Poudlard L'extérieur Forêt Interdite [Terminé] L'Ombrelangue
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Charlie Carter , A quelques mètres de la lisière, dans le brouillard, le 27/09/2124

Des créatures bien plus effrayantes qu'un Ombrelangue peuplent les cauchemars de Charlie. Perdue entre la réalité et des chimères horrifiques créées par son esprit, elle oublie souvent le sens du danger. Suspendue tête en bas face au Gryffondor, elle observe son visage renversé qui se déforme étrangement avec le noir. Les filles du dortoir aussi ont une drôle de figure dans la pénombre, quand Charlie se réveille pendant la nuit. Est-elle la seule à penser ça ?

 

Sasha s'offusque d'apprendre qu'elle est la sœur d'Alison Carter, comme s'il n'avait pas pu le deviner à leurs visages similaires. Charlie se demande l'intérêt de lever les yeux au ciel lorsqu'on a la tête à l'envers. Elle le fait quand même.

 

— J'ai 13 ans et demi, j'm'appelle Charlie, et oui, c'est important de parler de ça. Y'a plein de détraqués partout j'te signale, donc j'dois être au courant, récite-t-elle avec un air d'avoir entendu ça mille fois, mais aucunement les réflexes associés. Puis ses prunelles deviennent suspicieuses. Est-il un détraqué ? Charlie pince sa bouche jusqu'à se faire nommer "petite soeur trop-gentille" et sourire un peu. Leurs regards s'accrochent car la sorcière n’aperçoit désormais pratiquement plus que ça dans le noir ; les deux orbites brillants du sixième année qui grogne tout bas. On pourrait croire qu'il ronronne. 

 

Docile, elle acquiesce, motivée par sa curiosité sans fin ainsi que l'idée d'être libre et de rejoindre le grand chateau rassurant avec Lord Ribbit. Crôôôah- coasse d'ailleurs encore son ventre alors qu'ils n'entendent plus le crapaud.

 

Sasha Shevchen commence un récit incroyable, habité de monstres et d'un héro dont il prend le rôle, si sûr de lui. Charlie frissonne, sentant soudain l'immensité de la sombre forêt qui les entoure. Elle devient minuscule au coeur d'un monde géant et hanté d'ombres. Est-ce qu'il est un loup-garou ? Elle inventorie les caractéristiques des créatures étudiées en classe et croisées de nombreuses fois dans les contes pour petits sorciers courageux, ou la lecture des carnets de voyages de sa mère, Kate Carter. Mais un loup-garou ne se transforme pas à volonté, et ne décide pas d'attaquer des monstres en particulier.

 

Quand Charlie réfléchit, l'Ukrainien croit qu'elle est sceptique. Nan je-

 

La suite lui cloue le bec. C'est à n'y rien capter, entre les paroles et la gestuelle. La benjamine chute et tombe sur un animal. Sasha n'est plus là. Loin d'un loup-garou hirsute, elle se trouve contre la musculature puissante et le poil court d'un félin qui surveille les alentours sans montrer aucun signe d'agressivité avec elle. Sasha, c'est toi ? chuchote Charlie, à demi-certaine qu'il s'agit de lui. Son coeur tambourine dans le dos du carnassier.

 

Il tourne la tête et elle comprend. 

 

Un animagus ? Elle connaît. Ils en parlent souvent à Poudlard car c'est une compétence mystérieuse et enviable. Normalement ça demande de longues années pour avoir la maîtrise des transformations et les enfants n'y ont qu'un accès limité, sauf en Afrique. 

 

Pas le temps de tergiverser Charlie parce que l'animal bouge. Oh- Elle cramponne d'abord ses omoplates, puis peine à trouver son équilibre sur la fourrure glissante du léopard et se redresse enfin légèrement pour prendre doucement ses oreilles, une barre d'excitation au ventre, les cheveux brouillons. 


Sasha Shevchen , A quelques mètres de la lisière, dans le brouillard, le 27/09/2124

Le félin avait légèrement ployé sous le poids qui avait subitement chuté sur son dos. Il lui fallut quelques secondes pour s'adapter, retrouver son équilibre pour que la petite fille ne glissât pas sur son pelage. Comme un être organique nouvellement créé, après des instants d'inconfort, ils trouvèrent une sorte de synergie : elle avait resserré ses genoux autour de ses reins, et allongé son corps vers l'avant relativement naturellement.

 

A la question de savoir si c'était bien lui, Sasha n'avait pu répondre : une fois transformé, ses mâchoires, sa langue, même sa gorge n'étaient plus pareils et il ne lui était plus possible d'articuler. Même ses pensées étaient différentes ; il comprenait parfaitement, avec un discernement presque plus aigu, ce que disait Charlie.

 

Charlie.

 

C'était un joli prénom. C'était doux quand il l'avait répété dans sa tête, et finalement, c'était sur un détail comme celui-ci qu'il décidait de lui faire confiance.

 

Charlie donc, avait saisi ses oreilles. Par réflexe, il les avait faites frémir, mais finalement il s'habitua à cette drôle de prise. C'était la première fois qu'il portait un humain sur son dos : Charlie était lourde, mais ses muscles les soutenaient bien tous les deux. Certes, il ne pourrait pas sauter aussi loin, ni courir aussi vite, mais quand il avança, ses omoplates roulant entre les bras de la petite fille et ses griffes se plantant stratégiquement pour équilibrer sa prise, il prit une assurance pour aller un peu plus vite. Il sentit Charlie s'accrocher plus fermement, puis plus fermement encore quand il sauta sur la branche inférieure, puis sur la suivante, avec des hoquets parfois de surprise. Les atterrissages étaient certes un peu brutaux, mais Charlie rebondissait sur ses flancs et ils repartaient de plus belle.

