Harry Potter RPG

[En Cours]
Père & Fils Résidence Wickerson, Edimbourg, dimanche 01 juillet 2125

Aldebert Wickerson

Homme

56 ans

Sang-mêlé

Britannique

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Vif de Cœur 2025

Message publié le 17/09/2025 à 20:24

Si l'année avait été étrange, sa fin s'était annoncée rien moins qu'absurde. Il faut dire que la perspective de ne pas rentrer seul à Edimbourg mais en la compagnie de Balthazar Grimfire, laissait l'impression d'une farce grotesque. En dehors des heures de cours, Aldebert s'était échiné à esquiver la présence verdoyante de son cher fils surprise, qu'il ne savait guère comment aborder. Ne pas l'aborder semblait l'option la plus acceptable. À cela s'ajoutait le traitement qu'il se devait de prendre chaque jour pour ne pas voir s'empirer les symptômes de sa synchrolyse - second enfant au moins aussi surprenant que le premier, si ce n'est globalement plus emmerdant.

 

Tout cela sans compter le reste.

 

Un gouvernement en pagaille après les violences des attentats lors de la coupe du monde de Quidditch de l'été précédent. Des disparitions inquiétantes dans les alentours de Poudlard. La préparation d'un tournoi des trois-sorciers. Les BUSE. Oui, les BUSE. Car certes, Aldebert s'était tenu loin de Balthazar Grimfire tout au long de l'année, mais il avait gardé l'œil sur ses piètres résultats, et vu grandir une inquiétude toute relative quant au futur d'un enfant qui était sien depuis seulement quelques mois. Par un miraculeux coup du hasard - ou, à n'en point douter, d'anti-sèches et de soutien amical exacerbé -, le garçon avait obtenu des notes passables qui lui avaient octroyé le précieux sésame.

Était venue l'heure de remballer les affaires, et de quitter le château - pour le plus grand malheur d'un Molière qui n'en finissait pas de dramatiser les choses, miaulant comme le dernier des martyrs dès lors qu'Aldebert prononçait les mots Warrender, ou Edimbourg. Balthazar avait été convié au voyage, et malgré son air ahuri, avait semblé comprendre qu'il ne prendrait pas le train avec les autres cette année, mais quitterait Poudlard en compagnie de son astronome de père. En sus et place du Poudlard Express, Aldebert avait le privilège d'emprunter le réseau de cheminée, ouvert pour l'occasion du grand départ, et leur permettant de retrouver rapidement la demeure.

- Bien.

Ce fut le premier mot que prononça Aldebert alors qu'il ouvrait son sac et libérait Molière, qui s'en alla fureter dans tous les coins.  Tourné vers l'énergumène à crête, le professeur arqua un sourcil, et se trouva plongé dans un mutisme profond. Il avait vaguement l'impression d'être de retour un an en arrière, alors que Balthazar pénétrait dans son antre pour la première fois, suite au décès de sa mère. D'un geste, il retira son manteau pour ne plus se retrouver qu'en costume trois-pièces, et il désigna vaguement la cuisine, ses cheveux dressés en tous sens et encore plein de poudre de cheminette.

- Thé ? Oh heu.

Il se figea grotesquement avant d'avancer d'un pas déterminé pour ouvrir la porte adjacente à celle de sa chambre. Celle-ci ne comportait l'année précédente que son bureau, et tout un bordel de documentations et cartes entassés dans un bordel parfaitement organisé ployant naturellement sur plusieurs étagères branlantes. La pièce n'avait plus rien à voir. Aldebert avait procédé à plusieurs arrangements pendant l'année scolaire, afin de pallier à l'occupation permanente du canapé du salon, comme lors du premier séjour de son fils.

- Ta chambre. Tu peux... t'installer comme tu veux.

L'espace était assez vide, mais avait le mérite de comporter un lit confortable, une large armoire, un bureau et une chaise. Ne souhaitant pas s'éterniser sur la situation, Aldebert disparu en cuisine, agitant sa baguette distraitement dans la direction du gramophone pour lancer une musique aléatoire - histoire d'habiller le silence.

Balthazar Grimfire

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Britannique

Première Plume

Message publié le 25/09/2025 à 16:46

C'est sûrement con, mais il avait pas franchement pensé à ça, Balt. Qu'il allait devoir retourner chez Wickerson. C'est pas comme si y'avait vraiment eu interaction entre eux durant l'année qui vient de passer. Lui était resté lui, et l'autre était resté l'autre. Pas trop de délire paternel ou filial, pas qu'il sache ce que ça veuille dire. Passer l'année à Poudlard, ça aurait presque pu lui faire oublier que sa mère n'était plus là. L'année a ressemblé à toutes celles d'avant. Sauf que là, il rentre pas chez lui, il rentre chez quelqu'un d'autre. Et qu'à la place de sa mère, il a le droit à un astronome cinglé.

 

Il a dit au revoir à ses copains avec un pincement au coeur, pour la première fois. Parce qu'il allait droit vers l'inconnu, et qu'il aurait quand même vachement aimé qu'ils soient avec lui. Mais eux rentrent chez eux. Même s'ils ont des plans dans l'été, c'est pas tout l'été. Tout l'été, c'est avec Wickerson, et ça fait un truc bizarre dans le bide. C'est pas Wickerson le problème. C'est plutôt l'absence de sa mère. Il avait oublié à quel point c'était douloureux. Et le rappel, il se le prenait pleine face, à lui en faire pâlir la crête.

