Harry Potter RPG

Liste des messages de Elliot Blackburn

Elliot Blackburn

Homme

25 ans

Né-moldu

Britannique

De plumes et d'encre

Message publié le 04/08/2025 à 14:52

Enfoncé dans l'fond de son canapé, le regard d'Elliot balaye les cadavres de bouteilles éparpillés dans tout l'appartement. La plupart des gens se sont tirés. Certains sont encore étalés ici et là. Il est l'seul réveillé. Il termine son verre d'une traite et le repose bruyamment contre la table basse. La nana planquée contre lui s'étire à moitié mais s'contente de se retourner sans faire mine d'ouvrir un œil. Il est pas certain d'où elle a débarqué là. Encore moins d'son nom. Juste qu'il voulait la pécho, pis que c'était bien parti avant qu'elle se décide à tomber comme une masse au milieu d'son salon.

Reste personne d'autre.

Une main s'enfonce dans le pli du canapé, et il en extirpe mollement sa baguette magique pour balancer un tempus. C'est même plus l'matin. C'est tellement plus l'matin qu'il est en retard. Putain.  Pas à un genre d'évènement qui s'annule. Pas non plus l'genre où il peut juste oublier d'se pointer. Techniquement il pourrait demander à s'faire remplacer. Ça s'fait. Ça s'est fait une fois. L'truc c'est qu'Elliot aime pas vraiment l'idée que quiconque l'incarne où qu'ce soit. L'polynectar a ses limites. Faut qu'il se bouge. Redressé du canapé d'un mouvement las, il s'étire en matant autour de lui sans trop savoir ce qu'il cherche.

Tout lui prend des plombes. Il a carrément pas décuvé, et la douche y fait rien. La nana s'est réveillée quelque part pendant qu'il faisait ses allers retours et a pris la tangente sans demander son reste. Quitte à être arraché, Elliot se ressert un verre de pur-feu qu'il s'envoie d'une traite, juste histoire de se donner un coup de fouet. Il a fait zéro effort. Un jogging de marque enfoncé dans des chaussettes noires. Une énorme veste aux couleurs des Catapultes sans rien dessous. Les cheveux à moitié en bordel. Des lunettes de soleil enfoncées sur le nez pour cacher des yeux éclatés.

C'est plus du retard à ce stade. Il a envie d's'en taper. Mais comme tous les évènements où il sait qu'il va croiser Freya, il reste incapable de s'en taper. Il a pris soin d'esquiver le centre d'entrainement chaque fois qu'il a su qu'elle risquait de s'y pointer. C'est simple, il l'a plus revu depuis l'jour où il est venu à la boutique récupéré son balai. Pas faute d'avoir envie. Mais retrouver un semblant d'proximité pour se faire recaler dans la foulée lui a suffit à s'dire qu'il valait mieux tenir ses distances. Freya Carter est pas le genre de fille avec laquelle il pourrait être juste pote. Pas l'genre de fille avec laquelle il pourrait jouer.

Nan, Freya c'est l'genre de fille qu'il a envie d'savoir heureuse sans en être forcément témoin.

Elliot croise brièvement son reflet dans l'miroir. Se recoiffe vaguement. Se foire sur la moitié de ses illusions avant d'quitter l'appartement. Sa capuche rabattue sur la tête, les mains enfoncées dans les poches, il est plutôt confiant que personne ira le reconnaitre malgré tout. Faudrait déjà que y ait des gens qui sachent où chercher, en plus de le calculer au milieu d'une foule sapée plus ou moins comme lui. Son balai est déjà sur place. Bien gardé par un Jarvis qui doit être sur le point de péter un boulon. Elliot presse pas le pas pour autant. Il traverse Londres de sa démarche un peu arquée, un peu paumée.

Ça lui prend trente minutes de rejoindre l'entrée. Trente autres de convaincre la sécurité de le laisser passer. Visiblement engagée sur le tas, aucun n'a l'moindre rapport de près ou de loin avec le monde de Quidditch, et n'ont pas la moindre foutue idée de qui il est. Quand il se pointe enfin en coulisse, il se fait immédiatement charger par son agent. Le type est rouge comme une écrevisse, les poings serrés autour du balai qu'il force contre la poitrine d'Elliot avant de commencer à lui rappeler les termes de leur contrat, et l'argent en jeu autour de sa présence ici.

 

- Ouais. Ouais. C'est bon. J'ai pas vu l'heure.

- R'tire tes lunettes.

- Quoi ?

- Tes lunettes.

- Nah. J'suis éclaté.
- Super. Elliot, j'te signale qu'on est sur un évènement d'envergure, tu fais capoter l'bordel c'est sur moi qu'ça retombe, et aussi sur ta carrière. 

- Eh, oh, ça va Jarvis. Je gère.
- Tu gères mon cul. Cinquante minutes de retard. Tout l'monde essaie d'meubler.
- J'y vais maintenant ?
- Oui ! Putain oui. Mais t'mets ton maillot. Tout est là-bas. Bouge.

La foule s'agite, là derrière. Sans doute qu'on a annoncé son arrivée. Il en sait trop rien. Y a tout un tas d'gens qui courent dans tous les sens. Pas d'trace de Freya, ou de Jun, ou même de qui que ce soit qu'il connait. Il a entendu des rumeurs. Des rumeurs comme quoi la fille Carter serait sortie pour la Saint Valentin avec ce type. Les journalistes s'en donnent autant à cœur joie que quand ils essaient d'lui inventer une vie qu'il a pas. Mais ça s'tient. Ça l'emmerde mais ça s'tient. Jun est un type bien. L'genre gentil et prévenant. Elle bosse avec. Ça s'tient parfaitement.

Il enfourche son OCQ500. L'annonce est faite. Il déboule comme un boulet de canon directement dans la foule, pour commencer la démonstration, armé de son jersey au numéro fétiche, des lunettes de vol autour de la gueule. Les clameurs s'élèvent rapidement. Des exclamations impressionnées. Le grattement intempestif de centaine de plumes qui tentent de décrire avec fidélité ce qui se déroule sous leurs yeux. Il termine par une figure qui vient le faire atterrir directement au milieu de l'estrade, entre la team d'OCQ et les animateurs au sourire crispé.

Il leur serre la main, sa propre gueule ornée par des fossettes travaillées avec le temps, pour les milliers de photographies qu'on a pu lui faire prendre pour tant d'autres évènements. Les flashes se succèdent. Le murmure des conversations évolue en véritable brouhaha, jusqu'à ce que le silence soit fait de nouveau, et qu'on l'invite à s'assoir avec les autres, pour participer à son tour au lot de questions qui, il le sait déjà, vont le gaver plus fort qu'un Oiseau Tonnerre de Thanksgiving. La paire de lunette de vol se métamorphose pour reprendre leur forme initiale, celles de lunettes de soleil qu'il a déjà porté pour maintes interviews.


De plumes et d'encre

Message publié le 31/07/2025 à 19:03

Londres est couvert d'un manteau épais, humide, qui vient rythmer le pas de centaine de badauds affairés. L'on peut parfois apercevoir l'étrange présence d'hommes et de femmes affublés d'étranges accoutrements, qui disparaissent toujours dans la même bouche de métro. Inscrit en lettres fades sur un mur de béton envahit par la végétation : Aldwych. Peu d'habitants se prennent à emprunter le tunnel qui relie pourtant le centre commercial au parking. Pas seulement parce que la station est entièrement désaffectée. On la sait mal famée. Cela ne semble pas arrêter pourtant, ce bonhomme jovial à l'écharpe violette, cette femme au chapeau large agrémenté d'une plume de rapace, ce garçon aux joues roses et légèrement potelées.

