Femme
31 ans
Sang-mêlé
Britannique






Identité
-
- Diplômé·e
- Surnoms :
- Nationalité : Britannique
Capacités & Statuts

Groupes


Message publié le 02/03/2025 à 16:25
Leslie observe la jeune femme quelques secondes après sa demande, avant d’acquiescer d’un mouvement de tête.
- L’entretien d’une baguette est assez simple, mais essentiel si vous voulez qu’elle conserve sa réactivité, elle affirme avec un sourire, sortant un petit flacon d’huile ambrée de ses étagères pour le poser sur le comptoir. Pour le bois de sycomore, il faut éviter l’humidité excessive. C’est un bois vivant, qui aime l’énergie et le mouvement. Une baguette qui reste trop longtemps inactive peut devenir capricieuse. Je vous conseille d’appliquer une fine couche de cette huile une fois par mois avec un chiffon doux, surtout sur les parties que vous manipulez le plus. Elle marque une pause, puis ajoute d’un ton un peu plus léger : Cela dit, avec un propriétaire actif, une sycomore s’ennuie rarement.
Leslie s’éloigne brièvement vers une étagère et revient avec trois étuis en cuir, qu’elle dépose devant sa jeune cliente.
- Pour le transport, tout dépend de vos habitudes. Celui-ci est renforcé avec une doublure en peau de dragon, parfait si vous vous déplacez souvent ou si vous craignez les chocs. Celui-là est plus souple, discret, mais protège moins contre les agressions extérieures. Et le dernier est ensorcelé pour empêcher toute tentative d’extraction non autorisée.
Elle tapote légèrement le dernier étui du bout des doigts, avant d’enchaîner sur le sujet plus délicat.
- Quant à empêcher quelqu’un d’utiliser votre baguette… Elle observe un instant la façon dont l'adolescente tient la sienne, avant de reprendre. La plupart des baguettes ne se laissent pas facilement manier par un autre sorcier. C’est une relation instinctive. Mais certaines, comme vous l’avez dit, peuvent effectivement changer d’allégeance. La vôtre a-t-elle déjà réagi à une autre main ?
Les baguettes de sycomore étaient rarement fidèles si leur propriétaire les ennuyait, mais elles étaient aussi profondément liées à l’esprit d’aventure et de découverte.
- Il existe plusieurs moyens de compliquer l’usage de votre baguette par quelqu’un d’autre. Elle sort sa propre baguette et esquisse un mouvement précis dans l’air, laissant une série de runes éthérées flotter devant elle. On peut y apposer un enchantement de reconnaissance. En clair, elle ne répondra qu’à vous. Mais ce genre de protection peut être contourné par quelqu’un de suffisamment compétent.
Elle efface les runes d’un geste rapide, avant de croiser les bras.
- L’autre option est plus radicale : créer une réaction de défense. Un enchantement qui la rend inconfortable, voire dangereuse, pour un utilisateur étranger. Mais honnêtement… ce n’est pas toujours recommandé. Une baguette trop défensive peut finir par mal réagir, même avec sa propriétaire. Son regard se fait un peu plus perçant, jaugeant la jeune femme. Si vous craignez qu’elle tombe entre de mauvaises mains, il y a peut-être une autre question à se poser : êtes-vous prête à devoir la récupérer par la force, si nécessaire ?
Leslie n’est pas du genre à tourner autour du pot. La protection d’une baguette ne dépend pas seulement d’un enchantement, mais aussi de la volonté de son propriétaire à la défendre. Elle laisse la jeune cliente digérer ces informations avant d’ajouter, plus légèrement :
- On peut essayer un enchantement mineur, un premier niveau de protection. Rien d’irréversible, et vous pourrez voir comment elle réagit. Ça vous tenterait ?
Message publié le 24/02/2025 à 20:07
Le murmure des discussions feutrées et le bruissement du bois manipulé avec soin remplissaient la boutique d’une ambiance studieuse. Derrière le comptoir, Leslie était déjà en pleine conversation avec un client, une baguette délicatement posée sur une étoffe de velours.
- Le noyer noir est un bois exigeant, expliquait-elle en ajustant ses lunettes sur son nez. Il demande un sorcier sûr de lui, avec une volonté forte. Si elle hésite parfois, c’est peut-être qu’il y a un déséquilibre entre ce que vous voulez et ce que vous ressentez réellement.
