Harry Potter RPG

Liste des messages de Elliot Blackburn

Elliot Blackburn

Homme

25 ans

Né-moldu

Britannique

Mauvais timing

Message publié le 02/09/2025 à 17:28

- La fille Carter est v'nu voir son mec on dirait.
- De quoi ?

 

L'cou d'Elliot se tord de tout là haut pour aviser la présence d'Alison, plusieurs mètres plus bas. Rien à voir avec ce qu'il s'attendait à voir pour zéro raison. Il détourne la gueule, agacée d'son propre réflexe, alors qu'un des gars siffle.

 

- Elle est mineure Spence, calme tes ardeurs.

- Ça va c'est juste pour l'faire chier.

Aucun d'eux n'a vraiment l'temps de se disperser plus longtemps qu'ça. L'entrainement est, comme tous les autres, méga-intensifs, et personne est autorisé à s'relâcher. Sont plutôt soulagés d'entendre le sifflet qui les fait tous redescendre et filer vers les douches. Les cerveaux shootés à l'endorphines rendent l'atmosphère plutôt tranquille alors que ça s'emmerde sous la douche et en dehors. Elliot est carrément pas ravi d'se faire cueillir à la sortie du vestiaire par le coach, pour des heures supplémentaires qu'il avait pas vu v'nir.

 

- Sérieux ?

- Elliot c'est notre sponsor principal, dont t'es la tête d'affiche, et dont t'as niqué l'lancement. Tu viens dire bonjour.

Il baisse le r'gard. Oakwood sait taper où ça fait mal, y a pas à dire. La main agrippée à son épaule avec la même fermeté qu'une pince, il braque un sourire à l'intention des deux filles déplacées pour l'occasion. Au moins c'est pas Freya.

 

- Salut.

Il serre la main de la salarié qu'il a déjà vu à plusieurs reprises sans jamais retenir son nom, s'contente d'un signe de tête vers Alison.

- C'est cool que vous soyez v'nu voir l'entrainement.
 

En vrai la meuf est sympa, et il a carrément rien contre elle. C'est juste qu'il s'rait bien rentré chez lui pour s'poser devant sa play. Tout plutôt que d'débattre des performances des OCQ500 - qui s'vendent malgré la conférence qu'il a fait foirer -, ou des statistiques de toute l'équipe depuis qu'ils en ont hérité. Il fait l'taff. Parce qu'il est payé pour, et qu'Oakwood est là. Alison elle, a embarqué Spike plus loin pour l'emballer sans grande pudeur, à peine dissimulés du reste du monde. Elliot s'est contenté d'hausser un sourcil en émettant un rire un peu étranglé. Puis, ça bouge. Aucun de vous capte vraiment ce qui se passe avant qu'le nom d'Owen Carter soit prononcé, et Elliot ouvre grand ses yeux en se retournant pour aviser l'géant.

- Ohw.

- Owen Carter en personne ! Mais quel honneur ! S'exclame Oakwood, visiblement aux anges.

Il s'contente d'avoir une gueule un peu stupéfaite tandis qu'il tend une main à l'ancien joueur pour se la laisser broyer joyeusement.

 

- Wah. Z'êtes rev'nu alors.

Il a une vague pensée pour Freya qui lui annonce que son père a effectivement décidé de réapparaitre dans les parages. Visiblement, il a aussi décidé d'rendre ça super officiel.


La malédiction

Message publié le 02/09/2025 à 17:00

La plupart des gars de l'équipe a commencé tôt. Vraiment tôt. C'est l'milieu qui veut ça. Tu démarres tôt, mais tu tires ta révérence avant d'avoir tes trente balais. Elliot avait quinze piges quand il est passé pro. Il avait moins quand il a pris sa première cuite, avec la gnôle de son père. Il a fumé des cigarettes aussi, pas mal. Des pétards, occasionnellement. Puis il a été sélectionné, et il a arrêté ses conneries, parce qu'il s'agissait d'filer droit s'il voulait réaliser son rêve. Tenir le niveau.

 

N'empêche que les joueurs savent s'éclater.

 

En dehors des sessions intensives ou des périodes de grosse compétition, ça s'lâche. C'est clairement pas l'quotidien, mais les soirées ponctuelles où ils se tapent des mines rattrapent glorieusement tout l'délire d'alimentation équilibré, d'sommeil régulier. Sortis d'un entrainement aussi pourri que celui d'aujourd'hui, à plusieurs semaines du premier match de la saison, les gars savent bien qu'ils sont venus pour se foutre un peu à l'envers, et ils ont déjà commencé à profiter du mini-bar à remplissage perpétuel qui trône au milieu du salon.


L'truc est loué pour à peu près une blinde, mais il fait clairement l'unanimité.

- T'bois pas, t'fumes pas, tu baises au moins ?

- Quinze ans, l'âge des premières putes !

- Putain.

- Putes, putains, c'est pareil non ?

- Nan j'dis putain. Z'êtes lourds.

- BON, que le génie se dénonce.

- L'génie de ?

- Fucking Spurcus Maximus !
- Ah mais il est là l'génie !

Elliot pointe du doigt Ryder avant de s'engloutir son verre de pur-feu d'une traite.

 

- Putaaaain. T'rends compte c'est à toi qu'on trinque et tu bois rien.
- Lâche le, s'il veut rien boire il boit rien.

L'appartement est plutôt gigantesque. Des fenêtres donnent sur toute la ville de Cardiff, baignée dans la grisaille depuis déjà plusieurs heures. Une radio enchantée balance les sons de groupes de musique sorciers qui foutent une plutôt bonne ambiance. La plupart des gars sont en toute détente, étalés dans des larges fauteuils ou des canapés. Certains sont en train de s'éclater sur un babyquid qu'occupe tout un espace du salon. D'autres se foutent sur la gueule à propos des statistiques de joueurs.  Son verre resservie à la pompe, Elliot se déporte en cuisine pour récupérer dans la porte du frigo une bouteille de pétillante énergisée. Il la refile à Spike en passant.

 

- Tiens mon gars.

Sont peut-être souvent parés à s'éclater la gueule, mais z'ont tous autant qu'ils sont d'quoi boire sans que ça contienne forcément de l'alcool. Logique quand on vient de c'monde.


Mais où est Charli ?

Message publié le 28/08/2025 à 17:54

Le deuxième pur-feu descend moins vite que l'premier. Pas qu'Elliot ressente une envie particulière de s'éterniser. Juste que l'regard de Charli lui a pas échappé, l'air de rien. Il plante deux yeux insurgés sur la cadette Carter alors qu'elle évoque un truc tellement daté qu'il l'aurait presque oublié, s'reporte sur la seule capable d'avoir cafté sur le sujet. Il se contente de faire claquer sa langue contre son palais en secouant la tête. Ce genre de souvenir le ramène des années en arrière. À une époque insouciante et tranquille. Une époque ou il cumulait les conneries juste histoire d'attirer l'attention de Freya sur lui. 

- T'as fait ça et tu t'es fait choper ?

- Putain d'balance, il grommèle pour la forme, sans en avoir grand chose à carrer.

À l'intention d'Charlie ou de Freya, difficile de le savoir, parce qu'il regarde ni l'une, ni l'autre. De toute façon maintenant que la gamine a sorti une telle information devant Charli, c'est sûr que c'est lui qui va s'mettre à la balancer à tout va, et à tout l'monde qui voudra bien l'entendre. Il regarde le manège entre les deux filles sans trop comprendre, engloutissant finalement la fin de son verre alors qu'elles s'échangent des trucs à voix basse. Il accueille la proposition avec un air qu'en dit long : l'a, encore une fois, pas prévu de s'éterniser, et elle vient clairement d'enclencher un Charli impossible à ramener tant qu'il aura pas vu l'atelier.

