliger ça et ne pas ressembler à un épouvantail le fameux jour de la représentation.

 

Quelques pas supplémentaires, et la démarche de Sasha devenait plus naturelle. Pas encore le rythme dans la peau - ce serait sûrement difficile d'obtenir cela de lui, mais c'était au moins un peu plus acceptable. Le garçon accueillit avec soulagement la fin de l'exercice. Il opina positivement du chef pour accepter le jus de citrouille, se rendant compte qu'il avait soif, soudain. Il avait en effet transpiré - moins à cause de l'intensité de l'intensité de l'exercice qu'à cause de sa nervosité de réaliser des mouvements qui lui étaient si inconnus.

Sasha s'empara du verre pour le boire presque d'un trait, puis le reposa aussitôt en arrondissant soudain ses yeux devant le sourire malicieux du bibliothécaire. Le garçon eut un sourire gêné, pris de court, et passa d'un pied sur l'autre - comme s'il devait lui-même faire un effort pour passer d'une langue à l'autre. Il haussa les épaules, indécis.

 

  • - Як сказала б мені моя мама, "якщо у вас ще є чоботи, значить, ви не зовсім голі на снігу", il ironisa, avant de secouer la tête. Це вислів з нашої країни, це означає, що ми завжди могли скаржитися на гірше. (Comme ma mère m'aurait dit, "si t'as encore tes bottes, c'est que t'es pas tout nu dans la neige". C'est une expression de chez nous, ça veut dire qu'on pourrait toujours se plaindre de pire.)

 

Il reposa le verre près du pichet : celui-ci s'activa aussitôt pour lui servir un deuxième verre, que Sasha accueillait volontiers. Il fit tourner le liquide orange dans le contenant, comme pour en observer la surface mousseuse, pour s'occuper les mains plus qu'autre chose.

 

  • - Англійці рідко розмовляють моєю мовою, il reprit. Як ви про це дізналися ? (C'est rare les anglais qui parlent ma langue. Comment ça se fait que vous l'avez apprise ?)

 

Un instant, il se tendit, releva les yeux vivement vers le visage de Bartholomew, qui devenait pourtant peu à peu familier.

 

  • - У вас російська сім'я ? (Vous avez de la famille russe ?)

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Lyle Sørensen

18 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serdaigle
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Ambassade magique de Paris, France, Jeudi 05 Octobre 2124

 Non seulement les réponses de Viviane Valcourt ne lui convenaient pas, arrachant à Lyle un froncement de sourcils menaçants, mais en plus il ne put même pas répliquer : déjà, ils se retrouvaient dans un tourbillon de personnels qui leur indiquaient le chemin à prendre, de dispositifs volants encadrants le lieu de la scène où ils devaient tourner, et de conversations professionnelles qui emplissaient l'espace majestueux dont Lyle avait l'impression qu'elles souillaient les lieux. En de pareils magnifiques endroits, sur d'aussi beaux fauteuils et canapés de cuir, ne devait-on pas avoir des conversations de la plus haute importance ? Du genre de celles qui décidaient de l'avenir des nations, de la survie des valeurs idéologiques de la société, du destin tortueux des sorciers de la planète entière ?

 

Pas aujourd'hui, bien visiblement.

Il s'installa dans le fauteuil orné de son nom, non sans une certaine gêne qu'il cacha d'un raclement de gorge discret. La maquilleuse était une jeune femme brune aux cheveux si tirés en arrière pour son chignon qu'elle donnait l'impression de s'être étiré le visage à s'en faire souffrir, ses deux yeux asiatiques chargés de couleurs qui variaient à peine perceptiblement à la lumière des lustres. Lyle recula le menton.

 

- Est-ce que c'est vraiment nécessaire ?

 

La maquilleuse arrondit de grands yeux en observant Lyle.

 

- Evidemment. Votre front brille et ce teint ! On vous croirait malade. Ne bougez pas et fermez les yeux.

 

Le Serdaigle s'exécuta, non sans une moue insatisfaite. Bien qu'il ne la voyait plus, il devinait Viviane à côté de lui - ainsi que son impatience caractéristique. Il sentit les poils d'un pinceau lui passer sur le front, et une poudre douce couvrir sa peau.

 

- Ca a intérêt à en valoir la peine et que je ne ressemble pas à un clown, grommela Lyle. Si j'avais su qu'il y avait des sous-vêtements dans le lot, je ne serai peut-être même pas venu. Tu n'as pas été tout à fait fair-play là dessus, Viviane. Je te jure que si poser en caleçon a un impact négatif sur ma carrière je saurai te le faire regretter.

 

Comme il n'avait pas de réponse, Lyle rouvrit un oeil pour décocher un regard à Viviane : son siège était vide. Elle avait dû s'éclipser pendant son monologue et il émit un claquement agacé avec sa langue, tandis que la maquilleuse se fendait d'un petit sourire d'excuse.

 

- Elle est partie mettre sa robe.

- Comment vous faites pour travailler avec des gens aussi désagréables ?!

 

La maquilleuse interrompit un coup de pinceau pour avoir un petit gloussement embarrassé.

 

- Hum... Travailler pour la maison Valcourt est un grand honneur, souffla-t-elle à voix basse, comme si elle avait eu peur d'être entendue. Ils sont très exigeants mais c'est pour de bonnes raisons. La qualité des résultats d'ailleurs...

- Pff, épargnez-moi le discours appris par coeur que vous vous servez entre vous pour survivre dans ce monde de basilics. Vous vous appelez comment ?

- Assia. Vous voulez un enchantement pour changer la couleur de vos yeux ?

- Qu... Quoi ? Pourquoi faire ?

- Ben pour qu'ils aient l'air un peu moins... Un peu plus vivants, quoi.

 

Lyle toisa Assia, un peu dépité.

 

- Sûrement pas, grommela-t-il au bout d'un moment, et il détourna le regard pour s'observer dans le miroir.

 

Avec la poudre magique d'Assia, il avait l'air certes moins pâle, mais ses pomettes et ses mâchoires paraissaient plus saillantes. Il tourna la tête à droite et gauche, lentement, comme pour essayer de voir son profil. Est-ce qu'il avait les yeux morts ? Il finit par secouer la tête.

 

- Ca ne vous plaît pas ?

- Hein ? Ah si, si, merci.

- Bien. Alors je vais vous demander d'aller vers les cabines là-bas, quelqu'un va venir s'occuper de vous pour la tenue.

 

Les cabines étaient formés de rideaux qui flottaient dans un coin de la pièce, formant de drôles d'urnes à l'intérieur de laquelle il disparut. Il s'attendait à un petit carré intime, mais à l'intérieur, l'espace était beaucoup plus grand qu'on aurait pu le deviner : il y avait un grand miroir qui permettait de se voir de pied en cap, un portant avec des tenues sur des cintres ainsi que deux femmes qui en discutaient de l'ordre à respecter sous des lueurs si vives que Lyle dut cligner des yeux.

 

- Ah, le voilà ! fit une petite femme replète d'un certain âge, qui tenait en l'air une petite baguette magique courte.

- Parfait, claironna l'autre - une femme beaucoup plus jeune, d'une trentaine d'années qui sembla évaluer Lyle de pied en cap. Il n'était pas censé être plus grand ?

- Avec les rayures sur la robe, ça donnera l'impression. Mais sinon, j'adapterai visuellement avec un sortilège d'allongement, dit la première, et elle s'approcha pour saisir Lyle par la manche comme pour regarder la tenue dont il était revêtu. C'est vieillot ça non ? Ca ne va pas avec l'ambiance parisienne.

- On s'en fiche, ce n'est pas ce qu'il va porter.

- Je suis là, hein.

- Oui, oui, sourit la femme. Allez au travail, déshabillez-vous, on va commencer les essayages.

- Ok.

