Homme
16 ans
Sang-mêlé
Britannique
Identité
-
- Sixième année
- Surnoms : Balt'
- Nationalité : Britannique
Capacités & Statuts
Groupes
"Aldebert Wickerson ?" "C'est à côté."
Message publié le 03/02/2025 à 22:38
Balt' voit pas bien quel genre de réponse il peut trouver dans les étoiles. Faut dire qu'il a jamais trop compris quoi que ce soit aux cours de Wickerson. Aux cours de qui que ce soit, au final. Il fait acte de présence, de temps en temps y'a deux neurones qui connectent suffisamment longtemps pour qu'il fasse illusion pendant un devoir qui lui permet étonnamment de passer à l'année au-dessus, et c'est tout. D'ailleurs, Ambrose lui explique souvent plein de trucs, qu'il comprend sur le coup, pis qu'il oublie presque aussitôt. C'est pas qu'il veut pas, c'est que dès que c'est pas à propos d'un skate il a tendance à zapper.
Bref, tout ça pour dire que même en regardant bien, il est pas sûr de trouver une réponse. Peut-être que Wickerson pourrait l'aider à trouver. Sauf qu'il faudrait déjà qu'il ait une question pour ça, et même ça c'est pas gagné. Il a quand même le visage qui se ferme quand le gars annonce que les étoiles ça apparaît pas comme ça. Au fond, il le sait bien. Mais ça l'empêche pas d'espérer. Personne pourra jamais l'empêcher d'espérer. Même pas un pro de l'astronomie. Les gens peuvent tous croire ce qu'ils veulent. Lui, il aura toujours la naïveté de l'espoir. C'est un foutu optimiste. Pour le meilleur et pour le pire.
Alors il répond rien. Se contente de toiser celui qui est supposé être son père. Comme si c'était lui, le plus débile des deux. Il sait bien que c'est pas vrai. Mais il a quand même sa fierté. Il s'apprête à lui emboîter le pas. Résigné à squatter un appartement dans lequel il aura jamais sa place. Juste le temps que tout ça se tasse un peu. Pis y'a le mot fantôme qui résonne. Il s'arrête tout net. Pourquoi il y a pas pensé plus tôt ?
- Mais oui ! Un fantôme ! Si ça s'trouve c'est dev'nu un fantôme ! M'man ! M'MAN !
Il se met à gueuler, à faire le tour de la pierre tombale comme si le spectre de sa mère pouvait se cacher derrière. Il est sûrement bien trop bourré pour capter qu'elle serait sûrement déjà apparue devant lui si c'était le cas. Bordel. Un fantôme.
- P'têt elle est chez nous ! J'dois y'aller !
Le reste du pack de bières est abandonné là. La planche relancée au sol, pour un atterrissage moyennement contrôlé dessus. Malgré un équilibre précaire, il est visiblement déterminé à redescendre tout ça à vitesse maximale, histoire d'arriver plus vite.
"Aldebert Wickerson ?" "C'est à côté."
Message publié le 23/01/2025 à 21:07
Il fait genre l'air de rien, Balt. Comme s'il avait pas capté le mec qui s'est assis à côté. Comme s'il avait pas entendu ce qu'il lui disait. Pourtant il a capté. Il a entendu. Et ça tourne en rond sous des mèches verdoyantes toute ratatinées de tristesse. Est-ce que l'âme de sa mère est vraiment partie se planquer entre les étoiles ? C'est sûrement mieux que de rester là à se peler le cul, c'est sûr. N'empêche que ça fait vachement plus de trajet pour trinquer avec elle. Y'a de longues minutes qui passent, sans qu'il dise rien. Sans qu'il bouge. Et puis, il finit par se redresser en position assise, le skate un peu crado toujours bien serré contre lui, comme s'il s'agissait là de son dernier rempart contre le monde.
