Tu regarde Alison se préparer avec un léger sourire. Parce que tu sais ce qu'il va se passer dans cet hôtel, et que t'as plus que hâte de voir son string de près. Rien que de la voir retirer ses résilles te rappelle qu'il te reste décidément pas mal d'énergie à dépenser malgré l'entraînement que t'as dans les jambes. Est-ce qu'elle fait plus âgée ? Sûrement un peu. En tous cas, elle ne fait que pousser les bons boutons te concernant. A un tel point que t'en oublies que toi non plus, tu fais pas tellement majeur malgré la belle chemise blanche que t'as enfilé. 

Alors tu te mates aussi dans le rétro d'une bagnole, histoire de voir ce que tu fais, et tu commences à modifier quelques petits trucs. Tu te creuses un peu plus les joues pour amaigrir ton visage, le rendre un peu plus adulte. Quelques très légères rides d'expression, trois fois rien. Des yeux un peu plus fatigués. Mais pas de grand chose non plus. Et la touche finale, celle qui fait tout : quelques poils te poussent pour un petit bouc soigné et parsemé. Le genre qui fait jeune adulte. Pile ce qu'il faut pour pas passer pour trop vieux auprès d'Alison, mais pour passer la réception de l'hôtel sans encombre. T'essaies vite fait de coiffer tes cheveux, mais t'abandonnes vite l'idée. De toute façon, on dirait que t'as la vingtaine et c'est parfait.

Alors tu te tournes vers Alison, un léger sourire aux lèvres.

- Alors, t'en penses quoi ?

Bientôt, vous entrez dans l'hôtel. Et comme prévu, ça passe sans le moindre souci. Vous avez même le droit à tous les trucs biens maniérés des gens qui ont de la tune et qui se pointent là. Quand la porte de la suite se referme derrière vous, tu tires Alison dedans pour la faire tourner sur elle-même.

- T'as d'jà eu un meilleur cadeau d'anniv' ? Tu veux aller au SPA direct ou tu m'laisses voir ton string de plus près ?

Toi, t'as carrément une préférence pour le string.

- D'ailleurs tu veux que j'reste comme ça ? Ça m'va bien nan ?

Tu te marres comme un crétin à l'idée de la médaille. Faut dire que ce serait pas de trop, histoire de jamais le laisser oublier ce moment qui restera à jamais gravé dans les annales. Quant au sort de captation... Tu grimaces légèrement.

- J'savais même pas qu'ça existait... Fallait l'dire avant !

T'es pas trop au fait de tous les trucs qui existent du côté de la magie, faut dire que c'est pas tellement ton monde de base. Tu t'y es pas mal fait, mais y'a toujours des trucs à côté desquels tu passes. Et si y'a bien un truc absolument pas discret, c'est une caméra moldue sur un cognard, on t'aurait direct capté là. Le seul moyen de ne jamais oublier ce moment, c'est donc de ne pas en perdre une miette, et c'est bien ce que tu fais, en restant en vol stationnaire. La majorité de l'équipe également, de toute façon pour être morts de rire comme ça vaut mieux pas trop bouger. 

Mais les festivités prennent vite fin à l'arrivée du coach, et tout le monde a vite fait de regagner la terre ferme pour se lancer dans une série de pompes sans la moindre discussion. T'as déjà vu le coach vénère, mais à ce point là c'est la première fois, et ça te passe un peu l'envie de trop jouer au con. Y'a quand même un léger sourire emprunt de fierté quand Elliot te dit que c'était mythique. Parce que ça, c'est un sacré compliment.

Après les pompes et les tours de terrain, vous avez le droit à des passes avec des souaffles lestés. Et ce n'est que quand aucun d'entre vous n'est capable de tenir debout que le coach vous libère. Aller jusqu'aux vestiaires te prend toutes les forces qui te restent, et tu te retrouves assis sous la douche, les muscles en feu, la poitrine quand même soulevée d'un rire léger.

- P'tain c'était l'pire entraînement du monde. Il va pas vraiment nous faire r'commencer d'main, pas vrai ?