 

Tout en bas de l'arbre, les pattes du grand félin s'enfonçaient dans la mousse aux pieds des arbres dans un silence presque absolu. Il louvoyait entre les buissons, grimpait avec aisance sur un rocher sur lequel il s'arrêta quelques instants, le temps de baisser la tête en avant. Son museau humide et frémissant huma la pierre.

 

Le humus, Charlie, la fouine, Charlie, les relents âcres d'un groupe d'insectes, Charlie... et de l'amphibien. Les moustaches de Sasha frémirent.

 

- Raô, fit-il dans un grondement guttural, étrange de profondeur et de discordance avec l'environnement : on aurait dit un bruitage provenant de la jungle là où les bruits de l'Ecosse se cantonnaient aux grillons et au vent dans les feuilles mortes.

 

Evidemment, Charlie ne pouvait pas comprendre. Elle empestait, brouillant ses pistes olfactives avec ses odeurs de shampooing, de peau humaine, et toutes les touches qu'elle apportait avec elle, y compris celle de graisses provenant du dîner de Poudlard et même quelqu'odeur qui lui rappelait Alison. Mais il pouvait quand même discerner l'odeur de Ribbit qui était passé par là.

 

La baguette, elle, fut très simple à trouver. Elle avait roulé au bord de la rivière, là où les odeurs les avaient amenés, et Sasha se baissa pour que Charlie pût tendre la main et l'attraper sans glisser. Il en profita pour s'allonger quelques instants, pour reposer ses pattes un peu endoloris par l'effort inhabituelle. Puis il étira soudain sa mâchoire dans un grand bâillement, dévoilant une longue série de crocs pointus, sa longue langue passant rapidement ensuite sur ses babines avant de retrouver une expression plus calme.

 

- Raaaaô.

 

Il se redressa lorsqu'elle eût récupéré sa baguette, puis ils avancèrent encore, le long de l'eau. C'était par là que l'odeur s'en allait. Ribbit avait dû être attiré par l'eau. Il étaiit vraisemblablement dissimulé quelque part sous un buisson, terrorisé par les malheureuses aventures qu'il avait vécu. Aussi Sasha prenait-il son temps : il approchait son museau des plantes, reniflant ici et là, poussant parfois un gros soupir qui, vu sa cage thoracique énorme, provoquait un souffle chaud et grave qui soulevait les feuilles mortes. Ils déambulèrent ainsi longuement, et Sasha ne réfléchissait plus vraiment, porté par son esprit animal - dans lequel Poudlard s'effaçait peu à peu, ainsi que tous les soucis du château et des nouvelles du front qui venaient au compte-goutte.

Quelques insectes fuyaient à leur approche, et d'autres amphibiens plongeaient dans l'eau avec de discrets plouf! qui résonnaient à leurs oreilles. Le son du vent chuintait aux oreilles du félin, d'une manière si différente de lorsqu'il était sous sa forme humaine qu'il avait l'impression que les bourrasques étaient chargés de chuchotements.

D'autres chuintements provenaient d'ici et là, des ultrasons qu'il ne percevait que sous cette forme. D'ailleurs, qu'entendait-il ?

 

Il releva subitement la tête.

 

Oublié, Seigneur Kvakva, quelque chose de beaucoup plus intéressant était à portée.

Sasha avança en baissant le dos, presque à ras du sol. Contourna rapidement un tronc malgré la charge inconvenante de Charlie sur son dos, puis il s'immobilisa. Un rongeur passa si vite qu'il n'eut que le temps d'abattre un patte - sur la terre. Le lapin fila devant eux, indemne. En une impulsion, Sasha s'élança à sa suite, emportant avec lui tout son poids qui retomba avec lourdeur devant un arbre - juste en dessous, la queue du lapin venait de disparaître dans son terrier. Le félin plongea le museau dedans - l'odeur, AH, L'ODEUR ! Et les petits couinements tout au fond !

Il ressortit le museau, y inséra sa patte. Ses griffes mordirent la terre, sans succès.

 

- RRRRRrrrrrrrrrrrrrr... gronda-t-il, mâchoire fermée.


Charlie Carter , A quelques mètres de la lisière, dans le brouillard, le 27/09/2124

Une étrange osmose opère entre Charlie et la forme animale de Sasha. C'est la première fois qu'elle croise une panthère, mais la sorcière ressent rarement de la peur envers les créatures du monde qui l'entoure. D'ailleurs, son culte de la faune en tout genre est tel qu'elle est devenue végétarienne à 4 ans, refusant catégoriquement d'avaler ce qui avait auparavant un coeur, courait dans l'herbe, ou nageait sous l'eau. Une "lubie alimentaire" associée par ses proches au départ de sa mère, et scrupuleusement suivie par Charlie.