 

Lyle regarda les femmes. Les femmes le regardèrent. Alors Lyle les regarda en retour, et elles insistèrent d'un sourire qui traduisait tout sauf leur patience.

 

- Qu.. Vous allez rester ?

- Il faut bien qu'on ajuste tous les détails au plus près du corps.

 

Lyle gonfla ses joues pour évacuer un lent soupir silencieux.

Viviane, je te déteste.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Dans les couloirs, Mardi 31 Octobre 2124

Sasha mit un moment à réussir à sortir de la torpeur que le sortilège avait abattu sur lui. Il roula sur les fesses, les lueurs des bougies dansant dans ses cheveux châtains quand il secoua la tête pour essayer de reprendre conscience, après quoi il réserva à Gwen un regard mauvais pour toute réponse à la menace qu'elle proférait. Au moins, une chose était sûre : la Serpentard était finalement capable de passer à l'acte, et ragaillardie par le succès de son sortilège, et le fait qu'elle était désormais la seule qui pouvait physiquement tenir la route, elle avait pris une mine supérieure ; le menton haut, le regard couvant les uns et les autres tour à tour comme si elle était en contrôle de la situation. Sasha émit un sifflement entre ses dents en secouant la tête.

 

Pendant ce temps, Alison avait repris ses couleurs d'automne : son visage disparaissait à demi derrière de grosses mèches qui ondulaient de façon désordonnée - bien loin de la coupe raide et propre qu'elle arborait d'habitude. Sasha croisa son regard, mais il le fuit en même temps qu'elle. Lucian avait essayé d'attraper le bras de la jeune fille, ravivant subitement l'énergie du Gryffondor qui se remit sur ses pieds à son tour.

 

- Putain mais lâche-la, malenʹke layno ! s'énerva-t-il, non sans ressentir une pointe de satisfaction de voir qu'Alison ne faisait pas plus confiance à Lucian qu'à lui-même.

 

Ce dernier jeta un regard noir vers Sasha.

 

- Qu'est-ce t'as dit là ? Ca veut dire quoi ton truc ?

- Rien, éluda l'ukrainien, avant de désigner Alison du menton, à l'attention de Gwen. Il faut qu'tu la soutiennes, elle peut reperdre connaissance à tout moment.

- Parce que t'es médicomage maintenant ?

 

Gwen leva les yeux au ciel avant de lâcher un soupir en direction des deux garçons.

 

- Vous êtes chiants, là, les mecs. On va chacun rentrer à nos dortoirs. Ali tu viens avec nous, et toi là, tu retournes dans ta tour, t'avises pas de nous suivre.

- Non.

 

Gwen avait fait un pas vers Alison mais elle s'interrompit.

 

- Quoi, non ?

- J'la laisse pas rentrer avec ce porc.

- Parce que c'est moi l'animal ?

- Mais ta gueule avec ça !

 

Lucian allait pourtant rétorquer, mais sa bouche s'ouvrit sur un silence qui les glaça tous : un bruit était venu des couloirs - comme un cliquetis aigu. Ils se figèrent, les yeux ronds. Gwen et Lucian se consultèrent du regard, et la fille agita rapidement sa baguette avec un murmure : aussitôt toutes les bougies furent soufflées, et ils se retrouvèrent dans une obscurité chargée de l'odeur douceâtre du souffre.

 

- Ca doit être le concierge.

- Ou un fantôme.

- Anh la la, si jamais c'est... Une créature qui ne devrait pas être ici ?

- Arrête Gwen. C'est sûrement un préfet ou le concierge. S'il nous trouve on dit qu'on est venus chercher Alison et qu'on a eu peur de lui. Je vais pas perdre des points pour ce connard.

 

Sasha, lui, n'écoutait déjà plus. Il s'était glissé vers l'angle du couloir, pour jeter un coup d'oeil, mais il n'y vit goutte - la nuit était devenue trop épaisse. Sous sa forme animale, il aurait pu, mais... La proximité des Serpentard rendait l'opération trop risquée. Il s'engouffra de nouveau dans l'espace restreint qui accueillait les élèves - mais il percuta Gwen de plein fouet.

 

- Aouh ! Mais qu'est-ce tu f... Il essaie de m'agresser ! Lucian il es-saie... !

- Mais arrête putain, grogna Sasha en levant les paumes, pour montrer - inutilement vu qu'on ne le voyait pas - qu'il ne faisait rien du tout. J't'ai pas vue c'est tout !

- Chut ! les reprit Lucian. On avance !

 

Sasha s'écarta juste à temps pour les laisser passer. Gwen avait attrapé le poignet d'Alison et il la sentit passer devant lui plus qu'il ne la vit. Shampooing, sueur, parfum. Signature. Lucian leur emboîta le pas et Sasha suivit.

Après quelques pas dans le couloir, ils purent discerner les contours de quelques fenêtres, que la nuit éclairait pauvrement - et de nouveau, le cliquetis se fit entendre, plus proche. Ils se figèrent tous de nouveau : qui que ce fut, créature ou humain, quelqu'un se rapprochait, exactement dans cette direction. Il y eut des murmures confus comme Gwen faisait demi-tour, percutant Lucian et Sasha, emportant toujours Alison avec elle.

 

- Où tu vas ?! chuchota Sasha à Gwen. C'est bouché par là !

- On va trouver un autre chemin.

- Mais pas par là, tu vas nous foutre dans une impasse et...

- Shht !

 

Gwen, tremblante, s'élança dans un couloir voisin. Tandis que Lucian percutait maintenant Alison.

 

- Ali avance ! Ali ?

 

Pas de réponse. Sasha s'alarma - voyant vaguement la silhouette découpée dans l'obscurité de la Serpentard qui s'amollisait contre Lucian. Sasha la rattrapa brusquement pour l'arracher au garçon qui battit l'air des mains, ne comprenant pas ce qu'il se passait.

 

- Vous allez nous faire repérer ! s'énerva Gwen quelques pas plus loin. C'est encore Ali qui veut pas bouger ?

- Elle ... Elle a disparu, fit bêtement Lucian qui la cherchait en tendant les bras à l'aveugle autour de lui.

 

Sasha avait reculé de plusieurs pas, l'emportant avec lui. Elle était à demi-consciente, supposa-t-il, alors il la plaqua dos contre un mur.

 

- Fais-moi confiance. J't'en prie fais-moi confiance, lui chuchota-t-il avant de la lâcher.

 

Alison glissa contre le mur. Avec un réflexe à demi-inconscient, elle tendit les mains vers le sol - chuta sur une grosse masse velue qui s'ébranla aussitôt au petit trot.

Derrière eux, les Serpentard paniquaient avec force de murmures indignés.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

Un mois et demi s'était écoulé plus vite que Sasha ne s'y était attendu : entre les cours de 5ème année qu'il essayait de rattraper - péniblement - et ceux qu'il devait suivre en sixième année, et des nuits écourtées par des escapades nocturnes qui étaient devenues incontournables, Sasha occupait ses rares temps libres en trois activités essentielles : manger, dormir et... danser.

Contre toute attente, être guidé par Bartholomew Beckett avait rendu la première épreuve plus facile qu'il ne s'y était attendu, et la perspective du bal de Noël avait rendu à Sasha le goût d'atteindre un objectif : s'il devait se retrouver habillé comme un pingouin pour danser en guise de punition infligée pour avoir quelques fois abimé les beaux visages des Serpentards, autant qu'il ne se ridiculisât pas et dansât correctement. Alors, il s'était investi. Bouger sans trop réfléchir, c'était finalement quelque chose d'accessible. Il avait bientôt découvert que les autres danseurs du groupe, pour certains, n'étaient pas bien plus assurés que lui - et même, qu'au beaucoup d'un certain temps, il appréciait certaines répétitions : les mouvements simultanés réussis, la légèreté de la musique qui faisait oublier certains soucis, et l'humour sans cesse renouvelé des deux aînés qui menaient le cours de danse faisaient finalement une expérience hors du temps, légère, comme si ni la guerre, ni Poudlard, ni ces élèves qui le trouvaient pauvres ou sauvages n'avaient existé.