- Yes.

 

Bien sûr, l'gamin part au quart de tour, beaucoup trop heureux de l'opportunité. Elliot peut pas s'empêcher de secouer la tête et de lever les yeux au ciel. Il sait pas à quoi joue Freya, mais il kiffe pas. À part récompenser son petit frère d'avoir quitté Poudlard sans aucune foutue autorisation en s'embarquant dans ses affaires personnelles, elle sape aussi complètement l'peu d'autorité qu'il pourrait imaginer avoir sur lui. Ceci dit il est bien conscient qu'il en a zéro. Tout comme personne en a jamais eu sur lui, en dehors d'une poignée de professeurs à Poudlard peut-être.

 

Charli dévale les escaliers. Elliot se contente de suivre le groupe, les mains dans les poches, regrettant déjà de pas avoir demandé un troisième whisky. Sûr qu'le môme va avoir envie d'tout essayer. Il est carrément pas sorti de l'auberge. Freya refile un balai à son frère dès qu'ils arrivent en bas, alors que déjà dix mille questions fusent d'entre ses lèvres. Mais dès qu'il récupère le manche, le gosse ferme complètement sa gueule. Ça s'voit qu'il a ressenti un truc. Comme n'importe qui qui chope un OCQ500 finalement. Mais il essaie pas d'monter dessus, pas plus qu'il a l'air excité à l'idée d'l'avoir entre les doigts ou de le tester.

En fait, il lui jette carrément un regard en biais avant de refoutre le manche entre les mains de Freya, presque violemment.

- Nan mais on a pas l'temps en fait m'dame Carter, faut qu'on rentre.

Le changement d'ton est tellement brutal qu'Elliot échappe un rire léger, moqueur.

- Ben voyons. C'est bon Charli t'as l'droit d'tester, on est pas descendu jusqu'ici pour rien.

- Nan mais c'est bon !

 

Y a un silence un peu con, parce que Charli vient d'beugler ça avec un air entre panique et énervement, et Elliot fronce les sourcils sans rien biter.

 

- De quoi c'est bon ? Mec t'peux tester un balai qu'tu peux même pas t'offrir et que Poudlard aura pas avant... j'sais pas quand, tu vas pas m'dire que t'es fatigué ?

- Si ! J'suis fatigué ! Pis j'pourrais m'l'offrir plus tard et tout c'est bon hein. J'le connais j'l'ai vu dans les magasines.

Il croise les bras. Elliot le trouve ridicule. Ça a juste aucun sens. Zéro d'chez zéro. Il est cramoisi jusqu'au bout des oreilles, avec des pupilles un peu dilatées. Elliot chope le manche du balai en jetant juste un œil à Freya histoire de lui faire comprendre que c'est bon j'gère, et le refout dans les mains d'son frère.

 

- T'as gagné ta soirée Charlo, t'as l'droit de tester le balai. T'as ma complète autorisation. C'est bon pour toi ?

- MAIS J'EN VEUX PAS !

C'est de l'esprit de contradiction ? De la connerie pure ? Nan. D'la panique. D'la panique peinte sur tous les traits du môme, qu'Elliot capte vraiment, mais vraiment pas d'où elle sort.

 

- Quoi c'est l'bois il t'vas pas ? Freya t'as pas du... ta baguette c'est quoi déjà, du cerisier... du cerisier ?

- Nan mais j'veux pas tester ce soir j'suis trop fatigué ça va être nul.

- Nul de quoi, c'est bon j'suis pas là pour t'juger tu voles que d'puis cette année Charli, Elliot essaie gauchement de le rassurer.

- Tu vas t'foutre de moi c'est tout j'sais.

Les doigts qui s'croisent et qui se décroisent, le gamin refuse de croiser son regard, et Elliot prend une longue inspiration :

 

- Nan, nan j'te jure j'vais pas m'foutre de toi, c'est bon.

- J'ai pas envie.
- T'adore le Quidditch Charli, pourquoi t'aurais pas envie d'voler sur un fucking OCQ500 ?

- ...


Mais où est Charli ?

Message publié le 23/08/2025 à 17:52

Tu pense qu'à ta gueule Elliot, il a que onze ans tu l'sais ça ? Il le sait. Il le sait, comme il sait pertinemment qu'à cet âge, il a été au moins tout aussi casse-couilles que Charli, si c'est pas plus. L'truc c'est qu'il a rien demandé. Il en veut pas d'cette responsabilité. Ça a toujours été toi qu'il regarde et tu l'sais très bien. Ça a toujours été Elliot que Charli suivait partout, même tout gamin. Fasciné par ses capacités magiques, comme s'il savait dans l'fond qu'il en aurait lui aussi. Alors quand il en a eu... ça a juste été pire. D'toute sa famille, Charli est l'seul a lui avoir jamais écris des lettres.

 

Des longues, très longues lettres, bourrées d'fautes d'orthographes.

 

Au départ il a répondu. Rapidement. Brièvement. Il a envoyé quelques badges qu'on lui refilait gratos ici et là. Quand il se pointait à la baraque, il montrait à Charli deux ou trois sortilèges, lui racontait un peu l'Quidditch, les matchs avec les Catapultes. Ça restait rare. Elliot a jamais été du genre à visiter régulièrement. La vingtaine, des meufs qui lui tournent autour, une équipe de branleurs qui l'emmènent en beuverie pratiquement tous les soirs, l'en faut pas plus pour s'décrocher, doucement mais sûrement, du peu d'habitudes prises. 

- T'inquiète, Elliot commente à propos des glaçons, déjà carrément surpris d'se faire servir un pur-feu.

Son regard est projeté sur le décor de la baraque carrément atypique des Carter. L'a jamais eu l'droit d'y foutre les pieds. Grand joueur de Quidditch, Owen Carter, mais si Elliot était un d'ses fans, on peut pas dire que ça ait été même un peu réciproque. Les yeux posés sur les photos qui s'amoncellent aux murs, Elliot peut pas effacer l'sourire vague qui lui tord les lèvres devant la gueule de Freya encore toute gamine. L'époque, lointaine, est gravée dans sa mémoire. Superposé au visage fatigué de la sorcière qui lui propose un verre ce soir, spontanément, il se terni finalement, et Elliot retrouve un air renfrogné. 

- Dis merci au moins, il ordonne à Charli, qu'a déjà chopé des couverts pour entamer son assiette chaude.

- Merchi !

Elliot secoue la tête, récupère son verre de pur feu, et rencontre enfin l'regard de Freya pour lâcher à son tour.

 

- Ouais. Merci.

Il le lève avant de se l'engouffrer pratiquement d'une traite. Faut au moins ça pour survivre à la soirée.

- Oh. 

 

Adossé au mobilier de cuisine, Elliot reste un peu con, pas prêt pour l'information qu'elle vient d'lui balancer. Charlie reparait, coupant court à toute réponse qu'il aurait pu avoir l'temps d'imaginer. Il en a aucune, en réalité. L'verre est reposé sur le plan d'travail alors qu'il reporte son attention sur les gamins. Son frère a l'air fasciné par c'que lui montre la sœur de Freya, et commente tout à toute vitesse, la bouche pleine, ses doigts gras s'baladant sur les pages pour donner son avis. C'est une bonne nouvelle, l'retour d'Owen Carter. Il sait qu'Freya attend qu'ça. Ne serait-ce que pour arrêter d'avoir à être l'seul parent à domicile.

- L'est temps, il commente finalement en plantant son regard dans celui d'Freya. 