 

Juchée sur le dos du prédateur, elle a l'impression qu'il sort d'un des rêves étranges que provoquent les philtres de paix. Le rythme lent et feutré de Sasha berce l'étudiante qui surveille le sol humide à la recherche du crapaud, s'imprégnant petit à petit des mouvements de son guide. Il n'y a qu'elle pour confier sa vie à un Ukrainien animagus réputé incontrôlable et tout droit sorti de la guerre.

 

De nombreux chuchotement parcourent l'école à propos des élèves venus de l'Est. Qu'ils ont vu la mort, qu'ils ont même certainement tué des gens et qu'ils peuvent attaquer sous le coup de l'impulsion, car ils sont traumatisés. C'est vrai qu'ils ont le regard froid, qu'ils restent dans leur coin, et qu'ils oublient souvent les bonnes manières. Charlie voit au-delà.

 

Elle ne quitte plus le léopard, sa baguette rangée au fond de sa robe d'écolière, et ses prunelles balayant les abords de la rivière pour trouver Ribbit. J'sais qu'on peut pas, mais ce s'rait cool que tu viennes attaquer les monstres de mes cauchemars, murmure la jeune fille, inconsciente que Sasha comprend à peine ce qu'elle dit, et qu'ils s'éloignent tous les deux du chateau à cause des instincts primitifs de l'animal. Crôôôah- gargouille encore son ventre en s'ajoutant aux autres bruits de la forêt interdite, jamais entièrement endormie. À mesure que la végétation devient hostile et serrée, et la brume sombre, Charlie se cramponne à Sasha.

 

Comme la plupart des gosses nés-sorciers, elle rêvasse souvent d'être animagus, sans réaliser vraiment les sacrifices d'une métamorphose. La rousse s'imagine avec deux longues oreilles douces et un pompon frétillant, en joli lapin sauvage des Highlands. Devant son assiette de légumes, elle secoue parfois le bout de son nez pour imiter le rongeur en riant. Soudain, le comportement du félin interrompt ses pensées. 

 

Secouée, Charlie se souvient subitement qu'ils sont au coeur de la forêt interdite. Mais au lieu de croiser la silhouette d'un serpent immense, ils poursuivent... un lapin !

 

Elle bondit entre le terrier et les crocs puissants de la panthère, des larmes aux yeux, la poitrine battante. NON ! LE TUE PAS ! ARRÊTE SASHA ! Incapable de se résoudre à voir le carnassier dévorer un lapin sous son regard, Charlie préfère se mettre en danger et lui bloquer le passage, horrifiée elle-même par la situation dans laquelle elle vient de plonger. Son corps palpitant bouche l'entrée du terrier alors qu'elle redoute la réaction du prédateur sans remarquer l'arrivée discrète d'une gigantesque Acromentule au-dessus d'eux. 

 

Tandis qu'elle essaye de sortir sa baguette, celle-ci reste bloquée au milieu du tissu emmêlé de ses vêtements. Coincée, la pré-adolescente pleurniche, trop fatiguée cette fois pour tenter de prendre une meilleure décision que d'affronter l'animosité de la forêt interdite qui a décidé de l'avaler. Sasha, redevient Sasha, s'te plaît !


Sasha Shevchen , A quelques mètres de la lisière, dans le brouillard, le 27/09/2124

La réalité était confuse, et pourtant parfaitement claire : l'odeur du lapin était forte, il y avait peut-être même plusieurs petits au fond de ce terrier : il le devinait par la chaleur des effluves qui en émanaient, par cette odeur musquée qui se mélangeait à la fragrance des feuilles mortes humides qu'il écrasait sous ses grosses pattes. Mais au-delà de l'excitation que provoquaient en lui toutes ces senteurs alléchantes, il entendait les cris étranges qui venaient d'au-dessus de lui : Arrête Sasha. Sasha. Redeviens Sasha.

 

Mais il était parfaitement Sasha, protestait son esprit : ces grosses pattes velues striées de cicatrices noires, ces griffes qui se plantaient dans la terre et la balafraient, ce grondement guttural qui faisait vibrer tout son corps, c'était bien Sasha.

 

Il savait pourtant ce que Charlie voulait dire : elle voulait la version humaine, que ses griffes meurtrières se rétractent, que ses dents rétrécissent, que sa colonne se rigidifie et que sa queue disparaisse.

 

Alors, quand elle tomba devant lui, à contrecoeur, il s'exécuta. Le grondement du fond de ses entrailles devint moins intense, et son corps vêtu d'un jean et d'une chemise épaisse et humide, apparut subitement sous dans un pull à fermerture éclair restée ouverte qui tinta quand il bougea. Ses mains aux ongles incrustés de terre se dégagèrent tandis qu'il émettait un soupir. Son jean était trempé aux genoux et il accusa un instant les douleurs qu'avait laissé pendant plusieurs longues minutes le poids d'une gamine de 13 ans et demi sur son dos.

Pendant quelques instants, son esprit ne retrouva pas tout de suite le chemin des mots. Les odeurs alléchantes s'évanouissaient, et il cherchait à ne pas les perdre - pourtant elles disparurent, comme de l'eau qu'il aurait voulu tenir entre ses doigts. Sa vision s'assombrit - soudain il réalisa qu'ils étaient dans une nuit épaisse. La brume n'était plus un écran gris, mais un écran noir opaque, qui les enveloppait au pied d'un arbre mort, sinistre. Que fichait-il là avec une enfant ? Ils étaient partis beaucoup trop loin.