L’homme en face d’elle acquiesça lentement, visiblement en pleine réflexion. D’un mouvement de baguette fluide, Leslie traça un mince fil lumineux qui serpenta le long du bois, révélant brièvement l’énergie subtile de la baguette.
- Je vous recommande quelques exercices de canalisation. Rien d’alarmant pour l’instant, mais si elle continue à résister, revenez me voir.
Elle rangea délicatement la baguette dans son écrin et, après un échange de gallions, salua le client d’un léger signe de tête. C’est à cet instant que son regard accrocha la jeune femme qui attendait plus loin, un air mi-observateur, mi-distrait, la baguette roulant toujours entre ses doigts. Leslie essuya ses mains sur son tablier de cuir et se dirigea tranquillement vers le comptoir.
- Vous cherchez quelque chose en particulier ? lança-t-elle d’un ton calme et professionnel.
Son regard glissa instinctivement vers la baguette entre les doigts de l'adolescente, observant la manière dont elle la manipulait. Pas simplement un tic nerveux, mais un geste d’habitude, comme si elle testait inconsciemment le contact du bois contre sa paume.
- Un souci avec votre baguette ? poursuivit Leslie, arquant légèrement un sourcil, un sourire bienveillant sur le visage.
Problème technique ? Mauvais ressenti ? Besoin d’un ajustement quelconque ? Beaucoup de sorciers venaient ici avec des demandes aussi floues que variées, et Leslie avait, avec les années, l'impression d'être parées à toutes les éventualités.
Message publié le 24/02/2025 à 13:26
Les informations tombent. Précises, claires. São Paulo. Un artisan local. Sorbier, corne de basilic, vingt-huit centimètres. Leslie ne laisse paraître aucune réaction immédiate, mais dans son esprit, les rouages tournent déjà. Une baguette issue d’un artisanat différent, hors du circuit traditionnel britannique. Elle fait tourner lentement la baguette entre ses doigts, testant sa densité, la manière dont elle capte la lumière. Le bois est nerveux, comme elle l’avait deviné, mais le cœur en corne de basilic l’intrigue. Un matériau rare, peu utilisé dans les baguettes européennes.
- Le sorbier est un bois de loyauté et de protection, commente-t-elle à voix basse, plus pour elle-même que pour son client. Un bois qui lie profondément son porteur… Mais la corne de basilic, c’est autre chose. Elle marque une pause, son regard analytique. C’est un cœur capricieux. Extrêmement réactif, mais instable si le sorcier change plus vite que la baguette ne peut s’y adapter.
Elle repose la baguette sur le comptoir, du bout des doigts.
- Votre lien n’est pas brisé. Il est en tension. Son ton est posé, précis. Pas de réponses toutes faites, pas de faux espoirs. Juste des faits tangibles, des possibilités à explorer. Vous dites qu’elle doute de vous, reprend-elle lentement. C’est une bonne manière de le formuler. Les baguettes sont des catalyseurs, mais elles répondent aussi à ce que nous sommes, consciemment ou non. Vous avez changé. Peut-être pas en apparence, mais en profondeur. Quelque chose en vous ne vibre plus à la même fréquence qu’avant.
Elle croise les bras, réfléchissant. La corne de basilic est un cœur agressif, connu pour favoriser les sorts offensifs et les transformations profondes. Un tel matériau réagit au tempérament du sorcier… et parfois, s’y oppose.
- Quand vous l’avez obtenue, vous souvenez-vous de ce que vous ressentiez ? Étiez-vous dans un état d’esprit différent ? Un objectif précis en tête ?
Elle ne force pas la question, mais l’invite à creuser plus loin que le simple constat d’une perte de lien. Puis vient la question suspendue. Est-ce réversible ? Leslie laisse planer un court silence. Elle n’est pas du genre à enjoliver la réalité. Mais elle n’est pas cruelle non plus.
- Ça dépend. Ses doigts tapotent le bois du comptoir, une seconde de réflexion avant d’ajouter : si la rupture était totale, vous n’auriez déjà plus accès à sa magie du tout. Là, elle hésite. Ce n’est pas une fin, c’est un avertissement. Il y a des choses à essayer avant d’envisager une séparation définitive.