Parce que t'es à peu près certain qu'il n'y a aucun monde dans lequel t'arrives à tenir debout plus de dix secondes demain après avoir fait tout ça.

Tu hausses un sourcil quand le môme affirme qu'il a pas le vertige. Tu te demandes vaguement s'il espère davantage se convaincre lui-même ou toi. Parce que clairement, il a aucune chance de réussir la seconde option vu le petit numéro qu'il vient de te montrer. Bientôt, y'a le deuxième sourcil qui rejoint le premier tout en haut. Parce qu'il persiste et il signe le gosse. Le voilà même à se trouver des excuses pour ce qu'il vient de se passer alors que les faits sont d'une simplicité exemplaire. Tu pousses un soupir. C'est pas grave d'avoir le vertige. Faut juste pas grimper sur un balai quand c'est le cas. Et apparemment, c'est trop compliqué à capter pour la petite tête de mini Blackburn en face de toi. 

Et même que ça a un côté plutôt mignon, de le voir se convaincre tout seul. A vouloir déglinguer le vertige comme s'il s'agissait d'un truc tangible. Et ça pourrait même forcer ton respect, si seulement c'était pas si débile. Tu pousses un soupir, en te passant la main qui ne tient pas ton balai derrière ton crâne, comme si tu réfléchissais à la situation. 

- J'ai jamais été nul sur un balai. C'était comme une évidence.

Faut quand même préciser ça. Parce que c'est un fait. La première fois que t'as découvert le vol, c'était comme si tu venais de trouver ta véritable place. Et t'as dû travailler énormément pour en arriver au niveau où tu en es aujourd'hui, mais y'avait quand même un truc à la base. Faudrait pas qu'il se fasse trop d'illusion le marmot. Et en l'entendant dire qu'il finira par être meilleur que son frangin - peu probable - tu te marres ouvertement.

- Ok, t'es une terreur j'ai capté, morveux. J'dirai rien à ton frangin, t'inquiète.

C'est peut-être pas une flèche le gosse, mais il en a dans le froc et ça ça te plait. T'as pas envie de lui niquer tout ses rêves directement. Et puis, vaincre ses peurs, c'est possible. Faut juste commencer par ça avant de monter sur le balai.

- Tu veux que j'te montre, hein ? J'te montrerai quand t'auras plus l'vertige. 

Parce que sinon c'est juste totalement inconscient et super dangereux. Ce qu'il vient de se passer en est un parfait exemple. Et même si t'es pas super au point sur la sécurité de façon général, t'évites d'être à l'origine de la mort de gosses de douze piges, parce que ça la fout carrément mal sur un plan médiatique.

- Trouve-toi un Epouvantard pour t'entraîner. C'est ta plus grande peur, nan ? Alors ça devrait marcher.

A la réaction de la jeune fille, tu peux pas t'empêcher de te dire que ça risque quand même d'être un peu longuet si tu comptes sur elle pour te venir en aide. Mais tu peux pas t'en empêcher, avoir les autres faire tes conneries à ta place, ça a quelque chose de très plaisant. Et puis, comme ça, on peut pas vraiment te blâmer toi, vu que t'es techniquement innocent. Mais d'un autre côté si tu la fous dans les emmerdes, vu sa tronche de première de la classe, elle risque d'y rester d'une crise cardiaque sur le coup. 

Elle finit quand même par se lancer dans l'exercice, sous ton regard appréciateur. Et elle s'en sort pas si mal, si on met de côté le fait qu'elle sache vraiment pas viser. Tu recules d'un coup avec un léger cri de surprise.

- Bordel mais fais gaffe !

Vu la tronche qu'elle tire, elle a vraiment pas fait exprès en plus. Tu te frottes les yeux un instant, avant d'observer les dégâts sur ton froc. On dirait vraiment que tu t'es pissé dessus comme le dernier des cons. Tu pousses un soupir.

- Laisse tomber, c'rien. Vise le sol la prochaine fois.

C'est de toute façon à ton tour de jouer. Alors tu pointes ta baguette sur le sol désormais mouillé.