Il dira rien, parce que bien sûr qu'il dira rien. Il a même pas b'soin d'le confirmer. Les yeux un peu froncés, il grimace brièvement.

 

- Vous d'vez être soulagées, il poursuit. Tu dois être soulagée. Il hésite rien qu'une seconde avant d'ajouter. J'suis content pour vous. Toi, il voudrait dire.

Il voudrait bien la prendre dans ses bras aussi, dans son vieux tee-shirt kaki, avec ses foutues mèches rousses et ses grands yeux noisettes. C'est encore plus horrible d'être là, serré dans sa cuisine, que d'être devant sa porte là en bas, ou dans l'même couloir du Centre de Cærphilly. Parce qu'il est . Dans son espace personnel, dans son intimité, sachant pertinemment qu'il y a pas la moindre fucking place. Difficile de garder un masque dans ces conditions. Il s'éclaircit la gorge, secoue son verre avec un air un peu impertinent, mais surtout incertain.

 

- T'en as pas un autre ? Ça s'célèbre j'imagine. Un peu.
- Qu'est-ce qui se célèbre ? Demande Charli en s'tordant le coup pour les regarder.

 


Mais où est Charli ?

Message publié le 22/08/2025 à 12:37

Elliot a enfilé son meilleur masque. L'visage fermé, l'regard dur, il s'contente de regarder Freya avec distance pour mieux se focaliser sur ce qui s'passe derrière. L'vacarme de pas précipités. Il s'en tape, actuellement d'se faire repérer. Il a pas prévu d'rester. Il le fait bien sentir. C'est pas un connard impoli non plus, alors évidemment qu'il lui balance un 'soir qui s'perd un peu dans le bordel de ce qu'elle a l'air de tenir à raconter. Qu'elle pensait que c'était Horace. Qu'Charli veut pas s'faire engueuler. Tout ça. Ça aurait du être Horace, c'est clair. Ça aurait même du être Daryl Brooks en fait. Mais non. C'est Elliot Blackburn qui s'est porté volontaire. Et bien sûr que si, Charli va s'faire engueuler.

 

- Elliot ?!

 

La gueule du môme est un peu incrédule. Ses cheveux bouclés cernent un visage môme. Se sont pas vus d'puis un bail. L'été dernier. Pour autant, Elliot se contente de l'regarder avec une gueule de type que faut pas v'nir emmerder. Tout l'enthousiasme de Charli est tué dans l'œuf alors qu'il affaisse le r'gard et scrute le bout d'ses pompes. La sœur de Freya a suivi Charli dans les escaliers, apparait de derrière le rideau, et il porte son attention sur elle alors qu'elle le salue, mollement, se perche sur un tabouret. Il balance son menton dans sa direction, lui renvoie son salut sans y mettre vraiment d'cœur. La main d'Freya vient secouer les boucles de Charli, qui se dégage d'un mouvement, s'avance.

 

- Ben c'est con. Pour l'assiette. On y va.

- C'était pas moi ! Il beugle subitement en relevant la tête. C'était elle ! Il pointe du doigt Freya, les joues roses, les yeux révoltés.

- Ben oui, c'était elle, évidemment, t'as pas du tout fait d'connerie, t'as jamais fait d'connerie, et c'est pour ça qu'on m'fait bouger d'mon entrainement pour venir te chercher au village d'à-côté, c'est ça ? 

- Nan mais c'est la malle, et l... je savais pas qu... enfin...

 

Elliot lui claque la main derrière le crâne. Pas violemment. Juste assez pour lui remettre les idées en place. Faut, des fois. L'est casse-couilles, Charli, a jamais assumer la moindre de ses foutues conneries.

 

- T'savais pas ?

- J'savais pas ! Il insiste avec des larmes dans les yeux. Pis j'ai réussi à fuguer qu'toi jamais et tout alors ça va, t'es juste jaloux !

Elliot écarquille les yeux, échappe un rire involontaire. Pas forcément joyeux. Juste un peu stupéfait. Ce gosse est con.

 

- P'tain t'es con je jure.

- ÇA VA T'ES PAS OBLIGÉ D'LE DIRE TOUT L'TEMPS !


Charli l'pousse. Genre vraiment il le pousse. Elliot inspire, essaie d'retrouver un semblant d'calme.

 

- Tu casses les couilles Charli. T'réfléchis pas. C'est tout. On y va, bouge.

 

Il l'embarque avec lui d'une poigne ferme, et Charli le rejette violemment de ses deux bras minuscules.

 

- NAN C'EST BON ON M'A INVITÉ À MANGER J'VAIS RESTER LÀ ET J'RENTRERAIS DEMAIN !

- Huh ?

 

Ben celle-là il s'y attendait pas. Pourquoi Charli doit systématiquement rendre tout compliqué. Elliot voit bien au regard de Freya qu'elle aime pas du tout c'qu'elle voit, et ça participe à son agacement profond.

 

- Ben c'est bien, bah reste là, il balance en jetant un bras en l'air. Rien à foutre en fait.

Son Nokia sonne. Brutalement. Fend l'air de sa sonnerie antique.

 

- Kayla. J'l'ai trouvé c'est bon.

- C'est Kayla ?
- Nan, il fait un gros caprice de mioche. La prochaine fois t'es mignonne tu m'appelles pas.

Elliot s'éloigne pour avoir sa discussion tranquille, alors que Charli reste en retrait, pas trop sûr de ce qu'il devrait faire ou non, les doigts s'croisant et se décroisant, les épaules affaissées.


Mais où est Charli ?

Message publié le 21/08/2025 à 20:45

L'entretien l'plus bref du monde, peut-être bien. Daryl Brooks est un gars cool, mais un gars fatigué. Elliot ? Elliot est aussi un gars cool, et un gars fatigué. Un gars inquiet, aussi, vaguement, parce que son frangin a réussi à disparaitre vraiment au milieu d'une école aussi sécurisée que celle de Poudlard, et que à quel moment en fait ? Mais l'inquiétude a pas l'temps de s'installer et d'grandir, parce que le concierge refait surface. Ce même concierge qui lui faisait de longs monologues théâtraux alors qu'il était tout gamin, en train d'braver les règlements.

 

- Charli va bien, il est chez les Carter. À Pré-Au-Lard. 

- Quoi ? Mais qu'est-ce que ce môme fout à Pré-Au-Lard ?

- Comment ça chez les Carter ?

 

Y a peu d'explications. Juste l'assurance que Charli est effectivement à Pré-Au-Lard, par le biais d'un courrier rédigé par Freya Carter, quelques minutes auparavant. Elliot le fixe intensément plusieurs secondes sans trop savoir quoi foutre de cette information lunaire. Il sait pas pourquoi il décide d'annoncer de but en blanc qu'il ira l'chercher, qu'il sait où c'est, qu'ils avaient un truc de prévu ce weekend de toutes façons. Brooks a l'air plutôt soulagé de pas se taper l'aller retour à faire, tandis que le concierge se contente d'afficher un air affairé et d'pincer les lèvres en hochant la tête à plusieurs reprises.

 

- Bien, bien. Bon mais il y aura des conséquences bien sûr.

- Des conséquences ? Milbourne, on l'colle en retenue hein, j'veux rien savoir.

- Bien sûr ! Daryl. Évidemment. Bon. Elliot. File.

- Et puis va falloir m'expliquer comment c'est arrivé parce que vraiment un môme de onze ans est pas sensé pouvoir quitter Poudlard sans qu'on s'en rende compte hein !