Aucun d'eux ne parait dans le parking, des dizaines de mètres plus bas.
Aucun d'eux ne ressort non plus de l'autre côté.

Pour cause. Voilà bien des années que la station réserve son vaste secret. Un antique distributeur de tickets, plus d'une fois vandalisé. Un gallion poussé dans une fente latérale. Des mécanismes enchantés pour laisser aller et venir celles et ceux qui sont capables de voir ce qu'aucun moldu ne saura jamais repérer. L'entrée étroite et poussiéreuse d'un couloir de pierre aux décors effacés par le temps, qui mène tout droit à l'intérieur d'une vaste salle évènementielle sorcière de Londres : la Chambre de Morgane.

Creusée à même la roche, soutenue par des arches noires striées de runes enchantées capables de transformer son apparence au gré des besoins, la pièce est manœuvré par un technicien hautement qualifié - un vieux type bougon nommé Borgin Tallow, toujours sur place pour activer, désactiver ou réparer les circuits magiques complexes qui animent les lieux. Aujourd’hui, l’illusion déployée n’a rien de fantaisiste. Elle a été pensée pour impressionner un public trié sur le volet : journalistes, passionnés, paparazzis - tous réunis autour d’un seul mot : révolution.

L'occasion est unique. Rien moins que le lancement de l'OCQ 500, rassemblant pour l'occasion plusieurs membres éminents du monde journalistique. Spécifiquement du monde sportif. Se retrouvent bien sûr une poignée de reporters de la Gazette du Sorcier - pour le public mainstream -, mais également des recrues du Souafle Libre, du Vol Enflammé, ou encore du controversé Gringalet Sportif. Ça et là, des intrus du monde people bien sûr, armés de Mekapteur usés aux objectifs capables de zoomer sur plusieurs centaines de mètres. Des plumes voltigent déjà au-dessus de parchemins déroulés, parées à prendre note de la moindre anecdote croustillante.

La conférence ne va pas tarder à commencer.

Les gradins, composés d'autant de reporters que de sorciers et sorcières férus de Quidditch, semble un peu en ébullition. La plupart sont présents pour l'héritage laissé par Owen Carter, ou pour un aperçu de l'égérie de la marque pour son nouveau modèle : Elliot Blackburn. Certains espèrent sans doute apercevoir le gigantesque joueur, mystérieusement disparu aux yeux du public depuis déjà de nombreux mois ; quelques sorciers chuchotent qu’il serait temps de reparler du père-fondateur qu’on ne voit plus, et qui manque cruellement à l’appel. D'autres ne sont venus que pour obtenir un cliché avec le célèbre batteur des Catapultes, peut-être même un autographe.

Une poignée s'est déplacé par simple curiosité pour ce balai que l'on dit révolutionnaire.

En coulisse, l'agitation fait écho aux murmures grandissants des sorciers et sorcières déplacés ce jour. Certains marchent avec empressement. D'autres se hèlent à voix basse. Un type particulièrement, dénote. Campé sur deux jambes solides, les cheveux blanchis par l'âge, deux yeux noirs cerclés de lunettes rondes et épaisses, il semble au maximum de son stress. Beugle des ordres dans des murmures précipités. Arrête quiconque passe devant lui pour leur demander où se trouve Blackburn bordel, il aurait du arriver y a une heure. C'est pas possible. Jarvis Burrow, soixante-huit ans, a décidément passé l'âge de toutes ces conneries.


Le grand emballement

Message publié le 31/07/2025 à 11:12

Elle esquive, parce qu'évidemment qu'elle esquive. C'est pas la période et ça l'sera pas avant un moment. Elliot montre rien. Baisse la tête. Brièvement. Comme pour se recomposer. Offre une façade de nonchalance et un sourire vague pour montrer qu'il comprend. Ironiquement, ça lui rappelle un autre instant, directement puisé d'une autre époque. Freya qui s'efface. Freya qu'a pas l'envie, pas l'temps.

 

- Ouais, ouais on verra t'inquiète, il répond.

Spontané. Elliot l'est, spontané. L'a toujours été. Trop peut-être. Au contraire de Freya, qu'a toujours aimé tout planifier. Il est pas assez con pour pas capter qu'il se fait bouler gentiment. Mais il comprend. Il aurait même pas du demander. Il récupère son mug d'un geste, son balai d'un autre. Un vrai sourire, sincère, lui creuse deux fossettes alors qu'il ressent la connexion immédiate avec l'engin, secoue le malaise installé.

 

- Nah, j'ai des trucs à acheter, j'vais m'balader un peu. J'suis là incognito.

Elliot Blackburn a remis son masque. Il tape son meilleur clin d'œil avant de formuler les sortilèges conçus pour modifier son apparence, lui faire adopter celle de Nikola Brutcell. Des sortilèges qui ne tardent pas à envelopper son balai d'une illusion tout aussi efficace, dissimulant son apparence trop tape-à-l'œil.

 

- Encore merci pour ça, il relève son OCQ. Tu diras merci à Jun aussi ok ? 

Il hésite un instant à la reprendre dans ses bras. Juste une seconde. Se ravise.

 

- Joyeux Noël, Freya, il annonce finalement en lui adressant un dernier sourire.

Remonté dans la boutique, il ne tarde pas à se mêler à la foule. Repère Alison Carter, puis Charlie, et se contente d'agiter une main discrète vers la petite dernière. Bientôt, Elliot retrouve l'air extérieur. Son regard balaye le village, s'arrête sur la large enseigne d'Honeydukes. Il s'y dirige, ses pensées dirigées vers son petit frère coincé au château. Il a jamais été proche de sa famille comme les sœurs Carter. Mais Charli c'est pas pareil, parce que Charli est un sorcier. Il a beau casser les couilles, ça reste le seul frangin avec lequel il peut partager un peu du monde magique. 


Le grand emballement

Message publié le 30/07/2025 à 16:15

La nonchalance s'est tirée depuis longtemps, ne laissant qu'une tension nerveuse les envelopper tous les deux. Ça a rien d'une tension désagréable. C'est juste une tension étrangère, ou peut-être, justement, étrangement familière. Le résidus de quelque chose qui aurait du s'éteindre depuis longtemps. La voix de Charlie brise le silence. L'instant. Elle va partir. Se fermer brusquement à la conversation. Reprendre le cours de sa vie. C'est certain. La panique, absurde, le fait accrocher le regard de Freya avec une lueur un peu désespérée. Il la voit s'approcher. Brusquement. L'imagine le repousser pour commencer à grimper les marches, rejoindre un magasin qui semble partir ébullition. 

Au lieu de ça, Freya reste plantée devant lui, à le regarder, à lui annoncer qu'elle sait ce qu'elle veut pour noël. Il hausse les sourcils, entrouvre la bouche pour lui demander quoi. Mais déjà elle enchaine. Juste ça. S'approche encore. Elliot inspire brusquement, complètement pris de court, alors que Freya lui retire les mains de ses poches. S'enfonce contre lui. L'enserre. Ses bras entourée autour de la silhouette fine de la sorcière, il lui répond par réflexe. L'émotion lui retourne les tripes avec brutalité. La tête affaissé contre un paquet de mèche rousse, il se relâche complètement. Soulagé pour absolument aucune raison. Juste de la tenir là. Juste de la sentir contre lui comme ça. Juste d'avoir son parfum tout autour de lui, et de respirer.