 

Il n'en restait pas moins que le jour du bal, il s'était senti nerveux comme à son tout premier jour d'école quand sa mère avait dû le pousser en avant pour qu'il suivît le troupeau d'enfants. Howard et Bartholomew avaient fait en sorte qu'ils aient chacun un costume qui leur allât correctement - aussi, au lieu de se retrouver en robe de soirée - tenue qu'il ne possédait pas de toute façon - s'était-il retrouvé engoncé dans une chemise blanche et une veste noire, avec un noeud papillon qui lui serrait le cou. Sa tête avec ses joues rougies et ses cheveux en bataille qui sortaient de ce costume lui paraissaient, dans le miroir, tout à fait déplacés et inappropriés, aussi avait-il essayé de mettre de l'ordre avec ses doigts dans ses mèches - sans grand succès : des épis se redressaient toujours automatiquement sur son crâne.

 

 

A cause de l'ouverture du bal, à laquelle il participait avec la fameuse carioca, Sasha fut à l'avance dans la Grande Salle, et passa de longues minutes ébahi devant les décors grandioses de l'école : si Poudlard l'avait impressionné lors d'Halloween, les décorations de Noël étaient plus sensationnelles encore, et la variété des mets battaient tous les records de ce qu'il avait jamais pu rêver dans ses périodes les plus affamées. Pourtant, une fois n'était pas coutume : Sasha n'avait pas faim. Son estomac lui donnait l'impression d'avoir avalé un boule de bowling au déjeuner sans avoir pu la digérer depuis. Alors il restait planté là, un jus de citrouille à la main, à côté d'une certaine Lina - troisième année, dans le groupe de danse, qui n'arrêtait pas de tirer sur sa robe en demandant à sa voisine si elle n'était pas trop courte.

Les élèves affluaient peu à peu. Pour Sasha, les filles étaient toutes belles : c'était un arc-en-ciel de robes et de chevelures, de parfums et de peau dévoilée qui lui aurait donné l'envie de les renifler l'une après l'autre s'il en avait eu le loisir - plus que jamais il aurait voulu que son animal d'animagus fut un chat pour pouvoir se promener entre elles et recueillir les caresses des unes et des autres - mais la panthère aurait fait fuir tout le monde, aussi chassa-t-il cette drôle d'idée de son esprit.

De toute façon, Alison était arrivée : à peine aperçut-il sa chevelure flamboyante qu'il détourna le regard, comme si cela aurait pu trahir quelque chose de lui-même.

 

 

Quelques instants plus tard, les lumières de la Grande Salle changèrent. Les arbres de Noël s'assombrirent, et des projecteurs illuminèrent le centre de la pièce. Bartholomew, puis Howard, ouvrirent le bal sous des applaudissements tonitruants. Et puis, c'était au tour de Lina et d'Alicia de les rejoindre. Quentin, Erik et Miles suivirent. Et alors, ce fut au tour de Sasha.

 

 

Ne pas réfléchir. Le corps sait mieux que l'esprit. C'était vrai pour la panthère, c'était vrai aussi pour la danse.

 

 

Il ne vit pas la foule : ses repères étaient les autres danseurs, le poids de son pas, l'air qui filait entre ses doigts, ses muscles qui réagissaient d'eux-mêmes, en rythme - à peu près. Sasha ne serait jamais le danseur parfait et léger qu'étaient les deux hommes aux cheveux gris qui semblaient tant dans leur élément, mais il croisa le regard de Lina qu'il devait soulever à la fin de la danse : elle s'était retournée vers lui, le regard plein de détresse et d'espoir, alors pour la rassurer, il lui sourit. Elle répondit d'un sourire et courut se jeter dans ses bras, comme le firent les autres filles avec leur porteur, et il la souleva pour la figure finale.

 

 

Tonnerre d'applaudissements. Sueur qui dégoulinait sous la chemise. Lumières aveuglantes. La main de Lina dans la sienne tandis qu'il saluait la foule en se penchant en avant avec les autres.

 

 

Et puis la musique et les lumières changèrent de nouveau, enchanteresses, pour illuminer la salle. Sasha fuit du regard tous ces élèves qui le regardaient, pour battre en retraite au milieu des autres danseurs, dans le fond de la pièce. Il entendit à peine, le coeur battant, les félicitations des adultes, et rendit seulement une bourrade de Miles qui clamait qu'ils avaient fait leur meilleure prestation : Sasha sentait ses genoux sauter sous son pantalon, et prétexta avoir besoin de boire pour s'éclipser vers les grandes tables chargées de mets et de boissons.

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Katherine Dennison

Auror 62 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Blackmill, Nord du Royaume-Uni, Mardi 13 Février 2125

Katherine avait fini par se faire à sa nouvelle vie à Poudlard. Elle était telle un vieux rapace installé dans les crevasses qui fissuraient un vieil édifice : elle toisait le monde d'en haut, ne se mélangeait guère aux autres espèces que constituaient la faune étrange du château écossais.

Sa mission principale, bien sûr, était de surveiller l'enfant. Mais bien que Nikolaï fut un garçon exceptionnel, il avait ici une vie d'écolier plutôt ordinaire : il allait en cours, il faisait ses devoirs, il dormait. Il voyait un ami que Katherine tenait à l'oeil, lui aussi.

 

En bref, c'était une vie dans laquelle elle s'ennuyait ferme. Et c'était sûrement ce que ses collègues avaient voulu pour elle, puisqu'ils connaissaient tous son goût pour les situations retorses et l'adrénaline qu'elles créaient. C'était sa punition.

 

Aussi, quelle ne fut pas sa surprise d'être conviée dans une enquête à quelques lieues de là : Blackmill, petit village gris et isolé. Ils n'avaient pas dû avoir le choix, pour la contacter elle.

Oh, comme il était bon de leur faire cette petite fleur. Ah, elle leur était encore de temps à autre indispensable n'était-il pas ? Même s'ils faisaient comme si elle était infréquentable. L'hypocrisie du Bureau la faisait sourire. Ses collègues seraient ravis.

 

Car on ne l'avait pas envoyée seule en renfort - ç'eut été étonnant. Ils ne lui faisaient pas confiance à ce point.

 

Katherine avait transplané au coeur du village, au point de rendez-vous, pour y retrouver Harrington, Rowle et D'Arcylton, qu'elle avait salué d'un sourire faux. Tout le monde savait ici qu'elle était là car il n'y avait personne d'autre.

 

  • - S'ils sont encore en vie, souffla-t-elle toutefois comme une précaution orale, écoutant malgré tout soigneusement le discours du chef de la Brigade.

 

Elle emboîta le pas au groupe, qui sinuait maintenant entre les ruelles étroites et mornes, dissertant à voix haute. Katherine tenait, autour de son col, sa cape noire serrée d'une main gantée de cuir sombre, pour se préserver du froid, une oreille distraite écoutant les suppositions des autres, tandis son regard se promenait passivement sur les pots de fleurs qui ornaient les balcons : des feuillages verts survivaient ça et là, mais les fleurs coloraient se cacheraient jusqu'au printemps.

Un vieil arbre sinueux était coincé au bout d'une place, forçant sa place de son gros tronc entre des bâtis de pierre grise, comme s'il se battait éternellement avec les murs. A son pied, de jeunes pousses bravaient le vent, chargés de feuilles fraîches, prompts à démontrer qu'ils étaient les plus vaillants.

 

Katherine sourit pour elle-même. Ces jeunes, si impatients de démontrer leur valeur.

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Katherine Dennison

Auror 62 ans Sang-Mêlé·e Britannique Notoriété

Serpentard
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Au milieu du terrain de Quidditch, Vendredi 03 Novembre 2124

Miss Dennison acquiesça d'un regard froid.