 

- Blyad, croassa-t-il, la voix enrouée, et il jeta à Charlie un regard hagard en basculant sur son séant.

 

Bizarrement, il pensa à sa mère, qui l'aurait grondé d'avoir émis un tel juron. Avec l'humidité qui avait imprégné une partie de ses vêtements, le froid lui mordait soudain les membres et il frissonna. Pauvre gamine, où l'avait-il emmenée ?

 

- Quoi ? 

Les mots de Charlie faisaient enfin à peu près sens. Elle avait posé une question, un peu plus tôt. C'était entré dans son esprit sans qu'il avait pu y répondre. Il se passa une main sur le visage, qu'il frotta un peu sèchement, comme pour se faire violence. 

 

- Les monstres des cauchemars, il se souvint soudain et il ramena ses jambes sous lui, prêt à se relever. Ca m'connaît, figure-toi.

 

C'était bien qu'il lui parlât d'autre chose que de cette foutue nuit qui ne lui inspirait soudain rien qui vaille. Si elle n'était pas en mesure de se rendre compte du danger dans lequel ils se trouvaient, autant continuer à parler comme si de rien n'était. Pour l'occuper, elle. Et peut-être lui, aussi.

 

- T'auras qu'à penser que t'as un léopard dans tes cauchemars pour te défendre, ok ?

 

Mais à la place de la réponse de Charlie, cli-clic, entendirent-ils discrètement.

 

Sasha se figea. Il leva lentement les yeux, et ils purent voir le bout d'une patte pointue et velue qui se posait sur le tronc au-dessus.

 

Oups. Une Acromentule.

 

Une autre patte s'allongea pour approcher, et bientôt ils virent le début d'une tête d'arachnée. Immense. Elle était pourvue de deux grosses mandibules noires et frémissantes, de quatre yeux dont deux plus gros que les autres, parfaitement lisses et sans pupille : pourtant Sasha eut la certitude que les quatre yeux les fixaient intensément. Le garçon déglutit, et il se leva doucement pour faire disparaître Charlie sous lui. Elle se retrouva bloquée sous ses vêtements humides - et légèrement transpirants, mais au moins, elle était protégée par son corps. Charlie gémissait. De fatigue, de protestation ou de terreur, il ne savait pas : lui-même ne pouvait détacher ses yeux de l'insecte immense. Beaucoup trop immense.

 

Allons, ce n'était qu'une bête, comme une autre. Mais même en léopard, la taille de cette araignée l'aurait effrayé. Il ne se serait jamais aventuré à attaquer une créature trois ou quatre fois plus grosse que lui comme celle-ci - surtout sans l'appel d'un sang juteux entre ses crocs comme récompense à la clé.

Une drôle de langueur s'était emparée de lui, mais il se cramponna contre l'arbre et Charlie pour qu'elle n'eût pas l'idée de s'enfuir - déclenchant alors certainement l'instinct de chasseuse de l'acromentule. De son autre main libre, il parvint à retrouver sa baguette. Il suffisait de la manipuler, comme la chouette. Mais elle était bien plus grosse qu'une chouette.

 

- B-bestia Domitus, s'entendit-il dire d'une voix blanche. 

 

De la pointe de sa baguette s'échappa un fin jet de vapeur, qui frappa la tête de l'acromentule de plein fouet. Elle eut un mouvement de recul, ses pattes tintèrent, désordonnées, quand elle bougea sous la confusion. Mais bientôt, elle sembla retrouver ses esprits. 

 

AIors, elle continua vers eux sa descente, indifférente au sort qu'il avait essayé de jeter. Sasha esquissa un geste pour s'extirper, mais trop tard : l'acromentule fit un mouvement de balancier avec son corps et envoyer vers eux un large filet visqueux, plein de filaments blancs qui les englua tous les deux contre l'arbre, incapables de bouger. 

 

 


Système

Maître du Jeu

Maître du Jeu , A quelques mètres de la lisière, dans le brouillard, le 27/09/2124

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège utilisé : Bestia Domitus (Sortilège de Domestication)

Difficulté du sortilège : 8

Modificateur de baguette : + 1

Résultat du dé : 5 (5+0)

Échec :

- B-bestia Domitus, s'entendit-il dire d'une voix blanche. 

 

De la pointe de sa baguette s'échappa un fin jet de vapeur, qui frappa la tête de l'acromentule de plein fouet. Elle eut un mouvement de recul, ses pattes tintèrent, désordonnées, quand elle bougea sous la confusion. Mais bientôt, elle sembla retrouver ses esprits. 

 

AIors, elle continua vers eux sa descente, indifférente au sort qu'il avait essayé de jeter. Sasha esquissa un geste pour s'extirper, mais trop tard : l'acromentule fit un mouvement de balancier avec son corps et envoyer vers eux un large filet visqueux, plein de filaments blancs qui les englua tous les deux l'un contre l'autre, incapables de bouger. 

Autres résultats possibles
Réussite critique :

- Bestia Domitus, s'entendit-il dire d'une voix blanche. 

 

De la pointe de sa baguette s'échappa un fin jet de vapeur, qui frappa la tête de l'acromentule de plein fouet. Elle eut un mouvement de recul, ses pattes tintèrent, désordonnées, quand elle bougea sous la confusion. Et puis, avec docilité, elle descendit de son perchoir, pour se poser à côté d'eux. Un long filament blanc se déposait contre le tronc, visqueux et élégant simultanément. Sasha repoussa Charlie pour éviter qu'ils fussent pris dedans.




