Homme
33 ans
Sang-mêlé
Américain
Identité
-
- Diplômé·e
- Surnoms :
- Nationalité : Américain
Capacités & Statuts
Groupes
Suspendu au milieu de la société
Message publié le 19/02/2025 à 11:59
Il n'y a pas dix mille réponses à la question qu'il vient de poser. Soit c'est oui, soit c'est non. Sans doute qu'Alec aurait du s'attendre à ce que cette femme trouve l'art et la manière de balancer les deux à la fois. Elle semble, après tout, travailler au ministère, et le ministère n'est pas connu pour faire dans la simplicité. Initialement agacé, Alec se surprend pourtant à pousser un rire, ou plutôt ce qui pourrait, de très loin, y ressembler. À peine un souffle dans l'air, alors que ses lèvres font minent de vouloir s'étirer vers le haut. Rien qui mérite vraiment d'être mentionné non plus, à vrai dire. Elle n'a visiblement pas compris non plus que sa négation précédente valait pour ses deux questions à la fois. Répète inutilement la demande, comme si c'était d'une quelconque importance. Alec reste la regarder sans ciller peut-être une seconde de trop, partagé entre un réflexe abrupt, et sa volonté de rester courtois.
- Non, j'travaille pas ici, il finit par annoncer d'une voix bourru.
Son regard va de la sorcière à ses documents, précieusement replacé, aligné, véritable toc de bureaucrate. L'instant passe. Il a beau être bref, il ne l'est pas suffisamment pour qu'Alec n'ait pas le temps de se demander pourquoi ils restent plantés là, tous les deux. Une réalité d'autant plus flagrante lorsque la femme lui demande s'il a besoin qu'on lui indique le chemin. La tête secoué d'un bord et d'un autre, il n'a pas le temps de formuler le moindre mot qu'un cri l'arrête. La réplique qui suit est familière. Il doit retenir l'envie de lever les yeux au ciel. Nan parce que, quelles étaient les chances hein ? Il met les pieds au ministère une fois tous les deux ans au bas mot. C'est absurde. Ridicule. Le silence s'est abattu sur une foule brutalement figée dans son élan. Alec ne peut pas ignorer avoir vu, moins de cinq minutes plus tôt, les trois-quart des effectifs du département de la justice se diriger vers le hall. Évidemment.
La réaction tient plus du réflexe qu'autre chose. Il observe. Le type, sa baguette, sa lame, la distance ridicule qui la sépare du cou de ce pauvre gars. Les vêtements usés, les cernes dessinés sous des yeux sombres, les mains qui tremblent, mais qui gardent une prise assurée. Autour, des visages terrifiés de sorciers et sorcières, extirpés d'un bureau ou d'un autre, vraisemblablement dépassés par la situations. Alec se tourne finalement vers la femme à côté de laquelle il se tient, qui lui fait un signe discret vers une porte. S'imaginant d'abord qu'elle indique une sortie, il ne peut que constater très rapidement que ce n'est pas du tout le cas. Bordel. Est-ce la fille du type ? Une autre gamine encore ? Ça reste une gamine quoi qu'il se passe. Une gamine complètement tétanisée, dont les grands yeux balancent d'un endroit à un autre avec urgence, future témoin d'un désastre dont elle ne se remettra sans doute jamais.
Non.
Une poignée de secondes seulement sont passées, pendant lesquelles le temps a semblé suspendu. Alec lève les deux bras en l'air avant d'amorcer un pas dans la direction du type au bout du couloir, sa voix puissante résonnant entre les murs sans qu'il ait besoin de la forcer.
- Mate. J'crois pas que t'as envie de faire ça. T'as pas l'air d'un mauvais gars ok ? T'es à bout, j'comprends, ça arrive. Mais j'te jure c'est pas d'ouvrir la gorge d'un type qui va t'aider à retrouver ta gamine.
- ARRÊTE D'AVANCER !
