– Ha oui, d’accord…
Flora ne voulait pas contredire sa camarade, alors elle acquiesça malgré le fait qu’elle n’était pas totalement d’accord avec elle. C’était une drôle de façon de penser que de vouloir garder le suspense sur l’identité de quelqu’un qui la sollicitait pour on ne sait quelle raison. Flora ne comprenait pas encore toutes les subtilités qu’un échange anonyme pouvait offrir.
En entendant la brève présentation constituée du prénom pur et simple de sa camarade, Flora sourit.
– Moi c’est Flora.
Lorsqu’elle vit Amanda farfouiller sous le lit, Flora ne s’attendait pas à ce qu’elle revienne avec les courriers mentionnés. Amanda lui tendit la première lettre de la série, que Flora prit, quoiqu’un poil hésitante. Avait-elle vraiment le droit de les lire ? Sa collègue n’écrivait sûrement rien de bien important, sinon, elle ne pourrait vouloir les partager avec une camarade de chambrée. Alors, elle commença à lire. Rapidement, elle s’exclama :
– Ah mais j’ai compris ! En fait, tu voulais envoyer une lettre à ta mère, mais le hibou s’est trompé et c’est ce F. qui l’a eue et il t’a répondu ! C’est trop bizarre, pourquoi est-ce qu’il fait tout un résumé de ta lettre ? Il a lu tout ce que tu as écrit ! C’est privé, les lettres, hein !
Flora était consternée de voir qu’un individu avait lu ce qu’Amanda avait écrit alors que cela ne lui était pas destiné et qu’en plus de cela, il avait fait un compte rendu comme s’il s’immisçait dans une conversation privée. Quel toupet ! Elle aurait horreur de savoir que quelqu’un d’autre avait mis la main sur une de ses lettres et se permettrait de la commenter.
En passant à la seconde lettre, elle comprit que ce F. avait rendu à Amanda la lettre pour sa mère qui lui était parvenue par erreur. Il ne manquerait plus qu’il l’ait gardée !
Au fur et à mesure qu’elle poursuivait sa lecture, Flora comprit que F. avait envie de communiquer. Il aurait très bien pu se contenter d’une seule lettre, mais il a continué à poster ses écrits. Il avait besoin d’échanger avec quelqu’un, d’avouer ce qu’il ressentait, de partager ses faiblesses…
Si, au premier abord, Flora pensait avoir affaire à un fanfaron, elle changea vite d’avis.
Concernant la 3e et dernière lettre, ses pensées se confirmèrent lorsque l’auteur se confia un peu plus sur sa vie : il n’était pas méchant. Certains mots attiraient son attention, comme “Cracmol”, car sa propre sœur en est une. Ça a l’air très fréquent que des gens normalement censés être des sorciers n’aient pas de pouvoir. En même temps, être un sorcier relève pratiquement du miracle pour Flora, qui avait compris que les sorciers étaient en sous-nombre parmi tous les moldus peuplant la Terre.
Dans le contenu des lettres, certains sujet reviennent, comme Philippe, le saule cogneur et Miranda. Elle ne voyait pas de qui il pouvait s’agir, sauf du saule cogneur qu’elle a pu apercevoir sans jamais se risquer à l’approcher. À un moment donné, il fit mention de la psychologue d’Amanda. Flora se sentit un peu honteuse de lire cela parce que, selon elle, il n’y a que les fous qui consultent un psy. Cependant, du peu qu’elle ait vu d’Amanda, elle ne l’avait pas du tout trouvée folle. Elle était même plus saine que les fantômes ou les profs bizarres de Poudlard. Depuis son arrivée dans cette école, la notion de folie ne voulait plus rien dire pour Flora. Après tout, échanger des lettres avec un inconnu est un acte moins fou que d‘avaler une potion de ratatinage rien que pour voir ce que ça faisait.
Enfin, Flora comprit qu’Amanda avait tout de même cherché à savoir le prénom de son correspondant mystère. Elle a réussi à deviner certaines lettres, mais il ne voulait pas donner plus d’indice. Heureusement, Flora fut soulagée de savoir que l’auteur ne connaissait pas non plus le prénom d’Amanda. Au premier abord, elle pensait que lui la connaissait et pas l’inverse. Cela aurait été injuste et malpoli de se cacher tout en sachant à qui l’on s’adresse. Ils jouent à une sorte de jeu pour savoir qui est qui.
*Il faudrait faire le jeu du pendu, je suis sûre qu’on finirait par trouver.*
– Il a l’air… gentil, en fait. Je croyais qu’il voulait faire un mauvais tour, mais ça va.