Femme
14 ans
Sang-mêlé
Française






Identité
-
- Troisième année
- Surnoms : Bee, Bebulle
- Nationalité : Française
Capacités & Statuts
Groupes

De la forme à la fonction [Cours Méta]
Message publié le 03/05/2025 à 01:31
Que dit une noisette dans l’eau ?
Au secours, je me noix
J’ai beaucoup de points communs avec les noisettes, visiblement...
Je me débats vaillamment. Je pédale avec les bras, je tourne des jambes, je fais des brasses dignes d’un crapaud épileptique. Mes branchies vibrent au rythme de ma panique tranquille. C’est beau. C’est poétique. C’est nul. Très, très nul...
Je pense à Adam. Ça ne m’aide pas spécialement, mais ça me réchauffe le cœur. Puis… plus rien. Plus d’eau dans les poumons. Plus de branchies. Plus de glouglous rigolos. Juste de l’air. De l’air tout sec, tout simple. Et du sable dans les chaussettes. Hein ?
Je cligne des yeux. La terre ferme ! J’suis revenue sur la rive. Comment ? Je toussais trop pour comprendre. Peut-être qu’une grenouille m’a téléportée ? Peut-être que j’ai été recrachée par une algue géante ? Mystère et boule d’hippocampe -enfin pas trop, tout le monde sait comment je suis remontée, mais j'aime bien faire des mystères. Pas vous ?
Bref, je suis vivante. Trempée, dégoulinante, dégoulinifiante, mais vivante. Et toujours aussi jolie, c’est fou ça.
Je m’ébroue comme un chien heureux, balance un peu d’eau sur mes camarades sans faire exprès, presque pas exprès. Puis je me tourne vers Charlie avec un sourire aussi éclatant que mes dents pas lavées du matin. Allez, à toi maintenant, mon poisson-chat. Baguette pointée sur elle. Amuse-toi bien là-dedans, j’ai rencontrée un calamar qui aimait faire des bisous aux Serdaigles ! Petit clin d'oeil. #[Branchia Ventosa] !
Je cligne des yeux. Je cligne encore.
Puis je penche la tête.
Y a… rien. Genre RIEN.
Charlie a exactement la même tête qu’avant. Tu crois qu’il faut attendre que la pleine lune se reflète sur l’eau ? Je plisse des yeux. Je la regarde, perplexe. Un visage de patate molle. Bon… Tu veux pas réessayer, j’imagine ?
Mabel Rosier Sinclair a lancé un sortilège !
- Sortilège
- Sortilège des Branchies
- Difficulté
- 6
- Résultat D20
- 4
- Interprétation
- Échec
- XP gagnée
- 10
Je cligne des yeux. Je cligne encore.
Puis je penche la tête.
Y a… rien. Genre RIEN.
Charlie a exactement la même tête qu’avant.
Tu crois qu’il faut attendre que la pleine lune se reflète sur l’eau ?
Je plisse des yeux. Je la regarde, perplexe. Un visage de patate molle. Bon… Tu veux pas réessayer, j’imagine ?
Autres résultats possibles
Je cligne des yeux. Est-ce que… est-ce que ça brille ? Mais OUI, ça brille !
Tu vas draguer des méduses, c’est sûr !
Mais bon... Pas de paillettes, pas d'effets spéciaux, mais ça fait le job. Dommage, monde cruel. Elle ressemble juste à une humaine-poisson-pas-trop-mal-foutue. Ça fait très truite des beaux quartiers.
Enfin... des trucs surgissent... ?
Je crois ?
Je fais le tour de Charlie à la recherche de mon œuvre. Hum... Oui, oui. C'est là ou vous croyez. PILE là. Deux petites fentes ridicules qui s’ouvrent et se ferment dans un flap flap bizarre sur son postérieur.
Je reste figée. Je crois même que je bégaye de l’œil.
Euh Charlie... Tu connais l'histoire du pingouin qui respire par les fesses ?
Branchia Ventosa
Sortilège des Branchies
De la forme à la fonction [Cours Méta]
Message publié le 02/05/2025 à 15:23
Grosse prise de conscience.
Genre moi je suis là. Trempée comme un escargot en plein concert, avec mon uniforme collé au corps. Pendant que d’autres font les beaux version pub sorcière pour crème solaire magique. Mais c’est pas grave. Parce que j’ai mes branchies. Et ma dignité. Enfin non, j’ai que les branchies.
