Homme
18 ans
Sang-mêlé
Britannique






Identité
-
- Septième année
- Surnoms : --
- Nationalité : Britannique
Capacités & Statuts
Groupes

La bataille de fin d'année [Cours DCFM]
Message publié le 21/08/2025 à 21:04
Lyle avait d'abord avancé tranquillement à travers le champ de bataille : la voie devant lui était libre, et les premiers sortilèges éclatèrent à sa gauche : Liam Ombrage était d'une redoutable efficacité, à tel point que son regard s'attarda un moment, le distrayant de la tâche qui était la sienne.
Mais bientôt, il revint à la réalité, pour se concentrer droit devant lui.
A peine quelques pas engagés en avant, passant sous un drap noir, de nouveaux cris éclatèrent, trahissant des sortilèges… Derrière lui. Lyle freina aussitôt, ses bottes crissant dans le terre humide, pour faire volte-face.
Le drapeau !
- - Déjà… ?
Lyle s'élança en direction de Basil. Ce diable de gosse allait lui échapper !
Lyle se déplace en E2.
Message publié le 12/08/2025 à 11:57
Oswald s'était moqué de lui.
- Tu t'attendais à quoi, un poste de Ministre ? s'esclaffa le vieil homme dans son fauteuil près de la cheminée, le crâne dégarni, le corps sec sous une robe de chambre épaisse et les pieds fripés bien enfoncés dans leurs chaussons de laine.
Même en plein mois d'août, Oswald Sørensen finissait toujours ses journées devant un bon feu, si bien que la chaleur dans le séjour du manoir pouvait devenir intenable en été. A ses côtés, Lyle était avachi sur un tabouret, une main soutenant son menton morose, tandis que l'autre tenait toujours la lettre du Ministère. Sur l'accoudoir du fauteuil qu'occupait le vieil homme, un elfe de maison affublé d'un torchon de cuisine en turban sur le crâne tapotait l'épaule du garçon fraîchement diplômé de Poudlard.
- J'étais major de ma promo, maugréa Lyle d'une voix aigre. Je suis pas pris à l'école des Aurors, et tout ce que tes contacts ont pu faire, c'est m'obtenir un stage ?
- C'est très bien, un stage. Ca leur donnera amplement le temps de réaliser que tu as un talent pour être gratte-papier.
Lyle leva les yeux au ciel.
- Merci pour le soutien, ça fait toujours plaisir.
- Et puis, le Département des Mystères, c'est pas si mal, ajouta la voix du vieil homme, aussi rêche qu'un vieux parchemin ; mais un sourire content éclairait son visage où dansaient les lueurs des flammes de l'âtre.
Lyle se redressa un peu avec une inspiration, histoire de retrouver un peu d'optimisme. Pour une fois, Oswald avait raison. Après celui de la Justice Magique, le Département des Mystères était probablement l'un des plus intéressants du Ministère.
- Ouais, approuva-t-il.
- Enfin t'emballes pas, tu auras pas le droit d'avoir accès aux Mystères proprement dits, en tant que stagiaire.
- Ah bon ?!
La déception se peignit sur le visage du jeune homme.
- Ils prennent au moins douze stagiaires par an, tu te rends compte du monde que ça nécessiterait d'oublietter ?
Lyle s'affaissa de nouveau et d'un geste las, il lança la lettre dans le feu. Le parchemin s'embrasa en crépitant, occupant le silence de la pièce, et Oswald finit par approuver avec un geste lent du menton.
- J'ai toujours trouvé que c'était ça qu'il fallait faire avec la paperasse du Ministère, conclut-il avec sagesse. Mais je n'aurais peut-être pas dû brûler l'invitation au dîner annuel des anciens Aurors. C'est là qu'on fait les vraies affaires...
Lyle tourna lentement son visage vers celui de son grand-père, le regard assassin.
Pour son premier jour au Ministère, Lyle avait revêtu l'une de ses plus belles capes : noire avec un liseré d'argent, un col haut qui soulignait son cou aristocratique et sa posture hautaine. Bien sûr, l'elfe de maison s'était occupé de lui pour que sa coiffure et son rasage fussent absolument parfaits, et lorsqu'il se présenta à l'entrée du Département des Mystères, après avoir dû sept fois montrer son papier d'identité, expliquer sa présence au Ministère et patienter, ses bottes de cuir martelèrent tranquillement le couloir. Une petite femme au carré blond soigné, dont le bureau était positionné à quelques mètres de la sortie de l'ascenseur, releva un nez sur lequel était juchée une paire de lunettes rondes sévères, et posa sur Lyle un regard allumé d'une lueur inquisitrice.
- Vous êtes ?
- Lyle Sørensen, annonça-t-il.
Silence.
- Heu... Le nouveau stagiaire ?
- Aaah, c'est vous, fit-elle, visiblement un peu déçue. MISTER WHITECOMBE ?
Lyle sursauta. D'un bureau voisin, invisible, une voix bourrue leur parvint.
- Je suis oc-cu...
- C'EST LE NOUVEAU STAGIAIRE.
- Pé, Marie. Occupé.
- ROSENBERG IL S'APPELLE.
Silence.
- Heu, Sørensen.
- HEUSORENSEN IL S'APPELLE.
Lyle se passa une main sur le visage tandis qu'on entendit un soupir propulsé d'une large poitrine dans le bureau voisin.
- Bon, bon, ben il peut venir.
- JE VOUS L'ENVOIE. Vous pouvez y aller, ajouta Marie avec un regard sévère. C'est le deuxième bureau à droite, celui qui a la porte ouverte.
- Ahm... merci.
Dans son bureau à la porte effectivement ouverte, Whitecombe n'était pas si âgé que sa voix lasse aurait pu laisser croire : il arborait une chemise aux manches retroussées et ses cheveux noirs un peu désordonnés encadraient un visage d'une trentaine d'années, aux traits fatigués tandis qu'il rassemblait des parchemins pour faire de la place sur son bureau - histoire de ne pas avoir une pile de documents entre lui et le nouveau stagiaire.
Lyle prit place dans le fauteuil en face de lui, déposant à ses pieds une petite mallette proprette en cuir qui tenait debout toute seule - et auto-cirante pour être parfaitement imperméable. Lyle essayait de faire en sorte qu'elle parut lourde. A cet instant, il croisait une jambe sur l'autre puis entremêla ses doigts sur son genou saillant, le dos droit pour faire face à Mister Whitecombe qui le toisait d'un air vide.
- Lyle Sørensen alors, c'est ça ?
- Exactement. Le petit-fils d'Oswald, vous l'avez peut-être connu.
- Ah ?
- Oui.
- Hum, non, connais pas, désolé. Bon, donc, vous êtes le nouveau stagiaire du département des Mystères. On avait pensé à vous mettre auprès de Marie, parce qu'elle fait des horaires décalés et qu'il y a beaucoup de travail à faire sur les archives...
Lyle blêmit, et Whitecombe eut un bref rire nerveux.
- Mais ! Vous avez de la chance, car on a eu, heu, une petite surprise il y a quelques jours, et alors, on a un agent en plus, qui n'a pas d'assistant, et alors on s'est dit que ça lui serait utile de se faire aider.
- Oh, un assistant pour des recherches ?
- Oui, enfin non, vous n'avez pas l'accréditation pour participer aux recherches Lyle, j'en suis désolé. Mais les procédures ont changé depuis que Miss Hilswood a... Enfin, disons qu'elle a été absente quelques temps. Alors on s'est dit que ça tombait bien, quand vous aurez du temps entre les vérifications des sceaux d'archives - il faut le faire toutes les semaines, pour contrôler qu'aucun document n'a d'empreinte magique inattendue, ou n'a été dérobé ou autre - que vous l'aidiez à se mettre à la page sur la partie administrative de son travail, m'voyez ?
Lyle ne voyait pas du tout.
- Bien sûr.
- Parfait. Marie vous expliquera, pour les archives, et pour les procédures. Vous n'avez qu'à commencer par vous familiariser avec votre nouvel environnement aujourd'hui. On a affecté un nouveau bureau à Miss Hilswood : tout au bout du couloir ; vous n'avez qu'à aller l'attendre là-bas.