Il a l'impression d'avoir quinze ans.
Il a une étrange envie d'chialer.

Il la serre plus fort.

Il peut rien répondre. Il peut pas parler. Alors il se contente de rester là et de faire durer l'étreinte autant qu'il peut. Ses mains restent ancrées dans le dos de Freya sans vraiment oser bouger. Comme un môme qu'aurait peur de tout gâcher. J'en sais rien si c'est trop tard. C'est une porte ouverte, il le sait que c'est une porte ouverte. L'genre de porte ouverte dont il aurait même pas su rêver. Freya, il l'aurait laissé devenir un souvenir, s'il l'avait pas retrouvé sur le bord du terrain d'entrainement des Catapultes. Il le sait. Jamais il aurait imaginé avoir une seconde chance de la tenir comme ça dans ses bras. Ils se relâchent au bout d'un temps qui lui semble trop court. Il a des yeux brillants, et il les essuie brutalement, stupidement en s'écartant d'un pas. Rit nerveusement.

Elle lui a manqué. Il avait pas réalisé à quel point au juste. Voulait pas savoir, finalement.

 

- Vaut cher ton cadeau, il balance pour essayer de se redonner une contenance. Plusieurs milliers d'gallions carrément.

Elliot se racle la gorge. Son regard cherche un point de chute dans l'atelier. Il a l'cœur qui lui dégomme la poitrine. Un vertige adolescent qui lui retourne l'estomac. Il se sent léger. Con. Heureux. Incertain. Il finit par revenir sur Freya. S'humecte les lèvres, les mains renfoncées dans les poches avec une nonchalance toujours aux abonnés absents.

 

- T'es attendu j'sais, il reprend plus sérieusement. Alors hum. On peut s'revoir. Quand t'as l'temps. Pour un verre si tu veux. Putain. Il sait faire normalement. Mais là il sait plus. Il sait pas. Il a jamais vraiment su, avec Freya. Tu veux ? Le bout des oreilles rouges, les lèvres serrées entre ses dents, Elliot se sent comme un gamin qui demande son premier date.


Le grand emballement

Message publié le 29/07/2025 à 15:36

Interloqué, Elliot fronce les yeux, reste un peu con. Il s'affaisse un peu contre le plan de travail derrière lui, pas certain de savoir quoi répondre. C'est pas exactement ce vers quoi il les voyait aller. Elle enchaine, alors juste il la laisse causer, bras croisés. Sont jamais revenus sur ce qui s'était passé à l'époque. Les choses avaient eu l'air de s'enchainer. La disparition de la mère de Freya, son acceptation chez les Catapultes.

 

Ils s'étaient éloignés.

 

Chacun parce qu'ils avaient d'autres trucs à penser. Leurs vraies raisons probablement enfouies sous de fausses conversations qu'avaient creusées toujours plus de distance. Une distance naturelle. Inévitable. Nécessaire, sans doute, alors qu'Elliot quittait Poudlard là où Freya devrait encore y rester pour deux autres années. C'est ce dont il s'était persuadé. Les épaules un peu défaites, le regard soudain fuyant, Elliot laisse échapper un grondement, hache quelques mots :

- J'sais.

 

La situation, il l'avait trouvé confortable. Être aussi compliqué que ça à trouver, à contacter. Meilleur moyen de renforcer tous les murs qu'il a toujours construit autour de lui. Ça donne une légitimité à la distance creusée avec les gens, que de pouvoir l'excuser par sa soudaine célébrité, et tout un tas de mesures prises autour de sa sécurité. S'éloigner l'premier c'est l'joker. La meilleure façon de jamais avoir à s'expliquer.

 

- J'y peux pas grand chose. Elliot affronte Freya du regard, comme subitement sur la défensive. Une défense qui s'affaisse aussitôt. J'avais quinze piges Freya. On avait quinze piges. On avait beaucoup d'trucs à gérer pour des gamins d'quinze piges. Ça fait dix ans qu'il a la sensation d'avoir toujours quinze piges. Coupé d'un monde qu'a continué a avancer sans lui, que ce soit ses anciens potes de Poudlard, ou Freya Carter. C'est pas que ça m'soulait. Ça m'soulait ok ? Mais ça m'soulait pour toi. J'savais pas quoi faire. J'avais mes propres trucs à gérer. J'avais pas l'impression d'pouvoir t'aider. Rien lui aura jamais autant donné l'impression d'pas être à la hauteur. Égoïstement, Elliot s'est focalisé sur son rêve parce que c'est l'seul truc qu'il se sentait capable de faire.

Pas franchement à l'aise maintenant que la conversation a pris un ton aussi sérieux, le batteur baisse de nouveau le regard. Il aurait mille autres trucs à dire, qu'il se sent pas prêt à déballer. La vérité c'est que c'est risible pour lui que Freya puisse pas se sentir à la hauteur, parce que c'est précisément le sentiment qu'il a toujours eu la concernant. Qu'il serait jamais à la hauteur. Même perché en haut des affiches de la boutique, avec un nom qui fait la une de plusieurs magasines sorciers célèbres, avec une gueule qui peut plus passer inaperçu dans les rues les plus communes du monde magique, Elliot se sent toujours pas à la hauteur de Freya Carter.

- J't'ai pas oublié, il prononce finalement, les yeux fixés au sol. J'vois pas comment j'aurais pu.

Il hausse les épaules. Il sait qu'il a pas été le petit-ami idéal. Il sait aussi qu'elle est la seule avec laquelle il a essayé de l'être pendant quelques temps. La seule avec laquelle ça a vraiment été sérieux. Il relève la tête, les bras desserrés, les mains qui s'enfoncent dans le fond des poches.

 

- J'pensais que ça irait mieux. Qu'ta mère reviendrait. J'pensais... j'en sais rien. J'ai l'impression qu'tout s'est enchainé super vite. C'était facile de se laisser porter. De se laisser éloigner. D'prendre aucune responsabilité. J'ai lu des articles. J'ai suivi ça d'loin. Après j'ai eu l'impression qu'c'était trop tard. Ironiquement, Freya était devenu inatteignable. Il l'avait rendu comme ça. Exactement comme il s'était rendu comme ça. 

À l'étage, le bordel d'une boutique qui semble fourmiller. Elliot lève les yeux brièvement, essaye de grappiller encore quelques minutes.

 

- Il disait quoi ton courrier ? Il demande avec un mouvement de tête vers l'avant, presque défiant.


Le grand emballement

Message publié le 26/07/2025 à 12:20

- C'est mort, il est à moi maint'nant ! Elliot repousse le mug vers l'arrière d'un geste possessif. C'est mon mug à moitié pété.

Il croise les bras. Embarrassé peut-être pour la première fois depuis vraiment longtemps. Il s'était pas attendu à déballer ce qu'il vient de déballer, et visiblement Freya non plus. Sa réponse le fait froncer les yeux cependant, et il s'agace de la voir tout faire sauf le regarder.

 

- J'pense encore c'que j'veux.

 

C'est presque une accusation. Peut-être bien que ça l'a foutu sur la défensive, de la voir autant sur la défensive. Mais dans la seconde suivante il décroise les bras, et s'accroche au plan de travail pour se hisser dessus d'un seul mouvement.