Elliot laisse les deux autres échanger, prend congé sans trop demander son reste. Il s'en branle un peu de la punition dont va écoper Charli. Dans l'fond, y a d'la fierté pour le frangin, parce qu'il a réussi là ou de nombreux élèves ont échoué, y compris lui. Il a un peu envie d'rire. L'truc c'est qu'il a pas tellement envie de rire alors qu'il file en direction de Pré-Au-Lard, vers la maison Carter. Putain. Pourquoi il a dit qu'il allait le chercher hein ? Il sait pas. Il sait pas, alors même que ses pas continuent de l'approcher de la boutique devant laquelle s'affiche sa gueule en grand.

 

- Fuck it.

 

L'casse-couilles de service a encore frappé. Elliot inspire profondément avant de toquer, plusieurs coups secs, sur le panneau de bois. Ses mains s'enfoncent ensuite dans le fond de ses poches larges. Rencontre avec un Nokia parfaitement silencieux. Kayla. Faut qu'il rappelle Kayla. Plus tard. Il attend. Il attend avec l'image Freya qui lui passe dans l'crâne, qui s'marre de la situation, alors qu'ça fait des mois qu'il a réussi à pas la croiser, à pas l'encadrer. Bordel. Quand la porte s'ouvre, il prend l'temps de rien. Ni d'regarder qui c'est. Ni d'dire bonsoir. Il beugle :

 

- Yo, Charli, t'ramènes ton cul !


Mais où est Charli ?

Message publié le 20/08/2025 à 16:13

19h - Poudlard

La sonnerie du vieux Nokia résonne dans tout l'Centre. À peine sorti du vestiaire, les cheveux humides, Elliot l'extirpe de la poche de son sac avec une gueule circonspecte devant l'nom de sa sœur, affiché en gros sur l'écran.

- Yo, Kayla ?

- Elliot, faut aller à Poudlard.

- Huh ? 

- Charli s'est tiré. Fin ils savent pas où il est. Nan j'suis avec Elliot. C'est bon ! J'suis avec Elliot. P'tain.

- S'passe quoi là ?

- Z'ont envoyé un hibou. Y a des plumes partout c'est l'bordel. Bon. T'peux y aller ou quoi ? Genre maintenant.

- Nan mais pourquoi moi ?

- Elliot !

- Qu'il fasse pas chier !

 

La voix du paternel Blackburn surgit du fond de l'appareil, et Elliot l'éloigne avec une grimace.

 

- C'est bon j'vais y aller. Tiré où ? Quand ?

- J'sais pas ! L'trouvent pas, il manque à l'appel ou j'sais pas quoi, nous enverrons quelqu'un dans les plus brefs délais afin de vous accompagner jusqu'au château, blablabla, Daryl Brooks, directeur de la maison Gryffondor et professeur blablabla.

- Bah t'vois qu'ils envoient quelqu'un ! Tranquille.
- Nan mais t'y vas en fait, les parents ils vont pas calculer l'gars c'est sûr, t'sais comment ils sont là, Kayla gronde à voix basse.

- Oh la la mais putain. J'bouge. Réponds au courrier. Dis leur d'envoyer personne...

- Nan mais le temps qu'il reçoive et tout, pourquoi ils ont pas un foutu téléphone aussi ?

- Écris juste Kayla, pose pas d'questions !
- Tu tiens au jus et auss...

 Bip bip bip

Casse-couille. C'est l'seul terme qu'il a jamais eu pour définir son p'tit frère, et ça lui colle à la peau. Y a pas à dire. Il prend pas l'temps de foutre la moindre illusion sur sa gueule. Pas l'temps. Dans quoi il s'est fourré ce petit con encore ? Elliot fait un signe rapide aux gars qui s'éloignent de l'autre côté, et d'un coup de transplanage, il disparait à son tour en un craquement sonore. Les alentours de Poudlard sont trop bien protégés pour y apparaitre n'importe comment bien sûr, alors il se rend au plus proche : Pré-Au-Lard. Il ignore les devantures de boutiques fermées pour rejoindre un sentier des centaines de fois empruntés dans sa jeunesse.

Bientôt, il atteint les grilles de Poudlard, et s'annonce. C'est l'concierge qui l'accueille. L'air plus grave qu'à l'accoutumé. Les yeux peut-être un peu pâles aussi. Les lèvres serrées. Elliot inspire, et le suit sans qu'ils n'échangent beaucoup plus de paroles que de brefs salutations polies. On va le retrouver Elliot, j'peux te l'assurer. Il peut pas être parti bien loin. Nan mais il s'est juste planqué. J'le connais hein. J'suis même pas inquiet. Il n'est clairement plus sur le domaine de Poudlard, on l'a ratissé dès qu'on a su... Oh. Il arrive à être un minimum inquiet alors qu'il se fait larguer dans le bureau de Daryl Brooks. Il connait pas Daryl Brooks. L'type était pas en poste à son époque. Alors il entre sans trop savoir à quoi s'attendre, et avec tout sauf l'impression d'être à sa place.


De plumes et d'encre

Message publié le 20/08/2025 à 13:20

- C'est pas c'que t'as l'air de dire, Elliot répond du tac au tac.

 

Il peut l'voir, qu'elle le vit mal. Genre super mal. L'truc c'est que lui aussi l'vit mal. Et il a pas envie d'marcher sur des œufs. Il a jamais été l'genre à marcher sur des œufs. Ça sert à rien. Comme toute cette conversation sert à rien. Parce qu'il a beau défoncer des portes ouvertes, Freya s'ferme encore et toujours plus. Il aurait voulu qu'elle lui donne tort. Il aurait voulu... il sait même pas trop. Qu'elle cause. Qu'elle dise vraiment c'qu'elle pense au fond. Qu'elle arrête de l'regarder avec des lèvres qui tremblent et des yeux brillants comme s'il était en train d'la pourrir.

 

Elle se retourne. Elle se tire. Il peut juste la regarder faire.

L'bide retourné, il reste con, les yeux posés sur sa silhouette qui s'éloigne, qui passe la porte, qui disparait. Il a envie d'foutre un poing dans un mur. D'gueuler. Mais il dit rien, il garde tout. Un peu comme quand il était môme et que son père lui gueulait dessus, et qu'il aurait voulu gueuler d'ssus tout pareil, mais qu'il savait qu'en le faisant il allait s'en ramasser une. Il ravale la colère, la frustration, l'amertume. Ça forme une putain d'boule qui lui donnerait presque la gerbe. Il aurait préféré qu'elle vienne pas. Qu'elle lui court pas après comme elle l'a fait.

- Putain.

 

L'mot résonne dans le tunnel, solitaire. La main fermée autour du manche de son balai, Elliot détourne les yeux de la porte pour finalement s'accroupir là, sur le quai. Les bras sur les genoux. Il tremble de l'intérieur. Il reste là plusieurs longues secondes, sans vraiment savoir quoi foutre de lui-même. Y a des moments, on a pas envie d'les affronter. Mais quand la porte valdingue de nouveau sur ses gonds, il est forcé d'se tourner pour faire face au visage cramoisie de Jarvis qui sue dans son costume trois-pièces, un index grossièrement pointé sur lui.

 

- Tu m'fous dans la merde Elliot, tu l'sais ça ?

 

Elliot se relève. Tranquille, en apparence. Sa colère a refroidie. Soufflée par le départ de Freya Carter. Il rejoint son agent avec un pas monotone et se contente d'hausser les épaules.

 

- J'ferais des excuses publiques.

- Sûr qu'tu feras des excuses publiques ! Bordel à cul d'bordel de merde.

L'type s'excite tout seul alors qu'ils prennent le chemin inverse, et Elliot se contente de lui répondre aléatoirement sans prêter la moindre attention à ce qu'il raconte vraiment. Il est aussi déçu qu'soulagé de constater que Freya s'est tirée pour de vrai, avec Jun et tout leur attirail. Il sait qu'il va forcément la revoir, parce qu'ils sont liés par un putain d'contrat. Mais l'plus tard sera l'mieux. Parce qu'il déteste l'état dans lequel elle le fout systématiquement.