- Ah, bien, parfait.
Lyle décroisa les jambes et lissa le tissu de son pantalon à pinces avant de se lever.
- Hum, et sinon, vous n'êtes pas censé me donner un badge, ou quelque chose comme ça ? Pour dire que j'appartiens au Département des Mystères.
- Hum ? fit Whitecombe, qui avait déjà remis le nez dans ses parchemins. Ah, non, il faudra vous présenter tous les matins, il n'y a pas de badge pour les stagiaires dans ce département.
- Ah.
Lyle ramassa sa mallette, les épaules rigides, visiblement vexé.
- Et après le stage ?
- Comment ça, après le stage ?
- Hé bien, que se passera-t-il après le stage ?
Whitecombe haussa les épaules, visiblement perplexe.
- Ben on prendra un autre stagiaire, dit-il comme s'il s'agissait d'une évidence.
Lyle serra les mâchoires en grimaçant un sourire sans joie, que Whitecombe accueillit pourtant avec une évidente satisfaction.
- Je vois. Merci.
- Y'a pas d'quoi.
Le garçon tourna les talons pour s'engager de nouveau dans le couloir, le pas encore un peu plus rigide qu'à son arrivée. Tout au bout, là où la lumière était la moins intense, une pièce vide et sombre n'avait pas encore été investie. Visiblement, il s'agissait d'une ancienne salle d'archives qu'on avait dépoussiéré et débarrassé à la hâte pour y mettre un bureau et quelques armoires. La seule fenêtre de l'endroit était une lucarne en hauteur et Lyle déposa son cartable sur le bureau avec un soupir dépité.
- Su-per, on m'a envoyé donc au service du boulet du département, grogna-t-il - à l'instant même où il entendit quelqu'un se racler la gorge derrière lui.
Lyle sursauta en faisant volte-face.
- Ah, heu, Miss Hilswood ?
La bataille de fin d'année [Cours DCFM]
Message publié le 02/08/2025 à 16:37
Son équipe est sérieuse, mais Lyle n'y prête qu'une attention minimale. Sa baguette dégainée, il se glisse sous un drap qui le dissimule un bref instant avant de reparaître quelques mètres plus loin, à demi-dissimulé par un buisson. Il aperçoit vaguement du mouvement en face de lui, à une longue distance, et Lyle tâche de concentrer. Ses lèvres murmurent des sortilèges silencieux, afin d'être prêt à les prononcer parfaitement lors de sa première rencontre.
A quelques pas, les autres membres de l'équipe violette se montrent courageux et progressent vite ; Flora prend même la tête du groupe au centre du terrain et attirera sûrement l'attention de l'équipe adverse, juge-t-il. La formation en face a l'air un peu déséquilibrée ; deux joueurs se sont groupés d'un côté, mais Lyle est confiant : Lyle n'en fera probablement qu'une bouchée.
[Lyle avance en E4]
La bataille de fin d'année [Cours DCFM]
Message publié le 29/07/2025 à 14:40
Le vent chaud qui balayait l'Ecosse ce jour-là était relativement inhabituel - et Lyle paraissait quelque peu surhabillé dans cette atmosphère qui se tendait peu à peu, à mesure que la professeure dévoilait les consignes.
Lorsqu'il fut annoncé qu'il était capitaine de l'une des deux équipes, ce dernier avait subrepticement redressé le menton, avant d'adresser aux membres de sa troupe un regard qui semblait dire : voilà, c'est moi qui déciderait pour vous.
Un brin condescendant. Mais les Serdaigles étaient les plus érudits et la connaissance était une arme dont les autres ne pourraient presque pas se prévaloir en comparaison des efforts importants qu'il avait déployé dans cette matière. Il eut un regard entendu pour chacun d'entre eux : le Serpentard sur qui il supposait pouvoir compter pour jouer la carte de la ruse, les deux Poufsouffles pour celle de la solidarité dont ils devraient faire preuve en tant qu'équipe pour cet exercice.
- Bien, allons-y, annonça-t-il, avant de se diriger d'un pas ferme vers la base affectée à l'équipe violette.
Ce n'est qu'une fois tous réunis à cet endroit que Lyle passa le foulard violet autour de son poignet dénudé, puis il tourna le dos au terrain et sortit sa baguette qu'il leva en l'air - plus à la manière d'un chef d'orchestre que d'un sorcier, face aux trois autres membres de son équipe.
- Nous avancerons en une ligne droite pour leur faire barrage, annonça-t-il d'une voix claire. Flora et Sam au centre de la ligne qui parcourt le terrain dans sa longueur, Liam et moi fermeront la marche sur les extrémités. Aucun d'entre eux ne doit passer. Dès que nous en aurons immobilisé un ou deux, nous pourrons avancer sereinement vers le drapeau adverse.
Les yeux perçants comme l'aigle de Serdaigle passa sur les visages pour le moment silencieux de ses coéquipiers.
- Vous savez ce que l'on dit : la meilleure défense est l'attaque. N'ayez donc aucune pitié. Dès que vous approchez de l'un d'eux, mettez-le hors d'état de nuire pour que nous puissions continuer à avancer.
Avec un plan si simple, il estimait que les membres de son équipe ne pouvaient pas faire fasse route. Pour Lyle, la confrontation n'avait pas besoin de beaucoup de stratégie : il suffisait de démontrer leur supériorité. Les évènements se dérouleraient naturellement ensuite, estimait-il.
Alors il se retourna pour avancer de son côté, baguette en main.
Déplacement de Lyle en F4
La bataille de fin d'année [Cours DCFM]
Message publié le 27/07/2025 à 14:35
Lyle n'était jamais en retard.
Lyle n'était d'ailleurs jamais en avance non plus : il arrivait quand c'était l'heure, et c'était tout.
Sa silhouette se profila, tranquillement rigide, au bord du terrain de Quidditch. Il était vêtu de son uniforme des Serdaigle, qu'il avait mis un soin particulier à enfiler ce matin-là : c'était l'une des dernières fois qu'il arborerait cette cravate bleue et bronze, et le petit insigne de l'aigle épinglé sur sa poitrine.
Pour Lyle, cette septième année avait été une longue année de silences : des pistes muettes, des espoirs étouffés, des échanges interdits. Il avait haï cette année sans fruits, sans résultats. Et pourtant, la perspective de quitter Poudlard nouait quelque chose au plus profond de lui.
L'élève avait longé lentement le terrain, ses yeux se posant, attentifs, sur les installations complexes qui avaient été ici mises en oeuvre pour l'un de leurs derniers cours, et pas des moindres : c'était en Défense contre les Forces du Mal que Lyle devait au mieux se préparer pour sa future carrière, et un peu de révisions ne lui feraient pas de mal, quand bien même il était déjà un bon élève dans cette matière.
Il s'immobilisa aux côtés du groupe d'élèves déjà rassemblés, à quelques pas du professeur qu'il salua poliment, avant de balayer l'assemblée d'un regard distant : pas de Serdaigle, pas de septième année, donc pas d'alliés ici. Non qu'il s'attendît à quoi que ce fut de cet acabit : ce qui était de l'ordre de l'amitié était pour lui classé dans une vie antérieure. Aujourd'hui, ce qui restait, c'était l'ambition.
Ses yeux se reportèrent sur la professeure, qui incarnait une part de ce qui l'intéressait : la réussite, la maîtrise de la magie et de soi, sublimée par une beauté incontestable - et quelque peu mystérieuse.
Miss Aisling n'était pas l'un de leurs professeurs ordinaires. Elle était proche d'eux par l'âge, d'une certaine manière, mais à des années-lumières d'eux par un charisme que seule l'expérience pouvait apporter, Lyle en était convaincu. Directrice des Serpentards, certains élèves sont en outre convaincus qu'elle a eu des expériences occultes - bien que ce fût peut-être le lot de tous les Serpentards en charge de cette matière, finalement, de nourrir ce genre de rumeur.
Etrangement, si c'était vrai, Lyle ne l'en admirerait pas moins, même s'il ne l'avouerait guère à haute voix.