Son regard se pose sur le sorcier. Elle jauge autant l’individu que la situation.
- Je peux examiner votre baguette plus en détail, tester son équilibre magique, vérifier si quelque chose dans sa structure a changé. Mais je ne peux pas la forcer à vous répondre. La seule vraie question, c’est : êtes-vous prêt à aller au bout du processus ? À chercher pourquoi elle hésite… même si la réponse ne vous plaît pas ?
Elle n’attend pas une réponse immédiate. Elle sait que ce genre de réflexion demande un moment d’acceptation. Dans un geste précis, elle saisit sa baguette et trace un mince cercle lumineux au-dessus de l'instrument. Une simple lecture d’aura, première étape avant de poser un vrai diagnostic. Parce qu’avant de réparer quoi que ce soit, il faut comprendre où se situe réellement la fracture.
Message publié le 18/02/2025 à 19:27
Le silence s’étire à peine un instant alors que Leslie observe la baguette, sans la toucher immédiatement. Elle écoute. Pas uniquement les mots de l’homme en face d’elle, mais aussi les signes discrets que donne l’objet lui-même. Un lien brisé. Une baguette réticente. Elle a déjà entendu ces symptômes, mais chaque cas est unique. Et chaque baguette, comme chaque sorcier, possède une histoire propre.
- Je vois. Les baguettes ne sont pas que des outils, vous le savez. Elles sont un prolongement de nous-mêmes. Si votre baguette ne vous répond plus comme avant, c’est qu’un déséquilibre s’est créé quelque part. Il peut venir de la baguette, bien sûr… mais il peut aussi venir de vous. Parfois, nous changeons sans même nous en rendre compte. Ce que nous étions quand nous avons reçu notre baguette n’est pas toujours ce que nous sommes aujourd’hui. Cela arrive plus souvent qu’on ne le croit.
Elle tend la main, paume ouverte, pour recevoir la baguette. Pas d’empressement. Elle attend que le client la lui donne volontairement. Lorsqu’elle referme ses doigts dessus, son pouce glisse légèrement sur la surface du bois, analysant sa texture, sa densité, son grain. Un bois nerveux, qui vibre d’une énergie subtile mais contenue. Du sorbier, probablement. Son regard glisse sur la longueur. Assez longue, légèrement souple. Une belle facture :
- D’où vient-elle ? demande-t-elle d’un ton calme et professionnel.
Les fabricants étaient rares, leur marque unique mais pas toujours reconnaissable. Leslie devait bien admettre que cette création-ci l'intriguait par sa singularité. Elle tourne légèrement la baguette entre ses doigts, testant son équilibre. Son regard, précis et concentré, ne quitte pas l’objet, comme si elle le lisait à même le bois.
- Quand avez-vous remarqué les premiers signes de rupture ? Vous diriez que c'était progressif, ou plutôt soudain ? Peut-être qu'il y a eu un évènement particulier... ?
Une baguette qui change de comportement peut réagir à une transformation intérieure du sorcier, mais aussi à une usure du cœur magique, une exposition prolongée à certaines magies, ou même un choc physique qui aurait affecté son équilibre. Elle tient la baguette légèrement éloignée de son propre corps, comme pour ne pas interférer avec son énergie. Elle ne saute pas aux conclusions. Elle veut des faits. Parce qu’une baguette n’est pas qu’un outil. C’est une alchimie.
Message publié le 17/02/2025 à 19:57
Les pommettes rougissent faiblement sous le compliment, plus encore alors que l'homme informule un sortilège pour agrémenter les lieux d'une flagrance fleurie. Sans doute aurait-elle du s'assurer de ne pas faire visiter son local à son futur investisseur dans de telles conditions. Aucun commentaire cependant ne vient accompagner le geste, et Leslie se garde bien de s'excuser inutilement. Ce qui est fait est fait, et ce qui ne l'est pas restera oublié.
- Oh, c'est volontaire de ma part, elle annonce en réponse directe à son interlocuteur, l'entrainant jusqu'au fond de la pièce. Je veux dire, je suppose que j'aurais pu trouver quelqu'un pour m'accompagner dans l'aventure... mais c'est quelque chose que je tiens à faire seule.