- Glacio !

Comme prévu, le sol se gèle instantanément, d'une couche de glace plutôt fine, mais suffisante pour faire son travail.

- Vas-y relance un Aguamenti, on va en mettre plus !

T'as lâché un petit sourire à Alison quand elle a débarqué. Le genre de sourire un peu charmeur, un peu arrogant aussi. Vous êtes plus des gamins, et ce qui vous lie à présent te plait bien. C'est facile. C'est sans prise de tête. Au moins de ton côté. Quand le cours commence tu te redresses un peu, histoire d'avoir l'air concerné par ce qu'il se passe même si t'en as pas grand chose à carrer. T'es quand même un peu dépité de faire équipe avec Shevchen. Le gars est un débile profond, pas sûr que ce soit lui qui t'aide dans une matière que tu suis même pas. Mais ça reste mieux qu'un des connards du trio de Poufsouffle.

Tu t'approches de lui, et tu récupères la fiche qu'il te tend en le laissant aller au front le premier d'un simple hochement de tête. T'en as pas grand chose à foutre, et tu vois pas bien ce que tu pourrais dire pour l'aider. Mais clairement, vu la réaction de l'hippogriffe quand il entre dans l'enclos, le gars s'y prend comme un pied. Tu pousses un profond soupir devant la scène plus que pathétique.

- Sors de là, Shevchen, il va t'foutre un coup d'sabot.

C'est balancé sur l'air blasé du mec qui doit vraiment tout gérer tout le temps tellement il est entouré d'abrutis. Mais faut dire que là, c'est une nouvelle preuve. Une fois Shevchen sorti de là, tu lui tends la fiche.

- Vas-y, laisse, j'm'en occupe, t'vas juste le vénère là.

Et tu t'approches de l'enclos. Sauf que toi, tu t'inclines avant d'y entrer : c'est son territoire, forcément, vaut mieux se montrer poli avant d'y pénétrer qu'après. Shevchen l'a bien prouvé.

1-5 : Toujours énervé par la tentative d'intrusion de Sasha, l'hippogriffe s'approche, visiblement décidé à en découdre avec toi aussi.

6-10 : Il te regarde sans bouger, l'air de dire que t'as plutôt intérêt à rester de ton côté de la clôture.

11-15 : Il s'incline légèrement, toujours méfiant, mais ça te permet d'entrer dans l'enclos pour tenter une approche par la suite.

16-20 : La créature s'incline profondément, visiblement calmée par le respect dont tu fais preuve, et tu peux rentrer pour t'approcher de lui sans souci.

C'est sans grande conviction que tu te rends à ce cours de soutien de soins aux créatures magiques. C'est pas une matière que tu suis, c'est simplement que t'as besoin d'une légère remise à niveau pour le tournoi, juste au cas où tu tomberais sur un truc que tu maîtrises pas. Et puis, ça fera un prof de plus qui te filera l'aval dont tu as besoin pour participer. En plus aucun entraînement des Catapultes n'était prévu pour aujourd'hui, alors tu ne rates rien à te pointer là. Si ce n'est un entraînement de ton côté. 

En arrivant, tu ne peux que constater que tu risques de pas passer le meilleur cours du monde. Le groupe des Poufsouffles est encore et toujours là, comme s'ils pouvaient vraiment avoir la moindre chance au tournoi, n'importe quoi. Tu balances un sourire moqueur à Decker, et tu ignores royalement ses deux autres potes. Tu salues quand même le prof, sans en faire trop, avant de t'appuyer contre un arbre, un peu à l'écart. T'as carrément la flemme, mais tu feras ce qu'il faut.

Quel faux frère Elliot ! Sérieux, ça lui coûte quoi de te refiler son appart pour deux pauvres heures ? Tu lui balances un drôle de regard, entre déception et espoir, et quand il annonce clairement que t'as rien d'un puceau au reste de l'équipe tu peux pas t'empêcher de bomber un peu le torse. Parce que, quand même, ça en impose. T'as jamais rien dit, et pour lui c'est juste la base que tu le sois pas. Pendant qu'il te répond, t'en profites pour te désaper vite fait histoire de te foutre sous la douche. Un truc rapide, juste histoire de te décrasser et de sentir bon. Tu finis par hausser les épaules avec une drôle de grimace.

