Elle aura 16 ans dans trois heures. Appuyée contre le mur intérieur du hall d'entrée, Alison observe mollement les portraits des sportifs qui sont passés par le centre d’entraînement des Catapultes de Caerphilly. Entre les vieilles toiles peintes et les affiches plus récentes, le club de ligue peut se vanter d'un passé solide et d'un futur triomphant. L'adolescente s'en fiche et soupire, bien loin d'avoir imaginé qu'elle passerait sa journée d'anniversaire à 10 miles de Cardiff.

Sauf que voilà, Owen Carter Quidditch sponsorise désormais l'escouade du Pays de Galles avec en prime le déploiement d'un nouveau modèle de balai volant prévu d'ici quelques semaines. Une flotte d'OCQ500 équipera bientôt les vert et rouge, apportant son lot d'innovations dont la principale : un coeur organique similaire aux baguettes magiques ; une révolution permettant aux joueurs de créer un véritable lien énergétique entre eux et le balai afin d'exploiter tout le potentiel de chacun. Pensé par Owen et développé sous l'impulsion de Freya, la mise sur le marché de cet équipement devrait donner un nouveau souffle à la marque et sortir de l'eau les finances des Carter. Seule ombre au tableau : la disparition non pas d'un seul, mais des deux parents des rouquines n'ayant plus vu leur père depuis le milieu de l'été.

Pour mener de front les ventes de Noël et les derniers préparatifs du partenariat, l'aînée a donc réquisitionné ses sœurs pendant leurs vacances, la benjamine en renfort au magasin et la cadette avec elle en déplacement.

— Reste ici, j'dois juste récupérer des dossiers et signer les autorisations de diffusion, après on y va, avait prévenu Freya quelques minutes auparavant, tandis que les deux sœurs venaient de décharger une grosse malle enchantée qui avait pu voyager sur le même portoloin qu'elles jusqu'ici, remplie de protections flambant neuves brodées OCQ500. J'suis pas ton chien,  s'était contentée de souffler désagréablement Alison, lassée de recevoir des ordres comme une gosse de dix ans.

Faisant rouler distraitement une pièce d'argent entre ses doigts, les yeux marron de la cinquième année tombent sur le poster de Spike Ryder, la dernière recrue des Catapultes. Il l'a dépucelée sans le savoir le soir du bal de Noël, pas plus tard que la veille des vacances. C'était loin de l'extase promise par les magazines. À l'instar de la masturbation qu'elle lui a faite en salle d'Étude des Moldus, le Serpentard s'est focalisé maladroitement sur son propre plaisir, oubliant de considérer les désirs d'Alison. Au moins elle n'est plus vierge pour de vrai maintenant.

Soudain les premiers joueurs reviennent de l'extérieur en tenue d'entraînement et brisent le silence du couloir, encore essoufflés. Alison rajuste sa frange chahutée par le courant d'air, peu impressionnée d'être en présence de sportifs célèbres. Derrière son expression indolente, elle remarque certains de leurs regards curieux, d'abord dans sa direction, puis entre eux tandis qu'ils s'éloignent déjà, sûrement vers les vestiaires. 

L'entraînement du jour a été tout simplement génial. Le temps n'est pourtant pas de votre côté, entre le vent et la neige, mais le challenge que ça ajoute n'a fait que donner plus de volonté de réussir de la part de tous les membres de l'équipe. Il n'y avait de toute manière presque aucune manière de communiquer correctement, personne n'étant capable de crier plus fort que le vent, alors il fallait simplement se fier à son instinct. Et l'instinct de l'équipe, tu commences à le connaître de mieux en mieux. Tu sais les points forts et les points faibles de chacun, tu sais quels sont les tiens, et tu sais comment vous pouvez faire pour y pallier tous ensemble.

Le travail d'équipe qui te posait tant de problème à ton arrivée chez les Catapultes est devenu une chose que tu es capable d'admirer, de comprendre. Avec ton équipe, tu peux aller plus loin. Devenir encore meilleur. Ils n'ont rien à voir avec les autres élèves de Poudlard. L'équipe de Serpentard ne pouvait pas te tirer vers le haut comme ça. Alors t'as revu ta façon de jouer. Et t'as l'impression d'avoir franchi ce que tu pensais être tes limites auparavant. C'est comme s'il n'y en avait plus aucune. Juste le Quidditch, les Catapultes, et la victoire de tous. 

Alors en sortant du terrain, casque en main, les cheveux complètement décoiffés par le vent, et encore recouvert de quelques flocons de neige, tu discutes avec animation du dernier arrêt du gardien qui était plus que spectaculaire, avant de t'arrêter net en voyant une silhouette parfaitement connue appuyée contre le mur. Tu hausses un sourcil, fais signe aux gars de continuer sans toi, avant de t'approcher d'Alison.