Il croisa ses mains derrière son dos, sa tranquillité et la propreté de son uniforme tranchant, trouvait-il, avec certains des jeunes énergumènes à demi-débraillés et essoufflés comme des boeufs à cause de l'excitation. Voilà bien quelque chose, au moins, qui ne lui manquerait pas une fois qu'il aurait quitté Poudlard.
Message publié le 26/04/2025 à 18:12
Lyle avait discrètement replacé sa main dans sa poche, histoire de ne pas avoir trop l'air de celui qui s'est pris un vent aux yeux des quelques âmes qui s'affairaient à installer les tables, ajuster la lumière, polir le parquet pourtant déjà si scintillant qu'il reflétait les bougies comme la surface d'un lac parfaitement tranquille. Le sorcier avait serré les dents.
- Soit, profite bien de ta gloire pour le temps qu'elle durera, rétorqua-t-il froidement à voix basse. Je ne fais pas deux fois ce genre d'offre.
Malgré le ton glacial d'une réplique qui trahissait sa contrariété, Lyle se mit à afficher son sourire le plus affable lorsque les grandes portes principales de la pièce s'ouvrirent pour accueillir la véritable star de la soirée : Gary Oldmore.
L'aisance du personnage était à la hauteur de la nervosité de Lyle. Là où l'homme expérimenté écartait les bras pour accueillir sa ravissante Viviane et s'exclamait d'une voix tonitruante, remplissant l'espace, le jeune sorcier lui s'était raidi au point de s'affiner - un point d'exclamation silencieux, aux yeux ronds et à la colonne rigide. Quand son nom franchit les lèvres de Viviane, Oldmore braqua sur lui ses yeux perçants. La douceur qui avait peint ses traits en saluant la fille Valcourt - sous les regards curieux de la petite foule qui se massait autour d'eux, désireuse de ne rien perdre de la moindre scène, d'en être témoin, au cas où la moindre chose d'importance pouvait se produire - cette douceur s'était évaporée instantanément. Comme une flamme d'une bougie sur laquelle on aurait soufflé, soudain les prunelles de l'homme étaient devenues noires, presque fumantes.
Lyle, un moment décontenancé par ce changement soudain, perdit brièvement ses moyens. Il resta coi, à guetter quelque autre indice dans la posture d'Oldmore, qui continuait à la scruter. Mais que ce dernier parla, il y avait dans sa voix une cordialité saine.
- Lyle, petit-fils d'Oswald, répéta-t-il lentement. Quelle étonnante surprise.
Lyle toussota pour se donner une contenance, avant d'oser tendre la main.
- Hum, oui, hum. Merci d'accepter de me rencontrer, balbutia-t-il. Vous êtes hum... Ca fait longtemps que j'admire votre travail.
- Allons bon, répondit Gary en prenant dans sa grosse main celle de Lyle - qui sentit ses phalanges douloureusement écrasées - à dessein ou non ? - entre les doigts épais du diplomate. Et comment va votre grand-père ?
- Oh, très bien, s'empressa Lyle. Il... Il vous passe le bonjour.
Archi-faux, Oswald ne passait le bonjour à personne, sauf peut-être à la voisine du cottage qui avait l'amabilité de ramener Snöri quand celui-ci venait pleurnicher dans sa cuisine qu'Oswald ne voulait pas mettre ses chaussons en plein hiver. Et encore.
- Comme c'est charmant, acquiesça Gary, relâchant les doigts broyés de Lyle avec un acquiescement qui parut confirmer que l'ambassadeur savait qu'Oswald ne se serait jamais fendu d'une chose pareille. J'espère qu'il profite bien de sa retraite, et qu'il en a profité pour couper les ponts avec ses mauvaises fréquentations.
Lyle sourit, gêné. Il savait que des rumeurs couraient sur son grand-père. Mais c'était seulement des rumeurs venant de concurrents, Oswald l'avait toujours affirmé. C'était décevant que Gary eut cette image de sa famille.
- En tout cas, pour ce qui est des apparences, vous êtes une expérimentation réussie, il semblerait. Quoiqu'il en soit, nous discuterons tout à l'heure. Pour l'instant, je veux me sustenter et prendre des nouvelles de cette brillante Viviane.
Gary Oldmore, dans son costume élégant, passa élégamment le bras autour de la jeune fille, et il tourna le dos au jeune sorcier pour emmener Viviane vers les buffets. Lyle les regarda s'éloigner les bras ballants et l'oeil vide.
Au bras d'Oldmore, Viviane avait l'air d'une brindille qu'il aurait pu rompre d'une pression contre son corps rond et fort. Au buffet, des serveurs leur tendirent coupes de champagne et plateaux de hors d'oeuvre. La petite troupe qui constituait la clique de l'ambassadeur avait dépassé Lyle sans s'y intéresser et bourdonnait maintenant autour de l'homme et de la sorcière comme autant de guêpes intéressées par un morceau de melon laissé au soleil. Le Serdaigle resta posté au même endroit, comme incapable de détacher ses yeux et ses oreilles de ce qui se produisait : la voix tonitruante d'Oldmore couvrait aisément les conversations, mais il ne saisissait pourtant ce qui se disait. Il voyait ses yeux perçants aller du buffet à Viviane, pour aller consulter d'un regard un acolyte, afin de revenir sur Viviane. Des yeux calculateurs. Des yeux... dévorants.
Lyle fut pris d'un frisson.
- Une coupe de champagne, monsieur ?
Message publié le 21/02/2025 à 21:18
La scène s'était achevée aussi subitement qu'elle avait débuté, laissant un Lyle frissonnant. Le hall reprit son éclairage normal avec une telle brutalité qu'un instant, il fut complètement ébloui - mais bientôt, il retrouva sa vue et avec elle, les nombreuses personnes qui avaient créé la magie de la scène. Brusquement, il était en caleçon devant un parterre de sorciers en tous genres, qui malgré sa gêne, ne semblaient déjà plus s'intéresser à lui. Lyle se leva brusquement du canapé pour ramasser les vêtements tombés au sol et s'enfuir vers les rideaux qui l'avaient dissimulé un peu plus tôt.
Le reste de la journée avait été moins laborieux, mais la succession d'essayage et de clichés, séparément ou avec Viviane, devait se faire à un rythme effréné pour libérer la pièce pour la soirée, avant que ne débutasse un autre genre de représentation. Lyle dût enfiler plusieurs robes de sorciers, costumes, mais heureusement plus aucun sous-vêtement.
Lorsqu'enfin l'heure était au rangement et qu'il avait retrouvé ses vêtements d'origine, Lyle sentait son esprit brouillon, saturé des sollicitations de la journée, des lumières changeantes, et une drôle de courbature s'était insinuée dans ses mâchoires qu'il avait dû serrer sans s'en rendre compte toute la journée. Aussitôt que le shooting s'était terminé, tout le monde s'était désintéressé de lui, et il se retrouvait planté au milieu du hall que l'on débarrassait à la hâte, cherchant des yeux quoi faire, ou bien où fuir ; à quelques pas de là, Viviane donnait quelques instructions à quelques personnes et même sans l'entendre, Lyle devinait la voix suffisant de la jeune femme, la même condescendance que lorsqu'elle s'était adressée à lui à la fin de la toute première scène. Sous sa cape de sorcier, il enfonça ses mains dans les poches de son pantalon à pinces derrière Viviane, et attendit patiemment qu'elle finît de se débarrasser des dernières personnes de la maison Valcourt qui voulait se plier en quatre pour elle - ou plus vraisemblablement, pour son père dont l'aura était présente même s'il n'était pas sur les lieux.
- Tu as eu ce que tu voulais ? demanda Lyle quand Viviane, enfin seule, se retourna vers lui.
Ce n'était qu'à moitié une question. Il estimait qu'il avait, en ce qui le concernait, pleinement rempli son rôle. Lyle désigna le hall dans lequel ils se trouvaient en levant les yeux, dans un mouvement circulaire.
- Je crois que le reste des festivités se passe ici, si j'ai bien compris. Il va y avoir une réception, et l'ambassadeur ainsi que son épouse et ses invités vont débarquer d'ici quelques instants, dès qu'ils auront installé les buffets.