- Chais pas c'que tu fous quand tu baises Blackburn mais j'te jure qu'les gens civilisés ils se terminent sur mieux que des meubles. 'Fin chacun ses délires, hein.

Les gars de l'équipe explosent de rire tandis que tu lèves ton majeur bien haut en direction d'Elliot, pour bien lui faire comprendre ce que tu penses de cette haute trahison dont il se sent coupable.

- Pis c'vrai qu'l'hôtel ça fait pas pute. Laisse tomber j'ai bien compris. Si j'ai b'soin de rien j'te d'mande.

Tu t'essuies à l'arrache avant de chercher tes fringues. Mais voilà que Percy te balance une chemise blanche à la gueule avec un clin d'oeil et un sourire qui veut tout dire.

- Tiens Ryder, ça fera au moins genre que t'as fait un effort.

- Toi au moins tu sais c'que c'est que le bien d'l'équipe.

- T'en fais trop, allez casse-toi.

Une bonne tape sur l'épaule de Percy, t'as déjà enfiler ton froc et tes godasses, pour sortir du vestiaire encore à moitié trempé, les lacets défaits et la chemise ouverte. C'était clairement la douche la plus expresse de ta vie, mais elle a eu le mérite de te rendre l'air à peu près humain. Tu rejoins Alison pour l'attraper par la main, la tirer vers toi, l'embrasser encore un coup en tripotant l'élastique de son string avant de te décaler.

- C'mort pour l'appart de Blackburn c'un connard d'égoïste. Mais j'peux t'payer l'hôtel. Avec SPA.

C'est ajouté avec un sourire. De toute façon, tu te fais tellement de tune que tu peux bien foutre quelques centaines de dollars une fois dans l'année juste pour te faire plaisir. Et là, t'es à peu près certain que ça va te faire plaisir.

- Vas-y viens ! 

Et tu gardes sa main dans la tienne pour la tirer hors du centre d'entraînement. C'est seulement une fois à l'extérieur que tu daignes lacer tes chaussures et enfiler le manteau que tu tenais jusqu'ici sous ton bras.

T'es franchement pas fan de l'astronomie. Et encore moins des runes, c'est pas pour rien que t'as pas pris l'option. Tu peux difficilement concevoir une matière à l'air plus rébarbative que ça, si ce n'est l'arithmancie, évidemment. En attendant, t'es quand même décidé à mettre toutes les chances de ton côté pour le tournoi, alors il est hors de question que tu loupes le moindre cours de soutien du genre. T'as juste profondément envie d'être ailleurs. Par chance, tu te retrouves en équipe avec Alison. Jennifer... C'est le genre de fille trop calme pour que tu lui prêtes réellement une quelconque attention. Lorsqu'Alison te demande pour ton entraînement, tu hausses les épaules.

- Ouais, vu l'heure du cours j'ai pu m'entraîner et revenir pour ça. Mais j'suis carrément claqué du coup.

Les entraînements avec les Catapultes sont pas tellement du genre à te permettre de t'économiser. Tu donnes tout ce que t'as, à chaque fois. Le terrain de Quidditch, c'est toute ta vie. Vachement plus que les cartes, les étoiles et les runes. Bordel, si Flynn savait ce que tu endurais juste pour pouvoir obtenir sa garde, il devrait te cirer les pompes pour le reste de sa vie. D'autant plus qu'aucune de tes camarades ne semble capable de lire une carte correctement. Ou du moins de lancer un sortilège des plus basiques. En voyant Wilson en lâcher carrément sa baguette, tu pousses un soupir de lassitude. 

T'en viens même à vouloir arracher les cartes pour gérer toi-même, mais Alison se rattrape rapidement. Et non contente de parvenir à s'orienter, dans la bonne direction, voilà qu'elle vous mène directement à la bonne balise, en plein milieu de la plaine. Dessus brille une rune que t'es bien incapable de déchiffrer.

