Harry Potter RPG
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Équation des cendres Laboratoire et Bibliothèque, mercredi 15 août 2125

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Liam Ombrage

Homme

16 ans

Sang pur

Britannique

Avatar de Gabriel

Administration

Gardien des Origines

Message publié le 20/08/2025 à 23:42

Le manoir Ombrage somnolait sous une pluie fine. Les toits d’ardoise luisaient comme des écailles, et les vitraux filtraient une lumière trop sage pour l’heure. Dans la galerie des ancêtres, les portraits — récemment restaurés, impeccables — fixaient le couloir d’un regard qui ne jugeait plus rien depuis longtemps. L’odeur du cireur de parquet se mêlait à celle, plus froide, du métal poli. Rien n’était laissé au hasard ici : pas une moulure ébréchée, pas un tapis mal aligné. Tout paraissait stable, presque immobile, comme si la maison retenait son souffle.

 

Liam descendit les marches vers le sous-sol, ses pas avalés par des tapis plus épais que des serments. Le gelidarium aux parois runiques dormait derrière une porte à ferrures ; plus loin, le laboratoire s’ouvrait, net et lumineux, carrelage clair, verrerie triée par hauteur et par usage, registres ficelés avec une manie d’archiviste. Il s’arrêta un instant sur le seuil. Le silence vibrait d’une promesse. Il n’éprouvait rien de remarquable : pas de fièvre, pas d’élan. Juste la rectitude d’un fil tendu, et la pensée droite qui allait d’un point à l’autre.

 

Ils avaient assemblé le plan morceau par morceau durant l’année écoulée, entre deux couloirs et des nuits qui paraissaient plus longues à Poudlard qu’ici. Il avait tout consigné dans un ordre mental sans faille : séquences, fenêtres, alibis, traces à conserver, indices à poser. Rien d’extravagant. L’accident devait être plausible, presque banal, comme ces ratés de recherche que l’on chuchotait sans les consigner. Un reflux alchimique trop vif, un enchaînement d’effets mal tempéré, l’orgueil discret d’une expérimentation qui dépassait sa propre barrette de sûreté — et la maison, si propre, fournirait elle-même le langage des apparences.

 

Il passa près des établis. Sa main s’ouvrit, se referma, laissa glisser un minuscule signe de manumagie, invisible à qui ne savait pas regarder. Dans les étagères, les bocaux semblaient interchangeables, mais l’un d’eux se distinguait par une nuance de transparence que lui seul avait appris à reconnaître. Il ne toucha rien de compromettant. Il se contenta d’accorder, d’un geste, les seuils et les soupapes symboliques — ces marges grises que nul ne notait dans les grimoires parce qu’elles n’étaient ni un geste ni une formule, seulement la façon correcte de tenir la pièce au moment exact. Cela suffisait. L’effet ne serait pas brutal ; il serait cohérent.

 

Au fond, l’appareil d’extraction ronronnait, encore tiède des travaux de la veille. La table d’enregistrement, où s’empilaient des carnets au papier doux, attendait un dernier ajout : une hypothèse griffonnée d’une écriture froide, un schéma au trait presque trop propre. Liam posa, à l’endroit prévu, un feuillet calque où figuraient des équations thématiques sans rien de clinquant. Le texte disait tout et rien : l’essentiel était la date, l’alignement des lignes, la banalité calculée. Il remonta ensuite la manche de sa veste et effaça, d’un frottement sec, une poussière imaginaire sur un angle de plan de travail. Le détail comptait moins que l’impression globale — et celle-ci, désormais, parlait d’une préparation studieuse, non d’une mise en scène.

 

Il remonta d’un demi-étage par l’escalier de service et s’immobilisa dans l’embrasure menant au couloir qui donnait sur la bibliothèque paternelle. Le cuir des reliures exhalait une senteur d’huile ancienne. Il replaça un serre-livre, aligna une feuille vélin, rétablit, d’un souffle, la fine couche de poussière que l’on attendait sur la tranche d’un volume jamais consulté. Ailleurs, ses doigts dessinèrent, sans baguette, les petites coutures d’oubli que son père aimait tant : des coutures trop parfaites, qui trahissaient leur auteur par excès de maîtrise. Les fils tiendraient juste assez longtemps pour convaincre, puis céderaient comme s’ils n’avaient jamais été là.

 

Il revint au point d’articulation, l’endroit où la maison faisait un angle et où la lumière tombait de biais. Là, il attendit, immobile, le poids bien réparti, le regard détaché. Il savait où se trouvaient les issues, il connaissait la hauteur des seuils et le craquement des dalles quand on s’y trompait. Tout était en place : les flux, les marges, la version qu’on raconterait. Il n’y avait plus qu’à enclencher l’heure et à laisser le récit se refermer. Il pensa à Kaï sans s’émouvoir. Il pensa à la suite, à ce qu’on conserverait, à ce qui s’effacerait.

 

Il inclina la tête, juste assez pour que le murmure n’appartienne qu’à deux personnes au monde. Sa langue se plia, et la maison, trop bien tenue pour protester, accepta la sifflante discrétion de ce parler ancien.

 

Serait-tu prêt, Kaï ? souffla-t-il en fourchelangue, les consonnes lissées comme des lames. La pièce est réglée. Il ne reste qu’à refermer le piège.

 

Il se tut, l’œil fixé sur la ligne de faîte des portes. Le plan tenait ; il n’attendait plus que le signal.

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