En vérité, le personnel de l'Ambassade s'impatientait de l'autre côté de hautes doubles portes aux moulures dorées que l'équipe du shooting vidât complètement les lieux avant de s'installer à leur tour.
- Il me semble que j'ai fait ma part de faire-valoir, prononça-t-il soudain très sérieusement, tandis qu'il s'approchait de Viviane d'un pas - il était alors obligé de baisser la tête, car elle était plus petite que lui. A ton tour, maintenant.
Lyle leva un bras pour lui offrir son coude plié.
- Quoi de mieux pour me présenter à l'Ambassadeur que faire comme si nous étions déjà sagement rangés entre gens de bonne famille, mmh ?
Message publié le 31/01/2025 à 18:10
Lyle n'avait rien répondu, se contentant de jeter à la froide Viviane un regard aussi glacé qu'il en était capable. Le pire était de constater que les deux femmes présentes, tout au contraire, se fendaient de rires amusés à chacune des remarques de la jeune femme - rires que Lyle jugea forcés. Il se contenta d'aspirer ses lèvres entre ses dents pour se les mordre. Simple précaution pour éviter de dire quoi que ce fût qui pourrait le mettre en difficulté avant ce moment capital qui consistait à rencontrer l'Ambassadeur. Mais dès que Viviane eût disparu, il se mit à se déshabiller avec des gestes agacés. Les deux magicouturières ne commentèrent pas la façon un peu brusque qu'il eût de jeter ses vêtements sur le siège voisin, mais leurs regards désapprouvaient certainement.
- Il va falloir enlever le caleçon aussi, et enfiler celui-ci à la place, commenta la plus âgée des deux dès qu'il se fût retrouvé torse nu.
- Et faites attention, le tissu est fragile.
Lyle émit un sifflement dépité, mais il s'exécuta tout de même, tournant le dos aux deux femmes qui n'étaient de toute façon pas émues le moins du monde par cette nudité passagère.
Le caleçon qu'il revêtit était d'un tissu si délicat qu'il avait l'impression d'enfiler une deuxième peau de soie, douce et légère. Le vêtement était moulant et les striures noires et blanches qui enveloppèrent ses fesses se déformèrent pour former des volutes semblables à de la vapeur qui semblait lécher sa peau. Il avait beau détester ce qu'il était en train de faire, il devait admettre en baissant les yeux sur son entrejambe qu'il avait l'air... mieux fichu que d'habitude.
- Et après ? demanda-t-il, déjà prêt à enfiler sur sa peau frissonnante la robe de sorcier qu'on lui avait préparé, mais les femmes semblèrent se jeter sur lui d'une manière qui le firent sursauter.
- Pas si vite jeune homme !
- Levez les bras, nous allons ajuster cela à vos hanches.
- Tu ne trouves pas qu'il descend un peu trop bas sur les cuisses ?
- Si, raccourcis d'un centimètre, ça devrait aller...
Lyle avait levé les paumes comme si un shériff le pointait de son revolver, et il fusillait de nouveau intérieurement Viviane. A cause d'elle, jamais femmes ne s'étaient autant intéressées à son corps, mais ce n'étaient pas exactement les femmes et la situation qu'il aurait souhaité. De plus, elles lançaient vers son entrejambe des sortilèges qui ne cessaient de l'inquiéter.
- Mesdames et messieurs, en place ! EEENN... PLAAACE !
Quand Lyle fit son apparition dans le salon principal, il dût d'abord cligner des yeux pour s'habituer à la lumière qui avait radicalement changé. La pièce avait été magiquement plongée dans l'ombre, et seule une portion de celle-ci était illuminée de projecteurs aux lueurs douces, tamisées : là où se trouvait un canapé couvert d'un velours pourpre. Une table basse en bois massif, travaillée d'anciennes runes, soutenait deux coupes de champagne et quelqu'un poussa Lyle vers cette scène improvisée. Après le cri de la directrice du shooting, un drôle de silence s'était abattu sur l'endroit, et Lyle eut l'impression d'être projeté dans une pièce comme s'il était seul - en réalité, derrière des voiles de pénombre étaient dissimulées différents mages dont chacun jouait sa partition pour que les images fussent les plus élégantes et les plus fluides possibles.
Au centre de cette image, il se tenait donc, debout près d'un canapé dont il ne savait que faire. Il était vêtu d'une robe de sorcier lourde et élégante, mais dont l'allure noire n'était que discrètement brodée de fils caméléons, dont la texture et les couleurs miroitantes étaient aussi reprises sur son noeud papillon et un mouchoir cousu dans la poche sur sa poitrine gauche ou encore au niveau des boutons de manchettes qui brillaient de la même manière ; non pas comme une cape d'invisibilité ; mais la matière semblait absorber les couleurs entourant Lyle pour les reproduire, mouvantes et scintillantes, de façon discrète. Discrète, car ce qu'il portait n'était qu'un support pour souligner le vraie pièce maîtresse du shooting : la fameuse robe caméléon, dans laquelle Viviane Valcourt apparut.
Le moment qui suivit, Lyle la regarda, bouche bée. Elle venait d'apparaître à l'opposé du canapé, mais un instant il n'avait plus l'impression de faire face à l'élève de Poudlard qui l'avait amené ici : c'était une femme aux formes élégamment enveloppées du même tissu miroitant, aux effets scintillants et lorsqu'elle se mût pour s'approcher, elle donnait l'impression d'avancer comme un fantôme vaporeux mais au teint beaucoup trop vivifiant pour être irréelle. Lorsque ses cils papillonnèrent dans sa direction, il eut l'impression que des étincelles discrètes avaient soutenu son regard, et il finit par refermer la bouche.
- Sørensen, avancez ! souffla quelqu'un dans son dos.
Alors, se rappelant les consignes brèves qu'on lui avait donné à la fin de ses essayages, il s'avança effectivement d'un pas lent vers elle, avant de se courber vers la table pour saisir les deux coupes de champagne. Avec lenteur, il se redressa pour lui en offrir une, dont Viviane ne se saisit pas immédiatement. Elle avait levé, la main, mais elle hésitait, et ce temps d'hésitation lui parut interminable. Viviane finit par recourber ses doigts délicats sur le pied en cristal, tandis que Lyle, conformément aux consignes reçues, ne la lâchait pas du regard. Ce doit être la star du show. Tous les regards vont converger vers elle et le vôtre est le premier signe que c'est elle et son charme qui doivent fasciner. Compris Sorensen ?
Il comprenait mieux maintenant pourquoi on l'avait choisi : son propre teint, sa propre sobriété de traits et de formes quasi inexistantes n'étaient là que pour souligner la fraîcheur discrète des pommettes de Valcourt, l'allure distinguée de sa robe et sa chevelure élégamment réhaussée qui dévoilait un cou laissé nu, sans bijou, pour que toute l'attention fut portée sur la robe. Les yeux de Lyle glissèrent sur cette nuque pâle, laissée nue jusqu'aux épaules et sur un décolleté qui disparaissait dans la robe vaporeuse.
- Approchez ! souffla encore la voix pour le rappeler à l'ordre. Le bras, le bras !
Lyle fit un pas, et il était si proche que lorsqu'il présenta son bras à Viviane, il frôla sa hanche. Celle-ci déposa comme prévu sa main libre sur son avant-bras après avoir fait mine d'humer l'odeur du champagne. Au contraire de lui qui ne la quittait pas du regard, elle ne lui accordait pas une oeillade : elle semblait contempler un moment la coupe de champagne, puis le bras qui lui était présenté, puis d'autres convives au loin.
- Ensorcelé Sørensen ! Vous êtes censé être envouté ! Le bras autour de la taille ?
Lyle déglutit mais s'exécuta. Malgré la coupe qui l'encombrait, il fit passer son bras derrière les reins de la jeune fille pour la rapprocher de lui : soudain ils étaient pressés l'un contre l'autre, et elle semblait ne pas le remarquer. Elle plongeait ses lèvres délicates dans le champagne tandis qu'il ne pouvait plus toucher à son verre maintenant qu'il avait Viviane entre ses bras.