- Salut, qu'est-ce que tu fais là ? J'te manquais, c'est ça ?

Sourire indolent accroché aux lèvres, balai toujours en main, la tenue pas très propre de celui qui a tout donné sur le terrain, tu manques pourtant pas de confiance en toi. Même si, vraiment, tu te demandes ce qu'elle fout là.

- Au fait, joyeux anniversaire, Alison. J'ai pas d'cadeau sur moi, mais j'peux être ton cadeau si tu veux ! 'Fin après ma douche quoi.

Non parce que là tu te sens un peu dégueulasse quand même.

Alison gonfle légèrement sa bouche en voyant débarquer Spike, le plus jeune joueur des Catapultes. Après avoir jeté un œil aux autres sportifs qui s'éloignent, elle pousse ses lèvres en avant, dévisage le Serpentard de haut en bas et sourit enfin à sa question. Tu crois ? rétorque tranquillement l'adolescente, consciente qu'une tension demeure entre eux depuis l'autre soir. Quand elle y repense, c'est le goût d'inachevé qui domine. Ils auraient pu faire mieux, elle le sent. Elle se demande ce qu'il en a gardé comme souvenir jusqu'à l'entendre lui souhaiter un joyeux anniversaire. Flattée, Alison étire un deuxième sourire sincère. Merci. J'savais pas qu'tu connaissais ma date d'anniversaire par coeur, avoue-t-elle bêtement, un doigt perdu dans ses longues mèches rousses. Ils sont parmi les rares élèves de leur promotion à changer d'âge en début d'année scolaire et personne n'était passé à côté des 16 ans du célèbre Spike Ryder le mois dernier, mais connaît-elle précisément sa date d'anniversaire pour autant ? Non. Charlie, peut-être, avec sa mémoire d'éléphant. 

— En vrai c'est un beau cadeau, répond l'étudiante en désignant la silhouette athlétique de son camarade de classe, soudain interrompue par l'arrivée bruyante du capitaine d'équipe, tout aussi décoiffé que Spike. Salut Elliot. Elle voit dans son regard qu'il capte vite la raison de sa présence ici, contrairement au poursuiveur. Yo Alison, s'illumine-t-il, t'porte bien ta culotte aujourd'hui c'est bon ? L'égérie d'Owen Carter Quidditch ricane, et prend la route des vestiaires sans même attendre de voir l'adolescente devenir rouge comme une pivoine à frange qui lui tend un doigt d'honneur bougon. Perv ! lance-t-elle en croisant ses cuisses machinalement alors qu'Elliot riposte déjà avec un doigt levé en arrière juste avant de disparaître. Sérieux il a un problème lui, souffle Alison, vexée de se faire humilier par l'adulte.

Elle croise ses bras, un air boudeur toujours sur le visage, les tâches de rousseur flamboyantes lorsqu'elle raccroche les prunelles brunes de Spike. C'est pas une culotte, dit-elle le plus sérieusement du monde, jusqu'à ce que la réaction du Serpentard ne lui arrache un rire désabusé.

— Arrête. C'est vrai quoi, c'pas une culotte, déclare la sorcière en haussant ses épaules, ignorant l'excitation palpable qui continue de flotter entre eux- merci les hormones. Elle mordille ses lèvres en envisageant de passer sa fin de journée d'anniversaire avec Spike. C'quoi ton programme ? Si j'reste. On fait quoi ?

Tu vois bien que ça lui fait plaisir, que tu lui souhaites son anniversaire. Que ça te fait marquer des points. Alors ça élargit un peu ton sourire, et tu te rapproches un peu plus d'elle, comme pour être sûr de faire renaître cette tension qu'il y a entre vous en permanence depuis le bal de Noël. Tu pensais pas autant à ça avant de le faire pour de bon. Mais depuis ce jour-là, t'as juste envie de recommencer. De voir tout ce que tu peux faire. Toutes les sensations que ça peut apporter. Et puis, ça te rend un peu curieux de comment ça fonctionne vraiment pour elle, aussi. D'avoir juste envie de perdre ta virginité, t'es passé à avoir envie d'être reconnu comme un bon coup. Parce que sinon, c'est carrément la honte. Tu te penches à son oreille pour lui chuchoter quelques mots, en réponse à sa surprise.

- J't'avais dit que j'pouvais faire des efforts.

