— J'ai eu des nouvelles de Papa.
— Quoi- quand ?
— Il revient bientôt ?
La nouvelle est tombée un dimanche à l'heure du goûter, juste avant le départ d'Alison et Charlie. C'est rare qu'elles se réunissent toutes les trois depuis l'admission à Poudlard des filles, et encore plus cette année, placée sous le signe de la déchirure côté Carter. L'anniversaire de Charlie avait été un bon prétexte pour faire venir ses sœurs aujourd'hui, et leur montrer le courrier reçu en début de semaine.
D'une main tendue vers le buffet du salon, Freya informule un sortilège qui fait venir la lettre jusqu'à elle. Bientôt, les fille d'Owen sont penchées au-dessus de son écriture nerveuse, interprétant chacune les mots de leur père à leur façon. Attends, il donne une adresse là- c'est juste pour le contacter. Mais il revient pas alors ? Les informations sont maigres, griffonnées rapidement, sans aucun soin de mise en page. Loin de satisfaire la progéniture Carter, le parchemin créé soudain la discorde tandis qu'Alison veut d'abord se rendre à l'adresse mentionnée par Owen, avant de se raviser.
— Nan mais t'as raison, on va pas s'arracher alors qu'il s'en bat les couilles de nous.
— Il s'en bat pas les couilles !
— Charlie ! Et arrêtez, bien sûr qu'il s'en fiche pas.
Plus facile à dire qu'à croire. L'aînée ravale sa salive en lisant pour la centième fois les quelques phrases du papier, interrompue par Alison. Il écrit juste pour nous demander de faire suivre son courrier, c'est du foutage de gueule, ça fait DIX MOIS qu'il est parti ! Freya pose ses poings sur ses hanches. Pas devant Charlie, Alison. Ça fait cinquante fois que je te le demande !
— Quoi, c'est bien TOI qui voulais le dénoncer au Ministère y'a quinze jours j'te rappelle !
— J'voulais pas le "dénoncer", j'voulais signaler sa disparition !
— Arrêtez ! s'écrie Charlie. Entre temps, la benjamine s'est emparée du parchemin, les larmes aux yeux. Elle refuse d'entendre une énième dispute mêlant Alison et Freya. Y'a sûrement une raison s'il a mis que ça, raisonne-t-elle, en cherchant un indice, comme si la lettre pouvait cacher un secret. Freya, essaye un Revelio, suggère alors Alison, une once d'espoir au fond du regard. La Serdaigle s'empresse de reposer le papier au centre de la table. Ok, consent l'aînée en frottant ses paumes l'une contre l'autre. Elle se concentre, souffle un coup, et survole l'écriture d'Owen Carter.
— Specialis revelio, prononce-t-elle, faisant apparaître un filet vaporeux autour du courrier. Soudain, le filet s'évanouit, preuve qu'aucun charme n'a été lancé sur l'objet. Au moins, les sœurs Carter sont fixées.