Et quel monde. Il l'aimait bien, y'a quelques jours de ça, ce monde. Il avait pas grand chose à penser. Rien, même. Et là, tout lui tombe sur le coin de la gueule, et il aime pas ça. Il aimait bien rire. Il aimait bien danser avec sa mère. Se moquer d'elle gentiment. S'engueuler avec elle à cause de fringues trop usées qu'il enfilait. C'était vachement bien. Maintenant, il est tout seul. Et rire tout seul c'est nul. Danser tout seul aussi. Il a plus personne pour se moquer, et plus personne pour s'engueuler. Parce qu'il est à peu près sûr qu'il risque pas d'aimer s'engueuler avec Wickerson.
Il tend une cannette au type, quand même. Il s'attendait pas à ce qu'il le suive jusqu'ici. Faut croire qu'il prend tout ça vachement au sérieux. Alors il lui jette un regard en coin, d'un oeil torve, avant de s'ouvrir lui-même une énième cannette dont il boit quelques gorgées avant de lâcher un énorme rot sans prendre la peine de s'excuser. Il a la tête qui tourne un peu de toute la bière qu'il a avalé. Et de tout le chagrin dont il sait pas quoi faire. Finalement, il se marre un peu. Un rire nerveux, pas du tout joyeux.
- L'air con. Que j'trinque là ou aux étoiles ça change quoi ? J'trinque tout seul, qu'il finit par lâcher entre deux hoquets.
Il finit par se lever, son skate toujours bien serré contre lui, la cannette dans l'autre main. Il tangue un peu mais se tient droit, fier dans la tempête intérieure qui le secoue.
- J'crois j'aime pas trop les cimetières non plus. J'peux vraiment dormir chez vous ?
C'est un peu inimaginable pour lui. C'est pas son père, c'est juste son prof taré d'astronomie. N'empêche que c'est peut-être mieux que dehors. Pis il a trop rien de mieux à faire.
- Ptêt qu'vous pourrez voir si y'a une étoile qu'est apparue.
"Aldebert Wickerson ?" "C'est à côté."
Message publié le 22/01/2025 à 16:46
Il fulmine, Balt. Il respire un peu fort, regarde Wickerson d'un oeil noir, bien loin de son regard vide habituel. Visiblement, il se passe bien quelque chose sous la crête verte du punk, contrairement à ce que tout le monde pourrait croire. Il a les poings qui se serrent, se voit bien lui foutre dans la gueule, mais finit par simplement se détourner sans rien dire, pour laisser sa planche rouler au sol et sauter dessus d'un geste vif.
Il se contente de rouler dans la ville. Il a pas l'air d'avoir de but. Sa troisième cannette est bien vide, et a terminé sa course dans un caniveau lorsqu'il l'a jetée de toutes ses forces. Et le voilà maintenant devant une petite épicerie. Il est venu là parce qu'il sait très bien qu'il peut acheter ce qu'il veut sans qu'on lui demande son âge. Et il ressort après avoir foutu les bières dans son sac.
Il hésite pas mal à se taper toute la randonnée pour grimper Arthur's Seat, histoire d'avoir une chance que l'autre abandonne de le suivre et enfin se retrouver seul. Mais y'a de grandes chances de trouver des putains de touristes là-bas à cette heure-ci. Alors il se rabat sur autre chose : Greyfriars Kirkyard.
Le cimetière est rempli de tombes si vieilles qu'elles semblent pencher. Mais c'est pas la partie ancienne du cimetière qui l'intéresse. Comme un automate, la planche finit sous son bras tandis qu'il s'avance parmi les allées en gravillons. Et il s'arrête devant la tombe toute simple de Laïka Grimfire, pour s'asseoir devant en tailleurs, toujours en silence.
Il l'observe d'un air un peu vide. Puis il finit par sortir une des bières qu'il a acheté pour l'ouvrir et la taper contre la pierre tombale, comme pour trinquer avec elle.
- A la tienne, M'man.
La bière se termine vite. Une autre aussi. Il finit par aller pisser un peu plus loin avant de revenir avec des fleurs, visiblement récupérées sur une autre tombe, qu'il vient déposer sur celle bien trop vide de sa mère. Il a la tête qui tourne un peu. Il finit par s'allonger, son gros sac en oreiller, son skate serré contre lui comme s'il s'agissait là d'un ours en peluche, le visage tourné vers la pierre tombale de sa mère. Il a la gorge serrée. Mais il a toujours pas réussi à pleurer.