Ils restèrent un moment ainsi, titubant imperceptiblement, tandis que quelques flash les éblouissaient. Le shooting devait se tourner en une seule longue fois : il permettrait ainsi de décliner la campagne dans toutes les modalités possibles : courtes images animées dans les journaux, longues scènes colorées dans les magazines de modes, voire, dans certaines très grandes boutiques Valcourt, de pouvoir traverser par enchantement la scène afin de pouvoir examiner de près le détail des coutures. Pour cela, la scène devait être parfaite.
- La suite, la suite ! Passez derrière !
Lyle se sentait complètement désemparé. Il avait beau avoir écouté toutes les consignes, il avait complètement oublié le fil directeur. Sans ces rappels de la part de l'un des sorciers dissimulés dans l'ombre, il n'aurait plus su quoi faire du tout.
Il libéra toutefois Viviane, puis lui retira sa coupe pour reposer les deux verres sur la table basse - comme l'aurait fait un majordome tandis que la jeune femme semblait contempler une foule inexistante. Lyle passa derrière elle et d'un geste lent - mais terriblement tremblant - il porta ses mains dans le dos de Viviane.
Vous devez dénouer chaque bouton, lentement, puis faire glisser les bretelles sur les épaules avec lenteur, en la regardant intensément. Comme si vous déballiez le cadeau le plus fragile mais le plus beau de votre vie. Compris ?
Certes, il avait compris, mais maintenant il peinait à retirer chacun des petits boutons des boucles de tissu caméléon : celui-ci semblait disparaître entre ses doigts à cause de la réverbération des couleurs, et il dût s'y reprendre à plusieurs fois. Il avait perçu cependant le frisson qui avait parcouru le haut du dos et la nuque de Viviane - probablement à cause de ses doigts froids.
Au bout d'un moment, toutefois, il y parvint : il fit glisser les bretelles sur le corps émacié de Viviane, mais il avait du mal à contenir sa propre émotion : sa respiration s'était accélérée et son coeur battait la chamade maintenant que la robe était tombée aux pieds de la jeune fille. Une dentelle fluide couvrait ses fesses, en découvrant néanmoins la ligne fine au-dessus de ses cuisses. Viviane s'écarta de lui : contrairement à Lyle, elle semblait connaître parfaitement chacun des mouvements qu'elle devait exécuter sans avoir besoin de rappel ; elle marcha pour contourner la table basse, fit mine de se contempler dans un miroir invisible tandis que Lyle dénouait son noeud papillon.
Se dévêtir fut un enfer. Loin de l'aide que Viviane avait reçue pour se retrouver en sous-vêtements, lui devait se débrouiller tout seul et si retirer sa robe était facile une fois déboutonnée, il ne put probablement pas retirer son pantalon d'une manière aussi fluide et élégante. Mais enfin, il y parvint tout de même, et fit ce qu'on lui avait dit de faire. Une fois en sous-vêtements, il prit place dans le canapé, se pencha pour récupérer les deux coupes avant de se laisser aller contre le dossier, une jambe repliée à ses côtés.
Alors, Viviane se retourna. Son soutien-gorge était une dentelle brodée du même tissu caméléon, luxueux, qui dissimulait à peine deux tétons qui, plus sombres, se devinaient sous le tissu. Lyle pria pour que le champagne ne trahît pas davantage ses tremblements.
Viviane s'avançait. Pour la dernière scène, elle devait s'asseoir sur lui de façon suggestive, avant de prendre la coupe de champagne et de la porter à ses lèvres pour la terminer sous le regard éperdu mais soumis de son partenaire qui la soutenait.
Message publié le 24/01/2025 à 20:23
Non seulement les réponses de Viviane Valcourt ne lui convenaient pas, arrachant à Lyle un froncement de sourcils menaçants, mais en plus il ne put même pas répliquer : déjà, ils se retrouvaient dans un tourbillon de personnels qui leur indiquaient le chemin à prendre, de dispositifs volants encadrants le lieu de la scène où ils devaient tourner, et de conversations professionnelles qui emplissaient l'espace majestueux dont Lyle avait l'impression qu'elles souillaient les lieux. En de pareils magnifiques endroits, sur d'aussi beaux fauteuils et canapés de cuir, ne devait-on pas avoir des conversations de la plus haute importance ? Du genre de celles qui décidaient de l'avenir des nations, de la survie des valeurs idéologiques de la société, du destin tortueux des sorciers de la planète entière ?
Pas aujourd'hui, bien visiblement.
Il s'installa dans le fauteuil orné de son nom, non sans une certaine gêne qu'il cacha d'un raclement de gorge discret. La maquilleuse était une jeune femme brune aux cheveux si tirés en arrière pour son chignon qu'elle donnait l'impression de s'être étiré le visage à s'en faire souffrir, ses deux yeux asiatiques chargés de couleurs qui variaient à peine perceptiblement à la lumière des lustres. Lyle recula le menton.
- Est-ce que c'est vraiment nécessaire ?
La maquilleuse arrondit de grands yeux en observant Lyle.
- Evidemment. Votre front brille et ce teint ! On vous croirait malade. Ne bougez pas et fermez les yeux.
Le Serdaigle s'exécuta, non sans une moue insatisfaite. Bien qu'il ne la voyait plus, il devinait Viviane à côté de lui - ainsi que son impatience caractéristique. Il sentit les poils d'un pinceau lui passer sur le front, et une poudre douce couvrir sa peau.
- Ca a intérêt à en valoir la peine et que je ne ressemble pas à un clown, grommela Lyle. Si j'avais su qu'il y avait des sous-vêtements dans le lot, je ne serai peut-être même pas venu. Tu n'as pas été tout à fait fair-play là dessus, Viviane. Je te jure que si poser en caleçon a un impact négatif sur ma carrière je saurai te le faire regretter.
Comme il n'avait pas de réponse, Lyle rouvrit un oeil pour décocher un regard à Viviane : son siège était vide. Elle avait dû s'éclipser pendant son monologue et il émit un claquement agacé avec sa langue, tandis que la maquilleuse se fendait d'un petit sourire d'excuse.
- Elle est partie mettre sa robe.
- Comment vous faites pour travailler avec des gens aussi désagréables ?!
La maquilleuse interrompit un coup de pinceau pour avoir un petit gloussement embarrassé.
- Hum... Travailler pour la maison Valcourt est un grand honneur, souffla-t-elle à voix basse, comme si elle avait eu peur d'être entendue. Ils sont très exigeants mais c'est pour de bonnes raisons. La qualité des résultats d'ailleurs...
- Pff, épargnez-moi le discours appris par coeur que vous vous servez entre vous pour survivre dans ce monde de basilics. Vous vous appelez comment ?
- Assia. Vous voulez un enchantement pour changer la couleur de vos yeux ?
- Qu... Quoi ? Pourquoi faire ?
- Ben pour qu'ils aient l'air un peu moins... Un peu plus vivants, quoi.
Lyle toisa Assia, un peu dépité.
- Sûrement pas, grommela-t-il au bout d'un moment, et il détourna le regard pour s'observer dans le miroir.
Avec la poudre magique d'Assia, il avait l'air certes moins pâle, mais ses pomettes et ses mâchoires paraissaient plus saillantes. Il tourna la tête à droite et gauche, lentement, comme pour essayer de voir son profil. Est-ce qu'il avait les yeux morts ? Il finit par secouer la tête.
- Ca ne vous plaît pas ?
- Hein ? Ah si, si, merci.
- Bien. Alors je vais vous demander d'aller vers les cabines là-bas, quelqu'un va venir s'occuper de vous pour la tenue.
Les cabines étaient formés de rideaux qui flottaient dans un coin de la pièce, formant de drôles d'urnes à l'intérieur de laquelle il disparut. Il s'attendait à un petit carré intime, mais à l'intérieur, l'espace était beaucoup plus grand qu'on aurait pu le deviner : il y avait un grand miroir qui permettait de se voir de pied en cap, un portant avec des tenues sur des cintres ainsi que deux femmes qui en discutaient de l'ordre à respecter sous des lueurs si vives que Lyle dut cligner des yeux.