Elle avait eu des propositions, en réalité, plusieurs. Alléchantes, pour beaucoup, car il est certain que monter un business à plusieurs amoindriraient ses coûts de manière drastique, en plus d'alléger une charge de travail phénoménale. Leslie avait cependant refusé l'ensemble des candidats qui s'étaient présentés. Certains parmi son cercle proche, d'autres de simples clients curieux dont le projet était parvenu aux oreilles via ses propres collègues.
- Bon ici, ce sera fermé voyez, elle poursuit en désignant une paroi imaginaire entre eux. Les artistes pourront tester leur liaison avec l'instrument, j'ajusterai selon leurs retours. Comme je vous l'ai expliqué dans nos courriers, je veux absolument que tout soit du sur-mesure.
Sa baguette extirpée la poche de son manteau, Leslie invoque la vision qu'elle se fait du local tel qu'il est sensé le devenir.
- J'ai pas mal de créations que je pense exposer ici et là, elle explique en montrant les murs boisés parfaitement huilés, et aussi certaines affiches explicatives concernant les cœurs, les bois. Là j'ai pensé à placer un dispositif de projection, pour que les futurs propriétaires d'instruments Harrisounds puissent visualiser leur futur bien à travers un questionnaire personnalisé, Leslie se déplace à travers la pièce, avant de s'arrêter devant une série de marche qui descend vers les futurs ateliers. Bon et en bas bien sûr, là où la magie opère, elle annonce avec un clin d'œil.
En quelques instants, ils s'enfoncent dans les sous-sols du local, sombres, mais éclairés par une fenêtre unique et longiligne donnant directement sur la rue, à travers laquelle s'éparpillent plusieurs amas de poussières. Leslie est comme une enfant alors qu'elle renvoie d'autres invocations, de l'atelier imaginaire qu'elle se créé depuis de nombreux mois.
- J'ai déjà plusieurs devis d'artisans du monde sorcier, et je sais exactement à quoi ça va ressembler. Voyez, ici la taille et le ponçage, là les enchantements, la partie administrative bien sûr, et les finitions.
Chaque plan de travail était d'une organisation exemplaire, les outils à leur place, la luminosité accordé à l'ouvrage, ainsi que plusieurs étagères destinés à recevoir des ouvrages pour les cas complexes.
Message publié le 14/02/2025 à 19:35
Le silence était absurde. Leslie ne le remarquait pas. Prise dans la monotonie d'un travail minutieux, pratiquement chirurgical, Leslie l'épousait même, ce silence. D'une respiration suspendue. D'un regard acéré surplombant les poussières figées dans l'air au-dessus de ses doigts. La plume vient s'insérer avec une délicatesse insoupçonné tandis que dans des murmures psalmodiés Leslie refermait l'interstice avec la même application qu'une couturière. Les runes s'injectaient en dorures brillantes pour disparaitre aussitôt. C'est le tintement discret de la porte d'entrée qui vient rompre l'instant. Leslie redresse la tête brièvement, installe la baguette sur un support prévu à cet effet avant de s'étirer le cou d'un côté et d'un autre. D'une caresse distraite elle effleure le bois qu'elle vient de travailler jusqu'à la souche. Elle se lève de son siège, et ses quelques pas sur le planche de l'arrière boutique font survenir un craquement subtil.
- J'arrive ! Elle annonce, sachant pertinemment qu'elle est seule aujourd'hui pour gérer la boutique. Un instant !
Ses outils sont rangés en quelques gestes de poignets précis, lévitent pour ici s'accrocher contre le flanc d'un plan de travail, là s'étirer le long d'un mur. Leslie est quelqu'un d'organisé. Chaque chose a sa place propre. Elle ne laisse jamais un chantier en suspens. Son père lui appris à toujours garder un espace bien rangé. Pour éviter les incidents, Lili. Mais aussi pour que ce soit rangé là-dedans ! Il martelait toujours sa tempe de son index énorme, le pressant contre son crane comme s'il pouvait y forer parmi tous ses secrets. Des secrets qui, aujourd'hui, semblaient inateignables même par lui. Leslie replace les mèches de ses cheveux sur sa tête, rajuste son tablier comme par réflexe, s'extirpe finalement de la pièce exigüe pour gagner le comptoir. Son sourire est immédiat, travaillé par l'habitude, mais brutalement sincère. Les mains ramassées sur le dessus du comptoir, elle note immédiatement l'obsession du client pour sa baguette, qui semble au cœur de sa venue dans la boutique. Quoi d'autre, de toute manière ?