Le passage d'Elliot te fait hausser un sourcil. Puis un deuxième. Avant de purement et simplement éclater de rire. Bordel, qu'est-ce qu'il peut être con quand il s'y met celui-là. Plus tu passes du temps avec les gars de l'équipe, et plus tu les trouves cool. Pas prise de tête. Et si t'as toujours été fan d'Elliot, tu dois bien admettre qu'il est carrément devenu ton modèle. Le mec représente tout ce que t'as envie d'être. Tu l'admettras juste jamais, sinon il te ferait grave chier avec ça. Mais ton rire s'arrête bien vite quand Alison dit que c'est pas une culotte. Tu la regardes, avec une certaine attention.

Attention bien augmentée quand elle répète la même chose, te faisant te mordre légèrement les lèvres en imaginant ce qu'elle pourrait porter. Bordel, faut que tu vois ça. Pas moyen de rater ce coup-là. T'as marqué des points en lui souhaitant son anniversaire, t'as plutôt intérêt à continuer si tu veux aller plus loin une nouvelle fois. Et tu veux aller plus loin. 

- Mmmh... J'avais prévu d'profiter des massages mais j'suis pas sûr que ce soit l'genre qui t'intéresse. Mais on peut aller faire un tour sur la baie si tu veux. J'suis sûr ça va t'plaire.

C'est l'endroit le plus branché de la ville. En plus, c'est juste à côté du complexe d'entraînement. N'empêche que tu t'en tapes un peu, de la baie.

- Ou tu peux m'montrer c'que tu portes à la place de ta culotte.

Tu déposes ton balai contre le mur, pour poser tes mains sur elle, caresser ses hanches comme si de rien n'était. 

Alison constate les efforts de Spike, un sourire en coin pour acquiescer à sa première proposition avant de rire à la deuxième, amusée par son audace. T'es con putain, souffle-t-elle en réduisant l'espace entre eux pour mieux sentir le frisson qui remonte ses cuisses depuis que l'adolescent s'est approché. Le jeu semble autant leur plaire à l'un et l'autre maintenant qu'ils ont remplacé le chantage par la séduction. C'est de temps en temps maladroit, mais ça les a mené exactement où ils voulaient aller. Elle caresse son torse au-dessus du maillot d'entraînement des Catapultes.

— Un massage de toi, ça m'dit bien, concède Alison, avec un seul plan en tête : remettre ça et voir s'il peut lui donner du plaisir cette fois. L'idée même d'avoir un orgasme devant Spike la rend toute écarlate. Elle soutient pourtant son regard, une fièvre au fond du sien, jusqu'à ce qu'une démarche familière ne l'interrompe. Freya. Fait chier.

Après un coup d’œil à la silhouette lointaine de sa grande sœur, la cadette Carter se jette sur les lèvres du poursuiveur, bien décidée à lui montrer qu'elle a réussi là où l'autre a échoué avec "son Elliot Blackburn". Spike ne bronche pas face au baiser langoureux qu'ils échangent, les mains d'Alison accrochées derrière sa nuque moite. Alison ? Ahem, salut Spike, bredouille Freya, visiblement surprise par la vision des deux Serpentard ensemble.

— Alison, on y va.

— Nan mais moi j'reste.

— Comment ça tu restes ?

— Baaah, j'reste quoi ! Spike m'a fait une surprise pour mon anniv.

Décollée de son camarade de classe, la cinquième année affronte avec aplomb l'autorité subjective de Freya. La Poufsouffle lance un regard derrière son épaule, gênée d'avoir ce genre de conversation dans les locaux d’entraînement du club, ce qui ne semble pas déranger le moins du monde Alison qui soupire bruyamment. 

— Alison, tu m'expliques comment tu rentres ? J'te laisse pas voyager toute seule.

— Arrête de m'prendre pour une gosse hein, tu crois que Spike fait comment ?

— J'suis pas responsable de Spike Alison, j'suis responsable de toi !

— N'importe quoi hein, tu veux m'empêcher d'y'aller car t'es jalouse !

— Jalouse de qu-Alison, c'est pas l'endroit ni le moment.

— Tsss, quand ça t'arrange hein.

Freya prend une longue inspiration, pinçant l'arête de son nez avec agacement avant de se tourner vers le jeune prodige de l'équipe. Spike, tu l'emmènes où ? Vous rentrez comment ? Les prunelles marron d'Alison scrutent la réaction du Serpentard. Il a intérêt d'assurer. 