- Ah, le voilà ! fit une petite femme replète d'un certain âge, qui tenait en l'air une petite baguette magique courte.
- Parfait, claironna l'autre - une femme beaucoup plus jeune, d'une trentaine d'années qui sembla évaluer Lyle de pied en cap. Il n'était pas censé être plus grand ?
- Avec les rayures sur la robe, ça donnera l'impression. Mais sinon, j'adapterai visuellement avec un sortilège d'allongement, dit la première, et elle s'approcha pour saisir Lyle par la manche comme pour regarder la tenue dont il était revêtu. C'est vieillot ça non ? Ca ne va pas avec l'ambiance parisienne.
- On s'en fiche, ce n'est pas ce qu'il va porter.
- Je suis là, hein.
- Oui, oui, sourit la femme. Allez au travail, déshabillez-vous, on va commencer les essayages.
- Ok.
Lyle regarda les femmes. Les femmes le regardèrent. Alors Lyle les regarda en retour, et elles insistèrent d'un sourire qui traduisait tout sauf leur patience.
- Qu.. Vous allez rester ?
- Il faut bien qu'on ajuste tous les détails au plus près du corps.
Lyle gonfla ses joues pour évacuer un lent soupir silencieux.
Viviane, je te déteste.
Message publié le 21/12/2024 à 11:28
S'il y avait un point de départ dans la vie, Lyle avait l'impression d'aller à la rencontre du sien tandis qu'il se préparait pour retrouver le Portoloin avec Viviane Valcourt. Il avait l'impression que tout le reste de son existence n'avait été qu'une introduction, une mise en contexte qui l'avait préparé à ce voyage vers Paris.
Ce ne serait pas la première fois qu'il verrait la capitale française : son grand-père avait pris soin de l'y emmener à deux reprises et de lui faire visiter les grands monuments et musées qu'il se devait de connaître pour son éducation. Mais Oswald Sorensen ne l'avait jamais introduit réellement dans la haute société diplomatique, malgré le désir grandissant de Lyle. Le vieil homme avait répété que pour sa propre légitimité, c'était à Lyle de se construire son réseau, sans l'aide d'un coup de pouce qui ne serait perçu que comme un privilège parmi les autres Aurors. Autrement dit, il devait en baver autant que lui quand il était jeune, sinon le jeu n'en valait pas la chandelle. Lyle comprenait cette logique, même s'il avait parfois eu l'impression qu'Oswald avait cherché à le dissuader d'entamer une telle carrière. Mais pouvait-il lui en vouloir de seulement désirer protéger d'un métier dangereux la progéniture de sa propre descendance ? Probablement pas. Lyle avait déjà fait son choix de toutes les manières ; il prouverait à son grand-père qu'il pouvait traverser les mêmes difficultés, et se hisser dans cette société-là à la sueur de son front, à la finesse de son éducation et à toute la ruse que lui conférait la détermination qu'il prenait soin d'entretenir.
Aussi avait-il passé un temps fou à préparer une valise à main étendue, pour y emmener ses affaires les plus belles : une robe de sorcier pour soirée, avec des broderies d'argent ; sinon, des tenues formelles. Costume trois pièces, robe de sorcier fine, manteau long à capuche. Au cas où, il avait aussi soigneusement ajouté dans le sac des gants blancs au cas où il devrait participer à une cérémonie diplomatique. Et bien sûr, de quoi cirer ses chaussures et gominer ses cheveux clairs comme le plumage d'une colombe.
Il avait dû, enfin, se faire violence pour ne pas arriver trop à l'avance. Oswald ne l'avait pas regardé quitter le manoir. Il s'était obstiné à rester devant sa cheminée, un verre à la main, pestant sur les nouvelles qu'annonçait la Gazette.
- Ils n'en disent pas le quart ! ronchonnait-il quand Lyle lui avait fait savoir qu'il était sur le point de partir. Ont-ils bien conscience, ces idiots, qu'ils font venir sur le sol anglais des espions ennemis ?!
- Afi, fit Lyle, sa grosse besace en cuir dans la main, tandis que de l'autre il tenait la poignée de la porte du grand salon qu'il venait d'ouvrir. As-tu entendu ? J'ai dit que je partais.
- Eh !
Oswald ne prit pas la peine de se retourner. De là où il était, Lyle ne voyait que le crâne dégarni qui dépassait d'un gros fauteuil en velours vert. Le rayonnement de la cheminée illuminait la pièce et réchauffait l'endroit douillet. Sur une table basse, une tasse de café fumait, intacte, tandis qu'un elfe de maison d'une taille minuscule, aux traits aussi ridés et affaissés que ceux du grand-père, déposait avec une pince en métal une série de petites viennoiseries sur une assiette.
- Je n'suis pas encore sourd, Lyle, rétorqua Oswald avec un grognement. Et puis, ne faisons pas comme si tu partais en mission pour des mois : tu vas faire une visite à Paris avec ta copine, et demain soir tu seras revenu avec des déceptions plein ta besace, au mieux ! Alors garde ton sentimentalisme pour demain !
Lyle soupira. Il était habitué aux accès de mauvais humeur de son grand-père.
- Ouais, à demain Afi.
- Snöri va s'inquiéter, lui, croassa l'elfe, mais Lyle avait déjà refermé la porte.
Retrouver Viviane ne lui avait fait ni chaud ni froid : Lyle était pressé d'arriver sur les lieux, et Viviane n'était dans ce plan qu'un instrument aussi utile - et aussi insipide - que le portoloin qu'ils utiliseraient pour cela. Toutefois, soucieux de conserver ses apparences, il l'avait salué avec la même froideur, la même indifférence que lors de leur précédente rencontre, à la bibliothèque.
Le voyage se passa sans encombre, et le froid de Paris les accueillit, légèrement plus sec qu'en Ecosse, avec une morosité qui ne pouvait calmer l'excitation intérieure de Lyle. Aussitôt, son regard s'attacha au grand bâtiment de l'autre côté de la rue : l'Ambassade. En haut de quelques marches, le bâtiment était un immeuble haussmannien comme il y en avait tant dans cette capitale : trois étages, des fenêtres hautes au travers desquelles on devinait des lustres imposants, allumés même en ce début de journée. Un drapeau britannique flottait au balcon en métal travaillé d'une salle de réception où l'on devinait que des silhouettes se pressaient - peut-être pour mettre en place le fameux shooting dont Viviane lui rappelait l'existence.
Lyle ne put empêcher une brève grimace, comme s'il s'était souvenu qu'il devait en passer par là avant de pouvoir parvenir à ses fins. Il n'eût d'autre choix que d'emboîter le pas à la jeune femme qui s'exprimait avec la même froideur que la sienne : au moins, pas d'ambiguïté entre eux. Ils étaient réunis pour les affaires et uniquement les affaires.
- Ca va durer longtemps ? demanda-t-il. Et nous allons travailler dans une salle close, n'est-ce pas ? Il n'y aura pas de passage L'Ambassadeur doit être très occupé en journée, je suppose.
Il craignait soudain que ce dernier ne vît Lyle en train d'exécuter des poses dans lesquelles il ne serait certainement pas à l'aise. Il nourrissait subitement le désir ardent que toute cette mise en scène ne durât qu'une ou deux heures tout au plus. Avec un peu de chance, le personnel mettrait beaucoup de temps à s'installer et...
- Ah, les voici ! Par ici, nous n'avons pas de temps à perdre !
Les doubles portes en bois venait de s'ouvrir sur une femme vêtue de noir qui leur fit un signe pressé de la main. Ils passèrent entre deux gorilles qui les scrutèrent un instant, mais l'accueil qu'on leur faisait les dissuada de demander un examen plus poussé. La femme portait un chignon noir qui lui étirait les traits du visage comme un papillon épinglé dans une collection entomologique, effet renforcé par les couleurs vives dont elle avait affublé ses yeux.
- Miss Valcourt, quel plaisir de vous accueillir. Vous avez tant changé, quelle splendeur, quel raffinement depuis la dernière fois que je vous ai vue ! Et oh, vous devez être...