 

- Mais t'as raison. M'suis emporté. J'sais pas pourquoi j'admirerais une meuf comme toi qui s'contente de vendre des balais, il déballe avec ironie. Ses doigts rencontrent le mug, et il fait genre de boire dedans juste pour qu'une moustache de chat lui pousse de chaque côté des lèvres. Pis d'enchainer, l'air parfaitement sérieux : Non franchement, t'as quoi pour toi ? T'es juste une meuf super jolie qu'arrive à gérer l'éducation d'ses deux petites sœurs en même temps d'redresser la boutique de ses parents, pis qui vient accessoirement d'inventer une putain d'révolution dans l'monde du Quidditch. Pathétique ! J'sais pas ce qui m'a pris. Il redescend de son plan de travail, faire genre de se cirer les poils de moustache avec ses doigts, le mug en suspend dans l'autre main. Tu veux que j'fasse comme mes fans, que j'te demande un autographe et que j'hurle ton nom dans la rue ? J'peux faire des banderoles. C'est super les banderoles. Y en a qui chantent des chansons et qui s'illuminent comme de putains d'sapin d'noël. J'vais t'en faire une pour qu'tu sois sûre.

Elliot finit quand même par fermer sa gueule, et alors que les moustaches disparaissent - l'effet a jamais duré bien longtemps -, il secoue la tête.

 

- Tu m'fumes je jure. T'vois à côté moi j'tape des cognards sur un terrain d'Quidditch depuis qu'j'ai quinze piges, et on m'paie des milliers d'gallions pour ça. Rien d'autre à faire. Taper des cognards. On m'fait des banderoles qui chantent hein ! Mais tu vois j'préfère encore recevoir le mug pété de cette meuf un peu nulle qui s'contente de vendre des balais. Comme quoi.


Il referme le tiroir dans lequel elle vient de ranger ses papiers, pis s'écarte.

- Tu f'sais pas ça avant. Dire que t'as une vie d'con. Dire qu't'es rien ni personne. T'étais même super casse couilles parce qu'il fallait toujours qu'tu me prouves que t'étais meilleure que moi sur plein d'trucs. Y compris sur un balai. T'as l'droit d'continuer d'être casse-couilles comme ça, Freya, c'est pas interdit, je jure.


Le grand emballement

Message publié le 25/07/2025 à 19:46

Un truc est pas passé. Clairement genre. D'abord le visage de Freya s'est fermé. D'un coup sec, exactement comme une porte. Mais une jolie porte. Elliot fronce les yeux, pas bien sûr de comprendre, encore moins certain de la façon dont il devrait réagir.

 

- Huh ?

 

C'est à peu près le seul truc qui lui vient, quand Freya parle de retourner à sa vie d'con. Grosse inspiration. Faut dire qu'il a jamais pensé que Freya avait une vie d'con, alors ça sort vraiment d'nulle part. Pis il a pas l'temps d'élaborer, parce que Freya retourne apparemment vraiment à sa vie d'con, perchée sur son balai à s'lancer au travers du passage dans l'sens inverse, le plantant là... comme un con. Sous lui, son balai saute un peu, comme dans l'anticipation d'un nouveau départ, et il s'met en branle à son tour pour suivre l'itinéraire sagement. Forcément il se refait la conversation. Dans les grandes lignes quoi. Freya qui parle de sa famille. De Noël. D'Alison qu'essaie de devenir adulte. L'conseil bancal qu'il a tenté de donner en demi-teinte.

Il voit pas.

Genre vraiment pas.

Ça l'emmerde un peu. L'ambiance est bizarre alors qu'ils débouchent de nouveau dans l'sous-sol d'OCQ. Il le sait très bien que l'humeur soudaine de Freya a rien à voir avec la fatigue, parce qu'elle était fatiguée d'entrée d'jeu, et que ça l'a pas empêché de s'éclater sur le balai. C'est un truc qu'il a dit. C'est toujours un truc qu'il dit. Ironiquement, ça a toujours été leur problème, et ça a visiblement pas changé, même après toutes ces années. Elliot saisit l'contrat d'un geste machinal pour y apposer sa signature sans même le lire, sans même réfléchir. C'est pas sa priorité. L'truc c'est qu'il a à peine roulé l'contrat pour le foutre dans sa poche que Freya s'est déjà tirée. Remontée dans sa boutique, où on l'attend vraisemblablement, parce qu'il a pas débarqué au meilleur moment.

Rien l'temps d'dire. Rien l'temps de faire. L'ambiance à plat comparé à précédemment, alors qu'ils se coursaient dans les tunnels en s'marrant.

Elle revient. Il capte à retardement qu'le j'arrive s'adressait à lui, et pas à son personnel. Elle débarque pas les mains vides. Elle a un paquet dans les mains. Un cadeau. Il se sent con instantanément, parce que non, il avait pas prévu qu'ils allaient s'faire des cadeaux. Il le récupère dans le silence le plus total, avec l'impression d'être le dernier des enculés. Il a même pas envie d'l'ouvrir.

 

- J'ai heu... rien pour toi, il s'entend dire. Désolé.


Plus pour se distraire qu'autre chose, il se met à déballer l'bordel. C'est pas bien gros. Ça se dévoile rapidement. Un rire l'échappe alors qu'il reconnait l'objet. L'truc est tout droit tiré d'une époque révolue. Le putain d'mug. Le putain d'mug à moustaches. Ça le faisait marrer. Pis c'est devenu un prétexte comme un autre de venir s'installer près d'Freya à tous les putains d'petit déjeuner pour s'faire pousser la moustache. Il a toujours trouvé ce mug fun. Mais l'mug a jamais été la raison pour laquelle il venait voir Freya tous les matins. Il a visiblement été réparé. La note fait louper un battement dans sa poitrine. Il sait pas vraiment quoi dire. Un sourire collé à la face, il se contente de se pincer les lèvres en le faisant tourner comme pour l'observer sous toutes les coutures.

 

- Putain. Relique de l'ancien temps c'truc, il balance avec une nonchalance qu'il ressent vraiment pas, les oreilles peut-être un peu rouges, et les yeux brillants. T'sais que c'était pas c'mug que j'voulais tellement à l'époque hein ? Il continue sans vraiment de filtre. C'était une excuse pour v'nir te voir.

C'est plus simple de parler d'tout ça avec dix ans d'recul, parce qu'il l'aurait jamais admis à l'époque. Il a une grimace, quelque chose entre une moue et un sourire, alors qu'il s'appuie contre le plan de travail derrière lui.

 

- Merci. C'est l'meilleur cadeau d'Noël que j'ai eu.

Le regard planté dans celui de Freya, il pourrait pas être plus sincère. Tous les autres présents qu'il a reçu sont des présents de ses fans. Des trucs dépourvus d'histoire, ou de souvenir.

- J'sais pas c'que j'ai dit tout à l'heure, Elliot enchaine sans transition en déposant le mug près de lui sans pour autant le lâcher. Mais c'est pas c'que je voulais dire. Genre... j'trouve pas que t'as une vie d'con. Loin d'là. Ok ? Pudique, mais incapable de rester sur un truc pareil, il insiste. J't'admirais déjà vachement à l'époque, et c'est toujours le cas aujourd'hui.


Le grand emballement

Message publié le 22/07/2025 à 19:58

Y a toujours eu un fossé invisible entre eux. Des différences nettes, flagrantes, comme autant de raisons de ne rien avoir à faire ensemble. Aux accents gallois d'un né-moldu qui a grandi dans un foyer précaire où règne insultes et violence, ceux plus fleuries d'une écossaise née de parents sorciers connus, relativement aisés. La famille d'Elliot a reposée sur les charities des années durant, faute de pouvoir payer le strict nécessaire à leurs six enfants. Alors bien sûr, lorsqu'il a su que Freya faisait partie de ces gens de l'autre côté de la barrière, il n'a jamais creusé le sujet.

