Les arrivées s’enchaînaient à un rythme presque régulier. En peu de temps, ils semblaient tous au complet. Avery entendait d’une oreille distraite les conversations des uns et des autres sans réellement y prêter attention, sauf lorsqu’une d’entre eux s’adresse directement à elle : Julian, qu’elle connaissait sans vraiment la connaître. Elle faisait partie de ces personnes qu’elle croisait, à qui elle pouvait même adresser un sourire dans les couloirs sans jamais lui avoir vraiment parlé en profondeur, juste des banalités. Pourtant, dès que les mots sortent de la bouche de sa camarade, tout semble fluide et naturel. C’était peut-être parce qu’elle n’était pas du genre à être mal à l’aise dans ce genre de situation. Alors, à sa remarque, elle hausse les épaules. Et pourquoi ce ne serait pas toi ? Elle n’avait jamais vraiment réfléchi à qui pourrait sortir victorieux du Tournoi. Si Avery y participait, elle donnerait tout ce qui était en son pouvoir pour le remporter, mais sans mentir, elle doutait un peu de son courage dans ce genre de situation. L’inconnu, tout ça…

Le cours commence et la pousse à détacher son attention de Julian pour se concentrer sur le professeur. Elle suit attentivement les indications, ses genoux commençant à gigoter, car rester debout et statique n’était pas vraiment son activité préférée. Les groupes se forment, et elle est presque déçue de ne pas faire équipe avec sa camarade. Alors, machinalement, elle lui fit un signe discret avant d’aller rejoindre son groupe. Elle était ainsi, assez sociable pour s’imaginer qu’elles pourraient continuer cette conversation après le cours.

Elle rejoint alors Sam et Alison du côté défensif, observant de nouveau ce coin de la salle qu’elle s’était contentée de balayer du regard. Cinq minutes, ça pouvait être long, surtout si cela signifiait que Pope demandait de la réflexion avant l’action, ce qui n’était pas vraiment dans ses habitudes. Pourtant, elle réfléchissait trop, puisque les deux autres avaient déjà entamé leur entraînement. Pour les encourager, elle leur adresse un hochement de tête silencieux, car c’était dans sa nature. La réussite d’une Alison peu confiante et l’échec d’une Sam déterminée… ironique. Le chahut entre les élèves et l'intervention du prof lui font à peine lever un sourcil. Très peu pour elle.

Avery essaie ne pas regarder autour d’elle pour éviter d’être distraite par un sort raté…  Voyant que sa camarade quitte le groupe, elle peut enfin se concentrer sur sa tâche. Elle pointe sa baguette vers le bureau à côté de celui qui avait été changé en mur de pierre précédemment. Si le sien serait moins solide – encore fallait-il qu’elle y parvienne – cela élargirait néanmoins le bouclier, ce qui n’était pas négligeable. Elle fixe le bureau des yeux avant d’annoncer d’une voix claire le Plasticinum

La bureau tressaille, change peut-être légèrement de forme, mais c'est à peine visible. Pas de protection, ça reste un simple bureau qui ne sert strictement à rien. Top top top. Elle se mord la langue pour ne pas montrer sa frustration. Avery n'aime pas l'échec.

— Avery, tu vas être en retard !

Le réveil était de plus en plus difficile. Avery haïssait cette période de l'année, cet entre-deux entre la fin de l'hiver et le début du printemps. Son énergie était en baisse, et elle en venait presque à regretter de s'être inscrite à ce cours de soutien sur un coup de tête. Depuis quelque temps, elle agissait de plus en plus impulsivement, sans vraiment savoir si cela relevait d'une audace nouvelle ou d'une simple lassitude.
Le ciel hivernal s'étendait dans une monotonie grise et oppressante, tandis que la neige recouvrait encore les vastes étendues des Highlands écossaises. Une vision qui aurait pu paraître majestueuse à certains, mais qui ne provoquait chez Avery qu'un soupir d'exaspération. Le froid mordant n'était pas son allié, et l'idée de devoir affronter une journée glaciale ne la réjouissait pas le moins du monde. Pourtant, elle ne pouvait pas se permettre de traîner.