- Wah bien joué Alison. Vous savez de quelle rune il s'agit ?

HRP : Spike n'ayant pas l'option étude des runes... Je lance le dé 20 mais si réussite il y a elle sera attribuée à l'une de vous. (réussite donc pour la suivante, il s'agit de Hagalaz)

T'as presque envie qu'elle réussisse avant toi. Juste pour voir ce qu'elle te demanderait. Y'a plein d'idées qui te passent par la tête, et franchement, toutes sont plutôt tentantes dès lors qu'elles incluent une absence totale de vêtements et des mains baladeuses. Alors tu acceptes le deal sans souci, persuadé que l'un de vous deux finira forcément par réussir ce foutu sortilège. Et désormais, tu te fous royalement que ce soit toi ou elle. Dans tous les cas, l'après-midi sera des plus intéressantes.

Et tandis que tu l'observes se foirer, et que tu t'apprêtes à retenter ta chance, Pope annonce la fin du cours, te laissant baguette brandie vers des projectiles disparus. Tu pensais pas que ça arriverait si vite, la fin du cours. Tu vois soudainement ton après-midi de rêve te passer sous le nez, tandis qu'Alison mentionne des révisions sages. Tu pinces les lèvres un instant, avant de ranger ta baguette dans ta poche d'un air renfrogné.

- J'vais m'entraîner alors.

C'est sûrement plus important pour ton avenir que d'améliorer tes performances sexuelles. N'empêche que le changement de programme t'emmerde profondément. Peut-être que tu devrais juste chercher une autre meuf qu'Alison qui serait prête à ce petit arrangement elle aussi. Histoire d'avoir toujours une meuf de libre quand t'as envie. Mais t'as un peu la flemme de chercher. Et puis, faut vraiment que tu t'entraînes si tu veux pas prendre du retard sur le reste de l'équipe. 

- Au r'voir M'sieur Pope.

C'est balancé sans réel entrain. Tu lui en veux toujours un peu pour la façon dont il t'a traité après l'excès de violence de Decker. Il aurait dû être clairement de ton côté. Au lieu de quoi, il t'a puni injustement, que ce soit en te forçant à aller à l'infirmerie, ou en te laissant gérer le mannequin seul par la suite. Sans ça, t'aurais probablement pas foiré ton sort au point qu'il se retourne contre toi. Tu t'es tapé la honte à cause de lui, et c'est pas près d'être oublié. Tous ces sorts... T'es carrément vidé de ton énergie lorsque tu te barres de la salle de classe. Et pourtant, t'es bien décidé à retrouver ton cher balai.

Déçu par ton nouvel échec, tu finis quand même par te fendre d'un léger sourire en voyant Alison se rapprocher de toi. Faut dire qu'après le coup du rat, tu te disais qu'elle ne voudrait plus forcément laisser penser à tout le monde qu'il se passe quelque chose entre vous. Mais apparemment, elle s'en fout. Alors c'est pas si terrible. D'autant plus qu'elle te dit clairement que, si tu réussis, vous allez pouvoir passer un peu de temps tous les deux. Ton sourire s'agrandit un peu plus encore.

- Deal, j'devais m'entrainer un peu sur le terrain mais j'peux bien prendre un jour off.

C'est dit avec désinvolture, bien évidemment. N'empêche que ça te redonne suffisamment de courage pour retenter ta chance juste après son échec à elle.

- T'inquiète t'vas finir par y arriver.

T'y crois moyennement. Mais ça coûte rien de lui donner quelques encouragements. Tu lèves de nouveau ta baguette.

- #[Mutante Clypeus] !

Mais apparemment l'après-midi de folie proposée par Alison n'est pas suffisante pour que tu parviennes à maîtriser ce sortilège, et la barrière de Pope fait une fois de plus effet. Tu reprends les mêmes mots que pour elle, quasiment.

- T'inquiète, j'vais finir par réussir.