Par honte.

Une honte qui le suit jusqu'à l'heure d'aujourd'hui. Des cadeaux de fans qu'il reçoit chaque année, Elliot en fait parvenir une majeure partie à celles et ceux qui ne pourraient jamais se les offrir. Un geste parfaitement anonyme, qu'il couvre sous le prétexte de vouloir se débarrasser de tout un tas de choses inutiles. Alors, pour toute réponse au drame de Noël qui a secoué la famille Carter, Elliot n'a qu'une réponse à offrir, éternelle, qui refuse de le faire tremper de près ou de loin dans ce genre d'évènement dont il préfère se tenir loin.

 

- Mh. J'vois.

Ça craint en vrai. La situation de la famille Carter. Il a refusé de s'en rendre compte quand il était jeune. Parce qu'il était jeune. C'est difficile de pas l'voir aujourd'hui. Il a beau avoir très peu de contact avec ses parents, avec ses frères ou Kayla, mais il en a quand même. Il pourrait pas faire sans. Même qu'ils fêtent pas noël ou les anniversaires, ils sont là quand y a besoin. Les parents Carter sont pas là quand y a besoin. Ça crève les yeux. Y a que Freya. Freya qu'est là pour Alison, et pour Charlie, comme si elle avait pris le rôle de leur mère disparue, pis même de leur père aussi. Il sait pas quoi en dire. Il a jamais su. C'est pas comme s'il avait jamais eu ce genre de problème.

Il s'est émancipé de toute la famille depuis tellement de temps qu'il a parfois l'impression qu'il en a jamais vraiment eu. Du moins il aime bien s'en persuader.

- Meuf c'est normal à c't'âge, Elliot balance avec nonchalance. Je jure.

Freya faisait juste partie des nanas qui s'en carraient parce qu'elle avait mieux à faire. Mais il peut certifier que c'était vraiment pas le cas de pas mal des autres filles de leur promo.

 

- Z'êtes différentes. C'est pas si grave. La famille c'est comme ça.

Un putain de bordel désorganisé. Toujours il a connu ça. C'est jamais passé avec Connor, mais c'est passé avec tous les autres. Aucun des garçons Blackburn se ressemble. Mais dans l'fond, ils se captent. Y compris Kayla. Les seuls avec lesquels c'est jamais passé pour lui ? Ses parents. Elliot hésite quelques secondes avant d'enchainer, en appui sur son balai.

- T'es sa sœur, pas sa mère, Freya. Elle essaie peut-être de jouer les adultes parce qu'elle t'as vu faire pareil à son âge. Même si clairement elle a pas envie d'être la même adulte que t'es devenu. T'peux pas lui en vouloir pour ça.


La malédiction

Message publié le 17/07/2025 à 14:42

C'est plus un entrainement. C'est une foutue purge. Elliot regretterait presque. Presque. L'truc c'est que la gueule de Fairbanks restera gravée dans les anales. Personne a moufté. Personne a cafté. C'est pourtant pas bien compliqué de savoir d'où vient la merde. L'fait est que tout le monde est d'accord pour se dire que ça valait l'coup.

 

- C'était pas l'pire, je jure.

- J'suis rincé.

- T'rêves si tu crois qu'Oakwood est passé à autre chose demain.

- On est bon pour une semaine de merde.

- Ouais mais la gueule de Fairbanks les gars.

- Spurcus Maximus !

- J'vous emmerde bande de chiens.

 

Le concerné, dans un coin du vestiaire, les regarde avec un mélange de contrition et de haine, une serviette sur les épaules, son équipement en vrac sur le banc.

 

- Lucas t'étais brillant là-haut, faut pas croire tout c'que dit l'coach, assure Elliot.

 

Il se reçoit un doigt, mais part à rire avec le reste de l'équipe. Douché, rhabillé, le batteur est parmi les derniers à se tirer d'un vestiaire embué. Il rattrape Ryder dans le couloir, son sac en bandoulière lui battant la cuisse avec mesure.

 

- Yo Ryder. T'fais un truc ? T'veux trainer ? J'ai invité les mecs à mon appart, on s'fait une soirée. S'tu veux venir.

 

Au-delà d'avoir gagné son respect sur un balai, Spike est clairement un gars fun. Elliot aurait pas parié sur le fait qu'il se fonde aussi bien dans l'équipe, à son arrivée. Visiblement il s'est planté. Le mec a la vibe idéale, en plus d'être doué dans ce qu'il fait.

- C'est au centre-ville. L'bâtiment au-dessus du Bootlegger, c'est un bar à cocktails. Sixième étage droite. Faut sonner à N. Brutcell ok ?

D'apparence on-ne-peut-plus banal, planté en plein milieu du monde moldu, le building ne paye pas de mine. Personne ne peut vraiment s'imaginer que l'une des stars du Quidditch anglais vit là. La raison principale pour laquelle Elliot s'est décidé à y habiter. L'un des principaux QG de l'équipe quand ils décident de faire un peu la fête entre eux plutôt que dans les bars.


Le grand emballement

Message publié le 17/07/2025 à 12:01

Elliot braque un sourire fier dans la direction de Freya. Elle est loin, l'époque de leur adolescence. Perchés comme ils sont dans les hauteurs, ils sembleraient presque retrouver la complicité qui les liaient alors. Une complicité simple et vraie. La disparition de Kate Carter, couplée au départ précipité d'Elliot pour le club des Catapultes, ont haché menue cette réalité - finalement très éphémère. Dix ans ont passé. Elliot considère leurs retrouvailles aussi surréalistes que brillantes.

 

- Ouais, ouais. On a célébré la victoire avec les gars, pis l'vingt-cinq Travis est v'nu joué à la console à l'appart. C'était cool. Toi ?

Bien sûr, Freya a passé son noël en famille. Il a toujours du mal à se faire à l'idée qu'elle ait pris la place de ses propres parents. Pas parce qu'ils sont morts. Juste parce qu'ils ont disparu. À l'époque, Elliot avait pas pensé que Kate Carter reviendrait jamais. Pas plus qu'il s'était imaginé qu'Owen lâcherait complètement ses filles pour se mettre à sa recherche, au point de léguer toute la responsabilité à Freya. À l'époque, il vivait un rêve devenu réalité, et les préoccupations de son ex petite-amie étaient loin d'être une priorité. Il s'agissait de prouver qu'il était à la hauteur du poste qu'on venait de lui confier, du contrat à plusieurs milliers de gallions, du maillot légendaire des Catapultes, des types plus âgés qui le regardaient de haut parce qu'il sortait de Poudlard sans autre talent que celui d'être doué sur un balai.

 

- Ohw. Désolé pour toi, il grimace. S'est passé quoi ?

L'absence de Kate et d'Owen Carter n'y est sans doute pas pour rien. Elliot est plus l'adolescent de quinze ans qu'il était. Il se renseigne pas beaucoup sur l'actualité, mais il sait pertinemment que ni l'un ni l'autre ne sont rentré à la maison comme les filles Carter doivent l'espérer. Il sait pas ce que c'est, et il saura jamais. Mais il est encore capable d'imaginer.