Je secoue la tête, avec la grâce d’un rocher motivé, et je continue d’avancer. Nage de chien activée, mode turbo. Si je me perds, au pire, je fonderai une civilisation sous-marine. Et je serai leur reine. Reine Mabel Premier du Nom, des Profondeurs Baveuses !
Je pousse un POUR LA CONFITURE DE MA MAMIE mental qui résonne dans mon crâne comme une casserole qu’on tape à la louche. Puis je m’élance. Enfin… j’essaie. Parce que même si j’ai des branchies et que je respire l’eau comme une championne olympique du gobe-tout -c’est comme ça que ça marche non ? Mes bras font toujours la nage du chien. Et pas un chien classe, genre lévrier aquatique. Non. Un petit teckel paniqué qui essaie d’atteindre une bouée en mousse.
Mais bon, j’ai de la volonté. Et ça, c’est plus fort que les bras. Enfin, je crois.
J’avance. Tout droit tout droit tout droit. Je me le répète comme une formule magique. Tout droit tout droit tout droit. Ça va créer une carte magique dans ma tête, je vous dit.
Mais au bout d’un moment… eh bah je me rends compte que… c’est toujours flou là-dessous. Genre, je vois rien. De l’eau. Encore de l’eau. Un peu plus d’eau. Peut-être un poisson. Ou un vieux gant ? Je suis pas sûre.
Le doute frappe à nouveau, comme un petit coup de pelle : est-ce que je vais vraiment tout droit encore, là ? Parce que dans ma tête je vais tout droit. Mais dans la vraie vie ? Peut-être que je fais des cercles comme une toupie hydratée.
Je commence à penser à des trucs graves, genre les grenouilles borgnes, et ça m’aide pas. Alors je me remet à gigoter des pieds, rapide comme un bouchon de potion mal rebouché.
De la forme à la fonction [Cours Méta]
Message publié le 02/05/2025 à 04:54
Le professeur Pope se met à parler. Longtemps. Trop longtemps. Il parle de choses, de trucs, de machins, de bidules, de je sais pas quoi... Moi, j’écoute que d’une oreille, comme un escargot sourd. Et encore, c’est une oreille du fond. Parce qu’en vrai, moi je me demande : les branchies, ça gratte ou pas ? Est-ce que ça veut aussi dire que je vais devoir renoncer aux cookies pour toujours ?
Pendant ce temps-là, mes yeux bavardent entre eux pour regarder les autres. Je vois la petite Charlie, elle a une bouille que j’aime bien. Elle sent la lavande et les accidents doux, enfin je crois. Genre comme tomber dans un gâteau. J’aime bien l’idée et le projet.
Puis, hop, j’sais pas comment on a décidé, mais voilà que moi et Charlie, Destiny, baby, on est ensemble -enfin pour l'exercice, pas pour la vie, ça se décide pas avec des paroles mais avec le regard toussa, hum, voyez.
Je saute en première ! C’est tout naturel après tout, je suis une aventurière intergalactique en mission confidentielle. Moi, j’ai pas peur de l’eau. Ni des méduses. Ni des flaques. Ni de rien, sauf peut-être des rideaux de douche qui collent.
Charlie parle de bestioles dans la flotte. Genre des bestioles moches. Genre "des trucs" pas cools. Je rigole. Amusée. Un peu apeurée… T’as peur des bestioles ? Moi aussi j’ai peur des bestioles… Mais pas dans l’eau ! Mais dans les placards. Les placards, c’est sournois !
Et puis voilà qu’elle me dit un truc gentil. Un compliment. Sur mes yeux.
Mes yeux ? Mes yeux !
AH.
Mon cœur fait une pirouette. Mon estomac tombe dans mes chaussettes.
Ohlala… Charlie elle est troooop gentille. Elle est mignonne, elle mérite même un petit bisou sur la joue, ou sur la narine peut-être !
Mais ça se fait pas. Pas tout de suite. Faudrait pas qu’elle s’évanouisse de bonheur.
Je lui fais un clin d’oeil, avec un sourire digne d’une pub pour les licornes. Tes yeux à toi aussi ils sont pas moches ! Ils brillent comme… comme… un sortilège de lumière lancé dans un seau de grenadine. C’est magnifique !
Et puis elle me jette le sort. Bam. Branchies activées. Je sens un truc dans mon corps qui se transforme, et là… C’est le moment. LE MOMENT.
Je saute dans l’eau. En BOMBE.
POUR LE FROMAGE ET LA SCIENCE !
Petit cri intérieur.
Un gros SPLASH ensuite.