- Mardi prochain.

- Huh ?

- LES EXCUSES ELLIOT !

- Ah ouais, ouais. Ça va il a rien l'gars.

- T'as niqué sa caméra. T'veux savoir son prix ?

- Bof.

- Quatre mille cent vingt gallions, Elliot.

- Mhf.

- QUATRE MILLE CENT VINGT !

- Et ? J'peux lui r'payer si c'est que ça.
- PUTAIN MAIS ÉVIDEMMENT QUE TU VAS LUI R'PAYER !


De plumes et d'encre

Message publié le 19/08/2025 à 10:06

Putain. Si Freya elle-même sait pas ce qu'elle veut dire, ils vont carrément pas y arriver. Au moins ça la fait marrer. Lui, moins. Il reste la regarder avec un mélange d'ahurissement et de défiance. Puis, à mesure qu'elle essaye vaguement d'expliquer, les épaules d'Elliot s'affaissent. Le visage fermé, il essaie de raccorder les wagons. Des wagons vieux d'au moins dix ans. Il a l'regard qui flotte sur les rails désaffectés, la végétation qui s'infiltre au milieu des points d'rouille. Ses poings se serrent, et sa gorge aussi. Il finit par enfoncer ses mains dans les poches de son manteau, se force à la regarder de nouveau.

 

- De quoi ? Il balance un peu sèchement alors qu'elle parvient pas à terminer sa phrase. Envie de quoi Freya ?

Cette conversation va nulle part. Il commence seulement à l'voir. Elle sait ce qu'elle veut, mais elle sait pas ce qu'elle veut. C'est exactement comme quand ils avaient quinze ans. C'est compliqué en ce moment Elliot. J'y arrive pas. Il avait essayé d'y arriver pour eux deux, pis il avait abandonné. Il avait pris ses distances, parce que c'est ce qu'elle lui avait imposé. Renfermée sur elle-même, c'était devenu impossible de lui parler. Impossible pour elle d'expliquer ce qu'elle avait dans l'crâne, ce qu'elle voulait vraiment. Elle a pas mal changé, et en même temps elle a pas du tout changé. Il ressort les mains de son manteau pour les jeter en l'air :

 

- Tu sais pas c'que tu veux. Enfin si. Si. Tu sais c'que tu veux pas. Tu veux pas avoir mal. J'vais t'dire moi non plus. Pas mon grand kiff, franchement. Mais j'ai pas d'garantie à t'offrir, pas plus que toi en fait.

 

Elle croit quoi, qu'il l'a pas mal vécu sa cinquième année ? Qu'il a pas eu mal ? Qu'il a pas peur ? Il a peur. Il a peur de tout niquer pareil que la première fois, et pire que ça il a peur de même pas s'en rendre compte, parce qu'il est toujours pas sûr d'avoir compris ce qu'il avait fait de si terrible à cette époque là. D'un autre côté il sait très bien ce qu'il veut, et il est prêt à prendre un risque juste pour l'obtenir. Enfin. Il était prêt. Il a pris ce foutu risque. Il s'est fait claquer la porte au nez. Sans regret. Sans regret jusqu'à ce qu'elle se pointe pour lui balancer qu'elle a envie de sans essayer d'finir sa phrase.

 

- J'me suis éloigné. J'ai compris l'message et j't'ai laissé tranquille. Alors arrête de faire ça, il la désigne vaguement. Juste arrête. C'est chiant. Ça fait mal.

 

De la voir ouvrir et fermer des portes contre sa gueule. De s'marrer avec lui comme avant mais juste pour être potes pis de lui dire qu'ils peuvent pas être potes parce qu'elle a envie de. De battre le froid et l'chaud alors qu'son petit-ami s'tient quelques mètres plus loin, probablement en train de l'attendre et de se demander ce qu'elle est partie foutre à lui courir après dans les couloirs, alors qu'il vient de niquer toute la promotion de leur balai révolutionnaire. Agacé, Elliot se retourne brutalement et récupère son balai d'une poigne ferme, l'empêchant de continuer ses circonvolutions.

 

- On a plus quinze ans tu sais ? Alors on devrait essayer d'garder une relation pro. J'ai déjà bien niqué la conférence, j'ai pas envie que ce soit pire juste parce que j'te rappelle tes pires souvenirs.


De plumes et d'encre

Message publié le 18/08/2025 à 19:51

Tout l'instant est bizarre. Pas genre suspendu. Juste bizarre. Il comprend pas pourquoi elle pense avoir tout niqué. C'est lui qu'a merdé. C'est lui qu'a pété un plomb. Pas elle. S'il capte l'idée qu'elle puisse parler d'autre chose, d'eux, il la balaie aussitôt. Elle peut pas parler d'autre chose. Elle l'a recalé. Elle sort avec Jun. Elle a choisi. Alors quand elle évoque le mug, il a le visage qui se ferme presque brusquement, les lèvres serrées, et la mâchoire encore plus crispée que l'instant d'avant. Parce qu'elle laisse plus la moindre place au doute. Elle parle pas de la foutue conférence. Elle parle vraiment d'eux.

Il dit rien, Elliot. Il reste juste planté là à la regarder comme une étrangère. Elle rend tout compliqué. Elle rend tout super compliqué. Il l'a invité à sortir, elle était pas dispo, elle a trouvé un mec. C'est pas grave, c'est la vie. Il est sensé faire quoi, lui courir après ? Faire du forcing ? Il a jamais été ce genre de gars. Il sait prendre ses distances quand il sent que y en a besoin. Comme avec fucking Kelly qu'a décidé de redonner une chance à son fucking mari. Il aime pas les trucs compliqués. Elle rend tout compliqué. Pour autant il a pas envie qu'elle se tire comme elle le fait. 

 

Un merci et au revoir. C'est ridicule. Sont plus des gamins. À seize piges on peut encore foutre ça sur l'dos de problèmes de communication. À leur âge on est pas aussi con. Ça fait longtemps qu'il a appris la leçon. Les trucs qu'il a obtenu dans la vie il les doit qu'à lui. Les trucs qu'il a perdu aussi. Il s'avance. Il sait pas encore ce qu'il a envie d'dire. Il sait juste qu'il a besoin d'dire un truc pour la retenir. N'importe quoi. Parce que même si elle rend tout carrément compliqué, elle rend tout vachement plus important. 

 

- Qu'est-ce que tu dis ? Il demande, incertain. À propos du mug.

 

Parce qu'en ce qui le concerne, c'est carrément sorti de nulle part. Il a même pas eu la foutue occasion d'essayer d'relancer quoi que ce soit entre eux. Il a pas essayé d'réparer quoi que ce soit. Elle l'a recalé. Elle a commencé à date Jun. Il s'était même convaincu que c'est pour ça qu'elle lui avait rendu l'mug. Pour tourner la page, ou un délire du genre. Les filles font ça des fois. Ça l'a pas empêché d'le foutre dans ses étagères et d'le regarder avec nostalgie chaque fois qu'il est passé devant depuis. Elliot soupire, cherche un truc du regard sans le trouver avant d'en revenir à Freya.

- J'comprends pas. J'te comprends pas. J't'ai proposé un verre, t'as dit non. T'as trouvé un mec, j'te dis que j'suis content pour toi. Personne a rien essayé d'réparer. T'avais pas envie. Alors quoi... tu r'grettes ? T'aurais voulu que quoi ? J'comprends rien Freya. Rien. T'aurais aimé que quoi s'passe autrement ? C'est Jun ? Il est pas si cool ? C'est quoi ?

