



16 ans Sang-Mêlé·e Ukrainienne Notoriété






Informations
Homme - Sixième année
Groupes
Capacités Spéciales
C'était un samedi matin orné d'un soleil froid, qui jetait sur la Grand Rue de Pré-au-Lard une clarté glacée semblable aux gelées de janvier - sauf que les décorations de Noël ornaient les devantures des magasins, des bougies réchauffant artificiellement le coeur des passants qui se presseraient bientôt pour poursuivre leurs emplettes avant les célébrations de fin d'année. Une neige épaisse était tombée pendant la nuit, mais la rue était déjà dégagée. Les trottoirs étaient flanqués de bordures de neige empilée, à demi-boueuse, qui disparaîtrait bientôt sous les bottes des promeneurs, encore rares à cette heure-ci. Il devait être près de 8h, et à cette heure, Pré-au-Lard était surtout animée des commerçants qui déneigeaient de quelques coups de baguettes devant leur devanture, mettant en place ici et là les animations qui rendraient attractive leur boutique pour la journée. Leurs gestes rapides trahissaient à la fois l'habitude de ces mouvements répétés chaque matin sur les derniers jours autant que l'urgence que tout fût prêt à cette époque de l'année.
A priori, Sasha avait pensé que c'était le meilleur moment pour les aborder : pas encore dans le feu de l'action à répondre aux exigences des clients, ni harassés après une journée intense de travail. Pourtant, il lui semblait désormais qu'il avait mal calculé : les réponses qu'on lui avait faites étaient brusques, lapidaires. Ils ne voulaient rien avoir à faire avec lui. Sasha avait tenté de varier sa présentation, avant de finir par enfoncer les mains dans ses poches - les sortir, les laisser dans ses poches, telle était toujours une question insoluble car les deux induisaient toujours un résultat négatif. Quant à savoir ce que son allure et son accent trahissaient de son origine et de son histoire, et de la façon dont cela influençait les interactions qu'il avait, il préférait ne pas trop y penser. Il avait poursuivi son chemin sur le trottoir, le nez à contempler le bout de ses baskets qui avançaient l'une après l'autre.
Peut-être qu'on voyait qu'il était pauvre, comme il avait cru qu'Alison l'avait remarqué. Peut-être qu'il ne parlait pas si bien anglais. Peut-être que ce n'était tout simplement pas le bon moment, pas la bonne solution. Ou bien il y avait un problème avec lui.
Cette question devenait plus récurrente à mesure qu'il évoluait à Poudlard. Presque la moitié de l'année s'était écoulée, et le bilan de ses réussites étaient bien maigres, tant sur le plan académique que social. Pas un ami à l'horizon. Ou peut-être Charlie Carter, mais Sasha n'assumait pas beaucoup qu'une petite fille de treize ans fusse la seule personne qui l'eût trouvé fréquentable.
Carter.
Comme dans Owen Carter Quidditch, ces grandes lettres qui s'alignaient au-dessus du n°76.
Sasha s'arrêta pour relever le nez devant la façade qui paraissait encore endormie.
Il n'ignorait pas qu'il y avait un lien entre les soeurs Carter et cette boutique, tout simplement parce que les férus de Quidditch avaient plusieurs fois mentionné l'endroit pendant les cours de Vol - qu'il suivait, Merlin merci, avec les 6ème années, car Sasha était meilleur dans cette pratique qu'en potions ou en botanique. On disait que les Carter tenaient une marque de renom, que les balais de la boutique étaient fabriqués à la main et faisaient concurrence à des balais de notoriété internationale.
Evidemment, il y avait pensé. Mais en raison de sa non-relation avec Alison, il avait soigneusement évité de s'y présenter.
Sauf que si personne ne voulait de lui... Le reste des Carter était peut-être davantage comme Charlie que comme Alison. Que perdait-il à tenter ?
Après un coup d'oeil autour de lui - comme si quelqu'un avait eu l'idée saugrenue de le suivre à Pré-au-Lard un week-end, Sasha poussa la porte.
Une petite clochette émit un bruit discret, et puis il se retrouva dans un environnement plutôt chaud. Des étagères regorgeaient de produits en tous genre d'un côté, des balais s'alignaient de l'autre. Des décorations suspendues étaient soigneusement disposées, faisant certainement rêver les jeunes enfants par cette liberté incroyable qu'offrait d'échapper à la gravité terrestre en enfourchant un morceau de bois. Sasha se hâta de remettre les mains dans ses poches : non pas pour les cacher, mais parce qu'il avait l'impression que sa carrure un peu large et ses mains maladroites auraient sûrement tôt fait de détruire les choses délicates qui étaient si proprement organisées à ses yeux.
Le comptoir était vide. Sasha se trouvait là, seul, dans la boutique, avec ses baskets mouillées par la neige et ses cheveux décoiffés. Après quelques secondes, il se décida à avancer un peu plus, pour aller jusqu'à la banque où se presseraient les clients dans quelques heures, et osa sortir un index pour appuyer sur la petite clochette.