Réussite :

- B-bestia Domitus, s'entendit-il dire d'une voix blanche. 

 

De la pointe de sa baguette s'échappa un fin jet de vapeur, qui frappa la tête de l'acromentule de plein fouet. Elle eut un mouvement de recul, ses pattes tintèrent, désordonnées, quand elle bougea sous la confusion. Et puis,subitement, elle s'enfuit - déposant derrière elle un long filament blanc, à la fois élégant et visqueux, qui retomba sur eux deux en les emprisonnant à demi l'un contre l'autre. 

 

- Eurr... gémit Sasha, dégoûté, en essayant de lever le bras qui emprisonnait Charlie. 




Échec critique :

- B-bestia Domitus, s'entendit-il dire d'une voix blanche. 

 

De la pointe de sa baguette s'échappa un fin jet de vapeur, qui frappa la tête de l'acromentule de plein fouet. Elle eut un mouvement de recul, ses pattes tintèrent, désordonnées, quand elle bougea sous la confusion. Mais bientôt, elle sembla retrouver ses esprits : elle émit un sifflement aigu, et crachota de fureur. 

 

Alors, brutalement, elle envoya une patte pointue sur Sasha. Le crochet se planta durement dans son dos et il glapit de douleur. L'instant suivant, elle arrachait son arme, déchirant les vêtements et la peau, et une gerbe de sang éclaboussa le visage de Charlie. 

 

Sasha se sentait tout engourdi. Il serra les dents, la douleur lui lacérant le dos. Etait-ce venimeux ? Il resserra sa prise autour de Charlie, à cause de cet instinct étrange qui lui disait que si elle fuyait, l'acromentule se jetterait à sa poursuite. 

 

- N... ne bouge... pas.





Charlie Carter , A quelques mètres de la lisière, dans le brouillard, le 27/09/2124

Les rumeurs concernant la forêt interdite ne mentent pas. Ceux qui prétendent y avoir fait un tour en cachette une nuit ou l'autre décrivent des créatures difformes, attirées par la chair fraîche des jeunes sorciers. Charlie regrette d'avoir bravé l'interdit toute seule pour retrouver Ribbit.

 

Sans crapaud et sans visibilité sur le chateau, elle continue de pleurnicher faiblement, même quand Sasha redevient lui-même et tente d'avoir un contrôle sur ses cauchemars. À cet instant, Charlie aimerait être au fond de son lit en plein cauchemar, justement. Secouée d'un hoquet d'effroi, elle lève la tête au cliquetis. Oh non, une Acromentule. Ses yeux s'ouvrent, ronds de terreur, les jambes molles tandis que Sasha la plonge sous ses vêtements. Oh non, grince-t-elle tout bas, persuadée qu'ils vont se faire dévorer par la créature gigantesque décrite dans les livres comme impitoyable.

 

Des gouttes de sueur froide perlent sur son front collé à la moiteur du sixième année. Elle rate plusieurs battements cardiaques en l'entendant formuler vaguement un sortilège tandis qu'il l'écrase entre lui et l'arbre à l'écorce épaisse et rugueuse. Charlie geint, étouffée, terrifiée. 

 

Un craquement de branches et un sifflement la font plisser des paupières, les poings serrés contre la peau de l'Ukrainien. Ils vont mourir ici, n'est-ce pas ? Sasha... L'étudiante en troisième année tente d'apercevoir quelque-chose en haut, mais rien. De côté non plus. Elle baisse son regard et fixe leurs jambes dont l'extrémité disparaît dans la brume sombre. Un réflexe de survie la saisit brusquement et Charlie se laisse fondre vers le sol humide, protégée du filet collant grâce aux vêtements de Sasha et sa robe à travers laquelle elle glisse pour s’aplatir sous une racine. 

 

La respiration saccadée, l'urgence au coeur, la Serdaigle tend son bras et récupère sa baguette tombée parmi les feuilles boueuses qu'elle pointe en direction de l'endroit où se trouvait l'Acromentule quelques secondes avant.

 

— Immobulus, tente Charlie, consciente de l'énergie nécessaire pour stopper une créature aussi grosse normalement. Le sortilège ralentit seulement la créature qui continue de descendre à un rythme très lent. Épuisée, elle espère que Sasha saura prendre le relai.


Système

Maître du Jeu

Maître du Jeu , A quelques mètres de la lisière, dans le brouillard, le 27/09/2124

Charlie Carter a lancé un sortilège !

Sortilège utilisé : Immobulus (Sortilège d'Immobilisation)

Difficulté du sortilège : 6

Modificateur de baguette : 0

Résultat du dé : 12 (12+0)

Réussite :

— Immobulus, tente Charlie, consciente de l'énergie nécessaire pour stopper une créature aussi grosse normalement. Le sortilège ralentit seulement la créature qui continue de descendre à un rythme très lent. Épuisée, elle espère que Sasha saura prendre le relai.

Autres résultats possibles
Réussite critique :

— Immobulus, prononce-t-elle scolairement, soudain vidée de son énergie quand le sortilège fonctionne parfaitement bien et stoppe aussitôt la gigantesque créature en pleine progression. Sonnée, Charlie perd connaissance, trop inexpérimentée normalement pour déployer autant de Magie. 