 

- Il en parle pas nan, Elliot balance au sujet de Spike et d'Alison, pas bien certain de la réponse qu'il devrait donner. Fin après ils sont ados et ils s'voient, j'pense que t'as pas b'soin d'un dessin, il hausse les épaules avec un sourire qui lui creuse une joue. L'autre jour il m'a demandé s'ils pouvaient squatter mon appart pour célébrer son anniv ou j'sais pas quoi. J'ai dit non, il annonce spontanément en voyant la gueule de Freya. Pas envie d'me taper l'ménage derrière. Les deux mains levées, il hausse les sourcils avant de secouer la tête. Z'ont du s'trouver un autre endroit pour faire ce qu'ils avaient à faire si c'est ta question.

Un rire lui échappe. Freya est visiblement pas prête pour ces conneries. Faut dire, à l'âge d'Alison, personne aurait pu soulever sa jupe d'uniforme même pour s'amuser. Pour elle, le sexe, c'est un truc sérieux. Il est bien placé pour le savoir.

 

- Ils font qu's'amuser j'pense. Y a pas d'mal à ça. C'est naturel ok ? C'est des ados. Joue pas les daronnes ou elle va t'détester. T'as qu'à lui foutre des potions d'contraception dans sa chambre discrétos, j'sais pas.

Elliot a jamais eu de mal à parler de ce genre de délire, contrairement à Freya. Sans doute ce qui fait qu'elle a jamais voulu finalement. Si Colt a fini par lui prendre sa virginité en septième année, c'est qu'il a su faire les choses différemment. Peut-être bien que c'était sérieux. Peut-être bien que c'est ça qui emmerde Elliot, dans l'fond. De se dire que si Freya a bien voulu avec son meilleur pote, c'est pas juste parce qu'elle voulait répondre à un foutu pari débile de leur adolescence. Qu'elle ait pu trouver chez Colt un truc qu'elle a jamais trouvé chez lui.


Le grand emballement

Message publié le 09/07/2025 à 14:30

Un sourire large pour seule réponse, Elliot fait s'affaisser le manche de son balai flambant neuf. D'un élan brusque, il s'engouffre à l'intérieur de l'immense penderie faisant office de passage vers les sous-terrains. Freya suit le mouvement, perchée sur une autre de ses créations. Ce n'est que la seconde fois que le batteur s'aventure dans les couloirs labyrinthiques, qu'il sait jalonnés de tunnels parfois privés. Il n'est pas question de ralentir pourtant. De sa dernière expérience en sous-sol, il retient l'information capitale d'esquiver tout ce qui ressemblerait de près ou de loin à une porte, un portail, une trappe. Désireux de mesurer la pleine puissance de l'engin qui sera sien pour tous les entrainements et matchs à venir, Elliot se presse donc d'un corridor à un autre sans démontrer de la moindre hésitation.

 

Par précaution, et malgré leur naturel esprit de compétition, Freya et lui demeure à bonne distance, histoire d'éviter de valdinguer contre un mur. Ils se retrouvent occasionnellement au détour de virages particulièrement serré pendant lesquels ils prétendent se courser. Au terme de plusieurs longues minutes, l'aînée Carter le hèle, le force à ralentir pour lui passer devant et lui montrer la voie. Un sortilège suffit à leur ouvrir un passage, déversant brusquement la lumière du soleil à l'intérieur des couloirs. Elliot n'a pas le temps de se méfier d'un éventuel gobelin enragé leur tombant à nouveau dessus qu'ils s'extirpent des sous-terrains. L'un, puis l'autre déboule à découvert, sous une tempête de ciel bleu, à plusieurs kilomètres du village.

La trappe, dissimulée sous les racines d'un chêne peut-être bicentenaire, semble perdue au beau milieu de la Lande, loin des regards curieux de potentiels promeneurs.

Elliot pousse un cri joyeux alors qu'il réalise pouvoir pleinement profiter du balai à présent qu'ils sont à l'air libre. Ses figures prennent de l'amplitude, l'OCQ visiblement aussi déchainé que lui devant le terrain ouvert qui le laisse s'exprimer entièrement. Assuré par l'espace dont il dispose, Elliot vient plusieurs fois chercher des noises du côté de Freya. Leur engin respectif semble grandement apprécier le jeu, réagissant parfois avant leurs propriétaires pour mieux se tourner autour. Leurs rires résonnent absurdement sous un vent tranquille, comme s'ils étaient subitement redevenus deux enfants, galvanisés par un surplus de sucre et l'excitation d'un premier cours de vol. Freya s'est toujours assez démerdé sur un balai pour qu'Elliot s'imagine qu'elle deviendrait, comme son père, une grande joueuse de Quidditch.

À bonne hauteur, Elliot est convaincu de percevoir au loin le dessin presque effacé des tours du château. Une pensée pour Charli, qui découvre à son tour les merveilles de Poudlard pour la première fois cette année, le sort de l'instant. Il reste flotter tout là-haut, et réalise presque à retardement que le balai s'est arrêté de lui-même avant même qu'il n'y pense pour les laisser vagabonder au gré des courants aériens. Tranquillisé peut-être par l'absurde chevauchée qu'ils viennent de réaliser de la boutique jusqu'ici, il semble aussi détendu que son propriétaire. Elliot lâche le manche, et l'engin s'adapte pour ne pas lui laisser le temps d'avoir même une microseconde de perte d'équilibre. Sans doute que ça ne demanderait presque aucun effort de se foutre debout dessus en véritable funambule, à ce stade.

 

- P'tain j'suis bluffé, il énonce à Freya. Dingue ce truc.


Le grand emballement

Message publié le 20/06/2025 à 12:44

La tête d'Elliot suit le mouvement de Freya pour aviser, sous le plafond, le flottement paresseux de balais joliment sculpté. L'un d'eux se détache du lot, par sa teinte presque ivoire d'abord, mais aussi et surtout par un tempérament que l'on devine hargneux même à plusieurs mètres de distance. Le grand huit qu'il semble dessine contre la voûte est ponctué de brusques embardées, comme s'il cherchait à éloigner les autres, tandis que son arrière-train tressaille d'impatience. Elliot le suit du regard avec l'extase d'un enfant devant des illuminations de noël. Il se fait pas prier pour se soumettre à la proposition de Freya. Porte deux doigts de sa main droite à sa bouche, siffle l'engin d'un seul souffle sonore dont les notes résonnent joyeusement dans l'atelier.

Le balai se fige dans l'air d'une façon presque grotesque, le manche ployé à la manière d'un chien, ses poils vibrants d'indignation. Dans la demie-seconde suivant, il entreprend une brève rotation sur lui-même, file droit vers Elliot à toute allure, et se poste droit et fier à ses côtés. Le manche tourne lentement, comme s'il s'était trouvé sur un piédestal, démontrant de tous les détails de sa texture à son propriétaire. Ce dernier échappe un éclat euphorique, une main tendue pour effleurer le bois de chêne blanc avec une révérence qu'on ne lui connait pas vraiment. L'aspect artisanale laisse entrapercevoir ici et là des divergences de couleur, de vernis, qui ne lui prête que davantage le statut d'objet unique.

Mis en valeur sous des rais de lumière dans lesquels tourbillonnent la poussière, l'intégralité de l'engin semble doué d'une véritable personnalité si familière au batteur qu'il en a la gorge nouée. Pas un mot ne traverse ses lèvres, d'ailleurs, tandis qu'il prend le temps de faire le tour du travail minutieux opéré sur chaque installation. Elliot ressent un lien immédiat tandis qu'il saisit pleinement son balai, un lien plus fort encore que celui qu'il entretient avec sa propre baguette. Il lui fait l'effet d'un vertige aussi terrifiant que parfaitement grisant. Un hoquet de stupeur lui échappe d'ailleurs, parfaitement involontaire. D'un geste, il fait reposer le balai à l'horizontal pour en observer la queue, mélange curieux et fascinant de longs crins enchevêtrés à quelques plumes spectaculaires.