 

Arrivé dans l'appartement d'Edimbourg, il sait pas plus où se foutre que quand il était arrivé à la fin de l'été dernier. Mais Wickerson répond à la question avant qu'il la pose, laissant un Balt un peu con devant sa chambre. Celle-là il s'y attendait pas. Merde, c'est que ça sonne vachement vrai ces conneries. Sa chambre. Ici. C'est devenu... Chez lui ? Pas moyen. Il pose son gros sac à bandoulière contenant ses affaires au sol, les pin's de groupe de metal accrochés dessus tintent joyeusement alors que lui s'assoit juste sur le lit l'air encore plus paumé que d'habitude. 

 

En entendant la musique qui s'élève de la pièce d'à côté, il semble reprendre un peu vie. Chez lui, il mettait la musique, et sa mère gueulait qu'il mettait trop fort. Et plutôt que de baisser, il augmentait le son, avant de l'embarquer dans une danse qui n'avait rien de très officiel. Ils finissaient morts de rire, et après, seulement, il baissait la musique. Il se voit pas trop faire ça, là. Il rejoint quand même le type, tandis que Rat sort son museau de la poche de son sweat comme s'il avait envie de voir ce qu'il se passe.

 

- Merci. Pour la chambre. C'cool, qu'il dit en haussant les épaules.

 

- En août j'vais camper avec les copains. Faudrait récupérer mes affaires aussi.

 

Il dit les trucs à la suite sans trop de transition parce qu'il a jamais su faire. Durant l'année y'a eu ce gars qui est venu, pour lui faire signer des papiers pour récupérer ses trucs, et ceux de sa mère. Apparemment, tout lui revient. Même la librairie. Pour quelqu'un qui lit aussi peu que lui, c'est un peu ridicule.

Aldebert Wickerson

Homme

56 ans

Sang-mêlé

Britannique

Avatar de Deb

Modération

Vif de Cœur 2025

Message publié le 29/09/2025 à 17:51

Les Who balancent leurs accords en dépit de la gêne que peut ressentir Aldebert à l'égard de son fils, et de sa présence toujours aussi incongru entre les murs de l'appartement. La bouilloire ne tarde pas à siffler, à s'agiter impatiemment, avant qu'il ne daigne d'un simple coup de baguette en verser le contenu dans un mug qui le suit depuis moult déménagements. Décoré d'étoiles fines qui semblent presque ciselées à même la porcelaine, ses constellations se rattachent entre elle et font briller les astres avec la chaleur.

Un parfum de violette envahit la pièce alors que parait de nouveau le prodige à crête, son rat perché au sommet d'une poche, museau frémissant. Il s'attire immédiatement l'attention de Molière. Les sourcils arqués en suspension interrogative, Aldebert fait dangereusement tournoyer une cuillère entre les parois d'une tasse fumante. Un typhon minuscule entreprend de se former sous le mouvement tapageur. Indifférent à cela, l'esprit d'Aldebert se remémore la conversation notariale, le leg, les biens de Balthazar éparpillé dans l'appartement de feu-sa mère.

 

Il a certes pris les devants pour la chambre, mais c'est bien tout.

 

- Oui, oui bien évidemment.

Voilà qui s'annonçait joyeux. Mais c'était vraisemblablement quelque chose qui ne saurait attendre. Il tique, soudain, comme semblant se remémorer la première partie de ce qu'énonçait Balthazar.

 

- Camper ?

La posture a adopter lui échappe complètement. Doit-il donner son autorisation ? Demander des précisions quant aux dates prévues de ces vacances entre adolescents apparemment prévues depuis Poudlard ? Demander où, demander comment ? Dans le doute, Aldebert se contente d'un verbe, lâché dans l'air au milieu des paroles de Baba O'Riley.

 

- On peut faire ça demain.

Récupérer ses affaires, et non camper. Aldebert sirote son thé, qui lui brûle amèrement la langue. Il émet une grimace douteuse tandis que de l'autre côté de la pièce, perché sur une haute armoire, Molière se dresse et prend la posture d'un véritable chasseur.

- Je ne t'ai pas... il hésite, cherche du regard quelque chose, n'importe quoi qui ne fut pas le regard bovin d'un fils avec lequel il ne sait guère communiquer. Mais il finit par s'y raccorder, sincère et connaisseur. Félicité. Je ne t'ai pas félicité, pour tes BUSE. Nous pouvons célébrer. Ce soir. Et demain, récupérer tes affaires. Si ça te va.

Doit-il établir des règles ? Doit-il garder le silence ? Doit-il prétendre savoir ce qu'il fait ? Admettre se noyer dans l'inconsistance de ses propres incertitudes ? D'un geste impérieux, il prend une nouvelle gorgée de son thé brûlant, et se dresse brutalement pour jeter un sortilège en avant, d'un seul coup de baguette. Molière se retrouve figé dans l'air dans un mouvement grotesque, moustaches dehors.

- Non, Molière.

Il le relâche avec la même intransigeance, et le chat se vautre au sol sans la moindre grâce avant de lâcher un miaulement mécontent. Il n'a guère l'air traumatisé, car dans l'instant suivant, il se laisse tomber au sol pour mieux se lécher l'arrière train, l'air de ne plus s'intéresser à rien ni à personne. 