Alec s'arrête.
- Ok. Ok c'est bon. J'm'arrête.
L'avantage, c'est que l'attention du type est davantage focalisée sur lui que sur autre chose. Ses armes sont toujours pointées sur le pauvre gars qu'a l'air de suer par tous les pores, mais ça c'est une autre histoire.
- J'vais pas l'buter si on m'rend ma gosse putain ! J'veux juste ma gosse.
La plainte est désespérée. Alec hoche la tête.
- J'en ai une aussi, de gosse ok ? il annonce, toujours les mains en l'air. Mais tu vois tu joues contre ton camp là. Mec si tu fais ça ta gamine elle voudra plus être avec toi tu l'sais ? Elle te regardera et tout ce qu'elle verra c'est un type qu'en a buté un autre. T'veux pas qu'elle voit ça.
- Ta gueule ! Ta gueule, ta gueule, ta gueule !
Les mains se mettent à trembler davantage, pressent la lame contre la gorge du type avant de s'éloigner brusquement, la baguette toujours pointée contre la jugulaire.
- J'ai pas d'mandé toute cette merde ! J'ai rien d'mandé moi ! J'veux juste qu'on m'laisse voir ma gamine !
Le couteau baladé dans l'air provoque un mouvement de recul des sorciers et sorcières présents non loin, et Alec abaisse les bras.
- Pose cette foutue lame, lâche la baguette. Et on trouve un moyen pour qu’tu puisses lui parler.
- D'la merde ! Vous les types du ministère vous racontez que d'la merde !
- J'suis pas du ministère mon gars.
- T'es pas du ministère ? Son regard fuyant cherche du regard le reste de la foule comme s'ils pouvaient confirmer ou non ce qu'Alec venait de dire.
- J'suis pas du ministère, il répète d'un ton tranquille. Dans son champ de vision, du mouvement derrière le type, brusque, immanquable. J'peux t'aider à négocier parce que si j'étais à ta place j'prendrais toute l'aide qu'on m'propose tu piges ? Mais faut qu'tu lâche ce gars. Si tu le lâche pas c'est mort. Si tu le lâches pas c'est sûr tu perds tout.
Le gars doute. Ça se voit. Le couteau contre son flanc, il relâche même la pression de sa baguette, s'humecte les lèvres alors qu'il cherche visiblement quoi faire.
- J'te jure que tu vas la revoir ta môme ok ? Faut juste que tu laisse ce mec là en vie, c'est tout c'que t'as à faire, Alec insiste en voyant la baguette s'éloigner encore.
Plusieurs choses se déroulent exactement en même temps. Des agents informulent plusieurs sortilèges qui désarment complètement le type, l'incarcèrent au sol. La porte, de l'autre côté du couloir, s'ouvre, et le bruit de pas précipité d'une enfant résonne contre les murs alors qu'elle pousse un cri.
- PAPA !
Alec échappe un soupir, comme s'il relâchait subitement la tension. Le type chiale contre le sol, et c'est carrément angoissant à regarder. Mais il parvient quand même à croiser son regard. Un hochement de tête subtil passe entre eux avant que les agents du ministère ne se mettent à éloigner tout le monde pour remettre de l'ordre. L'un d'entre eux s'occupe immédiatement de la gamine, l'empêchant d'atteindre son père. Alec peut pas s'empêcher de trouver ça injuste. C'est la seule chose dont ils visiblement besoin tous les deux. Foutus protocoles.
Suspendu au milieu de la société
Message publié le 18/02/2025 à 13:47
- C'est bien lui.
- Vous en êtes absolument certain ?
- Non, j'balance l'information au hasard. Le sarcasme dégouline alors que son regard s'assombrit.
- Monsieur Chadwick...
- J'ai un chantier qui m'attend, si vous avez fini d'me faire perdre mon temps, j'pense qu'on peut clôturer l'dossier non ?