"Aldebert Wickerson ?" "C'est à côté."
Message publié le 22/01/2025 à 16:43
A n'importe quel autre moment, ça l'aurait sûrement fait marrer de voir Wickerson sur une planche de skate, poussé par ses potes à montrer ce qu'il sait faire. Mais là, ça le coupe juste dans son élan. De voir le mec essayer de se fondre dans le décor. Le mec qui a rien à foutre dans le décor de base. Bordel, on a pas idée de lui balancer un daron du jour au lendemain. Il en veut pas. Il veut juste sa mère.
Alors tandis que le type se ridiculise à essayer de tenir sur la planche, il remonte une dernière fois la pente, récupère son skate une fois en haut d'un geste tellement répété qu'il en est naturel, et vient récupérer une nouvelle canette de bière. Ce coup-ci, il plante un canif à la base pour en faire jaillir le liquide à toute vitesse, qu'il avale direct, non sans s'en foutre un peu sur les fringues au passage.
C'est pas tellement suffisant pour lui bourrer la gueule. Lui faire oublier les derniers jours. Lui qui est connu et reconnu pour pas être foutu de réfléchir plus de deux secondes, il a l'impression que ça fuse à toute berzingue et ça lui plaît pas des masses. Parce que ça lui serre juste le coeur. Pis ça lui compresse la poitrine. Et ça lui donne un peu envie de chialer. Bordel, il a pas envie de chialer.
Alors il attrape une autre canette, pour la boire de la même façon que la précédente. Ses potes le regardent bizarrement.
- Mec j'suis pas sûr...
- Ouais, tu d'vrais ptet ralentir là...
- T'veux aller faire un tour ?
Et ils continuent, comme ça, avec leur foutue compassion dont il a pas besoin et qu'il a pas demandé. Il voulait juste traîner avec ses potes pour penser à autre chose, pas se taper une bande de regards inquiets de la part de punks qui se sentent responsables sous prétexte qu'ils sont potes. Il les entend à peine, comme un brouhaha en arrière plan. Sait même pas si Wickerson est revenu lui aussi.
- FERMEZ-LA ! FERMEZ VOS PUTAINS D'GUEULES ! qu'il gueule soudainement, le regard noir.
Pis ça a le mérite de les calmer direct, parce qu'il a pas l'habitude de se foutre en rogne. Faut dire qu'il est du genre à tout laisser glisser. Mais là, bizarrement, ça glisse pas. Il chope une autre canette, en les toisant un à un du regard, comme pour les mettre au défi de l'en empêcher.
- Ma mère est morte, ok ? Alors si j'ai envie d'me bourrer la gueule j'me bourre la gueule. Faites pas chier, il finit par lâcher, plus calmement. Mais visiblement, ça lui suffit pas. Alors il récupère sa planche, son sac, et se barre sans plus de cérémonie.
Sûrement qu'ils essaient de le retenir. De s'excuser. Mais il fait pas gaffe. De toute façon, ils s'arrêtent vite. Y'a juste Wickerson qui lui, le lâche pas. La dernière canette attrapée est ouverte d'un geste avant qu'il se tourne vers lui.
- Faites chier là ! C'votre faute ! Sont pas comme ça d'habitude ! Z'allez tout niquer pendant longtemps ? Croyez pas que c'd'jà assez la merde là ?
"Aldebert Wickerson ?" "C'est à côté."
Message publié le 22/01/2025 à 16:39
Les ordres de l'homme passent clairement au-dessus de la crête verte qui n'a nullement l'intention de se retrouver enfermée dans un appartement encombré d'objets qu'elle risquerait de briser en moins d'une demie seconde. Quant aux voisins, il pourrait difficilement en avoir moins quelque chose à faire. Alors il répond même pas, se contente de faire demi-tour, comme il a décidé. Soyez pas stupide qu'il ose lui dire, l'autre. Ironique venant d'un des profs qui cache le moins bien le fait qu'il soit un idiot fini.