 

Son ton est monté sur la fin, parce qu'il a toujours de l'adrénaline qui lui coule dans les veines, et qu'il a pas vraiment fini de décuver. Il s'en branle. Il a besoin de comprendre. Ça lui parait vital. Tout pour mettre fin à cette ambiance carrément étrange qu'il a envie d'couper au couteau. Bien sûr qu'il est monté au créneau pour la défendre. Parce que savoir Freya avec un mec l'empêchera jamais d'avoir envie d'être là pour elle, même de loin. Mais vraiment de loin. Si elle commence à s'imaginer qu'ils va venir dîner chez eux et la mater se bécoter avec Jun c'est mort. C'est pas ce genre de gars.


De plumes et d'encre

Message publié le 18/08/2025 à 15:15

Il sait pas où il va. Suit vaguement les quelques panneaux de sortie de secours encore en service - certains clignotent, le néon crépitant à l'intérieur avec irrégularité. Le couloir qu'il arpente fait bien plusieurs dizaines de mètres. Elliot enfile son blouson d'un geste agacé. Finit par pousser une porte qui le voit déboucher sur les quais les plus désaffectés de la station. Envahis par la rouille et la végétation. Ici, les lueurs s'infiltrent aux travers de grilles d'aération qui donnent sur la ville, et par lesquelles parviennent son bourdonnement familier. Les rails disparaissent dans des tunnels larges, pour ne plus sortir avant des kilomètres.

 

- Fuck it.

 

Arrêté dans son élan, Elliot lâche brutalement le manche de son balai, qui part rouler sur le béton, s'arrête le long de fissures grossières. Il se laisse tomber à son tour, sur l'un des quelques sièges encore vissés sur les murs. Le grincement qui en résulte déchire l'air tel une plainte navrante et particulièrement dramatique. Deux mains lassent viennent lui frotter le visage, les coudes ancrés sur les genoux, puis il se redresse et se contente de planter son regard droit devant. Les parois, courbes, intégralement formées de briques, ont été martyrisées par peut-être des dizaines de bombes aérosols.

 

L'endroit est vide, plongé dans le silence, si l'on oublie les coups de klaxons des voitures qui continuent de défiler au-dessus. Alors quand la porte s'ouvre subitement, Elliot est sur le qui-vive. La tête immédiatement tournée dans sa direction, il s'imagine trouver un Jarvis au sommet de sa forme, paré à lui réclamer des excuses publiques dans les plus brefs délais. Mais ce n'est pas Jarvis qui vient de débarquer dans la station. C'est Freya. Par réflexe, Elliot détourne le visage, enfonce ses mains dans ses poches, crispe la mâchoire. Il se lève. Pas pour aller quelque part. Juste pour garder ses distances. 

Une main vient pourtant l'arrêter dans les quelques secondes suivantes. Une main qui l'effleure à peine. La main de Freya. Sa voix résonne sous le tunnel alors qu'elle lui adresse la parole. Elliot se retourne, et dans le même mouvement, involontairement, remet une distance entre eux. Il sait pas trop ce qu'elle fout là. Elle devrait être remonté. Elle devrait lui gueuler dessus pour avoir tout niqué. Il préférerait qu'elle gueule, ça serait vachement plus simple. Il fronce les yeux sans trop comprendre ce qu'elle dit, au sujet d'se faire trimballer.
 

- Quoi ?

Mais les yeux plantés dans les siens, il met pas bien longtemps à percuter. De tout ce dont elle aurait pu venir lui parler, elle vient lui parler de ça. Merde. Pourquoi ? Il voit même pas l'rapport avec ce qui vient de se passer. Pourquoi elle est pas juste venu l'engueuler ?

 

- Nan mais t'inquiète, il secoue la tête, regarde ailleurs brièvement. T'as vraiment pas b'soin d'te justifier, c'est clair et tout.

C'est pas comme s'il avait attendu quoi que ce soit. Espéré. Il avait compris l'jour même. Il avait compris à partir du moment où elle avait dit qu'elle serait pas dispo pour les prochains mois. Il avait compris quand elle avait dit qu'il verrait pour faire un truc spontané, alors même qu'il venait d'tenter un truc spontané.

 

- T'es vraiment v'nu pour m'dire ça ? J'croyais t'étais v'nu m'dire que j'avais tout niqué.

Il se sent toujours tendu. Par les journalistes. Par leurs questions d'merde. Mais surtout, il est énervé après lui-même d'avoir pété un plomb, parce qu'il le sait que c'est exactement ce qu'ils cherchent. Il le sait mais même pas il a réussi à s'contrôler. Il le sait et quand même, il a tout niqué.

- J'vais m'rattraper pour la promo, il annonce de but en blanc. Faire des excuses publiques, tout ça. Faut pas vous en faire avec Jun. Pis faut pas t'en faire pour... Il hausse les épaules, pas trop sûr de comment l'dire : vous deux. C'est cool.

L'air est carrément étouffant, il trouve. Il s'éloigne brutalement, histoire de marcher. Juste de marcher, sans aller où que ce soit. Ça va qu'le quai est long.

 

- T'peux y aller ok ? J'vais retourner voir Jarvis. Fallait juste j'prenne un moment. Ok, il voulait s'tirer mais il s'est planté de direction. Ça arrive à tout le monde. Elle a pas besoin d'le savoir. T'as qu'à lui dire que j'arrive.

Parce que maintenant qu'il y pense, c'est probablement Jarvis qui l'a envoyé. Il voudrait ajouter qu'il est désolé. Lui demander si ça va. Être sûr qu'il a pas vraiment tout niqué. Mais il a pas assez d'mots pour ça. Pis c'est pas sa place. C'est plus sa place. Ça l'a même jamais vraiment été.


De plumes et d'encre

Message publié le 14/08/2025 à 20:35

Ça lui foutrait presque la gerbe. Jun qui coupe la parole à Freya. Cause à sa place sur des sujets qui l'regardent même pas. Répond au sujet d'la Saint Valentin. Fait rougir Freya. Entendre les rumeurs et constater leur véracité en live sont deux choses complètement différentes. Y a pas à chier. Ça l'emmerde d'autant plus quand ça vire au pugilat, alors que les journalistes s'acharnent complètement sur Freya à propos de l'absence de son père. Ses yeux refusent de quitter la main de Jun, collée à celle de Freya.

Il sait pas trop c'qui lui prend quand il se lève avec brutalité, pour brandir son balai dans un one man show complètement improvisé.

 

- Owen Carter il est là les gars.

 

Sa voix porte. Un peu trop par rapport à c'qu'il voulait vraiment envoyer. Trop tard pour revenir en arrière. Son regard dévie brièvement sur Freya avant de revenir sur une foule qui s'est subitement arrêté de bombarder l'estrade de questions.

 

- C'est son héritage, ce balai, vous l'voyez pas ? Tu m'as pas dit que t'étais partie d'son idée ? Il demande à Freya sans attendre vraiment d'réponse. Il a pas b'soin d'être là pour que son héritage perdure. R'gardez l'bordel. C'est pour lui qu'on est tous là. Pour ceux qu'ont réussi à aboutir l'projet. Pour l'OCQ 500 qui déchire sa mère !

Il le brandit en l'air connement. Y a quelques rires. Des applaudissements timides qui s'font écho, et qui finissent par prendre de l'ampleur à mesure qu'il les relance :

 

- Ça va être une révolution dans l'Quidditch, alors c'est d'ça dont vous d'vez causer, il encense en applaudissant au-dessus de sa tête à son tour.

 

Mais dans la salle restent une poignée d'irréductibles. 