Con, peut-être. N'empêche que jusqu'ici, ça te réussit plutôt bien. Suffit de voir sa main sur ton torse. Les tiennes qui s'accrochent à ses hanches sans qu'elle n'essaie de s'en défaire. Vos corps qui ne peuvent pas s'empêcher de vouloir un peu plus de contact l'un avec l'autre, comme pour reprendre là où vous vous étiez arrêtés. Et puisqu'elle te réclame un massage, c'est bien qu'elle a la même idée que toi en tête. Et même si tu sais pas trop ce qui la fait chier, tu réponds à son baiser sans te faire prier, tes mains s'agrippant désormais à ses fesses plus qu'à ses hanches pour  coller vos bassins l'un à l'autre.

Et le fait que Freya débarque a vraiment pas l'air de te gêner plus que ça. Lorsque votre baiser prend fin, tu gardes tes mains où elles sont quelques secondes avant de planter ton regard dans celui de la soeur aînée d'Alison.

- Salut Freya !

A l'aise, toujours, le sourire bien accroché aux lèvres, t'es quand même sacrément dégoûté qu'elle ait débarqué alors même que t'avais une chance évidente de passer la vitesse supérieure avec Alison une nouvelle fois. Tandis qu'elles se prennent la tête, tes doigts caressent le dos d'Alison, jusqu'à ce que Freya s'adresse directement à toi. Tu hausses un sourcil, confiant.

- J'veux bien te dire ce que j'ai prévu, mais en privé, j'veux garder la surprise pour Alison ! Pour rentrer c'est facile, on utilise le réseau de Cheminette, jusqu'à Pré-au-Lard. J'pourrais la ramener jusqu'à chez vous t'inquiète pas, j'la laisserais pas toute seule dans les rues !

T'es vraiment le plus grand des gentlemen, qui ne voudrait pas de toi comme beau-frère. Dans le dos d'Alison, tes doigts passent tranquillement l'élastique de sa jupe, comme pour voir quel genre de sous-vêtement elle porte réellement. Mais face à Freya, t'as toujours l'air du beau frère idéal, pour sûr. 

- Allez, c'est pas son anniv' tous les jours. Promis j'prends soin d'elle. Et puis j'te la ramène pas trop tard ! J'aurais dû te prévenir avant j'suis désolé, j'y ai vraiment pas pensé.

Beaucoup d'évènements dépassent Freya dernièrement. À commencer par l'absence de son père qui s'avère interminable cette fois. Depuis des mois, les sœurs Carter nagent en pleine improvisation, mais visiblement dans des bains différentes. Pendant que Freya se noie sous des responsabilités toujours plus nombreuses, Alison plonge au milieu des requins. L'aînée fixe Spike, dubitative quant à son honnêteté.

Les journaux sportifs parlent d'un étudiant brillant.

 Derrière l'élastique, la dentelle.

— Bon bah réponds, on va pas attendre 107 ans là, s'impatiente la cadette avec ses airs de poupée colérique. Owen saurait comment gérer cette situation. Les proches des Carter peuvent témoigner de son implication à l'éducation des trois rouquines, sévère et tendre à la fois. Il avait élevé des filles éloquentes, curieuses, polies et admiratrices de leur père, même Alison qui refuse de l'avouer. 

Freya soupire. Pis, t'sais, j'suis peut-être une femme, mais j'peux prendre le réseau de Cheminette seule, j'ai pas besoin d'un gars pour me protéger, duh !

— Alison, t'es où depuis l'année dernière, dans une grotte ? Reviens sur Terre avec nous parce que l'actualité se complique, et moi j'ai besoin que mes sœurs soient conscientes du danger. Disparition, ça te parle ?

— Ouais. Ma mère, mon père, tu te rappelles ?

— Alison.

— Freya.

Ses mains sur les hanches, la Serpentard soutient le regard contrarié de son aînée, jusqu'à la faire craquer. Freya abandonne, pointant du doigt les deux adolescents, tandis qu'elle souffle. Me faites pas regretter ma décision. Déjà tout sourire, Alison trépigne d'insolence, sans même remercier sa sœur. 

— Rentrez avant 20h, sinon je préviens Poudlard. 

— Oui, allez c'est bon.

— J'rigole pas. Spike, mh ? Height p.m. grand maxi. 

— La honte putain. 

— C'est pas la honte Alison, que d'avoir quelqu'un qui se préoccupe de ta vie.

Une certaine amertume dans la voix, Freya jette un œil en arrière, espérant probablement voir Elliot surgir des vestiaires. Mais pas d'Elliot. Elle ravale sa salive. Allez j'y vais, il doit y'avoir du monde au magasin. 

— Ciao.

— Salut. Salut Spike, conclue-t-elle brièvement, incapable d'assumer l'échec de cet après-midi en compagnie de sa sœur. Elle aussi avait une surprise pour Alison.