Ce à quoi il s'attend pas, en revanche, c'est que l'autre le suive à la trace. En tirant une gueule de six pieds de long, mais vraiment en mode déterminé. Enfin, si ça peut lui faire plaisir, au fond, Balt s'en tamponne. Il veut juste aller au skatepark pour retrouver ses potes. Il a besoin d'un truc connu. D'un truc rassurant. D'un truc stable. Et c'est clairement pas Wickerson qui va lui offrir ça.
- Z'êtes pas obligé d'venir. J'vais vraiment au skatepark hein. J'connais la route j'risque pas d'me perdre, qu'il explique quand même, adossé à un arrêt de bus.
Le sac commence à peser lourd, il le change d'épaule. Pénètre dans le bus sans prendre la peine de payer le moindre ticket, file s'installer au fond sous les drôles de regards des gens qui voient d'un mauvais oeil sa dégaine générale. Une vingtaine de minutes plus tard, il descend, entre dans un parc, se dirige vers le fond de l'endroit, qui laisse enfin apparaître son skatepark favori.
Evidemment, une enceinte y est déposée, qui crache un son punk rock à pleine balle. Y'a une dizaine d'ados au look grunge qui se trouve là, certains à tenter quelques tricks, d'autres qui restent en haut d'une rampe le temps d'une petite bière. Aussitôt, il rejoint ceux-là.
- Yo Balt ! Cool qu'tu viennes. On est désolés pour ta daronne mon pote.
- Ouais grave. Pas d'chance vieux.
- Prends une bière à sa santé !
- Ouaip ! A ta mère Balt !
Le temps de quelques checks, la bière est déjà dans sa main, et ses trois copains lèvent la leur pour trinquer à Laïka. Balt suit le mouvement avec un léger sourire triste, et se fait pas prier pour avaler de longues gorgées d'une bière trop chaude.
- C'est qui l'vieux avec toi ?
- C'est... Boarf j'sais pas trop.
- Il veut une bière ? Hé ! T'veux une bière ? Où t'vas juste nous mater d'loin ? C'chelou mec j'te jure !
Pendant que Joe et ses cheveux décolorés coiffés en piques s'adressent à Wickerson, Klee, la seule fille du groupe pose sa main sur l'épaule de Balt avant de déposer sa joue sur son épaule.
- Comment tu vas ? T'sais si t'as b'soin on est là.
- J'sais, Klee. Mais j'crois j'veux juste oublier.
- Alors ça j'peux t'aider. Prends ta planche !
Elle est déjà en train de se laisser prendre de la vitesse pour tournoyer dans le bowl. Aussitôt, Balt délaisse son gros sac pour faire de même, tandis qu'ils se croisent régulièrement, toujours plus proches, comme pour voir qui va se dégager de la trajectoire de l'autre en premier pour éviter le choc.
"Aldebert Wickerson ?" "C'est à côté."
Message publié le 22/01/2025 à 16:34
A la main posée sur son épaule, Balt fait volte-face. Pas trop vite, faut pas déconner. Il se contente de faire face à l'homme supposé être son père, le regardant sans grande agitation. C'est vraiment bizarre, de le voir aussi calme. Mais il a la tête un peu ailleurs. Et c'est sûrement pas plus mal, parce que si elle était ici ça deviendrait sûrement bien trop tourbillonnant pour tout le monde. Il hausse les épaules avec indolence lorsque le type annonce qu'il est désolé pour sa mère.
- Pas autant qu'moi, il répond platement.
Bordel que oui, qu'il est désolé. Sûrement qu'il a jamais été aussi désolé de sa vie alors même qu'il passe pas mal de temps à s'excuser parce que, des conneries, qu'est-ce qu'il en fait. Pis l'ordre tombe, pas franchement enthousiasmant. Alors Balt secoue la tête.
