Harry Potter RPG
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Mauvais souvenir

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Krysliss Rosier Sinclair

Auror 39 ans Sang-Pur Française Notoriété

Beauxbâtons
Fondateur.trice.s du Site, ayant participé à la construction d'Harry Potter RPG !
Un village sorcier en Écosse, Mardi 10 Juillet 2125

Les murs puent l’huile rance et la magie noire. 
 

Elle ne s’en formalise pas. 

La porte s’ouvre avec un crissement étouffé. Bois gonflé. Charnières fatiguées. Un de ces sons qui n’a rien de remarquable, sauf quand on sait ce qui s’y cache. Et Krys, elle sait. Elle n’a pas besoin de voir pour comprendre. L’odeur se suffit à elle-même. 
Une couche épaisse, amère. Collée aux murs comme une graisse ancienne, un passé qui ne peut se défaire. De la peur, de la poudre, de la magie figée en cristaux invisibles. Ça prend à la gorge, aux narines et aux tripes. Elle n’a même pas besoin de tendre l’oreille pour écouter ce silence qui a la forme du carnage. Trop parfait, trop préparé, trop tard. Un jour de trop. Un jour de plus. Encore une maison où on arrive après le pire. 

Elle s’avance sans un mot. Elle range son calme comme une arme. 

La pièce principale est en désordre, mais pas de ce désordre-là. Pas le désordre vivant. Pas celui du quotidien, des enfants qui crient, d’un repas renversé ou d’un chat trop curieux. Non. Ici, c’est un chaos méthodique. Un chaos essuyé, nettoyé à la hâte, mal rangé. Tout a été déplacé, puis reposé trop vite. Les coussins sont retournés, le tapis tordu. Il y a du sang, une traînée sèche sous une étagère. Juste une ligne, fine. Pas de corps. Pas d’odeur de mort. Juste le genre de vide qui grince entre les nerfs. 

Elle passe entre les meubles sans rien toucher. Elle observe. Elle note. Elle ne dit rien.  
Elle ne dit jamais rien au début.

Sa collègue est derrière elle. Pas un mot non plus. Elle entend juste sa respiration. Courte, rythmée, un peu trop rapide. Hésitante. Pas nouvelle, mais pas encore étanche. Elle n’a pas appris à fermer les vannes. Pas complètement. 

Krys, elle, a appris. Avec le métier, avec les années, avec les parents. 
Elle l’a même appris trop bien, peut-être. 

Il y a une tache sur le mur. Un reflet étrange sur un miroir fêlé. Des miettes de sortilèges dans l’air. Ça sent la fuite précipitée. Ils sont partis. Ils ont laissé des traces, comme toujours. Assez pour que les forces de l’ordre viennent gratter le fond des choses. Assez pour qu’elle soit là. 

Mais elle n’a pas besoin d’être là. Pas vraiment. On ne lui a pas demandé. Mais elle est venue.  

Comme toujours

Elle s’arrête devant un petit meuble bancal, renversé. En-dessous, un jouet. Un dragon en bois. Une aile cassée. Nicola l’aurait aimé. Elle le fixe une seconde de trop. Juste une seconde. Puis elle le pousse du bout des doigts. 

Dans une autre vie, elle aurait laissé ses gants chez elle.  
Dans une autre vie, elle aurait eu le droit d’avoir des mains sans sang dessus. 

Un soupir discret, presque un souffle. Elle ne l’entend même pas sortir d’elle. Ils étaient pressés. Krysliss ne lui répond pas tout de suite. Elle se relève, passe une main sur sa veste, réajuste la prise de sa baguette. Elle a les jointures blanches. Non. Pas pressés. Organisés. On devait les trouver. C’était prévu. Ils le voulaient. Elle ne regarde pas sa collègue. Elle regarde les murs. Quelque chose y a été effacé. Une écriture. Des glyphes ? Peut-être.  

Elle pense à Dylan. Ce qu’elle ne devrait jamais faire au travail. 

Dylan, et ce ton trop tranchant qu’elle prend quand elle lui parle. Cette façon de serrer les dents, même quand elle sourit. Et Mabel, derrière, qui fait la grimace dès qu’elle entre dans une pièce. Elle est comme une alarme, cette gamine. Elle sent tout. Elle comprend trop vite. Elle lui échappe. Puis y a Adam. Trop calme. Trop sage. Trop silencieux pour un garçon de son âge. Il a les mêmes silences que sa mère. Rosier le sait. Elle les reconnaît. 

Elle passe la main sur le bois de la porte. Rien. Lisse. Ses yeux croisent enfin ceux de sa collègue. Une seconde. Pas plus. Elle n’a pas le temps pour les hésitants. Pour les doutes des autres. Encore moins pour ceux qui pensent qu’elle ne ressent rien. Elle ressent tout, justement. C’est ça le problème. Elle ressent tout, mais elle l’écrase dans un mutisme plus tranchant que n’importe quelle incantation. 

Elle s’approche de la chambre. Froide. Magie dissipée. Elle s’accroupit, inspecte les cendres. Un symbole, tracé à la hâte. Elle ne cligne même pas des yeux. Le même qu’à Paris, il y a plusieurs années. Le même qu’à l’école abandonnée. Le même que sur le bras de l’enfant. Trois cercles. Un triangle. Et au centre, une spirale qui saigne. 

Ses doigts se crispent. Juste un peu. 
C’est tout. 

Elle se redresse. 

Ils recommencent. 

Elle les déteste déjà.