 

- Oui, monsieur Polyanski, vous devrez recommencer jusqu'à réussir, confirma-t-elle, avant de détourner le regard.

 

Elle s'engagea pour faire quelques pas à ses côtés - déposant de temps à autre le bout de son balai à terre comme s'il s'était agi d'une canne - ou d'un sceptre des temps anciens. Devant la demi-Lune passaient de temps à autre des nuages qui étiraient leurs ombres discrètes sur le gazon du terrain de Quidditch, si humide qu'il en émanait une odeur d'herbe fraîche à chaque fois qu'elle en écrasait les brins de ses talons.

 

C'était tout de même ennuyeux, les tours que lui jouait récemment la magie. Ca ne lui arrivait pas lorsqu'elle était plus jeune : aucun sortilège ne ratait ; jamais. Mais se résoudrait-elle à aller voir un médicomage, pour savoir si c'était l'âge ? Certainement pas. Les médicomages pouvaient informer le Ministère. Et puis, elle aurait entendu parler de ce genre de troubles, de la part de ses aînés, si c'était quelque chose de courant. Etait-ce alors une affliction ? L'avait-on ensorcelée, ou sa baguette ?

 

Pensivement, Katherine fit tournoyer sa baguette dans ses mains avant de faire demi-tour, ses pas la reconduisant près de son petit protégé - qui n'était pas si chétif pour son âge, en réalité.

 

- L'intention ne suffit pas. Il faut la bonne prononciation, le bon rythme. Plasti-ciii-num. Recommencez encore.

 

Il finirait par y arriver, mais elle s'impatientait. C'était peut-être là le point commun que Katherine avait avec Nikolaï : elle n'avait plus que quelques années avant d'être forcée à la retraite, il n'avait vraisemblablement que quelques années à vivre. Il fallait optimiser ce qui leur restait, à tous les deux.

 

- Nous n'avons pas toute la nuit, monsieur Polyanski. Nous allons corser l'exercice, même si vos résultats ne sont pas parfaits. Voici ce que vous allez faire : je veux que montiez sur ce balai, que vous décolliez. Dès que vous prenez un peu de hauteur, vous transformez votre balai en lance. Ne faites pas cela de trop haut, je ne veux pas que la chute vous estropie inutilement.

 

Cette fois, Katherine se garderait bien de toute démonstration. Elle avait beau être une Auror hors pair - habituellement, en tous les cas - elle n'avait plus l'âge de réaliser des prouesses physiques. Elle se contenterait de rester au sol à le scruter.

 

- Avez-vous compris, monsieur Polyanski ? Vous décollez, vous transformez le balai en retombant en piqué. Je suis sûre que vous saurez gérer la chute en retombant sur vos pieds, il vous suffira de lâcher la lance juste avant qu'elle ne se plante dans le sol.

 

L'opération était difficile : Katherine avait observé le garçon pendant ses cours de Vol et attendu qu'il maîtrisât les bases pour passer à cet exercice. Mais combiner la concentration tant sur le balai que sur une transformation nécessitait une agilité magique qui relevait d'un véritable entraînement d'Auror. Du genre que l'on réservait plutôt aux jeunes diplômés de Poudlard qui voulaient embrasser cette carrière, avec leurs fraîches dix-sept années d'expérience. Or, ils n'avaient pas le temps d'attendre les 17 ans de Nikolaï.

 

- Allez-y, je vous observe. Tant que l'exercice n'est pas réussi... Vous savez ce qu'il vous reste à faire. Bonne chance.

 

 

 

 

[HRP :

 

Pour réussir l'exercice, Nikolaï doit réussir son envol (un dé 10) PUIS réussir son sortilège (un jet pour le sortilège Plasticinum). Il fait cela à basse altitude, donc on part du principe que même s'il peut se ramasser un peu, il va pas se casser une jambe. Au pire il mange un peu de boue :D

 

Pour le dé 10 :

- 1 : échec critique, le balai fuse et Nikolaï se vautre par terre.

- de 2 à 5 : échec, il n'arrive pas à s'envoler correctement.

- de 6 à 9 : réussite

- 10 : réussite critique, Katherine a des étoiles qui brillent dans les yeux en le regardant décoller]

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Boutique OCQ, Samedi 16 Décembre 2124

- Ah, fit-il, la voix légèrement déçue.

 

Sasha s'en retourna au sac de Vifs d'Or, en resserra la fermeture pour éviter d'en perdre un autre. Il s'accroupit pour observer ce qu'il y avait au bas de l'étagère, pour y trouver des affiches enroulées sur elle-même. Probablement les versions miniatures de celles qui étaient exposées à côté du comptoir, dont les protagonistes baillaient en attendant d'avoir un public digne de ce nom avant d'enfourcher leur balai et faire leur numéro impressionnant.

 

- Heu, ouais, ouais.

 

Chez toi. Bon, elle avait donc deviné. Il ne servait à rien de se cacher. Et chez lui, il s'était intéressé au Quidditch, en effet. Comme tous les gamins sorciers, probablement. Mais alors qu'accroupi, il s'intéressait à la grosse malle remplie de morceaux de cuir - une étiquette indiquait : Enchanté pour une meilleure prise du manche. Prix et fixation sur votre balai à déterminer en fonction de la taille et du modèle - il jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule pour observer la gérante.

 

- Hum... Carter comme vous ? demanda-t-il d'une petite voix.

 

L'envie de donner une image de valeur à la jeune femme se disputait à la nécessité d'être honnête. Sa mère n'aimait pas qu'il mentît, et il ne savait pas pourquoi il pensait à elle subitement. Peut-être parce que Freya avait cette autorité naturelle malgré sa gentillesse, qui lui rappelait un peu les manières de sa propre famille.

Alors il finit par secouer le nez de gauche à droite.

 

- Désolé. Mais je me renseignerai. Chez moi la star, c'est Yuriy Zaitsev. Vous connaissez ? On l'appelle la... Tornade, en anglais je crois. Il joue dans l'équipe nationale bulgare, mais c'est un ukrainien à l'origine !

 

Il n'avait pas pu s'empêcher de préciser. Il fallait dire que les joueurs de Quidditch ukrainiens célèbres à l'international étaient aussi rares que des hyppogriffes roses, et l'équipe nationale de son pays faisait figure d'amateurs maladroits lors des rencontres internationales. Sasha baissa la tête sur la grosse malle aux morceaux de cuir. Il se mit à essayer de les regrouper en fonction des tailles et des motifs, mais il y en avait beaucoup et il fronça les sourcils. L'instant suivant, cependant, son visage s'éclaira.

 

- Vous l'avez sûrement déjà vu, c'est celui qui se met des flammes vertes sur la tête à chaque fois qu'il attrape un Vif d'Or !

 

Le monde du Quidditch était aussi un monde de spectacle. Sasha se souvenait des soirées à commenter les résultats de la gazette sportive à laquelle était abonné son voisin sorcier du village, Bohdan, sur lesquelles de grandes images représentaient les joueurs en pleine action. Ils lisaient à voix haute des paragraphes entiers des descriptions, en particulier quand Yuriy mettait fin à un match de façon toujours spectaculaire. Alors Bohdan montait sur son lit en imitant l'action, clamant qu'il serait lui aussi un jour un joueur professionnel, et Sasha riait aux éclats parce que Bohdan avait le vertige dès qu'ils montaient pour marcher en funambule sur les barrières avec lesquelles les moldus enfermaient leurs vaches.

 

- J'connais pas trop mal les équipes roumaines, polonaises et turques. Mais j'ai quand même quelques notions des autres équipes avec le dernier championnat du monde il y a deux ans.