Échec :

— Immobulus, murmure Charlie, envoyant un sortilège qui distrait la créature trois à quatre secondes sans vraiment réussir à la stopper. Soudain un lapereau s'échappe du terrier suivi par deux autres, et attirent l'attention de l'Acromentule qui tente de leur lancer sa toile. Oh non ! L'étudiante se jette à la poursuite des lapins qu'elle espère sauver.




Échec critique :

— Immobulus, murmure Charlie sans réussir à viser correctement, ni à mettre l'intention nécessaire au bon fonctionnement du sortilège. Soudain un lapereau s'échappe du terrier suivi par deux autres, et attirent l'attention de l'Acromentule qui tente de leur lancer sa toile. Oh non ! L'étudiante se jette à la poursuite des lapins qu'elle espère sauver.





Sasha Shevchen , A quelques mètres de la lisière, dans le brouillard, le 27/09/2124

Sasha avait senti la masse de Charlie disparaître entre lui et le tronc, lui laissant légèrement plus d'espace. Un moment, il paniqua légèrement : elle allait s'enfuir ! Il aurait voulu la retenir, mais ses bras et son torse étaient coincés dans la toile.

 

- Charlie ! glapit-il à voix basse, persuadé que la fin de la petite fille était proche si elle s'enfuyait.

 

Mais la petite fille était rudement intelligente : non seulement elle s'était glissée hors de sa robe pour s'échapper de sa prison, mais en plus elle trouva un sortilège à sa portée pour tâcher de ralentir la bête. Sasha jura à voix basse. Il fallait qu'il prît le relais. Et si Charlie avait pu se libérer en se glissant dans ses vêtements...

 

Sasha s'accroupit en gigotant, faisant des efforts pour se désolidariser de ses propres vêtements. A demi-humide, ils lui collaient chaudement à la peau, mais il parvint à glisser sur ses genoux, laissant au-dessus de lui son pull et sa chemise. Il tomba à quatre pattes à côté de la petite fille épuisée, torse nu. Il lui sembla que le froid dévorait sa peau humide et un frisson parcourut son dos. Sasha était musclé, mais tout comme ses mains, sa poitrine, son dos et ses épaules étaient par endroits striées de longues lacérations noires et anciennes, mal cicatrisées. Mais à cet instant, ça n'avait aucune importance : si Charlie mourait dans la Forêt Interdite, les agents du château auraient tôt fait de retrouver... leurs vêtements ensemble. Qu'est-ce qu'ils allaient s'imaginer ? Il faudrait revenir nettoyer ça, songea-t-il étrangement, comme pour se détourner, avec ces considérations techniques, du vrai danger qui aurait paralysé sa pensée autrement.

 

- Charlie, accroche-toi. Accroche-toi à moi, ok ?

 

Au-dessus, la créature avançait au ralenti, savamment influencée par le sortilège lancé par la petite fille. Sasha jeta un coup d'oeil vers elle, et constata avec une boule au ventre qu'elle avait ses quatre yeux fixés sur sa toile qui bougeait encore légèrement quand lui-même se mouvait, son jean encore à demi-accroché. Quand ils sortiraient, l'Acromentule aurait deux choix : les poursuivre, ou bien capturer ce qu'elle penserait être dans la toile, à savoir un tas de vêtements. Or, Sasha était suffisamment dans la peau d'un chasseur pour savoir que ce qui l'attirerait, ce serait ce qui gigoterait le plus : il faudrait donc dissimuler leur propre mouvement... Et au contraire activer celui de la toile. Sasha resserra ses doigts sur sa baguette, prêt à agir, mais Charlie n'avait pas bougé.

 

- Charlie ?

 

Il fut obligé de la secouer avec un peu de fermeté, comme il la voyait étrangement fermer les yeux. Blyad, le sortilège avait dû l'épuiser au point qu'elle frôlat l'inconscient. Il secoua son épaule un peu plus fort encore.

 

- Charlie ! Accroche-toi vite ! la pressa-t-il.

 

Sasha la prit contre lui, contre son torse, priant pour qu'elle eût le réflexe de le prendre dans ses bras. Enfin, il sentit les doigts froids de Charlie se croiser dans son dos, et ses jambes s'arrimer à ses hanches. Alors, il agita sa baguette, pour jouer leur dernière chance d'échapper au prédateur.

 

Il attrapa son pull pour le secouer vivement un instant, tandis que de son autre main, il agita sa baguette.

 

- Atramento !

 

 

De la baguette de Sasha jaillit un nuage d'encre épais, sous lequel ils se glissèrent, en même temps que le pull de Sasha tremblotait encore dans la toile, captivant suffisamment l'attention de l'Acromentule. 

 

Alors, dissimulé dans les ombres, Charlie sentit la peau de Sasha se garnir de son pelage, son torse s'arrondir, son cou s'épaissir... La toile de l'araignée colla un peu à la jambe de Sasha tandis qu'il se transformait, et il y laissa une touffe de poils en s'en arrachant.

 

Alors, ils jaillirent hors de leur cachette pour détaler dans la nuit.

 

 

L'instinct de survie du léopard reprit immédiatement le dessus. L'adrénaline inonda ses veines, et son acuité visuelle et olfactive l'orientèrent immédiatement vers le chemin qu'ils avaient pris pour venir ici. Sasha galopa ventre à terre, en prenant garde à ne pas trop frôler le sol pour ne pas que Charlie fusse percutée par une racine, même si le voyage devait être rude pour elle.