La porte du centre claque et Alison mordille sa lèvre, excitée par les heures de liberté qu'ils ont devant eux, elle et Spike. Tu vas t'changer ? Demande-t-elle, recollée au mur, la tête un peu penchée.

T'aimes bien ce que tu sens sous le bout de tes doigts. La texture de la dentelle donne un sacré coup de boost à ton imagination, et tu dois clairement prendre sur toi pour continuer d'écouter suffisamment Freya pour savoir de quoi il en retourne et garder ton air parfaitement innocent de petit ami dévoué à l'anniversaire de sa copine. Sauf qu'Alison est pas ta copine. Même si tu te sens carrément dévoué sur ce coup-là. Un léger sourire aux lèvres en pensant à la dentelle, tu clignes quelques fois des paupières sous la dispute qui reprend.

Vraiment, ça devient un peu gênant de les écouter laver leur linge sale - et ce coup-ci rien à voir avec une culotte. N'empêche que Freya a raison sur un point : Alison devrait être contente d'avoir quelqu'un qui se soucie d'elle. Toi, t'as pas cette chance-là. Ta mère en a rien à faire que tu rentres ou pas. En fait, moins elle te voit et plus ça l'arrange. Et ton père... T'es même pas sûr qu'il capte ton absence tellement c'est un fantôme quand il rentre du taff. Est-ce qu'il est seulement au courant que t'es devenu joueur de Quidditch professionnel ? Rien n'est moins sûr.

T'esquisses un nouveau sourire en direction de Freya.

- Salut Freya. T'inquiète j'te la ramène à l'heure.

Et ce coup-ci, tu le dis avec un peu moins d'insolence. Tu finis quand même par te tourner vers Alison lorsque sa soeur a disparu, pour glisser totalement tes mains sur ses fesses pour sentir pleinement le tissu du sous-vêtement et l'embrasser une nouvelle fois.

- Ouaip. T'veux v'nir ? Y'a des vestiaires un peu plus privés s'tu vois c'que j'veux dire.

Elle peut toujours t'attendre là sinon. Mais ce serait quand même un sacrée perte de temps. Pourquoi quand Alison Carter est dans les parages t'arrives pas à penser à autre chose qu'à finir à poil avec elle ? 

Quand les mains sales de Spike redessinent la courbe charnue de ses fesses couvertes de la résille de ses collants, et d'un morceau presque imperceptible de dentelle, Alison soupire d'envie, ses lèvres encore collées aux siennes. Elle oublie Freya, l'altercation, et même son espoir secret de voir son père revenir le jour de son anniversaire. Ce qui l'intéresse à cette seconde, c'est la fin de journée qu'ils vont passer ensemble, elle et Spike, et ce qui pourrait devenir leur nouveau loisir préféré s'il s'avère plus attentif à elle cette fois. Alison ricane à la proposition du sportif, légèrement désabusée. 

— Tu veux pas que j'te lave aussi ? demande-t-elle, en réalité plutôt d'accord sur le principe. Mais l'atmosphère des vestiaires est loin de lui vendre du rêve. D'abord c'était le dortoir des mecs de cinquième année à Serpentard, et maintenant les douches du centre d'entraînement ? Elle fait rouler sa tête contre le mur, toujours enlacée dans les bras de Spike. Mh, ça m'motive moyen, t'as rien d'mieux ? questionne l'adolescente, ses bras enroulés autour du cou du Serpentard. Elle minaude en caressant sa nuque tandis qu'un premier membre de l'équipe des Catapultes quitte le vestiaire et prend la sortie du centre, saluant Spike au passage. Alison embrasse encore le brun, et lui murmure son idée toute fraîche à l'oreille. 

— J'suis sûre qu'Elliot a une baignoire. Il doit avoir un appart trop cool pas loin d'ici. Vous vous arrangez pas des coups entre gars de l'équipe, mh ? Peu importe à la sorcière de dépasser les limites ; elle tente, elle verra si ça passe. Elle colle un peu plus leurs bassins et sa poitrine contre Spike. Demande-lui, dis-lui qu'c'est mon anniv' au pire, ça me fera mon cadeau. Culottée ? Oui. Enfin, non, si l'on en croit le string qui s'étire lorsqu'elle se tend pour embrasser la mâchoire de son camarade de classe. 

— J'te fais confiance, tu vas nous gérer un truc bien.