 

Ca, c'était quand il était dans son tout premier camp sur le terrain des Veilleurs de l'Aube, avec d'autres jeunes comme lui, qui ne trouvaient pas le sommeil une fois tassés dans leurs tentes savamment masquées dans le paysage. Jusque tard dans la nuit, laissés seuls avec les perspectives terrifiantes du lendemain, ils s'occupaient en discutant à bâtons rompus des résultats des matchs. Finalement, deux de ses camarades de fortune avaient fini par se fâcher au sujet de ce qu'il fallait ou non soutenir la Lettonie plutôt que l'Irlande, et le sujet du Quidditch avait été évité pour les jours suivants.

Finalement, c'était peut-être dommage que les matchs de Poudlard fussent annulés cette année ; peut-être que cela lui aurait mis du baume au coeur. Ou pas. Il haussa les épaules comme pour lui-même, et continua à organiser les cuirs pour occuper ses mains un peu fébriles.

 

- Ils viennent à quelle heure, vos employés ?

 

Sasha jeta un coup d'oeil vers la porte, vaguement inquiet soudain de voir débarquer d'autres élèves de Poudlard qui travailleraient déjà ici. Peut-être que bien d'autres élèves plus mordus de Quidditch que lui s'étaient présentés des semaines plus tôt. C'était clair qu'ils étaleraient alors leur science et qu'on verrait que lui n'avait qu'une connaissance superficielle. Et si c'était pour vivre ici les mêmes regards qu'il avait à Poudlard...

Il baissa les yeux vers le travail qu'on ne lui avait pas donné, silencieux subitement.

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Saï Don
Message publié Samedi 08 Février 2025 à 08:00

Deb, créature sauvage du Morbihan, 

Est apparue un jour dans mes contacts Discord

A la manière d'un pirate qui aborde

Avec un sourire, des blagues, et sans accent.

 

Avec elle, tel un compagnon de pillage

Un Stitch criait que je ne les reverrai pas

J'ai eu peur, mais heureusement Deb était là

Sereine et les pieds nus plantés sur le rivage.

 

Elle faisait genre elle aussi était Serpentard !

Elle aussi pouvait se moquer, et dépouiller

Le premier venu qui se laisserait duper !

Tout en brillant dans le ciel breton comme un phare.

 

J'ai décidé d'embarquer, le temps a passé

Les mauvais vents et les monstres de la mer

Nous les avons combattus, vaillantes et fières

Gardant Stitch sous contrôle et après nous la paix

 

Ce fut un périple parsemé d'aventures

Mais je n'ai jamais vu le serpent annoncé

Mais la bravoure d'une Gryffondor ignorée

Et la bonté d'une Pouffy, je vous l'assure

 

Alors certes si vous ajoutez un accent

Elle peut ruer bien aussi fort qu'un caribou

Mais j'empêcherai que vous rendiez coup pour coup

Car je veux garder ma Pouffy du Morbihan.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
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Grande Salle, Vendredi 15 Décembre 2124

Pour détendre l'atmosphère, et inviter plus facilement les élèves à s'approprier la piste de danse, une musique de rock'n'roll aux sonorités magiques, pleine de clochettes et autres choeurs de Noël, emplissait maintenant la Grande Salle. Des élèves se massaient autour des buffets ; les plus téméraires se lançaient déjà au milieu pour se déhancher en gloussant comme autant de dindons paniqués, les plus timides frôlaient les murs et disparaissaient presque derrière les hauts sapins qui décoraient les quatre coins de l'immense pièce.

Sasha s'était posté près de l'un d'eux, un énième jus de citrouille à la main, maudissant intérieurement l'administration de Poudlard qu'ils n'eussent pas accès à de l'alcool : il en aurait eu bien besoin. Des filles passèrent devant lui en lui jetant quelques regards et il se tint raide, prêt à rétorquer à la moindre attaque ou moquerie, mais aucune ne vînt. Malgré tout, il capta un groupe de Serpentards discuter à voix basse, des sourires mauvais aux lèvres, et décida que c'étaient sûrement eux qui se moquaient le plus.

Aussi, quand une boule bleue et rousse apparut subitement devant lui, Sasha sursauta, manquant de s'étouffer avec son jus de citrouille, qu'il se hâta de reposer. La petite fille s'était faite aussi belle que les grandes, et les tissus vaporeux de sa robe rappelaient son caractère doux et rêveur. Sasha mit les poings sur les hanches pour mimer l'admiration surprise.

 

- Oh, wahou, ben t'es drôlement jolie toi, on dirait une fée !

 

Charlie parlait bien plus vite que lui. Elle avait déjà raconté tout un tas de choses quand il réussit à se sentir un peu moins brûlant et essouflé. Son coeur avait ralenti, et il acquiesçait en écoutant d'une oreille, intérieurement reconnaissant envers Charlie de lui donner l'occasion de ne pas avoir l'air du vilain petit canard qui ne faisait que se goinfrer seul à une table.

Il se laissa tomber sur une chaise en l'écoutant. Charlie s'était retournée vers la foule, prête à profiter de la soirée en bourdonnant d'un groupe à l'autre, tandis que Sasha s'occupait les mains en triturant une serviette en papier bleue pailletée entre ses doigts. La couleur lui faisait penser à celle arborée par Charlie.

 

Au commentaire concernant Alison, Sasha s'était contenté de grimacer un sourire gêné. Il avait essayé de ne plus penser à elle, ces dernières semaines : il estimait qu'il avait fait ce qu'il avait pu pour le deal ; être le petit ami parfait, ce n'était sûrement pas dans ses cordes pour les standards de la jeune Carter. Et pourtant, il avait du mal à abandonner et accepter la défaite : ce n'était pas tant pour la fille en question, se convainquait-il, que parce qu'il n'aimait pas ne pas parvenir à ses fins. Et puis, ses notes avaient plongé depuis qu'ils ne travaillaient plus ensemble, alors, il caressait encore de temps à autre l'idée d'avoir un binôme, une équipe, peu importe. Quelque chose qui lui permît de surmonter les épreuves. A la guerre, il avait appris quelque chose : face à un ennemi, seul, on ne vaut pas grand chose. Notre vie repose sur nos camarades. Ici, Alison était la forme la plus proche de cette sensation de faire partie d'une escouade qu'il avait pu connaître à Poudlard.

Alors, il décida, comme ça, sur un coup de tête : ce soir, il jouerait sa dernière carte pour tenter de sauver l'équipe. Et si ça ne fonctionnait pas... Il faudrait sûrement apprendre à faire cavalier seul, finalement.

 

Juste avant que Charlie ne disparût, Sasha lui tendit ce qui restait de sa serviette en papier : il l'avait plusieurs fois replié ; humidifié la base du pliage et déchiqueté les bouts de feuillets qui s'ouvraient désormais comme une fleur bleue et ronde, en forme de cloche.

 

- Tiens, c'est pour aller avec ta tenue. C'est une... Er, une dzvonyky, fit-il en haussant les épaules : je connais pas le nom en anglais. Mais elle porte chance chez moi.

 

Sur ce, Charlie disparut, et il se mit à scruter la salle. A l'autre bout, sur un banc, la brochette entière s'était constituée - le vert et l'argent l'emportaient de loin sur les couleurs favorites des Serpentards, et on voyait les filles s'échanger des messes basses. Il ne fallait pas qu'il se fît d'illusion : à Halloween, il avait attendu toute la soirée qu'elle fut seule, et finalement, il avait gaspillé son temps. Alison ne quitterait probablement pas sa brochette. Il prit la serviette suivante, pour faire une autre fleur, puis une autre. Il les aligna sur la table.

Trois, et Alison ne se levait toujours pas.

Quatre : aucun garçon pour l'inviter n'avait commencé à se battre.

Cinq : s'il tardait trop, le slow qui débutait pouvait peut-être la convaincre.

 

 

Sasha se leva, un peu raide, et délaissa la sixième fleur à demie fabriquée, qui se déplia sur le coin de la table, tâchée de jus de citrouille.