 

- Monsieur Blackburn, vous avez aperçu Owen Carter lors de vos visites dans ses ateliers ?

- Est-ce qu'il va revenir au devant de la scène ?

- A-t-on des nouvelles de Kate Carter ?

 

Il sait pas quand il vrille. Il sait juste qu'il vrille. C'est quelque chose dans l'regard des journalistes. Ou dans celui d'Freya, toute paumée. Dans la façon dont Jun lui libère pas la main une seule fois. Dans l'éclat d'projecteurs qu'il trouve finalement super agressifs.

 

- T'comprends vite mais faut t'expliquer longtemps. On est là pour parler du balai, pas d'Owen. T'parles pas d'Owen. T'as capté ? On sait pas où il est, personne sait, t'es pas obligé d'être un connard et d'poser des questions dont personne a les fucking réponses.

 

Flash. FLASH. Flash. Elliot s'voit pas approcher du mec. Pas plus qu'il se voit choper sa caméra. Pas plus qu'il se rappelle qui l'a entrainé vers l'arrière avec brutalité, ou même combien d'temps on a mis à tous les faire passer en coulisse pendant qu'on évacuait la salle. Il sait juste que l'interview est fini. La campagne morte dans l'œuf, ou en tous cas sérieusement amochée. Seul dans sa loge, il fait les cent pas alors que Jarvis, de l'autre côté, cause en boucle à des types de la production d'un air excité. Il sait même pas où sont Freya et Jun. Il voudrait s'en taper. Il voudrait s'taper d'tout. Il voudrait s'la mettre à l'envers.

Ce jour là aurait du être à propos d'elle putain.

Sans prévenir, il se tire, l'blouson dans une main, l'balai dans l'autre. Aucune illusion pour lui cacher la gueule.

 

- Tu vas où ?

- Prendre l'air.

- Tu peux pas, Elliot, Elliot reste là putain.

- Ta gueule faut j'sorte ok ? Il se dégage violemment et poursuit sa route.


De plumes et d'encre

Message publié le 04/08/2025 à 14:52

Enfoncé dans l'fond de son canapé, le regard d'Elliot balaye les cadavres de bouteilles éparpillés dans tout l'appartement. La plupart des gens se sont tirés. Certains sont encore étalés ici et là. Il est l'seul réveillé. Il termine son verre d'une traite et le repose bruyamment contre la table basse. La nana planquée contre lui s'étire à moitié mais s'contente de se retourner sans faire mine d'ouvrir un œil. Il est pas certain d'où elle a débarqué là. Encore moins d'son nom. Juste qu'il voulait la pécho, pis que c'était bien parti avant qu'elle se décide à tomber comme une masse au milieu d'son salon.

Reste personne d'autre.

Une main s'enfonce dans le pli du canapé, et il en extirpe mollement sa baguette magique pour balancer un tempus. C'est même plus l'matin. C'est tellement plus l'matin qu'il est en retard. Putain.  Pas à un genre d'évènement qui s'annule. Pas non plus l'genre où il peut juste oublier d'se pointer. Techniquement il pourrait demander à s'faire remplacer. Ça s'fait. Ça s'est fait une fois. L'truc c'est qu'Elliot aime pas vraiment l'idée que quiconque l'incarne où qu'ce soit. L'polynectar a ses limites. Faut qu'il se bouge. Redressé du canapé d'un mouvement las, il s'étire en matant autour de lui sans trop savoir ce qu'il cherche.

Tout lui prend des plombes. Il a carrément pas décuvé, et la douche y fait rien. La nana s'est réveillée quelque part pendant qu'il faisait ses allers retours et a pris la tangente sans demander son reste. Quitte à être arraché, Elliot se ressert un verre de pur-feu qu'il s'envoie d'une traite, juste histoire de se donner un coup de fouet. Il a fait zéro effort. Un jogging de marque enfoncé dans des chaussettes noires. Une énorme veste aux couleurs des Catapultes sans rien dessous. Les cheveux à moitié en bordel. Des lunettes de soleil enfoncées sur le nez pour cacher des yeux éclatés.

C'est plus du retard à ce stade. Il a envie d's'en taper. Mais comme tous les évènements où il sait qu'il va croiser Freya, il reste incapable de s'en taper. Il a pris soin d'esquiver le centre d'entrainement chaque fois qu'il a su qu'elle risquait de s'y pointer. C'est simple, il l'a plus revu depuis l'jour où il est venu à la boutique récupéré son balai. Pas faute d'avoir envie. Mais retrouver un semblant d'proximité pour se faire recaler dans la foulée lui a suffit à s'dire qu'il valait mieux tenir ses distances. Freya Carter est pas le genre de fille avec laquelle il pourrait être juste pote. Pas l'genre de fille avec laquelle il pourrait jouer.

Nan, Freya c'est l'genre de fille qu'il a envie d'savoir heureuse sans en être forcément témoin.

Elliot croise brièvement son reflet dans l'miroir. Se recoiffe vaguement. Se foire sur la moitié de ses illusions avant d'quitter l'appartement. Sa capuche rabattue sur la tête, les mains enfoncées dans les poches, il est plutôt confiant que personne ira le reconnaitre malgré tout. Faudrait déjà que y ait des gens qui sachent où chercher, en plus de le calculer au milieu d'une foule sapée plus ou moins comme lui. Son balai est déjà sur place. Bien gardé par un Jarvis qui doit être sur le point de péter un boulon. Elliot presse pas le pas pour autant. Il traverse Londres de sa démarche un peu arquée, un peu paumée.

Ça lui prend trente minutes de rejoindre l'entrée. Trente autres de convaincre la sécurité de le laisser passer. Visiblement engagée sur le tas, aucun n'a l'moindre rapport de près ou de loin avec le monde de Quidditch, et n'ont pas la moindre foutue idée de qui il est. Quand il se pointe enfin en coulisse, il se fait immédiatement charger par son agent. Le type est rouge comme une écrevisse, les poings serrés autour du balai qu'il force contre la poitrine d'Elliot avant de commencer à lui rappeler les termes de leur contrat, et l'argent en jeu autour de sa présence ici.

 

- Ouais. Ouais. C'est bon. J'ai pas vu l'heure.

- R'tire tes lunettes.

- Quoi ?

- Tes lunettes.

- Nah. J'suis éclaté.
- Super. Elliot, j'te signale qu'on est sur un évènement d'envergure, tu fais capoter l'bordel c'est sur moi qu'ça retombe, et aussi sur ta carrière. 

- Eh, oh, ça va Jarvis. Je gère.
- Tu gères mon cul. Cinquante minutes de retard. Tout l'monde essaie d'meubler.
- J'y vais maintenant ?
- Oui ! Putain oui. Mais t'mets ton maillot. Tout est là-bas. Bouge.

La foule s'agite, là derrière. Sans doute qu'on a annoncé son arrivée. Il en sait trop rien. Y a tout un tas d'gens qui courent dans tous les sens. Pas d'trace de Freya, ou de Jun, ou même de qui que ce soit qu'il connait. Il a entendu des rumeurs. Des rumeurs comme quoi la fille Carter serait sortie pour la Saint Valentin avec ce type. Les journalistes s'en donnent autant à cœur joie que quand ils essaient d'lui inventer une vie qu'il a pas. Mais ça s'tient. Ça l'emmerde mais ça s'tient. Jun est un type bien. L'genre gentil et prévenant. Elle bosse avec. Ça s'tient parfaitement.