Balthazar Grimfire

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Britannique

Première Plume

Message publié le 04/10/2025 à 11:15

Il a pas l'air de bien saisir ce que ça veut dire de camper, le Wickerson. Faut dire que quand on a soixante-dix piges c'est pas le meilleur truc du monde pour les articulations, alors Balt il peut comprendre que ça lui paraisse un peu chelou comme idée, à l'être grisonnant qu'il a en face de lui. Son daron. Ouais, non, il arrive pas à s'y faire. Il a passé un an complet à le savoir sans essayer de faire quoi que ce soit de l'info, alors c'est un peu comme quand il a débarqué chez lui au milieu de rien à la fin de l'été dernier. Il hausse les épaules.

 

- Ouais, camper. Faire du camping, avec une tente, tout ça, il lui explique quand même.

 

C'est pas qu'il demande l'autorisation, c'est juste qu'il le prévient. Au cas où le mec s'inquiète de plus croiser sa crête colorée dans l'appart' le mois d'après. Pas sûr qu'il s'en rende vraiment compte ceci dit, il a l'air aussi largué que lui, et ça c'est pas peu dire. Rat s'amuse à lui chatouiller le bout des doigts avec son museau et ses moustaches, comme pour se rappeler à son bon souvenir. Alors machinalement, il laisse son index caresser la petite tête de l'animal qui ferme à moitié les yeux sous le plaisir, absolument pas conscient du danger qui le guette - Rat n'était pas le plus futé des rats.

 

Et voilà qu'arrivent des félicitations. Le regard rempli d'incompréhension de l'adolescent reste scotché à celui du père - non vraiment c'était bizarre dit comme ça - avant qu'il capte qu'il parlait des BUSES qu'il avait miraculeusement obtenues grâce aux efforts combinés d'Ambrose et de Sam. Evidemment, Jimmy et Ferg avaient bien essayé de filer un coup de main aussi, mais il fallait bien avouer qu'ils avaient à peu près autant de retard que lui, alors ça virait juste au grand n'importe quoi à chaque fois qu'ils essayaient de réviser ensemble.

 

Evidemment, Balt s'était muni d'une plume auto-correctrice pour les examens, histoire de rendre des parchemins lisibles pour les correcteurs. Et il avait potentiellement plusieurs anti-sèches enchantées par Ambrose pour n'apparaître que lorsqu'il en avait besoin, pour combler des lacunes plus grandes que sa crête n'était verte. Mais le résultat était là : il avait obtenu ses BUSEs, de justesse, avec un résultat final d'Acceptable qu'il n'avait jamais eu auparavant. Alors il sourit, un peu connement, mais très content.

 

- Merci. J'pensais pas que j'les aurais. C'est grâce à Bro' et Sam. C'est cool si on fête ça. Tu fais comment ? Pour célébrer ? il demande quand même parce qu'il est pas bien sûr qu'ils aient les mêmes délires.

 

Rat semble soudain comprendre qu'il vaut mieux pour lui rentrer la tête dans la poche. Notamment parce qu'il a vu le sortilège pour immobiliser le chat, et qu'il a dû se rappeler quelque part au fond de lui que les chats l'aimaient pas plus que ça. 

 

- J'dois t'appeler comment ?

Aldebert Wickerson

Homme

56 ans

Sang-mêlé

Britannique

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Vif de Cœur 2025

Message publié le 07/10/2025 à 12:46

Du camping. Avec une tente. bien sûr qu'Aldebert connait cela. Il connait même très bien cela. Le véritable fond du questionnement s'est perdu dans l'absence de mots qui l'a composé, à n'en pas douter.

- Oui, oui, camper. Je veux dire, où ça ?

Il aurait apprécié que la mère de Balthazar lui laisse le palimpseste des règles de la maison. Une trace, même effacée, de ce qu'il convient de faire ou non lorsque l'on a la garde et la responsabilité d'un mètre soixante-dix de sottise adolescente. Sa crête, verdoyante, déploie l'équivalent d'un umbracule contre le mur, tandis qu'Aldebert se perd en conjectures mentales de ce qui devrait être dit ou fait.


Ni doué de catoptromancie ou autre délire divinatoire, il aurait été tout aussi incapable de prédire l'avènement d'un tel jour qu'il ne l'est d'imaginer la suite. Celle-ci devra pourtant se ployer autour de l'existence de Balthazar, qu'il le veuille ou non. Décontenancé par ce simple fait, Aldebert reste plusieurs secondes mutique, alors que l'énergumène lui demande de quelle manière il devrait l'appeler. Question pertinente, s'il en est.

Il n'est pas sûr de grand chose, dernièrement. Pas même de comment célébrer les BUSE, ou de comment passer tout un été enfermé dans cet appartement avec Grimfire - en dehors de son séjour de camping. Mais il est sûr d'une chose. Il ne veut pas que le garçon de récemment seize ans le nomme papa, quand bien même il en aurait parfaitement le droit. Ce serait bien trop absurde. Mais il parait évident qu'il ne peut continuer à l'appeler professeur - ou M'sieur, comme il se plait à le faire.

- Aldebert, s'entend-t-il répondre finalement, alors que son regard s'accroche à celui de Balthazar. Aldebert c'est très bien.