- Bonjour ! Qu'est-ce que je peux faire pour vous aider aujourd'hui ?
Le ton de sa voix est doux, contraste étrangement avec un regard incisif qui semble s'affaisser encore sur l'instrument de son client :
- Un problème avec votre baguette ?
Message publié le 14/02/2025 à 19:15
- J'y vais à toutes ! Leslie claironne en ouvrant et refermant la porte.
Le tintement de la cloche l'accompagne alors qu'elle termine d'enfiler sa veste au milieu d'une rue bondée. Ses yeux parcours la foule sans rien chercher de particulier. Un soleil timide perce les nuages aujourd'hui, comme un signe de bonne fortune. Leslie esquisse un sourire alors qu'elle rajuste son col, enfonce les mains dans ses poches. C'est un grand jour. Un jour attendu. Elle n'a que quelques pas à faire pour se retrouver au devant de la vitrine poussiéreuse devant laquelle elle a donné rendez-vous à Lysander Bramblethorn. Elle ne sait guère à quoi il ressemble, bien qu'elle s'en fasse une idée certaine d'après sa manière de rédiger ses lettres. En avance de plusieurs minutes, Leslie entre sans hésitation dans la boutique avec le jeu de clé légué moins d'une semaine plus tôt par les gobelins de Gringotts. Elle a encore du mal à s'imaginer que l'endroit est à elle et bien à elle. D'une œillade brève elle avise l'intérieur plutôt délabré, affiche un air satisfait.
Son bras se dresse et elle zieute la montre dorée qui lui affiche des secondes s'égrenant en toute sérénité. Le bracelet fin est agité par réflexe alors qu'elle rempoche de nouveau sa main, guette l'extérieur. Elle est excitée. Trop excitée, sans doute. Inspirant et expirant lentement, elle se répète mentalement tout ce qu'elle est sensé mettre sur le tapis avec Monsieur Bramblethorn. Elle est prête. Voilà des jours qu'elle est prête. Une silhouette se détache parmi la foule de badauds, et Leslie la repère immédiatement. Parfaitement en valeur dans un costume sur-mesure, une canne en guise d'appuie, la démarche assurée et d'une noblesse certaine, ce ne peut être que lui. Chassant l'angoisse qui la saisit comme si elle était restée une simple adolescente, la sorcière prend les devants et quitte la boutique pour l'accueillir le sourire aux lèvres. Sur sa peau blanche s'écrase des rayons chauds et tendre alors que son regard s'illumine d'un éclat joyeux.
- Monsieur Bramblethorn ? Leslie Harrison. Enchanté. Sa main se tend par réflexe, et elle sert celle du sorcier avec un aplomb qu'on n'aurait guère prêté à sa frêle silhouette. Merci de vous être déplacé. Brièvement elle se retourne pour lui désigner la façade, terne et triste, pourtant bercée d'un potentiel que Leslie imagine grandiose. Le futur Harrisounds, elle présente avec une joie presque enfantine. J'ai récupéré les clés lundi dernier. J'vous fais faire un tour du propriétaire ?
Message publié le 14/02/2025 à 14:15
Leslie attrape le flacon tendu par la médicomage sans un mot, ses doigts se refermant dessus avec une fermeté mesurée. Elle secoue légèrement la tête pour indiquer que non, elle n'a a jamais entendu parler d'Amotio Memoriae. Elle écoute attentivement les explications, le regard fixé sur la baguette d’Oonagh lorsqu’elle lui montre le mouvement à reproduire. Un sort délicat, qui demande de la concentration, de la précision. Pas d’approximation possible. Elle hoche doucement la tête, plus pour elle-même que pour l’autre femme.
- Non. Pas de légilimancie, elle déclare simplement sur un ton neutre qui ne laisse pourtant aucune place à la négociation.