La femme leva un morceau de parchemin à hauteur d'yeux, qu'elle recula un instant pour mieux y voir.
- Lyle So-ren-sen, lut-elle avant de tendre une main vers le jeune homme qui la serra après une brève hésitation. Je suis Miss Penelope Kingsley, directrice artistique de la nouvelle campagne de communication Valcourt et bien sûr de plusieurs précédentes qui ont connu un grand succès.
Avant de les emmener plus loin, Penelope s'arrêta pour détailler Lyle : elle en fit le tour, estima brièvement la largeur de ses épaules à l'aide d'un pouce et d'un auriculaire écarté comme instrument de mesure.
- Plutôt pas mal, approuva-t-elle avec un signe de tête. J'aime les yeux, nous pourrons les mettre en valeur, mais c'est dommage qu'il soit si fin, ce ne sera pas facile à mettre en valeur pour la séquence Lingerie, nous allons devoir tricher avec les postures pour qu'il n'ait pas l'air gringalet. Allons, ne perdons pas de temps, suivez-moi !
Et la femme s'en alla devant eux à pas vifs, pour s'engager vers de larges escaliers en colimaçon, en marbre. Viviane allait suivre, mais Lyle la retint par le coude, les traits écarquillés d'ahurissement.
- Quoi ?! grinça-t-il en tâchant de conserver la voix basse pour ne pas rompre la quiétude raffinée du lieu. Quelle séquence lingerie ? De quoi elle parle Viviane ?
Message publié le 17/11/2024 à 19:45
Tout en l'écoutant, Lyle détaillait le visage de la jeune femme. Il n'arrivait pas à se décider pour savoir s'il la trouvait ou non jolie : d'un côté elle avait les traits fins et élégants de bonne famille : une bouche parfaitement dessinée, des yeux maquillés avec discrétion mais délicatesse, des cheveux dociles. D'une certaine manière, elle renvoyait le même genre d'image que lui : soigné, appartenant à une classe sociale élevée. Mais d'un autre côté, quelque chose chez elle lui semblait désagréable : ce nez fin lui donnait une attitude hautaine, les mimiques qui agitaient le sourire de la jeune fille trahissaient des cachotteries qu'il ne parvenait à déchiffrer : était-elle seulement embarrassée ou bien jouait-elle un autre jeu ?
Si le trouble se lut un instant dans les yeux gris habituellement sans vie de Lyle, il se reprit rapidement en croisant les bras sur sa poitrine, se laissant aller sur son dossier de nouveau, comme s'il se laissait le temps de la réflexion. Alors même que c'était tout décidé : il ne pouvait laisser passer une opportunité de cette ampleur.
Il finit par acquiescer avec lenteur.
- Ca m'a l'air d'un deal équitable, en effet.
Pourquoi une gamine comme elle cacherait-elle quoique ce fut de dangereux pour lui ? Il ne lui servirait à rien d'être paranoïaque avant l'heure. Ce n'était qu'une enfant qui faisait un caprice auprès de sa famille pour être prise en photo avec le beau garçon de l'école. Lyle n'ignorait certainement pas les regards qui pesaient sur lui depuis la sixième année, quand il avait subitement grandi et qu'on se visage était devenu si angulaire. En quelques mois à peine, même sa voix avait changé, ce à quoi il n'avait guère prêté attention - au départ en tout cas. Car bien vite, ses yeux n'avaient plus cessé de surprendre des regards féminins. Quelques unes de ses amies de Serdaigle avaient commencé à bafouiller à son contact et progressivement, s'étaient éloignées de lui. Un bien étrange phénomène ; et comment pouvait-on en vouloir à Viviane Valcourt d'y succomber elle aussi ?
En d'autres circonstances, il l'aurait méprisée pour un tel enfantillage de gosse trop gâtée, mais on ne pouvait mépriser une famille qui lui proposait de déjeuner avec Lord Oldmore - il ne pouvait pas se décider, dans sa tête, à l'appeler lui aussi Gary, c'était beaucoup trop familier - et il n'avait eu aucun problème de conscience à mettre de côté ses jugements habituels pour accorder cette faveur pour être dans les bonnes grâces de l'Ambassade britannique, à Paris.
- Tout me paraît limpide, annonça-t-il avec tranquillité ; même si ce n'était pas tout à fait vrai.
Il avait une chose qui le chiffonnait : était-il possible que le lieu du shooting soit une pure coïncidence, ou bien bluffait-elle dans l'espoir de le faire venir. Un instant les yeux de Lyle se durcirent et ses sourcils blonds se froncèrent, vaguement menaçants.
- Je veux être informé de tout changement de programme avant notre départ, afin de pouvoir me rétracter si les conditions de notre deal ne sont pas respectées.
Lyle ajouta rapidement un sourire qui adoucit son visage, à dessein.
- Mais je dis ça juste au cas où, je te fais confiance, bien sûr.
C'était bien connu : on pouvait toujours se fier, de façon aveugle, aux Serpentards.
Message publié le 10/11/2024 à 13:48
Avec lenteur, Lyle redressa la tête et referma le livre. Cette fois-ci, sans retenir la page d'un index impatient.
- Mh-mh, avait-il seulement émis.
Il croisa les bras sur sa poitrine pour se laisser aller contre le dossier de sa chaise, ses yeux gris épiant avec plus d'intérêt la jeune femme devant lui. Il avait une envie subite d'envoyer un courrier à Oswald, de lui demander si la maison Valcourt était si importante que cela à soigner dans ses relations - il le ferait peut-être, un peu plus tard. Il y avait tout de même de fortes chances qu'elle bluffât : les Serpentards étaient bien connus pour cela. Il l'écouta tout de même attentivement. Elle avait l'air de savoir parfaitement ce qu'elle faisait et pour son âge, ce qui l'impressionnait.
Puis il s'installa un silence. Lyle posa doucement les yeux sur la couverture du livre ("Incendia Sempiterna : L'Essence des Feudeymons et des Feux Envoûtés" par Margaret Drockfuss, deuxième édition) avant de revenir à son observation de la jeune femme. Il laissait à dessein le temps s'écouler, installer entre eux un malaise palpable - mais qu'ils étaient bien capables de tous les deux supporter, ce qui en disait long sur leurs caractères respectifs : deux prédateurs, prêts à patienter longuement pour saisir l'instant précis.
Un sourire en coin éclaira discrètement le visage de Lyle.
- C'est un livre pour lequel il faut une autorisation spéciale, expliqua-t-il d'une voix calme. J'ai accès à la réserve grâce à la lettre de recommandation de mon directeur de maison - un privilège que lui enviait un certain nombre de ses camarades aux écharpes bleues et bronzes.
Pourtant, il ne montra pas signe d'une fierté quelconque ; comme s'il n'en avait pas besoin. Tout parlait déjà pour lui : sa tenue, cet accès, ses plans pour le futur, sa tranquillité d'esprit.
- J'ai très bien vu ce que tu viens de faire, finit-il par ajouter dans ce silence qui s'étirait entre les rangées d'étagères comme un serpent silencieux, inquiétant. Il va falloir revoir tes techniques pour être un peu plus élégamment manipulatrice : évidemment que rencontrer Lord Oldmore m'intéresse.
Gary Oldmore n'était nul autre que l'Ambassadeur de la Magie Britannique à Paris. Lyle connaissait les noms de la plupart des ambassadeurs, en tout cas dans les grands pays qui comptaient. Souvent issus de familles nobles - et Oldmore ne faisait pas exception - il était particulièrement difficile de se rapprocher de leurs cercles privés : généralement, cela se faisait soit par le sang, soit par de hautes fonctions administratives. Les Sorensen n'étaient pas exactement de l'aristocratie britannique, à cause de leurs origines nordiques, mais ils avaient bâti une réputation - ou plutôt, Oswald avait bâti cette réputation à partir de sa carrière brillante, qui rejaillissait sur Lyle. Mais serait-ce suffisant pour atteindre Oldmore ; Lyle en doutait.
Il s'humecta délicatement les lèvres, avant de croiser les mains sur le livre qui avait attiré l'attention de Viviane : inutile qu'elle continuât à s'intéresser à cette couverture.