- Il est essentiel que vous...
- J'dois signer où ?
- Là. Et là. Aussi, Miss Moore m'a chargé de vous dire que vous devriez également vous rendre au niveau cinq pour régulariser votre situation...
- Pas l'temps.
- Votre passeport a expiré depuis deux mois Monsieur Chadwick, si vous ne le renouvelez pas vous risquez d'être expulsé du territoire et...
- Faites chier.
- Monsieur Chadwick !
- Nan vraiment, c'est pas contre vous mais ça m'emmerde, pourquoi on peut pas faire tout ça par courrier en fait hein ? Faut toujours venir jusqu'à vous pour remplir des papelards à la con qui disent toujours la même chose, ça d'vrait être automatisé franchement. Quand c'est pas l'renouvellement d'mon statut de sorcier résidant dans le monde moldu, c'est mon passeport, quand c'est pas mon passeport, c'est autre chose, croyez que j'ai que ça a faire de venir ici ?
Paradoxalement, Alec n'avait pas haussé une seule fois le ton, sa voix grave et ses paroles acerbes suffisant amplement à démontrer de l'agacement prodigieux qui le saisissait naturellement chaque fois qu'il mettait les pieds dans le labyrinthe administratif du Ministère. Le gratte-papier qu'il avait sous les yeux semblait ne plus vraiment savoir où se mettre, ouvrait et fermait la bouche à la manière d'une carpe sans énoncer le moindre mot. Ses initiales viennent parafer chacune des cinq pages du dossier que l'autre zieute avec une intensité absurde, et sa signature s'appose aux deux endroits désignés avant qu'il ne fasse glisser les feuilles loin de lui d'un geste sec.
- Là. Voilà. C'est bon j'suis libre ?
- J'insiste pour votre passeport Monsieur Chadwick, annonce la voix embrouillé de Georges - son badge usé tombait pathétiquement sur sa poitrine.
Aucune réponse ne vient ponctuer la réclamation de George. Alec se contente de quitter le département d'un pas lourd, sans un regard pour les brigadiers et aurors qui s'agitaient entre les bureaux. Poussant un soupir las, il décida qu'il serait effectivement judicieux de régler cette affaire de passeport avant de gagner son chantier, sans quoi il serait bon pour un nouvel aller et retour au cœur de Londres. Son regard s'attarde sur une colonne de sorciers qui semble se précipiter vers le hall, attendus probablement sur une quelconque scène de crime. Il ne voit pas venir la silhouette qu'il percute de plein fouet, mais l'impact provoque une montée d'adrénaline immédiate et brutale.
Il jure.
Au sol, des dizaines de parchemins éparpillés. Le regard d'Alec s'affaisse sur la sorcière, d'au moins une tête en-dessous de la sienne. Pas l'ombre d'une excuse, ni d'un côté ni de l'autre. Une exaspération commune, peut-être, jusqu'à ce que la femme ne le questionne. S'ils se connaissent ? Alec est à peu près sûr que non. Le peu de connaissances qu'il s'est fait en Angleterre n'a rien à voir ni de près ni de loin avec le monde magique. Il hausse les épaules, s'abaissant par réflexe pour ramasser les documents étalés par terre, les assembler sans grande délicatesse.
- Non.
Simple et efficace, la réponse est similaire à un grognement alors qu'il se redresse pour tendre à la sorcière son dossier, entassé pêle-mêle. Les employés et visiteurs du ministère continuaient de se catapulter d'une pièce à l'autre autour d'eux. Personne dans ces couloirs ne semble à-même de perdre la moindre seconde. Comme un sentiment d'urgence déployé sur tout le bâtiment, à en suffoquer tous ses occupants. Alec s'apprête à prendre congé, prend néanmoins le temps de demander avec un accent caractéristique :
- J'vous ai pas fait mal ?
Impossible de ne pas noter la différence entre leurs deux gabarits.