 

Lancé à pleine allure, il ne lui fallut que quelques minutes pour atteindre la lisière. Soudain, la brume parsemée d'arbres et de buissons laissa place à la brume sans obstacle, et sous ses pattes griffues défilait l'herbe verte du parc. Bientôt, ils atteindraient l'allée de gravillons, mais...

 

- Raowhrrk !

 

Il trébucha avec un couinement, car Charlie venait de le lâcher, probablement d'épuisement. Il roula lui-même dans la terre, s'empressa de faire demi-tour pour revenir près d'elle. Il dérapa dans l'herbe - et instantanément reprit sa forme humaine.

 

Encore une fois, l'obscurité, les sens désorientés, le froid qui lui mordit la peau. Il avait le souffle court.

 

- Charlie !

 

Elle chouinait.

 

- Charlie, on y est presque. Viens. Viens là.

 

Il la reprit dans ses bras, s'efforça de la remettre debout. Elle chancelait, alors il la souleva de terre pour la tenir contre lui. Son propre coeur battait douloureusement à ses tempes, le pressant d'échapper encore au danger même s'il devait être loin, maintenant. Au moins, elle lui tenait chaud. Sa peau à nue le transirait de froid s'ils restaient ici. Les températures nocturnes frôlaient le négatif.

Alors il se remit à trotter, avec cette lenteur terrible de ses jambes humaines, pour atteindre l'allée de gravillons, et bientôt, ses pieds gravirent les escaliers de pierre. Mais Charlie était lourde, et lui-même venait de se fatiguer terriblement à cause de ce sprint chargé. La tête lui tournait. Alors il reposa la petite fille sur les marches, le temps de reprendre son souffle. Des appliques de part et d'autre de la grosse porte en bois surmontaient des bougies magiques qui jetaient des lueurs orange, les éclairant enfin un peu, eux et la brume, d'une lumière diffuse.

 

- On y est, glapit-il entre deux respirations sifflantes. Tu vas pouvoir rentrer jusqu'à ta salle commune, Charlie ? Ou je te ramène ?

 

S'ils croisaient quelqu'un, il était dans la merde. Gravement. Mais il n'avait plus l'énergie que de les traîner jusqu'à leurs dortoirs respectifs, certainement pas de lancer de nouveaux sortilèges. Mais il était probablement aussi perdu qu'elle. Il s'agissait juste de ne pas le montrer, pour ne pas l'effrayer davantage.

 

- Charlie ?

 

Elle tremblait. Elle avait les larmes aux yeux. Il ne savait pas quoi faire, et la culpabilité lui nouait l'estomac. Il déglutit. Il tremblait aussi, de froid. Alors il appliqua ses mains sur les épaules de la gamine, pour les lui frotter un peu, dans l'espoir de la réchauffer.

 

- Ca va aller, Charlie. On retournera trouver ton crapaud quand il fera jour. Ok ?

 

Il s'accroupit pour être à sa hauteur, sur la marche inférieure à celle sur laquelle elle s'était retrouvée assise, inconscient de sa propre apparence - des feuilles dans les cheveux, son torse abimé de ces lacérations noires et disgracieuses - probablement repoussante. Ses yeux, étrangement, étaient exactement ceux de la panthère : des pupilles rondes et vertes comme les feuilles qui fonçaient à l'automne.

 

- Charlie, il faut que ça reste notre secret, d'accord ? Personne nous croira, et on sera punis tous les deux très sévèrement si quelqu'un sait qu'on a été dans la forêt. Tu diras rien, ok ? 

 

Il déglutit, cligna de ses yeux épuisés.

 

- Charlie... ? 


Système

Maître du Jeu

Maître du Jeu , A quelques mètres de la lisière, dans le brouillard, le 27/09/2124

Sasha Shevchen a lancé un sortilège !

Sortilège utilisé : Atramento (Sortilège du Nuage d'Encre)

Difficulté du sortilège : 6

Modificateur de baguette : + 2

Résultat du dé : 6 (4+2)

Réussite :

De la baguette de Sasha jaillit un nuage d'encre épais, sous lequel ils se glissèrent, en même temps que le pull de Sasha tremblotait encore dans la toile, captivant suffisamment l'attention de l'Acromentule. 

 

Alors, dissimulé dans les ombres, Charlie sentit la peau de Sasha se garnir de son pelage, son torse s'arrondir, son cou s'épaissir... La toile de l'araignée colla un peu à la jambe de Sasha tandis qu'il se transformait, et il y laissa une touffe de poils en s'en arrachant.

 

Alors, ils jaillirent hors de leur cachette pour détaler dans la nuit.

Autres résultats possibles
Réussite critique :

De la baguette de Sasha jaillit un nuage d'encre épais, sous lequel ils se glissèrent, en même temps que le pull de Sasha tremblotait encore dans la toile, captivant entièrement l'attention de l'Acromentule. 

 

Alors, dissimulé dans les ombres, Charlie sentit la peau de Sasha se garnir de son pelage, son torse s'arrondir, son cou s'épaissir... 

 

Et ils jaillirent hors de leur cachette pour détaler dans la nuit.