- Tu as toute mon attention. Quel service puis-je te rendre pour être introduit auprès de... Gary, comme tu l'appelles si familièrement ? Si ça te fait plaisir que je porte un costume, pourquoi pas. Mais réfléchis bien ; je ne suis pas sûr que ce soit à cet endroit que je te serai le plus utile. Mais si c'est ça que tu veux...
Il avait parlé avec la bienveillance de celui qui joue aux échecs contre quelqu'un de moins expérimenté.
Message publié le 09/11/2024 à 15:03
Lyle avait serré les dents, mutique. Malgré l'inconfort - et l'humiliation - il s'était forcé à soutenir le regard furieux de Ryder. Un type sacrément impulsif, pour un Serpentard. Lyle avait glissé une main dans sa poche, au cas où il avait besoin de recourir à sa baguette, mais son interlocuteur se calma tout seul. Le Serdaigle se détendit sans quitter la porte que son dos semblait désormais soutenir. Pendant que l'autre poursuivait, Lyle prenait soin de remettre son col correctement. Il pinça les lèvres, et secoua la tête en un signe négatif.
- Au temps pour moi, j'ai cru que tu te servirais de tes neurones deux secondes pour autre chose que pour te défendre. J'aurais dû me douter qu'ils t'ont pas donné ce poste-là dans l'équipe pour rien, siffla-t-il.
Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes de persifler comme un Serpentard, mais se laisser faire n'était pas non plus une option. Les Serdaigles avaient la réputation d'être doux, mais c'était sans compter qu'ils étaient souvent relativement individualistes, et Lyle faisaient parti de ceux-là. Après son col, il replaça correctement ses manches.
- Visiblement, tu as raison, je me suis trompé d'interlocuteur, c'est pas avec toi qu'on peut discuter des problèmes du Quidditch en ce moment.
Il essayait de garder un ton décontracté, mais le fait était qu'il avait été un peu bousculé par les actes de Ryder. Lyle se détacha de la porte, pour laisser le passage au Serpentard, non sans un regard sévère. Il sortit sa baguette pour déverrouiller silencieusement le loquet, et la porte s'ouvrit d'elle-même, grinçant légèrement.
- Je ne te retiens donc pas.
Lyle croisa les bras, baguette toujours en main. Mais avant que l'autre disparût, il ne put s'empêcher d'ajouter :
- Mais si tu veux être Capitaine un jour, va falloir apprendre à s'inquiéter de ce qui se passe dans ton équipe plutôt que de regarder uniquement le bout de ton propre manche.
Par la porte ouverte, la rumeur du vent chuintant sur l'herbe humide du terrain de Quidditch se fit entendre, chariant avec elle les conversations lointaines.
Finalement, en l'absence de Percy, Lyle n'avait probablement plus rien à voir avec les Serpentards.
Message publié le 07/11/2024 à 19:24
Lyle poussa un soupir, se résignant à reposer sa plume et même à fermer le livre qu'il avait devant lui. Enfin, pas tout à fait : il avait glissé un index entre les deux pages qu'il étudiant jusqu'ici, histoire de pouvoir reprendre rapidement, une fois que ce petit interlude serait terminé. Impassible, il écouta l'intégralité des explications de Viviane sans l'interrompre.
Puis un silence s'écoula. A l'intérieur de la bibliothèque, il ne subsistait toujours que quelques sons feutrés, comme si le reste du château n'existait pas ; et probablement était-ce ce qui faisait le charme de l'endroit aux yeux d'un bon nombre de Serdaigle, y compris Lyle.
Ce dernier finit par incliner la tête de côté, légèrement, comme pour signifier l'évidence de ce qu'il allait dire.
- Si tu connaissais si bien tes informations, tu saurais que je n'ai nullement besoin d'argent, articula-t-il avec lenteur - un peu comme s'il faisait la leçon à la jeune fille.
Et c'était probablement ce qui était en train de se produire. Lyle secoua la tête. Déjà il était prêt à rouvrir son livre.
- Ravi d'être au goût des membres de ta famille, mais je ne me destine pas au mannequinat, désolé.
Un tel projet serait même incompatible avec sa carrière future. S'il prenait autant soin de lui, ce n'était pas pour séduire ; du moins pas au sens où on l'entendait habituellement. S'il voulait paraître tiré à quatre épingles, au-delà de l'habitude de son éducation, c'était tout simplement pour paraître le candidat le plus compétent. Son grand-père lui avait appris que le fond n'était rien sans la forme - et vice-versa, d'ailleurs.
Il eut un bref soupir, et cette fois-ci, rouvrit le livre pour bon. Pourtant, il continua à parler en baissant les yeux sur les pages.
- La seule chose qui pourrait m'intéresser à Paris serait l'Ambassade Magique britannique et éventuellement leur Centre de Documentation et de Recherche pour essayer d'y décrocher un stage pour l'été prochain. Alors, à moins que ton grand-père habille des gens dans ce genre d'endroit...
Lyle releva légèrement le regard et haussa les sourcils, l'expression un peu trop neutre pour être parfaitement innocente. Est-ce qu'elle serait suffisamment bien renseignée, cette fois ? Ses yeux gris comme de la pierre de Lune défièrent ceux, tout aussi froids, de Viviane. Bénéficiait-elle vraiment du statut social de sa famille au point de pouvoir obtenir des renseignements si précis.
Il sourit ; à demi-encourageant, à demi-narquois.
Message publié le 06/11/2024 à 16:21
Les recherches de Lyle ne se déroulaient pas comme il le souhaitait. Lui qui avait toujours pris son avenir à la légère, ou plutôt ne s'était concentré à être un bon élève que pour faire plaisir à son grand-père, se trouvait soudain un intérêt particulier pour obtenir les meilleures notes possibles à Poudlard. Il n'avait jamais été le meilleur, la concurrence étant particulièrement rude parmi les Serdaigles, mais il avait été très bon élève. Maintenant, il fallait être, effectivement, le meilleur. Et mener parallèlement ses recherches, ce qui n'était pas une mince affaire. Sa vie consistait depuis septembre à optimiser son temps pour étudier efficacement le plus vite possible et se libérer du temps pour aller fureter là où il le devait.
Aussi ne relevait-il même pas la tête quand on le dérangeait.
- Rudement bien renseignée, constata-t-il, d'une voix distante, le nez à peine relevé de son ouvrage. Surtout pour ton âge, ajouta-t-il en haussant brièvement les sourcils, avant de se replonger sur les lignes étroites du livre d'arithmancie.
Lyle était vêtu de sa robe académique, d'une chemise blanche impeccablement repassée et son col en était noué de la cravate bleue et blanche qui lui donnait vaguement l'allure d'un fonctionnaire du ministère particulièrement jeune. Il se sentit forcé de détacher son regard de la page qu'il lisait pour vérifier qui lui avait adressé la parole : Viviane Valcourt, effectivement. Valcourt, il connaissait ce nom. Un nom qu'avait en effet prononcé son grand-père : les robes Valcourt, les cravates Valcourt, les costumes Valcourt. Lyle acquiesça.
Il s'efforça de relever de nouveau le regard, pour poser sur elle un regard neutre, un peu vide. Avec froideur, il avait saisi la main pour la serrer brièvement.
- Hé bien voilà, tu t'es présentée. Autre chose ?
Lyle eut une drôle de mimique à l'égard de la jeune femme - quelque chose à mi-chemin entre l'encouragement et la défiance, mais d'une façon polie.
- Pourquoi est-ce que ton grand-père t'a demandé ça, tu vas reprendre sa boutique ?
Il n'était pas sûr d'être intéressé. Les Aurors de l'époque de son grand-père accordaient aux apparences une importance qu'il n'était pas sûr de vouloir investir, même si Lyle était lui-même très propre sur lui. Pour lui faire comprendre qu'il ne faisait la conversation que par pure politesse, il se replongea de nouveau dans son ouvrage. Aux lignes étroites suivaient des séries de chiffres et il saisit sa plume pour gratter un calcul sur un coin de parchemin.