Enfin, ça ferait splash si j’avais des oreilles normales. Là, j’ai des branchies, alors j’entends juste un glouglou très intense. Ou peut-être que je confonds mes oreilles et d'autres choses. C’est possible aussi.
J’aurais aimé crier très fort un POUR L’HONNEUUUUR ou un À MOI LA GLOIIIIIRE ou un QUE LA SOUPE ME SOIT FAVORABLE mais bon, branchies obligent, je me retiens. La classe silencieuse, version sous-marine.
Je commence à nager. Nage de chien, bien sûr, comme toute personne sérieuse.
Tout droit.
Tout droit.
Tout droit.
Puis…
Attends. C’est encore droit ça ? Ou j’ai tourné ? Est-ce que je fais une boucle ? Est-ce que les poissons ont un sens de l’orientation ?
Je remonte un peu, juste un p’tit coup d’œil, pour vérifier que j’suis pas en train de nager vers le Pays Imaginaire ou le lac de la cantine.
Et là.
Je le vois, au loin.
Poule en Ski. Torse nu. Tatouage magique en plein milieu de la poitrine, genre je suis une énigme à moi tout seul. Pfff il se la pète.
Et je me fige. Comme un poisson devant un hameçon doré.
Attendez… il fallait se déshabiller ?!
De la forme à la fonction [Cours Méta]
Message publié le 28/04/2025 à 04:09
Les ronflements de ma camarade me tapent sur le nez avant même que mon cerveau ait eu le temps d’émerger. J'essaie de grogner contre la responsable, mais elle s’en fiche royalement. L’insolente ! Je me retourne dans mon lit pour lui montrer mon mépris, mais je me prends la rambarde dans les côtes. Super. Très classe. Bravo, Mabel.
J'ouvre un œil. Puis l'autre. Je suis en vie. À peu près… Je crois.
Ma cervelle fait une tentative de reconnexion. On fait quoi aujourd’hui ? Ah oui. Métamorphose. Terrain de Quidditch. Prof avec des idées cheloues. Et moi au milieu de tout ça. Flemme.
Je roule hors du lit en mode boule de pâte à crêpes. J’atterris sur le tapis avec un URGGG bien sonore. La journée commence sous le signe de la grâce. J’attrape au vol mon uniforme froissé au pied du lit, passe une main dans mes cheveux dans un geste de coiffure approximatif, et hop-là, en avant le chocolat !
Pas le temps pour le luxe aujourd'hui. À peine un morceau de pain volé hier qui traîne, engloutie en traversant la salle commune. Encore chaud de la bougie avec laquelle je l’ai cramé. Enfin… je crois. Ça avait un goût de brûlé. Ou de magie noire. Tant pis.
Je dévale les escaliers quatre à quatre, manquant de me vautrer une bonne douzaine de fois. Faites attention aux escaliers, Mabel ! Bah ouais, comme si c'était moi qui décidais où mes pieds vont. Ridicule ceux-là. Pfff.
Je sors du château. L’air frais me gifle gentiment la figure. Y'a une odeur d’herbe mouillée et de ciel pas sec. Et puis y a des nuages qui complotent au-dessus de nos têtes. J’adore ! Ça sent l’aventure, le désastre potentiel, et un peu le Patmol mouillé aussi, mais bon -Hein ? Patmol c’est qui ? J’sais pas.
Je vois au loin la silhouette du terrain. Je cours droit devant. Puis en arrivant, je vois plein de trucs bizarres. Super. Pourquoi faire simple quand on peut foutre tout et n’importe quoi en pleine pelouse hein ? Les profs de Métamorphose sont tous un peu cinglés, c'est officiel.
Je fonce près des autres élèves, la baguette dans une main, le cœur dans l'autre, métaphoriquement, sinon ce serait bizarre, prête à affronter tout ce que le prof va nous balancer à la figure.
COUCOU ! C’EST MOI ! LA LUMIÈRE DE VOTRE VIE !
Mains sur les hanches, fière de mon arrivée avec magnificence -ça veut dire quoi ?-.
Prête à tout pour leur montrer que je suis la reine des temps boueux.
OUUUUAISS ! C’est une chasse au trésor ce matin ! Hein M’sieur ?!
Même quand j'ai encore qu’une chaussette sur deux.
Message publié le 17/03/2025 à 20:01
Affalée sur mon lit. Comme une mandragore en pleine crise d'adolescence. Un pied sous mon oreiller. Une main qui pend. Le cou tordu. Je ressemble à une expérience ratée. Le plafond me fixe. Je fixe l'ennui. Si je gagne, il pleut des chocogrenouilles. Si je perds… bah, c’est juste un plafond. Vous croyez que je suis bête ou quoi ?!