D'un geste rapide, elle enfile des vêtements chauds sous sa robe de sorcière, s'assurant de bien nouer son écharpe aux couleurs de sa maison autour de son cou. Elle savait déjà qu'elle l'enlèverait en plein cours, agacée par la moindre sensation de gêne. Les cheveux ramenés en une queue de cheval haute, opter pour la praticité. Une fois prête, elle quitte la salle commune à grandes enjambées, l'esprit encore embrumé par le sommeil.
En arrivant dans la salle de métamorphose, Avery sent immédiatement que le cours du jour ne ressemblerait en rien à ceux qu'elle avait l'habitude de suivre. D'un coup d'œil, elle comprend que le Professeur Pope avait préparé quelque chose de bien différent d'un simple cours théorique. Une excitation discrète monte en elle — peut-être que ce matin ne serait pas si terrible, après tout.

D'un ton finalement souriant, elle adresse un Bonjour général, autant à son professeur qu'à sa camarade déjà présente. Son regard vagabonde sur la pièce, s'attardant sur les divers objets et créatures disposés à différents endroits de la pièce. Pas de doute, ils allaient être mis à l'épreuve aujourd'hui. Et, en sixième année, il était grand temps que les choses deviennent plus sérieuses.
Un défi. Avery n'en demandait pas plus. Elle aimait la nouveauté, elle aimait être poussée dans ses retranchements.
 

Avery était habituée aux jours de rentrée. Poudlard l’avait accueillie, elle et son regard enfantin, depuis ses onze ans. Ici, elle avait pu se construire une identité, grandir, et même si l’avenir restait incertain, elle se plaisait à vivre au jour le jour, profitant pleinement des deux années qu’il lui restait dans cette école.

Cet été, elle avait voyagé à travers l’Europe avec sa famille : la France, l’Allemagne, l’Italie, le Portugal… Un périple qu’elle rêvait de faire depuis son plus jeune âge. Pour son seizième anniversaire, après des années d’économies, ses parents lui avaient fait la surprise de réaliser ce souhait. Un été d’émerveillement, de découvertes et de liberté. Et maintenant, la rentrée. Le retour à la réalité.

Avery peinait à se replonger dans le quotidien de Poudlard, mais elle n’eut pas le loisir de s’attarder sur cette mélancolie : Miss Aisling, leur Directrice de maison, venait de prendre la parole pour le traditionnel discours de début d’année. Après six ans, elle en connaissait le rituel par cœur. Pas de quoi capter son attention, mais elle gardait un sourire poli sur les lèvres. Mieux valait éviter d’afficher une mine boudeuse dès le premier jour.

Un élève pose une question. Sans même tourner la tête vers lui, Avery lève les yeux au ciel. Pourtant, la réponse de Miss Aisling à une question plus pertinente finit par accrocher son intérêt : un éventuel voyage à Paris ? Son cœur se serre brièvement à l’évocation de cette ville qu’elle avait adorée lors de son passage.

Quant à l’autre annonce du Directeur… l’annulation de la Coupe de Quidditch. Un choix audacieux, qui risquait de faire grincer bien des dents. Certes, les tensions de l’an passé avaient laissé des séquelles : les violences, les blessés, la compétition devenue malsaine, même au sein des maisons. Mais supprimer une tradition aussi ancrée ? Avery n’était pas passionnée par le sport, elle préférait regarder plutôt que jouer, mais elle doutait que cette décision ramène réellement le calme à Poudlard. Si ce n’était plus sur un terrain de Quidditch, les élèves trouveraient bien un autre moyen de s’entretuer. Elle balaie la salle du regard. On peut y aller, non ? Rester ici à écouter un professeur parler était déjà bien assez pénible en classe.