Il enfourche son OCQ500. L'annonce est faite. Il déboule comme un boulet de canon directement dans la foule, pour commencer la démonstration, armé de son jersey au numéro fétiche, des lunettes de vol autour de la gueule. Les clameurs s'élèvent rapidement. Des exclamations impressionnées. Le grattement intempestif de centaine de plumes qui tentent de décrire avec fidélité ce qui se déroule sous leurs yeux. Il termine par une figure qui vient le faire atterrir directement au milieu de l'estrade, entre la team d'OCQ et les animateurs au sourire crispé.

Il leur serre la main, sa propre gueule ornée par des fossettes travaillées avec le temps, pour les milliers de photographies qu'on a pu lui faire prendre pour tant d'autres évènements. Les flashes se succèdent. Le murmure des conversations évolue en véritable brouhaha, jusqu'à ce que le silence soit fait de nouveau, et qu'on l'invite à s'assoir avec les autres, pour participer à son tour au lot de questions qui, il le sait déjà, vont le gaver plus fort qu'un Oiseau Tonnerre de Thanksgiving. La paire de lunette de vol se métamorphose pour reprendre leur forme initiale, celles de lunettes de soleil qu'il a déjà porté pour maintes interviews.


De plumes et d'encre

Message publié le 31/07/2025 à 19:03

Londres est couvert d'un manteau épais, humide, qui vient rythmer le pas de centaine de badauds affairés. L'on peut parfois apercevoir l'étrange présence d'hommes et de femmes affublés d'étranges accoutrements, qui disparaissent toujours dans la même bouche de métro. Inscrit en lettres fades sur un mur de béton envahit par la végétation : Aldwych. Peu d'habitants se prennent à emprunter le tunnel qui relie pourtant le centre commercial au parking. Pas seulement parce que la station est entièrement désaffectée. On la sait mal famée. Cela ne semble pas arrêter pourtant, ce bonhomme jovial à l'écharpe violette, cette femme au chapeau large agrémenté d'une plume de rapace, ce garçon aux joues roses et légèrement potelées.

Aucun d'eux ne parait dans le parking, des dizaines de mètres plus bas.
Aucun d'eux ne ressort non plus de l'autre côté.

Pour cause. Voilà bien des années que la station réserve son vaste secret. Un antique distributeur de tickets, plus d'une fois vandalisé. Un gallion poussé dans une fente latérale. Des mécanismes enchantés pour laisser aller et venir celles et ceux qui sont capables de voir ce qu'aucun moldu ne saura jamais repérer. L'entrée étroite et poussiéreuse d'un couloir de pierre aux décors effacés par le temps, qui mène tout droit à l'intérieur d'une vaste salle évènementielle sorcière de Londres : la Chambre de Morgane.

Creusée à même la roche, soutenue par des arches noires striées de runes enchantées capables de transformer son apparence au gré des besoins, la pièce est manœuvré par un technicien hautement qualifié - un vieux type bougon nommé Borgin Tallow, toujours sur place pour activer, désactiver ou réparer les circuits magiques complexes qui animent les lieux. Aujourd’hui, l’illusion déployée n’a rien de fantaisiste. Elle a été pensée pour impressionner un public trié sur le volet : journalistes, passionnés, paparazzis - tous réunis autour d’un seul mot : révolution.

L'occasion est unique. Rien moins que le lancement de l'OCQ 500, rassemblant pour l'occasion plusieurs membres éminents du monde journalistique. Spécifiquement du monde sportif. Se retrouvent bien sûr une poignée de reporters de la Gazette du Sorcier - pour le public mainstream -, mais également des recrues du Souafle Libre, du Vol Enflammé, ou encore du controversé Gringalet Sportif. Ça et là, des intrus du monde people bien sûr, armés de Mekapteur usés aux objectifs capables de zoomer sur plusieurs centaines de mètres. Des plumes voltigent déjà au-dessus de parchemins déroulés, parées à prendre note de la moindre anecdote croustillante.

La conférence ne va pas tarder à commencer.

Les gradins, composés d'autant de reporters que de sorciers et sorcières férus de Quidditch, semble un peu en ébullition. La plupart sont présents pour l'héritage laissé par Owen Carter, ou pour un aperçu de l'égérie de la marque pour son nouveau modèle : Elliot Blackburn. Certains espèrent sans doute apercevoir le gigantesque joueur, mystérieusement disparu aux yeux du public depuis déjà de nombreux mois ; quelques sorciers chuchotent qu’il serait temps de reparler du père-fondateur qu’on ne voit plus, et qui manque cruellement à l’appel. D'autres ne sont venus que pour obtenir un cliché avec le célèbre batteur des Catapultes, peut-être même un autographe.

Une poignée s'est déplacé par simple curiosité pour ce balai que l'on dit révolutionnaire.

En coulisse, l'agitation fait écho aux murmures grandissants des sorciers et sorcières déplacés ce jour. Certains marchent avec empressement. D'autres se hèlent à voix basse. Un type particulièrement, dénote. Campé sur deux jambes solides, les cheveux blanchis par l'âge, deux yeux noirs cerclés de lunettes rondes et épaisses, il semble au maximum de son stress. Beugle des ordres dans des murmures précipités. Arrête quiconque passe devant lui pour leur demander où se trouve Blackburn bordel, il aurait du arriver y a une heure. C'est pas possible. Jarvis Burrow, soixante-huit ans, a décidément passé l'âge de toutes ces conneries.


Le grand emballement

Message publié le 31/07/2025 à 11:12

Elle esquive, parce qu'évidemment qu'elle esquive. C'est pas la période et ça l'sera pas avant un moment. Elliot montre rien. Baisse la tête. Brièvement. Comme pour se recomposer. Offre une façade de nonchalance et un sourire vague pour montrer qu'il comprend. Ironiquement, ça lui rappelle un autre instant, directement puisé d'une autre époque. Freya qui s'efface. Freya qu'a pas l'envie, pas l'temps.

 

- Ouais, ouais on verra t'inquiète, il répond.

Spontané. Elliot l'est, spontané. L'a toujours été. Trop peut-être. Au contraire de Freya, qu'a toujours aimé tout planifier. Il est pas assez con pour pas capter qu'il se fait bouler gentiment. Mais il comprend. Il aurait même pas du demander. Il récupère son mug d'un geste, son balai d'un autre. Un vrai sourire, sincère, lui creuse deux fossettes alors qu'il ressent la connexion immédiate avec l'engin, secoue le malaise installé.

 

- Nah, j'ai des trucs à acheter, j'vais m'balader un peu. J'suis là incognito.

Elliot Blackburn a remis son masque. Il tape son meilleur clin d'œil avant de formuler les sortilèges conçus pour modifier son apparence, lui faire adopter celle de Nikola Brutcell. Des sortilèges qui ne tardent pas à envelopper son balai d'une illusion tout aussi efficace, dissimulant son apparence trop tape-à-l'œil.

 

- Encore merci pour ça, il relève son OCQ. Tu diras merci à Jun aussi ok ? 

Il hésite un instant à la reprendre dans ses bras. Juste une seconde. Se ravise.

 

- Joyeux Noël, Freya, il annonce finalement en lui adressant un dernier sourire.

Remonté dans la boutique, il ne tarde pas à se mêler à la foule. Repère Alison Carter, puis Charlie, et se contente d'agiter une main discrète vers la petite dernière. Bientôt, Elliot retrouve l'air extérieur. Son regard balaye le village, s'arrête sur la large enseigne d'Honeydukes. Il s'y dirige, ses pensées dirigées vers son petit frère coincé au château. Il a jamais été proche de sa famille comme les sœurs Carter. Mais Charli c'est pas pareil, parce que Charli est un sorcier. Il a beau casser les couilles, ça reste le seul frangin avec lequel il peut partager un peu du monde magique. 

Liste des messages de Elliot Blackburn