Son espace personnel lui a toujours été vital. Aussi bien physiquement que mentalement. Cela dit, il lui est très étrange de se dire qu'elle est sur le point de se retirer un souvenir. Elle a l’impression d’aller contre son instinct le plus profond. On est censé s’accrocher à nos souvenirs, pas les arracher. Elle souffle discrètement par le nez avant de répondre à la question d’Oonagh :
- C’estt la première fois que mon père m’a fait faire le tour de son atelier.
Sa voix est posée, mais elle prend une demi-seconde de plus avant d’ajouter :
- Je devais avoir sept ou huit ans. C’est ce jour-là que j’ai su que je voulais faire ce qu’il faisait. J’ai passé des heures à l’observer, à toucher le bois, à poser un millier de questions… Il était fier. Leslie aussi.
Elle pince les lèvres, le regard brièvement tourné vers Quinten Harrison. Elle resserre sa prise sur sa baguette et prend une inspiration avant de l’élever, reproduisant avec application le mouvement enseigné. Amotio Memoriae. Une seconde de flottement. Rien. Elle fronce légèrement les sourcils et recommence, plus concentrée. Cette fois, elle sent un léger frisson parcourir son échine quand le fil argenté du souvenir s’étire hors de son crâne. L’espace d’un instant, elle a l’impression de le revivre : l’odeur du bois taillé, la poussière en suspension, la voix grave de son père lui expliquant comment reconnaître un bon morceau de frêne.
Puis c’est fini.
Elle dépose doucement le fil de mémoire dans le flacon, le regard fixé sur le liquide miroitant qui ondule doucement. Son esprit tangue une fraction de seconde, comme une note manquante dans un accord parfait. Ce n’est pas douloureux. Juste… vide. Elle referme le bouchon et pose le flacon près de la pensine, avant de glisser un regard vers Oonagh.
-Ça ira comme ça ?
Son ton est neutre, presque professionnel, mais elle évite soigneusement de regarder son père.
- C'est qui Jeff ? Avait t-il demandé plus tôt d'une voix un peu perdue avant de reprendre son observation méticuleuse du paysage.
Message publié le 21/11/2024 à 13:44
- Hey mais tu triches !
- Comment ? Ça fait Bungle là, tu vois bien ! Deux carreaux et trois trèfles !
- Cette carte était pas un carreau y a pas trois secondes et j...
- Oh, bonjour.
- Miss Asiling ! Elle triche !
- C'est peut-être juste pour vérifier qu'tu suis...
D'une main elle plaque les cartes sur la table avant de tout rassembler pour faire de la place, se levant par la même occasion. Un regard d'excuse en direction de la médicomage avant d'adresser un sourire à son père. Ce dernier maugrée toujours dans sa barbe, enfoncé dans son siège les bras croisés comme un enfant.
- Oh.
La demande de la médicomage la surprend. Seul Jack avait été sollicité pour verser des souvenirs en vue d'un traitement pour le cas de son père, et pour cause : ils avaient une vie commune qui s'étendait sur plus de cinquante ans. Les deux hommes s'étaient rencontrés alors qu'il n'était que des écoliers, et ne s'étaient depuis jamais vraiment quitté. Il était d'ailleurs la seule personne que Quinten ne manquait jamais de reconnaitre, quelque soit son état. Leslie vivait très durement le fait que ce ne soit pas son cas.
- Je ne suis pas sûre...
Aujourd'hui était un bon jour. Le sorcier n'avait glissé qu'une ou deux fois avant de se reprendre, l'appelant par son prénom et agissant avec elle comme il l'avait toujours fait. Peut-être ce genre d'initiative solidifierait cela ? Elle se pince brièvement les lèvres, son regard coulissant vers la série de photographies accrochées sur les murs qui revient finalement vers la guérisseuse.
- Pourquoi pas ? Un sourire énigmatique s'est accroché à ses lèvres, une brillance nouvelle dans le regard.
Parfois, Leslie se demande si elle héritera de cette maladie qui ronge son père à mesure que passent les jours. Jack lui assure que non, mais qu'en sait-il ? Elle a toujours eu bonne mémoire, mais Quinten également. Sa carrière démontre d'une dextérité certaine dans son domaine de prédilection, qui nécessite de cumuler de nombreuses connaissances dans des sujets plus divers que variés. Des sujets qu'il semble toujours maîtriser à ce jour par ailleurs. Ce qui lui échappe est le plus commun. L'ordre des choses. Leurs noms. Leur chronologie. Il semble comme perdu dans une bulle étroite dans laquelle ses souvenirs se pressent les uns contre les autres, éliminant des éléments superficiels ici et là jusque déformer complètement l'ensemble. Ça le rend parfois aigri, d'autres fois plus confus qu'un enfant.