Tu hausses un sourcil lorsqu'elle te propose de te laver. Honnêtement, t'es pas du tout contre l'idée. En fait, ça t'en donne même tout un tas de nouvelles. Mais visiblement, ce n'était pour elle que pure ironie. Toi, y'a tout un tas de trucs qui te motivent pour peur qu'elle se mette à poil. Mais ça a pas l'air de lui suffire. Tu retiens un soupir, tout en saluant ton équipier qui se barre, avant de répondre au baiser d'Alison, en réfléchissant à toute vitesse à ce que tu pourrais lui proposer qui irait à sa majesté. 

Et voilà qu'elle t'offre la solution sur un plateau. Bordel, bien sûr que Blackburn a son appartement dans le coin. Et qu'il est carrément stylé en plus de ça. Un large sourire se dessine sur tes lèvres à l'idée d'être tranquille avec Alison, à pouvoir lui faire tout ce qui te traverse l'esprit en ce moment. Tu te mords légèrement les lèvres en la regardant, ôtes enfin tes mains de ses fesses pour la repousser doucement.

- J'vais voir ça avec lui. Bouge pas d'là. 

Le sourire que tu lui adresses en la matant une fois de plus de haut en bas en dit très long sur le fait que t'as bien l'intention de tout donner pour qu'Elliot accepte de te refiler les clés de son appart'. Tu rentres aussitôt dans les vestiaires, ignorant royalement le fait que tous les gars de l'équipe sont à moitié à poil. Elliot est toujours sous la douche, et tu l'interpelles. La pudeur n'existe pas vraiment dans l'équipe, et les conversations à moitié à poil sont monnaie courante. Au début, c'était chelou. Mais depuis, tu t'y es fait.

- Elliot ! Mec, t'peux m'prêter ton appart' ? Genre deux heures. J'te jure j'te r'vaudrais ça. N'importe quel plan j'en suis. Mais prête-moi ton appart' mec. C'l'anniv' d'Alison, j'peux pas juste m'la faire dans un vestiaire t'vois ?

Faut vraiment qu'il dise oui. D'ailleurs, ça se voit sur ta gueule que tu mets tous tes espoirs sur le fait qu'il accepte. Après tout, ça se fait d'aider un pote à serrer une meuf dans de bonnes conditions, pas vrai ? En plus elle porte un string...

Quel faux frère Elliot ! Sérieux, ça lui coûte quoi de te refiler son appart pour deux pauvres heures ? Tu lui balances un drôle de regard, entre déception et espoir, et quand il annonce clairement que t'as rien d'un puceau au reste de l'équipe tu peux pas t'empêcher de bomber un peu le torse. Parce que, quand même, ça en impose. T'as jamais rien dit, et pour lui c'est juste la base que tu le sois pas. Pendant qu'il te répond, t'en profites pour te désaper vite fait histoire de te foutre sous la douche. Un truc rapide, juste histoire de te décrasser et de sentir bon. Tu finis par hausser les épaules avec une drôle de grimace.

- Chais pas c'que tu fous quand tu baises Blackburn mais j'te jure qu'les gens civilisés ils se terminent sur mieux que des meubles. 'Fin chacun ses délires, hein.

Les gars de l'équipe explosent de rire tandis que tu lèves ton majeur bien haut en direction d'Elliot, pour bien lui faire comprendre ce que tu penses de cette haute trahison dont il se sent coupable.

- Pis c'vrai qu'l'hôtel ça fait pas pute. Laisse tomber j'ai bien compris. Si j'ai b'soin de rien j'te d'mande.

Tu t'essuies à l'arrache avant de chercher tes fringues. Mais voilà que Percy te balance une chemise blanche à la gueule avec un clin d'oeil et un sourire qui veut tout dire.

- Tiens Ryder, ça fera au moins genre que t'as fait un effort.

- Toi au moins tu sais c'que c'est que le bien d'l'équipe.

- T'en fais trop, allez casse-toi.

Une bonne tape sur l'épaule de Percy, t'as déjà enfiler ton froc et tes godasses, pour sortir du vestiaire encore à moitié trempé, les lacets défaits et la chemise ouverte. C'était clairement la douche la plus expresse de ta vie, mais elle a eu le mérite de te rendre l'air à peu près humain. Tu rejoins Alison pour l'attraper par la main, la tirer vers toi, l'embrasser encore un coup en tripotant l'élastique de son string avant de te décaler.

- C'mort pour l'appart de Blackburn c'un connard d'égoïste. Mais j'peux t'payer l'hôtel. Avec SPA.

C'est ajouté avec un sourire. De toute façon, tu te fais tellement de tune que tu peux bien foutre quelques centaines de dollars une fois dans l'année juste pour te faire plaisir. Et là, t'es à peu près certain que ça va te faire plaisir.

- Vas-y viens ! 