Tu t'es encore foiré, mais franchement, c'est rien par rapport à Rosenberg à côté. Y'a quand même un schéma qui se dessine, entre les spaghettis et la farine. Jusqu'ici, t'as eu suffisamment de chance pour ne pas servir de cobaye au pire cuisinier de Poudlard, mais est-ce que ça va vraiment durer ? Alison, elle, se retrouve bientôt sous quelques flocons de neige. C'est à se demander si l'un de vous peut vraiment réussir ce fichu sortilège. N'empêche que tu refuses de baisser les bras. Faut absolument que tu rattrapes la honte de ce foutu rat. T'arrives pas à penser à autre chose. Que de redorer ton image de petit prodigue de la métamorphose.

Alors tu prends une profonde inspiration, tu resserres ta prise autour du manche de ta baguette, et tu te concentres une nouvelle fois. Après tout, y'a que ceux qui n'essaient pas qui risquent pas de réussir. Il suffit de rassembler suffisamment d'énergie pour réussir ce foutu sort. 

- #[Mutante Clypeus] !

Tu commences à fatiguer sérieusement, et l'ébauche d'un bouclier ne se forme même pas. A peine une barrière d'énergie, qui disparait aussi vite qu'elle est apparue, et la barrière de Pope qui te couvre d'une pluie fine.

C'est franchement super difficile de garder ton sérieux devant un Fairbanks qui panique autant. Heureusement que t'as un entraînement à toute épreuve grâce à ta métamorphomagie. T'as appris depuis tout petit à contrôler tes émotions. A ne laisser voir que ce que tu voulais. Et c'est exactement ce que tu fais, en prenant l'air du gars le plus inquiet du monde tandis que le Cognard le poursuit à travers tout le terrain sans se soucier des cabrioles qu'il peut faire pour s'en débarrasser.

- Merde, Lucas, t'arrêtes pas il va t'avoir ! tu lui hurles alors qu'il est bien obligé de freiner pour se mettre en position, exactement comme c'était prévu.

- Retenez-le les gars ! qu'il se met à gueuler avec tout le désespoir du monde.

Franchement, t'as presque pitié de lui en le voyant comme ça. Et puis, tu te rappelles que c'est juste débile d'être superstitieux à ce point-là, et qu'il peut s'en prendre qu'à lui-même pour être aussi con. Non, vraiment, c'est plus que ridicule. Heureusement, Elliot arrive à temps pour repousser le cognard ensorcelé et donner quelques précieuses secondes à Fairbanks. Exactement ce dont il avait besoin pour se retourner sur son balai - le voilà donc face aux brindilles. Toi, t'aurais préféré qu'il se foute la tête en bas pour voler à l'envers. Alors si t'es bien sûr d'une chose, c'est que c'est pas en faisant ça qu'il va calmer votre super cognard.

Tu t'es amélioré depuis l'année précédente. Celui-là attaque vraiment la cible prévue, et non pas le public. Peut-être parce qu'il n'y a pas de public à part le coach qui gueule tout son soul d'en bas pour savoir ce qu'il se passe. Va vraiment falloir que vous teniez bien vos rôles si vous voulez pas vous coltiner les pires entraînements de tous les temps. En attendant, Fairbanks donne tout ce qu'il a tout en volant à reculons.

- Stultus !  Brutum ! Furcifer ! Mendax !  Larva ! Stercus ! Cacator ! Bardus ! il hurle aussi fort que possible.

Ouais, non, là c'est trop pour toi, tu peux pas t'empêcher de te marrer. T'essaies juste de le faire discrètement. D'autant plus que le cognard continue de le suivre. 

- Essaie de t'mettre vraiment à l'envers Lucas ! Il faiblit j'le sens !

Totalement faux. N'empêche qu'en le voyant retourner son balai pour voler la tête en bas en continuant sa litanie, tu te dis que c'est vraiment tordant.

- Lurco ! Latro ! Striga ! Ructator ! Spurcus ! Morologus ! Obscenus ! Nebulo !