Il sait d'ores et déjà que nommer Balthazar par son simple prénom plutôt que par un Monsieur Grimfire lui prendra fort longtemps, mais il est bien conscient qu'il devra s'y faire. Soudain il se lève, décidé.

- Je pense qu'on devrait se mettre d'accord sur certaines choses.

Au-delà d'une appellation. D'une main, il ouvre un placard dont il tire une bouteille, qu'il vient poser sur la table. Deux verres suivent le même chemin.

- Tu as seize ans. Tu as donc l'âge de boire tant que tu es accompagné d'un adulte, il commente en commençant à les servir, ignorant son thé encore fumant. Je propose que tout à l'heure, nous allions dîner dehors. Dans Edimbourg. Je connais un très bon endroit. En attendant, on peut commencer à célébrer ici.

Sa gorge est raclée alors qu'il repose la bouteille sur la table. L'horloge indique dix-sept-heures.

- Je pense que tu as compris que je suis à peu près aussi à l'aise avec toute cette situation qu'un éruptif que l'on enverrait tricoter un pull, il commence en levant son verre. Je suggère donc un règle principale à notre cohabitation. Je n'approche pas de tes affaires, tu n'approches pas des miennes. Un respect mutuel finalement. Simple et efficace. Un sourire bref lui tord le visage avant qu'il n'enchaine. Quant à tes vacances, tu peux bien les organiser comme tu le veux. J'attends cependant que tu me préviennes lorsque tu sors, où, et pour combien de temps. Je m'engage évidemment à faire de même si je devais m'absenter. Toujours par esprit de respect mutuel.

Comiquement figé dans son geste, Aldebert ferme la bouche, la rouvre, et la referme. Son verre s'affaisse un peu.

- Je crois que c'est tout pour le moment. Ça te va ?

Balthazar Grimfire

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Britannique

Première Plume

Message publié le 15/10/2025 à 17:33

Comment ça, il voulait dire où ça quand il disait camper ? Balt regarde Wickerson avec cet air bovin qui le caractérise si bien, pendant plusieurs secondes, comme le temps de tout assimiler, avant de finalement secouer un peu la tête, histoire de remettre la machine en route malgré les rouages grippés, donnant un peu de lumière à l'ubac de sa crête qui en manquait grandement et avait plus pour habitude de diffuser quelques réflexions sélénophores.

 

- Au Pays d'Galles, on va voir un match.

 

C'est franchement pas un truc qu'il s'était dit devoir partager avec son prof d'astronomie. Non, vraiment, il a du mal à capter que le type est son daron. Il est pas genre... Vachement vieux pour être son daron d'abord ? Ils pouvaient en tous cas se targuer tous deux d'un point commun évident : ils avaient des prénoms beaucoup trop longs pour être pratiques.

 

- Alderbert, qu'il répète quand même. Tu préfères pas Al' ? C'est vachement plus court.

 

Lui préférait largement être appelé Balt. Il trouvait que ça sonnait bien. Comme la tintinnabulation d'une cloche. L'adolescent finit par s'asseoir aussi, le regard attiré par une bouteille sortie. C'était quelque chose qui lui plaisait. L'alcool, les pétards. Des trucs tous simples pour finir sur un nuage cotonneux fait de rires et d'absurdités. Il n'était cependant pas sûr qu'avoir le droit de boire en présence d'un adulte lui octroyait le droit de se coller une mine par la même occasion. Il verrait bien, n'allait sûrement pas demander.

 

Balt n'aimait pas trop les règles. Parce qu'il avait tendance à les oublier, de façon générale. Mais celles-ci ont l'air plutôt cool. Il retient surtout qu'il peut bien faire ce qu'il veut pour peu de prendre la peine de prévenir le fossile, et ça lui convient parfaitement. Même si, ça aussi, il risque d'oublier de temps en temps. Il lève son verre pour le faire tinter dans celui de Wickerson.

 

- Ça m'va. A la tienne, Al' !

 

Il boit une gorgée. Sûrement le meilleur alcool qu'il ait jamais bu. Faut dire que lui et ses potes se contentent de la piquette la moins chère qui existe. 

 

- T'as pas d'meuf alors ?

Aldebert Wickerson

Homme

56 ans

Sang-mêlé

Britannique

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Vif de Cœur 2025

Message publié le 15/10/2025 à 20:32

Al. La vérité, c'est que de nombreuses personnes l'appellent Al. Al ou Aldi. Que Balthazar Grimfire puisse faire partie de ces gens lui parait toutefois proprement grotesque, aussi échappe t-il un rire sec et nerveux, par les narines.

 

- Je... oui... d'accord.

Al. Balthazar Grimfire l'appellerait donc Al. À tous les coups, ça allait ressortir dans les couloirs, il en est certain. Mais soit. Il n'y vois pas d'inconvénient majeur, à ceci près que ça restera parfaitement lunaire. Aldebert saisit son propre verre pour trinquer avec le fils prodige, et s'envoie plusieurs gorgées du breuvage sans la moindre retenue. Le thé, non loin, refroidit tranquillement, continuant de propager son parfum dans toute la pièce.

 

Brutalement, l'astronome manque recracher sa boisson dans l'air, et se met à toussoter.

 

- Non. Non je n'ai pas de... meuf.

De tous les sujets de conversations possibles et imaginables !