Les clochettes de Noël résonnaient dans la musique, mais il ne les entendait pas. Il avait décidé de traverser la salle sans tergiverser : qu'elle dît oui ou non, le résultat serait le même : il serait fixé, il pourrait décider s'il l'ignorerait ensuite, elle ne pourrait pas dire qu'il n'avait pas été galant, qu'il n'avait pas joué le jeu du deal. Et qu'importait les jugements de la brochette ? Il avait trop souvent affronté leurs regards pour savoir que les amies d'Alison ne lui étaient pas favorables de toute façon. Qu'elles se moquassent un peu plus ou un peu moins ne changerait rien.

 

Malheureusement, la Grande Salle n'était pas si grande : en quelques secondes à peine, il l'avait traversée, pour se retrouver planté devant la brochette, et il se maudit de ne pas avoir préparé exactement ce qu'il allait dire. Il se trouva subitement à l'étroit dans son costume, comme si de nouveau il était un ours en uniforme - une allure absurde, probablement hilarante. Trop tard, de toute façon.

 

- Tu veux danser, il dit à Alison.

 

Ca aurait dû être une question, mais ça ne sonnait pas vraiment comme tel ; c'était un genre de constat pas très assuré qu'il lançait, à mi-chemin entre un ordre et une hypothèse. Il tendit la main vers elle, le coeur battant, sentant sur sa nuque et ses joues les regards des élèves alentours qui observaient la scène, certains cachant derrière leurs mains leurs sourires goguenards.

 

You could be happy, s'était mise à chanter la voix dans la musique, et Sasha se prépara à recevoir le refus qui mettrait, enfin et définitivement, un terme à ce combat stupide qui consistait à sauver un deal qui n'avait pas de sens.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Bibliothèque, Mercredi 27 Septembre 2124

Sasha avait planté ses talons dans le sol quand le bibliothécaire l'avait saisi par les épaules aussi sûrement qu'un âne enfonçait ses sabots dans la boue lorsqu'il refusait d'avancer. Malheureusement, l'enthousiasme de Beckett eut raison de sa posture et il se sentit propulsé en avant, jetant vers l'arrière quelques regards absolument désespérés : mais des quelques élèves regroupés dans des poufs, il n'obtint pas la moindre aide sinon des rires à peine dissimulés.

 

Le pire était que la séance de danse n'était pas prévue en privé : le bureau de monsieur Beckett n'était autre qu'un gros comptoir d'angle en bois massif qui croulait sous divers objets, parchemins et ouvrages, offert à la vue de tous les élèves - et autres personnels - qui avaient décidé de fréquenter l'endroit à cet instant-là. Sasha ne put s'empêcher d'offrir un regard de supplication silencieuse au bibliothécaire ; mais, imperméable à sa détresse et plongé dans sa propre démonstration, ce dernier n'y fit guère attention.

 

- Non mais vous savez moi l'art c'est pas trop mon...

 

Sa voix s'éteignit dans un soupir affligé, ses yeux examinant la posture étrange du danseur improvisé : Beckett tremblait comme un arbre qu'on aurait secoué, toutes ses branches et ses feuilles remuant frénétiquement. Un peu plus et Sasha aurait pu voir les gouttes et les fruits se décrocher pour s'écraser par terre.

 

Alors, n'écoutant que son courage qui ne lui disait rien qui vaille, Sasha sortit les mains de ses poches - à contrecoeur, striées de balafres noires, mais à demi enfoncées dans ses manches, pour les laisser retomber le long de son corps. Il lui semblait que la bibliothèque était devenue étrangement silencieuse, comme si les bouquins eux-mêmes retenaient leur souffle pour savoir ce qu'il allait faire.

 

Mollement, Sasha secoua un peu les mains.

 

Il rencontra le regard du bibliothécaire et comprit que ce n'était pas suffisant. Alors il secoua un peu le buste et les épaules, dans une pâle imitation de Beckett. Des élèves pouffèrent de rire un peu loin, et cette fois Sasha s'épargna la contorsion (et la déconvenue) de se retourner pour les voir se moquer de lui. Mais un nouveau regard avec le professeur de danse l'informait que ce n'était toujours pas suffisant.

 

Alors, Sasha prit une grande inspiration, comme s'il allait se jeter à l'eau. Et puis il fit ce qui lui semblait le plus instinctif et qui devait (peut-être, ou pas) ressembler à l'exercice demandé : il s'ébroua brutalement. Ses cheveux volèrent autour de son visage, tout son corps fut pris d'une série de spasmes, secouant ses vêtements lâches sur lui comme un pelage bigarré - d'une façon fort peu naturelle pour un humain.

 

L'instant suivant, il était revenu à son apparence habituelle - ses cheveux juste complètement dérangés, ses yeux attentifs pour savoir s'il était débarrassé de ce premier exercice.

 

- J'suis vraiment pas sûr, Sir, il chuchota comme une supplication, implorant du regard l'abandon de cette punition.

 

Mais bizarrement, les rires s'étaient arrêtés dans son dos. Ils ne tarderaient pas à reprendre, c'était évident : tout le monde attendait la suite.

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Sasha Shevchen

16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété

Gryffondor
Ce titre distingue un donateur d’exception dont la générosité rivalise avec les coffres les plus remplis de Gringotts, faisant de lui un véritable magicien de la fortune solidaire.
Boutique OCQ, Samedi 16 Décembre 2124

Au moins une chose était sûre : il ne s'était pas trompé de famille : la jeune femme qui était apparue devant ses yeux avait le visage couvert de tâches de rousseur et la chevelure aussi flamboyante qu'Alison et Charlie. Avec - heureusement, songea Sasha - des traits dont émanaient effectivement la spontanéité et la gentillesse de la benjamine et moins la sévérité de la cadette.

 

- Hhuummm... Bon-jour... Mais je viens pas pour acheter.

 

Sasha cligna de ses yeux arrondis par la surprise. Derrière le comptoir qui le cachait à demi, il avait rassemblé ses doigts pour les assembler machinalement, comme pour s'aider à se concentrer. Le regard de Freya et son naturel épanoui étaient si loin de ce à quoi il s'était attendu qu'il se sentait soudain intimidé. Peut-être était-il insuffisamment civilisé, au fond, et que c'était là le problème que les autres avaient perçu. Mais il n'avait pas encore dit son dernier mot et il s'humecta les lèvres en s'efforçant de soutenir le regard de la rousse.

 

- Je m'appelle Sasha, élève en sixième année à Poudlard, et je cherche du travail.

 

Il avait fait de son mieux pour masquer son accent, en articulant lentement, tout en se demandant si Alison ou Charlie avaient pu prononcer son nom dans leur famille. De toute façon, il était trop tard pour revenir en arrière. Comme il vit, à peine perceptiblement, l'expression de la jeune femme changer, il reprit subitement une inspiration pour enchaîner :

 

- Je peux faire plein de choses que les autres ont pas envie de faire ! Tant pis pour l'accent. Je peux nettoyer les sols et déneiger le trottoir, et...

 

Les yeux de Sasha se promenèrent désespérément autour de la jeune femme - repérèrent les listes de commandes et d'adresses griffonnées sur des morceaux de parchemin, les pots de cire formant une pyramide à côté de son épaule.

 

- ... et recompter des articles pour les mettre dans des boîtes ou cirer des balais et livrer des trucs ou aller faire des courses. Ou aller distribuer des publicités ou coller des affiches, puis je sais bien réparer les machines qui marchent pas. Je me lève tôt et j'suis disponible toutes les vacances de Noël tous les jours, et...

 

Depuis la rue, les éclats de voix d'une conversation leur parvinrent, annonçant que la rue allait doucement commencer à s'animer malgré le froid qui dissuadait encore les lève-tards de s'aventurer dehors. Mais ces bruits, troublés par les secousses discrètes d'un Cognard un peu trop enthousiaste de démontrer ses fonctions malgré les sangles qui le retenaient fermement dans son coffret de cuir, semblaient subitement souligner l'embarras du garçon dont les joues s'étaient peu à peu empourprées. Pourquoi était-ce encore plus compliqué face à une Carter ? Les Carter brouillaient tout.