- Je crois que j'ai exactement le souvenir qu'il nous faut, elle annonce en pressant ses doigts contre le dossier de la chaise sur laquelle repose son manteau.
Leslie avait sept ans lorsqu'elle a été autorisée à entrer dans l'atelier de son père pour la première fois. Un jour marquant dont elle se souvient avec une clarté sans précédent. Il avait pris le temps de longuement lui expliquer la manière dont il travaillait, pourquoi il était tant attaché à ce qu'il faisait, tout en manipulant avec ses doigts habile le manche d'une guitare qui trônait aujourd'hui dans son propre salon. Décoration infantile. L'instrument était définitivement trop petit aujourd'hui pour qu'elle puisse encore en jouer, et n'était devenu que la représentation d'une passion qui n'avait depuis fait que grandir pour devenir une vocation. Ne sachant pas comment compte procéder la médicomage, Leslie patiente simplement, habitée d'une anxiété absurde que le souvenir ne fasse guère écho dans l'esprit de son père.
Message publié le 29/10/2024 à 20:25
Le pas tranquille, Leslie s'avance dans le dédale de rues larges, particulièrement bondées. L'été a rameuté son lot de touristes sur la capitale, malgré des nuages gris qui continuent de s'amonceler au-dessus de leur tête. La sorcière ne prête guère attention à quiconque, les mains enfoncées dans les larges poches de sa veste. Son regard est ailleurs, de même que ses pensées. C'est ce jour de la semaine. Sa silhouette frêle ne tarde pas à bifurquer sur le boulevard recherché, puis à s'engouffrer dans un magasin d'apparence désaffecté, non sans avoir échangé avec l'un des mannequins plantés derrière sa vitrine sale. L'ambiance change alors du tout au tout. Sorciers et sorcières s'entassent dans un hall large bercé d'une lumière magique blanchâtre. Plusieurs sont vêtus de blouses vertes annonçant un poste privilégié au sein de l'hôpital.
Dirigée vers l'accueil avec la force de l'habitude, Leslie s'annonce de nouveau, comme visiteuse de la chambre 312, au quatrième étage.
- Quinten Harrison.
On ne la fait guère patienter plus de quelques minutes avant de lui accorder le droit de grimper vers sa destination, et elle ne marque aucune pause devant la porte affublée du numéro 312. C'est à peine si elle toque avant d'ouvrir la chambre, et de s'y engouffrer.
- Papa ? Papa, c'est Leslie.
Son père est posté à la fenêtre, perdu dans la contemplation du paysage. Il se tourne distraitement vers elle, avant d'en revenir au paysage morne qu'offre la cour intérieure.
- J'ai déjà été examiné, sortez.
- Je ne viens pas t'examiner papa. Tu as mangé ?
Elle approche, lui plante un baiser sur la joue, dépose son manteau sur le dossier de la chaise atrocement blanche. Les murs sont couverts de photos diverses, de posters de groupes sorciers, de publicités pour des guitares que l'homme a lui-même designé.
- Leslie ?
- Oui, c'est moi. C'est ce genre de jour là. Un jour heureux, donc. Leslie a un sourire doux qui lui fend les deux joues, alors qu'elle s'installe sur la même chaise où elle a déposé son manteau. Tu vas bien papa ?
- Je suis en retard au travail. Où est ma poudre de cheminette ?
- Tu ne travailles pas aujourd'hui, papa, tu te souviens ? On est dimanche. Est-ce tu veux qu'on aille faire un tour dehors ?
- Non, non il pleut, tu vois bien.
- Ah.
- Où est ton père ?
- Il est parti faire des courses. Il reviendra bientôt. J'ai apporté un jeu, elle déclare en sortant ses cartes mouvantes.
- Le Bungle ?
- Oui, on se fait une partie ?
- En attendant Abraham alors. Vous êtes gentille.
Leslie a un sourire crispé avant de commencer à étaler les cartes sur la table.