Et tu gardes sa main dans la tienne pour la tirer hors du centre d'entraînement. C'est seulement une fois à l'extérieur que tu daignes lacer tes chaussures et enfiler le manteau que tu tenais jusqu'ici sous ton bras.

Seule dans le hall du centre d'entraînement, Alison observe distraitement les portraits de sportifs affichés autour d'elle. Blasée par le quidditch, elle minimise la réussite des sorciers d'équipe de ligue qui gagnent leur vie en jouant au ballon sur un balai. La fille d'Owen Carter peine à comprendre l'engouement suscité par les tournois, tout comme la ferveur des supporters, et garde un souvenir amer de la chute médiatique de son père il y a une dizaine d'années. Voir Freya se pâmer devant Elliot et ce dernier l'ignorer royalement contribue largement au tableau détestable qu'Alison se fait de l'univers du quidditch. Spike ne tardera pas à devenir odieux à son tour, elle le sent, il a déjà changé. S'il cherche une groupie, la rouquine l'enverra chier.

Persuadée de contrôler la situation grâce à ce genre de pensées, elle rajuste sa frange et ses fringues, et se questionne à propos de leur deuxième fois. Si ça ressemble à la première, elle sera déçue. Clairement, Spike a presque oublié qu'elle existait tellement il était concentré sur ses allers-retours loin d'être agréables.

Lorsqu'Alison le voit revenir à moitié séché et dévêtu, elle oublie le souvenir de sa mauvaise expérience, amusée par son empressement, excitée de sentir qu'elle lui fait de l'effet. C'était rapide, commente-t-elle entre deux baisers avant d'entendre le poursuiveur insulter Elliot.

— Bien sûr c'est un connard d'égoïste, ça m'étonne tellement pas. Y'a rien d'autre qui compte pour lui que sa propre personne, renchérit l'étudiante sans réaliser tout de suite qu'ils vont passer l'après-midi ensemble dans un jacuzzi. Elle répond au sourire de Spike et le suit à l'extérieur. Un hôtel moldu ? Ça peut être cool en vrai. L'idée même d'avoir une demi-journée loin de Pré-Au-Lard et de l'école, loin d'adultes moralisateurs, et loin de la boutique bondée de clients relous était déjà séduisante, alors avec un spa, elle comprend qu'ils vont vraiment prendre du bon temps.

Ça commence quand Spike l'entraîne dans un taxi pour rejoindre le centre-ville.

— J'étais jamais montée en voiture avant, avoue-t-elle au creux de son oreille, désormais plongée au coeur du monde moldu. Le secret magique leur interdit tout manque de discrétion, et la Trace les ferait repérer bien vite par le Ministère en cas de débordement. Alison frémit. Elle ignore quels sont les passages et les rues sorcières de Cardiff, et se demande si Spike les connaît. Son regard croise plusieurs fois celui du chauffeur de taxi dans le rétroviseur, y compris après qu'un klaxon retentissant de bus ne l'ait faite sursauter. On peut y'aller à notre âge ? s'interroge-t-elle à haute voix tandis que le véhicule vient de les déposer à proximité d'un magnifique bâtiment qualifié d'Hotel&Spa par un joli lettrage doré. Bien sûr que non. Mais le métamorphomage a un plan, et c'est au tour d'Alison d'assurer.

Sans magie, difficile. Elle renforce son maquillage en utilisant le rétroviseur d'une voiture comme miroir, attache ses cheveux, et retire ses résilles en prétendant qu'aucune vieille n'en porte, sauf les vieilles putes quoi. Elle ferme enfin son manteau avant de juger qu'elle a réussi à prendre quelques années.

— Et toi, vas-y, demande-t-elle, observatrice.

Tu regarde Alison se préparer avec un léger sourire. Parce que tu sais ce qu'il va se passer dans cet hôtel, et que t'as plus que hâte de voir son string de près. Rien que de la voir retirer ses résilles te rappelle qu'il te reste décidément pas mal d'énergie à dépenser malgré l'entraînement que t'as dans les jambes. Est-ce qu'elle fait plus âgée ? Sûrement un peu. En tous cas, elle ne fait que pousser les bons boutons te concernant. A un tel point que t'en oublies que toi non plus, tu fais pas tellement majeur malgré la belle chemise blanche que t'as enfilé. 