- Nah, vraiment, savez, j'ai des trucs à faire. Un rendez-vous chez..., mais il a pas le temps de finir son énorme mytho que l'autre reprend, comme s'il était le seul à avoir le droit à la parole. Balt ferme sa bouche, ses épaules se haussent quand il lui fait remarquer de pas s'emmerder à inventer quelque chose. C'est dommage. Il est plutôt doué pour ça, Balt.
Qu'est-ce qu'il comprend pas, le Wickerson ? La dernière chose qu'il a envie de faire, c'est de prendre un thé dans son appartement encombré. C'est sûr que le type a même pas un PC pour jouer, ou une console, ou même juste une putain de télé et un abonnement wifi. Mater les étoiles toute la nuit avec son nouveau papa, c'est vraiment pas dans ses intentions. Alors, encore une fois, il secoue la tête de gauche à droit.
- Pas b'soin d's'y faire. Vous voulez pas, j'veux pas, on l'fait pas. Y'a qu'à oublier tout ça. J'ai pas b'soin d'un thé. Pis j'vais pas aller porter plainte parc'que j'dors pas ici, ok ? Pas b'soin d'vous faire d'bile. J'vais aller au skatepark. Pis après j'irai dormir chez un pote. Pas ici. S'vous voulez j'vous dirai où, comme ça s'ils débarquent pourrez leur dire. Pas b'soin qu'ce soit vrai. Voyez. J'vous arrange, vous m'arrangez, on est arrangés. C'beau la vie, hein ?
Il pousse le truc jusqu'à donner une tape sur l'épaule du type, en mode ils sont trop copains depuis un bail, le tout avec un sourire un peu pâle, un peu fatigué, et une énergie pas franchement là.
"Aldebert Wickerson ?" "C'est à côté."
Message publié le 22/01/2025 à 16:30
Balt a l'habitude qu'on veuille pas de lui. Il en prend pas ombrage. C'est même une des rares choses qu'il peut comprendre sans qu'on ait besoin de lui expliquer pendant cinq heures entières. Alors même si Wickerson lui propose du thé, il sait qu'il est pas tellement le bienvenu. Et ça lui fait baisser la tête vers ses baskets. C'est rare de le voir aussi calme. Aussi silencieux. Mais là c'est un peu trop pour lui. Il relève la tête le temps de répondre pour le thé, quand même.
- Rien, merci.
Il a pas envie de thé. Il a pas envie d'être là, non plus, avec un type qu'a tout sauf envie d'être son père. Il a passé toute sa vie sans père, il peut bien continuer encore un peu.
- J'vais y aller j'crois.
Wickerson a pas envie. Lui n'a pas envie. Si aucun des deux n'a envie, il voit pas trop pourquoi les deux se forceraient. Franchement, les choses sont déjà assez cheloues comme ça, y'a pas besoin d'en rajouter. Il remonte la lanière de son énorme sac sur son épaule, ajuste la position de sa planche sous son bras, et se décide enfin à bouger pour se diriger vers la porte d'entrée.
- On s'voit à Poudlard t'façon.
C'est tout ce qu'il trouve à dire pour expliquer sans le dire qu'il a pas l'intention de revenir dans ce drôle d'appartement. Balt a beau avoir l'habitude de pas tellement se sentir à sa place, y'a quand même des limites à pas dépasser, et l'appartement du Professeur Wickerson en fait partie. Il trouvera bien quelques potes pour le dépanner d'ici la rentrée. Au pire, il retournera dans la petite maison de sa mère. Y'a pas de raison, c'est chez lui là-bas, après tout. Il est même prêt à faire l'inventaire des bouquins sans qu'elle lui demande.
Il a quand même du mal, avec ce poids qui pèse sur son coeur. C'est comme s'il avait pris cinquante kilos d'un coup. Et puis, il sent bien qu'il a les yeux qui piquent. Il veut pas que sa mère soit morte. Il veut qu'elle soit là, qu'elle lui fasse un bisou sur le front quand il rentre. Il veut foutre la musique à fond et l'inviter à danser avec un sourire de merde quand elle lui demande de baisser le son. Il veut sa vie d'avant. Il ouvre la porte d'entrée, et passe le seuil.
- A plus.