Une phrase explose dans l’air. Une idée d’Adam.
Insensée.
Qui chatouille mes oreilles et mes petits petons poilus.
Sortir ? Dans l’Angleterre ? Là où il pleut tout le temps et où les moldus parlent comme s’ils avaient un centaure coincé dans le c..la gorge ! Mon frère est-il possédé par Merlin ? S’est-il cogné la tête contre une bibliothèque magique ? A-t-il eu une révélation divine après avoir regardé trop longtemps un escargot traverser le trottoir ? Peut-être qu’il a fait un pacte avec un gobelin. Peut-être qu’un elfe de maison lui a soufflé une prophétie interdite. Peut-être MÊME qu’il a vu un sandwich lui faire un clin d'œil et qu’il a compris un truc sur l’univers.
Je roule. Tombe. Écrasée sur le sol comme une chaussette fatiguée. Mon cerveau fuse.
Trop vite.
Trop fort.
Sortir.
Dehors.
Danger.
Opportunité !
Mais en fait, peut-être que c’est juste un piège. Peut-être qu’Adam a été remplacé par un sosie. Peut-être qu’il veut juste bouger. Peut-être qu’il s’ennuie vraiment. L’ennui, c’est une malédiction, vous savez. C’est comme les gants. Cette saleté de prison pour doigts. D’ailleurs, qui a inventé ça ? Qui s’est dit un jour Oh, mes doigts ont trop de liberté, emprisonnons-les dans du tissu. Un fou. C’est sûr !
C’est moi qui décide du jeu ! C’est une règle sacrée. Gravée dans la pierre. Je bondis sur mon manteau en même temps que lui. L’attrape. Me bats avec. Un bras dans la mauvaise manche. Une tête coincée. Me contorsionne pour l’enfiler à l’envers. Tente de le remettre à l’endroit. J’échoue lamentablement. Triste destin. Je renonce. C’est un style. En fait, je suis une vision de la mode incomprise. Un jour, les gens comprendront. Ils feront des statues de moi. Des tableaux. Des tapisseries médiévales où je poserai en manteau à l’envers. Et tout le monde dira Regardez, elle savait. Elle était avenu..andiste...gardisme. Elle était incroyable !
MAMAAAAAAN, ON VA JOUER AU PAAAAARC ! Sait-on jamais qu'elle ait pas entendu Adam deux secondes avant. Puis la réponse qui entre et ressort par une oreille. Un souffle. Une approbation ? Un bruit de chaise ? Une bénédiction céleste ? On s’en fiche. C’est validé. Il faut y aller avant qu’elle nous rattrape et que je finisse la tête dans un chaudron.
J’ouvre la porte. Stop.
L’herbe anglaise. Les bancs anglais. Les arbres anglais. Les pigeons écureuils. Espions. Ils nous surveillent. Ils savent. Ils communiquent sûrement en clignant des yeux. En bougeant la tête. En faisant semblant d’être des pigeons normaux alors qu’en réalité, ce sont des maîtres de l’infiltration.
Je me tourne vers Adam. Regard perçant. Mission active. Il nous faut des noms de code. Identités secrètes. Camouflage. Stratégie. Je suis… Capitaine Chaussette du Chaos. Ça impose le respect. Ça terrifie les ennemis. Ça évoque une force incontrôlable, comme une chaussette qu’on perd toujours dans la machine à laver. Dramatique. Inoubliable. J’acquiesce comme si cette révélation avait été gravée dans la pierre par des sages millénaires.
Je l’observe. Je plisse les yeux, l’analyse avec toute la concentration d’un scroutt à pétard prêt à exploser. Il est mystérieux. Silencieux. Patient. Il a l’air normal, mais en vrai, il pourrait être une créature surnaturelle infiltrée. Toi… tu es… Grand Cornichon de l’Ombre ! Parce que les cornichons sont sournois. Ils attendent dans les bocaux, cachés dans le vinaigre, et puis BADABOUUUM, ils surgissent. Comme toi !
C’est parfait.
Avançons. Pas d’enfants. Pas d’jumeaux.
Des légendes en marche.
L’Angleterre n’est pas prête.