Échec :

De la baguette de Sasha jaillit un nuage d'encre trop pauvre pour les dissimuler, mais le pull de Sasha tremblotait encore dans la toile, captivant suffisamment l'attention de l'Acromentule. 

 

Alors, Charlie sentit la peau de Sasha se garnir de son pelage, son torse s'arrondir, son cou s'épaissir... La toile de l'araignée colla un peu à la jambe de Sasha tandis qu'il se transformait, et il y laissa une touffe de poils en s'en arrachant.

 

Alors, ils jaillirent hors de leur cachette pour détaler dans la nuit. L'acromentule se mit à les poursuivre, mais Sasha était trop rapide.




Échec critique :

De la baguette de Sasha jaillit un nuage d'encre trop pauvre pour les dissimuler, et le pull de Sasha qui tremblotait encore dans la toile, ne captivait pas suffisamment l'attention de l'Acromentule. 

 

Alors, Charlie sentit la peau de Sasha se garnir de son pelage, son torse s'arrondir, son cou s'épaissir... La toile de l'araignée colla un peu à la jambe de Sasha tandis qu'il se transformait, et il y laissa une touffe de poils en s'en arrachant.

 

Et, quand ils jaillirent hors de leur cachette, l'acromentule abattit le crochet de l'une de ses pattes dans le dos de Sasha. Il émit un jappement de douleur, mais il s'en dégagea pour détaler dans la nuit, Charlie sous lui.





Charlie Carter , A quelques mètres de la lisière, dans le brouillard, le 27/09/2124

Charlie trouve ses dernières forces dans l'adrénaline qui tambourine à son coeur et contracte ses bras et ses jambes autour de Sasha tandis qu'il s'élance, transformé en panthère. Ballottée comme un sac à l'interclasse, elle ferme les yeux, totalement résignée à laisser l'élève ukrainien de sixième année les sortir de cette forêt trop sombre, lui qui en chasse habituellement les monstres. Ses pensées vont au rythme des foulées du félin : s'a-ccro-cher, s'a-ccro-cher, s'a-ccro-cher, s'a-ccro-cher, quand bien même il la bouscule entre ses pattes puissantes. Des larmes d'épuisement et de terreur coulent dans la fourrure de l'animal. Elle ne tiendra plus longtemps. Elle va tomber, les muscles engourdis, l'esprit qui s'enfuit.

 

Soudain le contact du sol la réveille douloureusement. Charlie chouine, perdue et fatiguée. Elle s'agrippe encore à Sasha. Il la porte comme son père le fait souvent quand il rentre de voyage et la soulève dans ses bras forts. Les prunelles de l'étudiante fixent mollement la forêt qui s'éloigne à mesure qu'ils s'approchent du chateau.

 

Posée sur la marche froide d'escalier, elle se couvre de ses bras, la chemise moite de sueurs froides, le sous-pull technique OCQ poussé à ses limites. En face d'elle, Charlie remarque l'état misérable de Sasha, ses cicatrices noires attirant son œil hagard alors qu'il est torse-nu et sale. L'image se grave dans sa mémoire, avec celle du léopard, et la sorcière prend un temps interminable à entendre les mots distants de Sasha. Elle essaye de parler mais racle d'abord sa gorge sèche et expire le reste d'un sanglot muet. J'veux pas y retourner. Grelottante, elle renifle et s'essuie le visage sans réussir à calmer ses pleurs.

 

— Lord Ribbit va mourir à cause de moi ! Charlie imagine son petit crapaud terrifié sous un buisson de la forêt interdite, coassant désespérément pour appeler à l'aide. Ça lui fend le coeur. Elle ne mérite pas de s'occuper d'un animal. Elle est une très mauvaise mère. Il va croire que j'l'ai abandonné ! La jeune Carter semble inconsolable, déchirée à l'idée de laisser son amphibien passer la nuit dans cet endroit maudit. Elle cramponne aux iris verts de Sasha un regard noyé de tristesse, opinant tout de même à ses dernières recommandation. J'dirai rien, promis.

 

Loin de réaliser que demain elle se rendra compte qu'il lui manque sa robe d'écolière, qu'elle devra user de sortilèges pour réparer ses vêtements et qu'elle n'aura pas la gentille infirmière pour soigner ses blessures, Charlie acquiesce docilement. Attirer des ennuis au Gryffondor qui protège Poudlard serait pire encore que devoir expliquer à ses sœurs qu'elle cherchait juste son crapaud.  

 

Elle renifle une deuxième fois, sursaute au gong de la grande horloge et murmure quelques mots à l'intention de l'adolescent. Merci de m'avoir aidée. Sa paume fraîche se pose entre les sourcils batailleurs de l'Ukrainien, comme on caresse un chat. Elle remonte vers les cheveux en bataille du garçon et ajoute, à voix basse. J'dirai rien, mais tu promets de pas laisser Alison faire des choses que notre père aimerait pas qu'elle fasse. S'te plaît Sasha. Les phalanges boueuses de Charlie se retirent avec douceur tandis qu'elle se redresse et rajuste sa jupe ainsi que ses chaussettes du mieux qu'elle peut.

 

— Rentre bien à ta salle commune. Alors la rousse se tourne pour gravir les dernières marches et passer les lourdes portes en direction de l'aile Ouest, espérant intérieurement que l'énigme du heurtoir sera facile cette nuit. 

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