- Et si j'en avais une, ce ne serait vraiment pas tes affaires. Par Merlin.

De nouveau, Aldebert s'envoie une rasade, et repose le cul du verre sans délicatesse.

 

- Comment tes amis et toi comptez rejoindre le Pays de Galles ? Il demande sur le ton de la conversation.

La passion des gens pour le Quidditch est une chose qui le dépasse profondément. Traverser tout le pays pour aller voir des imbéciles perchés à des centaines de mètres de hauteur se passer une balle pour la balancer à travers d'anneaux ? Merci bien, il préfère se contenter de ceux de Saturne au travers de son téléscope. Sourcils froncés, Aldebert se demande s'il doit organiser quelque chose. Accompagner son fils jusqu'un portoloin. Mener un transplanage d'escorte quelconque.

Il ne faudrait en aucun cas compter sur lui pour l'y transporter en balai, en tous cas.

- Au fait, si tu dois inviter quelqu'un ici... bon tu peux évidemment, mais si tu peux juste me prévenir ? Surtout s'il s'agit d'une hum... meuf.

C'est-à-dire qu'il n'a guère envie de se faire témoin des émois adolescents de Balthazar, s'il peut l'éviter. Une flopée d'images le hantent soudain, et il prie pour que la mère du garçon l'ait au briefé sur ces sujets. Devait-il lui montrer la réserve de crapotes ?

Balthazar Grimfire

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Britannique

Première Plume

Message publié le 22/10/2025 à 17:56

Comment ça, s'il avait une meuf ce serait pas ses affaires ? Balt' estime qu'un peu, quand même. Puisque le gars est son daron, s'il a une meuf, ce serait un truc du genre... sa belle-mère. Alors s'il devait avoir une belle-mère, ça le regardait, et pas qu'un peu. Mais il n'en a pas. Alors il se contente de hausser les épaules, l'air de dire qu'il se contentait de se renseigner.

 

- On y va en Magicobus, c'est l'moins cher, il indique simplement.

 

Les Portoloins pour assister aux matchs sont carrément hors de prix, alors le bus, ça ira très bien, malgré un léger manque de souplesse dans la conduite du truc. Et puis, au moins, ils pourront tous le prendre de là où ils sont sans chercher à comprendre comment se rejoindre. Tout bénef. 

 

Y'a un sourcil qui se hausse à la nouvelle règle édictée par l'astronome. Il était pas trop du genre à inviter des gens chez lui, Balt. Même chez sa mère, il le faisait pas. Il préfère sortir, squatter dehors, quitte à se trouver un bâtiment désaffecté pour se mettre à l'abri quand la pluie se faire un peut trop insistante. Ses potes moldus sont comme lui. A pas vouloir rester enfermés, à préférer écumer la ville sur leur planche ou sur leurs rollers, comme si le bitume était à eux. 

 

Ceci dit, y'a quand même un truc un peu drôle quand Al' dit meuf. Parce qu'il a pas l'air super à l'aise avec le terme. Ni même avec l'idée que Balt ramène vraiment une meuf à l'appart, qu'il soit au courant ou non. 

 

- J'peux inviter des meufs ? Comme ça ? Et si j'te préviens quoi, tu t'barres le temps d'nous laisser faire nos affaires ? qu'il demande en se marrant juste à l'idée d'imaginer un Aldebert Wickerson s'auto-foutre à la porte de chez lui pour éviter d'entendre les ébats de son fils tout juste trouvé.

 

- Nah laisse tomber, j'vais inviter personne, j'crois que c'est mieux. T'inquiète, j'préfère rester dehors que dedans, on s'verra pas tant. 

 

Sa mère en venait à lui dire qu'il prenait un peu trop leur maison pour un hôtel, à se pointer pour vider le frigo ou dormir. Elle avait pas tort. Et s'il avait su, il y aurait passé un peu plus de temps que ça, à l'hôtel. 

Aldebert Wickerson

Homme

56 ans

Sang-mêlé

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Vif de Cœur 2025

Message publié le 23/10/2025 à 18:20

D'un simple hochement de tête, Aldebert avait approuvé l'idée du magicobus. Ce n'est certes pas son transport de prédilection, mais il est clairement le plus adapté à la situation. Peu coûteux, accessible d'à peu près n'importe où, n'importe quand, à-même de gérer les bagages de tout-un-chacun. La figure de l'astronome se tord, cependant, à la mention d'affaires que Balthazar pourrait avoir ou non avec une meuf ramenée à son appartement, et il est foncièrement soulagé d'entendre l'adolescent affirmer qu'il évitera finalement ce genre d'initiative.

 

- Je vois, se contente t-il de commenter en essayant de chasser le flot d'images qui lui poussent absurdement sous le crâne.

Son verre porté à ses lèvres, il s'hydrate généreusement, repose le contenant sur la table en un bruit sec. La conversation se meurt, au profit d'un silence qui vient même étouffer la musique. Ils ne se regardent pas. Cherchent plutôt l'échappatoire des fenêtres, ou du décor environnant, dans une gestuelle étonnement symétrique dont ils n'ont clairement pas conscience. Finalement, Aldebert se racle la gorge. Ses longs doigts anguleux restent entourer son verre, et le déplacent presque imperceptiblement d'un sens et d'un autre, en rotations nerveuses.