Sasha réalisa soudain que son coeur battait à tout rompre. C'était sûrement la dernière boutique à laquelle il oserait se présenter pour aujourd'hui. Si ça ne fonctionnait pas...

 

- J'peux faire un essai gratuit, il ajouta précipitamment avant qu'elle ouvrit la bouche, comme si c'était sa dernière chance de produire un argument convaincant.

 

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Sasha Shevchen

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C'était un samedi matin orné d'un soleil froid, qui jetait sur la Grand Rue de Pré-au-Lard une clarté glacée semblable aux gelées de janvier - sauf que les décorations de Noël ornaient les devantures des magasins, des bougies réchauffant artificiellement le coeur des passants qui se presseraient bientôt pour poursuivre leurs emplettes avant les célébrations de fin d'année. Une neige épaisse était tombée pendant la nuit, mais la rue était déjà dégagée. Les trottoirs étaient flanqués de bordures de neige empilée, à demi-boueuse, qui disparaîtrait bientôt sous les bottes des promeneurs, encore rares à cette heure-ci. Il devait être près de 8h, et à cette heure, Pré-au-Lard était surtout animée des commerçants qui déneigeaient de quelques coups de baguettes devant leur devanture, mettant en place ici et là les animations qui rendraient attractive leur boutique pour la journée. Leurs gestes rapides trahissaient à la fois l'habitude de ces mouvements répétés chaque matin sur les derniers jours autant que l'urgence que tout fût prêt à cette époque de l'année.

 

A priori, Sasha avait pensé que c'était le meilleur moment pour les aborder : pas encore dans le feu de l'action à répondre aux exigences des clients, ni harassés après une journée intense de travail. Pourtant, il lui semblait désormais qu'il avait mal calculé : les réponses qu'on lui avait faites étaient brusques, lapidaires. Ils ne voulaient rien avoir à faire avec lui. Sasha avait tenté de varier sa présentation, avant de finir par enfoncer les mains dans ses poches - les sortir, les laisser dans ses poches, telle était toujours une question insoluble car les deux induisaient toujours un résultat négatif. Quant à savoir ce que son allure et son accent trahissaient de son origine et de son histoire, et de la façon dont cela influençait les interactions qu'il avait, il préférait ne pas trop y penser. Il avait poursuivi son chemin sur le trottoir, le nez à contempler le bout de ses baskets qui avançaient l'une après l'autre.

 

Peut-être qu'on voyait qu'il était pauvre, comme il avait cru qu'Alison l'avait remarqué. Peut-être qu'il ne parlait pas si bien anglais. Peut-être que ce n'était tout simplement pas le bon moment, pas la bonne solution. Ou bien il y avait un problème avec lui.

 

Cette question devenait plus récurrente à mesure qu'il évoluait à Poudlard. Presque la moitié de l'année s'était écoulée, et le bilan de ses réussites étaient bien maigres, tant sur le plan académique que social. Pas un ami à l'horizon. Ou peut-être Charlie Carter, mais Sasha n'assumait pas beaucoup qu'une petite fille de treize ans fusse la seule personne qui l'eût trouvé fréquentable.

 

Carter.

 

Comme dans Owen Carter Quidditch, ces grandes lettres qui s'alignaient au-dessus du n°76.

 

Sasha s'arrêta pour relever le nez devant la façade qui paraissait encore endormie.

 

Il n'ignorait pas qu'il y avait un lien entre les soeurs Carter et cette boutique, tout simplement parce que les férus de Quidditch avaient plusieurs fois mentionné l'endroit pendant les cours de Vol - qu'il suivait, Merlin merci, avec les 6ème années, car Sasha était meilleur dans cette pratique qu'en potions ou en botanique. On disait que les Carter tenaient une marque de renom, que les balais de la boutique étaient fabriqués à la main et faisaient concurrence à des balais de notoriété internationale.

 

Evidemment, il y avait pensé. Mais en raison de sa non-relation avec Alison, il avait soigneusement évité de s'y présenter.

 

Sauf que si personne ne voulait de lui... Le reste des Carter était peut-être davantage comme Charlie que comme Alison. Que perdait-il à tenter ?

 

Après un coup d'oeil autour de lui - comme si quelqu'un avait eu l'idée saugrenue de le suivre à Pré-au-Lard un week-end, Sasha poussa la porte.

 

Une petite clochette émit un bruit discret, et puis il se retrouva dans un environnement plutôt chaud. Des étagères regorgeaient de produits en tous genre d'un côté, des balais s'alignaient de l'autre. Des décorations suspendues étaient soigneusement disposées, faisant certainement rêver les jeunes enfants par cette liberté incroyable qu'offrait d'échapper à la gravité terrestre en enfourchant un morceau de bois. Sasha se hâta de remettre les mains dans ses poches : non pas pour les cacher, mais parce qu'il avait l'impression que sa carrure un peu large et ses mains maladroites auraient sûrement tôt fait de détruire les choses délicates qui étaient si proprement organisées à ses yeux.

 

Le comptoir était vide. Sasha se trouvait là, seul, dans la boutique, avec ses baskets mouillées par la neige et ses cheveux décoiffés. Après quelques secondes, il se décida à avancer un peu plus, pour aller jusqu'à la banque où se presseraient les clients dans quelques heures, et osa sortir un index pour appuyer sur la petite clochette.

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Sasha avait suivi des yeux les déplacements et les gestes machinaux de la jeune femme. Les décorations lumineuses et les animations des objets donnaient à l’endroit une joyeuseté qui créait un cocon dans lequel il pivota, faisant vaguement vaquer son regard le nez en l’air vers les minuscules balais qui parcouraient le plafond comme autant d’étoiles filantes. Bientôt, il baissa les yeux pour regarder de nouveau la gérante tandis que son visage se décomposait.

 

Les parents ou le directeur de maison.

 

-    J’peux demander une autorisation à mon directeur de maison !

 

Que le directeur de maison en question acceptât relevait d’une autre incertitude, mais il pouvait toujours demander. Il s’humecta les lèvres, fit disparaître ses mains dans ses poches en passant d’un pied sur l’autre.

 

-    Heu, ouais, j’suis nouveau. Depuis septembre.

 

Sasha ne savait pas s’il devait développer. Le fait de ne pas avoir déjà reçu une réponse négative était plutôt encourageant, mais la jolie rousse avait visiblement d’autres préoccupations en tête. Machinalement, l’ukrainien se remit à observer autour de lui. Il se dévissa le cou pour jeter un œil vers l’arrière-boutique silencieuse. Était-elle seule ici ? Ça ne pouvait être la mère d’Alison, elle était beaucoup trop jeune. (Et jolie, l’a-t-on déjà dit ?) Donc c’était une sœur, ou une tante. Il ne parvenait pas vraiment à lui donner un âge. Peut-être suffisamment jeune pour qu’elle se fût effectivement attendue à l’avoir déjà croisé dans les murs du château…. Donc qu’elle avait au moins 17 ans quand il en aurait eu 11. Elle devait donc avoir à peine plus de 20 ans. Sasha prit une inspiration, puis il alla lui aussi vers une étagère, choisie un peu au hasard. Des figurines animées s’étaient entassées dans un coin à force de mouvements enchantés répétés et il les réaligna pour rendre l’exposition plus agréable à l’œil.

 

-    Heu… ça doit être chargé avec Noël.

 

Ben oui, dourak, se morigéna-t-il, mais il n’avait rien trouvé de mieux à dire. Un faux vif d’or s’éleva d’un sac voisin et il l’attrapa en un réflexe soudain pour le replonger dans son sac d’appartenance. Quelle idée de vendre autant de choses enchantées. Est-ce qu’elle n’en perdait pas la moitié à chaque fois que quelqu’un ouvrait la porte ?