Alors tu te mates aussi dans le rétro d'une bagnole, histoire de voir ce que tu fais, et tu commences à modifier quelques petits trucs. Tu te creuses un peu plus les joues pour amaigrir ton visage, le rendre un peu plus adulte. Quelques très légères rides d'expression, trois fois rien. Des yeux un peu plus fatigués. Mais pas de grand chose non plus. Et la touche finale, celle qui fait tout : quelques poils te poussent pour un petit bouc soigné et parsemé. Le genre qui fait jeune adulte. Pile ce qu'il faut pour pas passer pour trop vieux auprès d'Alison, mais pour passer la réception de l'hôtel sans encombre. T'essaies vite fait de coiffer tes cheveux, mais t'abandonnes vite l'idée. De toute façon, on dirait que t'as la vingtaine et c'est parfait.

Alors tu te tournes vers Alison, un léger sourire aux lèvres.

- Alors, t'en penses quoi ?

Bientôt, vous entrez dans l'hôtel. Et comme prévu, ça passe sans le moindre souci. Vous avez même le droit à tous les trucs biens maniérés des gens qui ont de la tune et qui se pointent là. Quand la porte de la suite se referme derrière vous, tu tires Alison dedans pour la faire tourner sur elle-même.

- T'as d'jà eu un meilleur cadeau d'anniv' ? Tu veux aller au SPA direct ou tu m'laisses voir ton string de plus près ?

Toi, t'as carrément une préférence pour le string.

- D'ailleurs tu veux que j'reste comme ça ? Ça m'va bien nan ?

Les années passent et l'habileté de Spike à se transformer s'affirme. Face au visage vieilli de l'adolescent, Alison sourit, satisfaite de sa nouvelle apparence, plus adulte, moins gamine... même si ça reste uniquement physique. Le personnel d'accueil n'y voit que du feu, et comme la métamorphomagie ne déclenche pas le sortilège de la Trace, l'étudiant peut en user et en abuser autant qu'il veut en dehors de Poudlard, sans représailles. 

Finalement à l'étage après une épopée en ascenseur moldu, la rouquine découvre des installations qui évoquent ses cours d'études du monde non-maj, et sourit bêtement. J'ai juré sur ma baguette, c'est trop stylé, répond-t-elle d'abord, heureuse de constater que les téléviseurs et la climatisation existent dans la vraie vie quotidienne, et qu'elle en voit enfin de ses propres yeux en situation réelle. À la fin du tour sur elle-même, la sorcière revient contre Spike et mordille sa lèvre. Le spa en string ? Évidemment ça convient au garçon qui s'empresse de faire couler l'eau chaude à l'intérieur du bassin bouillonnant pendant qu'Alison prend le temps d'observer les détails de la suite. Des bougies ? On lui a pourtant dit que les moldus n'en utilisent plus depuis deux siècles. Elle décroche le téléphone et le repose immédiatement en entendant une voix qui demande de composer un numéro en fonction du service qu'elle essaye de joindre. Et puis devant le miroir, la jeune femme rajuste sa coiffure et attache ses cheveux en se faisant la réflexion que les tableaux inanimés sont bien ennuyants. Elle retire sa veste, remarque Spike dans le reflet, et rejoint ce dernier à la salle de bain. Il est occupé à ouvrir une bouteille de champagne qu'il a commandé à leur installation en chambre. 

— Euh, y'a des prises d'électricité avec de l'eau à côté, ça craint nan ? demande la cadette Carter, ses leçons bien en tête. Mais le joueur balaye ses doutes, complètement serein à l'idée de se baigner près des arrivées électriques, et la troisième année décide de lui faire confiance. Alors qu'il rentre déjà dans l'eau, nu comme un vers, le champagne servi sur une tablette, accompagné de bougies et de fleurs fraîches, l'adolescente traîne. Elle ôte ses chaussures, son pull, amusée de sentir l'impatience du poursuiveur. Elle laisse tomber sa jupe à ses pieds, en sous-vêtements, et décroche enfin l'attache de son soutien-gorge, les joues rouges d'excitation. 

La Serpentard ne touchera quasiment pas au champagne, aimantée par son camarade de classe, et les retrouvailles de leurs corps en ébullition. Contrairement à Noël, Spike se montre attentif au plaisir de la rouquine et le string échoue vite au fond du spa. Cette fois, elle a l'impression qu'ils font les choses bien, ou du moins, mieux. Ça ressemble à ce qu'elle lit, à ce qu'elle pouvait imaginer d'une relation sexuelle, et Alison cache autant que possible son manque de pratique derrière une audace liée à l'adrénaline et la familiarité du brun qu'elle connaît depuis leurs onze ans. Cet fin d'après-midi, il veut tout savoir sur ce qu'elle aime, sur la bonne façon de provoquer de longs et lents frissons à l'étudiante écossaise, jusqu'à ce qu'ils n'en puissent plus. Il en a perdu sa métamorphomagie. Anniversaire réussi.