Le balai se redresse de lui-même, brutalement, et se met à bourdonner avec une sévérité qu'Elliot juge insolente. Il éclate de rire. 

- Putain il est parfait.

Incapable d'en détourner les yeux depuis plusieurs longues minutes, le batteur reporte tout de même son attention sur Freya, afficher une gueule saturée par l'euphorie d'un instant dont il compte bien profiter le plus possible.

 

- C'est toi qui m'a impressionné là. Enfin Jun et toi j'suppose, il énonce en toute simplicité juste avant que le balai ne lui frappe sauvagement un mollet. Eh ! Ouais, j'arrive ! Mollo Rodrigo.

Le regard noir qu'il adresse à son propre balai est nuancé d'affection, pourtant. La simple perspective d'enfin grimper sur le modèle taillé sur-mesure l'excite beaucoup trop. Elliot inspire profondément tandis que l'objet se place directement dans la bonne position. À peine s'est-il installé sur la selle, les pieds enfoncés dans les étriers, que le balai s'élance. L'adrénaline pulse immédiatement sous les veines du batteur. Il sent le tempérament du balai sous ses doigts.L'envie d'en découdre. De foncer. De ruer. Le lien prend de l'ampleur alors qu'ils s'élèvent ensemble pour se jauger l'un et l'autre, pour le meilleur ou pour le pire. L'hésitation n'existe pas, alors que dans une série d'embardées sévères, Elliot provoque le manche pour le forcer aux figures qu'il a maintes fois réalisées par le passé.

Les choses ne se passent pas exactement comme prévues, cependant. À la volonté d'Elliot se confronte un balai doté d'une personnalité propre. C'est un véritable rodéo qui prend forme sous les voûtes régulières du sous-sol de l'OCQ. Les autres balais flottant jusque là tranquillement, s'écartent. Électrisé, Elliot doit contrecarrer des sursauts imprévus, manque plusieurs fois de se faire envoyer dans le décor sans cérémonie, mais il tient bon. Au bout d'un moment, il a même l'impression de pressentir les envolées brutales avant même qu'elles n'adviennent. Ancré dans l'instant, galvanisé par le conflit, il se met à rire brusquement alors qu'il réalise qu'aucun d'eux ne pourra jamais gagner. Qu'aucun d'eux ne pourra jamais perdre non plus.

La foudre de l'Oiseau-Tonnerre lui picore les doigts.
Il apprend à suivre son courant incendiaire, brutal, hasardeux.
Comme un surfeur se laisserait porter sur l'océan.

- Putain c'est l'feu !


Le grand emballement

Message publié le 16/06/2025 à 20:03

Dire que c'est le bordel serait un euphémisme. La boutique est blindée. Des sorciers de tout âge se faufilant entre les rayonnages, hélant ça et là le personnel. Un personnel intégralement constitué de têtes rousses d'ailleurs, très faciles à repérer dans la masse. L'une d'elle se dirige droit sur lui, nul autre qu'Alison, sans doute envoyée par une Freya débordée. Plus qu'à espérer qu'elle ait pensé à dire à ses sœurs d'éviter de griller sa couverture en public. Elliot s'apprête d'entrée de jeu à la couper, mais la manière qu'elle a de lui tirer la révérence en lui servant du Monseigneur l'arrête net.

 

Il hausse un sourcil incrédule, pas bien certain du délire dans lequel elle vient de l'embarquer, mais plutôt super conscient des dizaines de regards intrigués qui se sont tournés dans leur direction. Est-ce qu'elle le fait exprès ? Y a moyen. C'est-à-dire que c'est super malin. C'est pas comme s'il pouvait faire autre chose que la suivre en prétendant être Monseigneur Munster. Pas au milieu d'une foule pareille, alors que la moindre incartade risque d'attirer sur lui l'attention des fans. Les illusions ont leur limites. Alors bien sûr, Elliot devient Monseigneur Munster, qui qu'il soit. 

 

- Un balai, très chère, quoi d'autre ?

Il estime que Monseigneur Munster est probablement un homme condescendant, si on se sent obligé de lui tirer la révérence. Alison a même pris un accent - lequel, ça reste à définir, mais il l'a jamais entendu autant prononcer les voyelles quand elle parle. Le nom qu'elle lui a donné sonne français. Alors peut-être bien que c'est français. Il a pas essayé de prendre l'accent, lui, parce que Monseigneur Munster c'est sans doute un type assez important pour parler dans un anglais impec. Il tarde pas à s'confirmer qu'elle le fait exprès. Ou alors elle le descendrait pas auprès de Monseigneur Munster, pas vrai ?

- Difficile de voir comment on pourrait être plus chic pourtant, il annonce d'une voix forte, jouant l'insurrection.

Mais plutôt qu'un répondant insolent signé Alison, il n'obtient que l'approbation gênée de cette dernière. Ils sont harponnés par Freya, subitement, et Elliot met une poignée de secondes à comprendre que la dernière de la fratrie, Charlie, se fout complètement de la gueule d'une Alison clairement confuse. Un éclat lui échappe malgré lui, et il fout sa main devant sa gueule pour cacher son air goguenard. Il lui tape son meilleur clin d'œil avant de lever un pouce discret vers la gamine encore pliée en deux. Il la connait pas encore beaucoup, mais il est vachement fan. Désireux de s'éloigner de la foule, Elliot se décide à se planquer dans l'arrière-boutique sans demander son reste.

- Salut à toi aussi Freya, qu'il balance en la regardant s'agiter dans tous les sens, dissipant les illussions les uns après les autres.

Il a visiblement pas un super timing, mais il ira pas s'en excuser. Nan, à la place il se marre en croisant enfin son regard, agitant une main comme pour l'extirper de sa transe de commerçante en train de disjoncter.
 

- J'ai cru comprendre, tu d'vrais penser à diminuer l'café quand même, il annonce parce qu'elle est plus en train de balancer tout ce qui lui passe par la tête seconde après seconde que d'avoir une vraie discussion. J'peux repasser quand t'auras un cerveau en vrai, il termine plus sérieusement. Fin tu m'files mon balai par contre, que j'sois pas v'nu pour décorer.

Il la suit vers le sous-sol, parce que bien sûr qu'elle a déjà commencé à descendre avant même de finir de lui demander s'ils peuvent descendre. L'atelier est comme la dernière fois qu'il l'a vu, en vachement plus envahi. Des odeurs de bois lui percent les narines tandis que ses yeux cherchent déjà le manche tant promis. Il a la même hâte qu'un gamin la veille de noël.

- Bon il est où mon bébé ? Elliot demande en claquant des mains. J'pourrais le tester de suite hein ? Au pire tu m'laisses dans l'coin le temps de gérer l'bordel. J'foutrais pas l'feu promis.

Référence à l'unique fois où Elliot avait indeed foutu le feu en s'exerçant à un sortilège avec elle, niquant à tout jamais le balai d'école avec lequel il s'exerçait à l'époque.