 

- J'ai eu les cheveux bicolores pendant toute une période de ma vie, il énonce finalement. Une main vient lui fendre le front en deux. Vert de ce côté, bleu de l'autre. Si j't'assure. Bon c'est une autre époque. J'bossais sur un bateau. Sa mère lui en avait voulu pendant des mois d'partir sans prévenir. Pis j'ai pas fait d'crête comme toi. C'était plus un genre de coupe en hérisson...

De nouveau il se racle la gorge, s'envoie une rasade de pur-feu. Il sait pas bien pourquoi il raconte ça. Il s'dit que ce serait bien qu'ils apprennent un peu à s'connaitre, dans l'fond. Ça fait un moment qu'il se dit qu'Balthazar devrait rencontrer sa mère, et aussi son oncle Frank, mais il appréhende complètement le moment où ça pourrait venir sur le tapis. Molière choisit cet instant pour miauler, comme s'il se foutait ouvertement de la gueule de son maître, et Aldebert secoue la tête avant d'affaisser un bras vers le sol pour l'attirer. D'un geste, il le récupère sur ses genoux, et le caresse comme un vieux réflexe.

 

Les deux yeux de Molière sont braqués sur Balthazar alors qu'il s'installe paresseusement.

Balthazar Grimfire

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Britannique

Première Plume

Message publié le 30/10/2025 à 18:59

Jusqu'ici, tout était bizarre. Genre super chelou, gênant, carrément dans le malaise. Et pour être tout à fait honnête, sûrement qu'il en jouait un peu, Balt', avec ses remarques débiles qui n'ont visiblement fait rire que lui. Mais il doit bien reconnaitre une chose : Aldy fait des efforts. Des gros efforts. Il a jamais paru aussi sympa que depuis qu'il est pas juste le prof chelou d'astronomie, pour devenir le daron chelou de Balt. 

 

Alors le punk s'octroie une nouvelle gorgée de son verre, qu'il manque de recracher sous la surprise de ce que l'autre lui raconte. Il tape son torse, plusieurs fois, avant de finir par avaler le liquide qui lui crame la gorge douloureusement tellement il avait prévu de passer de travers. Il tousse, tout son saoul, mais faut dire que ça fait ça, d'imaginer Alderbert Wickerson sur un bateau avec une coupe hérisson bicolore. Bordel, c'est un truc à voir.

 

- Dis-moi qu't'as une photo, qu'il lui demande en rigolant bêtement, alors même qu'une nouvelle quinte de toux le prend.

 

Parce qu'il veut vraiment voir ça pour de bon. Un Aldy tout jeune avec autre chose que des cheveux de vieux. Sûrement qu'il portait autre chose que ses costumes chelous sur un bateau. 

 

- Qu'est-ce que tu foutais sur un bateau ? Attends, t'as pas toujours été prof alors ?

 

C'était un peu bizarre à imaginer, ça aussi. Qu'il est pas né vieux et prof. C'est sûrement pour ça que ça colle pas bien avec le bateau et les cheveux bicolores en hérisson.

 

- J'suis sûr ça t'irait grave bien la crête. Y'a des vieux stylés comme ça t'sais.

 

Et il le dit gentiment. Comme un compliment. Pas du tout comme s'il venait de le traiter ouvertement de vieux. Sûrement qu'il s'en est même pas rendu compte, Balt. Il dit ce qui lui passe par la tête comme ça lui vient. 

Aldebert Wickerson

Homme

56 ans

Sang-mêlé

Britannique

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Vif de Cœur 2025

Message publié le 08/11/2025 à 16:40

Amusé malgré lui par la réaction de Balthazar face aux révélations jetées par-dessus la table, Aldebert étire un sourire gamin qui lui fait perdre une bonne dizaine d'années. Des photos, il en a tout un tas, enfermées dans des malles, scellées entre les pages d'albums désuets dont il se plait à oublier l'existence. Il sait qu'il en existe au moins autant d'autres dans les placards de sa mère, et peut-être des dizaines encore perdues au travers du monde, tantôt entre les mains d'une fille à laquelle il aura brisé le cœur, tantôt crocheté au mur d'un ami auquel il n'aura plus parlé depuis bien trop d'années.

Ignorant la première question de Balthazar, Aldebert secoue la tête devant la second :

 

- Oh non, non loin de là même. J'ai longtemps... cherché mon chemin, il déclare mystérieusement.

Mécaniquement, il passe une main contre sa chevelure ordonné, aux racines blanchies par le temps. Il grimace alors que le garçon l'annonce vieux avant l'âge. La vie l'a certes marqué de rides étranges qui lui fendent le visage, de chaque côté des yeux, au détour de ses lèvres, jusque son front. La maladie le ronge de l'intérieur, et le menace de prendre avec elle nombre de ses capacités primaires, qu'il estimait jusqu'alors intouchable. Peut-être Balthazar a t-il raison. Peut-être est-il vieux. Lui préfère penser que l'on est toujours le vieux de quelqu'un d'autre, jusqu'à tant que l'on soit mort.

 

- Peut-être que j'devrais tenter ça pour la rentrée prochaine, il plaisante en affichant un rictus gaillard.

L'image, grotesque, aurait le mérite de le suivre jusque dans la postérité.