Message publié le 03/03/2025 à 22:26
L’air est chaud. Beaucoup trop chaud. J’ai l’impression de me liquéfier comme un bonhomme de neige sous un lance-flammes. De n’être qu’une tartine oubliée sous un grille-pain. Qui crépite doucement. Qui fume un peu. Je suis sûre que si quelqu’un appuie sur moi, je vais me transformer en miettes. Aaaargh. Affalée sur le tout nouveau canapé. Cadeau de l'oncle Bol…aldwin.. Baduin ? Baudin ? Babouin ? -peu importe. Il n’a qu’à avoir un nom plus simple. Il aurait pu s’appeler Bôtruc que ça changerait rien.
Bref, les jours après Noël, je trouve que c’est l’entre-deux le plus inutile de l’univers. C’est comme si le monde entier était coincé dans un ralentissement temporel, incapable de décider s’il veut continuer la fête ou tomber en hibernation. Moi, je suis bloquée entre ces deux états. Soit je fusionne définitivement avec le canapé, soit je me lève et je révolutionne le monde.
La maison est vide. Enfin, presque. Dylan est à l’étage, probablement en train de méditer sur le sens de la vie. Adam, Boldwin et les adultes sont partis faire des courses, ou je ne sais quoi d’aussi ennuyeux que regarder de la peinture sécher. Maman est partie en urgence au travail. Ce qui signifie une chose.
Je suis seule.
Et je suis libre.
Je laisse ma tête tomber en arrière sur le coussin. J’observe le plafond. Plafond blanc. Rien d’excitant. Je plisse les yeux. Peut-être que si je le fixe assez longtemps, il va se passer quelque chose. Une révélation divine. Une faille spatio-temporelle. Un pigeon qui s’écrase sur la fenêtre. Rien. C’est décevant. Ô monde cruel !
Je me redresse en grognant. Il faut que je fasse quelque chose, sinon je vais me dissoudre dans le canapé et devenir un meuble à part entière. Dyl ? Pas de réponse. Dylan ?! Toujours rien. Soit elle est en train de faire une sieste tellement intense qu’elle a quitté son corps, soit elle m’ignore volontairement. Les deux probablement.
Je roule hors du canapé avec la grâce d’un phoque échoué et j’atterris par terre. Sol froid. Je regrette instantanément mon choix. Je me redresse à moitié, me traîne jusqu’à la porte de la cuisine en rampant comme une limace dépressive. Une fois debout, j’ouvre le frigo avec l’excitation d’un lapin en rut.
Déception absolue
Constat n°1 : Il y a beaucoup trop de trucs sains ici.
Constat n°2 : Rien n’est déjà préparé.
Constat n°3 : Je vais mourir de faim dans les trois prochaines minutes.
Je referme le frigo lentement. Trahison dans ma propre maison. J’ai besoin d’une alternative à ma faim. Je me hisse sur le plan de travail et tape du pied dans le vide, pensive. Il y a sûrement quelque chose à faire.
Le four ? Non. Trop dangereux. Je tiens encore un peu à mes sourcils.
Le micro-ondes ? Trop bruyant.
Les placards ? Trop bien rangés.
La boîte à biscuits ? Ah. Intéressant.
Je saute du plan de travail et ouvre la boîte. Vide. Tragédie. Un drame en plusieurs actes. J’imagine déjà mon éloge funèbre.
C’est à ce moment précis que mon regard tombe sur un paquet de farine. Brillant. Dylan ! T’es prête pour une expérience scientifique de haute voltige ?! Toujours aucune réponse. Elle est probablement en train de méditer sur la patience infinie qu’il lui faut pour survivre à mon génie ! Tant pis. La science ne s’arrête pas à un manque d’applaudissements.
Je déchire le paquet de farine. Un nuage blanc explose dans l’air. Magnifique. Tel un pet de fou…ée. Ée. fée. De fée. Euuuuh. Donc. Magnifique on disait ! Aussi magnifique que moi-même, magicienne de la grandeur ! Légère. Fragile. Mystérieuse. Avec dans les mains, une poudre magique en attente d’être libérée.
Et je la libère !
Je souffle dedans, comme un dragon cracheur de farine. BOUM. Un nuage blanc explose autour de moi, me recouvrant comme si j’avais traversé un blizzard. DYLAN ! VIENS VOIR ! J’AI INVENTÉ UN NOUVEAU CLIMAT ! Encore pas de réponse. Cette enfant est une déception.