Le grand emballement

Message publié le 04/06/2025 à 14:52

Les Catapultes avaient remporté leur match, l'avant-veille de Noël. Une victoire brutale dont les plus belles actions n'avaient pas manquées d'être commentées par tous les journaux du pays, et quelques magasines sportifs dont Elliot recevait gratuitement les numéros. Il les avait fait parvenir à Charli en guise de cadeau, avec un mot simple griffonné à la va-vite : joyeux noël mec. Charli, comme Elliot avant lui, restait à Poudlard pour les vacances, plus emballé par l'idée de célébrer Noël à Poudlard comme un vrai sorcier plutôt que de rentrer à la maison. Kayla s'en était suffisamment plainte lorsqu'il était passé le neuf décembre souhaiter son anniversaire à Liam. 

- J'en r'viens pas qu'il rentre pas. Ça c'est juste parce qu'on lui a raconté que t'étais pas rentré l'Noël de ta première année tu l'sais ça ? C'est ta faute Elliot.
- Naaaan, tu crois j'devrais lui envoyer une personnalité pour son anniversaire ? Ça pourrait lui servir !
- Ta gueule, crétin. Tu lui as envoyé un truc au moins ou tu t'contente toujours de lui r'filer tes goodies gratos.

- J'lui ai envoyé un truc.

- Gratos.

- T'sais que si j'le pourrissais il en d'viendrait con.

- À peu près comme toi alors ! Écris lui et dis lui d'rentrer pour Noël s'te plait.

- Pourquoi j'ferais ça ? Même moi j'serais pas là pour Noël.

- Tu s'ras pas là ?

- J'ai un match !

- C'est l'vingt-trois connard. Charli m'écrit.

- Balance. Mais comme on va gagner on va célébrer comme des tarés, j'aurais la gueule de bois, nan vraiment j'vous épargne.
- Tu pètes les couilles.
- Ouais, allez faut j'tailles !


Ils avaient célébrés. Assez pour qu'Elliot s'enferme toute la journée du vingt-quatre pour graille des trucs immondes en matant la rediffusion du match. Pas assez pour pas s'emmerder sec le vingt-cinq. Les autres types de l'équipe s'étaient tous tirés pour rejoindre leurs familles évidemment, mais Elliot avait pu compter sur Travis pour venir squatter son canapé avec une console - qui plante une fois sur deux à cause des ondes magiques.

 

- Mec t'savais que Colt s'était tapé Freya ? À Poudlard.

- Hein ? Mais nan. T'sais ça comment ?
- Bah c'est elle qui m'l'a dit.
- À Poudlard ?
- P'tain t'es con. Nan, j'la vois au Centre d'puis qu'OCQ sponso.
- Freya ?

- Nan, Merlin ! Tu suis qu'dalle. Et dégage de ma route là !

- Alors elle est toujours aussi bonne ?

- J'ai dis dégage !
- Tu triches p'tain d'bâtard !
- J'gagne surtout. Allez. Baisé mon gaaaars.

- Quand ça Colt s'est tapé Freya mec ?

- La vierge de fin d'année mec. T'souviens ?

- Mais naaaaaaan !
- Jure.
- Dur.
- Ça va ça date, tranquille.

Assez tranquille pour faire l'objet d'une conversation un vingt-cinq décembre entre couilles quoi. Pas qu'Elliot en ait discuté avec Colt depuis qu'il l'a appris. En fait, Elliot a plus vu Colt depuis un bail. L'mec est en voyage. L'genre long voyage improvisé dont il a pas l'air d'vouloir revenir. Il écrit quand il a l'temps. Bref. Noël passe. Mais l'cadeau ? L'cadeau arrive après Noël. Pas qu'Elliot ait pas reçu d'cadeaux pour Noël. Des tas, qu'il en a reçu. Des cadeaux d'fans épluchés par sa sécurité avant d'atterrir dans son appartement le lendemain de Noël, remballés comme de rien. Il a eu la flemme de les ouvrir. Un seul courrier a retenu son attention, un courrier qu'il avait demandé à mettre en évidence s'il était reçu. Un courrier d'OCQ qu'annonce que son balai est prêt et qu'il peut venir le chercher à la boutique.

Moins de vingt-quatre heures plus tard, Elliot a retrouvé son costume de Nikola Brutcell, dissimulant son apparence aux yeux du monde pour se rendre sur Pré-Au-Lard. Y a foule. Genre il s'attend pas vraiment à ce que y ait foule, mais y a foule. Probablement parce que c'est les vacances. Probablement parce que les gens se ruent toujours sur les commercent après Noël, et avant Nouvel An. Pas qu'Elliot ait vraiment conscience d'un truc pareil. Il peut seulement constater, alors qu'on le bouscule sur le chemin de la boutique. Ça l'empêche pas de s'emballer pour le balai qu'il aura bientôt entre les doigts. Il passe la porte comme n'importe quel autre client, les illusions lui donnant l'aspect d'un gars comme tous les autres, qui regarde ses propres posters le saluer avec nonchalance.


Flou artistique

Message publié le 28/05/2025 à 18:58

À l'interrogation de Freya, Elliot se contente d'hausser un sourcil.

- Ben quoi ?

 

La réponse arrive pratiquement aussitôt. Son bois de prédilection. Honnêtement il savait même pas qu'on pouvait avoir un bois de prédilection. Ben merde. Pour un peu il va s'retrouver avec un manche à balai identique à celui de son ex, au poil de womatou près. L'idée l'fait un peu marrer.

 

- Rien qu'ça, il commente alors que Jun liste les qualités liées au chêne blanc.

Loyal ? Il l'est. Fidèle ? Vaudrait mieux pas parier dessus. Courage ? Elliot gonfle la poitrine histoire de se la jouer deux secondes - parce qu'il peut, avant de secouer la tête devant le flagrant manque d'organisation de la sorcière.

- Waw. T'es sûr qu'tu vas pas la perdre dedans un de ces quatres ?

La question est directement balancée a Jun tandis que Freya semble se perdre dans le bordel de sa malle, sa voix lointaine. Amusé, le batteur se détourne pourtant rapidement du duo d'artistes. Ce qui n'était jusque là que le murmure de conversations gagne en puissance de seconde en seconde en dehors de la tente, et Elliot s'attend presque à voir entrer un producteur à tout instant. Personne n'entre, pourtant, et lorsqu'il reporte son attention sur Freya, c'est pour la voir ressortir de sa malle magique une baguette en main, la gueule victorieuse et les cheveux en vrac.

C'est Jun qui le récupère et le cède à Elliot, dont le geste vif ne permet pas d'anticiper la sensation poignante qui l'anime aussitôt.

- Oh.

 

La familiarité est inévitable. Elle n'est pas similaire au cerisier, qu'il côtoie pourtant depuis des années. Elle est plus profonde. Plus marquée. Presque brutale. Voilà quinze ans qu'il ne l'a plus ressenti. Depuis la dernière fois qu'on lui a tendu une baguette en chêne blanc. Il ne saurait pas vraiment dire si elle est exactement similaire, mais il est sûr d'une chose très rapidement, presque instantanément. C'est le bois pour lequel il aurait du opter, quinze ans auparavant. Son bois de prédilection, comme l'aura nommé Jun. C'est à peine s'il écoute ce que raconte le synthétiste, ou même Freya, et c'est d'un air absent qu'il finit par hocher la tête - à quoi, nul ne le sait.

- Cool !

La baguette est déposée sur le côté, observé en chien de faïence, les sourcils froncés, une expiration qui lui déborde des lèvres en profond soupir.

- C'est celui-là qu'il m'faut, il s'adresse à Jun directement. C'est lui le concepteur après tout. Puis, le film se refait sous son crâne, et il lâche, avec un air ahuri : y a des créatures qui captent que deux ou trois dimensions vraiment ?

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