Tu t'approches d'Elliot, en ayant un mal fou à te contenir.

- Bordel, il a vraiment appris tout ça par coeur ce con.

Même si la fin de ce cours ressemble fortement à de la torture à tes yeux, tu dois bien admettre que ça te fout un sacré coup au moral de voir que ton sortilège s'est foiré et que c'est la barrière de Pope qui t'a sauvé la mise. Ton ego a été piétiné lorsque tu t'es transformé en rat sous les rires de tous tes camarades - qui ne perdent rien pour attendre d'ailleurs. Mais t'as cette volonté de renverser la tendance. De prouver à tout le monde que la métamorphose, c'est ton domaine. Que tu peux maîtriser un sortilège du genre, là où ils vont juste tous galérer pendant des années avant d'y parvenir.

Bien que t'aies foiré ta première tentative, voir d'autres se rater tout autant que toi te rend du courage. Après tout, c'est normal d'échouer quand on a pas le niveau. Mais toi, tu l'as. T'es bien meilleur qu'eux. Surtout que Chadwick et Rosendale. Que Shevchen aussi, mais lui ne représente pas franchement une menace à tes yeux. Et après ta petite transformation en rat, t'as bien envie de prouver à Alison que t'es quand même largement au-dessus de tout le reste de la classe. Alors tu te démontes pas.

Tu te concentres à fond. Tu observes la barrière que Pope a mis en place. Comme si ça pouvait t'aider à comprendre ce qu'il fallait réellement visualiser. T'es un putain de métamorphomage. Si quelqu'un peut réussir là où tous les autres échouent, c'est bien toi. Alors tu pointes de nouveau ta baguette vers les projectiles.

- #[Mutante Clypeus] !

Et c'est dit avec conviction.

Sauf que la conviction ne suffit pas. Une barrière se forme, et disparait aussitôt, avant même d'avoir pu faire effet. C'est donc celle de Pope qui prend le relais, à ton plus grand regret.

C'est qu'il a vraiment pas l'air dans son assiette le mini Blackburn. Tu le regardes, tout tremblant au sol comme s'il venait de vivre la pire expérience de toute sa vie alors même qu'il n'y a que très peu de vent en cette journée. Tu t'es déjà fait de belles frayeurs sur un balai, mais c'était toujours avec une météo exécrable, jamais par temps calme. Et t'as toujours su gérer malgré tout, conscient que la moindre erreur pouvait t'être fatale. Ou du moins l'être à tes plans de carrière, ce qui était tout aussi important que ta vie à tes yeux. Le balai posé sur ton épaule, tu regardes le gamin en attendant qu'il daigne en faire autant.

Mais il a l'air de tout vouloir regarder sauf toi. Sûrement par honte de ce qu'il vient de se passer. Difficile de lui en vouloir. Être le petit frère de Blackburn et pas être foutu de voler sur un balai ça la fout mal. Et voilà qu'il parle. Enfin, qu'il gueule plutôt. Et qu'il ose enfin te regarder dans les yeux. Trop bizarre le gosse. T'as bien envie de l'envoyer se faire foutre. Après tout, ça te regarde pas. Mais le problème, c'est que si quelqu'un trouvait Flynn dans une situation du genre, t'aimerais bien qu'on vienne l'aider et qu'on le laisse pas dans sa merde.

T'es pas du genre à filer un coup de main aux autres. Mais les petits frères, c'est carrément sacré. Même si c'est aussi à eux qu'on peut faire le plus de crasse. Faut que ça reste en famille. Tu peux quand même pas t'empêcher de te foutre de sa gueule en l'entendant essayer de te vendre sa collection de cartes.

- Garde-les tes légendaires j'm'en tape. Moi c'est jouer qui m'intéresse, pas collectionner.

D'ailleurs, s'il avait commencé par là il serait peut-être pas resté tétanisé comme un con. Tu finis par hausser les épaules.

- Mais même si j'te montre tu pourras pas faire pareil. T'as peur du vide mon p'tit pote, et j'connais personne avec le vertige qui sait gérer sur un balai.