"Aldebert Wickerson ?" "C'est à côté."
Message publié le 22/01/2025 à 16:15
Il sait pas trop comment se situer, Balt. C'est pas mal compliqué dernièrement. Sa mère est morte, et lui est toujours là. Il avait jamais pensé à ça avant. A cette situation. Il s'était jamais dit que ça pouvait arriver, que sa mère n'était pas éternelle. Et maintenant que c'est acté, ça le laisse con. Encore plus que d'habitude. Il est pas trop sûr de comment il doit réagir. Il s'est retrouvé en foyer, pendant une bonne semaine. Sans parler à personne. Et c'est pas son genre, de parler à personne. Puis y'a eu la cérémonie et le cimetière. On lui a demandé s'il voulait dire quelque chose. Alors il a parlé. Pour la première fois depuis qu'il a vu s'éteindre sa mère sur le canapé, il a parlé. Beaucoup. De plein de choses, mais pas vraiment de sa mère. Pas vraiment de ce qu'il ressent non plus. Juste il a parlé. Comme s'il laissait échapper tous les mots qu'il retenait depuis une semaine. Il s'est quand même bien gardé de dire qu'il a prévenu les gens que le lendemain. Il arrivait pas à y croire. A comprendre.
Et puis, au milieu de tous ces mots, y'avait un nom qui revenait. Le nom que sa mère lui a donné avant de mourir. Le nom de son père, illustre inconnu qui n'a jamais fait parti de sa vie. Elle l'a bien prévenu : il est pas au courant de son existence. Sauf que si, il l'est. Il sait juste pas que c'est son fils, tout comme lui ignorait que c'était son père. Ils se côtoient depuis plusieurs années à Poudlard maintenant. La grosse blague. Mais après quelques vérifications, les services sociaux ont dû se rendre à l'évidence : la réalité s'imposait à eux. Et il était grand temps de rendre Balthazar à son père, unique tuteur qu'il lui restait désormais.
Dans le taxi qui mène à l'appartement d'Aldebert Wickerson, Balt parle. Beaucoup, comme s'il avait peur du silence. C'est sûrement le cas. Il a passé trop de temps dans le silence dernièrement. Et le pire de tous, c'est celui de sa mère. Elle est jamais restée silencieuse aussi longtemps, c'est vraiment trop bizarre. Il reste en retrait, son gros sac de voyage orné de stickers de groupes de metal sur l'épaule, la planche de skate sous le bras. Y'a fallu monter sacrément des escaliers pour arriver jusque là, et faut faire la queue sur le palier, parce que tout le monde ne rentre pas devant la porte.
Alors il reste sur la dernière marche, sa nouvelle couleur de crête à peine visible dans la pénombre. Sa mère avait jamais voulu qu'il se teigne les cheveux. Maintenant, il pouvait. Et il l'avait fait. Il laisse l'assistante sociale frapper à la porte. Il a retrouvé le silence. Il attend. Comme s'il n'était pas vraiment là. Il fait ça des fois. Souvent, en fait. Comme si il s'éteignait, se mettait en veille. Comme si y'avait aucune vie intelligente sous la crête. Beaucoup diraient que c'est le cas.
La porte s'ouvre d'un geste brusque, agacé, sur la silhouette du professeur. La femme parle.
- Aldebert Wickerson ?
- C'est à côté.
Et la porte se claque. Balt s'en rend pas vraiment compte. La femme toque de nouveau à la porte. Cette fois-ci, elle reste ouverte, le temps d'un discours explicatif. Il cherche pas à comprendre les modalités. Tout ce qu'il sait, c'est qu'au bout d'un moment interminable, il est invité à entrer dans l'appartement. Et qu'il est tout seul avec Wickerson. La pièce de vie transpire le boulot du mec, dans un joyeux bordel d'étoiles, de parchemins, d'ouvrages, de télescopes, de cartes du ciel, et d'autres trucs que Balt serait bien incapable de connaître. Et il reste planté au milieu de ce décor, visiblement pas très rallumé.
- Ils s'sont ptêt trompés, énonce-t-il simplement.