Harry Potter RPG

Liste des messages de Marley Carter

Marley Carter

Homme

11 ans

Cracmol

Britannique

Mon fils, ma bataille.

Message publié le 07/07/2025 à 18:05

Les odeurs de parchemins se mélangent aux parfums des nombreux employés et à l'huile utilisée pour lustrer le bois. Marley sent ses narines vibrer comme si elles avaient besoin d'attraper la moindre trace de ce monde nouveau. Il voudrait s'accroupir et coller son museau contre le bord des meubles, prendre l'empreinte olfactive du gigantesque Ministère, faire taire sa curiosité. Mais Owen n'a eu de cesse de lui répéter " On ne renifle pas. " On ne renifle pas les gens, on ne renifle pas le revêtement du siège dans le train, on ne renifle pas les rampes d'escaliers. Alors le rouquin se contente d'inspirer largement les effluves des couloirs, caché à moitié par l'ombre de son père. Celui-ci l'empêche de reculer lorsque la porte du bureau s'ouvre et qu'un homme en sort. 

 

— Bonjour, répond le colosse en posant sa main entre les épaules du gosse. Merci, ajoute-t-il, poussant doucement l'enfant vers l'intérieur de la pièce. Entre Marley. Le coeur de Marley palpite en dépit de son apparence presque calme. Il obéit un peu vite à l'ordre et ses baskets crissent sur le parquet ciré. Dis bonjour, se contente d'exiger Owen Carter en tirant un siège pour son fils avant de s'asseoir à son tour. Leurs silhouettes paraissent encore plus opposées entre les accoudoirs, trop écartés et trop hauts d'un côté, et inexistants, avalés par la carrure du sportif de l'autre côté. Bonjour, souffle timidement Marley, le vieux sac en cuir serré dans ses bras. Ses prunelles s'élèvent en direction du chef des Aurors tant qu'il parle à son père, et s'enfuient alors que le silence revient un court instant. Il n'a jamais vu autant d'êtres humains que depuis le début de leur voyage vers Londres

 

La voix désormais familière d'Owen lui rappelle l'objet de cette excursion. Marley l'écoute, un œil vissé sur ses grandes mains, l'autre dévisageant parfois le brun qui se tient en face d'eux. Comme je l'ai écrit, ma femme, Kate Carter, a disparu depuis le printemps 2113. Une enquête avait été ouverte en juillet de la même année, et refermée, contre ma volonté, en juin 2114. La voix de l'ancien poursuiveur d'équipe nationale d'Écosse avait résonné si fort dans l'atrium que les vitres ont fissuré, disaient les journaux de l'époque. Il paraît qu'on avait dû le menacer d'enfermement à Sainte Mangouste et de placer les trois filles Carter en foyer pour le dissuader d'insister plus lourdement. Bon de mon côté, j'ai continué à chercher, vous auriez sûrement fait pareil si ça avait été votre femme, se défend l'homme en frottant sa barbe rousse irrégulière, piquée de rares poils blancs. Il contracte la mâchoire, heurté par les critiques de la presse à scandale qui le désigne en mauvais père, l'accusant d'avoir tout abandonné depuis la disparition de Kate Carter. Ça a pris le temps qu'ça a pris, mais j'ai remonté des pistes jusqu'à revenir cet hiver à l'ouest en Écosse, à Puck's Gleen, ça doit vous parler ? La péninsule de Cowal est connue pour un épisode phénoménal de propagation de la lycanthropie en 2118, les autorités et les hôpitaux magiques des îles britanniques sont bien au courant, le phénomène encore loin d'être maîtrisé.

 

Owen retire le vieux sac en cuir des mains de Marley qui ne moufte pas. Il le pose au sol sans arrêter son récit. Ma femme est décédée, j'en ai eu la confirmation là-bas, énonce-t-il, sa tristesse avalée par les cernes sous ses yeux fatigués. Le petit rouquin fixe maintenant ses pieds sous le bord du bureau, les mains posées sur ses genoux vêtus d'un jean neuf, pour faire bonne impression. Et puis, j'l'ai trouvé lui, Marley, mon fils, apparemment. J'savais pas que Kate était enceinte quand elle est partie. À la mention de son prénom, le plus jeune jette un coup d’œil à son père. Ce dernier lui prend brièvement l'épaule, réunissant les mots suivants au sein de son esprit. Il était gardé par un couple, isolé au milieu des bois, qui avaient connu Kate, et qui s'occupaient de lui comme ils pouvaient. Des vieux sorciers, qui vivaient de pas grand-chose honnêtement. Je dis "vivaient", parce qu'ils ont dû prendre un portoloin ou je sais pas, mais ils ont disparu après m'avoir dit tout c'que je devais savoir pour récupérer le gosse. Owen retire la main de Marley, qu'il a plaquée contre son nez pour en examiner les odeurs. 