 

-    Il y a des voleurs ? Je peux surveiller, aussi. Vous êtes toute seule ?

 

Il se retourna vers la gérante et sentit ses joues s’empourprer de nouveau, et il se hâta de désigner d'un geste du menton la boutique qui les entourait.

 

-    J’veux dire, pour gérer tout ça, quoi.

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- Oh, waouh.

 

C'était donc le père des Carter qui avait emmené sa famille dans le Quidditch, à commencer par la gérante qui connaissait si bien les noms des joueurs de toutes les équipes, y compris celle de Bulgarie, que Sasha en resta un bref instant bouche bée. L'exercice que la jeune femme s'imposait avait l'air drôle, mais ça devait nécessiter une sacrée passion pour rester constamment à jour. Une pensée lui traversa l'esprit - le père d'Alison, celui qui n'aurait sûrement pas voulu qu'elle déboutonnât sa chemise pour attirer les garçons dans une serre de botanique, n'était donc autre qu'un grand joueur professionnel de Quidditch. Voilà pourquoi Charlie voulait qu'il surveillât Alison en son absence : sûrement qu'Owen Carter parcourait le monde pour jouer encore de grands matchs, ou peut-être même pour dénicher les nouveaux talents pour une équipe nationale ou une autre. Sasha se l'imaginait grand, habillé comme un sorcier d'affaire avec de grandes robes noires et une petite sorcière qui lui courait après en prenant des notes et en lui annonçant qui il allait rencontrer à son prochain rendez-vous.

 

Les images s'effacèrent de son esprit et le garçon reporta son regard sur les derniers morceaux de cuir qu'il arrangeait, avant de se lever à son tour à cause du ton solennel qu'elle prenait. Dans un geste nerveux, il épousseta son pantalon - alors que pour une fois, il n'était pas sali - pour se concentrer sur ce qu'elle avait à dire, les yeux fixés sur elle comme un félin aurait braqué son regard sur un objet qui avait bougé de façon inattendue.

 

- Ah.

 

Il avait eu du mal à masquer sa déception. Dans les premières idées qui l'avaient amené à arpenter la Grand Rue de Pré-au-Lard ce matin, il s'était imaginé pouvoir faire ne serait-ce que quelques mornilles sur les premiers jours des vacances. Mais vu les refus qu'il avait essuyé avant d'entrer chez OCQ, la proposition de miss Carter faisait figure de miracle. Alors il secoua subitement la tête de haut en bas.

 

- Oui oui, ça me va, se dépêcha-t-il de répondre, tâchant de faire bonne figure. Puis ça m'laissera le temps de réviser les équipes, alors.

 

L'interruption de Madame Forbes le sauva d'une conversation conclusive qu'il n'aurait pas su mener élégamment de toute façon.

 

- Gryffondor. J'vais aller voir mon directeur lundi.

 

Madame Forbes s'avançait dans la boutique d'un pas pressé, revêtue d'une grosse fourrure dans lequel son long cou disparaissait, et elle posa sur Sasha un regard absent.

 

- Bon, j'vous laisse travailler alors, déclara-t-il avant de s'effacer vers la sortie, désireux de s'échapper lui aussi même s'il aurait aimé continuer à rester au chaud à ranger la boutique.

 

Même gratuitement, songea-t-il étrangement tandis qu'il ouvrait la porte - déclenchant de nouveau le tintement. Alors avant de disparaître, il lança par-dessus son épaule.

 

- Et si jamais Noël c'est compliqué et vous avez b'soin d'aide appelez-moi hein ! Votre soeur saura m'trouver on s'connait !

 

Il referma la porte à la hâte et sa silhouette disparut derrière le rideau de fausse neige.

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Salle de Potions, Lundi 18 Décembre 2124

Le lundi à midi, monsieur Brooks devait terminer son cours avec les 4ème années.

Non pas que l'emploi du temps du professeur de potions intéressât Sasha d'une manière ou d'une autre... Sauf que voilà, cette fois, il avait besoin de lui parler. Un tel besoin qu'il avait même exceptionnellement retardé sa course à la Grande Salle, prenant le risque odieux de laisser tous les morceaux de poulet aux autres. A la place, et comme le lundi matin il n'avait pas cours, il avait soigneusement réfléchi à ce qu'il allait dire. Bien qu'il n'était pas du genre très soigneux, cette fois il avait décidé de se préparer : il avait collecté les différentes notes obtenues dans les matières - quelqu'un lui avait dit que ce serait important, et il avait même rédigé une petite lettre sur un parchemin, qui disait quelque chose comme ceci :

 

 

Cher mister Brooks,

Sir,

 

Je souhaite vous demander officiellement l'autorisation de pouvoir travailler à Pré-au-Lard à côté de mes études à Poudlard. Ce serait seulement le dimanche. C'est important pour moi de pouvoir gagner un peu d'argent pendant les week-ends ou les vacances quand les autres seront dans leur famille.

 

Très respectueusement,

 

Sasha Shevchen, 6ème année.

 

 

A la bibliothèque où il était allé rédiger sa lettre, une autre sixième année Serdaigle, très timide et disparaissant à moitié derrière un rideau de cheveux noirs, avait accepté de corriger ses fautes d'orthographe. Après avoir recopié proprement la version sans faute, il avait fallu attendre jusqu'à la fin de la matinée. Il avait bien essayé de réviser pour le test que le professeur d'Histoire de la Magie leur réservait pour le lendemain, Sasha n'avait pas réussi à se concentrer. Il s'en était donc allé rejoindre les cachots pour attendre devant la porte de la salle de Potions pendant vingt bonnes minutes. De l'autre côté du panneau de bois, on entendait la voix grave du Directeur de Gryffondor qui donnait ses instructions - Tournez 15 fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre ! - et quelques murmures provenant des élèves. Les cachots étaient légèrement humides, et Sasha ne pouvait s'empêcher de jeter régulièrement des coups d'oeil vers le couloir : au fond de la coursive, il y avait l'entrée des quartiers privés des Serpentards. Il ne s'en était plus approché ces derniers temps, et il redoutait de voir l'une ou l'autre des Serpentards qu'il connaissait en devant s'expliquer quant aux raisons qui l'amenaient là.

 

Heureusement, la fin du cours arriva sans que la moindre souris traversât le couloir, et bientôt la porte s'ouvrit pour déverser un flot d'élèves. Aucun d'eux ne lui prêtèrent la moindre attention, et bientôt, la salle de classe était redevenue silencieuse. Sasha osa entrer d'un seul pas. Monsieur Brooks était en train d'observer une potion dans une fiole qu'il tenait à hauteur d'yeux, assis sur son bureau, une plume en main. Sûrement pour noter le travail des quatrième années. Sasha s'éclaircit la gorge, puis il toqua à la porte ouverte.

 

- M'sieur Brooks ? J'peux vous parler une minute ?

 

Il attendit d'avoir un signe d'assentiment avant de s'avancer et de rejoindre le bureau qui séparer alors l'élève et le professeur. Sasha roulait des épaules inconsciemment, trahissant sa gêne, mais il finit par s'humecter les lèvres et se lancer.

 

- Voilà, j'vous ai apporté mes notes, puis une lettre. Comme vous êtes mon directeur de maison, j'voulais savoir si vous pouviez me donner une autorisation pour travailler de temps en temps à Pré-au-Lard.

 

Il déposa les documents sur le bureau, devant lui, à côté des fioles qui s'alignaient proprement, toutes remplies d'un liquide rosâtre dont la teinte variait d'un contenant à l'autre. Sasha était incapable de dire ce dont il s'agissait. Les Potions n'étaient clairement pas son point fort, mais il espérait que ses notes en Soins aux Créatures Magiques notamment pouvaient démontrer qu'il pouvait travailler correctement.