Je tousse, aveuglée par ma propre générosité. La farine se dépose sur mes cheveux, mes vêtements, mon âme. J’essaie de chasser le nuage en agitant les bras, mais ça empire la situation. Je viens de transformer la cuisine en champ de bataille enneigé. C’est parfait. Je m’essuie la joue, laissant une trace nette au milieu du blanc. Camouflage activé. Je repère une bouteille de lait.
Farine + lait = pâte.
Pâte = gâteau.
Gâteau = œuvre d’art.
Dylan ! Je vais cuisiner !
Je sors un saladier. Je jette de la farine dedans. Un peu de lait. Beaucoup de lait. Trop de lait. Erreur de calcul. Je mélange avec une cuillère en bois, mais la pâte ressemble plus à une soupe inquiétante qu’à quelque chose de comestible. Ça passe. Ça ira. Pas de soucis. Ne vous en faites pas !
Je compense avec du sucre. Beaucoup de sucre. Trop de sucre. Je goûte. Ça croque. Hum… Mitigée comme goût. Je rajoute du cacao. Puis du sel. Puis du miel. Ça va être incroyable. Ou immangeable. Mais l’important, c’est l’intention qu'il dise !
Je verse mon mélange dans un moule. Ou du moins à ce qui y ressemble. Le truc visqueux souffre. Je le regarde. Il me regarde. On se jauge.
Je décide d’enfourner le tout sans réfléchir aux conséquences.
Le vieux four magique couine. Il me supplie d’être un merlin venu du ciel.
J’appuie sur un bouton au hasard. Rien. Un autre. Rien. Un troisième. Un BIP retentit. Victoire !
J’attends. Dix minutes. Ou vingt. Ou trente.
Y’a un truc qui hurle.
Y’a une odeur de brûlé qui commence à envahir la cuisine. Un soupçon de panique naît en moi. Petit rappel : Je tiens à mes sourcils.
Problème : J’ai mis la pâte directement sur une plaque, par un moule.
Deuxième problème : Ça a coulé.
Troisième problème : J’ai oublié que la pâte cuit.
Et là… fumée. OK, plan B. J’ouvre le four. Trop tard. Une odeur de chaos et de désespoir s’échappe, accompagnée d’un épais nuage sombre.
Je viens d’ouvrir une brèche dimensionnelle vers l’Enfer.
C’est ce moment que choisit Babouin pour rentrer avec Adam et les autres.
Il s’arrête. Il me regarde. Il regarde la cuisine. Il regarde mes cheveux couverts de farine, mes mains collantes, ma tentative ratée de masquer l’odeur du crime. D’un coup de baguette de sa part, le four cesse de hurler et de fumer. Je lève mon torchon comme une magicienne dévoilant un tour raté. Tadaaa ? Silence. Long silence. Très long silence. Mabel… Son ton est celui d’un homme qui vient de découvrir un cadavre sous son plan de travail. Le même que maman ! C'est celui qui regrette tout.
Adam passe la tête dans la cuisine. Il fixe la scène. Me fixe. Soupire. J’aurais dû parier sur ça. Baldwin masse son front comme si cela pouvait annuler la réalité. Qu’est-ce que tu as fait ? Je jette un regard au moule noirci. Puis au sol farineux. Puis à mes mains. Une expérience culinaire révolutionnaire. Il souffle. Il se prépare mentalement. C’est un gâteau tonton ! Baldwin médite sur sa vie. Et il est où, ton gâteau ? Je désigne la plaque noire, la substance carbonisée qui a fusionné avec le métal. Et le résultat ? J’observe mon chef-d’œuvre raté. Je le tapote avec une cuillère.
C’est dur.
Très dur.
Je pense qu’on peut le commercialiser comme un nouveau matériau de construction. Dylan passe la tête depuis l’étage. Pourquoi ça sent la catastrophe ? — Parce que c’est une catastrophe. Adam soupire comme si sa vie venait de raccourcir de dix ans. Baldwin regarde l’état de sa cuisine et me regarde comme si j’étais une entité qu’il ne savait pas comment gérer. Tu vas nettoyer avant que ta mère rentre — Évidemment — Tout — Ça inclut la farine sur moi ou juste le sol ? Il me fusille du regard. Il pointe la salle du doigt, le fait tourner sur lui-même. T.o.u.t. Je claque des doigts. Dylan !!!! Il va falloir que tu descendes ! On va procéder à un nettoyage scientifique de grande envergure. Elle hésite. Me jauge. Tu te fiches de moi là ? Silence. Absolument pas. Un autre silence.
Bon, peut-être un peu.
Adam tourne les talons, Baldwin regrette d’exister.
Moi, je souris. J’adore ça.