 

— Voilà donc j'ai appris que j'ai un fils de onze ans, bientôt douze, qui n'a jamais montré de signe de magie, et qui est malade de lycanthropie depuis qu'il est tout petit. L'annonce sonne comme une bombe, lâchée au milieu du bureau, entre un Kaelen Rowle plus qu'attentif, et un Owen Carter au regard robuste. L'enfant continue de fixer ses genoux et ses doigts, remuant les jambes nerveusement. Il a presque pas connu sa mère, elle a été tuée la même nuit où il s'est fait mordre, mais a priori elle avait sûrement déjà une morsure plus ancienne. Ça reste flou. Par contre là-bas ils l'enfermaient, ils lui donnaient pas de potion, il a jamais rien pris pour le moment. Inquiet de sentir son père sécréter de l'adrénaline, Marley se voûte à mesure qu'ils arrivent au coeur de la conversation. Moi je m'occupe de lui depuis janvier, là c'est la pleine lune dans dix jours, c'est-à-dire qu'il a l'habitude d'aller à l'intérieur d'une cabane le temps que ça se fasse, mais bon, c'est pas une vie. J'aimerais bien le ramener chez nous, à Pré-Au-Lard, avec mes filles.

 

Le joueur de quidditch fixe un instant Marley et passe sa main sur les boucles rousses et désordonnées de ce dernier qui garde la tête baissée. Il est pas méchant, j'ai appris à le connaître, je voulais d'abord voir ce que ça donnait avant de l'emmener en ville ou près de l'école. Hein Marley, t'es pas méchant. Tu veux aller à la maison rencontrer tes sœurs ? Owen Carter répète sa question une deuxième fois en Écossais. Le gosse acquiesce du menton.

— Avec des mots, de l'Anglais Marl'. 
— Oui, confirme la voix frêle du rouquin dont les traits ne laissent aucuns doutes sur ses liens du sang avec le sexagénaire. Bon, on fait comment du coup ? Dites-moi ce que je dois faire pour régulariser tout ça au plus vite. 


Un pas après l'autre

Message publié le 17/05/2025 à 08:24

Le Monde est trop grand.

 

Marley écarquille les yeux. Depuis leur sortie de la gare de King’s Cross, la ville n’est qu’un vacarme de klaxons, de visages flous, de pavés brillants et de nuages de pigeons qui explosent lorsqu'ils approchent. Ça sent le goudron brûlé, la friture, l'essence, le parfum des gens. L'enfant voudrait reculer, mais c'est impossible. 

 

La main d’Owen Carter posée entre ses omoplates l'en empêche. Large, elle le pousse doucement à chaque obstacle. Avance gamin, semble-t-elle lui dire. Et Marley avance.

 

Il n’a connu cette main que depuis quelques jours, mais elle parle mieux que toutes les bouches. Elle le retient d’un mouvement sec quand il manque de se faire renverser par un taxi. Elle l'encouragement quand il n’ose pas traverser une rue pleine d’inconnus. Elle l'a maintenu droit quand il tremblait de colère, ou de honte.

 

Owen Carter ne parle pas beaucoup. Gigantesque, il fend la foule comme un monolithe, et Marley, onze ans à peine, court presque à côté, bousculé par les sacs, les genoux des passants et les éclats de rire qui résonnent trop fort. S'il s’éloigne sans faire exprès, son père l’attrape doucement par la capuche de son sweat et le ramène d’un geste tranquille. Comme on retient un chiot. Comme on protège quelque chose qu’on ne sait pas encore aimer, mais qu’on refuse de perdre.

 

Les passants se retournent. Quelques regards curieux, parfois méfiants. Certains haussent les sourcils en découvrant la carrure d’Owen, d’autres sourient en voyant Marley trottiner, les bras serrés autour d’un vieux sac en cuir. Lui, il ne sourit pas. Il a les narines ouvertes comme un animal traqué. Chaque odeur est une agression. Il a envie de se boucher le nez. Et de se cacher.

 

Ils bifurquent à droite et la foule devient plus fine, les immeubles plus anciens. Charing Cross Road s’ouvre devant eux comme une cicatrice pleine de librairies et de boutiques étranges, dont certaines donnent l'impression d'observer les passants. Marley sent un picotement dans sa nuque. Il devine, sans savoir pourquoi, que la magie est proche. Il s’arrête une seconde devant une vitrine de disques où tourne un vinyle sans tourne-disque visible. Une mouette hurle au-dessus d’eux.

 

Puis Owen l'entraîne un peu plus loin.

 

Entre le disquaire et une librairie poussiéreuse, un bâtiment croulant de travers se dresse, invisible aux yeux des Moldus. Le bois est noirci, la façade semble grincer rien qu’à la regarder. Un écriteau pend de guingois : Le Chaudron Baveur.

 

— Tu te rappelles où on va ? demande le patriarche en se penchant vers le gosse pour que leurs regards se croisent. Marley acquiesce. Il resserre le sac de cuir dans ses bras. Avec des mots Marley, insiste l'ancienne célébrité du Quidditch écossais sans quitter les yeux gris de son fils. 

 

— C'est là qu'on passe... pour l'autre côté. 

— Exactement. Et on ne renifle pas les gens, ajoute-t-il avant de pousser la porte de l'auberge. 

 

Une bouffée de parfums chauds saute au visage de Marley : bière rousse, bois ciré, vieux cuir, quelque chose d’épicé qu’il ne connaît pas. Le plafond est bas, les murs sombres, les tables bancales. Une sorcière boit du sirop de cerise avec une boule de glace et une ombrelle miniature. Un feu crépite dans l’âtre, malgré la chaleur de mai. Un homme lit le journal en buvant un hydromel mystérieux. Des sorciers discutent à voix basse au fond de la salle, et sur le comptoir, une bouteille de Gamp's Old Gregarious semble bouger légèrement quand personne ne la regarde.

 

Marley s’accroche à la veste de son père, le cœur battant.

Il n'ose pas respirer trop fort.

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