 

- Mon tout premier emploi consistait à assister un aéronaute. Rien de bien passionnant, mais j'en profitais pour mon usage... ahum... personnel, et j'ai fini par être viré. Plus tard j'ai assisté un dresseur de dragon dans les highlands - ça c'était passionnant. J'ai failli y passer. J'ai rejoint l'équipage du St James quand j'avais vingt-trois ans, engagement dans la marine et tout. J'ai déserté quand on a débarqué en France. Très beau pays, la France, mais pour y gagner sa vie c'est pas l'pied. J'ai fini par rentrer. Pendant quelques années j'ai joué les détectives pour des particuliers. J'étais pas trop mauvais. Ça a duré quelques années avant que j'me décide à refaire les bancs de l'école pour devenir astronome. Ma vraie vocation.

Quelle étrange concept que de pouvoir résumer son existence à cette poignée de phrases. Il se râcle la gorge, étrangement gêné.

 

- Alors tu vois, j'vais pas être un gars qui t'demande si tu sais où tu veux aller dans la vie. J'pense que personne en a la moindre idée. Il termine son verre d'une traite. Prêt pour le resto ?

Sa baguette récupérée de sa seule main libre, il l'agite brièvement pour attirer à lui son manteau.

Le manteau se décroche, et vient flotter paresseusement à côté de lui. Aldebert se débarrasse de Molière d'un simple geste appuyé avant de se dresser pour récupérer l'objet, et l'enfiler.

Aldebert Wickerson a lancé un sortilège en utilisant sa baguette : Orion !

Sortilège
Sortilège d'Attraction
Difficulté
4
Résultat D20
19
Interprétation
Réussite
XP gagnée
10

Le manteau se décroche, et vient flotter paresseusement à côté de lui. Aldebert se débarrasse de Molière d'un simple geste appuyé avant de se dresser pour récupérer l'objet, et l'enfiler.

Autres résultats possibles

Le manteau se décroche, accompagne son mouvement alors qu'il se lève - chassant Molière par la même occasion -, et l'enfile en quelques gestes précis.

Le manteau ne fait même pas mine de bouger. Vraisemblablement, Aldebert a trop bu. À moins que ce ne soit cette foutue maladie qui fasse encore des siennes.

Le manteau se décroche et tombe brutalement au sol, le bruit faisant fuir Molière en un pincement griffu sur les extrémités de son genou. Jurant entre ses dents, Aldebert décide de mettre ça sur le compte de l'alcool davantage que sa maladie.

Balthazar Grimfire

Homme

16 ans

Sang-mêlé

Britannique

Première Plume

Message publié le 13/11/2025 à 17:23

C'est carrément bizarre, de découvrir l'homme derrière le prof. Balt avait jamais trop réfléchi au fait que les profs étaient des gens normaux, avec une vie, et un passé. Pour lui, ils étaient juste ces gens persuadés de savoir bien plus de choses que les autres, à un tel point qu'ils se sentaient obligés de l'étaler en permanence tout en exigeant des devoirs pour prouver qu'on les avait bien écoutés. Spoiler alert, Balt il écoutait pas grand monde. Pas qu'il voulait pas, juste qu'une fois sur deux, il était concentré sur la mauvaise personne.

 

Alors l'air de rien, apprendre que Wickerson était son daron, ça lui avait fait un choc. Pis il avait mis l'info de côté pendant toute l'année scolaire, comme si ça avait pas d'importance. Là il se reprend le tout en pleine gueule, pour se rendre compte que son daron est tout autant un homme qu'un prof. Un type qui a fait plein de trucs, qui a même sûrement été sacrément fun vu ce qu'il lui raconte comme ça, autour d'un fond de Pur Feu.

 

Evidemment, Balt pourrait raconter le même genre de conneries. Mais le truc, c'est qu'il est à peu près sûr que c'est pas du tout des conneries, mais bien la vérité. Genre ce gars-là, aux cheveux tous blancs, a dressé des dragons. C'est vachement badass. Y'a comme une étincelle d'admiration dans le regard habituellement si bovin de l'adolescent. 

 

- Coooooool, qu'il dit comme pour rappeler que l'admiration n'avait strictement rien à voir avec l'intelligence. 

 

Il se lève subitement, pour finir son verre d'une traite.

 

- Ouais, carrément ! J'ai grave la dalle en fait. 

 

Il disparait le temps de trouver sa veste, garde Rat bien au chaud dans la poche de son sweat histoire de pas le laisser au chat d'Al', et ouvre la porte dans la foulée.

 

- Y'avait quoi comme dragons ? T'as pu en monter un ? Sérieux, c'est carrément mieux qu'prof d'astrologie hein. 

 

Balt n'avait sans doute jamais fait la moindre différence en l'astronomie et l'astrologie. N'a peut-être même jamais capté que c'était pas le même mot.

 

- Un dresseur de dragon avec une crête. J'te jure t'as tout foiré, t'aurais pu être vachement stylé, et v'là où t'en es ! qu'il lui balance sur le ton de l'humour en explosant d'un rire parfaitement idiot. 

Aldebert Wickerson

Homme

56 ans

Sang-mêlé

Britannique

Avatar de Deb

Modération

Vif de Cœur 2025

Message publié le 14/11/2025 à 20:21

Le regard que Balthazar lui porte soudain a plus grand chose à voir avec son regard habituel. Comme si quelque chose s'y était allumé. Un truc qui ressemble fortement à de l'admiration. Aldebert ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire à la fois fier et gêné, pas bien certain du sentiment que ça lui procure. Avoir un fils qui lui tombe sur les bras a plus de cinquante ans est une chose qu'il n'a pas terminé de digérer. Avoir un fils qui puisse lui porter une quelconque admiration ? Jamais il n'aurait pu l'imaginer.

 

Le pur-feu est abandonné sur la table, auprès de leurs deux verres vides. Aldebert tapote sa poche pour s'assurer de la présence de ses objets personnels, réflexe oblige, avant de se figer dans une position grotesque, ses sourcils hauts et ses yeux grands écarquillés. Par-dessus le rire braillard de Balthazar, il manque de s'étouffer :

 

- Professeur d'Astronomie ! Par Merlin !

Comment peut-il seulement confondre son expertise avec quelque chose d'aussi aléatoire et stupide que l'astrologie ? Vexé, Aldebert secoue la tête, bien qu'un sourire s'étire sur le bord de ses lèvres. Amusé malgré lui par la bonne humeur contagieuse de Balthazar, il doit bien admettre qu'il aurait effectivement eu de l'allure à monter des dragons affublés d'une crête :

- J'ai monté un noir de hébrides, une fois. C'est d'ailleurs comme ça que j'me suis fait virer. On était pas vraiment sensé faire ça. Y avait aussi des verts gallois. Beaucoup de verts gallois. En troupeau, ils ont tendance à... chanter. C'est plutôt joli.

La porte est claquée derrière leurs deux silhouettes, Molière délaissé au salon - et probablement très heureux de la paix et du calme apportés par la solitude.

- Mais je t'assure que les étoiles sont au moins aussi fascinantes. Si ! Tu le saurais si t'écoutais ne serait-ce qu'un tiers de mes cours.

Le claquement de langue contre son palais est faussement agacé. La discussion leur vient étrangement naturellement alors qu'ils traversent les rues d'Edimbourg, le pas long et décidé d'Aldebert guidant l'adolescent à travers la ville. Le climat estival se contente d'être assez doux pour que l'on supporte de sortir sans se cerner d'une écharpe. Bientôt, l'astronome s'engage sous une arche qui les fait traverser un lot de magasins et de bars, puis il s'arrête au devant d'une bibliothèque de livres de piètre allure, scellée dans un mur.

 

Légèrement en retrait du reste, elle est bondée de volumes aux titres très peu attirants, pour la plupart trop usés, et dont certains manquent même de quelques pages. Elle n'a rien pour attirer l'œil, et c'est très bien ainsi. La manipulation de plusieurs tomes, dans un ordre bien précis, fait grincer l'architecture des étagères, pousse les livres de part et d'autre afin de révéler une porte étroite et basse. Sans hésitation aucune, mais non sans un bref regard alentour, Aldebert actionne la poignée et disparait à l'intérieur, suivi d'un Balthazar peut-être dubitatif.

Le sol est, comme de l'autre côté, fait de pavés irréguliers, grossièrement taillés, mais les devantures des boutiques qui les cerne sont drastiquement différentes. Le quartier magique d'Edimbourg n'est composé que de cette simple allée, et aurait tout à envier au Chemin de Traverse, mais c'est sa déplorable petitesse qui en fait tout le charme. D'un geste, Aldebert désigne un panneau branlant qui pousse d'une bâtisse en pierre montée sur plusieurs étages, dont l'apparence vacillante laisse à penser qu'elle est sur le point de s'écrouler.  L'enseigne n'indique pas grand chose : c'est une gargouille au sourire torve qui porte une chope, pas franchement engageante, et qui semble avoir été dessiné par un enfant possédé.

- C'est là. La Gargouille Grivoise.
 

Sitôt la porte passée, l'ambiance n'est plus la même. L'espace est ensorcelé, immense, le plafond aussi haut que celui d'une cathédrale. Les murs sont ornés de gargouilles de pierre animées, qui suivent du regard le mouvement des clients, lorsqu'elles ne baillent pas aux corneilles ou ne volètent pas dans l'air. Les fenêtres, d'immenses vitraux chaudement colorés, représentent plusieurs scènes mythiques de l'histoire du monde sorcier. Certains sont en mouvement. D'autres sont parfaitement figés. C'est le sol qui accaparent l'attention pourtant : taillé dans une immense plaque de marbre, il est d'un noir vertigineux, et donne l'impression de marcher dans le vide. Sous les tables, il prend des teintes qui s'accordent à l'ambiance des conversations.

Une gargouille atterrit devant eux et les jauge de pied en tête, mais Aldebert lui jette un œil peu impressionné :

- Bonsoir. J'ai une réservation au nom de Wickerson. Pour deux.

Guidés par la créature jusqu'à une table installée sous une fenêtre, Aldebert se défait de son manteau pour s'installer dans l'un des énormes fauteuils. Ses bras viennent paresseusement reposer sur les accoudoirs tandis qu'il croise une jambe sur l'autre. La gargouille, elle, claque des doigts pour attirer sur eux l'attention d'un serveur, leur fait une révérence, et prend son envol. Bercée par un jazz, la salle est loin d'être pleine, et les quelques âmes assez pourvues pour se payer l'unique menu de l'enseigne la plus luxueuse d'Écosse n'ont clairement pas encore entamé l'entrée.

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